Actuel / «L’idéal serait de trouver le côté humaniste dans la recherche»
Lia Rosso a renoncé à la recherche, mais pas à la science. © DR
Brillante scientifique à la carrière prometteuse, titulaire d’un doctorat en sciences de la vie, Lia Rosso a renoncé à la recherche pour des raisons éthiques après avoir travaillé au Centre Intégratif de Génomique de l’Unil. Trois ans plus tard, elle crée sa propre maison d’édition et ne tarde pas à publier un auteur qui fera beaucoup parler de lui: Jacques Dubochet, Prix Nobel de chimie. Interview.
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BPLT: Lia Rosso, vous citez volontiers François Rabelais et son célèbre «science sans conscience n'est que ruine de l'âme.» L’intelligence artificielle n’est-elle pas justement le paroxysme de cette science sans conscience?
L.R: Comme toute technologie, on peut l’utiliser bien ou mal, avec ou sans conscience. L’intelligence artificielle porte en elle toutes les potentialités. L’être humain n’a même pas fini de découvrir l’intelligence de la vie et il se lance déjà dans la création d’une autre forme d’intelligence.
Vous avez pourtant renoncé à la recherche?
Les grecs anciens trouvaient que le plus gros péché, c’est l’arrogance. J’ai compris que j’étais aussi dans cette arrogance avec ma façon de concevoir et d’étudier la vie. Aujourd’hui, je ne veux plus tout comprendre et modifier. Je suis intriguée plutôt par la communication. Dans la vie, tout semble communiquer. J’ai envie de respecter la nature et de me sentir en faire partie. Il me semble que ce besoin est de plus en plus partagé. Nous sommes dans l’urgence de changer notre attitude et certains s’en rendent compte.
Quelles sont les questions éthiques qui vous ont amenée à prendre de la distance par rapport à la recherche?
Je me suis d’abord interrogée sur l’expérimentation animale, sur l’utilité des souffrances infligées aux animaux. Je m’étais attachée à un rat de laboratoire que j’ai fini par tuer. Pour moi, ça a été l’animal sacrifié de trop.
Peut-on faire de la recherche sur les sciences de la vie sans passer par l’expérimentation animale?
Avant, c’était très difficile, maintenant on peut commencer à l’envisager. Grâce aux technologies qui permettent de créer des organes en 3D. Ça dépend aussi du domaine d’étude. Dans la génétique par exemple, l’expérimentation animale n’est pas nécessaire.
Pour éviter l’expérimentation animale, vous vous êtes tournée vers l’analyse de tissus humains, mais la boîte de Pandore était ouverte et les questions n’ont pas tardé à vous rattraper.
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Comment vos questionnements éthiques ont-ils été accueillis dans le milieu?
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Vous étiez donc très seule?
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Comment vous est venue l’idée de créer votre maison d’édition?
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