Culture / Triennale sur une autoroute
Sortie de route: direction Triennale © Michèle Laird
Josette Taramarcaz, TobleRhône L’artiste valaisanne installe son œuvre comme un reflet du paysage. © Michèle Laird
Pipilotti Rist, Selbstlos im Lavabad Vidéo historique de 1994 où l’artiste appelle au secours à travers un minuscule trou. A l'entrée du Relais. © Annik Wetter / Collection Musée d'art et d'histire, Genève
Didier Faustino, This is not a love song Un angle «éclaté» conçu comme une scène spectaculaire ou un lieu dédié à des événements particuliers. Annik Wetter
Jerôme Leuba, #battlefield, 2017 Dans le parking attenant au Relais, les tentes colorées de Leuba installent un malaise par évocation d’un campement de migrants. © Annik Wetter
Abraham Poincheval, La Bouteille L'artiste passe une semaine dans l'habitacle sans en sortir. © Annik Wetter
Cédric Raccio, Sanctuary Série photographique qui porte sur la musique métal et qui illumine le restaurant, tels des vitraux de cathédrale. © Annik Wetter
Daniel Zamarbide et Leopold Banchini, Bureau Les notions de temporalité et de spontanéité sont au cœur de la démarche des deux architectes. © Annik Wetter
Fabrice Gygi, Autoportrait Sculpture de l'artiste dans un sac de couchage, une œuvre qui a suscité des réactions fortes, comme celle de Delphine Reist. © Annik Wetter
Monica Bonvicini, Desire Une sculpture au deuxième degré qui dénonce le piège des stéréotypes. © Annik Wetter
Le Relais du Saint-Bernard sur l’A9 reçoit la 4e Triennale d’art du Valais. Lieu improbable pour une manifestation d’art contemporain, 30 artistes confirmés, d’ici et d’ailleurs, investissent l’espace hybride, entre mécanique et nature, la plupart avec des œuvres créées pour l’événement. Pause ludique jusqu’au 22 octobre.
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Il voulait proposer «une sortie de route» pour cette Triennale. </p><p>En plus des éléments classiques d’une aire autoroutière, le Relais du Saint-Bernard et sa zone de loisirs réunissent sur un kilomètre carré toutes les caractéristiques du Valais: lacs, plages, carrière, éolienne, ponts, tunnels, rivière, canal, cultures maraîchères et viticoles mais encore un parc d’attraction à la thématique du western. «Des lieux sublimes. Il ne manque que la montagne!»</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1504257140_louperelais3b.jpg">Vue aérienne du Relais du Saint-Bernard où se mêlent station-service, restaurant, office de tourisme, loisirs et, jusqu'au 22 octobre, art. </h4><h3> La force du contexte</h3><p> Pourfendeur d’une relation moins marchande à l’art, le curateur s’interroge sur la capacité pour l’art de garder sa valeur prospective. Dans son développement fulgurant, il observe une simplification du discours artistique et un rapprochement au monde du spectacle. <em><sup><br></sup></em></p><p><em><sup><br></sup></em></p><p><em><sup><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w400/1504536468_capturedecran20170904a16.41.36.jpg"></sup></em></p><blockquote><h3><em><sup>«L’art sert-il encore à changer le monde ou du moins à le voir différemment?»</sup><br></em></h3><p><sup><strong>Simon Lamunière, curateur</strong></sup></p></blockquote><p>Il n’y a pas de courage sans danger, pas de plaisir sans audace, et pas d’art sans prise de risque, suggère-t-il. 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Les surréalistes se sont beaucoup amusés dans les fêtes foraines, comme dans les photomatons.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1714625866_christianmarclayvideostillfromphotomatoncollectionphotoelyse.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Christian Marclay, Video still from Photomaton © Collection Photo Elysée</em></h4> <p><strong>Dans votre œuvre minuscule présentée à Lausanne et réalisée à partir des milliers de tirages du photomaton installé à Photo Elysée, vous faites déferler les images à la vitesse d’un film.</strong></p> <p>Comme les films de Man Ray nous le rappellent, nous étions au début du cinéma. C’était encore le début de la peinture abstraite et on peut dire que Man Ray faisait déjà de la photographie abstraite.</p> <p>Prenons le temps de réfléchir à ce que cela voulait dire d’avoir une caméra devant soi à l’époque. Ce que faisait Man Ray avec l’appareil photo était d’autant plus remarquable. Aujourd’hui, c’est devenu banal, tout le monde a une caméra dans son téléphone.</p> <p><strong>Et vous, que faites-vous pour échapper à la banalité?</strong></p> <p>J'estime que le rapport physique à la photo est très important. C’est pourquoi j’ai choisi ce thème du photomaton lorsque j’ai été approché pour ce projet de collaboration avec les élèves de l’Ecal.</p> <p>Dans mon travail, la présence du spectateur est essentielle. 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Et après la photo?</strong></p> <p>Je suis persuadé que l’art redevient tactile, je dirais, même, analogique. Les portraits de Cindy Sherman sont intéressants car, depuis sa plongée dans le numérique, elle introduit des éléments en couleur qui sont collés directement sur la photo, en relief.<em></em></p> <blockquote> <p><em>L’artiste américaine, <a href="https://elysee.ch/expositions/cindy-sherman/" target="_blank" rel="noopener">Cindy Sherman (1954)</a></em><em> commençait dans les années 1970 ses travaux sur la représentation et l’identité en se prenant comme seul sujet. Ses autoportraits tiennent d’un étrange équilibrisme entre le soi et l’extravagance artistique. Depuis 2010, elle s’autorise les exagérations du numérique.</em></p> </blockquote> <p><strong>A l’ère digitale, pourquoi privilégier le lien physique?</strong></p> <p>Plus que jamais! Mon travail cherche ce rapport physique à l’image, comme avec le son. Même mes peintures établissent un rapport au son, ce sont des collages d’onomatopées qui fonctionnent comme des partitions, comme si on pouvait entendre le peintre en train de peindre.</p> <p>La façon dont on perçoit les images m’intéresse. Pour la petite anecdote, j’ai vu l’autre jour un jeune qui tentait d’élargir une image sur papier dans un magazine comme sur l’écran de son téléphone…</p> <p><strong>Dans vos montages vidéo, vous utilisez souvent des images anciennes. Pour quelle raison?</strong></p> <p>Je leur donne une nouvelle vie, je les fais revivre. En même temps, je m’en sers pour ce rapport à la physicalité, je crée une rencontre avec le spectateur. Je compte sur sa présence pour l’amener ailleurs. Il devient l’acteur principal, l’œuvre n’existe pas tant qu’il n’y a pas cette interaction.</p> <p>Dans «Doors», qui sera présenté en septembre dans le cadre du <a href="https://www.images.ch/en/biennale/" target="_blank" rel="noopener">Festival Images de Vevey</a>, j’utilise la répétition et les bifurcations de scènes de films pour déstabiliser le public et créer une tension. Je jongle avec la temporalité, puisque les séquences ne sont pas linéaires: une même porte permet d’accéder à des suites différentes.</p> <p><strong>Qu’en est-il de la performance, lorsque vous vous mettez en scène, on pourrait même dire en musique, puisque vous êtes également compositeur et musicien?</strong></p> <p>Cela tient de la même dynamique, au même rapport au physique. J’attache de l’importance à la rencontre sociale qui permet le partage et au passage d’un temps en commun. 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Une illumination sans précédent </em>(2003), coordinatrice du Comité Nicolas de Staël et conseillère scientifique de l’exposition, est la fille d’Anne de Staël (1942), la fille que Nicolas de Staël (1914-55) a eue avec Jeannine Guillou (1909-46), une artiste française qu’il avait rencontrée au Maroc en 1937 et qui a joué un rôle déterminant dans la vocation et l’évolution du peintre.</p> <p>Cet article complète <a href="https://bonpourlatete.com/culture/nicolas-de-stael-la-lumiere-vorace" target="_blank" rel="noopener">Nicolas de Staël, la lumière vorace,</a> paru le 8 mars.</p> <p><strong>Michèle Laird: A force de chercher, de toujours se renouveler, Nicolas de Staël manquait-il de confiance en lui-même?</strong></p> <p><strong>Marie du Bouchet</strong>: Non, il était très sûr de lui. Il avait le don de la certitude: il savait qu’il avait quelque chose en lui. Dès son jeune âge, il a cherché à convaincre ses parents adoptifs d’avoir confiance en son choix de devenir artiste, malgré les réticences du père qui voulait qu’il devienne ingénieur, comme lui.</p> <p><strong>Par artiste, entendez-vous peintre? </strong></p> <p>Pas seulement. On se rend compte dans ses écrits de jeunesse, alors qu’il est en train de se constituer en tant qu’artiste peintre, que l’écriture reste très importante puisqu’il décrit toutes ses sensations.</p> <p>Dans une édition récente des textes qu’il a écrits lors d’un voyage au Maroc et qui n’ont que récemment été trouvés (<em>Le voyage au Maroc</em>, Nicolas de Staël, Editions Arléa, 2023), on découvre qu’à 23 ans il était déjà capable d’exprimer un profond sentiment de la vie et qu’il percevait toutes les possibilités de la lumière. On voit la présence de sa future palette dans ses textes. 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Son intérêt pour les musiques vivantes le conduisait aux concerts du domaine musical tenu par Suzanne Tézenas à Paris avec Pierre Boulez. Sa dernière toile, <em>Le Concert</em>, 1955, immense (6 m de large), inachevée, a du reste été réalisée au retour d’un concert de musique contemporaine, juste avant sa mort.</p> <p><strong>Sa vaste correspondance, donne-t-elle des clés pour le comprendre?</strong></p> <p>C’est assez particulier, c’est comme s’il avait inventé sa propre langue tellement il voulait dire les choses exactement, comme il les ressentait. Il écrivait au rythme de sa pensée. Il se passe dans ses lettres exactement ce qui se passe dans sa peinture: il nous donne un moyen très précis d’entrer dans ses motivations intérieures. Il nous donne à lire, exactement comme il nous donne à voir.</p> <p><em>Ndlr: </em>Lettres 1926-1955 de Nicolas de Staël<em> (présentation, commentaires et notes de Germain Viatte), édition augmentée 2016, Le Bruit du Temps. 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Le public, lui, n’a jamais été dérangé par le fait que de Staël n’appartenait à aucune école.</p> <p><strong>Son retour à la figuration, après sa période d’abstraction, en a pourtant dérouté plus d’un.</strong></p> <p>Pour moi, il s’agissait d’une évolution naturelle de sa peinture, pas forcément d’un retour à la figuration, mais d’une exploration de formes. Du reste, chez ce peintre-là, même l’abstraction reste ancrée d’une façon très particulière dans le réel, dans l’observation de la lumière et de la structure d’un espace réel. C’est vraiment le propre de son abstraction. Il était toujours à la limite de quelque chose de très concret.</p> <p><strong>Quelle était la place du dessin dans ses explorations?</strong></p> <p>Il travaillait le dessin et la peinture concomitamment, c’était vraiment un dialogue, sans que le croquis ne soit nécessairement préparatoire. Si le trait du dessin contient toute l’énergie de sa peinture, cela tient à sa capacité de synthèse – cette synthèse que l’artiste sait établir. On la retrouve dans ses dessins.</p> <p>Il cherchait toujours cette lumière qui surgit du fond de la toile, ou du fond de la page du dessin. On peut dire que la simplicité du trait va lui permettre de travailler ce rapport à la lumière qu’il va poursuivre à travers la peinture.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710969110_destaeletudedepaysageitaliedessinesurlemotif1953stylofeutresurpapier322x262cmcollectionparticuliere.jpg" /></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710969062_destaelsiciliedessinesurlemotif1953stylofeutresurpapier322x262collectionparticuliere.jpg" /></p> <h4>Lors d’un voyage en Italie réalisé en août 1953 avec sa famille, et deux amies, dont Jeanne Polge, de Staël ne peint pas, il dessine. 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C’était quelqu’un de très enthousiaste qui parlait tout le temps de joie, y compris dans sa correspondance. S’il rencontrait des moments de remise en question, la peinture l’entrainait vers la grande énergie qu’il recherchait, qu’il percevait et dont il a su nous rendre compte. Les spectateurs le sentent très bien aujourd’hui encore.</p> <p><strong>Comment se comportait-il avec son entourage?</strong></p> <p>Il y avait beaucoup de bonheur dans son couple avec Françoise <em>(Ndlr: de Staël épousa Françoise Chapouton en 1946 après le décès de Jeannine Guillou, et avec laquelle il eut trois autres enfants)</em>, des déjeuners passionnants, des sujets toujours essentiels, enflammés, donc je pense que ça crée une vie extraordinairement dense et enlevée pour ceux qui vivent dedans.</p> <p>En même temps, il pouvait être très colérique, voulant les choses telles qu’il les concevait au moment-même, et s’il y avait de la résistance, il le supportait mal. Comme l’explique ma mère, Anne de Staël, il était toujours en effraction, il forçait les choses. Ça, c’est un trait de caractère qui peut rendre les choses difficiles pour l’entourage.</p> <p><strong>Ce qui frappe dans sa correspondance, c’est combien il se préoccupait des autres.</strong></p> <p>Il avait une grande tendresse pour s’adresser à la mère de Françoise et à sa grand-mère; en fait, il les adoptait, pour sans doute se faire adopter lui-même, en tant qu’orphelin… Il était absolument charmant. Tout le monde l’aimait beaucoup. Il n’était pas du tout le genre d’artiste à qui on ne pouvait pas s’adresser, qui restait dans son mutisme. Il donnait énormément à tous ceux qui l’entouraient.</p> <p><strong>N’a-t-il jamais eu un sentiment d’échec pendant ses années de misère?</strong></p> <p>Jamais, il était comme tiré par la direction dans laquelle il allait. Le déroulement était très logique. Même dans le dénuement le plus total pendant la guerre, il n’en a jamais dévié.</p> <p><strong>Ressentez-vous sa présence dans sa peinture?</strong></p> <p>C’est curieux comme question, mais il est vrai que l’on peut avoir l’impression d’être en sa présence devant ses tableaux. Sans doute est-ce l’effet d’une émotion indéfinissable face à un élan artistique qui ne ressemble à aucun autre.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710969451_destaelpaysageavecfiguresdetail1952huilesurcarton12x22cm.jpg" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Nicolas de Staël, "Paysage avec figures" (détail) 1952, huile sur carton, 12 x 22 cm</em></h4> <p><strong>Aidez-nous à comprendre ce qui a mené à son suicide. 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Peut-on parler d’un acte désespéré?</p> <p><strong>Il écrivait dans sa note d’adieu à son marchand, Jacques Dubourg, le jour de sa mort, le 16 mars 1955, qu’il n’avait plus la force de parachever ses tableaux.</strong></p> <p>Contrairement aux peintres qui ne nous donnent pas les mots pour comprendre, Nicolas de Staël s’est exprimé jusqu’au bout.</p> <p><strong>De Staël est-il resté plus intemporel que les autres? </strong></p> <p>C’est vrai, de Staël a cette chose étonnante, c’est qu’il reste éternellement jeune. Il est d’ailleurs mort jeune et c’est comme si sa jeunesse était restée imprimée dans sa peinture. 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Eternel exilé de sa Russie natale, issu de l’aristocratie militaire qui a fui la révolution en 1917, orphelin à sept ans, de Staël a mené une vie d’une frénésie extrême avec comme seule boussole son besoin de créer.</p> <p>«C’est notre James Dean à nous», avance Pierre Wat, commissaire avec Charlotte Barat-Mabille des expositions de Staël au Musée d’art moderne de Paris et la Fondation de l’Hermitage.</p> <p>D’une beauté sauvage, photogénique, immense avec son 1m97, le mythe de Staël a dévoré l’homme. «L’enjeu était de ramener le regard sur sa peinture».</p> <p>Si la récente exposition de Paris se prêtait à la vénération d’un artiste que le public a toujours aimé, celle de Lausanne nous rapproche de l’intimité de l’homme, aidée par le charme de l’Hermitage.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709151058_stael_parcdesprinces_1952scaled.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Le 10 avril 1952, de Staël et sa femme Françoise assistent au premier match de foot éclairé en nocturne au Parc des Princes. «Entre ciel et terre, sur l’herbe rouge ou bleue une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute invraisemblance. 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Il n’était pas attaché à ses œuvres – qu’il laissait partir comme un passé déjà oublié – comme si le seul fait de les avoir réalisées lui suffisait. Ses innombrables lettres, d’une qualité d’écrivain, sont celles d’un être fébrile, exigeant, loyal, amoureux, insupportable, mais généreux, se préoccupant des autres et, paradoxalement, ne se comportant jamais en héros. Il se lit comme un livre ouvert.</p> <p>«C’est la plus belle exposition consacrée à Nicolas de Staël que j’aie jamais vue» déclarait l’artiste Elena Prentice, à Lausanne. 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Photo Thomas Hennocque © 2023, ProLitteris, Zurich</h4> <p>Seule critique, le superbe catalogue de l’exposition termine avec une analyse du déclin de la reconnaissance du peintre dès son retour à la figuration au début des années cinquante – après son passage par l’abstraction – et face à l’émergence de l’Expressionisme américain (Pollock, Rothko, Rauschenberg…), comme si le monde de l’art pouvait lui dicter ce qu’il devait devenir. Peut-on encore imaginer un peintre plus proche de sa propre vérité sans l’interférence de chapelles artistiques? De Staël est resté fidèle à lui-même, restant libre à jamais.</p> <p>«<span>L’homme était désespéré, </span>mais l’artiste est resté jusqu’à la fin face à la beauté», observe Pierre Wat.</p> <p>L’échec d’une histoire d’amour a trop longtemps alimenté la légende romanesque du suicide de l’artiste. Dans une interview exclusive à venir, sa petite fille, Marie du Bouchet, nous livre une autre version: Nicolas de Staël serait mort d’épuisement.</p> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709151914_portraitdestael.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></h4> <h4 style="text-align: center;"><em>De Staël a 40 ans. Denise Colomb réalisera une série de portraits sur deux jours, le peintre tout en blanc devant ses tableaux le premier jour, le deuxième jour tout en noir devant les murs vides.</em></h4> <h4 style="text-align: center;">Portrait de Nicolas de Staël dans son atelier, 1954, photo Denise Colomb. Ministère de la Culture – Médiathèque du patrimoine et de la photographie © RMN-Grand Palais</h4> <hr /> <h4 style="text-align: left;">Pour en savoir plus, <a href="https://www.rts.ch/play/tv/la-culture-en-films/video/nicolas-de-stal-la-peinture-a-vif?urn=urn:rts:video:14712006" target="_blank" rel="noopener">Nicolas de Staël, la peinture à vif</a>, un documentaire réalisé par François Levy Keuntz.</h4> <h4>En partenariat avec le Musée d’Art Moderne de Paris / Paris Musées.</h4> <h4>Exposition jusqu’au 9 juin 2024 à la <a href="https://fondation-hermitage.ch/" target="_blank" rel="noopener">Fondation de l'Hermitage</a>.</h4> <h4></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'nicolas-de-stael-la-lumiere-vorace', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 220, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 131, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4694, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L’art, une arme contre la destruction de l’Amazonie', 'subtitle' => 'Photo Elysée présente «Broken Spectre» jusqu’au 25 février, une œuvre d’art engagé grandiose de l’artiste irlandais Richard Mosse (1980). 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Réalisée au moyen de caméras multispectrales et de capteurs ultrasoniques, le film d’une durée de 74 minutes donne à voir des images et à entendre des sons qui sont en dehors de nos champs de perception.</p> <h3>Photo / Art</h3> <p>«Je cherche les lignes de faille de la photographie documentaire pour trouver de nouvelles façons de raconter des histoires», expliquait Mosse lors du vernissage. Il estime que l’art permet aux images de durer, contrairement à un reportage trop vite éteint quand il devient insupportable.</p> <blockquote> <p><em>«Je fais appel à l’art pour donner de la puissance aux images, car la beauté est un outil efficace, elle dépasse l’horreur et devient une arme contre l’indifférence».</em><em></em></p> <p><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1704798071_richard_mosse_capture_tiree_de_broken_spectre_rondonia_sig_aerien_multispectral_richard_mosse.2.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></em></p> <h4><em>Les terres de la forêt sont dégagées par des incendies sauvages, dont celles pour faire place aux cultures intensives, essentiellement de soja. Près de 20% de la surface de la forêt amazonienne est déjà scalpée. 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Des scènes effroyables – tournées en noir et blanc analogique pour son effet velouté – d’abattage d’arbres centenaires, de bêtes issues d’élevages ultra-intensifs, de mercure utilisé pour l’extraction d’or versée dans les cours d’eau, d’incendies provoqués au pétrole pour dégager les sols, sont entrecoupées d’images technicolor et de sons magnifiées du lit de la forêt, de tapis à l’infini de la canopée captée à l’infrarouge (où la chlorophylle se traduit par des teintes de rouge et rose vifs), autant de chefs-d’œuvre de la nature invisibles à l’œil nu – et de tableaux abstraits.</p> <blockquote> <p><em>La clé est dans le montage, précise Mosse, «passer d’une dimension à l’autre pour créer une dissonance visuelle, c’est là où la magie opère.»</em><em></em></p> <p><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1704798162_richard_mosse_vue_exposition_de_broken_spectre_national_gallery_of_victoria_tom_ross.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></em></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705486767_richardmossebrokenspectrevuedexposition.bw.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Les scènes qui illustrent les ravages perpétrés par l’homme sont filmées en noir et blanc.</em></h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1704798223_richard_mosse_vue_exposition_de_broken_spectre_national_gallery_of_victoria_tom_ross.2.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705486865_richardmossebrokenspectrevuedexposition.couleur.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Les scènes qui documentent l’état de la forêt amazonienne sont filmées avec des caméras multispectrales qui permettent d'enregistrer en une seule prise de vue plusieurs longueurs d'onde du spectre lumineux et ensuite de choisir quelles couleurs rendre visibles pour révéler les détails. 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Les hommes et femmes qui participent à cette destruction ne sont pourtant pas des démons, ils travaillent pour des cercles mafieux de plus en plus puissants au service du commerce international, prévient Mosse, qui les filme sans hostilité; il n’est pas indifférent à leur sort.</p> <h3>Art / Politique</h3> <p>«Mon travail consiste à partager, à communiquer, non pas à juger». Mosse s’appuie sur les thèses du philosophe Walter Benjamin pour expliquer qu’une œuvre d’art ne doit pas servir de propagande.</p> <blockquote> <p><em>«A mon avis, l’art ne vous dit pas ce que vous devez penser. Mon intention est de désorienter le spectateur (visiteur) pour qu’il décide de lui-même. Je me contente de donner la texture des crimes environnementaux»</em>, rappelle Mosse.</p> </blockquote> <p>Son film a cependant pris une tournure politique imprévue par le hasard d’une actualité tragique. Le lendemain d’une fusillade par des <em>garimpeiros</em> (chercheurs d’or) contre une communauté indigène de Yanomamis qui avait empêché la livraison et brûlé l’essence nécessaire à leur campement, Mosse et son équipe arrivaient sur place et tombaient sur Adneia.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705487011_richardmossecapturetireedebrokenspectreroraimasigaerienmultispectralrichardmosse.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>La rivière Uraricoera dans l’état de Rondônia, berceau de la communauté Yanomami, est au cœur de la ruée pour l’or cautionnée du temps de Bolsonaro et combattue par Lula.</em></h4> <p>Pendant de longues minutes ininterrompues (à part pour le changement de pellicules par Tweeten pris au dépourvu et en manque de stock), la jeune <em>mater dolorosa</em> livre une diatribe cinglante. «Bolsonaro, cette terre n’est pas la tienne, ce n’est pas toi qui a mis la rivière là. Espèce de parasite, reprends toute ta saleté. Tu nous fais souffrir. Envoie-nous l’armée pour nous protéger des envahisseurs, nous voulons que nos enfants dorment la nuit.» Malaria, diarrhée, le mercure qui pollue l’eau, les Yanomamis n’ont même plus de centre médical. La mortalité enfantine est élevée.</p> <p>Puis, le regard droit dans l’objectif, elle s’adresse à nous: «Vous les blancs, ouvrez les yeux, ouvrez vos cerveaux. Nos enfants souffrent, ça fend le cœur!» La caméra continue de tourner autour d’elle pendant qu’elle se ressaisit dans la douleur. La scène est bouleversante.</p> <p>Mosse admet que «Broken Spectre» est son premier film activiste. Il n’a pas la certitude d’un lien de cause à effet, mais quand John Kerry, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat de l’administration Biden, a rencontré Luiz Inácio Lula da Silva le président brésilien fraîchement élu, il a demandé à recevoir le lien du film de Mosse qu’il venait de découvrir à Londres (le film a été présenté en Angleterre, Australie et les EU). Très peu de temps après, l’armée brésilienne est intervenue pour empêcher l’activité des <em>garimpeiros</em> dans la région.</p> <p>«C’est précisément ce que demandait Adneia! Cela démontre le pouvoir de l’art», dit Mosse, enthousiaste.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705487284_richardmosselausannenovembre2023.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="461" height="412" /></p> <blockquote> <h4><em>Richard Mosse, Lausanne, novembre 2023.</em></h4> </blockquote> <p>Issu d’une famille Quaker irlandaise et pacifiste, Mosse, la quarantaine juvénile, vit à présent à New York. Il qualifie ce film difficile, filmé sur 3 ans de 2019 à 2022, par épisodes de six à huit semaines, son «chemin de croix». </p> <blockquote> <p><em>«La déforestation se produit en direct. 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Le Relais du Saint-Bernard, vue en direction du Valais avec les œuvres de Lang/Baumann (Comfort #16) et Eggs & Bitschin (Pylône) au centre.
Sortie de route aux portes du Valais
«L’autoroute agit ici comme une métaphore de l’art», raconte Simon Lamunière, pour expliquer son choix du Relais du Saint-Bernard. Curateur pendant 12 ans de Unlimited à Art Basel et curateur de l’exposition principale de la Triennale, Lamunière rappelle combien le monde de l’art ressemble à une autoroute qui draine les foules: «Aujourd’hui, il y a des foires et biennales partout!». Il voulait proposer «une sortie de route» pour cette Triennale.
En plus des éléments classiques d’une aire autoroutière, le Relais du Saint-Bernard et sa zone de loisirs réunissent sur un kilomètre carré toutes les caractéristiques du Valais: lacs, plages, carrière, éolienne, ponts, tunnels, rivière, canal, cultures maraîchères et viticoles mais encore un parc d’attraction à la thématique du western. «Des lieux sublimes. Il ne manque que la montagne!»
Vue aérienne du Relais du Saint-Bernard où se mêlent station-service, restaurant, office de tourisme, loisirs et, jusqu'au 22 octobre, art.
La force du contexte
Pourfendeur d’une relation moins marchande à l’art, le curateur s’interroge sur la capacité pour l’art de garder sa valeur prospective. Dans son développement fulgurant, il observe une simplification du discours artistique et un rapprochement au monde du spectacle.
«L’art sert-il encore à changer le monde ou du moins à le voir différemment?»
Simon Lamunière, curateur
Il n’y a pas de courage sans danger, pas de plaisir sans audace, et pas d’art sans prise de risque, suggère-t-il. Placer la Triennale dans «un environnement quelque peu vulgaire de la marchandise et des pompes à essence», permet aux œuvres «d’entrer en résonance avec leur environnement et de s’y manifester vertement».
«Une exposition "déroutante": une aire d’arrêt pour les véhicules et pour l’esprit», résumait la présidente de la ville de Martigny, Anne-Laure Couchepin Vouilloz lors de l'inauguration de l'événement.
30 artistes
Accompagné par les curatrices Véronique Mauron Layaz et Julia Hountou, Lamunière a rassemblé une belle brochette d’artistes, Pipilotti Rist, Romain Signer et Gianni Motti pour les «anciens» – des stars du circuit international – et Sandrine Pelletier, Valentin Carron et Mirko Baselgia, parmi les jeunes talents protéiformes.
«80% des œuvres ont été réalisées pour la Triennale», se réjouit le curateur.
Belle surprise, il y a pas mal d'humour dans cette forme de land art à caractère social où des objets détournés épousent néanmoins le paysage. Voir florilège dans la galerie d'images.
Lang/Baumann, Comfort #16: œuvre au centre du lac de loisirs que des enfants ont tenté de s’approprier en grimpant dessus, un usage pour lequel elle n’était pas conçue!
Lieu paradoxal, public hétérogène
«Il y a sur ce lieu des réalités très croisées, essentiellement des gens qui ne vont pas dans les foires, mais il est difficile d’imaginer ce qui va en ressortir, observe Simon Lamunière. Ce qui est intéressant, c’est de toucher un public de passage, multi-social, international, qui arrive avec des intentions diverses.»
L'idée, ajoute-t-il, est d’offrir les œuvres à un premier regard, en espérant que les personnes auront la curiosité de revenir.
«Mais on ne maîtrise pas les réactions.»
Delphine Reist, le Surveillant: 3 paires de bottes de pêcheur essaiment la Triennale. Cette œuvre est à l’origine d’une polémique sur les réseaux sociaux alimentée par les pro et anti-art contemporain, un journaliste ayant prétendu qu'une tong abandonnée au pied d'un arbre était aussi de l'art.
Triennale 2017 Valais/Wallis
- Jusqu'au 22 octobre
- Sous le chapeau de l’association LABEL’ART et la conduite du chargé de projet, Marcel Henry, 16 institutions culturelles du Valais entre Monthey et Brigue participent à la Triennale, dont la Ferme Asile, le Manoir de la ville de Martigny et la Fondation Louis Moret.
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En septembre, à l’invitation de l’ensemble musical itinérant <a href="https://onceim.fr/en/marclay-uk/" target="_blank" rel="noopener">ONCEIM</a> de 35 musiciens hors pair, nous produirons ensemble une de mes nouvelles œuvres musicales.<em><br /></em></p> <blockquote> <p><em>A la <a href="https://www.biennaleson.ch/artistes/christian-marclay" target="_blank" rel="noopener">Biennale du son du Valais 2023,</a></em><em></em><em> Marcay présentait plusieurs projets, dont une création: un concert de chutes de balles de diverses densités dans les conduites de l’ancienne centrale hydroélectrique de Chandoline qui, jusqu’en 2013, ont approvisionné la plaine de l’eau en provenance de la Grande Dixence. 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Une illumination sans précédent </em>(2003), coordinatrice du Comité Nicolas de Staël et conseillère scientifique de l’exposition, est la fille d’Anne de Staël (1942), la fille que Nicolas de Staël (1914-55) a eue avec Jeannine Guillou (1909-46), une artiste française qu’il avait rencontrée au Maroc en 1937 et qui a joué un rôle déterminant dans la vocation et l’évolution du peintre.</p> <p>Cet article complète <a href="https://bonpourlatete.com/culture/nicolas-de-stael-la-lumiere-vorace" target="_blank" rel="noopener">Nicolas de Staël, la lumière vorace,</a> paru le 8 mars.</p> <p><strong>Michèle Laird: A force de chercher, de toujours se renouveler, Nicolas de Staël manquait-il de confiance en lui-même?</strong></p> <p><strong>Marie du Bouchet</strong>: Non, il était très sûr de lui. Il avait le don de la certitude: il savait qu’il avait quelque chose en lui. Dès son jeune âge, il a cherché à convaincre ses parents adoptifs d’avoir confiance en son choix de devenir artiste, malgré les réticences du père qui voulait qu’il devienne ingénieur, comme lui.</p> <p><strong>Par artiste, entendez-vous peintre? </strong></p> <p>Pas seulement. On se rend compte dans ses écrits de jeunesse, alors qu’il est en train de se constituer en tant qu’artiste peintre, que l’écriture reste très importante puisqu’il décrit toutes ses sensations.</p> <p>Dans une édition récente des textes qu’il a écrits lors d’un voyage au Maroc et qui n’ont que récemment été trouvés (<em>Le voyage au Maroc</em>, Nicolas de Staël, Editions Arléa, 2023), on découvre qu’à 23 ans il était déjà capable d’exprimer un profond sentiment de la vie et qu’il percevait toutes les possibilités de la lumière. On voit la présence de sa future palette dans ses textes. C’est comme s’il constituait le tissu de sa perception.</p> <p><strong>Votre monographie nous apprend son immense culture, qui n’était pas réservée à la peinture.</strong></p> <p>Lecteur vorace, il aimait lire à voix haute à sa famille, Rimbaud, Baudelaire, Racine, Mallarmé… Il demandait même à sa fille Anne, ma mère, de faire comme lui. Il avait ce rapport à l’oralité et depuis toujours.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710970128_vuedexpositiondestaelfondationdelhermitage.jpg" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Vue d'exposition de Staël, Fondation de l'Hermitage, Poèmes. © M.L.</em></h4> <p><strong>En 1951, de l’amitié intense entre de Staël et René Char naîtra <em>Poèmes</em>, un livre où quatorze gravures sur bois de l’artiste dialoguent avec les textes du poète, ici dans l'exposition.</strong></p> <p>La musique a également beaucoup compté pour lui, même si, curieusement, il ne peignait jamais en l’écoutant. Son intérêt pour les musiques vivantes le conduisait aux concerts du domaine musical tenu par Suzanne Tézenas à Paris avec Pierre Boulez. Sa dernière toile, <em>Le Concert</em>, 1955, immense (6 m de large), inachevée, a du reste été réalisée au retour d’un concert de musique contemporaine, juste avant sa mort.</p> <p><strong>Sa vaste correspondance, donne-t-elle des clés pour le comprendre?</strong></p> <p>C’est assez particulier, c’est comme s’il avait inventé sa propre langue tellement il voulait dire les choses exactement, comme il les ressentait. Il écrivait au rythme de sa pensée. Il se passe dans ses lettres exactement ce qui se passe dans sa peinture: il nous donne un moyen très précis d’entrer dans ses motivations intérieures. Il nous donne à lire, exactement comme il nous donne à voir.</p> <p><em>Ndlr: </em>Lettres 1926-1955 de Nicolas de Staël<em> (présentation, commentaires et notes de Germain Viatte), édition augmentée 2016, Le Bruit du Temps. 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Par exemple, avec son ami Jean Bauret, à qui il montrait ce qu’il avait peint pour avoir son avis.</p> <p><strong>Comment expliquez-vous sa singularité?</strong></p> <p>Il a trouvé des rapports de couleur que personne ne savait faire. Son intérêt pour les mosaïques byzantines – ces tesselles où les couleurs s’expriment sur celles qui sont sous-jacentes, qui sont constamment mises en rapport les unes avec les autres – cela a donné une mobilité à ses œuvres.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710969008_destaelfleursdetailparis1952huilesurtoilecollectionparticuliere.jpg" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Nicolas de Staël, "Fleurs" (détail), Paris, 1952, Huile sur toile, collection particulière</em></h4> <p><strong>Cette singularité, a-t-elle posé un problème aux conservateurs et aux historiens de l’art?</strong></p> <p>De Staël a toujours suscité des doutes de la part des conservateurs qui se sentent mal à l’aise face à une singularité et à un propos pictural absolument unique, inclassable. Mais, les choses sont en train de changer avec ces rétrospectives. Le public, lui, n’a jamais été dérangé par le fait que de Staël n’appartenait à aucune école.</p> <p><strong>Son retour à la figuration, après sa période d’abstraction, en a pourtant dérouté plus d’un.</strong></p> <p>Pour moi, il s’agissait d’une évolution naturelle de sa peinture, pas forcément d’un retour à la figuration, mais d’une exploration de formes. Du reste, chez ce peintre-là, même l’abstraction reste ancrée d’une façon très particulière dans le réel, dans l’observation de la lumière et de la structure d’un espace réel. C’est vraiment le propre de son abstraction. Il était toujours à la limite de quelque chose de très concret.</p> <p><strong>Quelle était la place du dessin dans ses explorations?</strong></p> <p>Il travaillait le dessin et la peinture concomitamment, c’était vraiment un dialogue, sans que le croquis ne soit nécessairement préparatoire. Si le trait du dessin contient toute l’énergie de sa peinture, cela tient à sa capacité de synthèse – cette synthèse que l’artiste sait établir. On la retrouve dans ses dessins.</p> <p>Il cherchait toujours cette lumière qui surgit du fond de la toile, ou du fond de la page du dessin. On peut dire que la simplicité du trait va lui permettre de travailler ce rapport à la lumière qu’il va poursuivre à travers la peinture.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710969110_destaeletudedepaysageitaliedessinesurlemotif1953stylofeutresurpapier322x262cmcollectionparticuliere.jpg" /></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710969062_destaelsiciliedessinesurlemotif1953stylofeutresurpapier322x262collectionparticuliere.jpg" /></p> <h4>Lors d’un voyage en Italie réalisé en août 1953 avec sa famille, et deux amies, dont Jeanne Polge, de Staël ne peint pas, il dessine. 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C’était quelqu’un de très enthousiaste qui parlait tout le temps de joie, y compris dans sa correspondance. S’il rencontrait des moments de remise en question, la peinture l’entrainait vers la grande énergie qu’il recherchait, qu’il percevait et dont il a su nous rendre compte. Les spectateurs le sentent très bien aujourd’hui encore.</p> <p><strong>Comment se comportait-il avec son entourage?</strong></p> <p>Il y avait beaucoup de bonheur dans son couple avec Françoise <em>(Ndlr: de Staël épousa Françoise Chapouton en 1946 après le décès de Jeannine Guillou, et avec laquelle il eut trois autres enfants)</em>, des déjeuners passionnants, des sujets toujours essentiels, enflammés, donc je pense que ça crée une vie extraordinairement dense et enlevée pour ceux qui vivent dedans.</p> <p>En même temps, il pouvait être très colérique, voulant les choses telles qu’il les concevait au moment-même, et s’il y avait de la résistance, il le supportait mal. Comme l’explique ma mère, Anne de Staël, il était toujours en effraction, il forçait les choses. Ça, c’est un trait de caractère qui peut rendre les choses difficiles pour l’entourage.</p> <p><strong>Ce qui frappe dans sa correspondance, c’est combien il se préoccupait des autres.</strong></p> <p>Il avait une grande tendresse pour s’adresser à la mère de Françoise et à sa grand-mère; en fait, il les adoptait, pour sans doute se faire adopter lui-même, en tant qu’orphelin… Il était absolument charmant. Tout le monde l’aimait beaucoup. Il n’était pas du tout le genre d’artiste à qui on ne pouvait pas s’adresser, qui restait dans son mutisme. Il donnait énormément à tous ceux qui l’entouraient.</p> <p><strong>N’a-t-il jamais eu un sentiment d’échec pendant ses années de misère?</strong></p> <p>Jamais, il était comme tiré par la direction dans laquelle il allait. Le déroulement était très logique. Même dans le dénuement le plus total pendant la guerre, il n’en a jamais dévié.</p> <p><strong>Ressentez-vous sa présence dans sa peinture?</strong></p> <p>C’est curieux comme question, mais il est vrai que l’on peut avoir l’impression d’être en sa présence devant ses tableaux. Sans doute est-ce l’effet d’une émotion indéfinissable face à un élan artistique qui ne ressemble à aucun autre.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w678c16-9/1710969451_destaelpaysageavecfiguresdetail1952huilesurcarton12x22cm.jpg" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Nicolas de Staël, "Paysage avec figures" (détail) 1952, huile sur carton, 12 x 22 cm</em></h4> <p><strong>Aidez-nous à comprendre ce qui a mené à son suicide. Votre maman, Anne de Staël – qui n’avait que 13 ans quand son père est mort et à qui il a adressé sa dernière lettre – explique que l’histoire d’amour malheureuse avec Jeanne Polge était une clé, mais pas la cause de sa disparition.</strong></p> <p>Nicolas de Staël n’était jamais dans la gratuité, il tendait toujours vers l’essentiel. Une telle intensité pouvait-elle durer? C’est fatiguant dix ans de recherches constantes, tous les jours sans répit.</p> <p><em>Ndlr: plus de 1'000 tableaux et autant de dessins, dont 250 par année juste avant sa mort.</em></p> <p>On peut comprendre son épuisement.</p> <p>Le suicide était présent dans sa vie, il en était fasciné. Peut-être ne se voyait-il pas en vieux peintre. Il avait bien préparé son départ; il était passé chez le notaire avant son départ pour protéger sa fille, Anne, née en dehors du mariage. Peut-on parler d’un acte désespéré?</p> <p><strong>Il écrivait dans sa note d’adieu à son marchand, Jacques Dubourg, le jour de sa mort, le 16 mars 1955, qu’il n’avait plus la force de parachever ses tableaux.</strong></p> <p>Contrairement aux peintres qui ne nous donnent pas les mots pour comprendre, Nicolas de Staël s’est exprimé jusqu’au bout.</p> <p><strong>De Staël est-il resté plus intemporel que les autres? </strong></p> <p>C’est vrai, de Staël a cette chose étonnante, c’est qu’il reste éternellement jeune. Il est d’ailleurs mort jeune et c’est comme si sa jeunesse était restée imprimée dans sa peinture. 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Eternel exilé de sa Russie natale, issu de l’aristocratie militaire qui a fui la révolution en 1917, orphelin à sept ans, de Staël a mené une vie d’une frénésie extrême avec comme seule boussole son besoin de créer.</p> <p>«C’est notre James Dean à nous», avance Pierre Wat, commissaire avec Charlotte Barat-Mabille des expositions de Staël au Musée d’art moderne de Paris et la Fondation de l’Hermitage.</p> <p>D’une beauté sauvage, photogénique, immense avec son 1m97, le mythe de Staël a dévoré l’homme. «L’enjeu était de ramener le regard sur sa peinture».</p> <p>Si la récente exposition de Paris se prêtait à la vénération d’un artiste que le public a toujours aimé, celle de Lausanne nous rapproche de l’intimité de l’homme, aidée par le charme de l’Hermitage.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709151058_stael_parcdesprinces_1952scaled.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Le 10 avril 1952, de Staël et sa femme Françoise assistent au premier match de foot éclairé en nocturne au Parc des Princes. «Entre ciel et terre, sur l’herbe rouge ou bleue une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute invraisemblance. 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Photo Thomas Hennocque © 2023, ProLitteris, Zurich</h4> <p>Seule critique, le superbe catalogue de l’exposition termine avec une analyse du déclin de la reconnaissance du peintre dès son retour à la figuration au début des années cinquante – après son passage par l’abstraction – et face à l’émergence de l’Expressionisme américain (Pollock, Rothko, Rauschenberg…), comme si le monde de l’art pouvait lui dicter ce qu’il devait devenir. Peut-on encore imaginer un peintre plus proche de sa propre vérité sans l’interférence de chapelles artistiques? De Staël est resté fidèle à lui-même, restant libre à jamais.</p> <p>«<span>L’homme était désespéré, </span>mais l’artiste est resté jusqu’à la fin face à la beauté», observe Pierre Wat.</p> <p>L’échec d’une histoire d’amour a trop longtemps alimenté la légende romanesque du suicide de l’artiste. 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Réalisée au moyen de caméras multispectrales et de capteurs ultrasoniques, le film d’une durée de 74 minutes donne à voir des images et à entendre des sons qui sont en dehors de nos champs de perception.</p> <h3>Photo / Art</h3> <p>«Je cherche les lignes de faille de la photographie documentaire pour trouver de nouvelles façons de raconter des histoires», expliquait Mosse lors du vernissage. Il estime que l’art permet aux images de durer, contrairement à un reportage trop vite éteint quand il devient insupportable.</p> <blockquote> <p><em>«Je fais appel à l’art pour donner de la puissance aux images, car la beauté est un outil efficace, elle dépasse l’horreur et devient une arme contre l’indifférence».</em><em></em></p> <p><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1704798071_richard_mosse_capture_tiree_de_broken_spectre_rondonia_sig_aerien_multispectral_richard_mosse.2.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></em></p> <h4><em>Les terres de la forêt sont dégagées par des incendies sauvages, dont celles pour faire place aux cultures intensives, essentiellement de soja. Près de 20% de la surface de la forêt amazonienne est déjà scalpée. 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Des scènes effroyables – tournées en noir et blanc analogique pour son effet velouté – d’abattage d’arbres centenaires, de bêtes issues d’élevages ultra-intensifs, de mercure utilisé pour l’extraction d’or versée dans les cours d’eau, d’incendies provoqués au pétrole pour dégager les sols, sont entrecoupées d’images technicolor et de sons magnifiées du lit de la forêt, de tapis à l’infini de la canopée captée à l’infrarouge (où la chlorophylle se traduit par des teintes de rouge et rose vifs), autant de chefs-d’œuvre de la nature invisibles à l’œil nu – et de tableaux abstraits.</p> <blockquote> <p><em>La clé est dans le montage, précise Mosse, «passer d’une dimension à l’autre pour créer une dissonance visuelle, c’est là où la magie opère.»</em><em></em></p> <p><em><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1704798162_richard_mosse_vue_exposition_de_broken_spectre_national_gallery_of_victoria_tom_ross.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></em></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705486767_richardmossebrokenspectrevuedexposition.bw.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Les scènes qui illustrent les ravages perpétrés par l’homme sont filmées en noir et blanc.</em></h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1704798223_richard_mosse_vue_exposition_de_broken_spectre_national_gallery_of_victoria_tom_ross.2.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705486865_richardmossebrokenspectrevuedexposition.couleur.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Les scènes qui documentent l’état de la forêt amazonienne sont filmées avec des caméras multispectrales qui permettent d'enregistrer en une seule prise de vue plusieurs longueurs d'onde du spectre lumineux et ensuite de choisir quelles couleurs rendre visibles pour révéler les détails. 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Les hommes et femmes qui participent à cette destruction ne sont pourtant pas des démons, ils travaillent pour des cercles mafieux de plus en plus puissants au service du commerce international, prévient Mosse, qui les filme sans hostilité; il n’est pas indifférent à leur sort.</p> <h3>Art / Politique</h3> <p>«Mon travail consiste à partager, à communiquer, non pas à juger». Mosse s’appuie sur les thèses du philosophe Walter Benjamin pour expliquer qu’une œuvre d’art ne doit pas servir de propagande.</p> <blockquote> <p><em>«A mon avis, l’art ne vous dit pas ce que vous devez penser. Mon intention est de désorienter le spectateur (visiteur) pour qu’il décide de lui-même. Je me contente de donner la texture des crimes environnementaux»</em>, rappelle Mosse.</p> </blockquote> <p>Son film a cependant pris une tournure politique imprévue par le hasard d’une actualité tragique. Le lendemain d’une fusillade par des <em>garimpeiros</em> (chercheurs d’or) contre une communauté indigène de Yanomamis qui avait empêché la livraison et brûlé l’essence nécessaire à leur campement, Mosse et son équipe arrivaient sur place et tombaient sur Adneia.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705487011_richardmossecapturetireedebrokenspectreroraimasigaerienmultispectralrichardmosse.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>La rivière Uraricoera dans l’état de Rondônia, berceau de la communauté Yanomami, est au cœur de la ruée pour l’or cautionnée du temps de Bolsonaro et combattue par Lula.</em></h4> <p>Pendant de longues minutes ininterrompues (à part pour le changement de pellicules par Tweeten pris au dépourvu et en manque de stock), la jeune <em>mater dolorosa</em> livre une diatribe cinglante. «Bolsonaro, cette terre n’est pas la tienne, ce n’est pas toi qui a mis la rivière là. Espèce de parasite, reprends toute ta saleté. Tu nous fais souffrir. Envoie-nous l’armée pour nous protéger des envahisseurs, nous voulons que nos enfants dorment la nuit.» Malaria, diarrhée, le mercure qui pollue l’eau, les Yanomamis n’ont même plus de centre médical. La mortalité enfantine est élevée.</p> <p>Puis, le regard droit dans l’objectif, elle s’adresse à nous: «Vous les blancs, ouvrez les yeux, ouvrez vos cerveaux. Nos enfants souffrent, ça fend le cœur!» La caméra continue de tourner autour d’elle pendant qu’elle se ressaisit dans la douleur. La scène est bouleversante.</p> <p>Mosse admet que «Broken Spectre» est son premier film activiste. Il n’a pas la certitude d’un lien de cause à effet, mais quand John Kerry, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat de l’administration Biden, a rencontré Luiz Inácio Lula da Silva le président brésilien fraîchement élu, il a demandé à recevoir le lien du film de Mosse qu’il venait de découvrir à Londres (le film a été présenté en Angleterre, Australie et les EU). Très peu de temps après, l’armée brésilienne est intervenue pour empêcher l’activité des <em>garimpeiros</em> dans la région.</p> <p>«C’est précisément ce que demandait Adneia! Cela démontre le pouvoir de l’art», dit Mosse, enthousiaste.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705487284_richardmosselausannenovembre2023.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="461" height="412" /></p> <blockquote> <h4><em>Richard Mosse, Lausanne, novembre 2023.</em></h4> </blockquote> <p>Issu d’une famille Quaker irlandaise et pacifiste, Mosse, la quarantaine juvénile, vit à présent à New York. Il qualifie ce film difficile, filmé sur 3 ans de 2019 à 2022, par épisodes de six à huit semaines, son «chemin de croix». </p> <blockquote> <p><em>«La déforestation se produit en direct. 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