Histoire / Sexualité: la débauche, une invention antique?
Homme à genoux pratiquant un cunnilingus à une prostituée, fresque des thermes suburbains, Pompéi. Ier siècle. Wikipédia
On trouve beaucoup d’histoires de débauche chez les auteurs antiques, grecs et latins, qui mettent en garde les hommes réputés libres et civilisés contre les dangers qui les menacent, qu’il s’agisse d’excès de vin, de nourriture ou de sexe. Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif.
Christian-Georges Schwentzel, Université de Lorraine
Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif. Elle comprend tout ce qui est réputé socialement incorrect à une certaine époque, c’est-à-dire une série de vices réels ou supposés : l’adultère, la prostitution, ou encore des pratiques sexuelles comme la sodomie ou le cunnilingus – le tout sur fond de société patriarcale.
Le terme cunnilingus provient du latin cunnus qui désigne le sexe féminin et du verbe lingere « lécher ». Il désigne étymologiquement un « léchage de vulve ». Cette pratique sexuelle était généralement vue dans l’Antiquité comme répugnante et lourde de conséquences pour l’homme qui avait le malheur de s’y complaire.
Quand Ariphradès « travaille avec sa langue »
Au Ve siècle av. J.-C., l’auteur comique grec Aristophane évoque le cunnilingus à plusieurs reprises dans ses pièces de théâtre. C’est un acte dégradant consistant à glôttopoiein, c’est-à-dire à « travailler avec sa langue » un sexe féminin. L’inventeur en serait un certain Ariphradès, poète dont se moque Aristophane. « Il a inventé une nouvelle forme de vice, il souille sa langue par des plaisirs abominables, en léchant dans les bordels la rosée dégoûtante, en salissant sa barbe. […] Qui ne vomit pas devant un tel homme ne boira jamais avec nous à la même coupe », écrit l’auteur dans sa comédie, Les Cavaliers (vers 1283-1289), représentée à Athènes en 424 av. J.-C.
Le même Ariphradès apparaît à nouveau, deux ans plus tard, dans Les Guêpes. Il est décrit comme le lécheur qui « fait travailler sa langue chaque fois qu’il entre dans un bordel ». La « rosée » des vulves se réfère aussi, de manière parodique, à l’inspiration poétique : Ariphradès ne peut composer que des œuvres infâmes, puisque ce n’est pas un fluide divin, envoyé par les dieux, qui anime son esprit créateur, mais le liquide le plus impur qui soit, selon Aristophane.
Le « cochon » et son « épine »
On retrouve plus tard cette même dépréciation de la vulve chez le poète grec Nicarque (Anthologie grecque XI, 329), auteur d’épigrammes satiriques, au Ier siècle apr. J.-C. L’auteur s’adresse à un certain Démonax, nouvel adepte du cunnilingus, comme Ariphradès cinq siècles plus tôt. « Démonax, ne baisse pas toujours les yeux, cesse de faire plaisir à ta langue. Le cochon a une redoutable épine. Et tu vis et tu dors en Phénicie ».
Le cochon (khoïros), terme argotique désignant la vulve, souligne l’obscénité supposée des parties génitales féminines. L’épine (akantha) représente le clitoris comme un petit pénis qui constitue une menace pour les lèvres de l’homme. Quant à la Phénicie, le Liban actuel, c’est une région associée à la teinture pourpre, de couleur rouge violacée, qui y était extraite d’un mollusque et commercialisée. Elle évoque le sang des règles s’écoulant du vagin, de même que la teinture ruisselle des entrailles du mollusque. À nouveau, comme chez Aristophane, mais de manière encore plus crue, la vulve est décrite comme une partie polluée et sanguinolente, vectrice d’impuretés.
À travers cette description se profile une mise en garde pour les hommes qui seraient tentés par le cunnilingus : ils risquent de compromettre leur virilité au contact de cet affreux égout.
« Satyre satisfaisant une nymphe », tableau d’Arthur Fischer, 1900.
Une souillure indélébile
Les Romains reprirent à leur compte ce type de représentations. L’historien latin Suétone raconte que l’empereur Tibère (14-37 apr. J.-C.) aimait pratiquer le cunnilingus. Une turpitude dévastatrice pour Tibère lui-même, car l’homme lécheur de vulves non seulement se dégrade socialement mais contracte aussi une forme de souillure indélébile.
[Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]
Une jeune femme nommée Mallonia, sollicitée par Tibère, préfère se suicider en se frappant d’un coup de poignard plutôt que de laisser l’empereur poser sa langue sur ses parties intimes. Il est intéressant de remarquer que cette matrone aurait, du moins selon Suétone, parfaitement intégré l’imaginaire social dominant considérant la vulve comme impure. Mallonia refuse fermement le cunnilingus proposé par l’empereur. Avant de mourir, elle dénonce « à voix haute le vice infâme de ce vieillard ignoble et répugnant » (Suétone, Vie de Tibère 45).
Une domination féminine scandaleuse
Une étonnante fresque des thermes suburbains, à Pompéi, nous offre la plus célèbre représentation figurée antique d’un cunnilingus. Elle a été peinte dans les vestiaires, ou apodyterium, de l’établissement, afin de provoquer, par son obscénité supposée, l’indignation et le rire des clients.
On y voit un homme, à genoux, en train de lécher la vulve d’une jeune femme qui écarte largement les cuisses. L’homme est à terre, tandis que la femme est confortablement installée, en hauteur, sur le rebord d’une couche moelleuse. Elle porte deux chaînes métalliques croisées entre les seins, accessoire typique des prostituées, qui ne laissent aucun doute sur son métier. Le jeune homme en toge, lui, pourrait figurer un citoyen.
L’œuvre dénonce ainsi ironiquement cette pose réputée dégradante pour un homme de condition libre, alors que de nombreuses prostituées étaient des esclaves ou des étrangères de statut inférieur. Une inversion des rôles absolument scandaleuse, puisque le citoyen est soumis à une femme qui occupe une position dominante. Le client fait plaisir à la putain, inférieure socialement à la fois en raison de sa féminité et de son emploi. Un comble !
Ce qui, en outre, semble révoltant, c’est que le lécheur de vulves n’utilise pas son pénis, mais se soumet au sexe de sa partenaire. Sa sexualité n’est pas phallique ; elle n’est ni dominante, ni valorisante. C’est pourquoi, « lécheur de vulves » (cunnulingior) est l’une des pires insultes imaginables pour un citoyen romain. Un graffiti de Pompéi, écrit pour nuire à un candidat aux fonctions d’édile de la cité, est éloquent à ce propos ; il proclame méchamment : « Votez pour Isidore comme édile, c’est le meilleur lécheur de vulves » ! (CIL IV, 1383).
Dans une salle des thermes de la Trinacrie, à Ostie, le port de Rome, on peut lire cette étonnante inscription sur une mosaïque : Statio cunnulingiorum ; c’est-à-dire : « Le coin des lécheurs de vulves ».
Désignait-elle très sérieusement la pièce où des prostitués vendaient à des femmes les services de leur langue ? A moins que des putains y aient vendu leurs vulves aux hommes désireux de les lécher ? S’agissait-il, au contraire, comme pour la peinture de Pompéi, d’une pure provocation destinée à faire éclater de rire les clients des thermes ? Au vu de la condamnation unanime du cunnilingus comme une infamie absolue dans les sources littéraires grecques et latines, c’est l’interprétation humoristique qui paraît, de loin, la plus probable.
Si la fréquentation de prostitués « cunnilingieurs » dans les thermes paraît douteuse, certaines matrones devaient disposer d’esclaves sexuels à domicile. Le poète Martial (Epigrammes IX, 93) évoque un serviteur obligé de lécher (lingere) la vulve (cunnum) de sa patronne ; il en vomissait tous les matins. On peut imaginer de telles pratiques chez des matrones d’un certain âge ou des veuves qui échappaient au strict contrôle de leur famille et pouvaient à leur tour vivre une sexualité imposée à des êtres réputés inférieurs.
Scène montrant quatre partenaires, deux hommes et deux femmes. Fresque de Pompéi et dessin de l’auteur. Author provided
L’appétit hors norme de Philaenis
Le cunnilingus est aussi dénoncé lorsqu’il est pratiqué par une femme, comme le montre une autre fresque de l’apodyterium des thermes suburbains de Pompéi. Parmi les quatre partenaires représentés, on voit une femme à genoux, à droite, en train de lécher la vulve d’une autre femme. À nouveau, l’intention de cette image pornographique est humoristique : il s’agit de condamner une pratique honteuse, d’autant plus grave que toutes formes de relations sexuelles entre femmes étaient alors considérées comme scandaleuses.
Parmi ses portraits de Romaines monstrueuses, le poète latin Martial (Epigrammes VII, 67) imagine une certaine Philaenis, dotée d’un appétit sexuel hors norme et appréciant grandement le « léchage de vulves » (cunnum lingere).
La vulve de la déesse Ishtar, vase de Larsa, vers 1900 av. J.-C. Musée du Louvre, Paris. Wikimedia, CC BY
Douce vulve divine
On trouve toutefois dans l’Orient ancien, quelque deux mille ans avant Suétone et Martial, des formules poétiques évoquant la vulve dans un sens exclusivement positif. Plusieurs poèmes sacrés sumériens chantent le sexe de la déesse Ishtar, garante de la fécondité dans les cités-États de l’ancienne Mésopotamie, notamment Uruk et Ur, au sud de l’Irak actuel. Dans un chant d’amour adressé à Shu-Sin, roi d’Ur (vers 1970 av. J.-C.), est évoquée une mystérieuse « aubergiste » dont la « vulve est douce comme de la bière ».
L’auteur chante : « Comme sa bouche, sa vulve est douce ; douce est sa bière. Sa bière mélangée avec de l’eau ; douce est sa bière ».
Le poème suggère un baiser sur la bouche puis sur la vulve de l’« aubergiste » qui pourrait être la déesse Ishtar ou l’une de ses prêtresses.
Beyoncé dans son clip « Blow my skittles ». Capture d’écran, YouTube
« Peux-tu dévorer mon gâteau ? »
Plusieurs chanteuses américaines des années 2010 font référence au cunnilingus, associé à un discours de réhabilitation de la vulve et de revendication du plaisir féminin. Christina Aguilera s’associe à la rappeuse Nicki Minaj dans Woohoo (2010) pour exprimer son désir érotique : « Embrasse mon woohoo, partout sur mon woohoo » (« Kiss on my woohoo, all over my wooho »).
En 2011, Rihanna souhaite que son amant lui dévore son « gâteau » (cake) dans Birthday cake, même lorsque ce n’est pas son anniversaire ! Deux ans plus tard, Beyoncé renchérit dans Blow, véritable ode à l’orgasme féminin : « Peux-tu manger mes skittles, c’est plus doux au milieu » (Can you eat my skittles, it’s the sweetest in the middle).
Un langage féminin et une douceur de la vulve, associée à une friandise, qui n’est pas sans rappeler l’« aubergiste » du chant d’amour sumérien, composé il y a quatre mille ans.
Christian-Georges Schwentzel publie « Débauches antiques. Comment la Bible et les Anciens ont inventé le vice », aux éditions Vendémiaire.
Christian-Georges Schwentzel, Professeur d'histoire ancienne, Université de Lorraine
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4060, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Sexualité: la débauche, une invention antique?', 'subtitle' => 'On trouve beaucoup d’histoires de débauche chez les auteurs antiques, grecs et latins, qui mettent en garde les hommes réputés libres et civilisés contre les dangers qui les menacent, qu’il s’agisse d’excès de vin, de nourriture ou de sexe. Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif.', 'subtitle_edition' => 'On trouve beaucoup d’histoires de débauche chez les auteurs antiques, grecs et latins, qui mettent en garde les hommes réputés libres et civilisés contre les dangers qui les menacent, qu’il s’agisse d’excès de vin, de nourriture ou de sexe. Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><span><strong><a href="https://theconversation.com/profiles/christian-georges-schwentzel-259613">Christian-Georges Schwentzel</a></strong>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em></span></p> <hr /> <p>Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif. Elle comprend tout ce qui est réputé socialement incorrect à une certaine époque, c’est-à-dire une série de vices réels ou supposés : l’adultère, la prostitution, ou encore des pratiques sexuelles comme la sodomie ou le cunnilingus – le tout sur fond de société patriarcale.</p> <p>Le terme cunnilingus provient du latin <em>cunnus</em> qui désigne le sexe féminin et du verbe <em>lingere</em> « lécher ». Il désigne étymologiquement un « léchage de vulve ». Cette pratique sexuelle était généralement vue dans l’Antiquité comme répugnante et lourde de conséquences pour l’homme qui avait le malheur de s’y complaire.</p> <h3>Quand Ariphradès « travaille avec sa langue »</h3> <p>Au V<sup>e</sup> siècle av. J.-C., l’auteur comique grec Aristophane évoque le cunnilingus à plusieurs reprises dans ses pièces de théâtre. C’est un acte dégradant consistant à <em>glôttopoiein</em>, c’est-à-dire à « travailler avec sa langue » un sexe féminin. L’inventeur en serait un certain Ariphradès, poète dont se moque Aristophane. « Il a inventé une nouvelle forme de vice, il souille sa langue par des plaisirs abominables, en léchant dans les bordels la rosée dégoûtante, en salissant sa barbe. […] Qui ne vomit pas devant un tel homme ne boira jamais avec nous à la même coupe », écrit l’auteur dans sa comédie, <em>Les Cavaliers</em> (vers 1283-1289), représentée à Athènes en 424 av. J.-C.</p> <p>Le même Ariphradès apparaît à nouveau, deux ans plus tard, dans <em>Les Guêpes</em>. Il est décrit comme le lécheur qui « fait travailler sa langue chaque fois qu’il entre dans un bordel ». La « rosée » des vulves se réfère aussi, de manière parodique, à l’inspiration poétique : Ariphradès ne peut composer que des œuvres infâmes, puisque ce n’est pas un fluide divin, envoyé par les dieux, qui anime son esprit créateur, mais le liquide le plus impur qui soit, <a href="https://journals.openedition.org/clio/9584?lang=fr">selon Aristophane</a>.</p> <h3>Le « cochon » et son « épine »</h3> <p>On retrouve plus tard cette même dépréciation de la vulve chez le poète grec Nicarque <em>(Anthologie grecque</em> XI, 329), auteur d’épigrammes satiriques, au I<sup>er</sup> siècle apr. J.-C. L’auteur s’adresse à un certain Démonax, nouvel adepte du cunnilingus, comme Ariphradès cinq siècles plus tôt. « Démonax, ne baisse pas toujours les yeux, cesse de faire plaisir à ta langue. Le cochon a une redoutable épine. Et tu vis et tu dors en Phénicie ».</p> <p>Le cochon (<em>khoïros</em>), terme argotique désignant la vulve, souligne l’obscénité supposée des parties génitales féminines. L’épine (<em>akantha</em>) représente le clitoris comme un petit pénis qui constitue une menace pour les lèvres de l’homme. Quant à la Phénicie, le Liban actuel, c’est une région associée à la teinture pourpre, de couleur rouge violacée, qui y était extraite d’un mollusque et commercialisée. Elle évoque le sang des règles s’écoulant du vagin, de même que la teinture ruisselle des entrailles du mollusque. À nouveau, comme chez Aristophane, mais de manière encore plus crue, la vulve est décrite comme une partie polluée et sanguinolente, vectrice d’impuretés.</p> <p>À travers cette description se profile une mise en garde pour les hommes qui seraient tentés par le cunnilingus : ils risquent de compromettre leur virilité au contact de cet affreux égout.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/506396/original/file-20230125-20-jdfkld.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /><em><span>« Satyre satisfaisant une nymphe », tableau d’Arthur Fischer, 1900.</span></em></h4> <h3>Une souillure indélébile</h3> <p>Les Romains reprirent à leur compte ce type de représentations. L’historien latin Suétone raconte que l’empereur Tibère (14-37 apr. J.-C.) aimait pratiquer le cunnilingus. Une turpitude dévastatrice pour Tibère lui-même, car l’homme lécheur de vulves non seulement se dégrade socialement mais contracte aussi une forme de souillure indélébile.</p> <p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p> <p>Une jeune femme nommée Mallonia, sollicitée par Tibère, préfère se suicider en se frappant d’un coup de poignard plutôt que de laisser l’empereur poser sa langue sur ses parties intimes. Il est intéressant de remarquer que cette matrone aurait, du moins selon Suétone, parfaitement intégré l’imaginaire social dominant considérant la vulve comme impure. Mallonia refuse fermement le cunnilingus proposé par l’empereur. Avant de mourir, elle dénonce « à voix haute le vice infâme de ce vieillard ignoble et répugnant » (Suétone, <em>Vie de Tibère</em> 45).</p> <h3>Une domination féminine scandaleuse</h3> <p>Une étonnante fresque des thermes suburbains, à Pompéi, nous offre la plus célèbre représentation figurée antique d’un cunnilingus. Elle a été peinte dans les vestiaires, ou <em>apodyterium</em>, de l’établissement, afin de provoquer, par son obscénité supposée, l’indignation et le rire des clients.</p> <p>On y voit un homme, à genoux, en train de lécher la vulve d’une jeune femme qui écarte largement les cuisses. L’homme est à terre, tandis que la femme est confortablement installée, en hauteur, sur le rebord d’une couche moelleuse. Elle porte deux chaînes métalliques croisées entre les seins, accessoire typique des prostituées, qui ne laissent aucun doute sur son métier. Le jeune homme en toge, lui, pourrait figurer un citoyen.</p> <p>L’œuvre dénonce ainsi ironiquement cette pose réputée dégradante pour un homme de condition libre, alors que de nombreuses prostituées étaient des esclaves ou des étrangères de statut inférieur. Une inversion des rôles absolument scandaleuse, puisque le citoyen est soumis à une femme qui occupe une position dominante. Le client fait plaisir à la putain, inférieure socialement à la fois en raison de sa féminité et de son emploi. Un comble !</p> <p>Ce qui, en outre, semble révoltant, c’est que le lécheur de vulves n’utilise pas son pénis, mais se soumet au sexe de sa partenaire. Sa sexualité n’est pas phallique ; elle n’est ni dominante, ni valorisante. C’est pourquoi, « lécheur de vulves » (<em>cunnulingior</em>) est l’une des pires insultes imaginables pour un citoyen romain. Un graffiti de Pompéi, écrit pour nuire à un candidat aux fonctions d’édile de la cité, est éloquent à ce propos ; il proclame méchamment : « Votez pour Isidore comme édile, c’est le meilleur lécheur de vulves » ! (<em>CIL</em> IV, 1383).</p> <p>Dans une salle des thermes de la Trinacrie, à Ostie, le port de Rome, <a href="https://www.ostia-antica.org/piazzale/p-contents-name.htm">on peut lire</a> cette étonnante inscription sur une mosaïque : <em>Statio cunnulingiorum</em> ; c’est-à-dire : « Le coin des lécheurs de vulves ».</p> <p>Désignait-elle très sérieusement la pièce où des prostitués vendaient à des femmes les services de leur langue ? A moins que des putains y aient vendu leurs vulves aux hommes désireux de les lécher ? S’agissait-il, au contraire, comme pour la peinture de Pompéi, d’une pure provocation destinée à faire éclater de rire les clients des thermes ? Au vu de la condamnation unanime du cunnilingus comme une infamie absolue dans les sources littéraires grecques et latines, c’est l’interprétation humoristique qui paraît, de loin, la plus probable.</p> <p>Si la fréquentation de prostitués « cunnilingieurs » dans les thermes paraît douteuse, certaines matrones devaient disposer d’esclaves sexuels à domicile. Le poète Martial (<em>Epigrammes</em> IX, 93) évoque un serviteur obligé de lécher (<em>lingere</em>) la vulve (<em>cunnum</em>) de sa patronne ; il en vomissait tous les matins. On peut imaginer de telles pratiques chez des matrones d’un certain âge ou des veuves qui échappaient au strict contrôle de leur famille et pouvaient à leur tour vivre une sexualité imposée à des êtres réputés inférieurs.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/506398/original/file-20230125-3412-rhwcld.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /><em><span>Scène montrant quatre partenaires, deux hommes et deux femmes. Fresque de Pompéi et dessin de l’auteur.</span> <span><span>Author provided</span></span></em></h4> <h3>L’appétit hors norme de Philaenis</h3> <p>Le cunnilingus est aussi dénoncé lorsqu’il est pratiqué par une femme, comme le montre une autre fresque de l’<em>apodyterium</em> des thermes suburbains de Pompéi. Parmi les quatre partenaires représentés, on voit une femme à genoux, à droite, en train de lécher la vulve d’une autre femme. À nouveau, l’intention de cette image pornographique est humoristique : il s’agit de condamner une pratique honteuse, d’autant plus grave que toutes formes de relations sexuelles entre femmes étaient alors considérées comme scandaleuses.</p> <p>Parmi ses portraits de Romaines monstrueuses, le poète latin Martial (<em>Epigrammes</em> VII, 67) imagine une certaine Philaenis, dotée d’un appétit sexuel hors norme et appréciant grandement le « léchage de vulves » (<em>cunnum lingere</em>).</p> <h4 style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/506402/original/file-20230125-20-h66eok.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/506402/original/file-20230125-20-h66eok.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La vulve de la déesse Ishtar, vase de Larsa, vers 1900 av. J.-C. Musée du Louvre, Paris.</span> <span><span>Wikimedia</span>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></em></h4> <h3>Douce vulve divine</h3> <p>On trouve toutefois dans l’Orient ancien, quelque deux mille ans avant Suétone et Martial, des formules poétiques évoquant la vulve dans un sens exclusivement positif. Plusieurs poèmes sacrés sumériens chantent le sexe de la déesse Ishtar, garante de la fécondité dans les cités-États de l’ancienne Mésopotamie, notamment Uruk et Ur, au sud de l’Irak actuel. Dans un chant d’amour adressé à Shu-Sin, roi d’Ur (vers 1970 av. J.-C.), est évoquée une <a href="https://www.jstor.org/stable/23282370">mystérieuse « aubergiste » dont la « vulve est douce comme de la bière »</a>.</p> <p><a href="https://www.helsinki.fi/en/researchgroups/ancient-near-eastern-empires/news/womens-writing-of-ancient-mesopotamia-cambridge-up-out-now">L’auteur chante</a> : « Comme sa bouche, sa vulve est douce ; douce est sa bière. Sa bière mélangée avec de l’eau ; douce est sa bière ».</p> <p>Le poème suggère un baiser sur la bouche puis sur la vulve de l’« aubergiste » qui pourrait être la déesse Ishtar ou l’une de ses prêtresses.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/506400/original/file-20230125-20-4t7llb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /><em><span>Beyoncé dans son clip « Blow my skittles ».</span> <span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=CIELYkfoKy8">Capture d’écran, YouTube</a></span></em></h4> <h3>« Peux-tu dévorer mon gâteau ? »</h3> <p>Plusieurs chanteuses américaines des années 2010 font référence au cunnilingus, associé à un discours de réhabilitation de la vulve et de revendication du plaisir féminin. Christina Aguilera s’associe à la rappeuse Nicki Minaj dans <em>Woohoo</em> (2010) pour exprimer son désir érotique : « Embrasse mon woohoo, partout sur mon woohoo » (« Kiss on my woohoo, all over my wooho »).</p> <p>En 2011, Rihanna souhaite que son amant lui dévore son « gâteau » (<em>cake</em>) dans <em>Birthday cake</em>, même lorsque ce n’est pas son anniversaire ! Deux ans plus tard, Beyoncé <a href="https://genius.com/Beyonce-blow-lyrics">renchérit dans <em>Blow</em></a>, véritable ode à l’orgasme féminin : « Peux-tu manger mes skittles, c’est plus doux au milieu » (<em>Can you eat my skittles, it’s the sweetest in the middle</em>).</p> <p>Un langage féminin et une douceur de la vulve, associée à une friandise, qui n’est pas sans rappeler l’« aubergiste » du chant d’amour sumérien, composé il y a quatre mille ans.</p> <hr /> <h4><em>Christian-Georges Schwentzel publie <a href="https://www.editions-vendemiaire.com/catalogue/collection-chroniques/debauches-antiques-christian-georges-schwentzel/">« Débauches antiques. Comment la Bible et les Anciens ont inventé le vice »</a>, aux éditions Vendémiaire.</em><img src="https://counter.theconversation.com/content/197928/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></h4> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/christian-georges-schwentzel-259613">Christian-Georges Schwentzel</a>, Professeur d'histoire ancienne, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/sexualite-la-debauche-une-invention-antique-197928">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'sexualite-la-debauche-une-invention-antique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 353, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/sexualite-la-debauche-une-invention-antique-197928', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 11, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'On trouve beaucoup d’histoires de débauche chez les auteurs antiques, grecs et latins, qui mettent en garde les hommes réputés libres et civilisés contre les dangers qui les menacent, qu’il s’agisse d’excès de vin, de nourriture ou de sexe. Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif.', 'title' => 'Sexualité: la débauche, une invention antique?', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4060, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Sexualité: la débauche, une invention antique?', 'subtitle' => 'On trouve beaucoup d’histoires de débauche chez les auteurs antiques, grecs et latins, qui mettent en garde les hommes réputés libres et civilisés contre les dangers qui les menacent, qu’il s’agisse d’excès de vin, de nourriture ou de sexe. Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif.', 'subtitle_edition' => 'On trouve beaucoup d’histoires de débauche chez les auteurs antiques, grecs et latins, qui mettent en garde les hommes réputés libres et civilisés contre les dangers qui les menacent, qu’il s’agisse d’excès de vin, de nourriture ou de sexe. Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><span><strong><a href="https://theconversation.com/profiles/christian-georges-schwentzel-259613">Christian-Georges Schwentzel</a></strong>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em></span></p> <hr /> <p>Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif. Elle comprend tout ce qui est réputé socialement incorrect à une certaine époque, c’est-à-dire une série de vices réels ou supposés : l’adultère, la prostitution, ou encore des pratiques sexuelles comme la sodomie ou le cunnilingus – le tout sur fond de société patriarcale.</p> <p>Le terme cunnilingus provient du latin <em>cunnus</em> qui désigne le sexe féminin et du verbe <em>lingere</em> « lécher ». Il désigne étymologiquement un « léchage de vulve ». Cette pratique sexuelle était généralement vue dans l’Antiquité comme répugnante et lourde de conséquences pour l’homme qui avait le malheur de s’y complaire.</p> <h3>Quand Ariphradès « travaille avec sa langue »</h3> <p>Au V<sup>e</sup> siècle av. J.-C., l’auteur comique grec Aristophane évoque le cunnilingus à plusieurs reprises dans ses pièces de théâtre. C’est un acte dégradant consistant à <em>glôttopoiein</em>, c’est-à-dire à « travailler avec sa langue » un sexe féminin. L’inventeur en serait un certain Ariphradès, poète dont se moque Aristophane. « Il a inventé une nouvelle forme de vice, il souille sa langue par des plaisirs abominables, en léchant dans les bordels la rosée dégoûtante, en salissant sa barbe. […] Qui ne vomit pas devant un tel homme ne boira jamais avec nous à la même coupe », écrit l’auteur dans sa comédie, <em>Les Cavaliers</em> (vers 1283-1289), représentée à Athènes en 424 av. J.-C.</p> <p>Le même Ariphradès apparaît à nouveau, deux ans plus tard, dans <em>Les Guêpes</em>. Il est décrit comme le lécheur qui « fait travailler sa langue chaque fois qu’il entre dans un bordel ». La « rosée » des vulves se réfère aussi, de manière parodique, à l’inspiration poétique : Ariphradès ne peut composer que des œuvres infâmes, puisque ce n’est pas un fluide divin, envoyé par les dieux, qui anime son esprit créateur, mais le liquide le plus impur qui soit, <a href="https://journals.openedition.org/clio/9584?lang=fr">selon Aristophane</a>.</p> <h3>Le « cochon » et son « épine »</h3> <p>On retrouve plus tard cette même dépréciation de la vulve chez le poète grec Nicarque <em>(Anthologie grecque</em> XI, 329), auteur d’épigrammes satiriques, au I<sup>er</sup> siècle apr. J.-C. L’auteur s’adresse à un certain Démonax, nouvel adepte du cunnilingus, comme Ariphradès cinq siècles plus tôt. « Démonax, ne baisse pas toujours les yeux, cesse de faire plaisir à ta langue. Le cochon a une redoutable épine. Et tu vis et tu dors en Phénicie ».</p> <p>Le cochon (<em>khoïros</em>), terme argotique désignant la vulve, souligne l’obscénité supposée des parties génitales féminines. L’épine (<em>akantha</em>) représente le clitoris comme un petit pénis qui constitue une menace pour les lèvres de l’homme. Quant à la Phénicie, le Liban actuel, c’est une région associée à la teinture pourpre, de couleur rouge violacée, qui y était extraite d’un mollusque et commercialisée. Elle évoque le sang des règles s’écoulant du vagin, de même que la teinture ruisselle des entrailles du mollusque. À nouveau, comme chez Aristophane, mais de manière encore plus crue, la vulve est décrite comme une partie polluée et sanguinolente, vectrice d’impuretés.</p> <p>À travers cette description se profile une mise en garde pour les hommes qui seraient tentés par le cunnilingus : ils risquent de compromettre leur virilité au contact de cet affreux égout.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/506396/original/file-20230125-20-jdfkld.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /><em><span>« Satyre satisfaisant une nymphe », tableau d’Arthur Fischer, 1900.</span></em></h4> <h3>Une souillure indélébile</h3> <p>Les Romains reprirent à leur compte ce type de représentations. L’historien latin Suétone raconte que l’empereur Tibère (14-37 apr. J.-C.) aimait pratiquer le cunnilingus. Une turpitude dévastatrice pour Tibère lui-même, car l’homme lécheur de vulves non seulement se dégrade socialement mais contracte aussi une forme de souillure indélébile.</p> <p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p> <p>Une jeune femme nommée Mallonia, sollicitée par Tibère, préfère se suicider en se frappant d’un coup de poignard plutôt que de laisser l’empereur poser sa langue sur ses parties intimes. Il est intéressant de remarquer que cette matrone aurait, du moins selon Suétone, parfaitement intégré l’imaginaire social dominant considérant la vulve comme impure. Mallonia refuse fermement le cunnilingus proposé par l’empereur. Avant de mourir, elle dénonce « à voix haute le vice infâme de ce vieillard ignoble et répugnant » (Suétone, <em>Vie de Tibère</em> 45).</p> <h3>Une domination féminine scandaleuse</h3> <p>Une étonnante fresque des thermes suburbains, à Pompéi, nous offre la plus célèbre représentation figurée antique d’un cunnilingus. Elle a été peinte dans les vestiaires, ou <em>apodyterium</em>, de l’établissement, afin de provoquer, par son obscénité supposée, l’indignation et le rire des clients.</p> <p>On y voit un homme, à genoux, en train de lécher la vulve d’une jeune femme qui écarte largement les cuisses. L’homme est à terre, tandis que la femme est confortablement installée, en hauteur, sur le rebord d’une couche moelleuse. Elle porte deux chaînes métalliques croisées entre les seins, accessoire typique des prostituées, qui ne laissent aucun doute sur son métier. Le jeune homme en toge, lui, pourrait figurer un citoyen.</p> <p>L’œuvre dénonce ainsi ironiquement cette pose réputée dégradante pour un homme de condition libre, alors que de nombreuses prostituées étaient des esclaves ou des étrangères de statut inférieur. Une inversion des rôles absolument scandaleuse, puisque le citoyen est soumis à une femme qui occupe une position dominante. Le client fait plaisir à la putain, inférieure socialement à la fois en raison de sa féminité et de son emploi. Un comble !</p> <p>Ce qui, en outre, semble révoltant, c’est que le lécheur de vulves n’utilise pas son pénis, mais se soumet au sexe de sa partenaire. Sa sexualité n’est pas phallique ; elle n’est ni dominante, ni valorisante. C’est pourquoi, « lécheur de vulves » (<em>cunnulingior</em>) est l’une des pires insultes imaginables pour un citoyen romain. Un graffiti de Pompéi, écrit pour nuire à un candidat aux fonctions d’édile de la cité, est éloquent à ce propos ; il proclame méchamment : « Votez pour Isidore comme édile, c’est le meilleur lécheur de vulves » ! (<em>CIL</em> IV, 1383).</p> <p>Dans une salle des thermes de la Trinacrie, à Ostie, le port de Rome, <a href="https://www.ostia-antica.org/piazzale/p-contents-name.htm">on peut lire</a> cette étonnante inscription sur une mosaïque : <em>Statio cunnulingiorum</em> ; c’est-à-dire : « Le coin des lécheurs de vulves ».</p> <p>Désignait-elle très sérieusement la pièce où des prostitués vendaient à des femmes les services de leur langue ? A moins que des putains y aient vendu leurs vulves aux hommes désireux de les lécher ? S’agissait-il, au contraire, comme pour la peinture de Pompéi, d’une pure provocation destinée à faire éclater de rire les clients des thermes ? Au vu de la condamnation unanime du cunnilingus comme une infamie absolue dans les sources littéraires grecques et latines, c’est l’interprétation humoristique qui paraît, de loin, la plus probable.</p> <p>Si la fréquentation de prostitués « cunnilingieurs » dans les thermes paraît douteuse, certaines matrones devaient disposer d’esclaves sexuels à domicile. Le poète Martial (<em>Epigrammes</em> IX, 93) évoque un serviteur obligé de lécher (<em>lingere</em>) la vulve (<em>cunnum</em>) de sa patronne ; il en vomissait tous les matins. On peut imaginer de telles pratiques chez des matrones d’un certain âge ou des veuves qui échappaient au strict contrôle de leur famille et pouvaient à leur tour vivre une sexualité imposée à des êtres réputés inférieurs.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/506398/original/file-20230125-3412-rhwcld.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /><em><span>Scène montrant quatre partenaires, deux hommes et deux femmes. Fresque de Pompéi et dessin de l’auteur.</span> <span><span>Author provided</span></span></em></h4> <h3>L’appétit hors norme de Philaenis</h3> <p>Le cunnilingus est aussi dénoncé lorsqu’il est pratiqué par une femme, comme le montre une autre fresque de l’<em>apodyterium</em> des thermes suburbains de Pompéi. Parmi les quatre partenaires représentés, on voit une femme à genoux, à droite, en train de lécher la vulve d’une autre femme. À nouveau, l’intention de cette image pornographique est humoristique : il s’agit de condamner une pratique honteuse, d’autant plus grave que toutes formes de relations sexuelles entre femmes étaient alors considérées comme scandaleuses.</p> <p>Parmi ses portraits de Romaines monstrueuses, le poète latin Martial (<em>Epigrammes</em> VII, 67) imagine une certaine Philaenis, dotée d’un appétit sexuel hors norme et appréciant grandement le « léchage de vulves » (<em>cunnum lingere</em>).</p> <h4 style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/506402/original/file-20230125-20-h66eok.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/506402/original/file-20230125-20-h66eok.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La vulve de la déesse Ishtar, vase de Larsa, vers 1900 av. J.-C. Musée du Louvre, Paris.</span> <span><span>Wikimedia</span>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></em></h4> <h3>Douce vulve divine</h3> <p>On trouve toutefois dans l’Orient ancien, quelque deux mille ans avant Suétone et Martial, des formules poétiques évoquant la vulve dans un sens exclusivement positif. Plusieurs poèmes sacrés sumériens chantent le sexe de la déesse Ishtar, garante de la fécondité dans les cités-États de l’ancienne Mésopotamie, notamment Uruk et Ur, au sud de l’Irak actuel. Dans un chant d’amour adressé à Shu-Sin, roi d’Ur (vers 1970 av. J.-C.), est évoquée une <a href="https://www.jstor.org/stable/23282370">mystérieuse « aubergiste » dont la « vulve est douce comme de la bière »</a>.</p> <p><a href="https://www.helsinki.fi/en/researchgroups/ancient-near-eastern-empires/news/womens-writing-of-ancient-mesopotamia-cambridge-up-out-now">L’auteur chante</a> : « Comme sa bouche, sa vulve est douce ; douce est sa bière. Sa bière mélangée avec de l’eau ; douce est sa bière ».</p> <p>Le poème suggère un baiser sur la bouche puis sur la vulve de l’« aubergiste » qui pourrait être la déesse Ishtar ou l’une de ses prêtresses.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/506400/original/file-20230125-20-4t7llb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /><em><span>Beyoncé dans son clip « Blow my skittles ».</span> <span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=CIELYkfoKy8">Capture d’écran, YouTube</a></span></em></h4> <h3>« Peux-tu dévorer mon gâteau ? »</h3> <p>Plusieurs chanteuses américaines des années 2010 font référence au cunnilingus, associé à un discours de réhabilitation de la vulve et de revendication du plaisir féminin. Christina Aguilera s’associe à la rappeuse Nicki Minaj dans <em>Woohoo</em> (2010) pour exprimer son désir érotique : « Embrasse mon woohoo, partout sur mon woohoo » (« Kiss on my woohoo, all over my wooho »).</p> <p>En 2011, Rihanna souhaite que son amant lui dévore son « gâteau » (<em>cake</em>) dans <em>Birthday cake</em>, même lorsque ce n’est pas son anniversaire ! Deux ans plus tard, Beyoncé <a href="https://genius.com/Beyonce-blow-lyrics">renchérit dans <em>Blow</em></a>, véritable ode à l’orgasme féminin : « Peux-tu manger mes skittles, c’est plus doux au milieu » (<em>Can you eat my skittles, it’s the sweetest in the middle</em>).</p> <p>Un langage féminin et une douceur de la vulve, associée à une friandise, qui n’est pas sans rappeler l’« aubergiste » du chant d’amour sumérien, composé il y a quatre mille ans.</p> <hr /> <h4><em>Christian-Georges Schwentzel publie <a href="https://www.editions-vendemiaire.com/catalogue/collection-chroniques/debauches-antiques-christian-georges-schwentzel/">« Débauches antiques. Comment la Bible et les Anciens ont inventé le vice »</a>, aux éditions Vendémiaire.</em><img src="https://counter.theconversation.com/content/197928/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></h4> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/christian-georges-schwentzel-259613">Christian-Georges Schwentzel</a>, Professeur d'histoire ancienne, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/sexualite-la-debauche-une-invention-antique-197928">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'sexualite-la-debauche-une-invention-antique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 353, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/sexualite-la-debauche-une-invention-antique-197928', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 11, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4909, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Emergence du langage dans l’évolution humaine: des chercheurs font parler les structures osseuses fossilisées', 'subtitle' => 'Les positions d’Aristote et de Descartes, qui affirmaient que le langage est le «propre de l’homme», se trouvent aujourd’hui contestées par des observations éthologiques sur les singes ou les oiseaux.', 'subtitle_edition' => 'Les positions d’Aristote et de Descartes, qui affirmaient que le langage est le «propre de l’homme», se trouvent aujourd’hui contestées par des observations éthologiques sur les singes ou les oiseaux.', 'content' => '<div style="text-align: left;"><span><span><strong><a href="https://theconversation.com/profiles/pascal-perrier-1528361">Pascal Perrier</a></strong>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/institut-polytechnique-de-grenoble-grenoble-inp-2428">Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/amelie-vialet-1528373"><strong>Amélie Vialet</strong></a>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em> et <strong><a href="https://theconversation.com/profiles/yohan-payan-1528354">Yohan Payan</a></strong>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279">Université Grenoble Alpes (UGA)</a></em></span></span><hr /><span><em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279"></a></em></span> <p>En effet, on retrouve dans les signaux de communication de ces espèces, des caractéristiques similaires à celle du langage parlé humain, telles que la notion de sémantique (un cri est porteur de sens), la variation d’un son qui change la signification du cri (ce qui se rapproche de la notion de phonème, unité minimale du langage parlé humain), ou la notion de morphologie (il existe dans les cris des éléments qui peuvent être combinés de manière variée au sein de différentes structures plus complexes). Mais rien ne permet d’abandonner l’idée que la parole reste « le propre de l’homme », c’est-à-dire la capacité à articuler avec sa bouche des sons distinctifs qui peuvent se combiner à l’infini pour donner une infinité de sens.</p> <p>C’est sans doute à cette spécificité que la question de l’émergence de la parole dans l’évolution humaine doit d’être restée à travers les âges au cœur de recherches dans le domaine de la philosophie, de la linguistique et, plus récemment, de l’éthologie, de la psychologie et des neurosciences. Cette question renvoie à la fois à l’existence des capacités cognitives adaptées à l’émergence du langage, qu’il soit parlé ou non, et à l’existence de capacités physiques de la bouche et des lèvres pour structurer et articuler les unités sonores qui seront les vecteurs acoustiques du langage, via la parole.</p> <p>Cognitivement, le <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2011.0295">langage renvoie fondamentalement à la capacité d’abstraction</a>. C’est la raison pour laquelle la fabrication d’outils, la maîtrise du feu, les peintures pariétales, la structuration de l’habitat sont autant d’étapes de l’évolution humaine qui ont fréquemment été utilisées comme des marqueurs potentiels de l’émergence de la capacité au langage. Il n’y a pas de consensus sur l’émergence de la parole. Nos travaux visent à contribuer à ces débats, en étudiant si les capacités des hominines fossiles (les Néandertaliens qui sont proches de nous comme leurs ancêtres, les H. heidelbergensis datant de 500 000 ans voire les Australopithèques qui sont beaucoup plus anciens et appartiennent à un autre genre) leur permettaient d’articuler suffisamment de sons distinctifs pour constituer la base du langage parlé.</p> <h3>Depuis quand peut-on articuler ?</h3> <p>Sur le plan physique, c’est l’usage de la bouche qui est au cœur de la capacité à parler. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=XVE4B6TxlfM">Le célèbre ethnologue français André Leroi-Gourhan</a> (1911-1986) voyait dans le passage de la quadrupédie à la bipédie une étape essentielle dans l’émergence du langage parlé : permettant l’usage de la main pour des gestes de préhension jusqu’alors effectués par la bouche, la bipédie a « libéré » la mandibule, les lèvres et la langue pour leur permettre d’exécuter un répertoire gestuel riche et structuré, capable de transmettre le langage via le son.</p> <p>Quand est apparue la capacité physique à articuler des sons distinctifs ? C’est lorsque l’ensemble de cartilages marqué par la pomme d’Adam, qu’on appelle le larynx, est suffisamment descendu dans le cou, répondit le <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.164.3884.1185">chercheur américain Philip Lieberman</a> (1934-2022) dans le journal Science en 1969. Cette descente du larynx aurait, selon lui, offert à la langue un espace vertical nouveau, suffisamment large pour qu’elle puisse se déformer, se bomber ou s’aplatir pour générer une variété de formes et de sons appropriée à la richesse combinatoire du langage.</p> <p>Cette hypothèse, qui a fonctionné pendant plusieurs décennies, en sclérosant quelque peu la recherche dans ce domaine, a depuis lors été fortement contestée. Le chercheur <a href="https://theconversation.com/la-parole-ne-serait-pas-apparue-avec-homo-sapiens-et-ce-sont-les-singes-qui-nous-le-disent-128708">Louis-Jean Boë et ses collègues</a> ont en effet montré que les cris de babouins, dont le larynx est élevé et la langue plate, contiennent des sons proches du « a », du « ou » et du « i », les trois voyelles qui constituent la base fondamentale des systèmes vocaliques des langues du monde.</p> <p>De même, Fitch, pourtant disciple de Lieberman, et ses collègues, <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.1600723">dans un article paru dans <em>Science Advances</em> en 2016</a>, ont montré, à partir de radiographies de la gueule de macaques au cours de la déglutition, que malgré leur larynx élevé, ces primates pouvaient générer des formes de langue compatibles avec la production de voyelles suffisamment variées et distinctes pour constituer les bases sonores d’un langage parlé. La descente du larynx ne semble donc pas constituer un marqueur fiable de l’émergence de la capacité physique à parler au cours de l’évolution humaine, et le mystère reste entier.</p> <p>Pour tenter de le percer, notre projet <a href="https://iscd.sorbonne-universite.fr/research/sponsored-junior-teams/origins-of-speech/">« Origins of Speech »</a>, s’est proposé d’élaborer des modèles biomécaniques de langue d’humains fossiles.</p> <p>Un modèle biomécanique est un modèle numérique, sur ordinateur, qui représente une partie du corps humain, avec son anatomie, ses structures osseuses, ses tissus mous, ses muscles, et est capable de rendre compte des mécanismes physiques qui régissent leurs mouvements et leurs déformations sous l’action d’activations musculaires. Pour la langue, de tels modèles permettent d’étudier comment les muscles linguaux influencent la forme et la position de la langue dans la bouche. Ainsi, pour les fossiles, ces modèles offriraient la possibilité d’étudier, quantitativement et systématiquement, leur capacité à produire des sons de parole.</p> <h3>Prédire la langue des humains fossiles à partir des os de la tête</h3> <p>Mais sur quoi s’appuyer pour élaborer de tels modèles ? Aucune donnée anatomique n’existe. En effet, les tissus mous de langue, des parois de la bouche, et du visage ne fossilisent pas. Seuls restent les os, plus ou moins abîmés par les sévices du temps.</p> <p>C’est l’idée originale de notre projet, présentée dans <a href="https://journals.plos.org/ploscompbiol/article?id=10.1371/journal.pcbi.1011808">notre article récent</a> publié dans le journal <em>PLoS Computational Biology</em> porté par les jeunes chercheurs de notre équipe, Pablo Alvarez, Marouane El Mouss et Maxime Calka.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Processus permettant la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin par la transformation d’un modèle de référence élaboré sur un humain actuel. Cette transformation s’appuie sur la modélisation mathématique des différences morphologiques entre les structures osseuses crâniennes de l’humain actuel et du babouin.</span> <span><span>Fourni par l'auteur</span></span></em></h4> <p>Elle consiste à exploiter les structures osseuses fossilisées pour prédire la forme et l’anatomie de la langue de ces humains disparus. Pour cela, nous utilisons comme référence le modèle biomécanique de langue d’un humain vivant, que nous avons soigneusement conçu dans nos laboratoires grenoblois GIPSA-lab et TIMC au cours de près de 3 décennies de recherches coordonnées.</p> <p>Ce modèle rend compte fidèlement de la morphologie de la langue, de ses structures musculaires, des caractéristiques mécaniques de ses tissus mous, et de ses interactions mécaniques avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde, un petit os mobile qui relie la langue… au larynx.</p> <h4 style="text-align: center;"><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Pz0A5HTYFeM?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe><em><span>Modèle de langue TIMC et Gipsa lab Grenoble.</span></em></h4> <p>C’est en modifiant la géométrie du modèle de référence que nous générerons des modèles biomécaniques pour les langues fossiles. Pour cela, en nous appuyant sur des outils mathématiques combinant des transformations géométriques complexes, nous déterminons tout d’abord la transformation géométrique optimale qui permet de passer de la géométrie du crâne et de la mandibule de l’humain actuel à celle du crâne et de la mandibule de l’humain fossile.</p> <p>Puis nous appliquons cette transformation géométrique au modèle de langue du premier pour le déformer et en faire un modèle de langue pour le second, avec sa forme spécifique, ses structures musculaires, et ses interactions avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde…</p> <p>Mais dans quelle mesure peut-on faire confiance à une transformation géométrique basée sur les structures osseuses pour prédire les tissus mous de la langue ? Pour répondre à cette question, cruciale pour valider la méthode, nous avons choisi d’évaluer leur méthode sur la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin, un primate non-humain dont la morphologie de la tête est très différente de celle d’un Homo Sapiens.</p> <p>Notre hypothèse en la matière consiste à dire que si cette méthode marche pour un tel primate, alors il est vraisemblable qu’elle sera fiable pour la prédiction de la langue de tous les humains fossiles dont les crânes sont moins différents de celui d’un Homo Sapiens, que ne l’est celui d’un babouin.Nous avons alors généré deux modèles de langue de babouin. Le premier a été conçu en utilisant une transformation géométrique optimale déterminée en prenant en compte les structures osseuses et les tissus mous de la tête. Comme on peut s’y attendre, la complétude des informations morphologiques prises en compte permet d’obtenir un modèle qui décrit avec une grande précision la morphologie de la langue du babouin.</p> <p>Puis nous avons généré un second modèle, en déterminant la transformation géométrique optimale sur la seule base des informations sur les structures osseuses, ignorant celles sur les tissus mous. Ce second modèle s’est avéré être très proche du premier et la fiabilité de cette prédiction a été validée par des outils statistiques de quantification des incertitudes développés par Anca Belme à l’Institut Jean Le Rond d’Alembert de Sorbonne Université. Nous avons alors pu conclure que notre méthode est fiable pour générer, à partir des seules structures osseuses, des modèles biomécaniques réalistes pour les langues de primates, qu’ils soient humains ou non humains, qu’ils soient vivants ou (bientôt car les analyses sont en cours) fossiles.</p> <p>C’est en exploitant cette méthode, que nous travaillons actuellement à la génération de modèles biomécaniques de la langue d’humains fossiles, tels que les <em>Homo Heidelbergensis</em> connus en Europe à partir de 600 000 ans ou les Néandertaliens de 70-50 000 ans, à partir respectivement des ossements d’Arago 21 (grotte à proximité de Perpignan) et de ceux de La Ferrassie 1 en Dordogne. Notre but est d’explorer systématiquement les conséquences des activations des muscles de la langue dans ces modèles, d’observer le spectre des formes de la bouche qui peuvent ainsi être générées et d’analyser les caractéristiques des sons qui seraient ainsi produits par les fossiles, en faisant l’hypothèse qu’ils possédaient des cordes vocales et des capacités pulmonaires similaires à celles des Homo Sapiens. Il sera aussi possible de tester quantitativement, en jouant sur la position de l’os hyoïde, connecté au larynx, dans quelle mesure la position, plus ou moins haute, du larynx est susceptible d’influencer la richesse des formes de bouches et des sons produits.</p> <p>C’est la méthodologie de recherche que nous avons choisie pour percer le mystère de l’émergence au cours de l’évolution humaine de la capacité à produire avec la bouche des sons suffisamment variés pour constituer la base d’un langage utilisant l’acoustique pour véhiculer des idées entre congénères…<img src="https://counter.theconversation.com/content/226977/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/pascal-perrier-1528361">Pascal Perrier</a>, Professeur en Mathématiques du Signal - Modèles biomécaniques orofociaux - Modèlisation du contrôle moteur de la production de la parole, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/institut-polytechnique-de-grenoble-grenoble-inp-2428">Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/amelie-vialet-1528373">Amélie Vialet</a>, Maître de conférences en paléoanthropologie, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/yohan-payan-1528354">Yohan Payan</a>, Chercheur en biomécanique des tissus mous, laboratoire TIMC (CNRS, Univ. Grenoble Alpes), <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279">Université Grenoble Alpes (UGA)</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/emergence-du-langage-dans-levolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees-226977">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'emergence-du-langage-dans-l-evolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 12, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/emergence-du-langage-dans-levolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees-226977', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 10, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical, qui estime non seulement que la description des climats de la Terre peut se résumer à des impressions subjectives, mais qu’en plus ces climats peuvent être soumis à la seule volonté humaine.', 'subtitle_edition' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical.', 'content' => '<p style="text-align: center;">Dr <strong>Eric Verrecchia</strong>, biogéochimiste</p> <hr /> <p>Ce solipsisme contribue à la construction d’une illusion de masse encouragée par la substitution de modèles numériques virtuels à la réalité du monde. Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 52, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. Pour beaucoup, c’est la famine, le mot n’est pas trop fort. Pas pour les privilégiés qui disposent de dollars. L’envoyé spécial du «Figaro» décrit le supermarché qui fait fureur à La Havane: Diplomarket, qui regorge d’aliments et d’articles ménagers.', 'subtitle_edition' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. Pour beaucoup, c’est la famine, le mot n’est pas trop fort. Pas pour les privilégiés qui disposent de dollars. L’envoyé spécial du «Figaro» décrit le supermarché qui fait fureur à La Havane: Diplomarket, qui regorge d’aliments et d’articles ménagers.', 'content' => '<p>Le commerce est d<span>irigé par un Cubano-américain, Frank Cuspinera Medina, dans le cadre d’une société enregistrée en Floride avec des capitaux de diverses sources, espagnoles notamment. Les vastes hangars se trouvent à une dizaine de kilomètres du centre, sans desserte de transports publics. Tous les jours, c’est là un défilé de belles voitures. Pas seulement à plaques diplomatiques. L’île en détresse a ses nouveaux riches. </span></p> <p><span>«La plupart des Cubains seraient capables de faire un infarctus, tant il y a de nourriture et de produits qu’ils n’ont jamais vus de leur vie et qu’ils ne pourront jamais se payer», lâche une pharmacienne venue en side-car avec son mari «pour voir ça». Seuls moyens de paiement, le dollar, l’euro, les cartes Visa et Mastercard dans ces monnaies, non accessibles aux Cubains. Les amateurs de viande veillent à garder le ticket de caisse, car ailleurs il est interdit d’acheter du bœuf hors des restaurants et la police contrôle les voitures. Les caissières sont vêtues de tee-shirts estampillés Saint-Gobain, sans que personne ne sache quel est ici le rôle de cette entreprise. Toutes sont jeunes, blanches, souriantes. «Il n’y a qu’un jeune Noir, sûrement qu’ils s’en servent pour décharger les caisses», raille une cliente mulâtre. </span><span>Le Parti communiste au pouvoir a l’échine souple. Et s’accommode des arrangements les plus douteux.</span></p> <hr /> <h4><a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/diplomarket-ce-supermarche-americain-qui-fait-fureur-a-cuba-20240414" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'cuba-entre-famine-et-abondance', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 38, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4861, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La démocratie, oui… si elle convient', 'subtitle' => 'Le site Infosperber a publié une provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'subtitle_edition' => 'Le site Infosperber a publié provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'content' => '<p style="text-align: justify;"><span>Ces derniers temps, la majorité bourgeoise a pris un cap discutable en matière de politique nationale : de plus en plus souvent, elle plie à sa volonté les plébiscites et les décisions démocratiques qui ne lui conviennent pas - au besoin contre les règles de procédure établies, la Constitution fédérale et la volonté du peuple. Oui à la démocratie - mais seulement au cas par cas ? On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. Bien que plusieurs semaines se soient écoulées entre-temps, les partis bourgeois n'arrivent pas à se résigner à leur défaite, restent en mode combat, se moquent de la décision populaire et la torpillent avec des propositions de financement abracadabrantes. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Cela a culminé récemment avec la NZZ, qui a suggéré avec malice d'introduire une réglementation permettant de renoncer volontairement au supplément de rente. On pourrait considérer cette rhétorique comme une manière de surmonter la douleur des perdants de la votation. Mais ce serait sous-estimer le phénomène. Car le discrédit jeté par la majorité bourgeoise sur les plébiscites indésirables fait désormais partie du système. Elle sert à préparer le terrain pour pouvoir attaquer plus tard les verdicts démocratiques au Parlement, à justifier les manœuvres douteuses du point de vue de la politique nationale ainsi que les atermoiements juridiques nécessaires et à leur donner une apparence de légitimité.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Une évolution inquiétante</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Les six décisions prises récemment par le Conseil des États et le Conseil national illustrent ce que l'on entend par là. Il y a un an, le Parlement bourgeois a permis au Conseil fédéral, dans le cadre d'une procédure sans précédent, de signer le contrat d'achat des avions de combat F-35, alors qu'une initiative populaire était en suspens. Une votation a ainsi été empêchée de facto, un droit populaire a été invalidé et les opposants ont été refroidis.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En 2021, le peuple a approuvé l'initiative sur les soins, contre la volonté des bourgeois. Elle est aujourd'hui encore bloquée. C'est précisément ce que les représentants du PLR avaient menacé de faire en cas de "oui" : repousser la décision du peuple aux calendes grecques. Le secteur des soins y voit à juste titre une violation de la Constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Sous la pression de la majorité bourgeoise, le Conseil fédéral a présenté en janvier un projet visant à annuler les salaires minimaux cantonaux existants. Le Conseil fédéral lui-même a mis en garde contre cette intention et l'a qualifiée d'anticonstitutionnelle, car elle bafoue la souveraineté cantonale et le principe de légalité.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars de cette année, la majorité bourgeoise a fait échouer la mise en œuvre de l'initiative populaire contre la publicité pour le tabac, approuvée en 2022, en voulant imposer des règles spéciales qui étaient en retrait par rapport à l'ancienne loi. Même les médias bourgeois ont parlé d'une violation de la volonté populaire.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars également, les bourgeois ont troué la loi sur les résidences secondaires avec des exceptions si larges que le Conseil fédéral a dû constater que la Constitution était ici violée. La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. Il s'agit de moins en moins de concevoir la démocratie comme un moyen d'établir le bien commun et la justice, mais plutôt de la contourner et de la déformer pour mieux faire valoir des intérêts économiques particuliers.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Ensuite, concernant la radicalisation dans l'éventail politique de droite : elle a rendu les gens vulnérables à une mentalité autoritaire de "maître chez soi". L'importance de valeurs telles que les droits de l'homme et le principe d'égalité ainsi que le respect des principes de la politique d'État s'estompe. Dans ces milieux, la démocratie et la constitution ne sont invoquées que lorsqu'elles servent leur propre idéologie et peuvent être utilisées comme moyen pour atteindre une fin. Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-democratie-oui-si-elle-convient', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 53, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 9900, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'file-20230125-7959-fk3erh.jpeg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 134694, 'md5' => '0af25d23b47f11d91ecccd5ed8c5147d', 'width' => (int) 926, 'height' => (int) 867, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Homme à genoux pratiquant un cunnilingus à une prostituée, fresque des thermes suburbains, Pompéi. Ier siècle. Wikipédia', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1674724926_file202301257959fk3erh.jpeg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'Bon pour la tête' $description = 'On trouve beaucoup d’histoires de débauche chez les auteurs antiques, grecs et latins, qui mettent en garde les hommes réputés libres et civilisés contre les dangers qui les menacent, qu’il s’agisse d’excès de vin, de nourriture ou de sexe. Mais la notion de débauche correspond toujours à un regard moral et subjectif.' $title = 'Sexualité: la débauche, une invention antique?' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 216, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'sexualités', 'slug' => 'sexualites', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' } $edition = object(App\Model\Entity\Edition) { 'id' => (int) 98, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'num' => (int) 97, 'active' => true, 'title' => 'Edition 97', 'header' => null, '_joinData' => object(App\Model\Entity\EditionsPost) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Editions' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire