Actuel / Indémodable Paléo
Chaque année, un public nouveau s'y invite... © David Glaser
Foule des grands soirs à l’ouverture de Paléo Festival sur la plaine de l’Asse à Nyon ce mardi 17 juillet 2018. Pour voir Depeche Mode, Django Django, Algiers, Kaleo, Declan McKenna, Vendredi sur Mer ou tout simplement pour voir ses potes. La « Bamboulé » nyonnaise est sold-out pour six jours, mais il reste toujours quelques places remises en vente chaque jour sur la bourse en ligne. Qu’est-ce qui fait le succès de ce festival à la jauge spacieuse année après année? Un cocktail d’ingrédients bien mixé, et surtout le bonheur d’être là entre copains, et ça se lit sur (tous) les visages.
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Ce qui m’intéresse et m’interpelle est de comprendre les systèmes de privilèges et de stigmatisation, comment ils s’influencent et se croisent. De fait la lutte féministe n’a pour moi de sens que si elle considère et intègre les autres groupes sociaux stigmatisés. Aussi, je n’ai pas du tout de pensée politique. Je ne sais pas comment agir, sinon en donnant du sens à ce que je fais. C’est pourquoi dans le domaine du travail du sexe, j’essaie surtout de créer un discours qui permette à la fois de montrer un autre regard et en même temps de nous réapproprier notre voix qui est systématiquement mise sous silence. <br /><strong>Vous avez une activité militante ici?</strong><br />Si l’on veut. Je veux dire, je ne me trouve pas très active ni engagée. 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Il y a des descentes de police pour arrêter les sans-papiers, inutile de vous dire qu’étrangère plus pute est une combinaison propice aux abus policiers.<br />Bien sûr, et en même temps je dois bien admettre que je suis une «putain» privilégiée qui a eu la possibilité de partir travailler en Suisse et a préféré son confort personnel plutôt que la lutte aux côtés de ses consœurs précarisées. Cette loi de pénalisation des clients est terrible pour mes consœurs. Elle renforce encore plus la précarité alors que le travail du sexe était pour beaucoup un moyen d’en sortir, de s’en sortir. Je trouve cela affligeant de se prétendre féministe et de tout faire pour empêcher des individus en majorité femme de s’émanciper de leur situation à elles comme elles le veulent sous prétexte que la prostitution serait «en elle même» une violence. 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Et quand nous nous organisons nous-mêmes pour faire entendre notre voix, nous sommes systématiquement mises sous silence, si ce n’est insultées.<br />Concernant l’argument du «non-choix» dans la prostitution, c’est surtout un non-sens absolu. Aucun choix, quel qu’il soit, n’est jamais pris et défini uniquement par ma volonté. Le choix humain est toujours déterminé par un tas de choses, le contexte culturel, le besoin de se sentir reconnu par mes pairs, la représentation inconsciente que j’ai de moi, des autres… Du choix des vacances à celui de mon partenaire; du choix de ma tenue à celui de mon travail, tout est agencement comme dirait Deleuze.<br /><strong>Le problème viendrait-il surtout de notre besoin de s'insérer dans une société capitaliste?<br /></strong><strong></strong>Dans un système capitaliste déterminé par la nécessité de gagner de l’argent pour survivre, nous avons toutes et tous la contrainte de nous trouver un travail. 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On a 48 concerts. Comme on n’est pas dans la configuration open-air, tout est lié à la programmation. Avec Elton John, on a plus de billets à vendre qu’auparavant. On a deux affiches majeures comme Elton John et Sting qui ont été sold-out en deux jours.15'000 billets écoulés pour Elton dans un stade, c’est l’équivalent de 15 soirées au Stravinsky. On note par ailleurs que les artistes sont moins nombreux sur la route, que le modèle économique est en train de changer.</p> <p><strong>Quels sont vos objectifs pour un concert à Montreux?</strong></p> <p>On vise environ 60 ou 70% de la capacité de la salle. Mais je prends chaque concert individuellement. Il y a un changement ces dix dernières années avec la publicité sur les différents relais médiatiques. On a une concurrence forte en Suisse et en Europe en général. On doit relancer le public sur l’ensemble du programme constamment dans les médias du print. Le travail de communication se fait plus finement et est plus diversifié sur le digital. Avec les applications comme Spotify, on ne peut plus mettre le focus sur des artistes moins connus, ce qui est quelque chose d’intéressant.</p> <p><strong>Y a-t-il un effet Montreux avec des concerts conceptualisés, avec des artistes fidélisés?</strong></p> <p>Oui. Pour Thom Yorke dont le nouvel album a le parfait profil pour nous avec un spectacle visuel qui nous correspond bien, plus que pour un open air. L’ambiance de son album se transposera bien au Stravinski. Pour Janet Jackson aussi. Grâce à l’appui de Quincy Jones, elle fera deux dates en Europe, Montreux et Glastonbury. Avec une matériel scénique énorme là-bas. Pas chez nous, le rapport humain a permis de marquer notre différence. </p> <p><strong>Malgré la marque Montreux, il semblerait que rien ne soit acquis… </strong></p> <p>On fait des choix de programmation, certes, mais on est sur le fil du rasoir. On l’a toujours été. 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Je ne me prends pas trop au sérieux pour justement être pris au sérieux par les autres acteurs. A Kilbi, j'essaye toujours de trouver des artistes qui ont quelque chose d'original, qui ne font pas de compromis et qui sont surprenants. J'essaye aussi d'ajouter des éléments très expérimentaux au contenu du festival. Et avoir du plaisir, être connecté et discuter. Une chose très importante pour moi, c'est la fidélité à qui nous sommes, surtout. Garder la taille du festival, ne pas seulement le dire. Et mettre le côté humain en avant. La déco et le style ne sont pas les plus importants.</p> <p><strong>Comment ça se passe en termes économiques, la concurrence s'exprime-t-elle sur le terrain des cachets?</strong></p> <p>Oui. Mais on programme les artistes que l'on peut se payer. Cela arrive que l'on doive payer de gros cachets pour de petits groupes parce qu'ils sont en tête d'affiche. Mais le terrain de jeu dans lequel nous évoluons est plutôt sympathique. 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Je me fais toujours la réflexion quand je programme des groupes: est-ce que ces artistes seraient tous heureux de dîner à la même table?</p> <h3><strong>PALEO, l'OPEN AIR GRAND FORMAT (23-28 JUILLET)</strong></h3> <p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499333_jacques_monnier_credit_aniessa_jotterand.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="281" height="422" /></strong></p> <h4 style="text-align: center;"><strong>Jacques Monnier. </strong>© <strong>Aniessa Jotterand</strong></h4> <p><strong>Comment analysez-vous la baisse de passion pour plusieurs festivals majeurs cette année dont Paléo?</strong></p> <p><strong>Jacques Monnier </strong>(chef de la programmation)<strong>: </strong>On a vu l’an dernier que le marché suisse était en limite de saturation. Il y a beaucoup de festivals, Caribana, Rock Oz’ Arènes, Festi’Neuch… Les gens n’ont ni le temps ni l’argent d’aller partout. Il y a un tassement. C’est la première année depuis 2003 que l’on ne vend pas tout. Il nous reste des billets pour samedi et dimanche. Mais à l’arrivée, ça fera quand même 96% de remplissage. Cette année, il y a le facteur Fêtes des Vignerons, même si ce ne sont pas tous des spectateurs de Paléo, sans compter les concerts programmés à l’année.</p> <p><strong>Le facteur hip-hop a-t-il écarté certains spectateurs de Paléo cette année? </strong></p> <p>Non, car on programme du hip-hop depuis MC Solaar. Avant, les organisateurs ne voulaient pas trop de hip hop car le public était réputé difficile. Mais aujourd’hui, c’est la soirée avec Damso et Soprano qui est partie la plus vite. On doit renouveler le public avec ce qu’il veut écouter, du rap et de l’électro surtout, moins de rock. Mais on a un menu qui s’adresse à des générations différentes, le rap c’est 12% des artistes, Bruel sera là pour un public familial, The Cure et 21 Pilots pour les amateurs de rock… Il y a les musiques du monde. 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Paléo, c’est notre Coupe du Monde gagnée chaque année, à nous les Romands. L’entrée des premiers spectateurs, scénarisée par le maître de cérémonie de la plaine de l’Asse, Daniel Rossellat (et son équipe), une envie de fêter une année de labeur intense, ou de «plaquer» une année de galères du quotidien aussi parfois dans un écrin naturel et magnifiquement décoré. C’est aussi le petit bonheur de la première gorgée de binches bien fraiches dans la fournaise de cette fin de journée qui fait le charme de Paléo. On se plaît à découvrir les nouveaux stands. «Le tuk-tuk n’est plus là?» demande une pote sur WhatsApp, pas grave il y a le Bar du Rugby près la scène du Détour où les Américains d’Algiers sont attendus de pied ferme par plusieurs centaines d’esthètes d’un rock à tendance post-punk révolutionnaire et euphorisant.
Depeche Mode a embrasé la foule de la plaine de Nyon. © 2018 Bon pour la tête - David Glaser
On se désaltère devant le Club-Tent, la tête dans les rêves d’aventures érotiques avec une fille à la peau bleue. C’est la cousine helvétique de Christine & the Queens qui est au micro, c’est Vendredi-sur-Mer. Elle balance ses doux mots colorés dans un parler-chanter sur lit d’electropop minimale planante. La jeunesse de Paléo en redemande, il est tôt et on tient déjà une bonne surprise « locale » dans le magma très riche de l’édition 2018. Autre claque, plus choquante cette fois : Algiers. Un groupe d’Atlanta, installé à Brooklyn, emmené par un «évangélisateur» du rock expérimental, militant et galvanisant, un chanteur et guitariste nommé Franklin James Fisher, natif de Caroline du Nord, parfaitement francophone, et capable sur le morceau « The Underside of Power » de placer Algiers dans la grande histoire de la soul music aux côtés de Marvin, Curtis, Michael ou Andre 3000. Même si le groupe sudiste est avant tout une pépite de la scène alternative rock bruitiste et inventive. Ce concert est une révélation et il me rappelle les meilleures surprises de ces dernières années au Détour : Peter Kernel en 2015 voire Jeanne Added la même année ou encore Flavien Berger en 2016. Le Détour porte bien son nom. Il le vaut.
Rendez-vous au Bar du Rugby, lieu mythique et historique. Avec l’un de ses piliers charismatiques: Jean-Pierre Vuille, ancien rugbyman des Pirates nyonnais. Aujourd’hui, ce cuisinier de profession préfère voir sa fille jouer, toute la famille du rugby est là. Paléo pour lui, c’est un rituel depuis longtemps. «Je me remémore la venue de Claude Nougaro à Colovray, (le premier site du Paléo) il y a 25 ans ou plus, je ne me souviens plus. Je passais devant le bar des artistes et il y avait un seul client au bar, c’était Claude Nougaro. Je dis alors à son garde du corps que je connaissais Claude… il m’a laissé l’approcher. En me voyant, il me «oh cong, tu es là et il me fait la bise…», ce deux-là ne s’étaient jamais vus avant bien sûr. Et la soirée pour Jean-Pierre fut tout simplement magique et poétique, inoubliable. De longues minutes à discuter avec l’auteur de «Toulouse».
On est dans de la célébration pure de 40 ans de musique post-punk, électronique et mélodieuse. Le même frontman délivre une danse du scalp énergique sur «Everything Counts».
Simon a 12 ans et Martin 10 ans, ils font leur premier Paléo cette année avec leurs parents Patrice et Marie-Paule. Ils viennent du Châtelard dans le canton de Fribourg. L’aîné a la banane et se réjouit: «On vient voir Depeche Mode. Notre chanson préférée, c’est «Enjoy the Silence». Martin trouve l’ambiance «drôle», l’endroit «grand», «je crois qu’il y a 1000 personnes» dit-il. Son frère croit qu’il y a 75'000 personnes. Simon est plus proche de la vérité. Les deux frangins quelques minutes plus tard vont voir un Depeche Mode aux costumes de star taillés XXXL. Pas le temps de se reposer sur une chanson douce interprété par le claviériste, choriste et compositeur du trio Martin L. Gore sur le magnifique «Somebody» et ou sur un «In Your Room» encore plus pénétrant, que Dave Gahan, à la posture christique délivre avec un sens de l’élégance particulièrement aiguisé. Depeche Mode, c’est un déluge de pop et une communion parfaite avec le public de Paléo. On est dans de la célébration pure de 40 ans de musique post-punk, électronique et mélodieuse. Le même frontman délivre une danse du scalp énergique sur «Everything Counts». L’homme chante juste, bouge toutes les parties de son corps avec aisance, surfant avec une gestuelle vue dans le clip de la «Danse des Canards»… Il est en mode valorisation express d’un CV bardé de tubes devant une foule d’ «employeurs» complètement séduite. Et la tension ne retombera pas pendant une heure et demi.
Les enfants sont équipés afin de pouvoir supporter le volume de la musique. © 2018 Bon pour la tête - David Glaser
Des hymnes, Depeche Mode en a façonné à chacune des quatre décennies que le groupe de Basildon (à l’est de Londres) a traversé entre les gouttes d’alcool et en prenant le soin de dérailler de la poussière d’ange et ses dangers. «Never Let Me Down Again» fait se soulever la foule amassée. C’est l’heure du rappel et les Anglais régalent le public d’un «Enjoy the Silence» repris en masse (et par Martin et son frère) et «Just Can’t Get Enough», le premier single à envahir les ondes radio de la planète il y a 37 ans. Musicalement, le groupe n’envahit pas ses compos d’un déluge de distractions sonores sur les guitares. Le son sortant de l’ampli de la gratte de Martin L.Gore est clair, le tapis electro se fait tout aussi lumineux et limpide. Le très concentré Andrew Fletcher, en maestro dépositaire de la touche synthétique du groupe, vit chaque note comme s’il réalisait un miracle. Le miracle a eu lieu. La soirée d’ouverture de notre Mondial à nous a placé l’Union Jack et la croix de Saint-George très haut dans le ciel nyonnais. On continue avec Idles ce soir?
Le 43e Paléo va durer jusqu'au 22 juillet. © 2018 Bon pour la tête - David Glaser
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C’est un contexte auquel, jusqu’ici, il a été difficile de s’arracher et nous sommes très satisfaites des dispositions et possibilités que cela peut créer. <br /><strong>Dans le hip-hop, est-on encore trop dans un environnement dominé par les hommes? Quel serait le moyen d'égaliser les pouvoirs?</strong><br />Le hip-hop ne me semble pas plus touché par la domination masculine que les autres disciplines artistiques ou que les autres domaines, du reste. Le rap est dans le viseur des médias car c’est un art qui peut se révéler subversif ou sulfureux. <br /><strong>Comment avez-vous trouvé votre place dans ce milieu hip-hop, qui plus est en Suisse? En devant lutter, vous affirmer plus durement qu’un homme? En travaillant plus?</strong><br />Non, du coup je n’ai pas été victime de comportements sexistes au sein du milieu (des milieux) hip-hop, que ce soit en Suisse, en France ou en Egypte. 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Est-on dans une hypocrisie qui pourrait avoir de graves conséquences pour ces travailleuses du sexe? Dans une forme de mépris de classe?</strong></p> <p><strong></strong>La répression est une forme de violence supplémentaire sur des femmes qui mériteraient la mise sur pied d’une législation en leur faveur; et un numéro de sécurité sociale comme tout-e citoyen-ne. <br /><strong>Comment avez-vous commencé à développer cette culture revendicatrice que l’on entend dans votre musique?</strong><br />Dès l’enfance. <br /><strong>Que pensez-vous des mouvements des Riot Grrrls (Riot Girls) aux Etats-Unis dans les années 90 qui exprimaient un dégoût pour la violence domestique, contre les viols impunis, le patriarcat? Ont-elles laissé une trace dans les consciences? 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Quant aux Riot Girls, et bien c’est un milieu musical non négligeable, aux influences punk-rock et électro, ce n’est pas forcément ma tasse de thé, mais encore une fois, chaque pierre à l’édifice est une pierre à l’édifice.</p> <hr /> <h2>Un des titres de La Gale:</h2> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/49VhygQwaXw" width="560"></iframe></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'la-gale-le-hip-hop-n-est-pas-plus-touchee-par-la-domination-masculine', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 1011, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1746, 'homepage_order' => (int) 2021, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 2616, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1720, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Grève des femmes', 'title' => 'Yumie: «Je suis une putain privilégiée»', 'subtitle' => 'La Française Yumie V est une travailleuse du sexe depuis 6 ans. 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Ce qui m’intéresse et m’interpelle est de comprendre les systèmes de privilèges et de stigmatisation, comment ils s’influencent et se croisent. De fait la lutte féministe n’a pour moi de sens que si elle considère et intègre les autres groupes sociaux stigmatisés. Aussi, je n’ai pas du tout de pensée politique. Je ne sais pas comment agir, sinon en donnant du sens à ce que je fais. C’est pourquoi dans le domaine du travail du sexe, j’essaie surtout de créer un discours qui permette à la fois de montrer un autre regard et en même temps de nous réapproprier notre voix qui est systématiquement mise sous silence. <br /><strong>Vous avez une activité militante ici?</strong><br />Si l’on veut. Je veux dire, je ne me trouve pas très active ni engagée. 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Il y a des descentes de police pour arrêter les sans-papiers, inutile de vous dire qu’étrangère plus pute est une combinaison propice aux abus policiers.<br />Bien sûr, et en même temps je dois bien admettre que je suis une «putain» privilégiée qui a eu la possibilité de partir travailler en Suisse et a préféré son confort personnel plutôt que la lutte aux côtés de ses consœurs précarisées. Cette loi de pénalisation des clients est terrible pour mes consœurs. Elle renforce encore plus la précarité alors que le travail du sexe était pour beaucoup un moyen d’en sortir, de s’en sortir. Je trouve cela affligeant de se prétendre féministe et de tout faire pour empêcher des individus en majorité femme de s’émanciper de leur situation à elles comme elles le veulent sous prétexte que la prostitution serait «en elle même» une violence. 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Et quand nous nous organisons nous-mêmes pour faire entendre notre voix, nous sommes systématiquement mises sous silence, si ce n’est insultées.<br />Concernant l’argument du «non-choix» dans la prostitution, c’est surtout un non-sens absolu. Aucun choix, quel qu’il soit, n’est jamais pris et défini uniquement par ma volonté. Le choix humain est toujours déterminé par un tas de choses, le contexte culturel, le besoin de se sentir reconnu par mes pairs, la représentation inconsciente que j’ai de moi, des autres… Du choix des vacances à celui de mon partenaire; du choix de ma tenue à celui de mon travail, tout est agencement comme dirait Deleuze.<br /><strong>Le problème viendrait-il surtout de notre besoin de s'insérer dans une société capitaliste?<br /></strong><strong></strong>Dans un système capitaliste déterminé par la nécessité de gagner de l’argent pour survivre, nous avons toutes et tous la contrainte de nous trouver un travail. 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On a 48 concerts. Comme on n’est pas dans la configuration open-air, tout est lié à la programmation. Avec Elton John, on a plus de billets à vendre qu’auparavant. On a deux affiches majeures comme Elton John et Sting qui ont été sold-out en deux jours.15'000 billets écoulés pour Elton dans un stade, c’est l’équivalent de 15 soirées au Stravinsky. On note par ailleurs que les artistes sont moins nombreux sur la route, que le modèle économique est en train de changer.</p> <p><strong>Quels sont vos objectifs pour un concert à Montreux?</strong></p> <p>On vise environ 60 ou 70% de la capacité de la salle. Mais je prends chaque concert individuellement. Il y a un changement ces dix dernières années avec la publicité sur les différents relais médiatiques. On a une concurrence forte en Suisse et en Europe en général. On doit relancer le public sur l’ensemble du programme constamment dans les médias du print. Le travail de communication se fait plus finement et est plus diversifié sur le digital. Avec les applications comme Spotify, on ne peut plus mettre le focus sur des artistes moins connus, ce qui est quelque chose d’intéressant.</p> <p><strong>Y a-t-il un effet Montreux avec des concerts conceptualisés, avec des artistes fidélisés?</strong></p> <p>Oui. Pour Thom Yorke dont le nouvel album a le parfait profil pour nous avec un spectacle visuel qui nous correspond bien, plus que pour un open air. L’ambiance de son album se transposera bien au Stravinski. Pour Janet Jackson aussi. Grâce à l’appui de Quincy Jones, elle fera deux dates en Europe, Montreux et Glastonbury. Avec une matériel scénique énorme là-bas. Pas chez nous, le rapport humain a permis de marquer notre différence. </p> <p><strong>Malgré la marque Montreux, il semblerait que rien ne soit acquis… </strong></p> <p>On fait des choix de programmation, certes, mais on est sur le fil du rasoir. On l’a toujours été. 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