Actuel / Ces migrations qui bouleversent l’Europe
Des réfugiés somaliens arrivent en Italie à bord du bateau Dignity 1. © UNHCR/Alessandro Penso
C’est si douloureux et compliqué que la tentation de penser à autre chose est grande. Même si le triste feuilleton de l’Aquarius, rejeté ici, toléré là, nous rappelle de temps à autre la tragédie en cours et le désarroi des dirigeants d’une Europe bouleversée à bien des égards. L’émotion solidaire devant l’enfer libyen, les noyades en Méditerranée. La peur «identitaire» devant l’arrivée de ces milliers d’arrivants. Et le chambardement politique. Le sujet est le fond de commerce des partis nationalistes en Italie, en Autriche, en Allemagne, en Suède. Sans compter l’Europe de l’est où des pouvoirs autoritaires s’appuient sur les craintes qu’ils attisent. Comment y voir clair? Car les migrations sont de natures diverses. La fuite due aux guerres, aux dictatures insoutenables, l’exil dû à la misère et au rêve d’une vie meilleure.
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Quant aux nombreux Blancs qui quittèrent cette terre qu’ils croyaient leur, ils furent réintégrés dans la mère-patrie, amers certes, mais sans trop de mal. Pour la plupart ce fut pourtant un déchirement terrible. Nous avions filmé leur attente de l’embarquement, au port de Beira, veillant jour et nuit sur leurs caisses et valises, chargées de leur passé.</span></p> <p><span>Le livre du journaliste Jean-Jacques Fontaine (voir ci-dessous) raconte, à travers des portraits, plusieurs en lien avec la Suisse, le tournant du 25 juillet 1974 et ce qui s’ensuivit. Abordant ensuite la présence si nombreuse des Portugais chez nous, non pas du fait de la Révolution des Œillets mais en quête d’un meilleur sort économique. D’ailleurs souvent oublieux de cet épisode historique. </span></p> <p><span>Lors de la présentation de l’ouvrage au Club suisse de la presse, la journaliste genevoise Joelle Kuntz qui suivit les évènements sur place a mis en exergue avec éloquence une autre leçon du Portugal. Le demi-siècle passé depuis lors y a été remarquablement apaisé et démocratique. Rejetant les extrêmes de droite et de gauche, l’électorat a alterné ses préférences entre le centre-droit et le centre-gauche, applaudi aussi l’entrée dans l’Union européenne dont les soutiens ont permis au pays de se moderniser. Trains, routes, équipements publics… le Portugal a basculé dans une ère nouvelle, heureuse. Il est vrai qu’en mars dernier, le jeune parti dit d’extrême droite, en tout cas libéral et conservateur, a obtenu 18% des voix. Il ne se nourrit pas de quelque nostalgie salazariste mais d’une addition de mécontentements. Comme ailleurs autour de l’immigration – les Brésiliens affluent! –, autour des lourdeurs bureaucratiques, autour des frustrations sociales. Il faut dire que les dernières années ont été dures. En 2020, l’Etat outrepassait toutes les limites de l’endettement. 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Ainsi donc la Suisse suspend son aide, comme les Etats-Unis, alors que des proches alliés d’Israël, comme l’Allemagne – qui a même augmenté sa contribution –, la Grande-Bretagne et la France, après avoir interrompu leurs versements au moment des premières accusations israéliennes, les ont repris ensuite. Et pour cause. La situation humanitaire reste catastrophique à Gaza. Le nombre des camions autorisés à y entrer reste largement insuffisant. La plupart des hôpitaux ont été détruits. Les bombardements et les tirs se poursuivent, tuant, selon certaines estimations, entre 50 et 100 personnes par jour. Des dizaines de secouristes de l’UNRWA et des rares ONG encore actives ont été blessés, tués ou chassés. 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Mais combien sont-ils? Est-ce l’envahissement du vieux continent comme certains le disent? Les chiffres parlent et chacun peut en juger. En réalité, on ne peut pas parler d’un phénomène massif qui nous submerge. Mais il est vrai que l’avenir en revanche est très sombre car tout indique que nous allons vers l’arrivée de nouveaux flux ces prochaines années.
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Qu'en est-il de la Suisse?
En Suisse, en 2017, on a enregistré 18'000 demandes (-33 % par rapport à 2016). Soit 2,2 par mille habitants, au-dessus de la moyenne européenne (1,4), au-dessus de la France (1,5) bien au-dessous de la Grèce avec 5,5. Le nombre des bénéficiaires du statut protecteur n’est pas connu en raison du délai avant les décisions. La baisse des arrivées s’est poursuivie cette année. Au total, on comptait 62'000 personnes dans le «processus d’asile» au 31 août 2018. C’est lourd, c’est coûteux, mais sûrement pas énorme.
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Et après?
Mais revenons aux demandeurs d’asile. Pour certains, leur présence est déjà un souci, sinon un cauchemar. Les plus extrémistes dénoncent «le grand remplacement», une théorie conspirationniste qui verrait une volonté de remplacer les populations européennes par d’autres venues d’Afrique et du Moyen-Orient. Pour des esprits plus sereins, le phénomène est pour le moment tout à fait soutenable, même parfois jugé bénéfique.
La baisse constatée depuis l’année pic de 2015 (l’Allemagne avait accueilli plus d’un million de demandeurs) va-t-elle se poursuivre? Les opinions divergent. Certains veulent croire que les mesures prises portent leurs effets: quasi interruption des missions humanitaires au large des côtes libyennes, pressions sur les pays du Maghreb pour stopper les flux, accord avec la Turquie pour mettre fin aux départs vers la Grèce, efforts de dissuasion dans les pays d’origine. D’autres voix sont moins optimistes. L’écrivain et journaliste spécialiste de l’Afrique Stephen Smith connaît un immense succès avec son livre La Ruée vers l’Europe. Il considère que le mouvement de fond va se poursuivre. D’abord pour des raisons démographiques; le continent «noir» comptait 150 millions d’habitants en 1930, 1,3 milliard aujourd’hui. L’auteur en prévoit 2,5 milliards en 2050. Au Niger, huit enfants par femme en moyenne! Jamais, selon lui, ces pays ne connaîtront un développement capable de nourrir cette multitude.
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Tournant clé du berceau de l'humanité
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Ce regard sur les chiffres et cette amorce de réflexion peuvent paraître bien froids à celles et ceux que bouleversent les images de la tragédie libyenne et méditerranéenne. Mais méfions-nous autant du discours simpliste des belles âmes que de celui, paranoïaque, de ceux qui voudraient ériger des murs partout. Les deux sont irréalistes.
PS: Notre équipe de journalistes tentera, ces prochains jours, d’aborder la question sous plusieurs angles. Des reportages en Suède, en Espagne, en Afrique, des avis d’experts, avec un seul but: ouvrir la discussion.
Retrouvez le dossier complet de l’opération migrations sur #OpérationMigrations
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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@Jack MacHost 01.10.2018 | 15h20
«Il est difficile de prévoir l'évolution d'une telle situation.
Cependant dans votre analyse vous passez sous silence l'influence du changement climatique.
Même les projections les plus optimistes donnent des augmentations de température de 2 degrés.
Des zones entières de la ceinture saharienne deviendront invivables. Et ou iront les habitants?
C'est la panique généralisée en Europe pour quelques centaines de milliers de migrants.
On fera quoi quand ce sera des dizaines de millions?»
@JeanPaul80 01.10.2018 | 15h47
«La migration fait peur, car elle laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Force est d'admettre que bien des musulmans voudraient nous imposer leur (in)culture et leur rigidité, prenant un malin plaisir à considérer nos filles comme des prostituées et les violer sans aucun état d'âme. La plupart des délits sont le fait de salopards pratiquant cette merveilleuse doctrine, très proche du nazisme. Nos prisons regorgent de radicalisés prêts à faire le djihad et nous imposer la charia. La plupart sont d'anciens migrants, souvent économiques, qui devraient être renvoyés chez eux sans autre forme de procès, pour laisser la place à ceux qui ont vraiment besoin de notre aide»
@manini 03.10.2018 | 19h48
«Merci pour votre article très intéressant C’est avec plaisir que j’attends les reportages de BPLT sur ce phénomène de douleur humaine Meilleures salutatipns depuis l’Algérie P Manini»