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Culture / La maladie mentale en question: le fou, le génie et le sage

Stéphane Venanzi

5 septembre 2018

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Hara-Kiri nous l'a très vite démontré par l'exemple : la pub nous prend pour des cons, la pub nous rend cons. Mais si ce n'était que ça... Le pire, c'est que la paresse mentale à l'œuvre dans la publicité s'est depuis propagée partout. En particulier dans ce qu'on nomme aujourd'hui la communication.



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Ainsi, pour vendre Le fou, le génie et le sage, de Maimouna Ndiaye, il nous est dit : «Depuis 2009, la réalisatrice est allée à la rencontre de ceux que l'on ne filme jamais en Afrique, ceux dont on a peur ou honte, ceux qu'on appelle les «fous». C'est beau! C'est méritant! Dommage, sans chercher à être exhaustif, qu'en 2013 déjà, Alexis Duclos et Roger Motte aient réalisé Les enchaînés — La santé mentale au Bénin et en Côte d’Ivoire: un documentaire sur le travail de l'association St-Camille – ce n'est d'ailleurs pas le seul documentaire à s'intéresser à l'action de la St-Camille, puisque Grégoire Ahongbonon, le fondateur de ladite association, s'est récemment retrouvé au centre d'un reportage Arte de Fanny Lépine : Bénin : Au chevet des oubliés... Dommage également qu'en 2014, Joris Lachaise ait sorti son enquête Ce qu'il reste de la folie. Une oeuvre dans laquelle, selon les propres dires de son réalisateur, «(...) le thème de la "folie" tend (...) à jouer son rôle politique de révélateur de la société sans l’énoncer frontalement»4...

Quant à la fiction, elle n'est pas en reste. En 1971 le sénégalais Ababacar Samb Makharam tournait son premier long métrage : Kodou. L'histoire d'une jeune fille considérée comme folle par ses pairs, traînée d'hôpital psychiatrique en guérisseur traditionnel, sans que personne ne parvienne à comprendre ce qui lui arrive vraiment...

Le sujet du documentaire de Maimouna Ndiaye n'a donc rien de nouveau et ce n'est assurément pas lui qui fait l'intérêt du film. Par contre, l'approche de la réalisatrice est déjà plus intéressante.

«Le fou, le génie et le sage» se compose de trois types de séquences, qui s'entremêlent plus ou moins harmonieusement, plus ou moins efficacement.

«Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi»

Dans le premier type, Maimouna Ndiaye va à la rencontre des «fous». Avec une belle empathie et une grande capacité d'écoute, elle offre à ces «invisibles» de se raconter. Avec sa caméra, elle leur crée aussi un espace à l'intérieur duquel ils peuvent exister à leur guise. Les laissant choisir par exemple d'interagir ou non avec l'objectif. Ce qui nous vaut d'ailleurs l'un des plans les plus puissants du film. Un regard caméra de Nikiéma Tanga Koutiekha Fulgence dont l'intensité scrutatrice donne à la fois envie de citer Nietzsche : «Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi». Mais aussi les propos tenus dans le film par le psychiatre Sanou Sezouma : «Le problème est complexe. Parce que l'image du malade mental que nous voyons dehors renvoie à notre propre image. À des questions qu'on se pose soi-même, sur son propre état mental». Par ailleurs, ce regard caméra (un plan qu'aujourd'hui encore les reportages télévisuels refusent le plus souvent) m'a aussi évoqué le passage de Sans soleil tourné en Guinée-Bissau par Chris Marker.

Dans le second type de séquences, la réalisatrice documente différentes pratiques de guérison, sans les commenter en voix-off.

Et dans le troisième, elle s'applique à démystifier la figure du psychiatre. Pour ce faire, elle donne certes la parole à d'éminents spécialistes, mais ceux-ci s'expriment de manière à être compris de tous. De plus, ils ne portent pas de blouse blanche, ni ne se mettent en scène devant un imposant mur d'épais ouvrages censé souligner leur incommensurable savoir...

Le matériau de base ne manque donc pas d'intérêt. Le vrai problème, c'est la construction du film. Car après une première séquence captivante, le réalisatrice ne contextualise pas tout de suite son sujet. Et faute de bien comprendre ce qui se passe, l'attention du spectateur se dilue inévitablement. Elle se dilue en fait jusqu'à ce qu'intervienne le psychiatre Sanou Sezouma. À partir de là, en même temps que le propos se structure, le film devient passionnant. Mais cela se gâte à nouveau avant la fin... En s'appesantissant tout à coup sur les pratiques du tradipraticien Seydou Bikienga, Maimouna Ndiaye déséquilibre la structure de son film et brouille son propos. Par chance, Nikiéma Tanga Koutiekha Fulgence se charge de conclure l'affaire avec toute la folie pleine de bon sens requise.



Le fou, le génie et le sage sera projeté jeudi 6 septembre à 20h30 à Pôle Sud (av. Jean-Jacques Mercier 3, Lausanne)




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