Actuel / Décembre 1918, une intervention française en Ukraine
Au début du 20e siècle, le gouvernement français nourrit le projet d'intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. © DR
Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 123]Code Context<div class="post__article">
<? if ($post->free || $connected['active'] || $crawler || defined('IP_MATCH') || ($this->request->getParam('prefix') == 'smd')): ?>
<?= $post->content ?>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => 'https://dev.bonpourlatete.com/like/1456', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1456, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Histoire', 'title' => 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine', 'subtitle' => 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<br><p></p><hr><p></p><h4><a href="https://courrierdeuropecentrale.fr/decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine/">Un article original</a> paru dans le <em>Courrier d’Europe centrale</em>, de <strong>Gwendal Piégais</strong>, Doctorant en histoire à l’Université de Bretagne occidentale, spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique.</h4><p></p><hr><p></p><br><p>Le 13 octobre 1918, une forte agitation règne au quartier général du commandant des armées alliées d’Orient, le français Louis Franchet d’Espèrey. Depuis près d’un mois, une offensive d’envergure est lancée contre les armées des Empires centraux dans les Balkans. Le 15 septembre, une coalition regroupant des soldats français de métropole et des colonies, mais aussi des Britanniques, des Serbes, des Grecs et des Italiens brise la ligne ennemie tenue par les Bulgares, rendant possible une percée et une exploitation de plusieurs dizaines puis centaines de kilomètres. L’avancée alliée est si rapide que les états-majors à Paris et Londres ont eux-mêmes du mal à suivre.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928556_ob_deb052_franchetdespereylouis.jpg">Louis Franchet d’Espèrey</h4><p>Mais alors que le général Franchet d’Espèrey vient d’adresser à Paris un plan d’offensive visant à pousser l’avantage encore plus au nord, vers la Bohème et par extension l’Empire allemand, le général Berthelot, ancien chef de la Mission militaire française en Roumanie, arrive à Salonique pour lui remettre personnellement les directives de Georges Clemenceau, président du conseil et ministre de la Guerre. Clemenceau intime à Franchet de refréner sa poussée, de stabiliser une ligne de défense et de réorienter ses efforts au nord-Est, vers la Roumanie et au-delà vers la Russie du Sud, l’actuelle Ukraine. Selon ce plan, les armées alliées d’Orient doivent, dans un premier temps libérer la Serbie, encore occupée par les Empires centraux, prendre le contrôle du territoire bulgare, puis atteindre le Danube pour y constituer un front défensif; à la suite de cela il doit rouvrir les communications avec la Russie par la Mer Noire pour préparer une action commune contre les Bolcheviques.</p><p>Pour Clemenceau, ce qui se joue désormais sur le front d’Orient c’est la possible mise en échec de la révolution russe, à tout le moins sa mise à distance de la Russie du Sud où la France souhaite sécuriser des intérêts économiques et géopolitiques. Paris a grandement investi dans l’économie et les infrastructures de l’Empire russe avant et pendant la Grande Guerre et entend sécuriser ses investissements tout en gagnant une zone d’influence économique (bassin du Don, Crimée, ports de la Mer Noire, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas un cas unique puisque la Grande-Bretagne intervient dès décembre 1917 dans le Caucase, avec la Dunsterforce. La priorité française est donc désormais de soutenir l’armée du général Alexeieff, qui s’oppose aux forces bolcheviques et se trouve en difficulté.</p><p>Mais à l’automne 1918, la situation est déjà plus que confuse dans le sud de la Russie. En effet, en novembre, les Empires centraux s’effondrent dans le sillage de l’armistice de Salonique, obtenu par Franchet d’Espèrey. Sur les anciennes terres impériales d’Autriche-Hongrie, des républiques ukrainiennes fleurissent déjà du Dniestr jusqu’au Don, des Carpates au Donets: une petite république des Lemkos, sise à Florynka, surgit puis est annexée par la Pologne après deux mois d’existence, la République houtsoule est fondée à Yasinia par des Ukrainiens du Royaume de Hongrie, une République populaire d’Ukraine occidentale s’établit à Lviv tandis que la République populaire ukrainienne est dirigée par Petlioura à Kiev dès décembre 1918. À cette mosaïque déjà fortement bigarrée vient s’ajouter un gouvernement bolchevique basé à Kharkov.</p><h4><strong><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928503_cartegwendal021.jpg"></strong>Carte des différentes républiques ukrainiennes qui naissent dans le sillage de la Première Guerre mondiale. © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><p>C’est le sort des armes qui décide bien vite de l’avenir de ces états à l’existence bien souvent éphémère. Plusieurs forces s’affrontent sur ces terres tant convoitées: celles des modestes républiques des anciennes possessions des Habsbourg, Petlioura et son Armée Populaire Ukrainienne tandis que les armées tchécoslovaque, polonaise et roumaine sont à portée de canon, que les troupes de partisans de l’anarchiste Nestor Makhno harcèlent les forces blanches et que deux armées bolcheviques (de Hongrie et de Russie) tentent de faire la jonction. Ainsi, à l’Ouest, l’armée ukrainienne arrête une offensive polonaise. Les forces blanches, appelées Armée des Volontaires, reprennent Novorosiisk, Kouban et Stavropol et marchent sur Kiev. De plus, Petlioura doit affronter Makhno, un seigneur de la guerre communiste, dans la campagne ukrainienne.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928587_odessa1918.jpg">Odessa en 1918 © DR<br></h4><p>C’est dans ce contexte extrêmement confus que la décision d’intervenir en Russie du Sud, plus précisément à Odessa et en Crimée, est prise à Paris. Elle a pour premiers objectifs de restaurer l’ordre, de contrôler le retrait allemand, de renforcer l’armée des Volontaires et de tenter d’unir les forces anti-bolcheviques présentes en Russie du Sud. Il s’agira ensuite de «réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et [d’] en provoquer la chute,» des mots mêmes de Clemenceau. Ces forces anti-bolcheviques, qu’elles soient politiques ou militaires, tiennent une conférence à Iași (ou Yassi, dans la documentation diplomatique française) en Roumanie en décembre 1918, siège des légations alliées depuis la fin 1916.</p><p>Le général Denikine est désigné pour prendre la tête des forces blanches et anti-bolcheviques. Les délégués reprennent espoir en la possibilité d’une restauration de l’État impérial russe et se voient déjà siéger parmi les signataires des traités de paix et du côté des vainqueurs. Mais deux malentendus apparaissent déjà. Tout d’abord, aucun consensus n’est trouvé sur le projet politique que sous-tend une intervention militaire en Russie du Sud, c’est-à-dire sur la forme que l’état russe prendrait après une victoire contre les Bolcheviks. Ensuite, Émile Henno, un diplomate français en mission spéciale en Roumanie, initiateur de la conférence de Iași et un de ses principaux animateurs, agit de sa propre initiative sans rendre de compte à Paris. Son trop grand enthousiasme et son esprit aventurier laissent entendre aux représentants politiques et militaires russes que les alliés, et particulièrement la France, sont prêts à lancer une opération de grande envergure en Russie. Or, on est loin du compte.</p><p>Les forces françaises capables de se projeter en Russie du Sud sont celles de l’armée d’Orient, commandées par Franchet d’Espèrey, à qui Clemenceau confie la mission d’organiser une telle expédition. Les soldats de cette armée sortent d’une campagne longue, de dix-huit à même vingt-quatre mois de combats pour certains. Et les dernières semaines d’avancée – certes victorieuse – ont largement achevé d’épuiser les troupes. De plus, la perspective d’intervenir en Russie ne fait pas sens pour ces soldats qui viennent d’apprendre la signature de l’Armistice et attendent la démobilisation avec impatience. Par ailleurs, des pans entiers de cette armée ont déjà reçu l’ordre de faire route vers le front Ouest, alors que l’Allemagne n’avait pas encore déposé les armes. Ainsi, de novembre 1918 à l’été 1919, ce sont des troupes coloniales qui remplacent peu à peu les soldats métropolitains démobilisés sur des positions que la France ne peut immédiatement dégarnir.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928661_bdic_val_tir_01_0119_r.jpg">Défilé de l’artillerie française, Odessa, décembre 1918. © coll. La Contemporaine.</h4><br><p>Des signaux contradictoires vont venir complexifier cet écheveau de malentendus lorsque le général Berthelot, acceptant avec enthousiasme la tâche de planifier cette expédition, fait savoir aux représentants des Volontaires que douze divisions alliées seraient nécessaires et disponibles pour cette intervention. Grisé par ce qu’il prend pour des promesses de Paris, Denikine prépare un plan d’attaque impliquant dix-huit divisions alliées et russes (!) et envisage la mobilisation possible de 500'000 soldats russes dans la dynamique de cette offensive.</p><p>Les navires français appareillent de Roumanie malgré les mises en garde de Franchet d’Espèrey, qui trouve que cette opération et l’occupation qui en découlerait «en Ukraine et en Russie seraient mal vues et risqueraient d’amener des incidents pénibles» et seraient d’autant plus risquées qu’elles ne mobiliseraient pas suffisamment d’hommes. Malgré ces mises en garde, les forces françaises gagnent les rivages d’Ukraine dès le 17 décembre et le général Berthelot débarque à Odessa avec… 1800 hommes. Un autre convoi se dirige vers Sebastopol mais n’est pas mieux pourvu. L’objectif militaire est d’établir, dans l’arrière-pays d’Odessa, un arc Tiraspol-Nikolaïev-Kherson allant du Dniestr au Dniepr. Dans la mesure où les Allemands et les Autrichiens ont peiné à sécuriser le pays avec toutes leurs forces d’occupations, on voit mal comment le maigre contingent français pourrait y parvenir avec si peu de soldats.</p><p>Lors de leur débarquement, les Français découvrent un port isolé du reste du pays par la neige; ce qui empêche l’établissement de liaisons avec Kiev et les autres villes. Et les surprises sont nombreuses: le port est contrôlé par les volontaires de Denikine, mais la ville abrite également des troupes de Petlioura, 1600 Allemands, une brigade polonaise ainsi que 2000 Russes blancs commandés par le général Grichine-Almazov, proche de Henno. De plus Odessa fait face à des forts afflux de réfugiés: des Roumains ayant quitté Bucarest au début de l’occupation allemande, ainsi que des Russes ayant fui successivement Petrograd, Moscou puis Kiev avant d’atteindre les rivages de la Mer Noire. La population de la ville doit avoisiner les 800’000 personnes, alors qu’elle n’en comptait que 500’000 en 1910.</p><h3>Tensions, revers et évacuations</h3><p>Après avoir pris position à Odessa, Nikolaïev, Kherson et en Crimée, des problèmes surgissent dès les premières semaines d’occupation. Tout d’abord, le général Berthelot est mal vu par les officiers et généraux des Volontaires russes, car, en plus de ne pas débarquer avec les effectifs nécessaires, il a la réputation – non usurpée – d’être proche des Roumains. Les politiciens et militaires russes voient d’un très mauvais œil les projets d’agrandissement de la Roumanie au détriment de l’Empire russe qu’ils rêvent de restaurer. Ensuite, les Volontaires comptent beaucoup sur l’appui politique et diplomatique d’Émile Henno, nommé gérant du vice-consulat de France à Kiev. Mais on finit par se méfier de cet homme qui se présente à tous comme rien de moins que le «consul de France plénipotentiaire et le porte-parole de l’Entente». Les initiatives de cet aventurier diplomate finissent par mettre définitivement les troupes françaises dans l’embarras puisqu’il soutient la nomination du général russe Grichine-Almazov, un ultra-conservateur au poste de gouverneur de la ville. Ce soutien apporté aux éléments réactionnaires et Grands-Russes achève de ruiner les espoirs d’union des forces anti-bolcheviques en Russie du Sud. Henno va même jusqu’à traiter les partisans de Petlioura, tout autant opposés aux bolcheviques que les Volontaires, de «suppôts de l’Allemagne.»</p><p>Du point de vue militaire, les Français sont frappés par la désorganisation des armées blanches dont les officiers semblent plus intéressés par le gouvernement du pays que par sa reconquête. Ces mêmes officiers restent très mal perçus par la population qui voit en eux des réactionnaires incapables de proposer politiquement autre chose qu’un retour au statu quo ante bellum. Les Français finissent par ne plus cacher leur dédain pour cette «parodie d’armée de Condé» (colonel Freydenberg) qui compte, par bataillon, plus d’officiers que de soldats. À titre d’exemple, le port d’Odessa est contrôlé et administré par sept amiraux russes! Mais déjà, les forces d’occupation française sont assimilées par la population aux Blancs ultra-réactionnaires, auxquels même les éléments français les plus conservateurs se montrent hostiles. L’action funeste d’Émile Henno en la matière, sa collusion permanente avec les Volontaires, est déjà jugée très sévèrement en haut lieu et – fait rare – désapprouvée publiquement à la Chambre des députés par Stephen Pichon, le ministre français des Affaires étrangères.</p><p>À tout cela il faut évidemment ajouter que le climat à Odessa se tend à l’extrême: Makhno et Grigorieff, des seigneurs de la guerre locaux, sèment la terreur dans les campagnes environnantes. L’ordre ne règne que par la terreur policière. La spéculation sur les denrées de première nécessité va bon train, encouragée par les équipages de navires civils ravitaillant le port. L’afflux de réfugiés en provenance de Kiev ne se tarit pas et rien ne semble pouvoir refréner l’inflation. Quant aux troupes françaises, elles sont la cible d’une propagande bolchevique amplifiée par l’incompréhension des soldats vis-à-vis d’une opération dont ils ne saisissent pas le sens. Les troupes souhaitent retrouver leurs foyers.Jacques Sadoul, ancien membre de la Mission militaire française en Russie passé au camp de la révolution, qui orchestre cet effort de démoralisation, le sait très bien.</p><p>Les autorités militaires françaises reconnaissent elles-mêmes qu’aucun soldat français ayant survécu à Verdun et à la Marne ne souhaiterait la perde dans les plaines d’Ukraine.</p><p>L’arrivée de nouveaux renforts motivés (des troupes grecques et des bataillons mêlant tchécoslovaques, roumains et polonais) pendant l’hiver n’y fait rien: Berthelot se plaint à Paris qu’on ne passe même pas la barre des 3 000 hommes. Le 2 février, des mutineries éclatent au sein du 58e régiment d’infanterie qui refuse d’attaquer à Tiraspol. Des troubles similaires surviennent à Kherson en mars et permettent une avancée de Grigoriev qui a changé d’allégeance et est passé chez les Bolcheviks. La propagande en provenance de Kiev à destination des troupes françaises s’intensifie et les autorités locales la combattent avec plus ou moins d’efficacité. Ainsi, le 2 mars, la police d’Odessa, aux mains des Blancs, arrête et exécute une militante communiste française, Jeanne Labourbe, auteur du bulletin Le Communiste rédigé en français et distribué en ville.</p><p>Grigoriev, qui renouvelle ses assauts dès mars sur Kherson, rompt les lignes franco-grecques le 7, coupant ainsi la ville de ses communications avec Nikolaïev. Les soldats français sont pris à parti par la population qui fait feu sur l’occupant depuis les toits ou les fenêtres. Des renforts arrivent le 8 mais refusent de se battre. Les Bolcheviques ont alors déjà pris les docks et encerclé les troupes franco-grecques. Il faut l’intervention de la flotte française qui bombarde la ville pour que des soldats grecs puissent débarquer dans le port, libérer les hommes encerclés et aussitôt rembarquer, abandonnant la ville à Grigoriev.</p><p>Le vice-amiral Exelmans et le colonel Lejay, à Nikolaïev, ne prendront pas autant de peine à résister, craignant un soulèvement populaire et une déroute d’une plus grande ampleur: ils négocient directement avec l’ennemi et parviennent à organiser un rembarquement en bon ordre des troupes du 14 au 16 mars. À cette date, les états-majors français n’envisagent pas autre chose que l’évacuation pure et simple de la Russie du Sud, alors que Bela Kun proclame sa République des Conseils en Hongrie, et que l’armée d’Orient doit y porter toutes ses forces. Le 1er avril, le général d’Anselme annonce l’évacuation d’Odessa ordonnée par Franchet d’Espèrey. Pour certains civils réfugiés dans la ville portuaire, c’est la panique: 40 000 habitants s’entassent sur des navires français peinant à évacuer et qui quittent définitivement Odessa le 6 avril.</p><h3>Mutineries et crise politique</h3><p>Mais la révolution rattrape bientôt une intervention française déjà mal en point. C’est dans la marine qu’éclatent les premiers troubles. L’escadre française du vice-amiral Amet intervient en Mer Noire pour protéger l’aile droite des troupes alliées en Ukraine, et couvrir la Crimée et Sébastopol. L’escadre est composée des cuirassés France, Vergniaud, Jean Bart, et Justice. En plus d’un soutien d’artillerie de la mer au littoral, ils maintiennent un blocus sur le sud de la Russie.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928710_bdic_val_tir_01_0164_r.jpg">Le cuirassé Mirabeau vu de l’arrière, Sébastopol. © coll. La Contemporaine.</h4><p>Le 19 avril, des mutineries éclatent sur les navires français à Sébastopol: le drapeau rouge est hissé sur les cuirassés France et Jean Bart puis plus tard sur la Justice; d’autres incidents surviennent sur les Mirabeau, Vergniaud. Aucun acte de sabotage grave n’a cependant lieu. Les marins se révoltent principalement contre leurs conditions matérielles, les corvées, la rareté des permissions: les slogans «A Toulon!» expriment l’irrépressible désir du retour, mais croise également le mot d’ordre «Révolution», signe – comme pour le mécontentement dans l’armée – que la propagande bolchevique s’adosse une nouvelle fois à la précarité des conditions matérielles. La situation est inégalement contrôlée: si le navire amiral de l’escadre, le Jean Bart, est habilement tenu par le capitaine de vaisseau Couëdic, il n’en va pas de même sur le France – navire déjà en sous-effectifs et manquant de cadres en raison des démobilisations – où les mutins ont pris le dessus. À terre on assiste à des fraternisations entre marins français, civils de Sébastopol et bolcheviques. À la suite de manifestations, des officiers sont pris à parti et les soldats grecs ouvrent le feu pour disperser la foule. Russes blancs et soldats français prennent part à la mêlée qui fait un peu plus de cinquante blessés et tués.</p><p>Cette crise est nourrie par la contestation de la politique du gouvernement et de Clemenceau, contestation qui prend place dans la troupe comme en métropole, ce dont les mutins sont au fait. Les deux phénomènes se nourrissent et les soldats et marins français de Russie du Sud trouvent arguments et sens à leur révolte dans les interpellations de Marcel.</p><p>Cachin à la Chambre des députés. Cachin, qui est avec Frossard «l’importateur» du communisme en France et un des artisans de la scission de la SFIO qui donne naissance au parti communiste français quelques années plus tard, s’illustre pendant plusieurs séances en critiquant la politique étrangère du gouvernement. En effet, quelques jours plus tôt, le 24 mars, le parlementaire socialiste s’en prend vertement à Pichon au sujet de l’intervention en Russie du Sud.</p><p>«À l’heure actuelle, le Gouvernement français est en état de guerre contre la révolution russe. Il ne l’a jamais déclarée, il n’a jamais consulté le Parlement, et la nation sur l’état de guerre qu’en fait il a instauré. C’est là un fait grave sur lequel il a d’abord devoir de s’expliquer ici. Nous envoyons des troupes en Russie, nous dressons contre la révolution russe tous les peuples allogènes qui l’entourent. Nous fournissons aux contre-révolutionnaires des troupes, des armes et de l’argent. Nous sommes donc, en vérité, en état de guerre contre le gouvernement de fait de la Russie: mais jamais le gouvernement n’a demandé au Parlement de déclarer la guerre à la révolution russe. (Applaudissements à l’extrême gauche.) C’est là une violation manifeste de notre Constitution. Que peut nous répondre à cette question précise, le Gouvernement?»</p><p>Les soutiens de Cachin enchaînent alors sur de graves accusations: le gouvernement dissimulerait des dépêches et des informations à la Commission des Affaires extérieures de la Chambre. Et Cachin de surenchérir:</p><p>«À l’heure actuelle, cette armée bolchevique, renforcée de l’ensemble de tous les éléments paysans et ouvriers révolutionnaires de Russie, est très forte. Elle comprend plusieurs centaines de mille hommes. Vous pensiez vous appuyer, il y a quelques semaines encore sur certains éléments ukrainiens. Ils se sont effondrés et les troupes bolcheviques ont conquis l’Ukraine entière. Elles sont aujourd’hui sur les bords de la Mer Noire. Elles en seront demain, n’en doutez pas, les occupantes uniques. C’est qu’à l’heure présente l’armée bolchevique est forte moralement de l’idée qu’elle défend son sol contre l’invasion injustifiée dont vous avez été l’essentiel artisan, Monsieur Pichon. Elle est forte matériellement de l’appui de la Russie entière. Vous nous avez dit ici, il y a quelques mois, que votre politique trouvait en Russie des soutiens qui ne pouvaient manquer de la faire triompher à bref délai. J’ai le droit de dire qu’aujourd’hui vous avez réalisé contre vous l’unanimité du peuple russe.»</p><p>Les interpellations fusent et Cachin tente de mettre le gouvernement au pied du mur: «Aidez-vous Denikine, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire. Aidez-vous Koltchak, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire.» Et bien plus que de souligner le caractère éminemment politique d’une telle intervention, Cachin se scandalise du nouvel effort de guerre dissimulé demandé aux soldats français:</p><p>«On a commencé, dans de nombreux régiments, par offrir à chacun des petits soldats de la liberté une pièce de cent sous pas jour et 10 francs aux sous-officiers, pour aller en Orient; au reste on prenait soin de ne pas leur indiquer le but précis de l’engagement qu’on sollicitait d’eux… Or, malgré l’appât misérable de vos cent sous, malgré l’offre des quelques centaines de francs que vous leur proposiez comme prime, vous n’avez pas trouvé de volontaires. Je le dis ici hautement, c’est l’honneur de ce pays. (Vifs applaudissements à l’extrême gauche et sur quelques bancs à gauche.) Du haut de cette tribune, pour qu’ils l’entendent bien, nous demandons à tous les soldats du France de ne pas s’engager dans l’armée contre-révolutionnaire que veulent recruter M. Pichon et son Gouvernement. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) Mais n’ayant pas trouvé de volontaires, vous allez maintenant recruter de force les petits soldats…» </p><p>L’intervention à l’Est n’est plus une simple question technique ou strictement militaire dont on pourrait tirer quelque avantages économiques. Elle ne peut plus être présentée une simple relève des troupes allemandes sur les marges de l’Est en accord avec les conventions de l’armistice ou relative aux modalités de l’aide à apporter aux Volontaires, mais est avant tout une affaire politique. En substance l’intervention de Cachin, soutenue à l’extrême gauche et approuvée par une partie de la gauche, montre bien l’impossible renouvellement d’un effort guerrier à l’Est.</p><p>Ces échanges houleux qui durent jusqu’au 29 mars, ou tout du moins des morceaux choisis de la harangue de Cachin, transitent par la presse syndicale et d’extrême gauche qui irrigue les rangs de la marine, composés de nombreux éléments ouvriers en contact avec les organisations syndicales et pacifistes de France. La grogne gagne également les navires au large d’Odessa, en dépit de l’ordre d’évacuation, notamment à bord du Waldeck-Rousseau, à la fin avril. Dans le cas de Sébastopol, comme dans celui d’Odessa, les éléments les plus radicaux tentent de persuader la majorité des mutins qu’il faut aller plus loin que demander plus qu’une fin de l’intervention; certains parlent même de livrer des navires aux Bolcheviques. Mais c’est la promesse du retour dans les rades françaises qui l’emporte et ramène le calme. Ainsi dès le 22 avril, les marins reprennent leur poste, les éléments radicaux n’ont plus prise et le 23, le France et le Jean Bart appareillent pour la France. Dans le sillage de ces départs, le 28 et le 29 avril, Sébastopol est évacuée, conformément aux décisions prises avant le déclenchement des mutineries et les Volontaires de Denikine sont laissés à leur sort.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928828_cartegwendal04.jpg">Carte des opérations © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><br><p>L’agitation des mutineries d’Odessa et Sébastopol ne reste pas confinée à la Mer Noire. Une seconde série de mutineries éclate à l’été 1919 mais elles touchent cette fois le cuirassé Diderot et le croiseur cuirassé Guichen qui mouillent dans le golf de Patras. Elle s’étend ensuite aux arsenaux français, faisant craindre le pire aux autorités: Toulon, Bizerte, Lorient, Brest et Cherbourg sont secoués par la contestation. À Toulon, un important mouvement parti du cuirassé Provence réclame la levée des sanctions qui se sont abattues sur les mutins. Les autorités parviennent à contenir le mécontentement en améliorant les conditions matérielles des hommes servant sur les navires ou dans les arsenaux. Même si on s’était engagé à ne pas punir les mutins de la Mer Noire ou à faire preuve de clémence, la justice militaire prononce plusieurs condamnations: une centaine de marins sont dégradés, condamnés en conseil de guerre, dont certains à la peine de mort. Celle-ci est systématiquement commuée en vingt années de prison ou en travaux forcés. Aucun mutin n’est fusillé, et tous sont amnistiés en 1922.</p><p>La crise déclenchée par l’intervention française en Russie du Sud et en Crimée révèle qu’en dépit des tensions et des conflits qui se poursuivent à l’Est, la guerre est bel et bien terminée dans l’esprit des soldats mobilisés sous les drapeaux depuis 1914. Si dans les confins orientaux de l’Europe, la paix semble un horizon lointain pour ne pas dire hors de portée, la poursuite de la guerre pour les puissances comme la France est impossible. La déroute française est principalement due à l’insuffisance des effectifs engagés dans l’opération, mais tout autant à l’état de fatigue et de lassitude extrême dans lequel ces hommes se trouvent.</p><p>De plus, l’opération ne fait pas sens, alors qu’on sait les armistices signés sur tous les fronts. La guerre demeurant un prolongement de la politique par d’autres moyens, cette opération armée sur un sol étranger souffre justement d’emblée d’un manque de légitimité politique. La toile de fond de la seconde vague de mutineries qui touchent les arsenaux français est d’ailleurs constituée par ce climat social extrêmement tendu que doit gérer Clemenceau en 1919. La crise est donc à la fois politique, militaire, mais également géopolitique puisqu’elle pose la question de la place de la France dans le nouvel ordre européen qui se dessine. L’» intervention de Marcel Cachin ne porte d’ailleurs pas que sur l’Ukraine puisqu’il évoque également l’implication de la France en Pologne, en Bohème, dans la Baltique… tant de lieux où Paris cherche à réinventer son rôle.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 544, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1473, 'homepage_order' => (int) 1736, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?', 'title' => 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = 'https://dev.bonpourlatete.com/like/1456' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1456, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Histoire', 'title' => 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine', 'subtitle' => 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<br><p></p><hr><p></p><h4><a href="https://courrierdeuropecentrale.fr/decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine/">Un article original</a> paru dans le <em>Courrier d’Europe centrale</em>, de <strong>Gwendal Piégais</strong>, Doctorant en histoire à l’Université de Bretagne occidentale, spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique.</h4><p></p><hr><p></p><br><p>Le 13 octobre 1918, une forte agitation règne au quartier général du commandant des armées alliées d’Orient, le français Louis Franchet d’Espèrey. Depuis près d’un mois, une offensive d’envergure est lancée contre les armées des Empires centraux dans les Balkans. Le 15 septembre, une coalition regroupant des soldats français de métropole et des colonies, mais aussi des Britanniques, des Serbes, des Grecs et des Italiens brise la ligne ennemie tenue par les Bulgares, rendant possible une percée et une exploitation de plusieurs dizaines puis centaines de kilomètres. L’avancée alliée est si rapide que les états-majors à Paris et Londres ont eux-mêmes du mal à suivre.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928556_ob_deb052_franchetdespereylouis.jpg">Louis Franchet d’Espèrey</h4><p>Mais alors que le général Franchet d’Espèrey vient d’adresser à Paris un plan d’offensive visant à pousser l’avantage encore plus au nord, vers la Bohème et par extension l’Empire allemand, le général Berthelot, ancien chef de la Mission militaire française en Roumanie, arrive à Salonique pour lui remettre personnellement les directives de Georges Clemenceau, président du conseil et ministre de la Guerre. Clemenceau intime à Franchet de refréner sa poussée, de stabiliser une ligne de défense et de réorienter ses efforts au nord-Est, vers la Roumanie et au-delà vers la Russie du Sud, l’actuelle Ukraine. Selon ce plan, les armées alliées d’Orient doivent, dans un premier temps libérer la Serbie, encore occupée par les Empires centraux, prendre le contrôle du territoire bulgare, puis atteindre le Danube pour y constituer un front défensif; à la suite de cela il doit rouvrir les communications avec la Russie par la Mer Noire pour préparer une action commune contre les Bolcheviques.</p><p>Pour Clemenceau, ce qui se joue désormais sur le front d’Orient c’est la possible mise en échec de la révolution russe, à tout le moins sa mise à distance de la Russie du Sud où la France souhaite sécuriser des intérêts économiques et géopolitiques. Paris a grandement investi dans l’économie et les infrastructures de l’Empire russe avant et pendant la Grande Guerre et entend sécuriser ses investissements tout en gagnant une zone d’influence économique (bassin du Don, Crimée, ports de la Mer Noire, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas un cas unique puisque la Grande-Bretagne intervient dès décembre 1917 dans le Caucase, avec la Dunsterforce. La priorité française est donc désormais de soutenir l’armée du général Alexeieff, qui s’oppose aux forces bolcheviques et se trouve en difficulté.</p><p>Mais à l’automne 1918, la situation est déjà plus que confuse dans le sud de la Russie. En effet, en novembre, les Empires centraux s’effondrent dans le sillage de l’armistice de Salonique, obtenu par Franchet d’Espèrey. Sur les anciennes terres impériales d’Autriche-Hongrie, des républiques ukrainiennes fleurissent déjà du Dniestr jusqu’au Don, des Carpates au Donets: une petite république des Lemkos, sise à Florynka, surgit puis est annexée par la Pologne après deux mois d’existence, la République houtsoule est fondée à Yasinia par des Ukrainiens du Royaume de Hongrie, une République populaire d’Ukraine occidentale s’établit à Lviv tandis que la République populaire ukrainienne est dirigée par Petlioura à Kiev dès décembre 1918. À cette mosaïque déjà fortement bigarrée vient s’ajouter un gouvernement bolchevique basé à Kharkov.</p><h4><strong><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928503_cartegwendal021.jpg"></strong>Carte des différentes républiques ukrainiennes qui naissent dans le sillage de la Première Guerre mondiale. © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><p>C’est le sort des armes qui décide bien vite de l’avenir de ces états à l’existence bien souvent éphémère. Plusieurs forces s’affrontent sur ces terres tant convoitées: celles des modestes républiques des anciennes possessions des Habsbourg, Petlioura et son Armée Populaire Ukrainienne tandis que les armées tchécoslovaque, polonaise et roumaine sont à portée de canon, que les troupes de partisans de l’anarchiste Nestor Makhno harcèlent les forces blanches et que deux armées bolcheviques (de Hongrie et de Russie) tentent de faire la jonction. Ainsi, à l’Ouest, l’armée ukrainienne arrête une offensive polonaise. Les forces blanches, appelées Armée des Volontaires, reprennent Novorosiisk, Kouban et Stavropol et marchent sur Kiev. De plus, Petlioura doit affronter Makhno, un seigneur de la guerre communiste, dans la campagne ukrainienne.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928587_odessa1918.jpg">Odessa en 1918 © DR<br></h4><p>C’est dans ce contexte extrêmement confus que la décision d’intervenir en Russie du Sud, plus précisément à Odessa et en Crimée, est prise à Paris. Elle a pour premiers objectifs de restaurer l’ordre, de contrôler le retrait allemand, de renforcer l’armée des Volontaires et de tenter d’unir les forces anti-bolcheviques présentes en Russie du Sud. Il s’agira ensuite de «réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et [d’] en provoquer la chute,» des mots mêmes de Clemenceau. Ces forces anti-bolcheviques, qu’elles soient politiques ou militaires, tiennent une conférence à Iași (ou Yassi, dans la documentation diplomatique française) en Roumanie en décembre 1918, siège des légations alliées depuis la fin 1916.</p><p>Le général Denikine est désigné pour prendre la tête des forces blanches et anti-bolcheviques. Les délégués reprennent espoir en la possibilité d’une restauration de l’État impérial russe et se voient déjà siéger parmi les signataires des traités de paix et du côté des vainqueurs. Mais deux malentendus apparaissent déjà. Tout d’abord, aucun consensus n’est trouvé sur le projet politique que sous-tend une intervention militaire en Russie du Sud, c’est-à-dire sur la forme que l’état russe prendrait après une victoire contre les Bolcheviks. Ensuite, Émile Henno, un diplomate français en mission spéciale en Roumanie, initiateur de la conférence de Iași et un de ses principaux animateurs, agit de sa propre initiative sans rendre de compte à Paris. Son trop grand enthousiasme et son esprit aventurier laissent entendre aux représentants politiques et militaires russes que les alliés, et particulièrement la France, sont prêts à lancer une opération de grande envergure en Russie. Or, on est loin du compte.</p><p>Les forces françaises capables de se projeter en Russie du Sud sont celles de l’armée d’Orient, commandées par Franchet d’Espèrey, à qui Clemenceau confie la mission d’organiser une telle expédition. Les soldats de cette armée sortent d’une campagne longue, de dix-huit à même vingt-quatre mois de combats pour certains. Et les dernières semaines d’avancée – certes victorieuse – ont largement achevé d’épuiser les troupes. De plus, la perspective d’intervenir en Russie ne fait pas sens pour ces soldats qui viennent d’apprendre la signature de l’Armistice et attendent la démobilisation avec impatience. Par ailleurs, des pans entiers de cette armée ont déjà reçu l’ordre de faire route vers le front Ouest, alors que l’Allemagne n’avait pas encore déposé les armes. Ainsi, de novembre 1918 à l’été 1919, ce sont des troupes coloniales qui remplacent peu à peu les soldats métropolitains démobilisés sur des positions que la France ne peut immédiatement dégarnir.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928661_bdic_val_tir_01_0119_r.jpg">Défilé de l’artillerie française, Odessa, décembre 1918. © coll. La Contemporaine.</h4><br><p>Des signaux contradictoires vont venir complexifier cet écheveau de malentendus lorsque le général Berthelot, acceptant avec enthousiasme la tâche de planifier cette expédition, fait savoir aux représentants des Volontaires que douze divisions alliées seraient nécessaires et disponibles pour cette intervention. Grisé par ce qu’il prend pour des promesses de Paris, Denikine prépare un plan d’attaque impliquant dix-huit divisions alliées et russes (!) et envisage la mobilisation possible de 500'000 soldats russes dans la dynamique de cette offensive.</p><p>Les navires français appareillent de Roumanie malgré les mises en garde de Franchet d’Espèrey, qui trouve que cette opération et l’occupation qui en découlerait «en Ukraine et en Russie seraient mal vues et risqueraient d’amener des incidents pénibles» et seraient d’autant plus risquées qu’elles ne mobiliseraient pas suffisamment d’hommes. Malgré ces mises en garde, les forces françaises gagnent les rivages d’Ukraine dès le 17 décembre et le général Berthelot débarque à Odessa avec… 1800 hommes. Un autre convoi se dirige vers Sebastopol mais n’est pas mieux pourvu. L’objectif militaire est d’établir, dans l’arrière-pays d’Odessa, un arc Tiraspol-Nikolaïev-Kherson allant du Dniestr au Dniepr. Dans la mesure où les Allemands et les Autrichiens ont peiné à sécuriser le pays avec toutes leurs forces d’occupations, on voit mal comment le maigre contingent français pourrait y parvenir avec si peu de soldats.</p><p>Lors de leur débarquement, les Français découvrent un port isolé du reste du pays par la neige; ce qui empêche l’établissement de liaisons avec Kiev et les autres villes. Et les surprises sont nombreuses: le port est contrôlé par les volontaires de Denikine, mais la ville abrite également des troupes de Petlioura, 1600 Allemands, une brigade polonaise ainsi que 2000 Russes blancs commandés par le général Grichine-Almazov, proche de Henno. De plus Odessa fait face à des forts afflux de réfugiés: des Roumains ayant quitté Bucarest au début de l’occupation allemande, ainsi que des Russes ayant fui successivement Petrograd, Moscou puis Kiev avant d’atteindre les rivages de la Mer Noire. La population de la ville doit avoisiner les 800’000 personnes, alors qu’elle n’en comptait que 500’000 en 1910.</p><h3>Tensions, revers et évacuations</h3><p>Après avoir pris position à Odessa, Nikolaïev, Kherson et en Crimée, des problèmes surgissent dès les premières semaines d’occupation. Tout d’abord, le général Berthelot est mal vu par les officiers et généraux des Volontaires russes, car, en plus de ne pas débarquer avec les effectifs nécessaires, il a la réputation – non usurpée – d’être proche des Roumains. Les politiciens et militaires russes voient d’un très mauvais œil les projets d’agrandissement de la Roumanie au détriment de l’Empire russe qu’ils rêvent de restaurer. Ensuite, les Volontaires comptent beaucoup sur l’appui politique et diplomatique d’Émile Henno, nommé gérant du vice-consulat de France à Kiev. Mais on finit par se méfier de cet homme qui se présente à tous comme rien de moins que le «consul de France plénipotentiaire et le porte-parole de l’Entente». Les initiatives de cet aventurier diplomate finissent par mettre définitivement les troupes françaises dans l’embarras puisqu’il soutient la nomination du général russe Grichine-Almazov, un ultra-conservateur au poste de gouverneur de la ville. Ce soutien apporté aux éléments réactionnaires et Grands-Russes achève de ruiner les espoirs d’union des forces anti-bolcheviques en Russie du Sud. Henno va même jusqu’à traiter les partisans de Petlioura, tout autant opposés aux bolcheviques que les Volontaires, de «suppôts de l’Allemagne.»</p><p>Du point de vue militaire, les Français sont frappés par la désorganisation des armées blanches dont les officiers semblent plus intéressés par le gouvernement du pays que par sa reconquête. Ces mêmes officiers restent très mal perçus par la population qui voit en eux des réactionnaires incapables de proposer politiquement autre chose qu’un retour au statu quo ante bellum. Les Français finissent par ne plus cacher leur dédain pour cette «parodie d’armée de Condé» (colonel Freydenberg) qui compte, par bataillon, plus d’officiers que de soldats. À titre d’exemple, le port d’Odessa est contrôlé et administré par sept amiraux russes! Mais déjà, les forces d’occupation française sont assimilées par la population aux Blancs ultra-réactionnaires, auxquels même les éléments français les plus conservateurs se montrent hostiles. L’action funeste d’Émile Henno en la matière, sa collusion permanente avec les Volontaires, est déjà jugée très sévèrement en haut lieu et – fait rare – désapprouvée publiquement à la Chambre des députés par Stephen Pichon, le ministre français des Affaires étrangères.</p><p>À tout cela il faut évidemment ajouter que le climat à Odessa se tend à l’extrême: Makhno et Grigorieff, des seigneurs de la guerre locaux, sèment la terreur dans les campagnes environnantes. L’ordre ne règne que par la terreur policière. La spéculation sur les denrées de première nécessité va bon train, encouragée par les équipages de navires civils ravitaillant le port. L’afflux de réfugiés en provenance de Kiev ne se tarit pas et rien ne semble pouvoir refréner l’inflation. Quant aux troupes françaises, elles sont la cible d’une propagande bolchevique amplifiée par l’incompréhension des soldats vis-à-vis d’une opération dont ils ne saisissent pas le sens. Les troupes souhaitent retrouver leurs foyers.Jacques Sadoul, ancien membre de la Mission militaire française en Russie passé au camp de la révolution, qui orchestre cet effort de démoralisation, le sait très bien.</p><p>Les autorités militaires françaises reconnaissent elles-mêmes qu’aucun soldat français ayant survécu à Verdun et à la Marne ne souhaiterait la perde dans les plaines d’Ukraine.</p><p>L’arrivée de nouveaux renforts motivés (des troupes grecques et des bataillons mêlant tchécoslovaques, roumains et polonais) pendant l’hiver n’y fait rien: Berthelot se plaint à Paris qu’on ne passe même pas la barre des 3 000 hommes. Le 2 février, des mutineries éclatent au sein du 58e régiment d’infanterie qui refuse d’attaquer à Tiraspol. Des troubles similaires surviennent à Kherson en mars et permettent une avancée de Grigoriev qui a changé d’allégeance et est passé chez les Bolcheviks. La propagande en provenance de Kiev à destination des troupes françaises s’intensifie et les autorités locales la combattent avec plus ou moins d’efficacité. Ainsi, le 2 mars, la police d’Odessa, aux mains des Blancs, arrête et exécute une militante communiste française, Jeanne Labourbe, auteur du bulletin Le Communiste rédigé en français et distribué en ville.</p><p>Grigoriev, qui renouvelle ses assauts dès mars sur Kherson, rompt les lignes franco-grecques le 7, coupant ainsi la ville de ses communications avec Nikolaïev. Les soldats français sont pris à parti par la population qui fait feu sur l’occupant depuis les toits ou les fenêtres. Des renforts arrivent le 8 mais refusent de se battre. Les Bolcheviques ont alors déjà pris les docks et encerclé les troupes franco-grecques. Il faut l’intervention de la flotte française qui bombarde la ville pour que des soldats grecs puissent débarquer dans le port, libérer les hommes encerclés et aussitôt rembarquer, abandonnant la ville à Grigoriev.</p><p>Le vice-amiral Exelmans et le colonel Lejay, à Nikolaïev, ne prendront pas autant de peine à résister, craignant un soulèvement populaire et une déroute d’une plus grande ampleur: ils négocient directement avec l’ennemi et parviennent à organiser un rembarquement en bon ordre des troupes du 14 au 16 mars. À cette date, les états-majors français n’envisagent pas autre chose que l’évacuation pure et simple de la Russie du Sud, alors que Bela Kun proclame sa République des Conseils en Hongrie, et que l’armée d’Orient doit y porter toutes ses forces. Le 1er avril, le général d’Anselme annonce l’évacuation d’Odessa ordonnée par Franchet d’Espèrey. Pour certains civils réfugiés dans la ville portuaire, c’est la panique: 40 000 habitants s’entassent sur des navires français peinant à évacuer et qui quittent définitivement Odessa le 6 avril.</p><h3>Mutineries et crise politique</h3><p>Mais la révolution rattrape bientôt une intervention française déjà mal en point. C’est dans la marine qu’éclatent les premiers troubles. L’escadre française du vice-amiral Amet intervient en Mer Noire pour protéger l’aile droite des troupes alliées en Ukraine, et couvrir la Crimée et Sébastopol. L’escadre est composée des cuirassés France, Vergniaud, Jean Bart, et Justice. En plus d’un soutien d’artillerie de la mer au littoral, ils maintiennent un blocus sur le sud de la Russie.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928710_bdic_val_tir_01_0164_r.jpg">Le cuirassé Mirabeau vu de l’arrière, Sébastopol. © coll. La Contemporaine.</h4><p>Le 19 avril, des mutineries éclatent sur les navires français à Sébastopol: le drapeau rouge est hissé sur les cuirassés France et Jean Bart puis plus tard sur la Justice; d’autres incidents surviennent sur les Mirabeau, Vergniaud. Aucun acte de sabotage grave n’a cependant lieu. Les marins se révoltent principalement contre leurs conditions matérielles, les corvées, la rareté des permissions: les slogans «A Toulon!» expriment l’irrépressible désir du retour, mais croise également le mot d’ordre «Révolution», signe – comme pour le mécontentement dans l’armée – que la propagande bolchevique s’adosse une nouvelle fois à la précarité des conditions matérielles. La situation est inégalement contrôlée: si le navire amiral de l’escadre, le Jean Bart, est habilement tenu par le capitaine de vaisseau Couëdic, il n’en va pas de même sur le France – navire déjà en sous-effectifs et manquant de cadres en raison des démobilisations – où les mutins ont pris le dessus. À terre on assiste à des fraternisations entre marins français, civils de Sébastopol et bolcheviques. À la suite de manifestations, des officiers sont pris à parti et les soldats grecs ouvrent le feu pour disperser la foule. Russes blancs et soldats français prennent part à la mêlée qui fait un peu plus de cinquante blessés et tués.</p><p>Cette crise est nourrie par la contestation de la politique du gouvernement et de Clemenceau, contestation qui prend place dans la troupe comme en métropole, ce dont les mutins sont au fait. Les deux phénomènes se nourrissent et les soldats et marins français de Russie du Sud trouvent arguments et sens à leur révolte dans les interpellations de Marcel.</p><p>Cachin à la Chambre des députés. Cachin, qui est avec Frossard «l’importateur» du communisme en France et un des artisans de la scission de la SFIO qui donne naissance au parti communiste français quelques années plus tard, s’illustre pendant plusieurs séances en critiquant la politique étrangère du gouvernement. En effet, quelques jours plus tôt, le 24 mars, le parlementaire socialiste s’en prend vertement à Pichon au sujet de l’intervention en Russie du Sud.</p><p>«À l’heure actuelle, le Gouvernement français est en état de guerre contre la révolution russe. Il ne l’a jamais déclarée, il n’a jamais consulté le Parlement, et la nation sur l’état de guerre qu’en fait il a instauré. C’est là un fait grave sur lequel il a d’abord devoir de s’expliquer ici. Nous envoyons des troupes en Russie, nous dressons contre la révolution russe tous les peuples allogènes qui l’entourent. Nous fournissons aux contre-révolutionnaires des troupes, des armes et de l’argent. Nous sommes donc, en vérité, en état de guerre contre le gouvernement de fait de la Russie: mais jamais le gouvernement n’a demandé au Parlement de déclarer la guerre à la révolution russe. (Applaudissements à l’extrême gauche.) C’est là une violation manifeste de notre Constitution. Que peut nous répondre à cette question précise, le Gouvernement?»</p><p>Les soutiens de Cachin enchaînent alors sur de graves accusations: le gouvernement dissimulerait des dépêches et des informations à la Commission des Affaires extérieures de la Chambre. Et Cachin de surenchérir:</p><p>«À l’heure actuelle, cette armée bolchevique, renforcée de l’ensemble de tous les éléments paysans et ouvriers révolutionnaires de Russie, est très forte. Elle comprend plusieurs centaines de mille hommes. Vous pensiez vous appuyer, il y a quelques semaines encore sur certains éléments ukrainiens. Ils se sont effondrés et les troupes bolcheviques ont conquis l’Ukraine entière. Elles sont aujourd’hui sur les bords de la Mer Noire. Elles en seront demain, n’en doutez pas, les occupantes uniques. C’est qu’à l’heure présente l’armée bolchevique est forte moralement de l’idée qu’elle défend son sol contre l’invasion injustifiée dont vous avez été l’essentiel artisan, Monsieur Pichon. Elle est forte matériellement de l’appui de la Russie entière. Vous nous avez dit ici, il y a quelques mois, que votre politique trouvait en Russie des soutiens qui ne pouvaient manquer de la faire triompher à bref délai. J’ai le droit de dire qu’aujourd’hui vous avez réalisé contre vous l’unanimité du peuple russe.»</p><p>Les interpellations fusent et Cachin tente de mettre le gouvernement au pied du mur: «Aidez-vous Denikine, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire. Aidez-vous Koltchak, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire.» Et bien plus que de souligner le caractère éminemment politique d’une telle intervention, Cachin se scandalise du nouvel effort de guerre dissimulé demandé aux soldats français:</p><p>«On a commencé, dans de nombreux régiments, par offrir à chacun des petits soldats de la liberté une pièce de cent sous pas jour et 10 francs aux sous-officiers, pour aller en Orient; au reste on prenait soin de ne pas leur indiquer le but précis de l’engagement qu’on sollicitait d’eux… Or, malgré l’appât misérable de vos cent sous, malgré l’offre des quelques centaines de francs que vous leur proposiez comme prime, vous n’avez pas trouvé de volontaires. Je le dis ici hautement, c’est l’honneur de ce pays. (Vifs applaudissements à l’extrême gauche et sur quelques bancs à gauche.) Du haut de cette tribune, pour qu’ils l’entendent bien, nous demandons à tous les soldats du France de ne pas s’engager dans l’armée contre-révolutionnaire que veulent recruter M. Pichon et son Gouvernement. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) Mais n’ayant pas trouvé de volontaires, vous allez maintenant recruter de force les petits soldats…» </p><p>L’intervention à l’Est n’est plus une simple question technique ou strictement militaire dont on pourrait tirer quelque avantages économiques. Elle ne peut plus être présentée une simple relève des troupes allemandes sur les marges de l’Est en accord avec les conventions de l’armistice ou relative aux modalités de l’aide à apporter aux Volontaires, mais est avant tout une affaire politique. En substance l’intervention de Cachin, soutenue à l’extrême gauche et approuvée par une partie de la gauche, montre bien l’impossible renouvellement d’un effort guerrier à l’Est.</p><p>Ces échanges houleux qui durent jusqu’au 29 mars, ou tout du moins des morceaux choisis de la harangue de Cachin, transitent par la presse syndicale et d’extrême gauche qui irrigue les rangs de la marine, composés de nombreux éléments ouvriers en contact avec les organisations syndicales et pacifistes de France. La grogne gagne également les navires au large d’Odessa, en dépit de l’ordre d’évacuation, notamment à bord du Waldeck-Rousseau, à la fin avril. Dans le cas de Sébastopol, comme dans celui d’Odessa, les éléments les plus radicaux tentent de persuader la majorité des mutins qu’il faut aller plus loin que demander plus qu’une fin de l’intervention; certains parlent même de livrer des navires aux Bolcheviques. Mais c’est la promesse du retour dans les rades françaises qui l’emporte et ramène le calme. Ainsi dès le 22 avril, les marins reprennent leur poste, les éléments radicaux n’ont plus prise et le 23, le France et le Jean Bart appareillent pour la France. Dans le sillage de ces départs, le 28 et le 29 avril, Sébastopol est évacuée, conformément aux décisions prises avant le déclenchement des mutineries et les Volontaires de Denikine sont laissés à leur sort.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928828_cartegwendal04.jpg">Carte des opérations © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><br><p>L’agitation des mutineries d’Odessa et Sébastopol ne reste pas confinée à la Mer Noire. Une seconde série de mutineries éclate à l’été 1919 mais elles touchent cette fois le cuirassé Diderot et le croiseur cuirassé Guichen qui mouillent dans le golf de Patras. Elle s’étend ensuite aux arsenaux français, faisant craindre le pire aux autorités: Toulon, Bizerte, Lorient, Brest et Cherbourg sont secoués par la contestation. À Toulon, un important mouvement parti du cuirassé Provence réclame la levée des sanctions qui se sont abattues sur les mutins. Les autorités parviennent à contenir le mécontentement en améliorant les conditions matérielles des hommes servant sur les navires ou dans les arsenaux. Même si on s’était engagé à ne pas punir les mutins de la Mer Noire ou à faire preuve de clémence, la justice militaire prononce plusieurs condamnations: une centaine de marins sont dégradés, condamnés en conseil de guerre, dont certains à la peine de mort. Celle-ci est systématiquement commuée en vingt années de prison ou en travaux forcés. Aucun mutin n’est fusillé, et tous sont amnistiés en 1922.</p><p>La crise déclenchée par l’intervention française en Russie du Sud et en Crimée révèle qu’en dépit des tensions et des conflits qui se poursuivent à l’Est, la guerre est bel et bien terminée dans l’esprit des soldats mobilisés sous les drapeaux depuis 1914. Si dans les confins orientaux de l’Europe, la paix semble un horizon lointain pour ne pas dire hors de portée, la poursuite de la guerre pour les puissances comme la France est impossible. La déroute française est principalement due à l’insuffisance des effectifs engagés dans l’opération, mais tout autant à l’état de fatigue et de lassitude extrême dans lequel ces hommes se trouvent.</p><p>De plus, l’opération ne fait pas sens, alors qu’on sait les armistices signés sur tous les fronts. La guerre demeurant un prolongement de la politique par d’autres moyens, cette opération armée sur un sol étranger souffre justement d’emblée d’un manque de légitimité politique. La toile de fond de la seconde vague de mutineries qui touchent les arsenaux français est d’ailleurs constituée par ce climat social extrêmement tendu que doit gérer Clemenceau en 1919. La crise est donc à la fois politique, militaire, mais également géopolitique puisqu’elle pose la question de la place de la France dans le nouvel ordre européen qui se dessine. L’» intervention de Marcel Cachin ne porte d’ailleurs pas que sur l’Ukraine puisqu’il évoque également l’implication de la France en Pologne, en Bohème, dans la Baltique… tant de lieux où Paris cherche à réinventer son rôle.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 544, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1473, 'homepage_order' => (int) 1736, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical, qui estime non seulement que la description des climats de la Terre peut se résumer à des impressions subjectives, mais qu’en plus ces climats peuvent être soumis à la seule volonté humaine.', 'subtitle_edition' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical.', 'content' => '<p style="text-align: center;">Dr <strong>Eric Verrecchia</strong>, biogéochimiste</p> <hr /> <p>Ce solipsisme contribue à la construction d’une illusion de masse encouragée par la substitution de modèles numériques virtuels à la réalité du monde. Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 37, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. Pour beaucoup, c’est la famine, le mot n’est pas trop fort. Pas pour les privilégiés qui disposent de dollars. L’envoyé spécial du «Figaro» décrit le supermarché qui fait fureur à La Havane: Diplomarket, qui regorge d’aliments et d’articles ménagers.', 'subtitle_edition' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. Pour beaucoup, c’est la famine, le mot n’est pas trop fort. Pas pour les privilégiés qui disposent de dollars. L’envoyé spécial du «Figaro» décrit le supermarché qui fait fureur à La Havane: Diplomarket, qui regorge d’aliments et d’articles ménagers.', 'content' => '<p>Le commerce est d<span>irigé par un Cubano-américain, Frank Cuspinera Medina, dans le cadre d’une société enregistrée en Floride avec des capitaux de diverses sources, espagnoles notamment. Les vastes hangars se trouvent à une dizaine de kilomètres du centre, sans desserte de transports publics. Tous les jours, c’est là un défilé de belles voitures. Pas seulement à plaques diplomatiques. L’île en détresse a ses nouveaux riches. </span></p> <p><span>«La plupart des Cubains seraient capables de faire un infarctus, tant il y a de nourriture et de produits qu’ils n’ont jamais vus de leur vie et qu’ils ne pourront jamais se payer», lâche une pharmacienne venue en side-car avec son mari «pour voir ça». Seuls moyens de paiement, le dollar, l’euro, les cartes Visa et Mastercard dans ces monnaies, non accessibles aux Cubains. Les amateurs de viande veillent à garder le ticket de caisse, car ailleurs il est interdit d’acheter du bœuf hors des restaurants et la police contrôle les voitures. Les caissières sont vêtues de tee-shirts estampillés Saint-Gobain, sans que personne ne sache quel est ici le rôle de cette entreprise. Toutes sont jeunes, blanches, souriantes. «Il n’y a qu’un jeune Noir, sûrement qu’ils s’en servent pour décharger les caisses», raille une cliente mulâtre. </span><span>Le Parti communiste au pouvoir a l’échine souple. Et s’accommode des arrangements les plus douteux.</span></p> <hr /> <h4><a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/diplomarket-ce-supermarche-americain-qui-fait-fureur-a-cuba-20240414" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'cuba-entre-famine-et-abondance', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 23, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4861, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La démocratie, oui… si elle convient', 'subtitle' => 'Le site Infosperber a publié une provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'subtitle_edition' => 'Le site Infosperber a publié provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'content' => '<p style="text-align: justify;"><span>Ces derniers temps, la majorité bourgeoise a pris un cap discutable en matière de politique nationale : de plus en plus souvent, elle plie à sa volonté les plébiscites et les décisions démocratiques qui ne lui conviennent pas - au besoin contre les règles de procédure établies, la Constitution fédérale et la volonté du peuple. Oui à la démocratie - mais seulement au cas par cas ? On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. Bien que plusieurs semaines se soient écoulées entre-temps, les partis bourgeois n'arrivent pas à se résigner à leur défaite, restent en mode combat, se moquent de la décision populaire et la torpillent avec des propositions de financement abracadabrantes. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Cela a culminé récemment avec la NZZ, qui a suggéré avec malice d'introduire une réglementation permettant de renoncer volontairement au supplément de rente. On pourrait considérer cette rhétorique comme une manière de surmonter la douleur des perdants de la votation. Mais ce serait sous-estimer le phénomène. Car le discrédit jeté par la majorité bourgeoise sur les plébiscites indésirables fait désormais partie du système. Elle sert à préparer le terrain pour pouvoir attaquer plus tard les verdicts démocratiques au Parlement, à justifier les manœuvres douteuses du point de vue de la politique nationale ainsi que les atermoiements juridiques nécessaires et à leur donner une apparence de légitimité.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Une évolution inquiétante</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Les six décisions prises récemment par le Conseil des États et le Conseil national illustrent ce que l'on entend par là. Il y a un an, le Parlement bourgeois a permis au Conseil fédéral, dans le cadre d'une procédure sans précédent, de signer le contrat d'achat des avions de combat F-35, alors qu'une initiative populaire était en suspens. Une votation a ainsi été empêchée de facto, un droit populaire a été invalidé et les opposants ont été refroidis.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En 2021, le peuple a approuvé l'initiative sur les soins, contre la volonté des bourgeois. Elle est aujourd'hui encore bloquée. C'est précisément ce que les représentants du PLR avaient menacé de faire en cas de "oui" : repousser la décision du peuple aux calendes grecques. Le secteur des soins y voit à juste titre une violation de la Constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Sous la pression de la majorité bourgeoise, le Conseil fédéral a présenté en janvier un projet visant à annuler les salaires minimaux cantonaux existants. Le Conseil fédéral lui-même a mis en garde contre cette intention et l'a qualifiée d'anticonstitutionnelle, car elle bafoue la souveraineté cantonale et le principe de légalité.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars de cette année, la majorité bourgeoise a fait échouer la mise en œuvre de l'initiative populaire contre la publicité pour le tabac, approuvée en 2022, en voulant imposer des règles spéciales qui étaient en retrait par rapport à l'ancienne loi. Même les médias bourgeois ont parlé d'une violation de la volonté populaire.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars également, les bourgeois ont troué la loi sur les résidences secondaires avec des exceptions si larges que le Conseil fédéral a dû constater que la Constitution était ici violée. La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. Il s'agit de moins en moins de concevoir la démocratie comme un moyen d'établir le bien commun et la justice, mais plutôt de la contourner et de la déformer pour mieux faire valoir des intérêts économiques particuliers.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Ensuite, concernant la radicalisation dans l'éventail politique de droite : elle a rendu les gens vulnérables à une mentalité autoritaire de "maître chez soi". L'importance de valeurs telles que les droits de l'homme et le principe d'égalité ainsi que le respect des principes de la politique d'État s'estompe. Dans ces milieux, la démocratie et la constitution ne sont invoquées que lorsqu'elles servent leur propre idéologie et peuvent être utilisées comme moyen pour atteindre une fin. Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-democratie-oui-si-elle-convient', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 44, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4856, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L'OTAN a 75 ans et des défis devant elle', 'subtitle' => 'Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. La presse européenne évoque les défis qui l’attendent et ses perspectives d’avenir, à l’heure où les cendres de la guerre froide se réchauffent.', 'subtitle_edition' => 'Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. La presse européenne évoque les défis qui l’attendent et ses perspectives d’avenir, à l’heure où les cendres de la guerre froide se réchauffent.', 'content' => '<p>La guerre froide pourrait pourtant changer de casting. Le quotidien allemand <a href="https://www.welt.de/debatte/kommentare/article250858622/75-Jahre-Atlantische-Allianz-Danke-Nato.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Die Welt</em></a> désigne en effet la Chine comme un futur «grand sujet» pour l’OTAN. «Le pays se remilitarise de plus en plus et gagne en assurance», ce qui inquiète l’Ouest. Or Berlin «freine des quatre fers» déplore le quotidien. Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»</p> <p>Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme <a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">le mensuel lituanien </a><em><a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">IQ</a>. </em>Au cœur de la discorde, le droit de veto. Ce dernier a rendu «complètement inefficace» l’ONU, constate <em>IQ</em>, car le risque est constant de s’en servir pour exercer pressions ou intrigues diplomatiques. «Démocratie, droit international et Etat de droit forment le socle de l'alliance la plus puissante au monde. Mais un certain nombre d'Etats oublieux de ces valeurs tentent depuis longtemps de placer leur intérêts mercantilistes au-dessus des décisions cruciales de l’OTAN.»</p> <p>Cela revient à poser une question essentielle, dans toute organisation: qu’est-ce qui lie entre eux les Etats membres? Au-delà de la coopération militaire, ce sont des «valeurs», celles mêmes que les pays occidentaux s’emploient à défendre en ce moment en Ukraine. La députée Renaissance Anne Genetet plaide même pour la création d’un centre de l’OTAN chargé de défendre de concert les valeurs occidentales et la «résilience démocratique». Dans <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-otan-a-75-ans-l-age-de-la-resilience-democratique-994366.html" target="_blank" rel="noopener">les colonnes de <em>La Tribune</em></a>, l’élue souligne que l’organisation «doit plus que jamais être notre bouclier face aux ennemis de la liberté».</p> <p>Un avenir mitigé donc, porté par de beaux discours et une volonté de cohésion, entaché par des divergences internes, car tous les Etats membres ne voient pas toujours leurs intérêts converger. De manière plus pragmatique, le quotidien croate <em>Večernji list</em> remet l’église au centre du village: comment faire face à l’avenir lorsque manque la ressource principale, les soldats? </p> <p>Le nombre de militaires actifs dans les différentes armées des pays membres est en effet en recul, jusqu’à atteindre un seuil inquiétant. Les solutions habituelles sont évoquées: augmenter les rémunérations, encourager les femmes à s’engager, améliorer les conditions de vie des soldats en proposant un meilleur équilibre entre l’armée et la vie de famille... et enfin, rétablir le service militaire obligatoire. On n’a rien sans rien. </p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'l-otan-a-75-ans-et-des-defis-devant-elle', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 38, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 5068, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'BDIC_VAL_TIR_01_0177_R.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 255617, 'md5' => '08c5e81bf14b9d4925c0ee953ee84a3f', 'width' => (int) 2242, 'height' => (int) 1660, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Au début du 20e siècle, le gouvernement français nourrit le projet d'intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire.', 'author' => '', 'copyright' => '© DR', 'path' => '1546929672_bdic_val_tir_01_0177_r.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 1439, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Les imprécisions (pour ne pas parler de contre-vérités) sur le personnage de Makhno (https://fr.wikipedia.org/wiki/Nestor_Makhno) permettent malheureusement de se poser des questions sur le sérieux du travail de l'auteur. Dommage.', 'post_id' => (int) 1456, 'user_id' => (int) 4576, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Bon pour la tête' $description = 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?' $title = 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 396, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'début de siècle', 'slug' => 'debut-de-siecle', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 123 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
Un article original paru dans le Courrier d’Europe centrale, de Gwendal Piégais, Doctorant en histoire à l’Université de Bretagne occidentale, spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique.
Le 13 octobre 1918, une forte agitation règne au quartier général du commandant des armées alliées d’Orient, le français Louis Franchet d’Espèrey. Depuis près d’un mois, une offensive d’envergure est lancée contre les armées des Empires centraux dans les Balkans. Le 15 septembre, une coalition regroupant des soldats français de métropole et des colonies, mais aussi des Britanniques, des Serbes, des Grecs et des Italiens brise la ligne ennemie tenue par les Bulgares, rendant possible une percée et une exploitation de plusieurs dizaines puis centaines de kilomètres. L’avancée alliée est si rapide que les états-majors à Paris et Londres ont eux-mêmes du mal à suivre.
Louis Franchet d’Espèrey
Mais alors que le général Franchet d’Espèrey vient d’adresser à Paris un plan d’offensive visant à pousser l’avantage encore plus au nord, vers la Bohème et par extension l’Empire allemand, le général Berthelot, ancien chef de la Mission militaire française en Roumanie, arrive à Salonique pour lui remettre personnellement les directives de Georges Clemenceau, président du conseil et ministre de la Guerre. Clemenceau intime à Franchet de refréner sa poussée, de stabiliser une ligne de défense et de réorienter ses efforts au nord-Est, vers la Roumanie et au-delà vers la Russie du Sud, l’actuelle Ukraine. Selon ce plan, les armées alliées d’Orient doivent, dans un premier temps libérer la Serbie, encore occupée par les Empires centraux, prendre le contrôle du territoire bulgare, puis atteindre le Danube pour y constituer un front défensif; à la suite de cela il doit rouvrir les communications avec la Russie par la Mer Noire pour préparer une action commune contre les Bolcheviques.
Pour Clemenceau, ce qui se joue désormais sur le front d’Orient c’est la possible mise en échec de la révolution russe, à tout le moins sa mise à distance de la Russie du Sud où la France souhaite sécuriser des intérêts économiques et géopolitiques. Paris a grandement investi dans l’économie et les infrastructures de l’Empire russe avant et pendant la Grande Guerre et entend sécuriser ses investissements tout en gagnant une zone d’influence économique (bassin du Don, Crimée, ports de la Mer Noire, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas un cas unique puisque la Grande-Bretagne intervient dès décembre 1917 dans le Caucase, avec la Dunsterforce. La priorité française est donc désormais de soutenir l’armée du général Alexeieff, qui s’oppose aux forces bolcheviques et se trouve en difficulté.
Mais à l’automne 1918, la situation est déjà plus que confuse dans le sud de la Russie. En effet, en novembre, les Empires centraux s’effondrent dans le sillage de l’armistice de Salonique, obtenu par Franchet d’Espèrey. Sur les anciennes terres impériales d’Autriche-Hongrie, des républiques ukrainiennes fleurissent déjà du Dniestr jusqu’au Don, des Carpates au Donets: une petite république des Lemkos, sise à Florynka, surgit puis est annexée par la Pologne après deux mois d’existence, la République houtsoule est fondée à Yasinia par des Ukrainiens du Royaume de Hongrie, une République populaire d’Ukraine occidentale s’établit à Lviv tandis que la République populaire ukrainienne est dirigée par Petlioura à Kiev dès décembre 1918. À cette mosaïque déjà fortement bigarrée vient s’ajouter un gouvernement bolchevique basé à Kharkov.
Carte des différentes républiques ukrainiennes qui naissent dans le sillage de la Première Guerre mondiale. © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi
C’est le sort des armes qui décide bien vite de l’avenir de ces états à l’existence bien souvent éphémère. Plusieurs forces s’affrontent sur ces terres tant convoitées: celles des modestes républiques des anciennes possessions des Habsbourg, Petlioura et son Armée Populaire Ukrainienne tandis que les armées tchécoslovaque, polonaise et roumaine sont à portée de canon, que les troupes de partisans de l’anarchiste Nestor Makhno harcèlent les forces blanches et que deux armées bolcheviques (de Hongrie et de Russie) tentent de faire la jonction. Ainsi, à l’Ouest, l’armée ukrainienne arrête une offensive polonaise. Les forces blanches, appelées Armée des Volontaires, reprennent Novorosiisk, Kouban et Stavropol et marchent sur Kiev. De plus, Petlioura doit affronter Makhno, un seigneur de la guerre communiste, dans la campagne ukrainienne.
Odessa en 1918 © DR
C’est dans ce contexte extrêmement confus que la décision d’intervenir en Russie du Sud, plus précisément à Odessa et en Crimée, est prise à Paris. Elle a pour premiers objectifs de restaurer l’ordre, de contrôler le retrait allemand, de renforcer l’armée des Volontaires et de tenter d’unir les forces anti-bolcheviques présentes en Russie du Sud. Il s’agira ensuite de «réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et [d’] en provoquer la chute,» des mots mêmes de Clemenceau. Ces forces anti-bolcheviques, qu’elles soient politiques ou militaires, tiennent une conférence à Iași (ou Yassi, dans la documentation diplomatique française) en Roumanie en décembre 1918, siège des légations alliées depuis la fin 1916.
Le général Denikine est désigné pour prendre la tête des forces blanches et anti-bolcheviques. Les délégués reprennent espoir en la possibilité d’une restauration de l’État impérial russe et se voient déjà siéger parmi les signataires des traités de paix et du côté des vainqueurs. Mais deux malentendus apparaissent déjà. Tout d’abord, aucun consensus n’est trouvé sur le projet politique que sous-tend une intervention militaire en Russie du Sud, c’est-à-dire sur la forme que l’état russe prendrait après une victoire contre les Bolcheviks. Ensuite, Émile Henno, un diplomate français en mission spéciale en Roumanie, initiateur de la conférence de Iași et un de ses principaux animateurs, agit de sa propre initiative sans rendre de compte à Paris. Son trop grand enthousiasme et son esprit aventurier laissent entendre aux représentants politiques et militaires russes que les alliés, et particulièrement la France, sont prêts à lancer une opération de grande envergure en Russie. Or, on est loin du compte.
Les forces françaises capables de se projeter en Russie du Sud sont celles de l’armée d’Orient, commandées par Franchet d’Espèrey, à qui Clemenceau confie la mission d’organiser une telle expédition. Les soldats de cette armée sortent d’une campagne longue, de dix-huit à même vingt-quatre mois de combats pour certains. Et les dernières semaines d’avancée – certes victorieuse – ont largement achevé d’épuiser les troupes. De plus, la perspective d’intervenir en Russie ne fait pas sens pour ces soldats qui viennent d’apprendre la signature de l’Armistice et attendent la démobilisation avec impatience. Par ailleurs, des pans entiers de cette armée ont déjà reçu l’ordre de faire route vers le front Ouest, alors que l’Allemagne n’avait pas encore déposé les armes. Ainsi, de novembre 1918 à l’été 1919, ce sont des troupes coloniales qui remplacent peu à peu les soldats métropolitains démobilisés sur des positions que la France ne peut immédiatement dégarnir.
Défilé de l’artillerie française, Odessa, décembre 1918. © coll. La Contemporaine.
Des signaux contradictoires vont venir complexifier cet écheveau de malentendus lorsque le général Berthelot, acceptant avec enthousiasme la tâche de planifier cette expédition, fait savoir aux représentants des Volontaires que douze divisions alliées seraient nécessaires et disponibles pour cette intervention. Grisé par ce qu’il prend pour des promesses de Paris, Denikine prépare un plan d’attaque impliquant dix-huit divisions alliées et russes (!) et envisage la mobilisation possible de 500'000 soldats russes dans la dynamique de cette offensive.
Les navires français appareillent de Roumanie malgré les mises en garde de Franchet d’Espèrey, qui trouve que cette opération et l’occupation qui en découlerait «en Ukraine et en Russie seraient mal vues et risqueraient d’amener des incidents pénibles» et seraient d’autant plus risquées qu’elles ne mobiliseraient pas suffisamment d’hommes. Malgré ces mises en garde, les forces françaises gagnent les rivages d’Ukraine dès le 17 décembre et le général Berthelot débarque à Odessa avec… 1800 hommes. Un autre convoi se dirige vers Sebastopol mais n’est pas mieux pourvu. L’objectif militaire est d’établir, dans l’arrière-pays d’Odessa, un arc Tiraspol-Nikolaïev-Kherson allant du Dniestr au Dniepr. Dans la mesure où les Allemands et les Autrichiens ont peiné à sécuriser le pays avec toutes leurs forces d’occupations, on voit mal comment le maigre contingent français pourrait y parvenir avec si peu de soldats.
Lors de leur débarquement, les Français découvrent un port isolé du reste du pays par la neige; ce qui empêche l’établissement de liaisons avec Kiev et les autres villes. Et les surprises sont nombreuses: le port est contrôlé par les volontaires de Denikine, mais la ville abrite également des troupes de Petlioura, 1600 Allemands, une brigade polonaise ainsi que 2000 Russes blancs commandés par le général Grichine-Almazov, proche de Henno. De plus Odessa fait face à des forts afflux de réfugiés: des Roumains ayant quitté Bucarest au début de l’occupation allemande, ainsi que des Russes ayant fui successivement Petrograd, Moscou puis Kiev avant d’atteindre les rivages de la Mer Noire. La population de la ville doit avoisiner les 800’000 personnes, alors qu’elle n’en comptait que 500’000 en 1910.
Tensions, revers et évacuations
Après avoir pris position à Odessa, Nikolaïev, Kherson et en Crimée, des problèmes surgissent dès les premières semaines d’occupation. Tout d’abord, le général Berthelot est mal vu par les officiers et généraux des Volontaires russes, car, en plus de ne pas débarquer avec les effectifs nécessaires, il a la réputation – non usurpée – d’être proche des Roumains. Les politiciens et militaires russes voient d’un très mauvais œil les projets d’agrandissement de la Roumanie au détriment de l’Empire russe qu’ils rêvent de restaurer. Ensuite, les Volontaires comptent beaucoup sur l’appui politique et diplomatique d’Émile Henno, nommé gérant du vice-consulat de France à Kiev. Mais on finit par se méfier de cet homme qui se présente à tous comme rien de moins que le «consul de France plénipotentiaire et le porte-parole de l’Entente». Les initiatives de cet aventurier diplomate finissent par mettre définitivement les troupes françaises dans l’embarras puisqu’il soutient la nomination du général russe Grichine-Almazov, un ultra-conservateur au poste de gouverneur de la ville. Ce soutien apporté aux éléments réactionnaires et Grands-Russes achève de ruiner les espoirs d’union des forces anti-bolcheviques en Russie du Sud. Henno va même jusqu’à traiter les partisans de Petlioura, tout autant opposés aux bolcheviques que les Volontaires, de «suppôts de l’Allemagne.»
Du point de vue militaire, les Français sont frappés par la désorganisation des armées blanches dont les officiers semblent plus intéressés par le gouvernement du pays que par sa reconquête. Ces mêmes officiers restent très mal perçus par la population qui voit en eux des réactionnaires incapables de proposer politiquement autre chose qu’un retour au statu quo ante bellum. Les Français finissent par ne plus cacher leur dédain pour cette «parodie d’armée de Condé» (colonel Freydenberg) qui compte, par bataillon, plus d’officiers que de soldats. À titre d’exemple, le port d’Odessa est contrôlé et administré par sept amiraux russes! Mais déjà, les forces d’occupation française sont assimilées par la population aux Blancs ultra-réactionnaires, auxquels même les éléments français les plus conservateurs se montrent hostiles. L’action funeste d’Émile Henno en la matière, sa collusion permanente avec les Volontaires, est déjà jugée très sévèrement en haut lieu et – fait rare – désapprouvée publiquement à la Chambre des députés par Stephen Pichon, le ministre français des Affaires étrangères.
À tout cela il faut évidemment ajouter que le climat à Odessa se tend à l’extrême: Makhno et Grigorieff, des seigneurs de la guerre locaux, sèment la terreur dans les campagnes environnantes. L’ordre ne règne que par la terreur policière. La spéculation sur les denrées de première nécessité va bon train, encouragée par les équipages de navires civils ravitaillant le port. L’afflux de réfugiés en provenance de Kiev ne se tarit pas et rien ne semble pouvoir refréner l’inflation. Quant aux troupes françaises, elles sont la cible d’une propagande bolchevique amplifiée par l’incompréhension des soldats vis-à-vis d’une opération dont ils ne saisissent pas le sens. Les troupes souhaitent retrouver leurs foyers.Jacques Sadoul, ancien membre de la Mission militaire française en Russie passé au camp de la révolution, qui orchestre cet effort de démoralisation, le sait très bien.
Les autorités militaires françaises reconnaissent elles-mêmes qu’aucun soldat français ayant survécu à Verdun et à la Marne ne souhaiterait la perde dans les plaines d’Ukraine.
L’arrivée de nouveaux renforts motivés (des troupes grecques et des bataillons mêlant tchécoslovaques, roumains et polonais) pendant l’hiver n’y fait rien: Berthelot se plaint à Paris qu’on ne passe même pas la barre des 3 000 hommes. Le 2 février, des mutineries éclatent au sein du 58e régiment d’infanterie qui refuse d’attaquer à Tiraspol. Des troubles similaires surviennent à Kherson en mars et permettent une avancée de Grigoriev qui a changé d’allégeance et est passé chez les Bolcheviks. La propagande en provenance de Kiev à destination des troupes françaises s’intensifie et les autorités locales la combattent avec plus ou moins d’efficacité. Ainsi, le 2 mars, la police d’Odessa, aux mains des Blancs, arrête et exécute une militante communiste française, Jeanne Labourbe, auteur du bulletin Le Communiste rédigé en français et distribué en ville.
Grigoriev, qui renouvelle ses assauts dès mars sur Kherson, rompt les lignes franco-grecques le 7, coupant ainsi la ville de ses communications avec Nikolaïev. Les soldats français sont pris à parti par la population qui fait feu sur l’occupant depuis les toits ou les fenêtres. Des renforts arrivent le 8 mais refusent de se battre. Les Bolcheviques ont alors déjà pris les docks et encerclé les troupes franco-grecques. Il faut l’intervention de la flotte française qui bombarde la ville pour que des soldats grecs puissent débarquer dans le port, libérer les hommes encerclés et aussitôt rembarquer, abandonnant la ville à Grigoriev.
Le vice-amiral Exelmans et le colonel Lejay, à Nikolaïev, ne prendront pas autant de peine à résister, craignant un soulèvement populaire et une déroute d’une plus grande ampleur: ils négocient directement avec l’ennemi et parviennent à organiser un rembarquement en bon ordre des troupes du 14 au 16 mars. À cette date, les états-majors français n’envisagent pas autre chose que l’évacuation pure et simple de la Russie du Sud, alors que Bela Kun proclame sa République des Conseils en Hongrie, et que l’armée d’Orient doit y porter toutes ses forces. Le 1er avril, le général d’Anselme annonce l’évacuation d’Odessa ordonnée par Franchet d’Espèrey. Pour certains civils réfugiés dans la ville portuaire, c’est la panique: 40 000 habitants s’entassent sur des navires français peinant à évacuer et qui quittent définitivement Odessa le 6 avril.
Mutineries et crise politique
Mais la révolution rattrape bientôt une intervention française déjà mal en point. C’est dans la marine qu’éclatent les premiers troubles. L’escadre française du vice-amiral Amet intervient en Mer Noire pour protéger l’aile droite des troupes alliées en Ukraine, et couvrir la Crimée et Sébastopol. L’escadre est composée des cuirassés France, Vergniaud, Jean Bart, et Justice. En plus d’un soutien d’artillerie de la mer au littoral, ils maintiennent un blocus sur le sud de la Russie.
Le cuirassé Mirabeau vu de l’arrière, Sébastopol. © coll. La Contemporaine.
Le 19 avril, des mutineries éclatent sur les navires français à Sébastopol: le drapeau rouge est hissé sur les cuirassés France et Jean Bart puis plus tard sur la Justice; d’autres incidents surviennent sur les Mirabeau, Vergniaud. Aucun acte de sabotage grave n’a cependant lieu. Les marins se révoltent principalement contre leurs conditions matérielles, les corvées, la rareté des permissions: les slogans «A Toulon!» expriment l’irrépressible désir du retour, mais croise également le mot d’ordre «Révolution», signe – comme pour le mécontentement dans l’armée – que la propagande bolchevique s’adosse une nouvelle fois à la précarité des conditions matérielles. La situation est inégalement contrôlée: si le navire amiral de l’escadre, le Jean Bart, est habilement tenu par le capitaine de vaisseau Couëdic, il n’en va pas de même sur le France – navire déjà en sous-effectifs et manquant de cadres en raison des démobilisations – où les mutins ont pris le dessus. À terre on assiste à des fraternisations entre marins français, civils de Sébastopol et bolcheviques. À la suite de manifestations, des officiers sont pris à parti et les soldats grecs ouvrent le feu pour disperser la foule. Russes blancs et soldats français prennent part à la mêlée qui fait un peu plus de cinquante blessés et tués.
Cette crise est nourrie par la contestation de la politique du gouvernement et de Clemenceau, contestation qui prend place dans la troupe comme en métropole, ce dont les mutins sont au fait. Les deux phénomènes se nourrissent et les soldats et marins français de Russie du Sud trouvent arguments et sens à leur révolte dans les interpellations de Marcel.
Cachin à la Chambre des députés. Cachin, qui est avec Frossard «l’importateur» du communisme en France et un des artisans de la scission de la SFIO qui donne naissance au parti communiste français quelques années plus tard, s’illustre pendant plusieurs séances en critiquant la politique étrangère du gouvernement. En effet, quelques jours plus tôt, le 24 mars, le parlementaire socialiste s’en prend vertement à Pichon au sujet de l’intervention en Russie du Sud.
«À l’heure actuelle, le Gouvernement français est en état de guerre contre la révolution russe. Il ne l’a jamais déclarée, il n’a jamais consulté le Parlement, et la nation sur l’état de guerre qu’en fait il a instauré. C’est là un fait grave sur lequel il a d’abord devoir de s’expliquer ici. Nous envoyons des troupes en Russie, nous dressons contre la révolution russe tous les peuples allogènes qui l’entourent. Nous fournissons aux contre-révolutionnaires des troupes, des armes et de l’argent. Nous sommes donc, en vérité, en état de guerre contre le gouvernement de fait de la Russie: mais jamais le gouvernement n’a demandé au Parlement de déclarer la guerre à la révolution russe. (Applaudissements à l’extrême gauche.) C’est là une violation manifeste de notre Constitution. Que peut nous répondre à cette question précise, le Gouvernement?»
Les soutiens de Cachin enchaînent alors sur de graves accusations: le gouvernement dissimulerait des dépêches et des informations à la Commission des Affaires extérieures de la Chambre. Et Cachin de surenchérir:
«À l’heure actuelle, cette armée bolchevique, renforcée de l’ensemble de tous les éléments paysans et ouvriers révolutionnaires de Russie, est très forte. Elle comprend plusieurs centaines de mille hommes. Vous pensiez vous appuyer, il y a quelques semaines encore sur certains éléments ukrainiens. Ils se sont effondrés et les troupes bolcheviques ont conquis l’Ukraine entière. Elles sont aujourd’hui sur les bords de la Mer Noire. Elles en seront demain, n’en doutez pas, les occupantes uniques. C’est qu’à l’heure présente l’armée bolchevique est forte moralement de l’idée qu’elle défend son sol contre l’invasion injustifiée dont vous avez été l’essentiel artisan, Monsieur Pichon. Elle est forte matériellement de l’appui de la Russie entière. Vous nous avez dit ici, il y a quelques mois, que votre politique trouvait en Russie des soutiens qui ne pouvaient manquer de la faire triompher à bref délai. J’ai le droit de dire qu’aujourd’hui vous avez réalisé contre vous l’unanimité du peuple russe.»
Les interpellations fusent et Cachin tente de mettre le gouvernement au pied du mur: «Aidez-vous Denikine, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire. Aidez-vous Koltchak, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire.» Et bien plus que de souligner le caractère éminemment politique d’une telle intervention, Cachin se scandalise du nouvel effort de guerre dissimulé demandé aux soldats français:
«On a commencé, dans de nombreux régiments, par offrir à chacun des petits soldats de la liberté une pièce de cent sous pas jour et 10 francs aux sous-officiers, pour aller en Orient; au reste on prenait soin de ne pas leur indiquer le but précis de l’engagement qu’on sollicitait d’eux… Or, malgré l’appât misérable de vos cent sous, malgré l’offre des quelques centaines de francs que vous leur proposiez comme prime, vous n’avez pas trouvé de volontaires. Je le dis ici hautement, c’est l’honneur de ce pays. (Vifs applaudissements à l’extrême gauche et sur quelques bancs à gauche.) Du haut de cette tribune, pour qu’ils l’entendent bien, nous demandons à tous les soldats du France de ne pas s’engager dans l’armée contre-révolutionnaire que veulent recruter M. Pichon et son Gouvernement. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) Mais n’ayant pas trouvé de volontaires, vous allez maintenant recruter de force les petits soldats…»
L’intervention à l’Est n’est plus une simple question technique ou strictement militaire dont on pourrait tirer quelque avantages économiques. Elle ne peut plus être présentée une simple relève des troupes allemandes sur les marges de l’Est en accord avec les conventions de l’armistice ou relative aux modalités de l’aide à apporter aux Volontaires, mais est avant tout une affaire politique. En substance l’intervention de Cachin, soutenue à l’extrême gauche et approuvée par une partie de la gauche, montre bien l’impossible renouvellement d’un effort guerrier à l’Est.
Ces échanges houleux qui durent jusqu’au 29 mars, ou tout du moins des morceaux choisis de la harangue de Cachin, transitent par la presse syndicale et d’extrême gauche qui irrigue les rangs de la marine, composés de nombreux éléments ouvriers en contact avec les organisations syndicales et pacifistes de France. La grogne gagne également les navires au large d’Odessa, en dépit de l’ordre d’évacuation, notamment à bord du Waldeck-Rousseau, à la fin avril. Dans le cas de Sébastopol, comme dans celui d’Odessa, les éléments les plus radicaux tentent de persuader la majorité des mutins qu’il faut aller plus loin que demander plus qu’une fin de l’intervention; certains parlent même de livrer des navires aux Bolcheviques. Mais c’est la promesse du retour dans les rades françaises qui l’emporte et ramène le calme. Ainsi dès le 22 avril, les marins reprennent leur poste, les éléments radicaux n’ont plus prise et le 23, le France et le Jean Bart appareillent pour la France. Dans le sillage de ces départs, le 28 et le 29 avril, Sébastopol est évacuée, conformément aux décisions prises avant le déclenchement des mutineries et les Volontaires de Denikine sont laissés à leur sort.
Carte des opérations © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi
L’agitation des mutineries d’Odessa et Sébastopol ne reste pas confinée à la Mer Noire. Une seconde série de mutineries éclate à l’été 1919 mais elles touchent cette fois le cuirassé Diderot et le croiseur cuirassé Guichen qui mouillent dans le golf de Patras. Elle s’étend ensuite aux arsenaux français, faisant craindre le pire aux autorités: Toulon, Bizerte, Lorient, Brest et Cherbourg sont secoués par la contestation. À Toulon, un important mouvement parti du cuirassé Provence réclame la levée des sanctions qui se sont abattues sur les mutins. Les autorités parviennent à contenir le mécontentement en améliorant les conditions matérielles des hommes servant sur les navires ou dans les arsenaux. Même si on s’était engagé à ne pas punir les mutins de la Mer Noire ou à faire preuve de clémence, la justice militaire prononce plusieurs condamnations: une centaine de marins sont dégradés, condamnés en conseil de guerre, dont certains à la peine de mort. Celle-ci est systématiquement commuée en vingt années de prison ou en travaux forcés. Aucun mutin n’est fusillé, et tous sont amnistiés en 1922.
La crise déclenchée par l’intervention française en Russie du Sud et en Crimée révèle qu’en dépit des tensions et des conflits qui se poursuivent à l’Est, la guerre est bel et bien terminée dans l’esprit des soldats mobilisés sous les drapeaux depuis 1914. Si dans les confins orientaux de l’Europe, la paix semble un horizon lointain pour ne pas dire hors de portée, la poursuite de la guerre pour les puissances comme la France est impossible. La déroute française est principalement due à l’insuffisance des effectifs engagés dans l’opération, mais tout autant à l’état de fatigue et de lassitude extrême dans lequel ces hommes se trouvent.
De plus, l’opération ne fait pas sens, alors qu’on sait les armistices signés sur tous les fronts. La guerre demeurant un prolongement de la politique par d’autres moyens, cette opération armée sur un sol étranger souffre justement d’emblée d’un manque de légitimité politique. La toile de fond de la seconde vague de mutineries qui touchent les arsenaux français est d’ailleurs constituée par ce climat social extrêmement tendu que doit gérer Clemenceau en 1919. La crise est donc à la fois politique, militaire, mais également géopolitique puisqu’elle pose la question de la place de la France dans le nouvel ordre européen qui se dessine. L’» intervention de Marcel Cachin ne porte d’ailleurs pas que sur l’Ukraine puisqu’il évoque également l’implication de la France en Pologne, en Bohème, dans la Baltique… tant de lieux où Paris cherche à réinventer son rôle.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => 'https://dev.bonpourlatete.com/like/1456', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1456, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Histoire', 'title' => 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine', 'subtitle' => 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<br><p></p><hr><p></p><h4><a href="https://courrierdeuropecentrale.fr/decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine/">Un article original</a> paru dans le <em>Courrier d’Europe centrale</em>, de <strong>Gwendal Piégais</strong>, Doctorant en histoire à l’Université de Bretagne occidentale, spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique.</h4><p></p><hr><p></p><br><p>Le 13 octobre 1918, une forte agitation règne au quartier général du commandant des armées alliées d’Orient, le français Louis Franchet d’Espèrey. Depuis près d’un mois, une offensive d’envergure est lancée contre les armées des Empires centraux dans les Balkans. Le 15 septembre, une coalition regroupant des soldats français de métropole et des colonies, mais aussi des Britanniques, des Serbes, des Grecs et des Italiens brise la ligne ennemie tenue par les Bulgares, rendant possible une percée et une exploitation de plusieurs dizaines puis centaines de kilomètres. L’avancée alliée est si rapide que les états-majors à Paris et Londres ont eux-mêmes du mal à suivre.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928556_ob_deb052_franchetdespereylouis.jpg">Louis Franchet d’Espèrey</h4><p>Mais alors que le général Franchet d’Espèrey vient d’adresser à Paris un plan d’offensive visant à pousser l’avantage encore plus au nord, vers la Bohème et par extension l’Empire allemand, le général Berthelot, ancien chef de la Mission militaire française en Roumanie, arrive à Salonique pour lui remettre personnellement les directives de Georges Clemenceau, président du conseil et ministre de la Guerre. Clemenceau intime à Franchet de refréner sa poussée, de stabiliser une ligne de défense et de réorienter ses efforts au nord-Est, vers la Roumanie et au-delà vers la Russie du Sud, l’actuelle Ukraine. Selon ce plan, les armées alliées d’Orient doivent, dans un premier temps libérer la Serbie, encore occupée par les Empires centraux, prendre le contrôle du territoire bulgare, puis atteindre le Danube pour y constituer un front défensif; à la suite de cela il doit rouvrir les communications avec la Russie par la Mer Noire pour préparer une action commune contre les Bolcheviques.</p><p>Pour Clemenceau, ce qui se joue désormais sur le front d’Orient c’est la possible mise en échec de la révolution russe, à tout le moins sa mise à distance de la Russie du Sud où la France souhaite sécuriser des intérêts économiques et géopolitiques. Paris a grandement investi dans l’économie et les infrastructures de l’Empire russe avant et pendant la Grande Guerre et entend sécuriser ses investissements tout en gagnant une zone d’influence économique (bassin du Don, Crimée, ports de la Mer Noire, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas un cas unique puisque la Grande-Bretagne intervient dès décembre 1917 dans le Caucase, avec la Dunsterforce. La priorité française est donc désormais de soutenir l’armée du général Alexeieff, qui s’oppose aux forces bolcheviques et se trouve en difficulté.</p><p>Mais à l’automne 1918, la situation est déjà plus que confuse dans le sud de la Russie. En effet, en novembre, les Empires centraux s’effondrent dans le sillage de l’armistice de Salonique, obtenu par Franchet d’Espèrey. Sur les anciennes terres impériales d’Autriche-Hongrie, des républiques ukrainiennes fleurissent déjà du Dniestr jusqu’au Don, des Carpates au Donets: une petite république des Lemkos, sise à Florynka, surgit puis est annexée par la Pologne après deux mois d’existence, la République houtsoule est fondée à Yasinia par des Ukrainiens du Royaume de Hongrie, une République populaire d’Ukraine occidentale s’établit à Lviv tandis que la République populaire ukrainienne est dirigée par Petlioura à Kiev dès décembre 1918. À cette mosaïque déjà fortement bigarrée vient s’ajouter un gouvernement bolchevique basé à Kharkov.</p><h4><strong><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928503_cartegwendal021.jpg"></strong>Carte des différentes républiques ukrainiennes qui naissent dans le sillage de la Première Guerre mondiale. © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><p>C’est le sort des armes qui décide bien vite de l’avenir de ces états à l’existence bien souvent éphémère. Plusieurs forces s’affrontent sur ces terres tant convoitées: celles des modestes républiques des anciennes possessions des Habsbourg, Petlioura et son Armée Populaire Ukrainienne tandis que les armées tchécoslovaque, polonaise et roumaine sont à portée de canon, que les troupes de partisans de l’anarchiste Nestor Makhno harcèlent les forces blanches et que deux armées bolcheviques (de Hongrie et de Russie) tentent de faire la jonction. Ainsi, à l’Ouest, l’armée ukrainienne arrête une offensive polonaise. Les forces blanches, appelées Armée des Volontaires, reprennent Novorosiisk, Kouban et Stavropol et marchent sur Kiev. De plus, Petlioura doit affronter Makhno, un seigneur de la guerre communiste, dans la campagne ukrainienne.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928587_odessa1918.jpg">Odessa en 1918 © DR<br></h4><p>C’est dans ce contexte extrêmement confus que la décision d’intervenir en Russie du Sud, plus précisément à Odessa et en Crimée, est prise à Paris. Elle a pour premiers objectifs de restaurer l’ordre, de contrôler le retrait allemand, de renforcer l’armée des Volontaires et de tenter d’unir les forces anti-bolcheviques présentes en Russie du Sud. Il s’agira ensuite de «réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et [d’] en provoquer la chute,» des mots mêmes de Clemenceau. Ces forces anti-bolcheviques, qu’elles soient politiques ou militaires, tiennent une conférence à Iași (ou Yassi, dans la documentation diplomatique française) en Roumanie en décembre 1918, siège des légations alliées depuis la fin 1916.</p><p>Le général Denikine est désigné pour prendre la tête des forces blanches et anti-bolcheviques. Les délégués reprennent espoir en la possibilité d’une restauration de l’État impérial russe et se voient déjà siéger parmi les signataires des traités de paix et du côté des vainqueurs. Mais deux malentendus apparaissent déjà. Tout d’abord, aucun consensus n’est trouvé sur le projet politique que sous-tend une intervention militaire en Russie du Sud, c’est-à-dire sur la forme que l’état russe prendrait après une victoire contre les Bolcheviks. Ensuite, Émile Henno, un diplomate français en mission spéciale en Roumanie, initiateur de la conférence de Iași et un de ses principaux animateurs, agit de sa propre initiative sans rendre de compte à Paris. Son trop grand enthousiasme et son esprit aventurier laissent entendre aux représentants politiques et militaires russes que les alliés, et particulièrement la France, sont prêts à lancer une opération de grande envergure en Russie. Or, on est loin du compte.</p><p>Les forces françaises capables de se projeter en Russie du Sud sont celles de l’armée d’Orient, commandées par Franchet d’Espèrey, à qui Clemenceau confie la mission d’organiser une telle expédition. Les soldats de cette armée sortent d’une campagne longue, de dix-huit à même vingt-quatre mois de combats pour certains. Et les dernières semaines d’avancée – certes victorieuse – ont largement achevé d’épuiser les troupes. De plus, la perspective d’intervenir en Russie ne fait pas sens pour ces soldats qui viennent d’apprendre la signature de l’Armistice et attendent la démobilisation avec impatience. Par ailleurs, des pans entiers de cette armée ont déjà reçu l’ordre de faire route vers le front Ouest, alors que l’Allemagne n’avait pas encore déposé les armes. Ainsi, de novembre 1918 à l’été 1919, ce sont des troupes coloniales qui remplacent peu à peu les soldats métropolitains démobilisés sur des positions que la France ne peut immédiatement dégarnir.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928661_bdic_val_tir_01_0119_r.jpg">Défilé de l’artillerie française, Odessa, décembre 1918. © coll. La Contemporaine.</h4><br><p>Des signaux contradictoires vont venir complexifier cet écheveau de malentendus lorsque le général Berthelot, acceptant avec enthousiasme la tâche de planifier cette expédition, fait savoir aux représentants des Volontaires que douze divisions alliées seraient nécessaires et disponibles pour cette intervention. Grisé par ce qu’il prend pour des promesses de Paris, Denikine prépare un plan d’attaque impliquant dix-huit divisions alliées et russes (!) et envisage la mobilisation possible de 500'000 soldats russes dans la dynamique de cette offensive.</p><p>Les navires français appareillent de Roumanie malgré les mises en garde de Franchet d’Espèrey, qui trouve que cette opération et l’occupation qui en découlerait «en Ukraine et en Russie seraient mal vues et risqueraient d’amener des incidents pénibles» et seraient d’autant plus risquées qu’elles ne mobiliseraient pas suffisamment d’hommes. Malgré ces mises en garde, les forces françaises gagnent les rivages d’Ukraine dès le 17 décembre et le général Berthelot débarque à Odessa avec… 1800 hommes. Un autre convoi se dirige vers Sebastopol mais n’est pas mieux pourvu. L’objectif militaire est d’établir, dans l’arrière-pays d’Odessa, un arc Tiraspol-Nikolaïev-Kherson allant du Dniestr au Dniepr. Dans la mesure où les Allemands et les Autrichiens ont peiné à sécuriser le pays avec toutes leurs forces d’occupations, on voit mal comment le maigre contingent français pourrait y parvenir avec si peu de soldats.</p><p>Lors de leur débarquement, les Français découvrent un port isolé du reste du pays par la neige; ce qui empêche l’établissement de liaisons avec Kiev et les autres villes. Et les surprises sont nombreuses: le port est contrôlé par les volontaires de Denikine, mais la ville abrite également des troupes de Petlioura, 1600 Allemands, une brigade polonaise ainsi que 2000 Russes blancs commandés par le général Grichine-Almazov, proche de Henno. De plus Odessa fait face à des forts afflux de réfugiés: des Roumains ayant quitté Bucarest au début de l’occupation allemande, ainsi que des Russes ayant fui successivement Petrograd, Moscou puis Kiev avant d’atteindre les rivages de la Mer Noire. La population de la ville doit avoisiner les 800’000 personnes, alors qu’elle n’en comptait que 500’000 en 1910.</p><h3>Tensions, revers et évacuations</h3><p>Après avoir pris position à Odessa, Nikolaïev, Kherson et en Crimée, des problèmes surgissent dès les premières semaines d’occupation. Tout d’abord, le général Berthelot est mal vu par les officiers et généraux des Volontaires russes, car, en plus de ne pas débarquer avec les effectifs nécessaires, il a la réputation – non usurpée – d’être proche des Roumains. Les politiciens et militaires russes voient d’un très mauvais œil les projets d’agrandissement de la Roumanie au détriment de l’Empire russe qu’ils rêvent de restaurer. Ensuite, les Volontaires comptent beaucoup sur l’appui politique et diplomatique d’Émile Henno, nommé gérant du vice-consulat de France à Kiev. Mais on finit par se méfier de cet homme qui se présente à tous comme rien de moins que le «consul de France plénipotentiaire et le porte-parole de l’Entente». Les initiatives de cet aventurier diplomate finissent par mettre définitivement les troupes françaises dans l’embarras puisqu’il soutient la nomination du général russe Grichine-Almazov, un ultra-conservateur au poste de gouverneur de la ville. Ce soutien apporté aux éléments réactionnaires et Grands-Russes achève de ruiner les espoirs d’union des forces anti-bolcheviques en Russie du Sud. Henno va même jusqu’à traiter les partisans de Petlioura, tout autant opposés aux bolcheviques que les Volontaires, de «suppôts de l’Allemagne.»</p><p>Du point de vue militaire, les Français sont frappés par la désorganisation des armées blanches dont les officiers semblent plus intéressés par le gouvernement du pays que par sa reconquête. Ces mêmes officiers restent très mal perçus par la population qui voit en eux des réactionnaires incapables de proposer politiquement autre chose qu’un retour au statu quo ante bellum. Les Français finissent par ne plus cacher leur dédain pour cette «parodie d’armée de Condé» (colonel Freydenberg) qui compte, par bataillon, plus d’officiers que de soldats. À titre d’exemple, le port d’Odessa est contrôlé et administré par sept amiraux russes! Mais déjà, les forces d’occupation française sont assimilées par la population aux Blancs ultra-réactionnaires, auxquels même les éléments français les plus conservateurs se montrent hostiles. L’action funeste d’Émile Henno en la matière, sa collusion permanente avec les Volontaires, est déjà jugée très sévèrement en haut lieu et – fait rare – désapprouvée publiquement à la Chambre des députés par Stephen Pichon, le ministre français des Affaires étrangères.</p><p>À tout cela il faut évidemment ajouter que le climat à Odessa se tend à l’extrême: Makhno et Grigorieff, des seigneurs de la guerre locaux, sèment la terreur dans les campagnes environnantes. L’ordre ne règne que par la terreur policière. La spéculation sur les denrées de première nécessité va bon train, encouragée par les équipages de navires civils ravitaillant le port. L’afflux de réfugiés en provenance de Kiev ne se tarit pas et rien ne semble pouvoir refréner l’inflation. Quant aux troupes françaises, elles sont la cible d’une propagande bolchevique amplifiée par l’incompréhension des soldats vis-à-vis d’une opération dont ils ne saisissent pas le sens. Les troupes souhaitent retrouver leurs foyers.Jacques Sadoul, ancien membre de la Mission militaire française en Russie passé au camp de la révolution, qui orchestre cet effort de démoralisation, le sait très bien.</p><p>Les autorités militaires françaises reconnaissent elles-mêmes qu’aucun soldat français ayant survécu à Verdun et à la Marne ne souhaiterait la perde dans les plaines d’Ukraine.</p><p>L’arrivée de nouveaux renforts motivés (des troupes grecques et des bataillons mêlant tchécoslovaques, roumains et polonais) pendant l’hiver n’y fait rien: Berthelot se plaint à Paris qu’on ne passe même pas la barre des 3 000 hommes. Le 2 février, des mutineries éclatent au sein du 58e régiment d’infanterie qui refuse d’attaquer à Tiraspol. Des troubles similaires surviennent à Kherson en mars et permettent une avancée de Grigoriev qui a changé d’allégeance et est passé chez les Bolcheviks. La propagande en provenance de Kiev à destination des troupes françaises s’intensifie et les autorités locales la combattent avec plus ou moins d’efficacité. Ainsi, le 2 mars, la police d’Odessa, aux mains des Blancs, arrête et exécute une militante communiste française, Jeanne Labourbe, auteur du bulletin Le Communiste rédigé en français et distribué en ville.</p><p>Grigoriev, qui renouvelle ses assauts dès mars sur Kherson, rompt les lignes franco-grecques le 7, coupant ainsi la ville de ses communications avec Nikolaïev. Les soldats français sont pris à parti par la population qui fait feu sur l’occupant depuis les toits ou les fenêtres. Des renforts arrivent le 8 mais refusent de se battre. Les Bolcheviques ont alors déjà pris les docks et encerclé les troupes franco-grecques. Il faut l’intervention de la flotte française qui bombarde la ville pour que des soldats grecs puissent débarquer dans le port, libérer les hommes encerclés et aussitôt rembarquer, abandonnant la ville à Grigoriev.</p><p>Le vice-amiral Exelmans et le colonel Lejay, à Nikolaïev, ne prendront pas autant de peine à résister, craignant un soulèvement populaire et une déroute d’une plus grande ampleur: ils négocient directement avec l’ennemi et parviennent à organiser un rembarquement en bon ordre des troupes du 14 au 16 mars. À cette date, les états-majors français n’envisagent pas autre chose que l’évacuation pure et simple de la Russie du Sud, alors que Bela Kun proclame sa République des Conseils en Hongrie, et que l’armée d’Orient doit y porter toutes ses forces. Le 1er avril, le général d’Anselme annonce l’évacuation d’Odessa ordonnée par Franchet d’Espèrey. Pour certains civils réfugiés dans la ville portuaire, c’est la panique: 40 000 habitants s’entassent sur des navires français peinant à évacuer et qui quittent définitivement Odessa le 6 avril.</p><h3>Mutineries et crise politique</h3><p>Mais la révolution rattrape bientôt une intervention française déjà mal en point. C’est dans la marine qu’éclatent les premiers troubles. L’escadre française du vice-amiral Amet intervient en Mer Noire pour protéger l’aile droite des troupes alliées en Ukraine, et couvrir la Crimée et Sébastopol. L’escadre est composée des cuirassés France, Vergniaud, Jean Bart, et Justice. En plus d’un soutien d’artillerie de la mer au littoral, ils maintiennent un blocus sur le sud de la Russie.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928710_bdic_val_tir_01_0164_r.jpg">Le cuirassé Mirabeau vu de l’arrière, Sébastopol. © coll. La Contemporaine.</h4><p>Le 19 avril, des mutineries éclatent sur les navires français à Sébastopol: le drapeau rouge est hissé sur les cuirassés France et Jean Bart puis plus tard sur la Justice; d’autres incidents surviennent sur les Mirabeau, Vergniaud. Aucun acte de sabotage grave n’a cependant lieu. Les marins se révoltent principalement contre leurs conditions matérielles, les corvées, la rareté des permissions: les slogans «A Toulon!» expriment l’irrépressible désir du retour, mais croise également le mot d’ordre «Révolution», signe – comme pour le mécontentement dans l’armée – que la propagande bolchevique s’adosse une nouvelle fois à la précarité des conditions matérielles. La situation est inégalement contrôlée: si le navire amiral de l’escadre, le Jean Bart, est habilement tenu par le capitaine de vaisseau Couëdic, il n’en va pas de même sur le France – navire déjà en sous-effectifs et manquant de cadres en raison des démobilisations – où les mutins ont pris le dessus. À terre on assiste à des fraternisations entre marins français, civils de Sébastopol et bolcheviques. À la suite de manifestations, des officiers sont pris à parti et les soldats grecs ouvrent le feu pour disperser la foule. Russes blancs et soldats français prennent part à la mêlée qui fait un peu plus de cinquante blessés et tués.</p><p>Cette crise est nourrie par la contestation de la politique du gouvernement et de Clemenceau, contestation qui prend place dans la troupe comme en métropole, ce dont les mutins sont au fait. Les deux phénomènes se nourrissent et les soldats et marins français de Russie du Sud trouvent arguments et sens à leur révolte dans les interpellations de Marcel.</p><p>Cachin à la Chambre des députés. Cachin, qui est avec Frossard «l’importateur» du communisme en France et un des artisans de la scission de la SFIO qui donne naissance au parti communiste français quelques années plus tard, s’illustre pendant plusieurs séances en critiquant la politique étrangère du gouvernement. En effet, quelques jours plus tôt, le 24 mars, le parlementaire socialiste s’en prend vertement à Pichon au sujet de l’intervention en Russie du Sud.</p><p>«À l’heure actuelle, le Gouvernement français est en état de guerre contre la révolution russe. Il ne l’a jamais déclarée, il n’a jamais consulté le Parlement, et la nation sur l’état de guerre qu’en fait il a instauré. C’est là un fait grave sur lequel il a d’abord devoir de s’expliquer ici. Nous envoyons des troupes en Russie, nous dressons contre la révolution russe tous les peuples allogènes qui l’entourent. Nous fournissons aux contre-révolutionnaires des troupes, des armes et de l’argent. Nous sommes donc, en vérité, en état de guerre contre le gouvernement de fait de la Russie: mais jamais le gouvernement n’a demandé au Parlement de déclarer la guerre à la révolution russe. (Applaudissements à l’extrême gauche.) C’est là une violation manifeste de notre Constitution. Que peut nous répondre à cette question précise, le Gouvernement?»</p><p>Les soutiens de Cachin enchaînent alors sur de graves accusations: le gouvernement dissimulerait des dépêches et des informations à la Commission des Affaires extérieures de la Chambre. Et Cachin de surenchérir:</p><p>«À l’heure actuelle, cette armée bolchevique, renforcée de l’ensemble de tous les éléments paysans et ouvriers révolutionnaires de Russie, est très forte. Elle comprend plusieurs centaines de mille hommes. Vous pensiez vous appuyer, il y a quelques semaines encore sur certains éléments ukrainiens. Ils se sont effondrés et les troupes bolcheviques ont conquis l’Ukraine entière. Elles sont aujourd’hui sur les bords de la Mer Noire. Elles en seront demain, n’en doutez pas, les occupantes uniques. C’est qu’à l’heure présente l’armée bolchevique est forte moralement de l’idée qu’elle défend son sol contre l’invasion injustifiée dont vous avez été l’essentiel artisan, Monsieur Pichon. Elle est forte matériellement de l’appui de la Russie entière. Vous nous avez dit ici, il y a quelques mois, que votre politique trouvait en Russie des soutiens qui ne pouvaient manquer de la faire triompher à bref délai. J’ai le droit de dire qu’aujourd’hui vous avez réalisé contre vous l’unanimité du peuple russe.»</p><p>Les interpellations fusent et Cachin tente de mettre le gouvernement au pied du mur: «Aidez-vous Denikine, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire. Aidez-vous Koltchak, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire.» Et bien plus que de souligner le caractère éminemment politique d’une telle intervention, Cachin se scandalise du nouvel effort de guerre dissimulé demandé aux soldats français:</p><p>«On a commencé, dans de nombreux régiments, par offrir à chacun des petits soldats de la liberté une pièce de cent sous pas jour et 10 francs aux sous-officiers, pour aller en Orient; au reste on prenait soin de ne pas leur indiquer le but précis de l’engagement qu’on sollicitait d’eux… Or, malgré l’appât misérable de vos cent sous, malgré l’offre des quelques centaines de francs que vous leur proposiez comme prime, vous n’avez pas trouvé de volontaires. Je le dis ici hautement, c’est l’honneur de ce pays. (Vifs applaudissements à l’extrême gauche et sur quelques bancs à gauche.) Du haut de cette tribune, pour qu’ils l’entendent bien, nous demandons à tous les soldats du France de ne pas s’engager dans l’armée contre-révolutionnaire que veulent recruter M. Pichon et son Gouvernement. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) Mais n’ayant pas trouvé de volontaires, vous allez maintenant recruter de force les petits soldats…» </p><p>L’intervention à l’Est n’est plus une simple question technique ou strictement militaire dont on pourrait tirer quelque avantages économiques. Elle ne peut plus être présentée une simple relève des troupes allemandes sur les marges de l’Est en accord avec les conventions de l’armistice ou relative aux modalités de l’aide à apporter aux Volontaires, mais est avant tout une affaire politique. En substance l’intervention de Cachin, soutenue à l’extrême gauche et approuvée par une partie de la gauche, montre bien l’impossible renouvellement d’un effort guerrier à l’Est.</p><p>Ces échanges houleux qui durent jusqu’au 29 mars, ou tout du moins des morceaux choisis de la harangue de Cachin, transitent par la presse syndicale et d’extrême gauche qui irrigue les rangs de la marine, composés de nombreux éléments ouvriers en contact avec les organisations syndicales et pacifistes de France. La grogne gagne également les navires au large d’Odessa, en dépit de l’ordre d’évacuation, notamment à bord du Waldeck-Rousseau, à la fin avril. Dans le cas de Sébastopol, comme dans celui d’Odessa, les éléments les plus radicaux tentent de persuader la majorité des mutins qu’il faut aller plus loin que demander plus qu’une fin de l’intervention; certains parlent même de livrer des navires aux Bolcheviques. Mais c’est la promesse du retour dans les rades françaises qui l’emporte et ramène le calme. Ainsi dès le 22 avril, les marins reprennent leur poste, les éléments radicaux n’ont plus prise et le 23, le France et le Jean Bart appareillent pour la France. Dans le sillage de ces départs, le 28 et le 29 avril, Sébastopol est évacuée, conformément aux décisions prises avant le déclenchement des mutineries et les Volontaires de Denikine sont laissés à leur sort.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928828_cartegwendal04.jpg">Carte des opérations © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><br><p>L’agitation des mutineries d’Odessa et Sébastopol ne reste pas confinée à la Mer Noire. Une seconde série de mutineries éclate à l’été 1919 mais elles touchent cette fois le cuirassé Diderot et le croiseur cuirassé Guichen qui mouillent dans le golf de Patras. Elle s’étend ensuite aux arsenaux français, faisant craindre le pire aux autorités: Toulon, Bizerte, Lorient, Brest et Cherbourg sont secoués par la contestation. À Toulon, un important mouvement parti du cuirassé Provence réclame la levée des sanctions qui se sont abattues sur les mutins. Les autorités parviennent à contenir le mécontentement en améliorant les conditions matérielles des hommes servant sur les navires ou dans les arsenaux. Même si on s’était engagé à ne pas punir les mutins de la Mer Noire ou à faire preuve de clémence, la justice militaire prononce plusieurs condamnations: une centaine de marins sont dégradés, condamnés en conseil de guerre, dont certains à la peine de mort. Celle-ci est systématiquement commuée en vingt années de prison ou en travaux forcés. Aucun mutin n’est fusillé, et tous sont amnistiés en 1922.</p><p>La crise déclenchée par l’intervention française en Russie du Sud et en Crimée révèle qu’en dépit des tensions et des conflits qui se poursuivent à l’Est, la guerre est bel et bien terminée dans l’esprit des soldats mobilisés sous les drapeaux depuis 1914. Si dans les confins orientaux de l’Europe, la paix semble un horizon lointain pour ne pas dire hors de portée, la poursuite de la guerre pour les puissances comme la France est impossible. La déroute française est principalement due à l’insuffisance des effectifs engagés dans l’opération, mais tout autant à l’état de fatigue et de lassitude extrême dans lequel ces hommes se trouvent.</p><p>De plus, l’opération ne fait pas sens, alors qu’on sait les armistices signés sur tous les fronts. La guerre demeurant un prolongement de la politique par d’autres moyens, cette opération armée sur un sol étranger souffre justement d’emblée d’un manque de légitimité politique. La toile de fond de la seconde vague de mutineries qui touchent les arsenaux français est d’ailleurs constituée par ce climat social extrêmement tendu que doit gérer Clemenceau en 1919. La crise est donc à la fois politique, militaire, mais également géopolitique puisqu’elle pose la question de la place de la France dans le nouvel ordre européen qui se dessine. L’» intervention de Marcel Cachin ne porte d’ailleurs pas que sur l’Ukraine puisqu’il évoque également l’implication de la France en Pologne, en Bohème, dans la Baltique… tant de lieux où Paris cherche à réinventer son rôle.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 544, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1473, 'homepage_order' => (int) 1736, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?', 'title' => 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = 'https://dev.bonpourlatete.com/like/1456' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1456, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Histoire', 'title' => 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine', 'subtitle' => 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<br><p></p><hr><p></p><h4><a href="https://courrierdeuropecentrale.fr/decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine/">Un article original</a> paru dans le <em>Courrier d’Europe centrale</em>, de <strong>Gwendal Piégais</strong>, Doctorant en histoire à l’Université de Bretagne occidentale, spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique.</h4><p></p><hr><p></p><br><p>Le 13 octobre 1918, une forte agitation règne au quartier général du commandant des armées alliées d’Orient, le français Louis Franchet d’Espèrey. Depuis près d’un mois, une offensive d’envergure est lancée contre les armées des Empires centraux dans les Balkans. Le 15 septembre, une coalition regroupant des soldats français de métropole et des colonies, mais aussi des Britanniques, des Serbes, des Grecs et des Italiens brise la ligne ennemie tenue par les Bulgares, rendant possible une percée et une exploitation de plusieurs dizaines puis centaines de kilomètres. L’avancée alliée est si rapide que les états-majors à Paris et Londres ont eux-mêmes du mal à suivre.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928556_ob_deb052_franchetdespereylouis.jpg">Louis Franchet d’Espèrey</h4><p>Mais alors que le général Franchet d’Espèrey vient d’adresser à Paris un plan d’offensive visant à pousser l’avantage encore plus au nord, vers la Bohème et par extension l’Empire allemand, le général Berthelot, ancien chef de la Mission militaire française en Roumanie, arrive à Salonique pour lui remettre personnellement les directives de Georges Clemenceau, président du conseil et ministre de la Guerre. Clemenceau intime à Franchet de refréner sa poussée, de stabiliser une ligne de défense et de réorienter ses efforts au nord-Est, vers la Roumanie et au-delà vers la Russie du Sud, l’actuelle Ukraine. Selon ce plan, les armées alliées d’Orient doivent, dans un premier temps libérer la Serbie, encore occupée par les Empires centraux, prendre le contrôle du territoire bulgare, puis atteindre le Danube pour y constituer un front défensif; à la suite de cela il doit rouvrir les communications avec la Russie par la Mer Noire pour préparer une action commune contre les Bolcheviques.</p><p>Pour Clemenceau, ce qui se joue désormais sur le front d’Orient c’est la possible mise en échec de la révolution russe, à tout le moins sa mise à distance de la Russie du Sud où la France souhaite sécuriser des intérêts économiques et géopolitiques. Paris a grandement investi dans l’économie et les infrastructures de l’Empire russe avant et pendant la Grande Guerre et entend sécuriser ses investissements tout en gagnant une zone d’influence économique (bassin du Don, Crimée, ports de la Mer Noire, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas un cas unique puisque la Grande-Bretagne intervient dès décembre 1917 dans le Caucase, avec la Dunsterforce. La priorité française est donc désormais de soutenir l’armée du général Alexeieff, qui s’oppose aux forces bolcheviques et se trouve en difficulté.</p><p>Mais à l’automne 1918, la situation est déjà plus que confuse dans le sud de la Russie. En effet, en novembre, les Empires centraux s’effondrent dans le sillage de l’armistice de Salonique, obtenu par Franchet d’Espèrey. Sur les anciennes terres impériales d’Autriche-Hongrie, des républiques ukrainiennes fleurissent déjà du Dniestr jusqu’au Don, des Carpates au Donets: une petite république des Lemkos, sise à Florynka, surgit puis est annexée par la Pologne après deux mois d’existence, la République houtsoule est fondée à Yasinia par des Ukrainiens du Royaume de Hongrie, une République populaire d’Ukraine occidentale s’établit à Lviv tandis que la République populaire ukrainienne est dirigée par Petlioura à Kiev dès décembre 1918. À cette mosaïque déjà fortement bigarrée vient s’ajouter un gouvernement bolchevique basé à Kharkov.</p><h4><strong><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928503_cartegwendal021.jpg"></strong>Carte des différentes républiques ukrainiennes qui naissent dans le sillage de la Première Guerre mondiale. © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><p>C’est le sort des armes qui décide bien vite de l’avenir de ces états à l’existence bien souvent éphémère. Plusieurs forces s’affrontent sur ces terres tant convoitées: celles des modestes républiques des anciennes possessions des Habsbourg, Petlioura et son Armée Populaire Ukrainienne tandis que les armées tchécoslovaque, polonaise et roumaine sont à portée de canon, que les troupes de partisans de l’anarchiste Nestor Makhno harcèlent les forces blanches et que deux armées bolcheviques (de Hongrie et de Russie) tentent de faire la jonction. Ainsi, à l’Ouest, l’armée ukrainienne arrête une offensive polonaise. Les forces blanches, appelées Armée des Volontaires, reprennent Novorosiisk, Kouban et Stavropol et marchent sur Kiev. De plus, Petlioura doit affronter Makhno, un seigneur de la guerre communiste, dans la campagne ukrainienne.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928587_odessa1918.jpg">Odessa en 1918 © DR<br></h4><p>C’est dans ce contexte extrêmement confus que la décision d’intervenir en Russie du Sud, plus précisément à Odessa et en Crimée, est prise à Paris. Elle a pour premiers objectifs de restaurer l’ordre, de contrôler le retrait allemand, de renforcer l’armée des Volontaires et de tenter d’unir les forces anti-bolcheviques présentes en Russie du Sud. Il s’agira ensuite de «réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et [d’] en provoquer la chute,» des mots mêmes de Clemenceau. Ces forces anti-bolcheviques, qu’elles soient politiques ou militaires, tiennent une conférence à Iași (ou Yassi, dans la documentation diplomatique française) en Roumanie en décembre 1918, siège des légations alliées depuis la fin 1916.</p><p>Le général Denikine est désigné pour prendre la tête des forces blanches et anti-bolcheviques. Les délégués reprennent espoir en la possibilité d’une restauration de l’État impérial russe et se voient déjà siéger parmi les signataires des traités de paix et du côté des vainqueurs. Mais deux malentendus apparaissent déjà. Tout d’abord, aucun consensus n’est trouvé sur le projet politique que sous-tend une intervention militaire en Russie du Sud, c’est-à-dire sur la forme que l’état russe prendrait après une victoire contre les Bolcheviks. Ensuite, Émile Henno, un diplomate français en mission spéciale en Roumanie, initiateur de la conférence de Iași et un de ses principaux animateurs, agit de sa propre initiative sans rendre de compte à Paris. Son trop grand enthousiasme et son esprit aventurier laissent entendre aux représentants politiques et militaires russes que les alliés, et particulièrement la France, sont prêts à lancer une opération de grande envergure en Russie. Or, on est loin du compte.</p><p>Les forces françaises capables de se projeter en Russie du Sud sont celles de l’armée d’Orient, commandées par Franchet d’Espèrey, à qui Clemenceau confie la mission d’organiser une telle expédition. Les soldats de cette armée sortent d’une campagne longue, de dix-huit à même vingt-quatre mois de combats pour certains. Et les dernières semaines d’avancée – certes victorieuse – ont largement achevé d’épuiser les troupes. De plus, la perspective d’intervenir en Russie ne fait pas sens pour ces soldats qui viennent d’apprendre la signature de l’Armistice et attendent la démobilisation avec impatience. Par ailleurs, des pans entiers de cette armée ont déjà reçu l’ordre de faire route vers le front Ouest, alors que l’Allemagne n’avait pas encore déposé les armes. Ainsi, de novembre 1918 à l’été 1919, ce sont des troupes coloniales qui remplacent peu à peu les soldats métropolitains démobilisés sur des positions que la France ne peut immédiatement dégarnir.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928661_bdic_val_tir_01_0119_r.jpg">Défilé de l’artillerie française, Odessa, décembre 1918. © coll. La Contemporaine.</h4><br><p>Des signaux contradictoires vont venir complexifier cet écheveau de malentendus lorsque le général Berthelot, acceptant avec enthousiasme la tâche de planifier cette expédition, fait savoir aux représentants des Volontaires que douze divisions alliées seraient nécessaires et disponibles pour cette intervention. Grisé par ce qu’il prend pour des promesses de Paris, Denikine prépare un plan d’attaque impliquant dix-huit divisions alliées et russes (!) et envisage la mobilisation possible de 500'000 soldats russes dans la dynamique de cette offensive.</p><p>Les navires français appareillent de Roumanie malgré les mises en garde de Franchet d’Espèrey, qui trouve que cette opération et l’occupation qui en découlerait «en Ukraine et en Russie seraient mal vues et risqueraient d’amener des incidents pénibles» et seraient d’autant plus risquées qu’elles ne mobiliseraient pas suffisamment d’hommes. Malgré ces mises en garde, les forces françaises gagnent les rivages d’Ukraine dès le 17 décembre et le général Berthelot débarque à Odessa avec… 1800 hommes. Un autre convoi se dirige vers Sebastopol mais n’est pas mieux pourvu. L’objectif militaire est d’établir, dans l’arrière-pays d’Odessa, un arc Tiraspol-Nikolaïev-Kherson allant du Dniestr au Dniepr. Dans la mesure où les Allemands et les Autrichiens ont peiné à sécuriser le pays avec toutes leurs forces d’occupations, on voit mal comment le maigre contingent français pourrait y parvenir avec si peu de soldats.</p><p>Lors de leur débarquement, les Français découvrent un port isolé du reste du pays par la neige; ce qui empêche l’établissement de liaisons avec Kiev et les autres villes. Et les surprises sont nombreuses: le port est contrôlé par les volontaires de Denikine, mais la ville abrite également des troupes de Petlioura, 1600 Allemands, une brigade polonaise ainsi que 2000 Russes blancs commandés par le général Grichine-Almazov, proche de Henno. De plus Odessa fait face à des forts afflux de réfugiés: des Roumains ayant quitté Bucarest au début de l’occupation allemande, ainsi que des Russes ayant fui successivement Petrograd, Moscou puis Kiev avant d’atteindre les rivages de la Mer Noire. La population de la ville doit avoisiner les 800’000 personnes, alors qu’elle n’en comptait que 500’000 en 1910.</p><h3>Tensions, revers et évacuations</h3><p>Après avoir pris position à Odessa, Nikolaïev, Kherson et en Crimée, des problèmes surgissent dès les premières semaines d’occupation. Tout d’abord, le général Berthelot est mal vu par les officiers et généraux des Volontaires russes, car, en plus de ne pas débarquer avec les effectifs nécessaires, il a la réputation – non usurpée – d’être proche des Roumains. Les politiciens et militaires russes voient d’un très mauvais œil les projets d’agrandissement de la Roumanie au détriment de l’Empire russe qu’ils rêvent de restaurer. Ensuite, les Volontaires comptent beaucoup sur l’appui politique et diplomatique d’Émile Henno, nommé gérant du vice-consulat de France à Kiev. Mais on finit par se méfier de cet homme qui se présente à tous comme rien de moins que le «consul de France plénipotentiaire et le porte-parole de l’Entente». Les initiatives de cet aventurier diplomate finissent par mettre définitivement les troupes françaises dans l’embarras puisqu’il soutient la nomination du général russe Grichine-Almazov, un ultra-conservateur au poste de gouverneur de la ville. Ce soutien apporté aux éléments réactionnaires et Grands-Russes achève de ruiner les espoirs d’union des forces anti-bolcheviques en Russie du Sud. Henno va même jusqu’à traiter les partisans de Petlioura, tout autant opposés aux bolcheviques que les Volontaires, de «suppôts de l’Allemagne.»</p><p>Du point de vue militaire, les Français sont frappés par la désorganisation des armées blanches dont les officiers semblent plus intéressés par le gouvernement du pays que par sa reconquête. Ces mêmes officiers restent très mal perçus par la population qui voit en eux des réactionnaires incapables de proposer politiquement autre chose qu’un retour au statu quo ante bellum. Les Français finissent par ne plus cacher leur dédain pour cette «parodie d’armée de Condé» (colonel Freydenberg) qui compte, par bataillon, plus d’officiers que de soldats. À titre d’exemple, le port d’Odessa est contrôlé et administré par sept amiraux russes! Mais déjà, les forces d’occupation française sont assimilées par la population aux Blancs ultra-réactionnaires, auxquels même les éléments français les plus conservateurs se montrent hostiles. L’action funeste d’Émile Henno en la matière, sa collusion permanente avec les Volontaires, est déjà jugée très sévèrement en haut lieu et – fait rare – désapprouvée publiquement à la Chambre des députés par Stephen Pichon, le ministre français des Affaires étrangères.</p><p>À tout cela il faut évidemment ajouter que le climat à Odessa se tend à l’extrême: Makhno et Grigorieff, des seigneurs de la guerre locaux, sèment la terreur dans les campagnes environnantes. L’ordre ne règne que par la terreur policière. La spéculation sur les denrées de première nécessité va bon train, encouragée par les équipages de navires civils ravitaillant le port. L’afflux de réfugiés en provenance de Kiev ne se tarit pas et rien ne semble pouvoir refréner l’inflation. Quant aux troupes françaises, elles sont la cible d’une propagande bolchevique amplifiée par l’incompréhension des soldats vis-à-vis d’une opération dont ils ne saisissent pas le sens. Les troupes souhaitent retrouver leurs foyers.Jacques Sadoul, ancien membre de la Mission militaire française en Russie passé au camp de la révolution, qui orchestre cet effort de démoralisation, le sait très bien.</p><p>Les autorités militaires françaises reconnaissent elles-mêmes qu’aucun soldat français ayant survécu à Verdun et à la Marne ne souhaiterait la perde dans les plaines d’Ukraine.</p><p>L’arrivée de nouveaux renforts motivés (des troupes grecques et des bataillons mêlant tchécoslovaques, roumains et polonais) pendant l’hiver n’y fait rien: Berthelot se plaint à Paris qu’on ne passe même pas la barre des 3 000 hommes. Le 2 février, des mutineries éclatent au sein du 58e régiment d’infanterie qui refuse d’attaquer à Tiraspol. Des troubles similaires surviennent à Kherson en mars et permettent une avancée de Grigoriev qui a changé d’allégeance et est passé chez les Bolcheviks. La propagande en provenance de Kiev à destination des troupes françaises s’intensifie et les autorités locales la combattent avec plus ou moins d’efficacité. Ainsi, le 2 mars, la police d’Odessa, aux mains des Blancs, arrête et exécute une militante communiste française, Jeanne Labourbe, auteur du bulletin Le Communiste rédigé en français et distribué en ville.</p><p>Grigoriev, qui renouvelle ses assauts dès mars sur Kherson, rompt les lignes franco-grecques le 7, coupant ainsi la ville de ses communications avec Nikolaïev. Les soldats français sont pris à parti par la population qui fait feu sur l’occupant depuis les toits ou les fenêtres. Des renforts arrivent le 8 mais refusent de se battre. Les Bolcheviques ont alors déjà pris les docks et encerclé les troupes franco-grecques. Il faut l’intervention de la flotte française qui bombarde la ville pour que des soldats grecs puissent débarquer dans le port, libérer les hommes encerclés et aussitôt rembarquer, abandonnant la ville à Grigoriev.</p><p>Le vice-amiral Exelmans et le colonel Lejay, à Nikolaïev, ne prendront pas autant de peine à résister, craignant un soulèvement populaire et une déroute d’une plus grande ampleur: ils négocient directement avec l’ennemi et parviennent à organiser un rembarquement en bon ordre des troupes du 14 au 16 mars. À cette date, les états-majors français n’envisagent pas autre chose que l’évacuation pure et simple de la Russie du Sud, alors que Bela Kun proclame sa République des Conseils en Hongrie, et que l’armée d’Orient doit y porter toutes ses forces. Le 1er avril, le général d’Anselme annonce l’évacuation d’Odessa ordonnée par Franchet d’Espèrey. Pour certains civils réfugiés dans la ville portuaire, c’est la panique: 40 000 habitants s’entassent sur des navires français peinant à évacuer et qui quittent définitivement Odessa le 6 avril.</p><h3>Mutineries et crise politique</h3><p>Mais la révolution rattrape bientôt une intervention française déjà mal en point. C’est dans la marine qu’éclatent les premiers troubles. L’escadre française du vice-amiral Amet intervient en Mer Noire pour protéger l’aile droite des troupes alliées en Ukraine, et couvrir la Crimée et Sébastopol. L’escadre est composée des cuirassés France, Vergniaud, Jean Bart, et Justice. En plus d’un soutien d’artillerie de la mer au littoral, ils maintiennent un blocus sur le sud de la Russie.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928710_bdic_val_tir_01_0164_r.jpg">Le cuirassé Mirabeau vu de l’arrière, Sébastopol. © coll. La Contemporaine.</h4><p>Le 19 avril, des mutineries éclatent sur les navires français à Sébastopol: le drapeau rouge est hissé sur les cuirassés France et Jean Bart puis plus tard sur la Justice; d’autres incidents surviennent sur les Mirabeau, Vergniaud. Aucun acte de sabotage grave n’a cependant lieu. Les marins se révoltent principalement contre leurs conditions matérielles, les corvées, la rareté des permissions: les slogans «A Toulon!» expriment l’irrépressible désir du retour, mais croise également le mot d’ordre «Révolution», signe – comme pour le mécontentement dans l’armée – que la propagande bolchevique s’adosse une nouvelle fois à la précarité des conditions matérielles. La situation est inégalement contrôlée: si le navire amiral de l’escadre, le Jean Bart, est habilement tenu par le capitaine de vaisseau Couëdic, il n’en va pas de même sur le France – navire déjà en sous-effectifs et manquant de cadres en raison des démobilisations – où les mutins ont pris le dessus. À terre on assiste à des fraternisations entre marins français, civils de Sébastopol et bolcheviques. À la suite de manifestations, des officiers sont pris à parti et les soldats grecs ouvrent le feu pour disperser la foule. Russes blancs et soldats français prennent part à la mêlée qui fait un peu plus de cinquante blessés et tués.</p><p>Cette crise est nourrie par la contestation de la politique du gouvernement et de Clemenceau, contestation qui prend place dans la troupe comme en métropole, ce dont les mutins sont au fait. Les deux phénomènes se nourrissent et les soldats et marins français de Russie du Sud trouvent arguments et sens à leur révolte dans les interpellations de Marcel.</p><p>Cachin à la Chambre des députés. Cachin, qui est avec Frossard «l’importateur» du communisme en France et un des artisans de la scission de la SFIO qui donne naissance au parti communiste français quelques années plus tard, s’illustre pendant plusieurs séances en critiquant la politique étrangère du gouvernement. En effet, quelques jours plus tôt, le 24 mars, le parlementaire socialiste s’en prend vertement à Pichon au sujet de l’intervention en Russie du Sud.</p><p>«À l’heure actuelle, le Gouvernement français est en état de guerre contre la révolution russe. Il ne l’a jamais déclarée, il n’a jamais consulté le Parlement, et la nation sur l’état de guerre qu’en fait il a instauré. C’est là un fait grave sur lequel il a d’abord devoir de s’expliquer ici. Nous envoyons des troupes en Russie, nous dressons contre la révolution russe tous les peuples allogènes qui l’entourent. Nous fournissons aux contre-révolutionnaires des troupes, des armes et de l’argent. Nous sommes donc, en vérité, en état de guerre contre le gouvernement de fait de la Russie: mais jamais le gouvernement n’a demandé au Parlement de déclarer la guerre à la révolution russe. (Applaudissements à l’extrême gauche.) C’est là une violation manifeste de notre Constitution. Que peut nous répondre à cette question précise, le Gouvernement?»</p><p>Les soutiens de Cachin enchaînent alors sur de graves accusations: le gouvernement dissimulerait des dépêches et des informations à la Commission des Affaires extérieures de la Chambre. Et Cachin de surenchérir:</p><p>«À l’heure actuelle, cette armée bolchevique, renforcée de l’ensemble de tous les éléments paysans et ouvriers révolutionnaires de Russie, est très forte. Elle comprend plusieurs centaines de mille hommes. Vous pensiez vous appuyer, il y a quelques semaines encore sur certains éléments ukrainiens. Ils se sont effondrés et les troupes bolcheviques ont conquis l’Ukraine entière. Elles sont aujourd’hui sur les bords de la Mer Noire. Elles en seront demain, n’en doutez pas, les occupantes uniques. C’est qu’à l’heure présente l’armée bolchevique est forte moralement de l’idée qu’elle défend son sol contre l’invasion injustifiée dont vous avez été l’essentiel artisan, Monsieur Pichon. Elle est forte matériellement de l’appui de la Russie entière. Vous nous avez dit ici, il y a quelques mois, que votre politique trouvait en Russie des soutiens qui ne pouvaient manquer de la faire triompher à bref délai. J’ai le droit de dire qu’aujourd’hui vous avez réalisé contre vous l’unanimité du peuple russe.»</p><p>Les interpellations fusent et Cachin tente de mettre le gouvernement au pied du mur: «Aidez-vous Denikine, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire. Aidez-vous Koltchak, oui ou non? Si oui, vous aidez une tentative contre-révolutionnaire.» Et bien plus que de souligner le caractère éminemment politique d’une telle intervention, Cachin se scandalise du nouvel effort de guerre dissimulé demandé aux soldats français:</p><p>«On a commencé, dans de nombreux régiments, par offrir à chacun des petits soldats de la liberté une pièce de cent sous pas jour et 10 francs aux sous-officiers, pour aller en Orient; au reste on prenait soin de ne pas leur indiquer le but précis de l’engagement qu’on sollicitait d’eux… Or, malgré l’appât misérable de vos cent sous, malgré l’offre des quelques centaines de francs que vous leur proposiez comme prime, vous n’avez pas trouvé de volontaires. Je le dis ici hautement, c’est l’honneur de ce pays. (Vifs applaudissements à l’extrême gauche et sur quelques bancs à gauche.) Du haut de cette tribune, pour qu’ils l’entendent bien, nous demandons à tous les soldats du France de ne pas s’engager dans l’armée contre-révolutionnaire que veulent recruter M. Pichon et son Gouvernement. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) Mais n’ayant pas trouvé de volontaires, vous allez maintenant recruter de force les petits soldats…» </p><p>L’intervention à l’Est n’est plus une simple question technique ou strictement militaire dont on pourrait tirer quelque avantages économiques. Elle ne peut plus être présentée une simple relève des troupes allemandes sur les marges de l’Est en accord avec les conventions de l’armistice ou relative aux modalités de l’aide à apporter aux Volontaires, mais est avant tout une affaire politique. En substance l’intervention de Cachin, soutenue à l’extrême gauche et approuvée par une partie de la gauche, montre bien l’impossible renouvellement d’un effort guerrier à l’Est.</p><p>Ces échanges houleux qui durent jusqu’au 29 mars, ou tout du moins des morceaux choisis de la harangue de Cachin, transitent par la presse syndicale et d’extrême gauche qui irrigue les rangs de la marine, composés de nombreux éléments ouvriers en contact avec les organisations syndicales et pacifistes de France. La grogne gagne également les navires au large d’Odessa, en dépit de l’ordre d’évacuation, notamment à bord du Waldeck-Rousseau, à la fin avril. Dans le cas de Sébastopol, comme dans celui d’Odessa, les éléments les plus radicaux tentent de persuader la majorité des mutins qu’il faut aller plus loin que demander plus qu’une fin de l’intervention; certains parlent même de livrer des navires aux Bolcheviques. Mais c’est la promesse du retour dans les rades françaises qui l’emporte et ramène le calme. Ainsi dès le 22 avril, les marins reprennent leur poste, les éléments radicaux n’ont plus prise et le 23, le France et le Jean Bart appareillent pour la France. Dans le sillage de ces départs, le 28 et le 29 avril, Sébastopol est évacuée, conformément aux décisions prises avant le déclenchement des mutineries et les Volontaires de Denikine sont laissés à leur sort.</p><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1546928828_cartegwendal04.jpg">Carte des opérations © Conception: Gwendal Piégais et Ludovic Lepeltier-Kutasi – Réalisation: Ludovic Lepeltier-Kutasi</h4><br><p>L’agitation des mutineries d’Odessa et Sébastopol ne reste pas confinée à la Mer Noire. Une seconde série de mutineries éclate à l’été 1919 mais elles touchent cette fois le cuirassé Diderot et le croiseur cuirassé Guichen qui mouillent dans le golf de Patras. Elle s’étend ensuite aux arsenaux français, faisant craindre le pire aux autorités: Toulon, Bizerte, Lorient, Brest et Cherbourg sont secoués par la contestation. À Toulon, un important mouvement parti du cuirassé Provence réclame la levée des sanctions qui se sont abattues sur les mutins. Les autorités parviennent à contenir le mécontentement en améliorant les conditions matérielles des hommes servant sur les navires ou dans les arsenaux. Même si on s’était engagé à ne pas punir les mutins de la Mer Noire ou à faire preuve de clémence, la justice militaire prononce plusieurs condamnations: une centaine de marins sont dégradés, condamnés en conseil de guerre, dont certains à la peine de mort. Celle-ci est systématiquement commuée en vingt années de prison ou en travaux forcés. Aucun mutin n’est fusillé, et tous sont amnistiés en 1922.</p><p>La crise déclenchée par l’intervention française en Russie du Sud et en Crimée révèle qu’en dépit des tensions et des conflits qui se poursuivent à l’Est, la guerre est bel et bien terminée dans l’esprit des soldats mobilisés sous les drapeaux depuis 1914. Si dans les confins orientaux de l’Europe, la paix semble un horizon lointain pour ne pas dire hors de portée, la poursuite de la guerre pour les puissances comme la France est impossible. La déroute française est principalement due à l’insuffisance des effectifs engagés dans l’opération, mais tout autant à l’état de fatigue et de lassitude extrême dans lequel ces hommes se trouvent.</p><p>De plus, l’opération ne fait pas sens, alors qu’on sait les armistices signés sur tous les fronts. La guerre demeurant un prolongement de la politique par d’autres moyens, cette opération armée sur un sol étranger souffre justement d’emblée d’un manque de légitimité politique. La toile de fond de la seconde vague de mutineries qui touchent les arsenaux français est d’ailleurs constituée par ce climat social extrêmement tendu que doit gérer Clemenceau en 1919. La crise est donc à la fois politique, militaire, mais également géopolitique puisqu’elle pose la question de la place de la France dans le nouvel ordre européen qui se dessine. L’» intervention de Marcel Cachin ne porte d’ailleurs pas que sur l’Ukraine puisqu’il évoque également l’implication de la France en Pologne, en Bohème, dans la Baltique… tant de lieux où Paris cherche à réinventer son rôle.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'decembre-1918-une-intervention-francaise-en-ukraine', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 544, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1473, 'homepage_order' => (int) 1736, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical, qui estime non seulement que la description des climats de la Terre peut se résumer à des impressions subjectives, mais qu’en plus ces climats peuvent être soumis à la seule volonté humaine.', 'subtitle_edition' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical.', 'content' => '<p style="text-align: center;">Dr <strong>Eric Verrecchia</strong>, biogéochimiste</p> <hr /> <p>Ce solipsisme contribue à la construction d’une illusion de masse encouragée par la substitution de modèles numériques virtuels à la réalité du monde. Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 37, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. Pour beaucoup, c’est la famine, le mot n’est pas trop fort. Pas pour les privilégiés qui disposent de dollars. L’envoyé spécial du «Figaro» décrit le supermarché qui fait fureur à La Havane: Diplomarket, qui regorge d’aliments et d’articles ménagers.', 'subtitle_edition' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. Pour beaucoup, c’est la famine, le mot n’est pas trop fort. Pas pour les privilégiés qui disposent de dollars. L’envoyé spécial du «Figaro» décrit le supermarché qui fait fureur à La Havane: Diplomarket, qui regorge d’aliments et d’articles ménagers.', 'content' => '<p>Le commerce est d<span>irigé par un Cubano-américain, Frank Cuspinera Medina, dans le cadre d’une société enregistrée en Floride avec des capitaux de diverses sources, espagnoles notamment. Les vastes hangars se trouvent à une dizaine de kilomètres du centre, sans desserte de transports publics. Tous les jours, c’est là un défilé de belles voitures. Pas seulement à plaques diplomatiques. L’île en détresse a ses nouveaux riches. </span></p> <p><span>«La plupart des Cubains seraient capables de faire un infarctus, tant il y a de nourriture et de produits qu’ils n’ont jamais vus de leur vie et qu’ils ne pourront jamais se payer», lâche une pharmacienne venue en side-car avec son mari «pour voir ça». Seuls moyens de paiement, le dollar, l’euro, les cartes Visa et Mastercard dans ces monnaies, non accessibles aux Cubains. Les amateurs de viande veillent à garder le ticket de caisse, car ailleurs il est interdit d’acheter du bœuf hors des restaurants et la police contrôle les voitures. Les caissières sont vêtues de tee-shirts estampillés Saint-Gobain, sans que personne ne sache quel est ici le rôle de cette entreprise. Toutes sont jeunes, blanches, souriantes. «Il n’y a qu’un jeune Noir, sûrement qu’ils s’en servent pour décharger les caisses», raille une cliente mulâtre. </span><span>Le Parti communiste au pouvoir a l’échine souple. Et s’accommode des arrangements les plus douteux.</span></p> <hr /> <h4><a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/diplomarket-ce-supermarche-americain-qui-fait-fureur-a-cuba-20240414" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'cuba-entre-famine-et-abondance', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 23, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4861, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La démocratie, oui… si elle convient', 'subtitle' => 'Le site Infosperber a publié une provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'subtitle_edition' => 'Le site Infosperber a publié provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'content' => '<p style="text-align: justify;"><span>Ces derniers temps, la majorité bourgeoise a pris un cap discutable en matière de politique nationale : de plus en plus souvent, elle plie à sa volonté les plébiscites et les décisions démocratiques qui ne lui conviennent pas - au besoin contre les règles de procédure établies, la Constitution fédérale et la volonté du peuple. Oui à la démocratie - mais seulement au cas par cas ? On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. Bien que plusieurs semaines se soient écoulées entre-temps, les partis bourgeois n'arrivent pas à se résigner à leur défaite, restent en mode combat, se moquent de la décision populaire et la torpillent avec des propositions de financement abracadabrantes. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Cela a culminé récemment avec la NZZ, qui a suggéré avec malice d'introduire une réglementation permettant de renoncer volontairement au supplément de rente. On pourrait considérer cette rhétorique comme une manière de surmonter la douleur des perdants de la votation. Mais ce serait sous-estimer le phénomène. Car le discrédit jeté par la majorité bourgeoise sur les plébiscites indésirables fait désormais partie du système. Elle sert à préparer le terrain pour pouvoir attaquer plus tard les verdicts démocratiques au Parlement, à justifier les manœuvres douteuses du point de vue de la politique nationale ainsi que les atermoiements juridiques nécessaires et à leur donner une apparence de légitimité.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Une évolution inquiétante</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Les six décisions prises récemment par le Conseil des États et le Conseil national illustrent ce que l'on entend par là. Il y a un an, le Parlement bourgeois a permis au Conseil fédéral, dans le cadre d'une procédure sans précédent, de signer le contrat d'achat des avions de combat F-35, alors qu'une initiative populaire était en suspens. Une votation a ainsi été empêchée de facto, un droit populaire a été invalidé et les opposants ont été refroidis.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En 2021, le peuple a approuvé l'initiative sur les soins, contre la volonté des bourgeois. Elle est aujourd'hui encore bloquée. C'est précisément ce que les représentants du PLR avaient menacé de faire en cas de "oui" : repousser la décision du peuple aux calendes grecques. Le secteur des soins y voit à juste titre une violation de la Constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Sous la pression de la majorité bourgeoise, le Conseil fédéral a présenté en janvier un projet visant à annuler les salaires minimaux cantonaux existants. Le Conseil fédéral lui-même a mis en garde contre cette intention et l'a qualifiée d'anticonstitutionnelle, car elle bafoue la souveraineté cantonale et le principe de légalité.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars de cette année, la majorité bourgeoise a fait échouer la mise en œuvre de l'initiative populaire contre la publicité pour le tabac, approuvée en 2022, en voulant imposer des règles spéciales qui étaient en retrait par rapport à l'ancienne loi. Même les médias bourgeois ont parlé d'une violation de la volonté populaire.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars également, les bourgeois ont troué la loi sur les résidences secondaires avec des exceptions si larges que le Conseil fédéral a dû constater que la Constitution était ici violée. La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. Il s'agit de moins en moins de concevoir la démocratie comme un moyen d'établir le bien commun et la justice, mais plutôt de la contourner et de la déformer pour mieux faire valoir des intérêts économiques particuliers.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Ensuite, concernant la radicalisation dans l'éventail politique de droite : elle a rendu les gens vulnérables à une mentalité autoritaire de "maître chez soi". L'importance de valeurs telles que les droits de l'homme et le principe d'égalité ainsi que le respect des principes de la politique d'État s'estompe. Dans ces milieux, la démocratie et la constitution ne sont invoquées que lorsqu'elles servent leur propre idéologie et peuvent être utilisées comme moyen pour atteindre une fin. Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-democratie-oui-si-elle-convient', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 44, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4856, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L'OTAN a 75 ans et des défis devant elle', 'subtitle' => 'Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. La presse européenne évoque les défis qui l’attendent et ses perspectives d’avenir, à l’heure où les cendres de la guerre froide se réchauffent.', 'subtitle_edition' => 'Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. La presse européenne évoque les défis qui l’attendent et ses perspectives d’avenir, à l’heure où les cendres de la guerre froide se réchauffent.', 'content' => '<p>La guerre froide pourrait pourtant changer de casting. Le quotidien allemand <a href="https://www.welt.de/debatte/kommentare/article250858622/75-Jahre-Atlantische-Allianz-Danke-Nato.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Die Welt</em></a> désigne en effet la Chine comme un futur «grand sujet» pour l’OTAN. «Le pays se remilitarise de plus en plus et gagne en assurance», ce qui inquiète l’Ouest. Or Berlin «freine des quatre fers» déplore le quotidien. Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»</p> <p>Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme <a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">le mensuel lituanien </a><em><a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">IQ</a>. </em>Au cœur de la discorde, le droit de veto. Ce dernier a rendu «complètement inefficace» l’ONU, constate <em>IQ</em>, car le risque est constant de s’en servir pour exercer pressions ou intrigues diplomatiques. «Démocratie, droit international et Etat de droit forment le socle de l'alliance la plus puissante au monde. Mais un certain nombre d'Etats oublieux de ces valeurs tentent depuis longtemps de placer leur intérêts mercantilistes au-dessus des décisions cruciales de l’OTAN.»</p> <p>Cela revient à poser une question essentielle, dans toute organisation: qu’est-ce qui lie entre eux les Etats membres? Au-delà de la coopération militaire, ce sont des «valeurs», celles mêmes que les pays occidentaux s’emploient à défendre en ce moment en Ukraine. La députée Renaissance Anne Genetet plaide même pour la création d’un centre de l’OTAN chargé de défendre de concert les valeurs occidentales et la «résilience démocratique». Dans <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-otan-a-75-ans-l-age-de-la-resilience-democratique-994366.html" target="_blank" rel="noopener">les colonnes de <em>La Tribune</em></a>, l’élue souligne que l’organisation «doit plus que jamais être notre bouclier face aux ennemis de la liberté».</p> <p>Un avenir mitigé donc, porté par de beaux discours et une volonté de cohésion, entaché par des divergences internes, car tous les Etats membres ne voient pas toujours leurs intérêts converger. De manière plus pragmatique, le quotidien croate <em>Večernji list</em> remet l’église au centre du village: comment faire face à l’avenir lorsque manque la ressource principale, les soldats? </p> <p>Le nombre de militaires actifs dans les différentes armées des pays membres est en effet en recul, jusqu’à atteindre un seuil inquiétant. Les solutions habituelles sont évoquées: augmenter les rémunérations, encourager les femmes à s’engager, améliorer les conditions de vie des soldats en proposant un meilleur équilibre entre l’armée et la vie de famille... et enfin, rétablir le service militaire obligatoire. On n’a rien sans rien. </p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'l-otan-a-75-ans-et-des-defis-devant-elle', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 38, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 5068, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'BDIC_VAL_TIR_01_0177_R.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 255617, 'md5' => '08c5e81bf14b9d4925c0ee953ee84a3f', 'width' => (int) 2242, 'height' => (int) 1660, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Au début du 20e siècle, le gouvernement français nourrit le projet d'intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire.', 'author' => '', 'copyright' => '© DR', 'path' => '1546929672_bdic_val_tir_01_0177_r.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 1439, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Les imprécisions (pour ne pas parler de contre-vérités) sur le personnage de Makhno (https://fr.wikipedia.org/wiki/Nestor_Makhno) permettent malheureusement de se poser des questions sur le sérieux du travail de l'auteur. Dommage.', 'post_id' => (int) 1456, 'user_id' => (int) 4576, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Bon pour la tête' $description = 'Alors que la France et ses alliés percent les lignes ennemies sur le Front d’Orient et acculent peu à peu l’Empire allemand à l’armistice, le gouvernement français nourrit le projet d’intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire. Quelles raisons poussent le gouvernement français à intervenir en Ukraine, alors appelée la Russie du Sud et quelles furent les causes et les conséquences de cet échec?' $title = 'Décembre 1918, une intervention française en Ukraine' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 396, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'début de siècle', 'slug' => 'debut-de-siecle', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Truc 09.01.2019 | 07h57
«Les imprécisions (pour ne pas parler de contre-vérités) sur le personnage de Makhno (https://fr.wikipedia.org/wiki/Nestor_Makhno) permettent malheureusement de se poser des questions sur le sérieux du travail de l'auteur. Dommage.»