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A y regarder de près, ces grands mots sont hors de propos. L’accord stipule expressément que sera appliqué le principe adopté cette année par l’UE du salaire égal entre travailleurs détachés et résidents. Quelques modalités techniques font encore grincer. Le délai d’annonce qui passe de huit à quatre jours et l’exigence d’une caution préalable réservée aux entreprises qui ont fraudé. Qui peut croire qu’il y a là de quoi faire capoter un accord aussi large?
Les syndicalistes suisses, au lieu de s’allier avec leurs collègues européens, restent enfermés dans leur méfiance. Pourtant les choses bougent. <br></p><p>Personne n’a mentionné que la protection face aux abus vient d’être renforcée pour les camionneurs. Les chauffeurs étrangers qui font du cabotage devront être payés au tarif local. Et en prime, pour leur repos, les patrons devront leur payer l’hôtel plutôt que de les laisser dans leurs camions sur les aires d’autoroute comme c’est ce le cas aujourd’hui. En Suisse aussi. <br></p><p>La crainte des salariés suisses est bien réelle. La concurrence d’une main-d’œuvre étrangère souple, souvent bien formée, a de quoi faire peur même si l’égalité des salaires est assurée. Les tribuns syndicaux feraient mieux d’expliquer que cette liberté de circulation de la main-d’œuvre a été un puissant levier de la croissance économique cette dernière décennie. Elle est aussi indispensable dans des secteurs où le gens du coin ne se bousculent pas: les hôpitaux, les EMS, l’agriculture et même le bâtiment où, sans les Portugais notamment, la machine ne tournerait pas rond.Ou alors, dire clairement que l’on fait le pari de la rupture. <br></p><p>Un commentateur de la <em>Wochenzeitung</em> démolit l’accord, convient que son abandon pourrait amener quelques mesures désagréables de nos partenaires mais il conclut: après tout, serait-ce si grave? Cette histoire de reconnaissance de la bourse suisse, personne n’y comprend rien. Le décrochage des programmes de recherche? Bof, les grosses têtes s’en sortiront toujours. Le renoncement à un accord sur l’électricité? On en importe à tour de bras mais qui croit que nous n’arriverons plus à nous chauffer? Les vieux accords sur l’accès aux marchés ne seront plus mis à jour? Allez, nous sommes tellement performants qu’aucun pays ne renoncera à nos produits. <br></p><p>Il y a des pirouettes pour déjouer tous les obstacles en vue. Mais ces échappatoires font-elles une politique? Dessinent-elles un avenir?
Le Conseil fédéral fait preuve d’une lâcheté inouïe en se taisant. Pour que le peuple puisse débattre d’un projet, un gouvernement digne de ce nom dit situer les enjeux, parler clair, proposer une voie. Ensuite, on peut dire oui ou non en connaissance de cause. Mais enfoncer les citoyens dans le marais, c’est aller au pire. L’incertitude est un poison pour l’économie. <br></p><p>En réalité, cela nous a été dit sur tous les tons, le temps du bilatéralisme bricolé de cas en cas est révolu. Le seul moyen de continuer à «en être sans en être» serait de dire oui à cet accord de 32 pages, négocié en plus de cinq ans. Ou alors de demander l’adhésion à l’Espace économique européen qui survit avec l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein, un cadre cependant moins nuancé que le texte aujourd’hui en discussion. <br></p><p>Ces deux issues sont pratiquement condamnées. Les partis gouvernementaux ont tout fait, tout dit, ces dernières années pour poser l’Union européenne en ennemie. Alors même que nous sommes imbriqués avec elle économiquement, humainement, historiquement. Dès lors, il faudra aller au bout de l’impasse. Et faire enfin un choix clair entre l’isolement progressif ou… l’adhésion. Ce scénario tabou ressurgira tôt ou tard. Car cet ensemble d’Etats qui nous entoure, s’il est appelé à se réformer à maints égards, n’est pas près de se défaire contrairement à ce que répètent ses détracteurs systématiques. On le voit aujourd’hui avec leur fermeté face à la Grande-Bretagne que le Brexit plonge en plein désarroi. Même les gouvernements nationalistes les plus échauffés, en Italie ou en Hongrie par exemple, n’envisagent pas de quitter le bateau. Ils savent pourquoi. L’embarcation tient mieux la mer dans la tempête mondiale que des petits pays isolés. Telle la Suisse qui avance à l’aveugle dans son destin.


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Les syndicalistes suisses, au lieu de s’allier avec leurs collègues européens, restent enfermés dans leur méfiance. Pourtant les choses bougent. <br></p><p>Personne n’a mentionné que la protection face aux abus vient d’être renforcée pour les camionneurs. Les chauffeurs étrangers qui font du cabotage devront être payés au tarif local. Et en prime, pour leur repos, les patrons devront leur payer l’hôtel plutôt que de les laisser dans leurs camions sur les aires d’autoroute comme c’est ce le cas aujourd’hui. En Suisse aussi. <br></p><p>La crainte des salariés suisses est bien réelle. La concurrence d’une main-d’œuvre étrangère souple, souvent bien formée, a de quoi faire peur même si l’égalité des salaires est assurée. Les tribuns syndicaux feraient mieux d’expliquer que cette liberté de circulation de la main-d’œuvre a été un puissant levier de la croissance économique cette dernière décennie. Elle est aussi indispensable dans des secteurs où le gens du coin ne se bousculent pas: les hôpitaux, les EMS, l’agriculture et même le bâtiment où, sans les Portugais notamment, la machine ne tournerait pas rond.Ou alors, dire clairement que l’on fait le pari de la rupture. <br></p><p>Un commentateur de la <em>Wochenzeitung</em> démolit l’accord, convient que son abandon pourrait amener quelques mesures désagréables de nos partenaires mais il conclut: après tout, serait-ce si grave? Cette histoire de reconnaissance de la bourse suisse, personne n’y comprend rien. Le décrochage des programmes de recherche? Bof, les grosses têtes s’en sortiront toujours. Le renoncement à un accord sur l’électricité? On en importe à tour de bras mais qui croit que nous n’arriverons plus à nous chauffer? Les vieux accords sur l’accès aux marchés ne seront plus mis à jour? Allez, nous sommes tellement performants qu’aucun pays ne renoncera à nos produits. <br></p><p>Il y a des pirouettes pour déjouer tous les obstacles en vue. Mais ces échappatoires font-elles une politique? Dessinent-elles un avenir?
Le Conseil fédéral fait preuve d’une lâcheté inouïe en se taisant. Pour que le peuple puisse débattre d’un projet, un gouvernement digne de ce nom dit situer les enjeux, parler clair, proposer une voie. Ensuite, on peut dire oui ou non en connaissance de cause. Mais enfoncer les citoyens dans le marais, c’est aller au pire. L’incertitude est un poison pour l’économie. <br></p><p>En réalité, cela nous a été dit sur tous les tons, le temps du bilatéralisme bricolé de cas en cas est révolu. Le seul moyen de continuer à «en être sans en être» serait de dire oui à cet accord de 32 pages, négocié en plus de cinq ans. Ou alors de demander l’adhésion à l’Espace économique européen qui survit avec l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein, un cadre cependant moins nuancé que le texte aujourd’hui en discussion. <br></p><p>Ces deux issues sont pratiquement condamnées. Les partis gouvernementaux ont tout fait, tout dit, ces dernières années pour poser l’Union européenne en ennemie. Alors même que nous sommes imbriqués avec elle économiquement, humainement, historiquement. Dès lors, il faudra aller au bout de l’impasse. Et faire enfin un choix clair entre l’isolement progressif ou… l’adhésion. Ce scénario tabou ressurgira tôt ou tard. Car cet ensemble d’Etats qui nous entoure, s’il est appelé à se réformer à maints égards, n’est pas près de se défaire contrairement à ce que répètent ses détracteurs systématiques. On le voit aujourd’hui avec leur fermeté face à la Grande-Bretagne que le Brexit plonge en plein désarroi. Même les gouvernements nationalistes les plus échauffés, en Italie ou en Hongrie par exemple, n’envisagent pas de quitter le bateau. Ils savent pourquoi. L’embarcation tient mieux la mer dans la tempête mondiale que des petits pays isolés. Telle la Suisse qui avance à l’aveugle dans son destin.


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		'content' => '<p>Voil&agrave; ce que pense Elon Musk du FA-35.&nbsp;</p>
<p>- Il qualifie les F-35 de &laquo;co&ucirc;teux&raquo; et d'&laquo;inefficaces&raquo;.</p>
<p>- Il consid&egrave;re le F-35 comme le &laquo;pire rapport qualit&eacute;-prix militaire de l'histoire&raquo;.</p>
<p>- Selon lui, le design du F-35 &eacute;tait &laquo;vou&eacute; &agrave; l'&eacute;chec d&egrave;s le d&eacute;part&raquo; car il devait r&eacute;pondre &agrave; trop d'exigences diff&eacute;rentes, le rendant &laquo;complexe, bon &agrave; tout mais ma&icirc;tre en rien&raquo;.</p>
<p>- Il d&eacute;clare que les avions de chasse pilot&eacute;s sont obsol&egrave;tes &agrave; l'&egrave;re des drones.</p>
<p>- Il affirme que les chasseurs pilot&eacute;s comme le F-35 ne feront que &laquo;tuer leurs pilotes&raquo;.</p>
<p>- Il pr&ocirc;ne l'utilisation de drones arm&eacute;s comme alternative plus &eacute;conomique et efficace aux avions de combat pilot&eacute;s.</p>
<p>L&rsquo;homme le plus riche du monde (328 milliards) n&rsquo;est pas un rigolo. Il jongle avec les m&eacute;ga-entreprises digitales. Il a lanc&eacute; son propre programme spatial, avec succ&egrave;s et insucc&egrave;s, avec l&rsquo;ambition d&rsquo;aller sur Mars. Sa Tesla marque l&rsquo;histoire automobile. Qu&rsquo;on l&rsquo;appr&eacute;cie ou pas, ce n&rsquo;est pas trop dire qu&rsquo;il est un g&eacute;nie de la finance et de la technologie. A 53 ans.&nbsp;</p>
<p>Ignorer les critiques qu&rsquo;il porte &agrave; l&rsquo;avion que la Suisse a achet&eacute; &ndash; mais qu&rsquo;elle est encore loin de recevoir &ndash; pour six milliards de francs, somme promise &agrave; grimper en raison d&rsquo;ajustements incessants, c&rsquo;est fermer volontairement les yeux sur la r&eacute;alit&eacute;. Notre arm&eacute;e s&rsquo;en moque. Pour une raison simple: elle est enferm&eacute;e dans les sch&eacute;mas que les lobbies am&eacute;ricains lui ont dict&eacute;s. Dans la bulle mentale du pass&eacute; o&ugrave; seuls comptent les moyens traditionnels, avions, blind&eacute;s, canons, fusils d&rsquo;infanterie. Au chapitre actuel et br&ucirc;lant des drones, des missiles et dispositifs antimissiles, c&rsquo;est quasiment le n&eacute;ant. Quelques balbutiements &agrave; peine.&nbsp;</p>
<p>Tous les th&eacute;oriciens de la guerre insistent sur la n&eacute;cessit&eacute; de la mobilit&eacute;. Nos g&eacute;n&eacute;raux, eux, misent sur l&rsquo;inertie mentale. Cela en serait dr&ocirc;le si ce n&rsquo;&eacute;tait si co&ucirc;teux.&nbsp;</p>',
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		'content' => '<p>Surprise de voir les Occidentaux indiff&eacute;rents, sinon approbateurs, devant l&rsquo;avanc&eacute;e isra&eacute;lienne sur le territoire syrien, devant les bombardements massifs &ndash; plus de 300 en trois jours &ndash; qui ont d&eacute;truit toute la structure militaire du pays ainsi que le port de Lattaqui&eacute;, porte vitale du commerce.&nbsp;</p>
<p>Surprise aussi de voir ces m&ecirc;mes Occidentaux applaudir soudain un gouvernement en formation dirig&eacute; par un islamiste patent&eacute;, issu de Al-Qa&iuml;da, Al-Nosra, Isis et maintenant &agrave; la t&ecirc;te de Hayat Tahrir al-Cham (HTS). Un homme dont la t&ecirc;te est mise &agrave; prix aux USA. Abou Mohammed al-Joulani est fort intelligent, habile, calculateur et donne de lui aujourd&rsquo;hui l&rsquo;image la plus rassurante possible. Un fou d&rsquo;Allah soudain touch&eacute; par la gr&acirc;ce de la raison occidentale, par la soudaine illumination des droits de l&rsquo;homme. Il va jusqu&rsquo;&agrave; promettre une ambassade &agrave; J&eacute;rusalem&hellip; o&ugrave; l&rsquo;on n&rsquo;est gu&egrave;re convaincu par ce nouvel alli&eacute; proclam&eacute;. Ses seuls ennemis, dit-il, ce sont l&rsquo;Iran et le Hezbollah. Et n&rsquo;a pas un mot quant aux bombes isra&eacute;liennes qui pleuvent sur son territoire ni sur la pr&eacute;sence de Tsahal aux portes de Damas. Silence aussi devant les exactions et les assassinats commis par ses partisans, rapport&eacute;s sur le net, image &agrave; l&rsquo;appui. En outre, il est pr&eacute;vu de mijoter une nouvelle constitution. La &laquo;R&eacute;publique arabe&nbsp;syrienne&raquo; devrait s&rsquo;appeler &laquo;Etat islamique de Syrie&raquo;.</p>
<p>On peut comprendre la satisfaction des Am&eacute;ricains et des Europ&eacute;ens voyant que la Russie et l&rsquo;Iran sont bannis des lieux. Mais comment peuvent-ils peindre ainsi en rose la nouvelle situation? Sans penser aux d&eacute;sastreux pr&eacute;c&eacute;dents de l&rsquo;Irak, de la Libye?</p>
<p>En fait, ce n&rsquo;est pas totalement surprenant. Lorsque la guerre civile fut d&eacute;clench&eacute;e en 2011, ce sont les m&ecirc;mes forces islamistes qui prirent tr&egrave;s t&ocirc;t le relais des manifestants qui r&eacute;clamaient la d&eacute;mocratie, brutalis&eacute;s par la police d&rsquo;Assad. Elles furent soutenues aveugl&eacute;ment, des ann&eacute;es durant, par plusieurs pays arabes et europ&eacute;ens. Ce fut atroce. Un demi-million de morts, dit-on. Sous le double feu du dictateur criminel, certes, et celui des insurg&eacute;s barbus. Des dizaines de millions d&rsquo;exil&eacute;s fuyant la fureur des uns et des autres.</p>
<p>N&rsquo;entrons pas ici dans les sp&eacute;culations sur l&rsquo;avenir, sur les desseins des puissances qui, de fait, s&rsquo;emparent du pays, qui s&rsquo;agitent au fil de leurs ambitions g&eacute;opolitiques et &eacute;conomiques. Sans parler du p&eacute;trole, exploit&eacute; par les Am&eacute;ricains sur la partie kurde&hellip; Qu&rsquo;il nous soit permis d&rsquo;&eacute;voquer plut&ocirc;t un souvenir. Cinq ans avant la guerre, un voyage inoubliable en Syrie. Un pr&ecirc;tre nous faisait visiter Alep, tous les quartiers, anim&eacute;s et relativement prosp&egrave;res. Nous parlions avec tous. Conscients d&rsquo;&ecirc;tre dans une dictature, nous constations que chacun exprimait sans peur sa foi, son appartenance. Nous avions visit&eacute; l&rsquo;admirable mosqu&eacute;e des Omeyyades &agrave; Damas. Nous nous sommes &eacute;tonn&eacute;s aupr&egrave;s de deux jeunes filles de voir tant de monde, des familles en sortie, un dimanche et non un vendredi. Elles &eacute;clat&egrave;rent de rire: &laquo;Mais c&rsquo;est le jour de P&acirc;ques!&raquo;. Comme No&euml;l, les jours de f&ecirc;tes chr&eacute;tiennes sont officiellement f&eacute;ri&eacute;s en Syrie. Jusqu&rsquo;&agrave; quand?</p>
<p>Le pr&ecirc;tre d&rsquo;Alep, devenu un ami, qui vit aujourd&rsquo;hui en France, n&rsquo;a pas le c&oelig;ur &agrave; applaudir le tournant actuel. Il s&rsquo;est exil&eacute; avec les siens apr&egrave;s que sa fille de dix-huit ans ait &eacute;t&eacute; d&eacute;barqu&eacute;e d&rsquo;un bus, viol&eacute;e et assassin&eacute;e parce qu&rsquo;elle portait une croix autour du cou. Par des &laquo;rebelles mod&eacute;r&eacute;s&raquo; comme on disait &agrave; l&rsquo;&eacute;poque. Par les islamistes aujourd&rsquo;hui au pouvoir.</p>',
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<p>Or la Commission europ&eacute;enne ne bronche pas. Elle a su tancer, &agrave; raison, les pressions du gouvernement sur la justice en Pologne et en Hongrie. Mais l&agrave;, l&rsquo;annulation d&rsquo;une &eacute;lection incontest&eacute;e &ndash; les bulletins ont &eacute;t&eacute; recompt&eacute;s &ndash; n&rsquo;appelle aucune critique. Donald Trump a d&rsquo;ailleurs condamn&eacute; cette d&eacute;cision anti-d&eacute;mocratique. Tout comme la rivale du vainqueur, arriv&eacute;e en deuxi&egrave;me position, Elena Lasconi, qui voit l&agrave; &laquo;un retour des jours sombres du communisme&raquo;. Mme von der Leyen croit bon au contraire d&rsquo;appuyer le pr&eacute;sident roumain sortant qui r&eacute;clame une enqu&ecirc;te sur les ing&eacute;rences hypoth&eacute;tiques de la Russie lors de la campagne, largement men&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux.</p>
<h3><strong>Qui veut la peau de Călin Georgescu ?</strong></h3>
<p>C&rsquo;est piquant si l&rsquo;on songe que sur l&rsquo;autre bord, l&rsquo;influence am&eacute;ricaine p&egrave;se lourd sur ce pays. Son commandant en chef, le g&eacute;n&eacute;ral Vlad, a &eacute;t&eacute; form&eacute; dans la plus haute &eacute;cole militaire aux USA et a m&ecirc;me particip&eacute; &agrave; l&rsquo;op&eacute;ration men&eacute;e contre l&rsquo;Irak en 2003. Depuis la guerre en Ukraine, la pression de l&rsquo;OTAN et des lobbies de l&rsquo;armement est &eacute;norme. Le budget de la d&eacute;fense roumaine a augment&eacute; de 53 %, il repr&eacute;sente 3 % du PIB. Une grande base est en construction &agrave; la fronti&egrave;re avec la Russie. Des contingents &eacute;trangers sont sur place, notamment avec environ 1000 soldats fran&ccedil;ais.&nbsp;</p>
<p>Alors &eacute;videmment Georgescu est un g&ecirc;neur. Il ne veut pas quitter l&rsquo;OTAN, mais consid&egrave;re que l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la Roumanie, c&rsquo;est l&rsquo;arr&ecirc;t au plus vite de la guerre. Ce qui lui vaut aussit&ocirc;t chez nous l&rsquo;&eacute;tiquette de pro-russe. Il s&rsquo;oppose aussi &agrave; une d&eacute;pense pr&eacute;vue de 6,5 milliards de dollars pour l&rsquo;achat d&rsquo;une flotte de FA-35 dans un pays o&ugrave; le quart de la population vit en dessous du seuil de pauvret&eacute;. On voit d&egrave;s lors qui veut sa peau, au-del&agrave; des appareils politiques locaux accroch&eacute;s &agrave; leurs pouvoirs et leurs privil&egrave;ges.&nbsp;</p>
<p>L&rsquo;impertinent aggrave encore son cas avec sa revendication d&rsquo;un meilleur contr&ocirc;le et d&rsquo;une plus forte imposition des soci&eacute;t&eacute;s internationales (notamment am&eacute;ricaines, fran&ccedil;aises, autrichiennes, kazakhs, &eacute;miratis... et russes) qui exploitent les consid&eacute;rables ressources mini&egrave;res de la Roumanie, p&eacute;trole et gaz en t&ecirc;te. Le discours nationaliste passe bien ailleurs et fort mal l&agrave;&hellip; A noter qu&rsquo;il ne souhaite nullement la sortie de l&rsquo;UE mais souhaite y d&eacute;fendre mieux les int&eacute;r&ecirc;ts de son pays. Comme &agrave; peu pr&egrave;s tous.&nbsp;</p>
<h3><strong>Portrait d&rsquo;un personnage peu banal</strong></h3>
<p>L&rsquo;image caricaturale qui nous est propos&eacute;e de ce personnage peu banal est &agrave; c&ocirc;t&eacute; de la plaque. Cet ing&eacute;nieur agronome &eacute;cologiste a fait carri&egrave;re dans les institutions de son pays et aux Nations Unies (avec un passage &agrave; Gen&egrave;ve). Il ma&icirc;trise son propos, plut&ocirc;t mesur&eacute;. Mais avec le sens de la formule. Par exemple, &agrave; propos des partis traditionnels qui ont connu bien des cas de magouilles et de corruptions: &laquo;ils essuient leurs bottes sales sur le visage de la d&eacute;mocratie!&raquo;</p>
<p>C&rsquo;est un conservateur comme on en trouve en France, en Allemagne. Avec en plus des pr&eacute;occupations sociales, en particulier dans les domaines de la sant&eacute;, de l&rsquo;&eacute;ducation, de la condition paysanne. Et aussi des manies, il est vrai, une fixation sur l&rsquo;affreux Davos, le redoutable Soros. Un penchant religieux aussi et m&ecirc;me mystique. Grand d&eacute;fenseur de la famille traditionnelle, mais pas oppos&eacute; &agrave; l&rsquo;avortement et aux couples homosexuels. Attentif, et c&rsquo;est rare, aux minorit&eacute;s, tels les Hongrois sur sol roumain ou les Roms. Ses refrains pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s tournent autour de la d&eacute;fense du peuple roumain, du rassemblement de tous, du redressement d&rsquo;un pays rest&eacute; pauvre malgr&eacute; de r&eacute;els progr&egrave;s &eacute;conomiques aux b&eacute;n&eacute;fices trop in&eacute;galement r&eacute;partis. On appr&eacute;cie ou pas le bonhomme, mais pas de quoi le maudire&hellip; ou l&rsquo;enfermer, ou l&rsquo;exiler comme en r&ecirc;vent les plus exalt&eacute;s de ses adversaires. Certains sont all&eacute;s jusqu&rsquo;&agrave; couper l&rsquo;eau et l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute; de son domicile. A quoi Georgescu r&eacute;agit avec le sourire et rassure, il restera sur internet et le d&eacute;bat, le combat continueront. Plus inqui&eacute;tant pour lui: divers services s&rsquo;activent pour trouver quelques charges &agrave; son encontre qui permettraient d&rsquo;&eacute;carter une nouvelle candidature. &laquo;Comme il n&rsquo;y a rien &agrave; me reprocher, il leur faut du temps pour fabriquer des preuves&hellip;&raquo;, commente l&rsquo;int&eacute;ress&eacute;. Il appelle de ses v&oelig;ux des enqu&ecirc;teurs internationaux, europ&eacute;ens, am&eacute;ricains. Ajoutant: &laquo;Nous respectons nos partenaires d&eacute;mocratiques, mais j&rsquo;ai le sentiment qu&rsquo;ils nous l&acirc;chent, j&rsquo;esp&egrave;re me tromper.&raquo;</p>
<h3><strong>L&rsquo;Union europ&eacute;enne discr&eacute;dit&eacute;e </strong></h3>
<p>Il y a bien l&acirc;chage du c&ocirc;t&eacute; de Mme von der Leyen et ses gens. Soucieux d&rsquo;abord de s&rsquo;aligner sur la ligne de l&rsquo;OTAN et de l&rsquo;administration Biden, entra&icirc;nant tant de m&eacute;dias dans ce sillage. Il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;une d&eacute;rive de l&rsquo;UE et de ses principes. Une fois de plus, la tactique du &laquo;deux poids deux mesures&raquo;. On tance un Erdogan, un Fico (le pr&eacute;sident slovaque), mais pas un mot sur le pr&eacute;sident roumain Iohannis qui prolonge son mandat en cassant une &eacute;lection. Bien s&ucirc;r pas un froncement de sourcils non plus lorsqu&rsquo;en France le gouvernement tente d&rsquo;imposer sa volont&eacute; &agrave; coups de &laquo;49.3&raquo; contre la majorit&eacute; du parlement.&nbsp;</p>
<p>La &laquo;maison commune&raquo; se remettra-t-elle du discr&eacute;dit ainsi d&eacute;montr&eacute; &agrave; la face du monde? Pas de si t&ocirc;t, c&rsquo;est &agrave; craindre.&nbsp;</p>',
		'content_edition' => 'Le bouleversement en Syrie détourne les regards. Il vient pourtant de se produire un évènement majeur près de nous, dans un pays membre de l’UE, la Roumanie. Les élections présidentielles y ont été annulées. Car le vainqueur de premier tour, Călin Georgescu, candidat indépendant, est vivement attaqué par les deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis des décennies. L’affrontement ne cesse de s’échauffer entre ses partisans et ses adversaires, dans les médias, sur internet et parfois dans la rue. Aucune nouvelle date n’a encore été fixée pour de nouvelles élections.
Or la Commission européenne ne bronche pas. Elle a su tancer, à raison, les pressions du gouvernement sur la justice en Pologne et en Hongrie. Mais là, l’annulation d’une élection incontestée – les bulletins ont été recomptés – n’appelle aucune critique. Donald Trump a d’ailleurs condamné cette décision anti-démocratique. Tout comme la rivale du vainqueur, arrivée en deuxième position, Elena Lasconi, qui voit là «un retour des jours sombres du communisme». Mme von der Leyen croit bon au contraire d’appuyer le président roumain sortant qui réclame une enquête sur les ingérences hypothétiques de la Russie lors de la campagne, largement menée sur les réseaux sociaux.',
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		'content' => '<p><strong>En France</strong>, les affrontements entre factions &ndash; et au sein de chacune &ndash; tournent au d&eacute;sastre. Aucune issue en vue ne donne de vraies raisons d&rsquo;esp&eacute;rer une am&eacute;lioration dans ce pays endett&eacute; au point de payer plus d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts que le budget de l&rsquo;arm&eacute;e ou celui de l&rsquo;&eacute;ducation sup&eacute;rieure. Un pays livr&eacute; &agrave; une gigantesque machine bureaucratique d&rsquo;Etat. Un pays d&eacute;prim&eacute;. Avec un pr&eacute;sident hors du r&eacute;el, obs&eacute;d&eacute; par son ego. Et une assembl&eacute;e de tribuns ivres de leur rh&eacute;torique, incapables de s&rsquo;entendre et de remettre les pieds sur terre.</p>
<p>Moins grave: <strong>le pr&eacute;sident de la Cor&eacute;e du Sud</strong>, renouant avec les vieux d&eacute;mons de ce pays, tente d&rsquo;en faire une dictature manu militari. Il &eacute;choue&hellip; mais ne se fait pas arr&ecirc;ter pour autant.</p>
<p><strong>En G&eacute;orgie</strong>, c&rsquo;est la castagne entre pro-Europ&eacute;ens et pro-Russes &agrave; coups de poings et de slogans simplistes, enflamm&eacute;s, l&agrave; aussi hors de toute raison. Les deux camps livr&eacute;s aux jeux des influences ext&eacute;rieures. A la mal&eacute;diction des pays charni&egrave;res en temps de guerre froide&hellip; devenant de plus en plus chaude.</p>
<p><strong>Au Moyen-Orient</strong>, le premier ministre isra&eacute;lien et ses soutiens messianiques ne cessent d&rsquo;&eacute;largir la guerre au-del&agrave; de leur pays. Aucun cessez-le-feu &agrave; Gaza o&ugrave; la trag&eacute;die n&rsquo;en finit pas, celui du Liban aussit&ocirc;t viol&eacute;, aucune accalmie en Cisjordanie. Et maintenant la Syrie, quitte &agrave; soutenir des guerriers islamistes. Bient&ocirc;t l&rsquo;Iran dans le collimateur sans doute, avec un Trump plus va-t-en-guerre qu&rsquo;il n&rsquo;y para&icirc;t sur ce terrain. L&rsquo;allergie au simple mot paix balaie toute r&eacute;flexion raisonnable sur l&rsquo;avenir. Comment peut-on croire que l&rsquo;expulsion des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, ouvertement souhait&eacute;e, vers la Jordanie ou l&rsquo;Egypte ne conduirait pas &agrave; de nouveaux conflits? M&ecirc;me si un r&eacute;pit se dessine, sous la forme d&rsquo;un &laquo;pax americana&raquo; dans la r&eacute;gion, &agrave; terme, la guerre repartira dans quelque nouvelle configuration, peut-&ecirc;tre pire encore qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui.&nbsp;</p>
<p><strong>Le Turc Erdogan</strong>, lui, se veut le plus malin des somnambules. Malgr&eacute; ses d&eacute;n&eacute;gations, il a manifestement pouss&eacute; &agrave; l&rsquo;attaque des mouvements islamistes contre l&rsquo;Etat syrien. Esp&eacute;rant ainsi tirer les ficelles dans son voisinage et surtout affaiblir ses ennemis kurdes. Avec l&rsquo;appui discret des Isra&eacute;liens et des Am&eacute;ricains qui, eux, veulent en finir avec un r&eacute;gime appuy&eacute; par la Russie et l&rsquo;Iran. L&agrave;, on retrouve la courte vue des somnambules. Quels lendemains si les fous d&rsquo;Allah renversent Assad? Un nouvel Afghanistan? Ne tire-t-on jamais les le&ccedil;ons de l&rsquo;histoire? Certes, Biden n&rsquo;est plus en &eacute;tat de lire le livre de Christopher Clark, mais il est douteux que Trump connaisse toutes les dimensions du mot somnambule.</p>
<p><strong>En Ukraine</strong>, le pr&eacute;sident Zelensky, si porteur d&rsquo;espoir &agrave; son &eacute;lection, devenu un h&eacute;ros &agrave; la suite de l&rsquo;agression russe, titube aujourd&rsquo;hui. Enferm&eacute; dans son discours, il ne sait comment r&eacute;pondre au d&eacute;sir de paix, au ras-le-bol de son peuple devant les souffrances endur&eacute;es, sous un r&eacute;gime de surcro&icirc;t corrompu et autoritaire. Aucune guerre ne peut se prolonger lorsque des policiers doivent pourchasser dans les rues les hommes qui se cachent pour ne pas prendre les armes. Certes, Zelensky vient de faire un pas vers l&rsquo;id&eacute;e de n&eacute;gociation, mais son obsession du rattachement &agrave; l&rsquo;OTAN la condamne d&rsquo;avance.&nbsp;</p>
<p><strong>M&ecirc;me en Pologne</strong>, le gouvernement de centre-droit de Donald Tusk fait sa petite crise de somnambulisme. Il construit un mur sur plusieurs centaines de kilom&egrave;tres, non seulement autour du territoire de Kaliningrad, mais le long de la fronti&egrave;re avec la Bi&eacute;lorussie et celle avec l&rsquo;Ukraine. Il exproprie pour cela des paysans totalement affol&eacute;s. Il s&rsquo;agirait de retenir les fantassins russes au cas o&ugrave; ils auraient conquis tout le pays voisin! Cette perspective rocambolesque cache en fait un autre souci: emp&ecirc;cher les Ukrainiens de fuir vers l&rsquo;ouest sans contr&ocirc;le, &agrave; travers champs et for&ecirc;ts. Enfin, peut-&ecirc;tre une pr&eacute;occupation &eacute;lectorale au passage: d&eacute;montrer aux sympathisants du parti PIS, hypernationaliste, que les &laquo;mod&eacute;r&eacute;s&raquo; prennent aussi au s&eacute;rieux qu&rsquo;eux toute croisade antirusse.</p>
<p>Bref, ici et l&agrave;, nombre de dirigeants se font du cin&eacute;ma. Chacun le leur. Dans l&rsquo;affrontement, verbal ou militaire, avec le sc&eacute;nario du voisin. Il y a certes, dans tous les conflits, d&rsquo;autres approches des parties rivales, celles des int&eacute;r&ecirc;ts objectifs, rationnels. Au plan s&eacute;curitaire, &eacute;conomique, sur le partage des richesses et des influences g&eacute;opolitiques. Mais &agrave; ces calculs froids s&rsquo;ajoutent, dans la t&ecirc;te des responsables, les perceptions fantasmatiques, les obsessions &eacute;motionnelles, les ambitions incandescentes. Ce bal des imaginaires conduit aussi dans le mur. Dans le pire du pire.</p>
<hr />
<h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1733414363_livsomnambules.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="138" height="218" /></h4>
<h4>(1) &laquo;Les Somnambules. Et&eacute; 1914: comment l&rsquo;Europe a march&eacute; vers la guerre&raquo;, de Christopher Clark. 672 pages. Ed. Flammarion.</h4>
<p>&nbsp;</p>',
		'content_edition' => 'En France, les affrontements entre factions – et au sein de chacune – tournent au désastre. Aucune issue en vue ne donne de vraies raisons d’espérer une amélioration dans ce pays endetté au point de payer plus d’intérêts que le budget de l’armée ou celui de l’éducation supérieure. Un pays livré à une gigantesque machine bureaucratique d’Etat. Un pays déprimé. Avec un président hors du réel, obsédé par son ego. Et une assemblée de tribuns ivres de leur rhétorique, incapables de s’entendre et de remettre les pieds sur terre.
Moins grave: le président de la Corée du Sud, renouant avec les vieux démons de ce pays, tente d’en faire une dictature manu militari. Il échoue… mais ne se fait pas arrêter pour autant.
En Géorgie, c’est la castagne entre pro-Européens et pro-Russes à coups de poings et de slogans simplistes, enflammés, là aussi hors de toute raison. Les deux camps livrés aux jeux des influences extérieures. A la malédiction des pays charnières en temps de guerre froide… devenant de plus en plus chaude.
Au Moyen-Orient, le premier ministre israélien et ses soutiens messianiques ne cessent d’élargir la guerre au-delà de leur pays. Aucun cessez-le-feu à Gaza où la tragédie n’en finit pas, celui du Liban aussitôt violé, aucune accalmie en Cisjordanie. Et maintenant la Syrie, quitte à soutenir des guerriers islamistes. Bientôt l’Iran dans le collimateur sans doute, avec un Trump plus va-t-en-guerre qu’il n’y paraît sur ce terrain.
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Dites-nous en plus, Monsieur Pilet. Les Suisses sont pragmatiques. Quelles sont les réformes que l'on doit espérer de l'UE pour y entrer ?',
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Le revirement spectaculaire de la gauche a deux raisons. La première est électorale: le PS craint perdre des voix dans son propre camp en défendant l’ancrage européen. Ce n’est pas glorieux. Reste à espérer que ceux de ses membres qui ne perdent pas le nord reprennent le dessus.

La seconde explication est liée à la réaction courroucée des syndicats qui dénoncent «un démantèlement de la protection des salariés». A y regarder de près, ces grands mots sont hors de propos. L’accord stipule expressément que sera appliqué le principe adopté cette année par l’UE du salaire égal entre travailleurs détachés et résidents. Quelques modalités techniques font encore grincer. Le délai d’annonce qui passe de huit à quatre jours et l’exigence d’une caution préalable réservée aux entreprises qui ont fraudé. Qui peut croire qu’il y a là de quoi faire capoter un accord aussi large? Les syndicalistes suisses, au lieu de s’allier avec leurs collègues européens, restent enfermés dans leur méfiance. Pourtant les choses bougent.

Personne n’a mentionné que la protection face aux abus vient d’être renforcée pour les camionneurs. Les chauffeurs étrangers qui font du cabotage devront être payés au tarif local. Et en prime, pour leur repos, les patrons devront leur payer l’hôtel plutôt que de les laisser dans leurs camions sur les aires d’autoroute comme c’est ce le cas aujourd’hui. En Suisse aussi.

La crainte des salariés suisses est bien réelle. La concurrence d’une main-d’œuvre étrangère souple, souvent bien formée, a de quoi faire peur même si l’égalité des salaires est assurée. Les tribuns syndicaux feraient mieux d’expliquer que cette liberté de circulation de la main-d’œuvre a été un puissant levier de la croissance économique cette dernière décennie. Elle est aussi indispensable dans des secteurs où le gens du coin ne se bousculent pas: les hôpitaux, les EMS, l’agriculture et même le bâtiment où, sans les Portugais notamment, la machine ne tournerait pas rond.Ou alors, dire clairement que l’on fait le pari de la rupture.

Un commentateur de la Wochenzeitung démolit l’accord, convient que son abandon pourrait amener quelques mesures désagréables de nos partenaires mais il conclut: après tout, serait-ce si grave? Cette histoire de reconnaissance de la bourse suisse, personne n’y comprend rien. Le décrochage des programmes de recherche? Bof, les grosses têtes s’en sortiront toujours. Le renoncement à un accord sur l’électricité? On en importe à tour de bras mais qui croit que nous n’arriverons plus à nous chauffer? Les vieux accords sur l’accès aux marchés ne seront plus mis à jour? Allez, nous sommes tellement performants qu’aucun pays ne renoncera à nos produits.

Il y a des pirouettes pour déjouer tous les obstacles en vue. Mais ces échappatoires font-elles une politique? Dessinent-elles un avenir? Le Conseil fédéral fait preuve d’une lâcheté inouïe en se taisant. Pour que le peuple puisse débattre d’un projet, un gouvernement digne de ce nom dit situer les enjeux, parler clair, proposer une voie. Ensuite, on peut dire oui ou non en connaissance de cause. Mais enfoncer les citoyens dans le marais, c’est aller au pire. L’incertitude est un poison pour l’économie.

En réalité, cela nous a été dit sur tous les tons, le temps du bilatéralisme bricolé de cas en cas est révolu. Le seul moyen de continuer à «en être sans en être» serait de dire oui à cet accord de 32 pages, négocié en plus de cinq ans. Ou alors de demander l’adhésion à l’Espace économique européen qui survit avec l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein, un cadre cependant moins nuancé que le texte aujourd’hui en discussion.

Ces deux issues sont pratiquement condamnées. Les partis gouvernementaux ont tout fait, tout dit, ces dernières années pour poser l’Union européenne en ennemie. Alors même que nous sommes imbriqués avec elle économiquement, humainement, historiquement. Dès lors, il faudra aller au bout de l’impasse. Et faire enfin un choix clair entre l’isolement progressif ou… l’adhésion. Ce scénario tabou ressurgira tôt ou tard. Car cet ensemble d’Etats qui nous entoure, s’il est appelé à se réformer à maints égards, n’est pas près de se défaire contrairement à ce que répètent ses détracteurs systématiques. On le voit aujourd’hui avec leur fermeté face à la Grande-Bretagne que le Brexit plonge en plein désarroi. Même les gouvernements nationalistes les plus échauffés, en Italie ou en Hongrie par exemple, n’envisagent pas de quitter le bateau. Ils savent pourquoi. L’embarcation tient mieux la mer dans la tempête mondiale que des petits pays isolés. Telle la Suisse qui avance à l’aveugle dans son destin.