Actuel / Les «Ossis» ont le blues
Depuis 2005, des mordus collectionnent les voitures de l’époque, les Trabant à deux-temps, et les camions, et les voitures de pompiers, de police. Puis tous les objets possibles qui rappellent l’époque. Sur 14'000 m2, on se retrouve en RDA. © Bon pour la tête
Pour le jour de l'unité le 3 octobre, devant la porte de Brandebourg, quasiment pas un drapeau allemand. Pas une fanfare militaire. Mais un curieux spectacle: un chœur scandait des textes glorifiant le «vivre ensemble». © Bon pour la tête
Depuis 2005, à 70 km à l'est de Berlin, proche de la frontière polonaise, des mordus collectionnent les voitures de l’époque, les Trabant à deux-temps, et les camions, et les voitures de pompiers, de police. Puis tous les objets possibles qui rappellent l’époque. Sur 14'000 m2, on se retrouve en RDA. © Bon pour la tête
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Depuis 2005, à 70 km à l’est de Berlin près de la frontière polonaise, des mordus collectionnent les voitures de l’époque, les Trabant à deux-temps, et les camions, et les voitures de pompiers, de police. Puis tous les objets possibles qui rappellent l’époque. Sur 14'000 m2, on se retrouve en RDA. Ici: le guide (à gauche), ému d'évoquer cette époque. A droite, un mi-trentenaire, employé public de Potsdam estime que le grand mérite de cette époque est que le pays était largement autonome, nullement mondialisé comme l’est l’Allemagne aujourd’hui. © Bon pour la tête
Ossis? On désigne ainsi les Allemands de l’est. On parle beaucoup d’eux ces temps-ci. A cause des manifestations xénophobes qui se sont multipliées dans les nouveaux Länder, à cause des scores importants qu’y enregistre l’AfD (extrême-droite). Mais aussi parce que les langues se délient, près de trente ans après la chute du Mur de Berlin. Une partie de la population de l’ex-RDA se souvient avec nostalgie d’un temps où l’on vivait sans trop de soucis, du moins lorsque l’on ne critiquait pas le régime et que l’on ne cherchait pas à voyager à l’ouest. Un véritable temple dédié au souvenir de cet étrange paradis se cache à 70 km de Berlin.
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Peu audible d’ailleurs chez lui et chez ses partenaires, guère enthousiastes de cette prétention au leadership. En termes exaltés et alarmistes, le président français en appelle au renforcement massif de la défense européenne. Non sans raisons. Mais pour quoi faire? Affronter la menace de la Russie? Voyons son armée. Elle s’escrime autour de quelques villages dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres de chez elle, elle peine à prendre la ville voisine de Karkhiv malgré d’horribles destructions. Elle n’est manifestement pas de taille à s’en prendre aux pays de l’OTAN, ni matériellement ni humainement. Les divers pays européens sont loin d’être démunis de moyens militaires. Même si leur base industrielle a des lacunes. On le sait aussi au Kremlin, où, quoi qu’on en dise, on est réaliste, on n’a pas la folie des grandeurs. Point effectivement à soulever: il est vrai que les Européens feraient bien de se préoccuper davantage de la défense anti-drones et anti-missiles. Ces engins, peu coûteux à produire mais ruineux pour s’en défendre, jouent un rôle-clé dans les conflits d’aujourd’hui. Et les Russes ne sont pas seuls à en disposer. Dans la cybersécurité aussi, il y a aussi de sérieux efforts à faire. Comme en Suisse, où le Département de la Défense confie cette tâche à son entreprise boiteuse Ruag qui s’appuie elle-même sur l’entité issue de Crypto AG, célèbre pour le scandale de ses tricheries. La Confédération a misé en plus sur une société bernois brinquebalante, Xplain, et admet aujourd’hui le désastre. Même des informations confidentielles sur les Conseillers fédéraux ont été balancés dans le «darknet». </span></p> <p><span>Mais nos militaires et leur cheffe ne rêvent que d’acquérir toujours plus d’avions, de blindés et de canons… à acheter aux Etats-Unis bien sûr. Viola Amherd se frotte les mains: une curieuse proposition agite le Parlement. Il s’agit de faire sauter la limite aux dépenses fédérales et de consacrer dix milliards supplémentaire pour l’armée et cinq pour l’Ukraine d’ici à 2030. C’est un groupe inhabituel de femmes parlementaires alémaniques qui est à la besogne. Dont une centriste, Marianne Tinder («Je suis en mesure d'évaluer la gravité de la menace même sans jours de service militaire»), sa collègue de parti entrée au Parlement en décembre dernier («Quand j'entends que l'armée n'a même pas assez de gilets de protection, cela me fait réfléchir»), la socialiste Franziska Roth («Nous ne pouvons pas nous cacher constamment derrière des lignes rouges»). A compter aussi dans ce que le <em>Tagesanzeiger</em> appelle les «dealmakers»: une autre centriste, Andrea Gmür, la socialiste Sarah Wyss, la verte libérale Corina Gredig. Etonnant, ce quarteron féminin, inter-partis, prônant l’urgence des armes.</span></p> <p><span>Bien que le président du PS Cedric Wermuth et la Fédération des sociétés militaires – curieux attelage! – applaudissent l’idée, celle-ci passe mal. Le patron du Centre Gerhard Pfister tousse, les radicaux, derrière Karin Keller-Suter, préoccupés par l’endettement, s’y opposent. Et il se trouvera sans doute des socialistes pour refuser cet emballement. Quant au petit peuple à qui on ne demandera pas son avis, il sait que de telles dépenses supplémentaires entraîneront inévitablement des coupes là où cela lui fait mal. </span></p> <p><span>Il vaut la peine de s’interroger sur les ressorts de cette outrance militariste. Que ce soit dans le mode déclamatoire d’un Macron ou dans les chuchotements du Palais fédéral. La politique sort alors du champ rationnel, de l’analyse froide des réalités, elle entre dans l’escalade des émotions morales, détermine dans le mode binaire, gagner ou perdre la guerre. Or l’histoire récente donne tant d’exemples où les conflits ont fini par des pourparlers. Plus ceux-ci ont tardé, plus se sont inutilement prolongées les souffrances.</span></p> <p><span>Rester fidèles à nos principes? Bien sûr. Mais alors pourquoi ne pas s’activer plutôt au chapitre de la paix? Pourquoi ne pas tirer toutes les ficelles en vue de véritables négociations dans le conflit Ukraine-Russie? Dans son emportement Emmanuel Macron n’a même pas prononcé ces mots. Et en l’occurence helvétique, les chantres féminins du pactole aux armes n’en ont eu aucun dans ce sens. Et le grand raout prévu au Bürgenstock, direz-vous? L’intention est certes louable mais le cadrage est défini par un seul des camps en présence et par les Etats-Unis. Cela en fait un simulacre de négociations. Qui pourrait bien en rajouter une couche à la frénésie belliqueuse. Alors même que le moment approche où les belligérants, plus ou moins épuisés, devront bien se résoudre à cesser le feu et à engager des pourparlers. Plus ils attendront, plus la malheureuse Ukraine sera mal prise. Regrettant que l’accord à bout touchant du tout début de la guerre ait été sabordé.</span></p> <p><span>Quant à l’autre guerre qui nous bouleverse, au Moyen Orient, elle est promise à durer longtemps, très longtemps, sous une forme ou une autre. Totalement dépassée et discréditée, la Suisse ne songe même pas à proposer une négociation, ni sur l’immédiat, ni sur le fond. Peu dit: un autre pays tente discrètement cet effort, non sans expérience. La Norvège.</span></p> <p><span>Mais le Conseil fédéral paraît tenir à réaffirmer son alignement sur la ligne d’Israël. Après avoir concédé une aide réduite, la commission parlementaire des Affaires étrangères propose de supprimer à terme tout soutien à l’UNRWA. Pourtant seule à même de soulager les populations de Gaza et de Cisjordanie, ces territoires occupés dont les souffrances présagent un sombre avenir. Pour toute la région. 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Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! ', 'content' => '<p><span>Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! Ces trente dernières années, son entreprise, sise à Lausanne, CAB-Productions, a permis à de nombreux cinéastes, locaux et internationaux, de s’exprimer librement. Tournant en Suisse, avec des comédiens, des techniciens d’ici et d’ailleurs. De Francis Reusser à Dominique de Rivaz, d’Alain Tanner à Jean-François Amiguet, de Marcel Schüpbach à Pierre-Yves Borgeaud, de Greg Zlingski à Olivier Assayas, de Benoît Mariage à Claude Chabrol, et tant d’autres. Dernier en date, Roman Polanski. Avec le tournage à Gstaad de <em>The Palace</em>, en coproduction avec l’Italie et la Pologne. </span></p> <p><span>Lié d’amitié avec cette grande figure du cinéma européen, Porchet a tout fait, trois ans durant, pour que ce film se fasse. Contre vents et tempêtes. Face aux campagnes des ultra-féministes qui rabâchent et déforment une histoire vieille de quarante ans, aux Etats-Unis, impliquant une jeune fille qui aujourd’hui est dans les meilleurs termes avec le prétendu coupable. L’offensive «wokiste» a mis Polanski au ban. En Suisse comme en France, aucun soutien public n’a été apporté au film. Une fois terminé, au début de cette année, il a pu être présenté à Venise mais n’a été diffusé que dans quelques rares salles, les distributeurs et les exploitants craignant des manifestations féministes. Il est même totalement proscrit en France. </span></p> <p><span>Pour Jean-Louis Porchet les difficultés du début ont tourné à la descente aux enfers. Faute de rentabiliser les droits d’exploitation, sous le poids des dettes contractées pour boucler le financement du tournage, son entreprise est menacée de faillite. L’accumulation des tracas finit par accabler le solide cueilleur de champignons. </span></p> <p><span>Le dimanche 24 mars, en route vers un ami à Rennaz, il s’arrête près de Cully, fume un cigare, son péché parcimonieux, et laisse flotter ses pensées sur le lac. Il repart et là, sans pouvoir l’expliquer encore, dans un blanc soudain, traverse la chaussée et écrase sa voiture du haut mur de Lavaux. Fracassé, il la voit prendre feu, reste prisonnier. Et attend les secours dans d’horribles douleurs. Les deux jambes et des côtes cassées, de graves brûlures.</span></p> <p><span>Le voilà, cinq semaines plus tard, dans une chambre du CHUV. Avec le sens de l’humour. «Les jours d’avant, je me disais sans cesse que j’allais dans le mur. 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La cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, ainsi que la septième de la liste du même parti aux élections européennes, Rima Hassan, ont été convoquées devant un juge pour «apologie du terrorisme» en raison de leurs déclarations sur la guerre à Gaza. La gauche socialiste en désaccord politique profond avec cette formation proteste contre cette atteinte à la liberté d’expression. </span></li> <li><span>Franc enfin. Le directeur des rédactions du groupe breton <em>Le Télégramme</em>, Samuel Petit, s’indigne: plusieurs de ses journalistes ont été harcelés par des convocations judiciaires pour «violation du secret de fonction», autrement dit pour excès de curiosité quant au fonctionnement des administrations. Et même pour avoir osé photographié un incendie à l’aide d’un drone. Tendance aussi constatée dans d’autres journaux régionaux. 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La montée dans les sondages de l’AfD, parti d’extrême droite ou qualifié aussi «nationaliste-populiste», inquiète une grande part de l’opinion. Au point que certains milieux ont lancé récemment une pétition réclamant son interdiction! Elle aurait recueilli plus d'un million de signatures. En réponse, quelques politiciens de droite ont suivi l’exemple et recueillent des signatures pour bannir du champ les Verts, accusés d’avoir entraîné le pays dans une grave crise économique. Ces initiatives aberrantes n’ont aucune chance d’aboutir. Il n’empêche, c’est un mauvais signe.</span></li> <li><span>Et en Suisse? Le site <em>L’Impertinent</em> de notre consœur Amèle Debey a analysé minutieusement tous les documents officiels disponibles sur la gestion de la crise sanitaire par les autorités fédérales. L’article en dit long sur les divisions en leur sein et les pressions exercées. Ces révélations trouvent écho sur les sites étrangers en bataille sur ce terrain. Mais aucun média ne s’en est fait l’écho ici.</span></li> <li><span>Le professeur aux universités de Neuchâtel et Lausanne, depuis peu à la retraite, Eric Verrechia, spécialiste en géologie et biologie, révélait l’autre soir lors d’une conférence publique à Lausanne son expérience fâcheuse avec la RTS. Sans nullement nier le réchauffement climatique, il a étudié de façon approfondie le phénomène dans le temps et l’espace terrestre, brassé tous les chiffres disponibles et vérifiés. Ses constatations apportent des nuances importantes aux titres-chocs, aux affirmations simplistes habituellement lancées. Ainsi il a dénoncé des erreurs dans des documents publiés sur le site de la RTS. Il les a fait connaître, souhaité un débat ouvert, mais il n’a reçu aucune réponse. Le sujet est tabou. </span></li> </ul> <p>Ce florilège vous paraît paranoïaque? Dites-le nous. Il s’agit de bien se garder des généralisations. 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«Le pays disparu», tel est le titre d’un livre récent de Nicolas Offenstadt1. Cet historien français (51 ans) a passé de nombreuses années à enseigner dans l’ex-RDA et a su, au gré d’innombrables conversations, faire apparaître le malaise. Nombreux sont les Allemands de l’Est à considérer que l’on a effacé quarante ans de leur vie. Car depuis la réunification, tout ce passé récent a été annihilé. Les noms des rues, les objets du quotidien, les images dites révolutionnaires. Les nouveaux partis? Ce sont eux, nés à l’Ouest. Les médias? Idem. A peu près personne ne regrette la chute du socialisme rouge et le rattachement à la République fédérale. Mais les nostalgiques sont légion. La mémoire persiste.
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Sur la grande avenue, de nombreux stands où la mairie proposait des occasions de dialogues sur le souvenir de la RDA, sur la construction et la chute du fameux mur, sur les réfugiés qui venaient hier de l’est, aujourd’hui du monde en guerre. © Bon pour la tête
Pour sonder l’«Ostalgie» (nostalgie de l’est), on peut visiter un petit musée de la vie en RDA à Berlin ou, mieux, partir 70km à l’est, près de la frontière polonaise. Une autoroute impeccable y conduit. Tout le réseau routier des nouveaux Länder, comme l’ensemble des infrastructures, a été refait à coups de milliards dépensés sans compter par le gouvernement. Trebus, un village dans les collines, au bord d’un petit lac. Une association a récupéré une usine à l’abandon. Il n’en manque pas.
Le site de Trebus où l’on retrouve bon nombre d’objets qui rappellent l’époque de la DDR, se visite surtout le week-end (ses animateurs sont volontaires). Attention: il ferme fin octobre jusqu’au printemps. Faute de chauffage. © Bon pour la tête
Depuis 2005, des mordus collectionnent les voitures de l’époque, les Trabant à deux-temps, et les camions, et les voitures de pompiers, de police. Puis tous les objets possibles qui rappellent l’époque. Sur 14'000 m2, on se retrouve en RDA. Une épicerie avec tous les articles disponibles alors, tous ou presque fabriqués dans le pays. Un atelier, rien qu’avec des outillages «made in DDR». Un local de police, une salle d’école, un appartement avec les meubles de ces années-là, les livres d’enfants, les journaux retrouvés. La collection de l’organe du parti, le «Neues Deutschland» est disponible.
© Bon pour la tête
A ce bazar historique s’ajoutent une multitude d’affiches de propagande communiste et une collection de statues de Lénine. Dernière trouvaille en date: la tête d’un de ces miradors d’où les Vopos (Volkspolizei) surveillaient la frontière barricadée entre l’est et l’ouest.
Le mirador que l’on pet retrouver sur le site de Trebus. © Bon pour la tête
Le quinquagénaire rondelet qui nous fait la visite est tout ému à l’évocation de ses vingt ans. Normal. Plus surprenant, un «Ossi» dans la mi-trentaine, fort cultivé et éloquent, n’est pas en reste. Lui qui n’a guère connu la RDA en décrit les atouts: pas de chômage, des logements pour tous, des crèches, des écoles et surtout une absence de stress qui contraste avec la vie actuelle. «Nous vivions sobrement mais décemment». Et surtout, le grand mérite à ses yeux, le pays était largement autonome, nullement mondialisé comme l’est l’Allemagne aujourd’hui. Cet employé public de Potsdam reconnaît que le système était arrivé à bout de souffle et que les libertés obtenues après sa chute sont bénéfiques. Mais il s’empresse d’ajouter qu’à l’ouest, la vie est dure aussi pour beaucoup et en appelle à des réformes. Il s’indigne de constater que les salaires à l’est sont inférieurs à ceux de l’ouest. Même dans la fonction publique. Aucun parti ne trouve grâce à ses yeux, faute d’émaner des profondeurs de l’ex-RDA. Que la chancelière Angela Merkel en soit issue ne le réconforte nullement. L’AfD xénophobe? Il n’en veut pas. Et pour cause: il travaille dans un centre d’accueil de réfugiés. Moins bien payé à Potsdam (ex-RDA) que ses collègues de Berlin à 20km de là. «Jusque dans mes vieux jours, je serai pénalisé parce que né du mauvais côté…» Colère froide: «Il n’est pas normal que des travailleurs à plein temps ne s’en sortent pas et doivent demander l’aide sociale.»
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Symbole de la fracture est-ouest dans la capitale: le «Palais de la République» très socialiste et lourdingue où l’on se rendait en famille sera détruit et remplacé par un faux château prussien!
La peur des migrants est pour beaucoup dans le trouble que connaît l’Allemagne. C’est loin cependant d’être la seule source du malaise. Comme partout en Europe, nombre de citoyens ont le sentiment de ne pas être suffisamment écoutés, pris en compte par les élites politiques. Mais à l’est du pays, le phénomène est plus marqué: on y ressent une condescendance, une dévalorisation. Des raisons objectives, il y en a: le chômage plus élevé qu’à l’ouest, la disparité des salaires, des territoires abandonnés (comme dans toutes les régions reculées). C’est pourtant aussi quelque chose de plus insaisissable qui s’exprime: le retour de la mémoire refoulée. Avec ses lumières et ses ombres.
1 Le pays disparu - sur les traces de la RDA de Nicolas Offenstadt (Stock)
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Dernière trouvaille en date: la tête d’un de ces miradors d’où les Vopos (Volkspolizei) surveillaient la frontière barricadée entre l’est et l’ouest. <br><br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1539792306_mirador.jpg" width="489" height="265">Le mirador que l’on pet retrouver sur le site de Trebus. © Bon pour la tête<br><br></h4><p style="text-align: left;">Le quinquagénaire rondelet qui nous fait la visite est tout ému à l’évocation de ses vingt ans. Normal. Plus surprenant, un «Ossi» dans la mi-trentaine, fort cultivé et éloquent, n’est pas en reste. Lui qui n’a guère connu la RDA en décrit les atouts: pas de chômage, des logements pour tous, des crèches, des écoles et surtout une absence de stress qui contraste avec la vie actuelle. «Nous vivions sobrement mais décemment». 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Peu audible d’ailleurs chez lui et chez ses partenaires, guère enthousiastes de cette prétention au leadership. En termes exaltés et alarmistes, le président français en appelle au renforcement massif de la défense européenne. Non sans raisons. Mais pour quoi faire? Affronter la menace de la Russie? Voyons son armée. Elle s’escrime autour de quelques villages dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres de chez elle, elle peine à prendre la ville voisine de Karkhiv malgré d’horribles destructions. Elle n’est manifestement pas de taille à s’en prendre aux pays de l’OTAN, ni matériellement ni humainement. Les divers pays européens sont loin d’être démunis de moyens militaires. Même si leur base industrielle a des lacunes. On le sait aussi au Kremlin, où, quoi qu’on en dise, on est réaliste, on n’a pas la folie des grandeurs. Point effectivement à soulever: il est vrai que les Européens feraient bien de se préoccuper davantage de la défense anti-drones et anti-missiles. 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La politique sort alors du champ rationnel, de l’analyse froide des réalités, elle entre dans l’escalade des émotions morales, détermine dans le mode binaire, gagner ou perdre la guerre. Or l’histoire récente donne tant d’exemples où les conflits ont fini par des pourparlers. Plus ceux-ci ont tardé, plus se sont inutilement prolongées les souffrances.</span></p> <p><span>Rester fidèles à nos principes? Bien sûr. Mais alors pourquoi ne pas s’activer plutôt au chapitre de la paix? Pourquoi ne pas tirer toutes les ficelles en vue de véritables négociations dans le conflit Ukraine-Russie? Dans son emportement Emmanuel Macron n’a même pas prononcé ces mots. Et en l’occurence helvétique, les chantres féminins du pactole aux armes n’en ont eu aucun dans ce sens. Et le grand raout prévu au Bürgenstock, direz-vous? L’intention est certes louable mais le cadrage est défini par un seul des camps en présence et par les Etats-Unis. Cela en fait un simulacre de négociations. 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Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! ', 'content' => '<p><span>Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! Ces trente dernières années, son entreprise, sise à Lausanne, CAB-Productions, a permis à de nombreux cinéastes, locaux et internationaux, de s’exprimer librement. Tournant en Suisse, avec des comédiens, des techniciens d’ici et d’ailleurs. De Francis Reusser à Dominique de Rivaz, d’Alain Tanner à Jean-François Amiguet, de Marcel Schüpbach à Pierre-Yves Borgeaud, de Greg Zlingski à Olivier Assayas, de Benoît Mariage à Claude Chabrol, et tant d’autres. Dernier en date, Roman Polanski. Avec le tournage à Gstaad de <em>The Palace</em>, en coproduction avec l’Italie et la Pologne. </span></p> <p><span>Lié d’amitié avec cette grande figure du cinéma européen, Porchet a tout fait, trois ans durant, pour que ce film se fasse. Contre vents et tempêtes. Face aux campagnes des ultra-féministes qui rabâchent et déforment une histoire vieille de quarante ans, aux Etats-Unis, impliquant une jeune fille qui aujourd’hui est dans les meilleurs termes avec le prétendu coupable. L’offensive «wokiste» a mis Polanski au ban. En Suisse comme en France, aucun soutien public n’a été apporté au film. Une fois terminé, au début de cette année, il a pu être présenté à Venise mais n’a été diffusé que dans quelques rares salles, les distributeurs et les exploitants craignant des manifestations féministes. Il est même totalement proscrit en France. </span></p> <p><span>Pour Jean-Louis Porchet les difficultés du début ont tourné à la descente aux enfers. Faute de rentabiliser les droits d’exploitation, sous le poids des dettes contractées pour boucler le financement du tournage, son entreprise est menacée de faillite. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@stef 12.12.2018 | 21h06
«Merci pour cet article, qui démontre - au-delà des clichés - que le communisme avait ses bons côtés, comme l’absence de chômage, des logements pour tous, bref pas de pauvreté, alors qu’actuellement en Suisse, on dénombre environ 600’000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté !!
Personnellement, à choisir entre la liberté et la sécurité sociale, je choisis la sécurité !»