Actuel / Ces migrations qui bouleversent l’Europe
Des réfugiés somaliens arrivent en Italie à bord du bateau Dignity 1. © UNHCR/Alessandro Penso
C’est si douloureux et compliqué que la tentation de penser à autre chose est grande. Même si le triste feuilleton de l’Aquarius, rejeté ici, toléré là, nous rappelle de temps à autre la tragédie en cours et le désarroi des dirigeants d’une Europe bouleversée à bien des égards. L’émotion solidaire devant l’enfer libyen, les noyades en Méditerranée. La peur «identitaire» devant l’arrivée de ces milliers d’arrivants. Et le chambardement politique. Le sujet est le fond de commerce des partis nationalistes en Italie, en Autriche, en Allemagne, en Suède. Sans compter l’Europe de l’est où des pouvoirs autoritaires s’appuient sur les craintes qu’ils attisent. Comment y voir clair? Car les migrations sont de natures diverses. La fuite due aux guerres, aux dictatures insoutenables, l’exil dû à la misère et au rêve d’une vie meilleure.
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Et aussi des manies, il est vrai, une fixation sur l’affreux Davos, le redoutable Soros. Un penchant religieux aussi et même mystique. Grand défenseur de la famille traditionnelle, mais pas opposé à l’avortement et aux couples homosexuels. Attentif, et c’est rare, aux minorités, tels les Hongrois sur sol roumain ou les Roms. Ses refrains préférés tournent autour de la défense du peuple roumain, du rassemblement de tous, du redressement d’un pays resté pauvre malgré de réels progrès économiques aux bénéfices trop inégalement répartis. On apprécie ou pas le bonhomme, mais pas de quoi le maudire… ou l’enfermer, ou l’exiler comme en rêvent les plus exaltés de ses adversaires. Certains sont allés jusqu’à couper l’eau et l’électricité de son domicile. A quoi Georgescu réagit avec le sourire et rassure, il restera sur internet et le débat, le combat continueront. 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Mais combien sont-ils? Est-ce l’envahissement du vieux continent comme certains le disent? Les chiffres parlent et chacun peut en juger. En réalité, on ne peut pas parler d’un phénomène massif qui nous submerge. Mais il est vrai que l’avenir en revanche est très sombre car tout indique que nous allons vers l’arrivée de nouveaux flux ces prochaines années.
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Qu'en est-il de la Suisse?
En Suisse, en 2017, on a enregistré 18'000 demandes (-33 % par rapport à 2016). Soit 2,2 par mille habitants, au-dessus de la moyenne européenne (1,4), au-dessus de la France (1,5) bien au-dessous de la Grèce avec 5,5. Le nombre des bénéficiaires du statut protecteur n’est pas connu en raison du délai avant les décisions. La baisse des arrivées s’est poursuivie cette année. Au total, on comptait 62'000 personnes dans le «processus d’asile» au 31 août 2018. C’est lourd, c’est coûteux, mais sûrement pas énorme.
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Et après?
Mais revenons aux demandeurs d’asile. Pour certains, leur présence est déjà un souci, sinon un cauchemar. Les plus extrémistes dénoncent «le grand remplacement», une théorie conspirationniste qui verrait une volonté de remplacer les populations européennes par d’autres venues d’Afrique et du Moyen-Orient. Pour des esprits plus sereins, le phénomène est pour le moment tout à fait soutenable, même parfois jugé bénéfique.
La baisse constatée depuis l’année pic de 2015 (l’Allemagne avait accueilli plus d’un million de demandeurs) va-t-elle se poursuivre? Les opinions divergent. Certains veulent croire que les mesures prises portent leurs effets: quasi interruption des missions humanitaires au large des côtes libyennes, pressions sur les pays du Maghreb pour stopper les flux, accord avec la Turquie pour mettre fin aux départs vers la Grèce, efforts de dissuasion dans les pays d’origine. D’autres voix sont moins optimistes. L’écrivain et journaliste spécialiste de l’Afrique Stephen Smith connaît un immense succès avec son livre La Ruée vers l’Europe. Il considère que le mouvement de fond va se poursuivre. D’abord pour des raisons démographiques; le continent «noir» comptait 150 millions d’habitants en 1930, 1,3 milliard aujourd’hui. L’auteur en prévoit 2,5 milliards en 2050. Au Niger, huit enfants par femme en moyenne! Jamais, selon lui, ces pays ne connaîtront un développement capable de nourrir cette multitude.
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Tournant clé du berceau de l'humanité
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Ce regard sur les chiffres et cette amorce de réflexion peuvent paraître bien froids à celles et ceux que bouleversent les images de la tragédie libyenne et méditerranéenne. Mais méfions-nous autant du discours simpliste des belles âmes que de celui, paranoïaque, de ceux qui voudraient ériger des murs partout. Les deux sont irréalistes.
PS: Notre équipe de journalistes tentera, ces prochains jours, d’aborder la question sous plusieurs angles. Des reportages en Suède, en Espagne, en Afrique, des avis d’experts, avec un seul but: ouvrir la discussion.
Retrouvez le dossier complet de l’opération migrations sur #OpérationMigrations
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Il vient pourtant de se produire un évènement majeur près de nous, dans un pays membre de l’UE, la Roumanie. Les élections présidentielles y ont été annulées. Car le vainqueur de premier tour, Călin Georgescu, candidat indépendant, est vivement attaqué par les deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis des décennies. L’affrontement ne cesse de s’échauffer entre ses partisans et ses adversaires, dans les médias, sur internet et parfois dans la rue. Aucune nouvelle date n’a encore été fixée pour de nouvelles élections.</p> <p>Or la Commission européenne ne bronche pas. Elle a su tancer, à raison, les pressions du gouvernement sur la justice en Pologne et en Hongrie. Mais là, l’annulation d’une élection incontestée – les bulletins ont été recomptés – n’appelle aucune critique. Donald Trump a d’ailleurs condamné cette décision anti-démocratique. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@Jack MacHost 01.10.2018 | 15h20
«Il est difficile de prévoir l'évolution d'une telle situation.
Cependant dans votre analyse vous passez sous silence l'influence du changement climatique.
Même les projections les plus optimistes donnent des augmentations de température de 2 degrés.
Des zones entières de la ceinture saharienne deviendront invivables. Et ou iront les habitants?
C'est la panique généralisée en Europe pour quelques centaines de milliers de migrants.
On fera quoi quand ce sera des dizaines de millions?»
@JeanPaul80 01.10.2018 | 15h47
«La migration fait peur, car elle laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Force est d'admettre que bien des musulmans voudraient nous imposer leur (in)culture et leur rigidité, prenant un malin plaisir à considérer nos filles comme des prostituées et les violer sans aucun état d'âme. La plupart des délits sont le fait de salopards pratiquant cette merveilleuse doctrine, très proche du nazisme. Nos prisons regorgent de radicalisés prêts à faire le djihad et nous imposer la charia. La plupart sont d'anciens migrants, souvent économiques, qui devraient être renvoyés chez eux sans autre forme de procès, pour laisser la place à ceux qui ont vraiment besoin de notre aide»
@manini 03.10.2018 | 19h48
«Merci pour votre article très intéressant C’est avec plaisir que j’attends les reportages de BPLT sur ce phénomène de douleur humaine Meilleures salutatipns depuis l’Algérie P Manini»