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</p><h3>Une extension de la démocratie?
</h3><p>Quels sont ses arguments? Dans son texte, Peter Knoepfel est clair sur sa motivation principale: «les scrutins contiennent de plus en plus de réponses à des problèmes décisifs, dont la solution n'interviendra que dans un avenir plus ou moins lointain, ce qui affecte en tout cas beaucoup moins les plus de 45 ans que les jeunes électeurs. La politique énergétique, la réforme des retraites et la politique climatique en sont des exemples récents.» N’est-ce pas là estimer d’une façon très pessimiste que les votants pensent à leur nombril avant de penser au bien commun? Nous posons la question au professeur, qui semble sûr de sa réponse: «La pensée matérialiste est plus présente chez les personnes âgées que chez les jeunes. De même, le court terme prévaut. Avec l’âge, on n’est moins concerné de facto.»
</p><p>Suivons cette logique, somme toute intéressante. En tant que Valaisan d’origine, j’ai pu entendre à plusieurs reprises qu’il y avait quelque chose d’illogique à ce que les rats des villes décident comment les rats des champs doivent aménager leur territoire. Faudrait-il donc prendre au sérieux cette question et faire en sorte que les personnes concernées par un scrutin soient des votants VIP? On voit bien le problème: il faudrait dès lors juger au cas par cas quelle partie de la population est touchée par telle votation et donner par exemple une double voix aux homosexuels quand on se prononce sur le mariage gay, ou aux femmes quand l’objet du vote est le remboursement de l’avortement. Peter Knoepfel nous répond:
</p><p>«Une génération, ce n’est pas une communauté close. Chacun, normalement, passe par ces deux tranches d’âge au cours de sa vie. En étendant cette logique à d’autres groupes de la société, comme les femmes, les campagnards, les LGBT, etc., nous arriverions à une forme de corporatisme. Ce que ma proposition créée, ce ne sont pas des sous-groupes. Le seul grand groupe que je prends en considération, à savoir les moins de 45 ans, c’est pour une raison de justice intergénérationnelle. D’ailleurs, je n’étends pas cet outil aux seuls domaines qui concernent cette tranche d’âge, mais bien à tous les sujets de votation fédéraux.»
</p><p>Ce que propose le professeur serait-il alors une extension de la démocratie? Une prise de conscience de la nécessité de viser la durabilité? Comme nous le dit Peter Knoepfel, «il est intéressant de constater que les jeunes manifestants, par exemple, ne parlent même pas d’eux, mais de 'leurs enfants'». C’est pourquoi l’universitaire, qui ne cache pas le côté engagé de sa démarche, considère que la Suisse a une carte à jouer avec cette question. «Un pays qui vote à de si nombreuses reprises au cours d’une année peut montrer l’exemple d’un renouveau démocratique.»
</p><h3>L’abstentionnisme des jeunes
</h3><p>Si la proposition entend aller dans le sens de la durabilité, elle se heurte cependant à une réalité bien connue en Suisse: les jeunes de 18 à 25 ans sont très peu à voter. Selon les informations de Barry Lopez, porte-parole romand d’easyvote, seuls 30% des jeunes de cette tranche d’âge en moyenne participent aux votations à l’échelon fédéral. N’est-ce pas un cadeau paradoxal d’offrir une double voix, y compris à des citoyens qui sont nombreux à ne pas exercer leur droit politique le plus élémentaire? «Le taux de votation très faible auprès des 18-25 ans en Suisse est un problème général auquel il faut trouver des solutions. Cependant, il ne reflète pas la politisation des jeunes suisses dans son ensemble.»
</p><p>C’est en effet dans les manifestions pour le climat, notamment, que le professeur voit un phénomène réjouissant pour l’évolution politique de notre pays. «Je pense qu’il faudra attendre une vingtaine d’années pour que des propositions comme la mienne trouvent leur écho. Les manifestations pour le climat ne font que commencer et participent d’une nouvelle façon de penser la politique.» Un nouveau système politique, c’est le cas de le dire. Car le modèle suisse repose sur une chose qui peut sembler un peu ringarde à certains et sentant le vieux radicalisme de 1848: la démocratie. Les institutions helvétiques, il est utile de le rappeler, reposent sur le principe démocratique «un individu, une voix» et le principe fédéraliste de la majorité des cantons. Pas sûr que la proposition de Peter Knoepfel participe du même esprit.
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</p><p>Suivons cette logique, somme toute intéressante. En tant que Valaisan d’origine, j’ai pu entendre à plusieurs reprises qu’il y avait quelque chose d’illogique à ce que les rats des villes décident comment les rats des champs doivent aménager leur territoire. Faudrait-il donc prendre au sérieux cette question et faire en sorte que les personnes concernées par un scrutin soient des votants VIP? On voit bien le problème: il faudrait dès lors juger au cas par cas quelle partie de la population est touchée par telle votation et donner par exemple une double voix aux homosexuels quand on se prononce sur le mariage gay, ou aux femmes quand l’objet du vote est le remboursement de l’avortement. Peter Knoepfel nous répond:
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</p><h3>L’abstentionnisme des jeunes
</h3><p>Si la proposition entend aller dans le sens de la durabilité, elle se heurte cependant à une réalité bien connue en Suisse: les jeunes de 18 à 25 ans sont très peu à voter. Selon les informations de Barry Lopez, porte-parole romand d’easyvote, seuls 30% des jeunes de cette tranche d’âge en moyenne participent aux votations à l’échelon fédéral. N’est-ce pas un cadeau paradoxal d’offrir une double voix, y compris à des citoyens qui sont nombreux à ne pas exercer leur droit politique le plus élémentaire? «Le taux de votation très faible auprès des 18-25 ans en Suisse est un problème général auquel il faut trouver des solutions. Cependant, il ne reflète pas la politisation des jeunes suisses dans son ensemble.»
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		'subtitle' => 'La «Conférence Universitaire des Associations d’Etudiant.e.x.s» (CUAE) de l’Université de Genève s’est trouvée récemment sous le feu des projecteurs depuis sa confrontation avec le rectorat. Au centre du bras de fer, la plainte qu’avait envisagée l’université contre les activistes LGBTQI+ qui avaient empêché avec violence la tenue de conférences sur la question du genre, parce qu’ils jugeaient les invités transphobes. La CUAE avait demandé à l’université de ne pas déposer plainte et de reconnaître le caractère «transphobe» des conférenciers en question. L’université a plié. Sans doute en partie par trouille, mais ce n’est pas le sujet ici. Plutôt celui-ci: que dire du caractère représentatif ou non de ces revendications pour les étudiants? Quel regard les autres faîtières estudiantines romandes portent-elles sur cette genevoiserie? Quelles sont leurs missions? Comment fonctionnent-elles? Tour d’horizon.',
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		'content' => '<p>Ce qui s&rsquo;est pass&eacute; &agrave; Gen&egrave;ve le mois dernier n&rsquo;est pas anodin. Nous parlons de la censure d&rsquo;opinions et de crachats au visage d&rsquo;intellectuels fran&ccedil;ais venus simplement pr&eacute;senter leur livre &agrave; un petit public curieux de se confronter &agrave; un avis nuanc&eacute; sur les d&eacute;bats qui secouent actuellement la notion de genre. Les psychanalystes C&eacute;line Masson et Caroline Elliachef &eacute;taient venues le 29 avril parler de leurs critiques &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la m&eacute;dicalisation pr&eacute;coce des enfants qui d&eacute;sirent changer de sexe; le philosophe Eric Marty &eacute;tait quant &agrave; lui venu le 17 mai parler de la diff&eacute;rence entre l&rsquo;approche anglo-saxonne et l&rsquo;approche europ&eacute;enne du genre dans l&rsquo;histoire des id&eacute;es. Trait&eacute;es de &laquo;transphobes&raquo;, ces personnalit&eacute;s &ndash; situ&eacute;es &agrave; gauche! &ndash; ont &eacute;t&eacute; violemment contraintes d&rsquo;annuler leur prise de parole sur le sol helv&eacute;tique.</p>
<p>Sur cette ind&eacute;fendable affaire se superpose un deuxi&egrave;me scandale: mise sous pression par la CUAE &ndash; la &laquo;Conf&eacute;rence Universitaire des Associations d&rsquo;Etudiant.e.x.s&raquo; &ndash; l&rsquo;Universit&eacute; de Gen&egrave;ve (UniGE) a abandonn&eacute; son d&eacute;p&ocirc;t de plainte contre les transactivistes ayant fait preuve de violence. Le rectorat a n&eacute;goci&eacute; avec la fa&icirc;ti&egrave;re d&rsquo;&eacute;tudiants un accord commun &ndash; incluant tous les &eacute;tudiants et collaborateurs de l&rsquo;universit&eacute; &ndash; portant sur la d&eacute;fense de valeurs fondamentales telles que la libert&eacute; acad&eacute;mique, la libert&eacute; d&rsquo;expression, le refus de la violence, etc. Mais le <a href="https://www.unige.ch/communication/communiques/2022/luniversite-et-ses-etudiant-es-reaffirment-les-valeurs-de-linstitution">communiqu&eacute; de l&rsquo;universit&eacute;</a> souffre d&rsquo;une certaine ambigu&iuml;t&eacute;:</p>
<p>&laquo;Par cette d&eacute;claration commune, le rectorat et les &eacute;tudiant-es replacent (&hellip;) le d&eacute;bat dans son contexte acad&eacute;mique et souhaitent rappeler des principes essentiels: le respect d&ucirc; aux personnes passant par la lutte contre toute forme de discrimination, notamment de genre, d&rsquo;origine ou de classe; le refus de la violence sous toutes ses formes; le respect de la libert&eacute; acad&eacute;mique dans la recherche et l&rsquo;enseignement, <em>encadr&eacute;e par les valeurs pr&eacute;cit&eacute;es</em><sup><strong>1</strong></sup>. Ces convictions partag&eacute;es permettent au Rectorat de renoncer au d&eacute;p&ocirc;t de plainte p&eacute;nale initialement envisag&eacute; (&hellip;)&raquo;</p>
<p>Faut-il en d&eacute;duire que les conf&eacute;rences emp&ecirc;ch&eacute;es par les activistes LGBTQI+ n&rsquo;auraient pas d&ucirc; &ecirc;tre organis&eacute;es? Autrement dit, l&rsquo;universit&eacute; donne-t-elle raison aux manifestants &ndash; au-del&agrave; de la violence dont ils ont fait usage &ndash; sur le bien-fond&eacute; de leur indignation? On pourrait le croire en lisant &eacute;galement ce passage: &laquo;Ind&eacute;pendamment de sa forme, l&rsquo;action men&eacute;e par les manifestant-es le 17 mai est r&eacute;v&eacute;latrice de la souffrance qui affecte certains groupes vuln&eacute;rables &ndash; dont les personnes trans &ndash; et qui implique pour l&rsquo;institution un devoir particulier de protection.&raquo;</p>
<h3>Cotisations obligatoires et fonctionnement d&eacute;mocratique</h3>
<p>Il ne sera pas question ici d&rsquo;&eacute;tablir qui a gagn&eacute; ce &laquo;match&raquo; (comme si on ne le savait pas, du reste), mais de livrer quelques informations sur cette fa&icirc;ti&egrave;re d&rsquo;&eacute;tudiants et ses &eacute;quivalents romands. Qui sont ces groupes d&eacute;sormais puissants dans les rapports de force id&eacute;ologiques qui parcourent l&rsquo;universit&eacute; et la soci&eacute;t&eacute; de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale (pour vous en convaincre, songez au fait qu&rsquo;&agrave; Neuch&acirc;tel, les repr&eacute;sentants des &eacute;tudiants avaient r&eacute;ussi &agrave; ne faire comptabiliser que les r&eacute;ussites d&rsquo;examens, et pas les &eacute;checs, en p&eacute;riode de Covid)? Nous n&rsquo;avons malheureusement pas r&eacute;ussi &agrave; contacter la CUAE, mais les informations &agrave; disposition de tous et les contacts pris aupr&egrave;s d&rsquo;autres fa&icirc;ti&egrave;res suffisent &agrave; r&eacute;pondre aux besoins de cet article.</p>
<p>De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, toutes les fa&icirc;ti&egrave;res d&rsquo;associations &eacute;tudiantes nich&eacute;es dans les universit&eacute;s romandes poursuivent les m&ecirc;mes objectifs: mettre en r&eacute;seau la communaut&eacute; estudiantine, d&eacute;fendre ses int&eacute;r&ecirc;ts aupr&egrave;s du rectorat et aupr&egrave;s du canton, favoriser l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des chances, financer des &eacute;v&eacute;nements ou des activit&eacute;s d&rsquo;associations d&rsquo;&eacute;tudiants, etc. Bref, soutenir les &eacute;tudiants.</p>
<p>Pour &ecirc;tre membre de la CUAE, il suffit de s&rsquo;affilier &agrave; l&rsquo;une des associations &eacute;tudiantes de l&rsquo;Universit&eacute; de Gen&egrave;ve, qui elles-m&ecirc;mes composent la CUAE. Une contribution de 5 CHF est alors pr&eacute;lev&eacute;e dans les taxes universitaires que paient de toute mani&egrave;re les &eacute;tudiants. Mais il est aussi possible de s&rsquo;engager pour la CUAE &agrave; titre individuel. Par comparaison, &laquo;l&rsquo;Association G&eacute;n&eacute;rale des Etudiant&middot;e&middot;s de l&rsquo;Universit&eacute; de Fribourg&raquo; (AGEF) vit gr&acirc;ce &agrave; une cotisation obligatoire de 20 CHF pour tout &eacute;tudiant, dont une bonne partie repart dans les sections de la fa&icirc;ti&egrave;re (une section par d&eacute;partement ou facult&eacute;). C&rsquo;est &agrave; peu pr&egrave;s la m&ecirc;me chose &agrave; Neuch&acirc;tel, o&ugrave; tous les &eacute;tudiants sont <em>de facto</em> membres de la &laquo;F&eacute;d&eacute;ration des &eacute;tudiant&middot;e&middot;s neuch&acirc;telois&middot;e&middot;s&raquo; (FEN) et paient ainsi une cotisation de 15 CHF, comprise dans la taxe d&rsquo;&eacute;tude. Si quelqu&rsquo;un ne souhaite pas la payer, il doit d&eacute;missionner par &eacute;crit de la fa&icirc;ti&egrave;re.</p>
<p>On part alors du principe que les fa&icirc;ti&egrave;res en question doivent se sentir responsables de leur caract&egrave;re repr&eacute;sentatif vis-&agrave;-vis des &eacute;tudiants qu&rsquo;elles f&eacute;d&egrave;rent. Mais pas besoin de trop gratter pour se rendre compte qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas vraiment du genre de la maison. La CUAE se d&eacute;finit sur son site comme &laquo;association fa&icirc;ti&egrave;re&nbsp;et syndicat des &eacute;tudiant.e.x.s de l&rsquo;Universit&eacute; de Gen&egrave;ve, et leur porte-parole aupr&egrave;s des autorit&eacute;s universitaires et politiques&raquo;. D&eacute;j&agrave;, m&ecirc;me s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une volont&eacute; des individus qui composent la CUAE, son statut de syndicat pose question, dans la mesure o&ugrave; il refl&egrave;te une certaine culture politique: n&rsquo;y a-t-il pas incompatibilit&eacute; entre cette nature de syndicat (unique en Suisse parmi les universit&eacute;s) et le fait de devoir repr&eacute;senter les &eacute;tudiants dans leur diversit&eacute; (y compris politique, diversit&eacute; qu&rsquo;on oublie souvent)?</p>
<h3>Revendications politiques &laquo;si &ccedil;a concerne les &eacute;tudiants&raquo;</h3>
<p>En partant de cette interrogation, on peut tirer un fil logique pour questionner les types de revendications port&eacute;es par la CUAE et par leurs &eacute;mules romandes. Si les repr&eacute;sentants de toutes les autres fa&icirc;ti&egrave;res estudiantines nous ont d&eacute;clar&eacute; qu&rsquo;ils condamnaient les moyens violents utilis&eacute;s par les manifestants genevois pour faire entendre leur cause, ils sont &eacute;galement unanimes sur la limite que leurs associations se fixent concernant leurs revendications politiques. En effet, toutes les fa&icirc;ti&egrave;res se donnent la comp&eacute;tence de prendre publiquement position &laquo;quand le sujet concerne les &eacute;tudiants&raquo;. Voici comment par exemple Guillaume Haas d&eacute;taille le cas de l&rsquo;AGEF, qu&rsquo;il co-pr&eacute;side:</p>
<p>&laquo;Notre grande diff&eacute;rence avec la CUAE (Gen&egrave;ve) est que l&rsquo;AGEF (Fribourg) est repr&eacute;sent&eacute;e &agrave; tous les niveaux de l&rsquo;universit&eacute; de Fribourg. Et quand je dis &agrave; tous les niveaux, c&rsquo;est &agrave; tous les niveaux: au S&eacute;nat, qui est l&rsquo;organe supr&ecirc;me de l&rsquo;universit&eacute;, mais aussi dans la moindre des petites commissions. L&rsquo;UniFR est l&rsquo;une des universit&eacute;s les plus d&eacute;mocratiques d&rsquo;Europe. C&rsquo;est ce qui explique que l&rsquo;AGEF ait peu de coups d&rsquo;&eacute;clat, contrairement &agrave; nos camarades de la CUAE. Je ne leur en fait pas le reproche: c&rsquo;est leur seul moyen de se faire entendre. Sur le plan des id&eacute;es politiques, j&rsquo;observe qu&rsquo;il y a des personnes de tous bords &agrave; l&rsquo;AGEF. Il y a des sensibilit&eacute;s diff&eacute;rentes qui s&rsquo;expriment lors de discussions sur les budgets et l&rsquo;allocation des fonds, par exemple. Mais l&rsquo;AGEF est apolitique: nous ne fonctionnons pas avec un syst&egrave;me de repr&eacute;sentants par partis. On ne parle que de politique quand le sujet concerne les &eacute;tudiants.&raquo;</p>
<p>Or, cela devient plus difficile &agrave; appliquer dans des exemples concrets. C&rsquo;est que cette ligne de conduite a priori juste et inoffensive est on ne peut plus floue. A partir de combien d&rsquo;&eacute;tudiants concern&eacute;s une affaire est cens&eacute;e &laquo;concerner les &eacute;tudiants&raquo;? Outre l&rsquo;int&eacute;gration des &eacute;tudiants transgenres dans la forme des statuts de l&rsquo;Union des &eacute;tudiant-e-s de Suisse (UNES), les d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s de cette &laquo;fa&icirc;ti&egrave;re des fa&icirc;ti&egrave;res&raquo; ont par exemple trait&eacute; d&rsquo;une initiative populaire en assembl&eacute;es des d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s, parce que la votation faisait courir un risque au programme ERASMUS, m&ecirc;me si les &eacute;tudiants n&rsquo;&eacute;taient pas cit&eacute;s dans le texte. Rebelote avec la question de l&rsquo;accord-cadre et HORIZON2020. Un ancien responsable de la FEN, la fa&icirc;ti&egrave;re neuch&acirc;teloise, confie:</p>
<p>&laquo;Peu de personnes s&rsquo;engagent dans ces structures. Il y a eu des assembl&eacute;es g&eacute;n&eacute;rales de la FEN o&ugrave; nous &eacute;tions dix. Le fait que trop peu de gens s&rsquo;y engagent ouvre la porte au fait que des activistes de groupes tr&egrave;s virulents, qui ont l&rsquo;habitude de participer et de mobiliser leurs "troupes" pour une cause, ram&egrave;nent tous leurs amis.&raquo;</p>
<p>Notre source explique avoir &eacute;t&eacute; prise de cours avec le reste du comit&eacute; il y a quelques ann&eacute;es: certains cercles militants qui connaissaient bien le syst&egrave;me de la f&eacute;d&eacute;ration ont requis une AG extraordinaire et ont pu avancer leurs pions en quasi-unanimit&eacute;. A Gen&egrave;ve, la CUAE indique elle-m&ecirc;me sur son site que &laquo;l&rsquo;association adopte la ligne et l&rsquo;opinion de la majorit&eacute; des gens qui s&rsquo;y engagent&raquo;. Les absents ont donc toujours tort, comme en d&eacute;mocratie. D&rsquo;un certain point de vue, cela coule de source. Et il est vrai que si des &eacute;tudiants ne se sentent pas repr&eacute;sent&eacute;s, ils ont int&eacute;r&ecirc;t &agrave; s&rsquo;y engager.</p>
<h3>Effet d'entre-soi</h3>
<p>Mais d&rsquo;un autre point de vue, comment en vouloir &agrave; des &eacute;tudiants, qui n&rsquo;adh&egrave;rent pas &agrave; la tendance &laquo;woke&raquo; ou &laquo;intersectionnelle&raquo; souvent repr&eacute;sent&eacute;e par ces associations qui raffolent d&rsquo;&eacute;criture inclusive, de ne pas venir s&rsquo;y impliquer? Un fait psychologique simple: quand la F&eacute;d&eacute;ration des Associations d&rsquo;Etudiant-e-s-x (Lausanne) convoque une assembl&eacute;e &laquo;ouverte &agrave; tou-x-te-s&raquo;, un &eacute;tudiant qui trouve cette graphie laide, contestable sur le fond, ridicule ou les trois &agrave; la fois se dira peut-&ecirc;tre que le comit&eacute; n&rsquo;est sans doute pas si ouvert que cela &agrave; tout le monde, du moins pas aux id&eacute;es qu&rsquo;il d&eacute;fendrait s&rsquo;il venait y parler en toute honn&ecirc;tet&eacute;.</p>
<p>C&rsquo;est un fait et non un commentaire, ni m&ecirc;me une analyse: une id&eacute;ologie radicale de gauche identitaire suinte du vocabulaire, du propos et des actions de la CUAE, comme de bien d&rsquo;autres associations, y compris, mais dans une moindre mesure, les fa&icirc;ti&egrave;res d&rsquo;&eacute;tudiants des autres universit&eacute;s. Et quand on se r&eacute;unit autour de croyances sur les ressorts cach&eacute;s du &laquo;syst&egrave;me&raquo; et de la &laquo;soci&eacute;t&eacute;&raquo;, par exemple leurs soi-disants ressorts &laquo;racistes&raquo; ou &laquo;transphobes&raquo;, tout en excluant ou en m&eacute;prisant &ndash; ne serait-ce que par un regard &ndash; toute autre approche, cela ressemble plus &agrave; une secte qu&rsquo;&agrave; une association d&rsquo;&eacute;tudiants.</p>
<p>Nous nous permettrons alors cette remarque personnelle: face &agrave; ce constat, au lieu de traquer les manifestations d&rsquo;id&eacute;ologie l&agrave; o&ugrave; elles appara&icirc;tront forc&eacute;ment &agrave; un moment donn&eacute;, l&rsquo;&ecirc;tre humain &eacute;tant ce qu&rsquo;il est, ne vaudrait-il par mieux porter haut la valeur du pluralisme? Et se donner les moyens &ndash; pourquoi pas inventifs &ndash; de garantir cette diversit&eacute; d&rsquo;id&eacute;es? Fait amusant, dans la Berne f&eacute;d&eacute;rale, l&rsquo;association des &eacute;tudiants s&rsquo;organise autour&hellip; de repr&eacute;sentants de partis. Cette solution a le m&eacute;rite d&rsquo;assumer la dimension politique de la d&eacute;marche, tout en lui garantissant un certain &eacute;quilibre. C&rsquo;est le cas aussi dans certains parlements des jeunes.</p>
<hr />
<h4><sup>1</sup>C'est nous qui soulignons.</h4>',
		'content_edition' => 'Ce qui s’est passé à Genève le mois dernier n’est pas anodin. Nous parlons de la censure d’opinions et de crachats au visage d’intellectuels français venus simplement présenter leur livre à un petit public curieux de se confronter à un avis nuancé sur les débats qui secouent actuellement la notion de genre. Les psychanalystes Céline Masson et Caroline Elliachef étaient venues le 29 avril parler de leurs critiques à l’égard de la médicalisation précoce des enfants qui désirent changer de sexe; le philosophe Eric Marty était quant à lui venu le 17 mai parler de la différence entre l’approche anglo-saxonne et l’approche européenne du genre dans l’histoire des idées. Traitées de «transphobes», ces personnalités – situées à gauche! – ont été violemment contraintes d’annuler leur prise de parole sur le sol helvétique.

Sur cette indéfendable affaire se superpose un deuxième scandale: mise sous pression par la CUAE – la «Conférence Universitaire des Associations d’Etudiant.e.x.s» – l’Université de Genève (UniGE) a abandonné son dépôt de plainte contre les transactivistes ayant fait preuve de violence. Le rectorat a négocié avec la faîtière d’étudiants un accord commun – incluant tous les étudiants et collaborateurs de l’université – portant sur la défense de valeurs fondamentales telles que la liberté académique, la liberté d’expression, le refus de la violence, etc.',
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		'content' => '<p>Un article pour une unique chanson? Oui. Parce qu'elle le vaut bien. &laquo;Rends l'amour&raquo;, de Benjamin Biolay, est le premier single de son nouvel album &laquo;Saint-Clair&raquo;, dont la sortie est pr&eacute;vue pour septembre. Un single d&eacute;j&agrave; promis &agrave; devenir un tube de l'&eacute;t&eacute;. Bien qu'il s'en d&eacute;fende, Biolay mijote avec brio les ingr&eacute;dients d'un titre qui cartonne: la bo&icirc;te &agrave; rythme du refrain, la simplicit&eacute; de la m&eacute;lodie du m&ecirc;me refrain, les descentes typiques de la chanson fran&ccedil;aise dans la m&ecirc;me m&eacute;lodie... Dans la droite ligne du pr&eacute;c&eacute;dent opus &laquo;Grand Prix&raquo; (2020). Ajoutez &agrave; cela le dernier son de synth&eacute;, une basse d'enfer et ce qu'il faut de myst&egrave;re dans les paroles, et c'est un &eacute;v&eacute;nement: &laquo;S'il te pla&icirc;t, rends l'amour / Et je me jette de la falaise / Et je m'en vais te cueillir des fraises / Si tu veux, m&ecirc;me, j'te baise&raquo;. Le clip du single est lui-m&ecirc;me un chef-d'&oelig;uvre de conciliation entre l'efficacit&eacute; et l'herm&eacute;tisme, l'&eacute;vidence et le symbole. Ce court-m&eacute;trage &eacute;rotico-politico-religieux est tourn&eacute; &agrave; S&egrave;te, inspiration de cet album, la ville des grands paradoxes, la ville de Brassens, cet &laquo;anticl&eacute;rical mystique&raquo; selon la belle formule de Biolay sur les ondes de France Inter le 9 juin. Un bijou!</p>
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		'content' => '<p>Samedi soir, au Th&eacute;&acirc;tre du Vide-Poche, &agrave; Lausanne. Le spectacle que je vois m'hypnotise. La faute &agrave; celle qui le porte, Marzia Celii. <i>Racontez-moi</i> est son premier seule en&nbsp;sc&egrave;ne. Le jeu de la com&eacute;dienne, d'une queue-de-pie v&ecirc;tue, embarque le spectateur. Connue pour le duo de musique indie folk &laquo;Marzella&raquo; qu'elle forme avec Ella Malherbe, la&nbsp;jeune Urbig&egrave;ne pr&eacute;sente une auto-fiction m&ecirc;lant une dizaine de personnages mi-fictifs mi-r&eacute;els &ndash; dont sa m&egrave;re &ndash; qu'elle incarne et qui la racontent. Nul narcissisme, mais une&nbsp;r&eacute;flexion: qui est le chef d&rsquo;orchestre de notre vie? Nous-m&ecirc;me, un proche, personne? Cette pi&egrave;ce polyphonique, &eacute;crite par l'artiste avec la metteuse en sc&egrave;ne M&eacute;lanie Foulon,&nbsp;m'a &eacute;voqu&eacute; cette phrase de Deleuze et Guattari, ouvrant leur <i>Mille Plateaux</i> et cit&eacute;e dans le roman <i>Le soldeur</i> de Jean Teul&eacute;: &laquo;Nous avons &eacute;crit ce livre &agrave; deux. Comme&nbsp;chacun de nous &eacute;tait plusieurs, &ccedil;a faisait d&eacute;j&agrave; beaucoup de monde.&raquo; Et Teul&eacute; de commenter: &laquo;Le "je"? Une r&eacute;sultante, minuscule, tremblante, &eacute;vanescente, de tout ce qui&nbsp;nous a travers&eacute;s. Le point d'intersection provisoire et fragile de tous ceux que nous avons rencontr&eacute;s et qui nous ont parl&eacute;, &eacute;lev&eacute;s, &eacute;duqu&eacute;s, aim&eacute;s, trahis et abandonn&eacute;s.&raquo;</p>',
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		'subtitle' => 'Les graphiques «Smartvote» sont formels: au parlement suisse, les partis de gauche ont un positionnement idéel plus homogène que les partis de droite. Aussi, selon une étude de l’observatoire des élites suisses parue en 2019, il en est de même pour le profil socio-professionnel des actuels élus: les non-universitaires sont davantage représentés à droite qu’à gauche (même à 50% au PLR et à l’UDC.) Ces deux faits illustrent une contradiction entre les discours de gauche et la réalité.',
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		'content' => '<p>En 2023, les Suisses renouvelleront leur parlement. Une s&eacute;rie d&rsquo;enjeux de taille entoureront ce scrutin important. Mais il est parfois utile de jeter un coup d&rsquo;&oelig;il plus affut&eacute; sur les repr&eacute;sentants que nous avons encore actuellement &agrave; Berne. Car la composition d&rsquo;un l&eacute;gislatif dit quelque chose de la sociologie politique d&rsquo;un pays. Deux prismes sont choisis ici: la diversit&eacute; d&rsquo;id&eacute;es parmi les &eacute;lus de chaque parti ainsi que leur profil socio-professionnel. Deux entr&eacute;es a priori ind&eacute;pendantes mais qui touchent n&eacute;anmoins &agrave; un th&egrave;me commun: le pluralisme, garant, selon beaucoup de th&eacute;ories, d&rsquo;une certaine repr&eacute;sentativit&eacute; de la soci&eacute;t&eacute; dans sa diversit&eacute;.</p>
<h3>Le pluralisme des id&eacute;es, un gros mot &agrave; gauche?</h3>
<p>On parle toujours de &laquo;l&rsquo;avis des partis&raquo; sur tel ou tel sujet. Certes, les diverses formations politiques, par les votes de leurs d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s lors des assembl&eacute;es, adoptent des r&eacute;solutions, des prises de position, etc. Mais on oublie souvent que les partis sont compos&eacute;s de personnes, dont les plus importantes politiquement, dans une d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative, sont les &eacute;lus. En s&rsquo;int&eacute;ressant aux parlementaires f&eacute;d&eacute;raux, on remarque que les &eacute;cologistes et les socialistes semblent beaucoup plus &laquo;unis&raquo; dans leurs id&eacute;es que leurs coll&egrave;gues du centre et de droite. Les r&eacute;sultats du sondage &laquo;Smartvote&raquo; le montrent (voir les trois graphiques ci-dessous).</p>
<p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1648117898_capturedcran2022032411.30.40.png" class="img-responsive img-fluid center " width="551" height="616" /></p>
<h4 style="text-align: left;"><em>Elus du Conseil national en 2019, sondage Smartvote.</em></h4>
<p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1648118007_capturedcran2022032411.32.44.png" class="img-responsive img-fluid center " width="547" height="596" /></p>
<h4><em>Elus du Conseil des Etats (premier tour) en 2019, sondage Smartvote.</em></h4>
<p><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1648118085_capturedcran2022032411.34.13.png" class="img-responsive img-fluid center " width="549" height="568" /></em></p>
<h4><em>Elus du Conseil des Etats (second tour) en 2019, sondage Smartvote.</em></h4>
<p>Cette enqu&ecirc;te demande aux candidats d&rsquo;une &eacute;lection en Suisse de r&eacute;pondre &agrave; 75 questions d&rsquo;ordre politique (&laquo;Etes-vous favorable &agrave; une hausse de l'&acirc;ge de la retraite (p. ex. &agrave; 67 ans)?&raquo;, &laquo;L&rsquo;expansion du r&eacute;seau mobile selon la norme 5G doit-elle se poursuivre?&raquo;, &laquo;Le financement des partis ainsi que celui des campagnes pour les &eacute;lections et les votations devrait-il &ecirc;tre transparent?&raquo;, ou encore &laquo;Les conditions de naturalisation devraient-elles &ecirc;tre revues &agrave; la hausse?&raquo;). Sur la base des r&eacute;ponses, ces candidats sont class&eacute;s selon un axe des abscisses &laquo;gauche-droite&raquo; et un axe des ordonn&eacute;es &laquo;lib&eacute;ral-conservateur&raquo;. Les r&eacute;sultats servent ensuite &agrave; g&eacute;n&eacute;rer des recommandations de vote pour tout citoyen qui participe &agrave; son tour au sondage.</p>
<p>La premi&egrave;re conclusion que l&rsquo;on peut tirer des graphiques ci-dessus, c&rsquo;est qu&rsquo;il semble r&eacute;gner, au sein de l&rsquo;Assembl&eacute;e f&eacute;d&eacute;rale actuelle, un plus grand &eacute;cart d&rsquo;id&eacute;es politiques au sein d&rsquo;un parti de droite ou du centre qu&rsquo;au sein d&rsquo;un parti de gauche. On pourrait objecter, avec raison, que les crit&egrave;res &laquo;lib&eacute;ral&raquo; versus &laquo;conservateur&raquo; sont moins pertinents &agrave; gauche qu&rsquo;&agrave; droite, et que l&rsquo;&eacute;cart observ&eacute; verticalement sur le graphique est donc biais&eacute;. Or, on remarque &eacute;galement une plus grande distance sur l&rsquo;axe <i>horizontal</i> entre les points les plus &eacute;loign&eacute;s d&rsquo;un m&ecirc;me parti de droite que ceux d&rsquo;un m&ecirc;me parti de gauche. Ce qui signifie bien qu&rsquo;il y a plus de diff&eacute;rences entre les ailes gauche et droite d&rsquo;un parti de droite (ou du centre) qu&rsquo;entre les ailes gauche et droite d&rsquo;un parti de gauche. Fait &eacute;clairant, le constat peut &ecirc;tre v&eacute;rifi&eacute; avec d&rsquo;autres &eacute;lections sur le site de Smartvote, par exemple l&rsquo;actuel scrutin vaudois.</p>
<p>Interrog&eacute; sur ces donn&eacute;es, l&rsquo;historien et juriste Olivier Meuwly, membre du PLR, pr&ecirc;che d&rsquo;abord pour sa paroisse: &laquo;Le pluralisme des id&eacute;es est une vertu sur le plan intellectuel&raquo;. Mais il nuance aussit&ocirc;t: &laquo;Cela peut &ecirc;tre aussi un facteur de confusion ou de division sur le plan &eacute;lectoral.&raquo; Historiquement, les lib&eacute;raux-radicaux ont toujours eu cette caract&eacute;ristique, explique le sp&eacute;cialiste. Une caract&eacute;ristique qu&rsquo;il juge donc neutre: les partis de droite n&rsquo;en ressortent pas plus l&eacute;gitimes. Il constate en revanche un &eacute;cart entre le discours de gauche et la r&eacute;alit&eacute; de son corps d&rsquo;&eacute;lus: &laquo;La pluralit&eacute; et la tol&eacute;rance, brandies si souvent par le PS et les Verts, sont bien plus pr&eacute;sentes chez leurs adversaires dans les faits. On le constate aussi dans des d&eacute;bats de soci&eacute;t&eacute; actuels, avec par exemple le courant woke de la gauche qui souhaite restreindre la libert&eacute; d&rsquo;expression, censurer des &oelig;uvres, interdire certaines discussions, etc.&raquo;</p>
<h3>La diversit&eacute; des profils socio-professionnels, un atout?&nbsp;</h3>
<p>La discussion devient encore plus int&eacute;ressante quand on se penche sur un autre sch&eacute;ma: celui de l&rsquo;observatoire des &eacute;lites suisses (OBELIS), de l&rsquo;Universit&eacute; de Lausanne, repr&eacute;sentant le profil socio-professionnel des politiciens actuellement sous la Coupole. Ceux-ci sont r&eacute;pertori&eacute;s selon la distinction &laquo;ayant suivi des hautes &eacute;tudes - n&rsquo;ayant pas suivi de hautes &eacute;tudes&raquo;. Le r&eacute;sultat semble comme calqu&eacute; sur les graphiques pr&eacute;c&eacute;dents (pluralisme des id&eacute;es):</p>
<p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1648117695_capturedcran2022032411.27.09.png" class="img-responsive img-fluid center " width="555" height="386" /></p>
<h4><em>Observatoire des &eacute;lites suisses (Obelis) de l&rsquo;Universit&eacute; de Lausanne, graphique publi&eacute; dans <i>Le Temps</i> le 24 octobre 2019.</em></h4>
<p>L&agrave; encore, Olivier Meuwly sourit: &laquo;Il y a une contradiction &eacute;vidente entre le fait de se proclamer le parti des prol&eacute;taires et de ne plus l&rsquo;&ecirc;tre depuis longtemps au niveau de ses repr&eacute;sentants, comme d&rsquo;une partie de ses &eacute;lecteurs d&rsquo;ailleurs.&raquo; Il n&rsquo;emp&ecirc;che, en th&eacute;orie, rien ne d&eacute;fend &agrave; un professeur d&rsquo;universit&eacute; de s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; la condition des ouvriers. Mais il faut noter toutes les fois o&ugrave; la gauche, dans notre pays, place au premier plan de ses revendications l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des chances, la dignit&eacute; de chaque individu, le fait que chacun puisse et doive s&rsquo;engager en politique ou dans un conseil d&rsquo;administration, etc. Il y a donc un paradoxe &eacute;vident entre la forte pr&eacute;sence de ces th&egrave;mes au niveau de la posture de la gauche et la r&eacute;alit&eacute; des origines socio-professionnelles au niveau de ses repr&eacute;sentants.</p>
<p>Encore une fois, il n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; question ici d&rsquo;&eacute;valuer positivement ou n&eacute;gativement une homog&eacute;n&eacute;it&eacute; d&rsquo;opinions ou de parcours. Mais de pointer des faits et de les mettre en perspective avec le langage de la gauche. Cette famille de pens&eacute;e, incontournable dans la vie politique suisse, devrait davantage se pencher sur ses paradoxes. &laquo;C&rsquo;est une des conditions pour que la social-d&eacute;mocratie, prise dans ses contradictions internes, ne subisse pas une d&eacute;gringolade &agrave; la fran&ccedil;aise &ndash; moins violente, mais quand m&ecirc;me. Le PS a connu r&eacute;cemment des d&eacute;faites &eacute;lectorales &agrave; Zurich et &agrave; Fribourg. Le deuxi&egrave;me tour dans le Canton de Vaud sera un bon test&raquo;, conclut Olivier Meuwly, pour qui rien n&rsquo;est encore &eacute;crit.</p>',
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Les marches pour le climat séduisent. Certains y voient une démonstration nécessaire de ras-le-bol envers l’inaction des politiciens, d’autres la preuve que les jeunes se mobilisent pour leur avenir. A l’Université de Lausanne, le professeur honoraire en politique publique et durabilité Peter Knoepfel va plus loin: partageant l’idée des manifestants selon laquelle le parlement ne fait rien pour sauver le climat, il considère également que la majorité des votants en Suisse ont plus de 45 ans et ne seront donc pas concernés par les décisions qu’ils prennent pour le futur du pays. Selon lui, il faudrait donc doubler les voix des jeunes, comme nous l’apprend Republik.

Une extension de la démocratie?

Quels sont ses arguments? Dans son texte, Peter Knoepfel est clair sur sa motivation principale: «les scrutins contiennent de plus en plus de réponses à des problèmes décisifs, dont la solution n'interviendra que dans un avenir plus ou moins lointain, ce qui affecte en tout cas beaucoup moins les plus de 45 ans que les jeunes électeurs. La politique énergétique, la réforme des retraites et la politique climatique en sont des exemples récents.» N’est-ce pas là estimer d’une façon très pessimiste que les votants pensent à leur nombril avant de penser au bien commun? Nous posons la question au professeur, qui semble sûr de sa réponse: «La pensée matérialiste est plus présente chez les personnes âgées que chez les jeunes. De même, le court terme prévaut. Avec l’âge, on n’est moins concerné de facto.»

Suivons cette logique, somme toute intéressante. En tant que Valaisan d’origine, j’ai pu entendre à plusieurs reprises qu’il y avait quelque chose d’illogique à ce que les rats des villes décident comment les rats des champs doivent aménager leur territoire. Faudrait-il donc prendre au sérieux cette question et faire en sorte que les personnes concernées par un scrutin soient des votants VIP? On voit bien le problème: il faudrait dès lors juger au cas par cas quelle partie de la population est touchée par telle votation et donner par exemple une double voix aux homosexuels quand on se prononce sur le mariage gay, ou aux femmes quand l’objet du vote est le remboursement de l’avortement. Peter Knoepfel nous répond:

«Une génération, ce n’est pas une communauté close. Chacun, normalement, passe par ces deux tranches d’âge au cours de sa vie. En étendant cette logique à d’autres groupes de la société, comme les femmes, les campagnards, les LGBT, etc., nous arriverions à une forme de corporatisme. Ce que ma proposition créée, ce ne sont pas des sous-groupes. Le seul grand groupe que je prends en considération, à savoir les moins de 45 ans, c’est pour une raison de justice intergénérationnelle. D’ailleurs, je n’étends pas cet outil aux seuls domaines qui concernent cette tranche d’âge, mais bien à tous les sujets de votation fédéraux.»

Ce que propose le professeur serait-il alors une extension de la démocratie? Une prise de conscience de la nécessité de viser la durabilité? Comme nous le dit Peter Knoepfel, «il est intéressant de constater que les jeunes manifestants, par exemple, ne parlent même pas d’eux, mais de 'leurs enfants'». C’est pourquoi l’universitaire, qui ne cache pas le côté engagé de sa démarche, considère que la Suisse a une carte à jouer avec cette question. «Un pays qui vote à de si nombreuses reprises au cours d’une année peut montrer l’exemple d’un renouveau démocratique.»

L’abstentionnisme des jeunes

Si la proposition entend aller dans le sens de la durabilité, elle se heurte cependant à une réalité bien connue en Suisse: les jeunes de 18 à 25 ans sont très peu à voter. Selon les informations de Barry Lopez, porte-parole romand d’easyvote, seuls 30% des jeunes de cette tranche d’âge en moyenne participent aux votations à l’échelon fédéral. N’est-ce pas un cadeau paradoxal d’offrir une double voix, y compris à des citoyens qui sont nombreux à ne pas exercer leur droit politique le plus élémentaire? «Le taux de votation très faible auprès des 18-25 ans en Suisse est un problème général auquel il faut trouver des solutions. Cependant, il ne reflète pas la politisation des jeunes suisses dans son ensemble.»

C’est en effet dans les manifestions pour le climat, notamment, que le professeur voit un phénomène réjouissant pour l’évolution politique de notre pays. «Je pense qu’il faudra attendre une vingtaine d’années pour que des propositions comme la mienne trouvent leur écho. Les manifestations pour le climat ne font que commencer et participent d’une nouvelle façon de penser la politique.» Un nouveau système politique, c’est le cas de le dire. Car le modèle suisse repose sur une chose qui peut sembler un peu ringarde à certains et sentant le vieux radicalisme de 1848: la démocratie. Les institutions helvétiques, il est utile de le rappeler, reposent sur le principe démocratique «un individu, une voix» et le principe fédéraliste de la majorité des cantons. Pas sûr que la proposition de Peter Knoepfel participe du même esprit.