Chronique / Leçons d’une panique mondiale
Au Conseil National, Bernexpo, 4 mai. © Schweizer Parlament
De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou».
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 123]Code Context<div class="post__article">
<? if ($post->free || $connected['active'] || $crawler || defined('IP_MATCH') || ($this->request->getParam('prefix') == 'smd')): ?>
<?= $post->content ?>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2412, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Leçons d’une panique mondiale', 'subtitle' => 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Disons-le d’emblée, cette centaine de pages rédigées dans l’urgence compte parmi ce que Bernard-Henri Lévy a écrit de meilleur – j’ai pratiquement tout lu de lui, façon pour moi <i>déjà</i> d’être indocile face à la meute de tous ceux qui pratiquent le Lévy «bashing». Je pense notamment aux <i>Aventures de la liberté</i>. <i>Une histoire subjective des intellectuels</i> (1991) et surtout au <i>Siècle de Sartre</i> (2000), l’un des ouvrages les plus pénétrants écrits sur l’auteur des <i>Mots</i>. Il y a aussi <i>American Vertigo</i> (2006), lu en anglais avant sa parution en France, ou encore, dans un tout autre registre, sorte de parenthèse introspective, <i>Comédie</i> (1997). A quoi on ajoutera tout ce que BHL a écrit, et c’est si rare aujourd’hui, à propos d’André Malraux. Lui qui répondit à l’appel de l’auteur de <i>La Condition humaine</i> en 1971 lors de la guerre d’indépendance de ce qui s’appelait encore le Pakistan Oriental. C’est d’ailleurs à Dacca, au Bangladesh, dans la perspective du cinquantenaire l’an prochain de ce terrible conflit, que Lévy se trouvait pour <i>Paris Match</i> quand les frontières ont commencé à se refermer. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157201_bhl_sheikhhasina.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">BHL avec Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh, 2015 © Dhaka Tribune</h4> <p>Singulier contraste, écrit-il en substance, entre ce Bangladesh tant aimé, mais si pauvre, sur lequel semblent fondre toutes les calamités possibles, et le spectacle de cet emballement collectif qui a saisi toute la planète.«C’est l’épidémie, non seulement de Covid, mais de peur qui s’est abattue sur le monde. On a vu des tempéraments hardis, soudain paralysés. On a vu des intellectuels, qui avaient vu d’autres guerres, reprendre la rhétorique de l’ennemi invisible (…) On a vu Paris se vider, comme dans le <i>Journal</i> de l’Occupation d’Ernst Jünger.» Comme si soudain plus rien d’autre n’existait que la Covid19. Alors que le monde a pourtant connu, dans un passé récent, des pandémies infiniment plus meurtrières, la grippe de Hong Kong en 1968 avec son million de morts et, en 1957, la grippe asiatique qui en causa le double – à ce jour le coronavirus a tué dans le monde 430'000 personnes: en comparaison la grippe saisonnière fait chaque année entre 290’000 et 650’000 victimes. Reconnaissons-le, on est loin du compte. </p> <p>Pourquoi dès lors, s’interroge Bernard-Henri Lévy, cette «extraordinaire soumission mondiale à un événement dont je répète qu’il était tragique mais nullement sans précédent?» Et de citer le médecin pathologiste allemand, Rudolf Virchow (1821-1902), qui affirmait qu’«une épidémie est un phénomène social qui comporte quelques aspects médicaux.» Or, de tous les éléments politiques et sociaux que cette crise a mis en lumière, la mainmise de ce qu’il faut bien appeler le pouvoir médical n’est pas le moins inquiétant. </p> <p>«Jamais, relève Lévy, un médecin ne s’était invité, chaque soir, dans les foyers, pour annoncer, telle une Pythie triste, le nombre de morts de la journée.» Et sur les écrans des chaines d’informations en continu, les consultants en blouse blanche de remplacer les éditorialistes; et nos gouvernants, y compris ici en Suisse, de s’en remettre à des <i>Task forces</i> d’épidémiologistes afin d’administrer la bonne parole au nom d’une communauté scientifique prétendument homogène. Qui bien sûr ne l’est pas. Ainsi que l’a encore montré l’affaire Raoult, qui a vu s’affronter les intérêts particuliers, les jeux de pouvoir et d’amour propre. La vérité de tout cela, c’est que «le roi est nu, même s’il est médecin. Le roi est nu, surtout s’il est médecin.» Nous devrions pourtant savoir depuis Gaston Bachelard, cité par Lévy, que l’oracle scientifique que nous le sommons de délivrer «n’est jamais qu’une erreur rectifiée.» </p> <h3>L'idée étrange que ce virus n'avait pas que du mauvais</h3> <p>En fait, ce à quoi nous avons assisté avec la Covid19, qui a entraîné une multiplication des mesures sanitaires, c’est au triomphe de ce qu’il faut bien appeler un nouvel hygiénisme. Or on sait, rappelle BHL, où cela a conduit, notamment sous Vichy. Certes on n’en est plus là.«Mais on a bien vu, au plus haut de la pandémie, nos appareils hospitaliers reparcourir, à toute vitesse et à l’envers, les étapes (nosologique, épidémique, anatomique) de l’histoire de la clinique telle que la scandait Michel Foucault: pourquoi pas, dans ce cas, la tentation, aussi, d’un retour au pire de l’hygiénisme?»</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157238_michelfoucault.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="321" height="395" /></p> <h4 style="text-align: center;">Michel Foucault © Wikipédia</h4> <p>Autre point sur lequel s’interroge l’auteur, l’étrange «idée que le virus n’avait pas que du mauvais, qu’il possédait une vertu cachée», qu’il a «un message à nous délivrer.» Appel au changement, au ressaisissement, à une forme de repentir, parce que bien sûr ça ne pouvait pas durer toujours. Avec tout ce que cela comporte, là encore, de relents pétainistes, <a href="https://bonpourlatete.com/chroniques/chronique-de-juin-1940" target="_blank" rel="noopener">la défaite de la France en 1940</a> comme châtiment pour avoir trop joui. Dans ce qui nous arrive, il y aurait en somme une occasion historique à saisir. Le fameux «jour d’après» devenant «une version évangélique du Grand soir, où rien ne devra plus recommencer comme avant.» Reprise de la sempiternelle antienne marxiste «de la crise finale du capitalisme matinée de collapsologie.» Difficile pourtant de voir dans cette «fièvre interprétative» autre chose que de l’opportunisme et une forme de cynisme. Que répondre à cela? Par deux principes. </p> <p>« Le premier est politique. Je suis, plus que quiconque, écrit Lévy, partisan de réparer le monde (…) Et je rêve, moi aussi, de voir le principe écologique entrer pour de bon dans l’esprit des lois. Mais pas comme ça.» Ce qui a manqué dans cette période durant laquelle on n’a eu de cesse d’opposer vie et économie en termes de coûts, c’est un large débat démocratique. Non pas à propos «de nos sympathiques utopies pour le <i>monde d’après</i>, mais des mesures à mettre en œuvre, ici, maintenant, concrètement dans le <i>monde pendant</i>.» Le second principe est métaphysique:«j’ai lutté, toute ma vie, poursuit Lévy, contre le piège des religiosités laïques (…) Donner un sens à ce qui n’en a pas et faire parler ce hors-sens qu’est l’indicible de la souffrance des hommes est l’une des sources, au mieux, de la psychose, au pire du totalitarisme.» </p> <p>Dans les premières pages de son livre, BHL mentionne La Boétie et son <i>Discours de la servitude volontaire. </i>Jamais ce texte de l’ami de Montaigne n’a été plus actuel. Comme si ce que nous avons vécu en était l’exacte illustration. Sans doute, dira-t-on, nos gouvernants n’ont-ils guère eu d’autres choix que d’agir ainsi qu’ils l’ont fait durant cette période. Et trop de précautions, après tout, valent mieux sans doute que pas assez. Peut-être. Mais est-on bien certain que cela ne concerne que le seul temps limité de la pandémie? Et ne doit-on pas se demander avec Bernard-Henri Lévy s’il n’y a pas là «une tendance lourde de nos sociétés, dont les signes avant-coureurs se multipliaient, et que la pandémie ne fit qu’accentuer?» A méditer. Plus que jamais.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592156933_9782246826217001t.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="229" height="353" /></p> <h4>Bernard-Henri Lévy, <em>Ce virus qui rend fou</em>, Grasset, 2020.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'lecons-d-une-panique-mondiale', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 600, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2417, 'homepage_order' => (int) 2657, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Raphaël Aubert, écrivain', 'description' => 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ', 'title' => 'Leçons d’une panique mondiale', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2412, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Leçons d’une panique mondiale', 'subtitle' => 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Disons-le d’emblée, cette centaine de pages rédigées dans l’urgence compte parmi ce que Bernard-Henri Lévy a écrit de meilleur – j’ai pratiquement tout lu de lui, façon pour moi <i>déjà</i> d’être indocile face à la meute de tous ceux qui pratiquent le Lévy «bashing». Je pense notamment aux <i>Aventures de la liberté</i>. <i>Une histoire subjective des intellectuels</i> (1991) et surtout au <i>Siècle de Sartre</i> (2000), l’un des ouvrages les plus pénétrants écrits sur l’auteur des <i>Mots</i>. Il y a aussi <i>American Vertigo</i> (2006), lu en anglais avant sa parution en France, ou encore, dans un tout autre registre, sorte de parenthèse introspective, <i>Comédie</i> (1997). A quoi on ajoutera tout ce que BHL a écrit, et c’est si rare aujourd’hui, à propos d’André Malraux. Lui qui répondit à l’appel de l’auteur de <i>La Condition humaine</i> en 1971 lors de la guerre d’indépendance de ce qui s’appelait encore le Pakistan Oriental. C’est d’ailleurs à Dacca, au Bangladesh, dans la perspective du cinquantenaire l’an prochain de ce terrible conflit, que Lévy se trouvait pour <i>Paris Match</i> quand les frontières ont commencé à se refermer. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157201_bhl_sheikhhasina.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">BHL avec Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh, 2015 © Dhaka Tribune</h4> <p>Singulier contraste, écrit-il en substance, entre ce Bangladesh tant aimé, mais si pauvre, sur lequel semblent fondre toutes les calamités possibles, et le spectacle de cet emballement collectif qui a saisi toute la planète.«C’est l’épidémie, non seulement de Covid, mais de peur qui s’est abattue sur le monde. On a vu des tempéraments hardis, soudain paralysés. On a vu des intellectuels, qui avaient vu d’autres guerres, reprendre la rhétorique de l’ennemi invisible (…) On a vu Paris se vider, comme dans le <i>Journal</i> de l’Occupation d’Ernst Jünger.» Comme si soudain plus rien d’autre n’existait que la Covid19. Alors que le monde a pourtant connu, dans un passé récent, des pandémies infiniment plus meurtrières, la grippe de Hong Kong en 1968 avec son million de morts et, en 1957, la grippe asiatique qui en causa le double – à ce jour le coronavirus a tué dans le monde 430'000 personnes: en comparaison la grippe saisonnière fait chaque année entre 290’000 et 650’000 victimes. Reconnaissons-le, on est loin du compte. </p> <p>Pourquoi dès lors, s’interroge Bernard-Henri Lévy, cette «extraordinaire soumission mondiale à un événement dont je répète qu’il était tragique mais nullement sans précédent?» Et de citer le médecin pathologiste allemand, Rudolf Virchow (1821-1902), qui affirmait qu’«une épidémie est un phénomène social qui comporte quelques aspects médicaux.» Or, de tous les éléments politiques et sociaux que cette crise a mis en lumière, la mainmise de ce qu’il faut bien appeler le pouvoir médical n’est pas le moins inquiétant. </p> <p>«Jamais, relève Lévy, un médecin ne s’était invité, chaque soir, dans les foyers, pour annoncer, telle une Pythie triste, le nombre de morts de la journée.» Et sur les écrans des chaines d’informations en continu, les consultants en blouse blanche de remplacer les éditorialistes; et nos gouvernants, y compris ici en Suisse, de s’en remettre à des <i>Task forces</i> d’épidémiologistes afin d’administrer la bonne parole au nom d’une communauté scientifique prétendument homogène. Qui bien sûr ne l’est pas. Ainsi que l’a encore montré l’affaire Raoult, qui a vu s’affronter les intérêts particuliers, les jeux de pouvoir et d’amour propre. La vérité de tout cela, c’est que «le roi est nu, même s’il est médecin. Le roi est nu, surtout s’il est médecin.» Nous devrions pourtant savoir depuis Gaston Bachelard, cité par Lévy, que l’oracle scientifique que nous le sommons de délivrer «n’est jamais qu’une erreur rectifiée.» </p> <h3>L'idée étrange que ce virus n'avait pas que du mauvais</h3> <p>En fait, ce à quoi nous avons assisté avec la Covid19, qui a entraîné une multiplication des mesures sanitaires, c’est au triomphe de ce qu’il faut bien appeler un nouvel hygiénisme. Or on sait, rappelle BHL, où cela a conduit, notamment sous Vichy. Certes on n’en est plus là.«Mais on a bien vu, au plus haut de la pandémie, nos appareils hospitaliers reparcourir, à toute vitesse et à l’envers, les étapes (nosologique, épidémique, anatomique) de l’histoire de la clinique telle que la scandait Michel Foucault: pourquoi pas, dans ce cas, la tentation, aussi, d’un retour au pire de l’hygiénisme?»</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157238_michelfoucault.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="321" height="395" /></p> <h4 style="text-align: center;">Michel Foucault © Wikipédia</h4> <p>Autre point sur lequel s’interroge l’auteur, l’étrange «idée que le virus n’avait pas que du mauvais, qu’il possédait une vertu cachée», qu’il a «un message à nous délivrer.» Appel au changement, au ressaisissement, à une forme de repentir, parce que bien sûr ça ne pouvait pas durer toujours. Avec tout ce que cela comporte, là encore, de relents pétainistes, <a href="https://bonpourlatete.com/chroniques/chronique-de-juin-1940" target="_blank" rel="noopener">la défaite de la France en 1940</a> comme châtiment pour avoir trop joui. Dans ce qui nous arrive, il y aurait en somme une occasion historique à saisir. Le fameux «jour d’après» devenant «une version évangélique du Grand soir, où rien ne devra plus recommencer comme avant.» Reprise de la sempiternelle antienne marxiste «de la crise finale du capitalisme matinée de collapsologie.» Difficile pourtant de voir dans cette «fièvre interprétative» autre chose que de l’opportunisme et une forme de cynisme. Que répondre à cela? Par deux principes. </p> <p>« Le premier est politique. Je suis, plus que quiconque, écrit Lévy, partisan de réparer le monde (…) Et je rêve, moi aussi, de voir le principe écologique entrer pour de bon dans l’esprit des lois. Mais pas comme ça.» Ce qui a manqué dans cette période durant laquelle on n’a eu de cesse d’opposer vie et économie en termes de coûts, c’est un large débat démocratique. Non pas à propos «de nos sympathiques utopies pour le <i>monde d’après</i>, mais des mesures à mettre en œuvre, ici, maintenant, concrètement dans le <i>monde pendant</i>.» Le second principe est métaphysique:«j’ai lutté, toute ma vie, poursuit Lévy, contre le piège des religiosités laïques (…) Donner un sens à ce qui n’en a pas et faire parler ce hors-sens qu’est l’indicible de la souffrance des hommes est l’une des sources, au mieux, de la psychose, au pire du totalitarisme.» </p> <p>Dans les premières pages de son livre, BHL mentionne La Boétie et son <i>Discours de la servitude volontaire. </i>Jamais ce texte de l’ami de Montaigne n’a été plus actuel. Comme si ce que nous avons vécu en était l’exacte illustration. Sans doute, dira-t-on, nos gouvernants n’ont-ils guère eu d’autres choix que d’agir ainsi qu’ils l’ont fait durant cette période. Et trop de précautions, après tout, valent mieux sans doute que pas assez. Peut-être. Mais est-on bien certain que cela ne concerne que le seul temps limité de la pandémie? Et ne doit-on pas se demander avec Bernard-Henri Lévy s’il n’y a pas là «une tendance lourde de nos sociétés, dont les signes avant-coureurs se multipliaient, et que la pandémie ne fit qu’accentuer?» A méditer. Plus que jamais.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592156933_9782246826217001t.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="229" height="353" /></p> <h4>Bernard-Henri Lévy, <em>Ce virus qui rend fou</em>, Grasset, 2020.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'lecons-d-une-panique-mondiale', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 600, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2417, 'homepage_order' => (int) 2657, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3229, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le sismographe de la vie artistique', 'subtitle' => '«Le Bœuf sur le toit. Miroir des années folles», Jean-Pierre Pastori, In Fine Editions d’art, 162 pages.', 'subtitle_edition' => '«Le Bœuf sur le toit. Miroir des années folles», Jean-Pierre Pastori, In Fine Editions d’art, 162 pages.', 'content' => '<p>S’il est un lieu mythique de l’entre-deux guerres à Paris, à la fois restaurant et cabaret, fréquenté par tout ce qui compte alors sur la scène culturelle, c’est bien le <em>Bœuf sur le toit</em>. Son histoire, que relate Jean-Pierre Pastori avec le talent que l’on sait dans un magnifique ouvrage richement illustré, se confond en effet avec celle de l’un des moments-phares de la création artistique. Son nom n’est-il pas repris du titre d’un ballet-pantomime de Jean Cocteau, musique de Darius Milhaud? L’initiateur du Groupe des Six sera évidemment l’un des piliers du nouvel établissement qui s’ouvre en 1922, rue Boissy-d’Anglas – le <em>Bœuf</em>, qui existe toujours, connut plusieurs adresses, mais sans quitter jamais la Rive Droite. Cocteau s’y produit parfois, tenant alors le «jazz», entendez la batterie. L’expression «faire un bœuf» vient d’ailleurs des concerts improvisés des jazzmen qui s’y retrouvaient en fin de soirée. Parmi les habitués, citons pêle-mêle Brancusi, Satie, Morand, Picasso, Radiguet bien sûr, Chanel, Cendrars, Honegger. «Ce <em>Bœuf</em>, écrira Cocteau, n’a été ni un bar, ni un restaurant, ni un cabaret, mais notre jeunesse, une halte, un prestigieux amalgame de forces et de merveilles.»</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'le-sismographe-de-la-vie-artistique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 581, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2850, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => '«L’effacement soit ma façon de resplendir»', 'subtitle' => 'C’était en 1977. J’écrivais déjà pour la presse. Je collaborais alors à l’hebdomadaire romand «La Vie protestante» et je m’étais rendu à Grignan pour interviewer Philippe Jaccottet. C’était au temps des «Chants d’en bas» et de «A travers un verger». J’ai retrouvé cet entretien qui, bien que près d’un demi-siècle se soit écoulé, n’a rien perdu de sa force d’évidence. Jaccottet y est tout entier, en pleine lumière. Je vous en livre ici quelques extraits en hommage à celui qui vient de nous quitter. Manière aussi de mettre un point final à l’aventure de ces chroniques commencée avec la création de Bon pour la tête et dont c’est ici la dernière. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p><i>Avec Roud et Rilke, vous avez rencontré deux écrivains qui vous ont passablement marqué. Chez Roud, une certaine attention aux choses?</i></p> <p><i> – </i>Oui, et plus précisément la formule de Novalis qu’il répétait souvent: «le paradis est dispersé sur toute la terre, il faut réunir ses traits épars», formule qui définit assez précisément l’idée que je me faisais de la poésie, même si ensuite elle s’est développée dans une tout autre direction que la sienne. Non plus forcément la campagne ou la vie paysanne, mais simplement la poésie en tant que recherche de l’ordre caché derrière les apparences. Donc en effet une attention au monde, mais pour trouver ce qui est derrière. C’était une rencontre décisive puisqu’elle m’éclairait sur moi-même.</p> <p><i>Et Rilke, auquel vous avez consacré un livre?</i> </p> <p>– Rilke a été vraiment ma grande passion de tout jeune lecteur, et je suis sûr qu’il a eu une influence réelle sur ma poésie, peut-être trop grande à certaine moment, et dont j’ai eu à me défendre. Cela beaucoup plus nettement que l’œuvre de Roud, qui n’a jamais joué un rôle quant à ma façon d’écrire.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615490024_jaccottetroud.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="517" height="624" /></p> <h4 style="text-align: center;">Philippe Jaccottet, <i>Gustave Roud</i>, Seghers Editeur coll. «Poètes d’aujourd’hui», 1968 © Coll. part. </h4> <p><i>Ce qui me paraît constituer l’un des thèmes majeurs de votre œuvre poétique, au demeurant fort abondante, c’est «l’effacement magique de tout obstacle» présent dans </i>A travers un verger <i>et plus encore la quête de l’issue, «Peut-être y a-t-il une espèce d’issue.» </i></p> <p><i>– </i>Oui, «l’effacement magique de tout obstacle» est bien l’un des thèmes majeurs, dont j’ai pris conscience peut-être simplement en regardant les paysages à notre arrivée ici, à Grignan. J’y ai été émerveillé par la lumière d’une façon tout à fait inattendue et féconde pour ce que j’ai écrit. Essayant de comprendre d’où venait cette émotion et cette exaltation que j’éprouvais devant certains paysages, je me suis aperçu que parfois, à certains moments, la lumière semblait absorber par exemple les montagnes. Et si j’étais émerveillé, logiquement il n’y avait aucune raison de l’être plus par cela que par autre chose, mais j’avais là une image, une métaphore, précisément de cet effacement des obstacles. Tentation que l’on a toujours si l’on est hanté par la mort, l’obstacle majeur. Eh bien, devant de tels paysages, on est porté à s’imaginer que même celui-ci pourra être franchi par une tension plus grande du regard ou par un détachement du monde. Donc l’issue, dont vous parlez, pourrait être, à certains moments, cela. Je crois que beaucoup de textes, en particulier les proses décrivant des paysages et les poèmes, correspondent à des moments où cette sorte de passage devient possible. </p> <p>Pourtant, je me demande toujours, et c’est là tout le débat de ces livres, si ce n’est pas une illusion de l’esprit. Et naturellement, plus les années passent, plus les obstacles deviennent, au contraire, réels. Et il devient difficile de se laisser aller à cette sorte de rêve, d’illusion ou d’espoir. C’est pourquoi les derniers livres, <i>Chants d’en bas </i>et <i>A travers un verger, </i>à cause d’expériences personnelles, se trouvent être les plus sombres: c’est vraiment la victoire passagère, la prédominance du mur auquel on se heurte, et à partir duquel il semble qu’il n’y ait plus d’issue. Mais les prochains livres, Dieu merci, n’auront plus ce même caractère assez noir. </p> <p><i>Précisément</i>, A travers un verger <i>apparaît comme une manière de révision, de retour déchirant sur l’œuvre. </i></p> <p><i>– </i>Oui , c’est une réaction violente contre un livre précédent. Je m’aperçois d’ailleurs que de livre en livre cela se passe généralement ainsi, <i>L’Obscurité</i> ayant été suivi d’<i>Air</i>s en réaction contre l’excès de noirceur du récit, mais ce n’est pas du tout intentionnel. Simplement la vie fait que c’est ainsi. Dans le cas particulier, <i>A travers un verger</i> commence comme un texte des <i>Paysages avec figures absentes</i>, donc une description, en même temps qu’une célébration de la beauté du monde à laquelle je demeure infiniment sensible. Mais devant certaines épreuves de la vie, on a soudain l’impression de ne plus avoir le droit de se livrer à ce travail d’exaltation, que c’est presque une sorte de scandale de décrire des amandiers en fleurs dans un monde tel que le nôtre, dans une vie telle que celle-ci. D’où la réaction de la seconde partie. Et d’abord peut-être l’impossibilité de terminer ce texte. </p> <p><i>Justement, vous avez écrit dans </i>L’Effraie, <i>au sujet de la beauté:«Je sais maintenant que je ne possède rien, pas même ce bel or qui est feuille pourrie.» La beauté, pour vous, est donc toujours problématique? </i></p> <p>– Oui, parce que je suis constamment sensible au fait qu’elle soit périssable, et je crois que c’est le nœud de tout. D’ailleurs tout cela est d’une banalité épouvantable, mais enfin c’est la banalité qui est à la source de presque toute la poésie lyrique. Mais depuis que je suis ici, car c’est un poème ancien que vous citez, où s’exprime tout de même la mélancolie de la jeunesse ou de l’adolescence, les choses sont devenues plus concrètes, plus chargées de substance, et la beauté a pris dans mon expérience une place beaucoup plus substantielle qu’auparavant. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615489964_jaccottetleffraie.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="527" height="743" /></p> <h4 style="text-align: center;">Philippe Jaccottet, <i>L’Effraie et autres poésies</i>, édition originale, 1953 © Coll. part. </h4> <p><i>Quelle place?</i></p> <p>– C’est quelque chose qui n’est peut-être pas précisément définissable, mais disons tout de même que c’est une présence constante, comme les blessures, les douleurs ou les difficultés quotidiennes de la vie, et qui s’y oppose constamment. Au fond, une sorte d’aide, un signe qui vous est fait, et dont on ne peut pas ne pas tenir compte. Je continue à éprouver fortement cela comme pouvant ne pas être dépourvu de sens, même s’il est permis de penser, à certains moments, que tout cela n’est qu’un mirage. Foncièrement, je ne le crois pas. C’est pourquoi je continue à écrire.</p> <p><i>L’autre versant de votre œuvre, c’est la traduction. Quels sont les auteurs que vous avez eu le plus de plaisir à traduire? – </i>Robert Musil en particulier. Avec <i>L’Homme sans qualité</i>, c’était vraiment la découverte d’un univers totalement inconnu, comme faire un voyage dans un pays étranger. Et j’ai passé trois ans sans jamais m’ennuyer sur ce livre. J’ai traduit un peu Rilke, avec peut-être un peu moins de plaisir, mesurant tellement l’insuffisance de ma traduction que cela en devenait agaçant. <i>L’Odyssée,</i> à cause d’une certaine fraîcheur dans la redécouverte de ce texte. Et puis, il y a d’autres choses, <i>Hypérion </i>de Hölderlin. La traduction avançant bien, j’avais l’impression de rendre quelque chose, et ce n’était pas d’une difficulté excessive.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615655006_palzieuxgrignan.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Palézieux, <i>Paysage à Grignan</i>, eau-forte, 1963 <b>© </b>Musée Jenisch Vevey - Cabinet cantonal des estampes</h4> <p><i>En 1953, vous vous êtes installé à Grignan. Pourquoi Grignan? Un exil? </i></p> <p>– Non, Grignan, c’est vraiment un hasard. Ma femme et moi nous cherchions un endroit pour vivre, à la campagne de préférence, Paris ne nous paraissant plus possible étant donné les conditions matérielles que nous avions à ce moment-là qui étaient vraiment le strict minimum. Il y avait aussi je pense le besoin, pas même conscient, de mettre une certaine distance – exil c’est beaucoup dire – entre le monde littéraire parisien et moi. Etant quand même d’une nature influençable ou assez incertaine – je l’étais surtout à ce moment-là –, fréquenter constamment des écrivains, dont certains que j’aimais vraiment beaucoup, pouvait me démolir. Et comme ils avaient tous les idées les plus opposées les unes des autres, j’étais encore plus perdu! Donc le besoin d’une certaine distance, simplement.</p> <p><i>Dans quelle mesure restez-vous romand?</i> </p> <p>– Oh! Je crois qu’on le demeure par nature.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615489839_jaccottetatraversunverger.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="257" height="441" /></p> <h4>Philippe Jaccottet, <em>A travers un verger</em>, Fata Morgana, nouvelle édition 2021.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'l-effacement-soit-ma-facon-de-resplendir', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 692, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2850, 'homepage_order' => (int) 3090, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => 'Chronique', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2826, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Peintres de la vie moderne', 'subtitle' => 'Avant que d’être le poète scandaleux des «Fleurs du Mal», Charles Baudelaire, dont on célèbre cette année le bicentenaire, a beaucoup écrit sur l’art. Durant toute sa vie, il n’a jamais cessé de fréquenter les ateliers. Comme plus tard Guillaume Apollinaire, grand admirateur de Picasso, qui fit beaucoup pour la reconnaissance du cubisme, Baudelaire s’employa avec une égale passion à imposer les peintres de son temps, Delacroix, Courbet, Manet. Et de se faire à travers eux le chantre d’une nouvelle manière de voir, d’une nouvelle façon d’appréhender ce qu’il appelle «l’héroïsme de la vie moderne.»', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Baudelaire a vingt-quatre ans quand il donne son premier <i>Salon.</i> C’est-à-dire le compte rendu détaillé de la grande exposition annuelle des artistes choisis par l’Académie – c’est en réaction à cette sélection officielle que verra le jour par la suite, comme on le sait, le Salon des Indépendants et bien d’autres encore. Depuis Diderot, à l’origine de l’exercice et qui en a fait un véritable genre littéraire, nombreux sont les écrivains à publier leurs <i>Salons</i>: Stendhal en fait paraître trois, consacrés aux expositions de 1822, 1824 et 1827, Gauthier, que Baudelaire admire, en publie neuf, s’étendant de 1833 à 1842. Rien d’étonnant dès lors que le jeune littérateur s’y essaie à son tour. Son <i>Salon de 1845</i> sera suivi de ceux de 1846 et de 1859. A quoi on peut ajouter trois textes traitant de la section beaux-arts de l’Exposition universelle de 1855. </p> <p>Pour Baudelaire, c’est l’occasion d’exposer ses vues esthétiques tout en défendant les artistes qu’il révère. A commencer par Eugène Delacroix qu’il a découvert très tôt, à dix-sept ans. Déambulant dans la galerie des Batailles du château de Versailles, une œuvre retint plus particulièrement son attention, la <i>Bataille de Taillebourg</i>. Dès avant sa rencontre avec Delacroix, vraisemblablement en 1846, il a acquis plusieurs lithographies de la série <i>Hamlet. </i>Le jeune écrivain est alors en quête d’un art neuf. Et le peintre qui présente au salon de 1845 sa toile intitulée <i>Dernières paroles de l’empereur Marc-Aurèle </i>est bien prêt de représenter cet idéal. «Tableau splendide, magnifique, sublime, incompris», s’enthousiasme Baudelaire. «Nous sommes ici en plein Delacroix, c'est-à-dire que nous avons devant les yeux l'un des spécimens les plus complets de ce que peut le génie dans la peinture.» </p> <p>Dans son compte rendu du salon suivant, celui de 1846, Baudelaire va encore plus loin. Il qualifie Delacroix rien moins que de «chef de l’école <i>moderne</i>.» A ses yeux, tout dans son œuvre tend en effet à incarner le romantisme même. Qui ne s’exprime, affirme-t-il,«ni dans le choix des sujets, ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir.» Et l’écrivain d’ajouter:«Qui dit romantisme dit art moderne, c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l'infini, exprimés par tous les moyens que contiennent les arts.» </p> <p>Jamais Baudelaire ne se départira de son admiration pour le peintre des <i>Femmes d'Alger</i>. Dans son <i>Salon de 1859</i> encore, il qualifie Delacroix de «peintre-poète» qui «verse tour à tour sur ses toiles inspirées le sang, la lumière et les ténèbres.» Ce qui vaudra en retour au poète des <i>Fleurs du Mal</i> une lettre émue:«Comment vous remercier dignement pour cette nouvelle preuve de votre amitié?» Et sans doute comme Fantin-Latour et Manet avec qui il assista aux obsèques de Delacroix le 17 août 1863, Baudelaire ne put qu’être lui aussi frappé par l’assistance clairsemée qui suivit le convoi funèbre. En réaction, Fantin-Latour peignit son fameux <i>Hommage à Delacroix</i> où l’on reconnaît, entourant un portrait du peintre inspiré d’un cliché de Nadar, Champfleury, Whistler, Manet, Fantin-Latour lui-même ainsi bien sûr que Baudelaire. Mais ce n’est pas le seul tableau dans lequel figure le poète.</p> <h3>Combien nous sommes grands et poétiques dans nos cravates et nos bottines vernies</h3> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1614423571_fantinlatourhommagedelacroix.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Fantin-Latour, <i>Hommage à Delacroix</i> (1864). Baudelaire est assis au premier rang à droite © DR</h4> <p>Il est également représenté dans l’immense toile de Gustave Courbet, <i>L’Atelier du peintre</i> (1855). Il est placé tout à la droite de la composition, parmi ceux que l’artiste nomme «tous les actionnaires, c'est-à-dire les amis, les travailleurs, les amateurs du monde de l'art.» La conception picturale de Courbet correspond alors assez exactement à ce que Baudelaire appelle de ses vœux dans son <i>Salon de 1845</i> et qu’il développe dans celui de 1846. «Au vent qui soufflera demain nul ne tend l’oreille; et pourtant l’héroïsme de la vie moderne nous entoure et nous presse (…) Celui-là sera le peintre, le vrai peintre, qui saura arracher à la vie actuelle son côté épique, et nous faire voir et comprendre, avec de la couleur ou du dessin, combien nous sommes grands et poétiques dans nos cravates et nos bottines vernies.» On reconnaît là l’éloge du dandy – Baudelaire y reviendra longuement dans <i>Le peintre de la vie moderne</i> publié en 1863 dans <i>Le Figaro</i>. </p> <p>Du dandysme, Courbet est certes très éloigné. Il n’en est pas moins le peintre qui répond le mieux au vœu de Baudelaire qui dans son <i>Salon de 1846</i> en appelle aux «grands coloristes (qui) savent faire de la couleur avec un habit noir, une cravate blanche et un fond gris.» <i>Un enterrement à Ornans </i>(1849-1850),<i></i>le tableau programmatique de Courbet qui fit scandale, répond très exactement à ce que réclame Baudelaire. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1614423633_manetmusiqueauxtuileries.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Manet, <i>La Musique aux Tuileries</i> (1862), détail. Baudelaire est de profil à gauche de Gautier © DR</h4> <p>Dernier artiste enfin associé à l’écrivain, mais il y en a d’autres encore dont on pourrait parler, Edouard Manet. On a beaucoup glosé sur ce que répondit Baudelaire en 1865 à une lettre du peintre alors attaqué de toute part – deux ans auparavant, son<i> Déjeuner sur l’herbe</i>, exposé à la requête de Napoléon III parmi les «refusés», a choqué tout comme son <i>Olympia </i>(voir ci-dessus). «Vous n’êtes, lui écrit alors Baudelaire, que le premier dans la décrépitude de votre art.» Dans cette réflexion, on peut naturellement voir – en apparence – une condamnation de l’art de l’époque dominé par Manet. Mais c’est méconnaître Baudelaire, grand admirateur notamment des eaux-fortes de l’artiste qu’il compare à Goya. Il faut plutôt comprendre la remarque dans toute son ironie. Avec à l’esprit les critiques des bienpensants, de tous les philistins pour qui le progrès consonne nécessairement avec décadence et l’art qui s’y réfère avec décrépitude. En ce sens-là, Manet est bien le plus grand artiste de son temps.</p> <p>Le peintre et le poète se sont connus très tôt. Tous deux partagent alors un même goût pour le dandysme et le fameux habit noir. C’est dans ce véritable uniforme de la modernité complété d’un haut de forme que le peintre a représenté son ami aux côtés de Théophile Gautier, dédicataire des <i>Fleurs du Mal</i>, dans son tableau <i>La Musique aux Tuileries</i> (1862). Il existe également une eau-forte qui reprend cette même silhouette du poète. L’un des plus beaux portraits de femme peint par Manet témoigne également de cette amitié. Il s’agit de l’opulente toile, qui n’a rien à envier à Velasquez, figurant la «lionne» du poète, Jeanne Duval, peinte en 1862 et intitulée <i>La Maîtresse de Baudelaire</i>. Enfin, contemplant l’<i>Olympia </i>de Manet, avec son mince ruban noir noué autour du cou et son bracelet au poignet,<i></i>comment ne pas se réciter les premiers vers du poème «Les Bijoux» des <i>Fleurs du Mal</i>? </p> <p style="text-align: center;"><i>«La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,</i></p> <p style="text-align: center;"><i>Elle n'avait gardé que ses bijoux</i></p> <p style="text-align: center;"><i>Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur </i></p> <p style="text-align: center;"><i>Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.»</i></p> <hr /> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1614423484_baudelaireecritssurlart1.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="154" height="251" /></h4> <h4>Baudelaire, Ecrits sur l'art, Le Livre de Poche, 2008.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'peintres-de-la-vie-moderne', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 653, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2828, 'homepage_order' => (int) 3068, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => 'Chronique', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2807, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Etonnants voyageurs', 'subtitle' => 'Le Havre, gare maritime, 29 mai 1935. Ils sont quatre du monde des Lettres arrivés de Paris. Les plus perspicaces ont reconnu Madame Colette, la grande Colette, qui vient de publier «La Chatte et Duo». Elle est en compagnie de Claude Farrère, l’auteur aujourd’hui quelque peu oublié de «La bataille», élu la veille à l’Académie Française. Il y a aussi le dramaturge Pierre Wolff et puis cet homme avec un béret basque sur la tête, mégot aux lèvres, qui arbore une manche vide: Blaise Cendrars, le poète des «Pâques à New York». Tous quatre sont dépêchés par leurs journaux respectifs à bord du Normandie pour sa croisière inaugurale. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>L’entre-deux-guerres fut, on le sait, une période particulièrement faste pour la presse. Spécialement pour les grands titres nationaux. Dans les années 1930, un journal comme <i>Paris-Soir </i>tire jusqu’à 1 million d’exemplaires – 1,8 million en 1939! Souvent, il y a plusieurs éditions quotidiennes et entre les journaux, la lutte est vive, sinon féroce. Ce qui ne va pas parfois sans dérapage ni bidonnage – on parlerait aujourd’hui de <i>fake news</i>. Comme ce 10 mai 1927, lorsque le vénérable quotidien <i>La Presse</i> croit pouvoir annoncer avant tous ses concurrents: «Nungesser et Coli ont réussi. Les émouvantes étapes du grand raid. A 5 heures arrivée à New York.» </p> <p>Toujours en une du journal, on lit: «Lorsque l’avion de Nungesser apparut au-dessus de la rade de New York, le commandant Foullois, chef de l’aviation maritime de chasse, s’était porté à son devant avec une escadrille et, dès que l’avion fut en vue, les sirènes des bateaux mugirent et les bâtiments hissèrent le pavillon.» La vérité est que Nungesser et Coli n’ont jamais atteint New York, disparaissant corps et biens. Aujourd’hui, on estime que les deux hommes sont bel et bien parvenus à traverser l’Atlantique, atteignant Saint-Pierre-et-Miquelon où ils auraient tenté d’amerrir. En vain. L’annonce, quelques jours plus tard, de leur disparition, causa une intense émotion. Entraînant par contre-coup la désaffection du public à l’égard du journal fondé par Emile de Girardin, qui jamais ne s’en releva.</p> <p>Toujours dans l’intention de prendre l’avantage sur leurs concurrents, les grands journaux se disputent les meilleures plumes du moment. Et de solliciter tout naturellement les écrivains et écrivaines en vogue. L’un des plus populaires est Pierre Benoit. Le romancier à succès de <i>L’Atlantide </i>et de <i>La Châtelaine du Liban</i> – le premier titre publié par le Livre de poche à son lancement en 1953, on ne le sait pas toujours ou on l’a oublié, est <i>Koenigsmark</i>. Voilà qui dit bien l’aura entourant alors son auteur. Durant l’entre-deux-guerres, Pierre Benoit partage son temps entre l’écriture de son roman annuel et les grands reportages aux quatre coins de la planète, notamment pour <i>L’intransigeant</i>. <i>L’Intran</i>, comme on disait familièrement, le grand quotidien de droite du soir. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1613215880_parissoir29mai1935gallica.jpeg" class="img-responsive img-fluid center " width="501" height="766" /></p> <h4 style="text-align: center;">Annonce des reportages de Claude Farrère et Blaise Cendrars, <i>Paris-Soir</i>, 29 mai 1935 © Gallica</h4> <p>Pour les principaux représentants de la scène littéraire, écrire pour la presse est une source appréciable de revenus. Ainsi Saint-Exupéry raconte-t-il pour <i>L’Intran </i>son raid manqué Paris-Saigon en décembre 1935. Après dix-neuf heures de vol, l’aviateur-écrivain s’était écrasé dans le désert libyen. Son récit, «Le vol brisé. Prison de sable», paraît en janvier suivant; il constituera les cinq premiers chapitres de <i>Terre des Hommes</i>. Une année plus tard, Jean Prouvost, le patron de <i>Paris-Soir,</i> lui propose quatre-vingt mille francs pour dix articles consacrés à la guerre civile espagnole. </p> <p>Les moyens dont dispose la presse de l’époque sont souvent considérables. Les directeurs de journaux mettent à disposition de leurs reporteurs-vedettes argent, voitures et chauffeurs – cela a bien changé! Rien d’étonnant dès lors que pour un événement aussi important que le voyage inaugural du paquebot <i>Normandie</i> les journaux se mobilisent. Il faut dire que le nouveau fleuron des <i>French Lines</i> conjugue tous les superlatifs. Il est, répète-t-on à satiété, le plus gros, le plus moderne et le plus fastueux de tous les navires construits à son époque. Son appareil propulsif est du dernier cri et, pour sa décoration intérieure, qui en fait une véritable vitrine du luxe français, les meilleurs représentants de ce qu’on appellera l’<i>Art déco </i>ont été requis, les Subes, Lalique, Leleu, Patout.</p> <p>C’est le tout jeune directeur de la rédaction de <i>Paris-Soir – </i>il a 28 ans – un certain Pierre Lazareff, futur patron de <i>Cinq colonnes à la une,</i> alors déjà amateur de coups fumants, qui a eu l’idée d’envoyer Farrère et Cendrars sur le <i>Normandie</i>. Les deux hommes se complètent à merveille. Ancien capitaine de corvette – il a notamment servi en Extrême-Orient avant la Grande Guerre – Farrère racontera la traversée en écrivain de la mer depuis les <i>spardecks</i> et la passerelle, tandis que Cendrars, le bourlingueur, sera avec l’équipage. Aux côtés des mécaniciens, dans les entrailles du navire. </p> <h3>La capitale flottante ne bouge pas plus que Paris ou Londres ne vibrent</h3> <p>Colette a déjà une longue pratique du journalisme. Durant toute sa carrière elle rédigera plus d’un millier d’articles sur la mode, le théâtre, le tourisme, l’amour, que sais-je encore? Et collaborera à une centaine de titres, dont <i>Le Journal</i> où elle écrit depuis 1933. C’est donc tout naturellement elle qui couvrira la croisière inaugurale du<i> Normandie. </i>«Ce paquebot, note-t-elle dans son premier article, qui n’est que succulence, crème fraîche, fruits fermes, pain croustillant et quelle table!» Car bien évidemment Colette, on n’est pas bourguignonne pour rien, se délecte en connaisseuse de la cuisine du bord. Mais tout autant du spectacle de la mer. «Juste au-dessous de mes hublots, écrit-elle au lendemain de l’appareillage, se gonfle, s’abaisse, harmonieuse, respire sans fin une longue bête onctueuse d’un gris vert, emplumée d’écume. Tout le reste de l’horizon n’est que brume tiède, traînante, qui lèche et calme la mer.» </p> <p>Farrère, lui, c’est en technicien qu’il jauge des qualités nautiques du nouveau-né. «Le sillage s’étale en poupe jusqu’à perte de vue, plat comme une immense route très blanche. 30 nœuds et même davantage. Ni tangage, ni roulis. La capitale flottante ne bouge pas plus que Paris ou que Londres ne vibrent, nul ne l’ignore, à tous les passages trop brutaux des cars, des autobus, des camions et autres supervéhicules trop négligemment suspendus.» Comme beaucoup d’autres personnalités conviées à ce premier voyage, l’écrivain suit grâce à la TSF la crise ministérielle qui vient d’éclater à Paris. Tandis que le <i>Normandie</i> se rapproche de son but et s’apprête à conquérir le ruban bleu récompensant la traversée la plus rapide, le cabinet Flandrin a été renversé. «Hier, formidable éclat de rire d’un bout à l’autre des huit ponts de la* <i>Normandie, </i>écrit Farrère.<i></i>La TSF s’est fort gracieusement moquée de nous tous, tant que nous sommes, sans la moindre malice d’ailleurs en annonçant que le maréchal Pétain était ministre de la Marine!» </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1613215936_coletteborddunormandie.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="536" height="554" /></p> <h4 style="text-align: center;">Colette (au milieu) à bord du <i>Normandie</i> © Coll. part. </h4> <p>Et Blaise Cendrars, me demanderez-vous? Sitôt embarqué, il s’est enfoncé dans le ventre du navire. Chacun de ses articles sera un hymne à la technique, aux machines et aux hommes qui les servent. «Poussant une lourde porte où je faillis être renversé par un courant d’air, je débouchai dans la salle des dynamos bruissante, ronflante et toute remplie d’un rythme continu, qui est le seul témoignage de la Force invisible, car nulle part on ne voit tourner une roue ni travailler une bielle (…) Quand j’arrive sur la passerelle, le balcon de fer bien astiqué qui domine la centrale électrique et qui est le poste de commande de toute cette machinerie automatique, l’humble correspondant de <i>Paris-Soir</i> que je suis est reçu fraternellement et, oserais-je le dire, avec gratitude, par les officiers mécaniciens.» C’est à peine si durant les jours suivant, l’écrivain quittera leur compagnie. </p> <p>Le 4 juin, à l’arrivée à New York, Cendrars rejoint tout de même ses collègues sur le pont pour assister à la «marche triomphale» du <i>Normandie</i>. «Jamais plus nous ne reverrons cela, jamais plus nous ne l’oublierons», écrit Colette. «New York, note de son côté Cendrars, est la ville la plus jeune, la plus moderne, la plus enthousiaste, mais aussi la plus généreuse du monde. L’accueil délirant que le port de New York a fait à la <i>Normandie </i>défilant devant les gratte-ciel de Manhattan est allé droit au cœur de tous les Français qui étaient à bord.» L’écrivain peut alors rejoindre les mécaniciens pour les remercier: «Je trouvais tout le monde à son poste, l’équipage au grand complet, comme toujours calme et veillant à la manœuvre. Ils ignoraient comment New York recevait leur bateau. Ils n’avaient rien vu, rien entendu, mais chaque homme avait le sourire.»</p> <hr /> <h4>*Nos trois auteurs parlent de la <i>Normandie</i> alors que l’usage veut plutôt que l’on écrive le <i>Normandie.</i></h4> <hr /> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1613215779_aborddunormandie.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="272" height="386" /></h4> <h4>Cendrars, Colette, Farrère, Wolff, <i>A bord du Normandie. Journal transatlantique</i>, Le Passeur/Cecofop, 2003</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'etonnants-voyageurs', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 667, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2809, 'homepage_order' => (int) 3049, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => 'Culture', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 7063, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Conseil national.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 95096, 'md5' => 'bdae5a8c012e585a1a6a45c3f9c55b6c', 'width' => (int) 991, 'height' => (int) 515, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Au Conseil National, Bernexpo, 4 mai.', 'author' => '', 'copyright' => '© Schweizer Parlament', 'path' => '1592157136_conseilnational.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 2770, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Tiens, on pensait bien que BHL allait capitaliser sur l'épidémie. Moi qui pensais qu'il était discrédité?', 'post_id' => (int) 2412, 'user_id' => (int) 3601, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 2785, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'A la brocante de la philosophie, BHL a ouvert sa boutique !', 'post_id' => (int) 2412, 'user_id' => (int) 2975, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Raphaël Aubert, écrivain' $description = 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ' $title = 'Leçons d’une panique mondiale' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 512, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'coronavirus', 'slug' => 'coronavirus', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 123 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
Disons-le d’emblée, cette centaine de pages rédigées dans l’urgence compte parmi ce que Bernard-Henri Lévy a écrit de meilleur – j’ai pratiquement tout lu de lui, façon pour moi déjà d’être indocile face à la meute de tous ceux qui pratiquent le Lévy «bashing». Je pense notamment aux Aventures de la liberté. Une histoire subjective des intellectuels (1991) et surtout au Siècle de Sartre (2000), l’un des ouvrages les plus pénétrants écrits sur l’auteur des Mots. Il y a aussi American Vertigo (2006), lu en anglais avant sa parution en France, ou encore, dans un tout autre registre, sorte de parenthèse introspective, Comédie (1997). A quoi on ajoutera tout ce que BHL a écrit, et c’est si rare aujourd’hui, à propos d’André Malraux. Lui qui répondit à l’appel de l’auteur de La Condition humaine en 1971 lors de la guerre d’indépendance de ce qui s’appelait encore le Pakistan Oriental. C’est d’ailleurs à Dacca, au Bangladesh, dans la perspective du cinquantenaire l’an prochain de ce terrible conflit, que Lévy se trouvait pour Paris Match quand les frontières ont commencé à se refermer.
BHL avec Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh, 2015 © Dhaka Tribune
Singulier contraste, écrit-il en substance, entre ce Bangladesh tant aimé, mais si pauvre, sur lequel semblent fondre toutes les calamités possibles, et le spectacle de cet emballement collectif qui a saisi toute la planète.«C’est l’épidémie, non seulement de Covid, mais de peur qui s’est abattue sur le monde. On a vu des tempéraments hardis, soudain paralysés. On a vu des intellectuels, qui avaient vu d’autres guerres, reprendre la rhétorique de l’ennemi invisible (…) On a vu Paris se vider, comme dans le Journal de l’Occupation d’Ernst Jünger.» Comme si soudain plus rien d’autre n’existait que la Covid19. Alors que le monde a pourtant connu, dans un passé récent, des pandémies infiniment plus meurtrières, la grippe de Hong Kong en 1968 avec son million de morts et, en 1957, la grippe asiatique qui en causa le double – à ce jour le coronavirus a tué dans le monde 430'000 personnes: en comparaison la grippe saisonnière fait chaque année entre 290’000 et 650’000 victimes. Reconnaissons-le, on est loin du compte.
Pourquoi dès lors, s’interroge Bernard-Henri Lévy, cette «extraordinaire soumission mondiale à un événement dont je répète qu’il était tragique mais nullement sans précédent?» Et de citer le médecin pathologiste allemand, Rudolf Virchow (1821-1902), qui affirmait qu’«une épidémie est un phénomène social qui comporte quelques aspects médicaux.» Or, de tous les éléments politiques et sociaux que cette crise a mis en lumière, la mainmise de ce qu’il faut bien appeler le pouvoir médical n’est pas le moins inquiétant.
«Jamais, relève Lévy, un médecin ne s’était invité, chaque soir, dans les foyers, pour annoncer, telle une Pythie triste, le nombre de morts de la journée.» Et sur les écrans des chaines d’informations en continu, les consultants en blouse blanche de remplacer les éditorialistes; et nos gouvernants, y compris ici en Suisse, de s’en remettre à des Task forces d’épidémiologistes afin d’administrer la bonne parole au nom d’une communauté scientifique prétendument homogène. Qui bien sûr ne l’est pas. Ainsi que l’a encore montré l’affaire Raoult, qui a vu s’affronter les intérêts particuliers, les jeux de pouvoir et d’amour propre. La vérité de tout cela, c’est que «le roi est nu, même s’il est médecin. Le roi est nu, surtout s’il est médecin.» Nous devrions pourtant savoir depuis Gaston Bachelard, cité par Lévy, que l’oracle scientifique que nous le sommons de délivrer «n’est jamais qu’une erreur rectifiée.»
L'idée étrange que ce virus n'avait pas que du mauvais
En fait, ce à quoi nous avons assisté avec la Covid19, qui a entraîné une multiplication des mesures sanitaires, c’est au triomphe de ce qu’il faut bien appeler un nouvel hygiénisme. Or on sait, rappelle BHL, où cela a conduit, notamment sous Vichy. Certes on n’en est plus là.«Mais on a bien vu, au plus haut de la pandémie, nos appareils hospitaliers reparcourir, à toute vitesse et à l’envers, les étapes (nosologique, épidémique, anatomique) de l’histoire de la clinique telle que la scandait Michel Foucault: pourquoi pas, dans ce cas, la tentation, aussi, d’un retour au pire de l’hygiénisme?»
Michel Foucault © Wikipédia
Autre point sur lequel s’interroge l’auteur, l’étrange «idée que le virus n’avait pas que du mauvais, qu’il possédait une vertu cachée», qu’il a «un message à nous délivrer.» Appel au changement, au ressaisissement, à une forme de repentir, parce que bien sûr ça ne pouvait pas durer toujours. Avec tout ce que cela comporte, là encore, de relents pétainistes, la défaite de la France en 1940 comme châtiment pour avoir trop joui. Dans ce qui nous arrive, il y aurait en somme une occasion historique à saisir. Le fameux «jour d’après» devenant «une version évangélique du Grand soir, où rien ne devra plus recommencer comme avant.» Reprise de la sempiternelle antienne marxiste «de la crise finale du capitalisme matinée de collapsologie.» Difficile pourtant de voir dans cette «fièvre interprétative» autre chose que de l’opportunisme et une forme de cynisme. Que répondre à cela? Par deux principes.
« Le premier est politique. Je suis, plus que quiconque, écrit Lévy, partisan de réparer le monde (…) Et je rêve, moi aussi, de voir le principe écologique entrer pour de bon dans l’esprit des lois. Mais pas comme ça.» Ce qui a manqué dans cette période durant laquelle on n’a eu de cesse d’opposer vie et économie en termes de coûts, c’est un large débat démocratique. Non pas à propos «de nos sympathiques utopies pour le monde d’après, mais des mesures à mettre en œuvre, ici, maintenant, concrètement dans le monde pendant.» Le second principe est métaphysique:«j’ai lutté, toute ma vie, poursuit Lévy, contre le piège des religiosités laïques (…) Donner un sens à ce qui n’en a pas et faire parler ce hors-sens qu’est l’indicible de la souffrance des hommes est l’une des sources, au mieux, de la psychose, au pire du totalitarisme.»
Dans les premières pages de son livre, BHL mentionne La Boétie et son Discours de la servitude volontaire. Jamais ce texte de l’ami de Montaigne n’a été plus actuel. Comme si ce que nous avons vécu en était l’exacte illustration. Sans doute, dira-t-on, nos gouvernants n’ont-ils guère eu d’autres choix que d’agir ainsi qu’ils l’ont fait durant cette période. Et trop de précautions, après tout, valent mieux sans doute que pas assez. Peut-être. Mais est-on bien certain que cela ne concerne que le seul temps limité de la pandémie? Et ne doit-on pas se demander avec Bernard-Henri Lévy s’il n’y a pas là «une tendance lourde de nos sociétés, dont les signes avant-coureurs se multipliaient, et que la pandémie ne fit qu’accentuer?» A méditer. Plus que jamais.
Bernard-Henri Lévy, Ce virus qui rend fou, Grasset, 2020.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2412, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Leçons d’une panique mondiale', 'subtitle' => 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Disons-le d’emblée, cette centaine de pages rédigées dans l’urgence compte parmi ce que Bernard-Henri Lévy a écrit de meilleur – j’ai pratiquement tout lu de lui, façon pour moi <i>déjà</i> d’être indocile face à la meute de tous ceux qui pratiquent le Lévy «bashing». Je pense notamment aux <i>Aventures de la liberté</i>. <i>Une histoire subjective des intellectuels</i> (1991) et surtout au <i>Siècle de Sartre</i> (2000), l’un des ouvrages les plus pénétrants écrits sur l’auteur des <i>Mots</i>. Il y a aussi <i>American Vertigo</i> (2006), lu en anglais avant sa parution en France, ou encore, dans un tout autre registre, sorte de parenthèse introspective, <i>Comédie</i> (1997). A quoi on ajoutera tout ce que BHL a écrit, et c’est si rare aujourd’hui, à propos d’André Malraux. Lui qui répondit à l’appel de l’auteur de <i>La Condition humaine</i> en 1971 lors de la guerre d’indépendance de ce qui s’appelait encore le Pakistan Oriental. C’est d’ailleurs à Dacca, au Bangladesh, dans la perspective du cinquantenaire l’an prochain de ce terrible conflit, que Lévy se trouvait pour <i>Paris Match</i> quand les frontières ont commencé à se refermer. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157201_bhl_sheikhhasina.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">BHL avec Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh, 2015 © Dhaka Tribune</h4> <p>Singulier contraste, écrit-il en substance, entre ce Bangladesh tant aimé, mais si pauvre, sur lequel semblent fondre toutes les calamités possibles, et le spectacle de cet emballement collectif qui a saisi toute la planète.«C’est l’épidémie, non seulement de Covid, mais de peur qui s’est abattue sur le monde. On a vu des tempéraments hardis, soudain paralysés. On a vu des intellectuels, qui avaient vu d’autres guerres, reprendre la rhétorique de l’ennemi invisible (…) On a vu Paris se vider, comme dans le <i>Journal</i> de l’Occupation d’Ernst Jünger.» Comme si soudain plus rien d’autre n’existait que la Covid19. Alors que le monde a pourtant connu, dans un passé récent, des pandémies infiniment plus meurtrières, la grippe de Hong Kong en 1968 avec son million de morts et, en 1957, la grippe asiatique qui en causa le double – à ce jour le coronavirus a tué dans le monde 430'000 personnes: en comparaison la grippe saisonnière fait chaque année entre 290’000 et 650’000 victimes. Reconnaissons-le, on est loin du compte. </p> <p>Pourquoi dès lors, s’interroge Bernard-Henri Lévy, cette «extraordinaire soumission mondiale à un événement dont je répète qu’il était tragique mais nullement sans précédent?» Et de citer le médecin pathologiste allemand, Rudolf Virchow (1821-1902), qui affirmait qu’«une épidémie est un phénomène social qui comporte quelques aspects médicaux.» Or, de tous les éléments politiques et sociaux que cette crise a mis en lumière, la mainmise de ce qu’il faut bien appeler le pouvoir médical n’est pas le moins inquiétant. </p> <p>«Jamais, relève Lévy, un médecin ne s’était invité, chaque soir, dans les foyers, pour annoncer, telle une Pythie triste, le nombre de morts de la journée.» Et sur les écrans des chaines d’informations en continu, les consultants en blouse blanche de remplacer les éditorialistes; et nos gouvernants, y compris ici en Suisse, de s’en remettre à des <i>Task forces</i> d’épidémiologistes afin d’administrer la bonne parole au nom d’une communauté scientifique prétendument homogène. Qui bien sûr ne l’est pas. Ainsi que l’a encore montré l’affaire Raoult, qui a vu s’affronter les intérêts particuliers, les jeux de pouvoir et d’amour propre. La vérité de tout cela, c’est que «le roi est nu, même s’il est médecin. Le roi est nu, surtout s’il est médecin.» Nous devrions pourtant savoir depuis Gaston Bachelard, cité par Lévy, que l’oracle scientifique que nous le sommons de délivrer «n’est jamais qu’une erreur rectifiée.» </p> <h3>L'idée étrange que ce virus n'avait pas que du mauvais</h3> <p>En fait, ce à quoi nous avons assisté avec la Covid19, qui a entraîné une multiplication des mesures sanitaires, c’est au triomphe de ce qu’il faut bien appeler un nouvel hygiénisme. Or on sait, rappelle BHL, où cela a conduit, notamment sous Vichy. Certes on n’en est plus là.«Mais on a bien vu, au plus haut de la pandémie, nos appareils hospitaliers reparcourir, à toute vitesse et à l’envers, les étapes (nosologique, épidémique, anatomique) de l’histoire de la clinique telle que la scandait Michel Foucault: pourquoi pas, dans ce cas, la tentation, aussi, d’un retour au pire de l’hygiénisme?»</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157238_michelfoucault.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="321" height="395" /></p> <h4 style="text-align: center;">Michel Foucault © Wikipédia</h4> <p>Autre point sur lequel s’interroge l’auteur, l’étrange «idée que le virus n’avait pas que du mauvais, qu’il possédait une vertu cachée», qu’il a «un message à nous délivrer.» Appel au changement, au ressaisissement, à une forme de repentir, parce que bien sûr ça ne pouvait pas durer toujours. Avec tout ce que cela comporte, là encore, de relents pétainistes, <a href="https://bonpourlatete.com/chroniques/chronique-de-juin-1940" target="_blank" rel="noopener">la défaite de la France en 1940</a> comme châtiment pour avoir trop joui. Dans ce qui nous arrive, il y aurait en somme une occasion historique à saisir. Le fameux «jour d’après» devenant «une version évangélique du Grand soir, où rien ne devra plus recommencer comme avant.» Reprise de la sempiternelle antienne marxiste «de la crise finale du capitalisme matinée de collapsologie.» Difficile pourtant de voir dans cette «fièvre interprétative» autre chose que de l’opportunisme et une forme de cynisme. Que répondre à cela? Par deux principes. </p> <p>« Le premier est politique. Je suis, plus que quiconque, écrit Lévy, partisan de réparer le monde (…) Et je rêve, moi aussi, de voir le principe écologique entrer pour de bon dans l’esprit des lois. Mais pas comme ça.» Ce qui a manqué dans cette période durant laquelle on n’a eu de cesse d’opposer vie et économie en termes de coûts, c’est un large débat démocratique. Non pas à propos «de nos sympathiques utopies pour le <i>monde d’après</i>, mais des mesures à mettre en œuvre, ici, maintenant, concrètement dans le <i>monde pendant</i>.» Le second principe est métaphysique:«j’ai lutté, toute ma vie, poursuit Lévy, contre le piège des religiosités laïques (…) Donner un sens à ce qui n’en a pas et faire parler ce hors-sens qu’est l’indicible de la souffrance des hommes est l’une des sources, au mieux, de la psychose, au pire du totalitarisme.» </p> <p>Dans les premières pages de son livre, BHL mentionne La Boétie et son <i>Discours de la servitude volontaire. </i>Jamais ce texte de l’ami de Montaigne n’a été plus actuel. Comme si ce que nous avons vécu en était l’exacte illustration. Sans doute, dira-t-on, nos gouvernants n’ont-ils guère eu d’autres choix que d’agir ainsi qu’ils l’ont fait durant cette période. Et trop de précautions, après tout, valent mieux sans doute que pas assez. Peut-être. Mais est-on bien certain que cela ne concerne que le seul temps limité de la pandémie? Et ne doit-on pas se demander avec Bernard-Henri Lévy s’il n’y a pas là «une tendance lourde de nos sociétés, dont les signes avant-coureurs se multipliaient, et que la pandémie ne fit qu’accentuer?» A méditer. Plus que jamais.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592156933_9782246826217001t.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="229" height="353" /></p> <h4>Bernard-Henri Lévy, <em>Ce virus qui rend fou</em>, Grasset, 2020.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'lecons-d-une-panique-mondiale', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 600, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2417, 'homepage_order' => (int) 2657, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Raphaël Aubert, écrivain', 'description' => 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ', 'title' => 'Leçons d’une panique mondiale', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2412, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Leçons d’une panique mondiale', 'subtitle' => 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Disons-le d’emblée, cette centaine de pages rédigées dans l’urgence compte parmi ce que Bernard-Henri Lévy a écrit de meilleur – j’ai pratiquement tout lu de lui, façon pour moi <i>déjà</i> d’être indocile face à la meute de tous ceux qui pratiquent le Lévy «bashing». Je pense notamment aux <i>Aventures de la liberté</i>. <i>Une histoire subjective des intellectuels</i> (1991) et surtout au <i>Siècle de Sartre</i> (2000), l’un des ouvrages les plus pénétrants écrits sur l’auteur des <i>Mots</i>. Il y a aussi <i>American Vertigo</i> (2006), lu en anglais avant sa parution en France, ou encore, dans un tout autre registre, sorte de parenthèse introspective, <i>Comédie</i> (1997). A quoi on ajoutera tout ce que BHL a écrit, et c’est si rare aujourd’hui, à propos d’André Malraux. Lui qui répondit à l’appel de l’auteur de <i>La Condition humaine</i> en 1971 lors de la guerre d’indépendance de ce qui s’appelait encore le Pakistan Oriental. C’est d’ailleurs à Dacca, au Bangladesh, dans la perspective du cinquantenaire l’an prochain de ce terrible conflit, que Lévy se trouvait pour <i>Paris Match</i> quand les frontières ont commencé à se refermer. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157201_bhl_sheikhhasina.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">BHL avec Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh, 2015 © Dhaka Tribune</h4> <p>Singulier contraste, écrit-il en substance, entre ce Bangladesh tant aimé, mais si pauvre, sur lequel semblent fondre toutes les calamités possibles, et le spectacle de cet emballement collectif qui a saisi toute la planète.«C’est l’épidémie, non seulement de Covid, mais de peur qui s’est abattue sur le monde. On a vu des tempéraments hardis, soudain paralysés. On a vu des intellectuels, qui avaient vu d’autres guerres, reprendre la rhétorique de l’ennemi invisible (…) On a vu Paris se vider, comme dans le <i>Journal</i> de l’Occupation d’Ernst Jünger.» Comme si soudain plus rien d’autre n’existait que la Covid19. Alors que le monde a pourtant connu, dans un passé récent, des pandémies infiniment plus meurtrières, la grippe de Hong Kong en 1968 avec son million de morts et, en 1957, la grippe asiatique qui en causa le double – à ce jour le coronavirus a tué dans le monde 430'000 personnes: en comparaison la grippe saisonnière fait chaque année entre 290’000 et 650’000 victimes. Reconnaissons-le, on est loin du compte. </p> <p>Pourquoi dès lors, s’interroge Bernard-Henri Lévy, cette «extraordinaire soumission mondiale à un événement dont je répète qu’il était tragique mais nullement sans précédent?» Et de citer le médecin pathologiste allemand, Rudolf Virchow (1821-1902), qui affirmait qu’«une épidémie est un phénomène social qui comporte quelques aspects médicaux.» Or, de tous les éléments politiques et sociaux que cette crise a mis en lumière, la mainmise de ce qu’il faut bien appeler le pouvoir médical n’est pas le moins inquiétant. </p> <p>«Jamais, relève Lévy, un médecin ne s’était invité, chaque soir, dans les foyers, pour annoncer, telle une Pythie triste, le nombre de morts de la journée.» Et sur les écrans des chaines d’informations en continu, les consultants en blouse blanche de remplacer les éditorialistes; et nos gouvernants, y compris ici en Suisse, de s’en remettre à des <i>Task forces</i> d’épidémiologistes afin d’administrer la bonne parole au nom d’une communauté scientifique prétendument homogène. Qui bien sûr ne l’est pas. Ainsi que l’a encore montré l’affaire Raoult, qui a vu s’affronter les intérêts particuliers, les jeux de pouvoir et d’amour propre. La vérité de tout cela, c’est que «le roi est nu, même s’il est médecin. Le roi est nu, surtout s’il est médecin.» Nous devrions pourtant savoir depuis Gaston Bachelard, cité par Lévy, que l’oracle scientifique que nous le sommons de délivrer «n’est jamais qu’une erreur rectifiée.» </p> <h3>L'idée étrange que ce virus n'avait pas que du mauvais</h3> <p>En fait, ce à quoi nous avons assisté avec la Covid19, qui a entraîné une multiplication des mesures sanitaires, c’est au triomphe de ce qu’il faut bien appeler un nouvel hygiénisme. Or on sait, rappelle BHL, où cela a conduit, notamment sous Vichy. Certes on n’en est plus là.«Mais on a bien vu, au plus haut de la pandémie, nos appareils hospitaliers reparcourir, à toute vitesse et à l’envers, les étapes (nosologique, épidémique, anatomique) de l’histoire de la clinique telle que la scandait Michel Foucault: pourquoi pas, dans ce cas, la tentation, aussi, d’un retour au pire de l’hygiénisme?»</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592157238_michelfoucault.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="321" height="395" /></p> <h4 style="text-align: center;">Michel Foucault © Wikipédia</h4> <p>Autre point sur lequel s’interroge l’auteur, l’étrange «idée que le virus n’avait pas que du mauvais, qu’il possédait une vertu cachée», qu’il a «un message à nous délivrer.» Appel au changement, au ressaisissement, à une forme de repentir, parce que bien sûr ça ne pouvait pas durer toujours. Avec tout ce que cela comporte, là encore, de relents pétainistes, <a href="https://bonpourlatete.com/chroniques/chronique-de-juin-1940" target="_blank" rel="noopener">la défaite de la France en 1940</a> comme châtiment pour avoir trop joui. Dans ce qui nous arrive, il y aurait en somme une occasion historique à saisir. Le fameux «jour d’après» devenant «une version évangélique du Grand soir, où rien ne devra plus recommencer comme avant.» Reprise de la sempiternelle antienne marxiste «de la crise finale du capitalisme matinée de collapsologie.» Difficile pourtant de voir dans cette «fièvre interprétative» autre chose que de l’opportunisme et une forme de cynisme. Que répondre à cela? Par deux principes. </p> <p>« Le premier est politique. Je suis, plus que quiconque, écrit Lévy, partisan de réparer le monde (…) Et je rêve, moi aussi, de voir le principe écologique entrer pour de bon dans l’esprit des lois. Mais pas comme ça.» Ce qui a manqué dans cette période durant laquelle on n’a eu de cesse d’opposer vie et économie en termes de coûts, c’est un large débat démocratique. Non pas à propos «de nos sympathiques utopies pour le <i>monde d’après</i>, mais des mesures à mettre en œuvre, ici, maintenant, concrètement dans le <i>monde pendant</i>.» Le second principe est métaphysique:«j’ai lutté, toute ma vie, poursuit Lévy, contre le piège des religiosités laïques (…) Donner un sens à ce qui n’en a pas et faire parler ce hors-sens qu’est l’indicible de la souffrance des hommes est l’une des sources, au mieux, de la psychose, au pire du totalitarisme.» </p> <p>Dans les premières pages de son livre, BHL mentionne La Boétie et son <i>Discours de la servitude volontaire. </i>Jamais ce texte de l’ami de Montaigne n’a été plus actuel. Comme si ce que nous avons vécu en était l’exacte illustration. Sans doute, dira-t-on, nos gouvernants n’ont-ils guère eu d’autres choix que d’agir ainsi qu’ils l’ont fait durant cette période. Et trop de précautions, après tout, valent mieux sans doute que pas assez. Peut-être. Mais est-on bien certain que cela ne concerne que le seul temps limité de la pandémie? Et ne doit-on pas se demander avec Bernard-Henri Lévy s’il n’y a pas là «une tendance lourde de nos sociétés, dont les signes avant-coureurs se multipliaient, et que la pandémie ne fit qu’accentuer?» A méditer. Plus que jamais.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1592156933_9782246826217001t.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="229" height="353" /></p> <h4>Bernard-Henri Lévy, <em>Ce virus qui rend fou</em>, Grasset, 2020.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'lecons-d-une-panique-mondiale', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 600, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2417, 'homepage_order' => (int) 2657, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3229, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le sismographe de la vie artistique', 'subtitle' => '«Le Bœuf sur le toit. Miroir des années folles», Jean-Pierre Pastori, In Fine Editions d’art, 162 pages.', 'subtitle_edition' => '«Le Bœuf sur le toit. Miroir des années folles», Jean-Pierre Pastori, In Fine Editions d’art, 162 pages.', 'content' => '<p>S’il est un lieu mythique de l’entre-deux guerres à Paris, à la fois restaurant et cabaret, fréquenté par tout ce qui compte alors sur la scène culturelle, c’est bien le <em>Bœuf sur le toit</em>. Son histoire, que relate Jean-Pierre Pastori avec le talent que l’on sait dans un magnifique ouvrage richement illustré, se confond en effet avec celle de l’un des moments-phares de la création artistique. Son nom n’est-il pas repris du titre d’un ballet-pantomime de Jean Cocteau, musique de Darius Milhaud? L’initiateur du Groupe des Six sera évidemment l’un des piliers du nouvel établissement qui s’ouvre en 1922, rue Boissy-d’Anglas – le <em>Bœuf</em>, qui existe toujours, connut plusieurs adresses, mais sans quitter jamais la Rive Droite. Cocteau s’y produit parfois, tenant alors le «jazz», entendez la batterie. L’expression «faire un bœuf» vient d’ailleurs des concerts improvisés des jazzmen qui s’y retrouvaient en fin de soirée. Parmi les habitués, citons pêle-mêle Brancusi, Satie, Morand, Picasso, Radiguet bien sûr, Chanel, Cendrars, Honegger. «Ce <em>Bœuf</em>, écrira Cocteau, n’a été ni un bar, ni un restaurant, ni un cabaret, mais notre jeunesse, une halte, un prestigieux amalgame de forces et de merveilles.»</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'le-sismographe-de-la-vie-artistique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 581, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2850, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => '«L’effacement soit ma façon de resplendir»', 'subtitle' => 'C’était en 1977. J’écrivais déjà pour la presse. Je collaborais alors à l’hebdomadaire romand «La Vie protestante» et je m’étais rendu à Grignan pour interviewer Philippe Jaccottet. C’était au temps des «Chants d’en bas» et de «A travers un verger». J’ai retrouvé cet entretien qui, bien que près d’un demi-siècle se soit écoulé, n’a rien perdu de sa force d’évidence. Jaccottet y est tout entier, en pleine lumière. Je vous en livre ici quelques extraits en hommage à celui qui vient de nous quitter. Manière aussi de mettre un point final à l’aventure de ces chroniques commencée avec la création de Bon pour la tête et dont c’est ici la dernière. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p><i>Avec Roud et Rilke, vous avez rencontré deux écrivains qui vous ont passablement marqué. Chez Roud, une certaine attention aux choses?</i></p> <p><i> – </i>Oui, et plus précisément la formule de Novalis qu’il répétait souvent: «le paradis est dispersé sur toute la terre, il faut réunir ses traits épars», formule qui définit assez précisément l’idée que je me faisais de la poésie, même si ensuite elle s’est développée dans une tout autre direction que la sienne. Non plus forcément la campagne ou la vie paysanne, mais simplement la poésie en tant que recherche de l’ordre caché derrière les apparences. Donc en effet une attention au monde, mais pour trouver ce qui est derrière. C’était une rencontre décisive puisqu’elle m’éclairait sur moi-même.</p> <p><i>Et Rilke, auquel vous avez consacré un livre?</i> </p> <p>– Rilke a été vraiment ma grande passion de tout jeune lecteur, et je suis sûr qu’il a eu une influence réelle sur ma poésie, peut-être trop grande à certaine moment, et dont j’ai eu à me défendre. Cela beaucoup plus nettement que l’œuvre de Roud, qui n’a jamais joué un rôle quant à ma façon d’écrire.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615490024_jaccottetroud.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="517" height="624" /></p> <h4 style="text-align: center;">Philippe Jaccottet, <i>Gustave Roud</i>, Seghers Editeur coll. «Poètes d’aujourd’hui», 1968 © Coll. part. </h4> <p><i>Ce qui me paraît constituer l’un des thèmes majeurs de votre œuvre poétique, au demeurant fort abondante, c’est «l’effacement magique de tout obstacle» présent dans </i>A travers un verger <i>et plus encore la quête de l’issue, «Peut-être y a-t-il une espèce d’issue.» </i></p> <p><i>– </i>Oui, «l’effacement magique de tout obstacle» est bien l’un des thèmes majeurs, dont j’ai pris conscience peut-être simplement en regardant les paysages à notre arrivée ici, à Grignan. J’y ai été émerveillé par la lumière d’une façon tout à fait inattendue et féconde pour ce que j’ai écrit. Essayant de comprendre d’où venait cette émotion et cette exaltation que j’éprouvais devant certains paysages, je me suis aperçu que parfois, à certains moments, la lumière semblait absorber par exemple les montagnes. Et si j’étais émerveillé, logiquement il n’y avait aucune raison de l’être plus par cela que par autre chose, mais j’avais là une image, une métaphore, précisément de cet effacement des obstacles. Tentation que l’on a toujours si l’on est hanté par la mort, l’obstacle majeur. Eh bien, devant de tels paysages, on est porté à s’imaginer que même celui-ci pourra être franchi par une tension plus grande du regard ou par un détachement du monde. Donc l’issue, dont vous parlez, pourrait être, à certains moments, cela. Je crois que beaucoup de textes, en particulier les proses décrivant des paysages et les poèmes, correspondent à des moments où cette sorte de passage devient possible. </p> <p>Pourtant, je me demande toujours, et c’est là tout le débat de ces livres, si ce n’est pas une illusion de l’esprit. Et naturellement, plus les années passent, plus les obstacles deviennent, au contraire, réels. Et il devient difficile de se laisser aller à cette sorte de rêve, d’illusion ou d’espoir. C’est pourquoi les derniers livres, <i>Chants d’en bas </i>et <i>A travers un verger, </i>à cause d’expériences personnelles, se trouvent être les plus sombres: c’est vraiment la victoire passagère, la prédominance du mur auquel on se heurte, et à partir duquel il semble qu’il n’y ait plus d’issue. Mais les prochains livres, Dieu merci, n’auront plus ce même caractère assez noir. </p> <p><i>Précisément</i>, A travers un verger <i>apparaît comme une manière de révision, de retour déchirant sur l’œuvre. </i></p> <p><i>– </i>Oui , c’est une réaction violente contre un livre précédent. Je m’aperçois d’ailleurs que de livre en livre cela se passe généralement ainsi, <i>L’Obscurité</i> ayant été suivi d’<i>Air</i>s en réaction contre l’excès de noirceur du récit, mais ce n’est pas du tout intentionnel. Simplement la vie fait que c’est ainsi. Dans le cas particulier, <i>A travers un verger</i> commence comme un texte des <i>Paysages avec figures absentes</i>, donc une description, en même temps qu’une célébration de la beauté du monde à laquelle je demeure infiniment sensible. Mais devant certaines épreuves de la vie, on a soudain l’impression de ne plus avoir le droit de se livrer à ce travail d’exaltation, que c’est presque une sorte de scandale de décrire des amandiers en fleurs dans un monde tel que le nôtre, dans une vie telle que celle-ci. D’où la réaction de la seconde partie. Et d’abord peut-être l’impossibilité de terminer ce texte. </p> <p><i>Justement, vous avez écrit dans </i>L’Effraie, <i>au sujet de la beauté:«Je sais maintenant que je ne possède rien, pas même ce bel or qui est feuille pourrie.» La beauté, pour vous, est donc toujours problématique? </i></p> <p>– Oui, parce que je suis constamment sensible au fait qu’elle soit périssable, et je crois que c’est le nœud de tout. D’ailleurs tout cela est d’une banalité épouvantable, mais enfin c’est la banalité qui est à la source de presque toute la poésie lyrique. Mais depuis que je suis ici, car c’est un poème ancien que vous citez, où s’exprime tout de même la mélancolie de la jeunesse ou de l’adolescence, les choses sont devenues plus concrètes, plus chargées de substance, et la beauté a pris dans mon expérience une place beaucoup plus substantielle qu’auparavant. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615489964_jaccottetleffraie.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="527" height="743" /></p> <h4 style="text-align: center;">Philippe Jaccottet, <i>L’Effraie et autres poésies</i>, édition originale, 1953 © Coll. part. </h4> <p><i>Quelle place?</i></p> <p>– C’est quelque chose qui n’est peut-être pas précisément définissable, mais disons tout de même que c’est une présence constante, comme les blessures, les douleurs ou les difficultés quotidiennes de la vie, et qui s’y oppose constamment. Au fond, une sorte d’aide, un signe qui vous est fait, et dont on ne peut pas ne pas tenir compte. Je continue à éprouver fortement cela comme pouvant ne pas être dépourvu de sens, même s’il est permis de penser, à certains moments, que tout cela n’est qu’un mirage. Foncièrement, je ne le crois pas. C’est pourquoi je continue à écrire.</p> <p><i>L’autre versant de votre œuvre, c’est la traduction. Quels sont les auteurs que vous avez eu le plus de plaisir à traduire? – </i>Robert Musil en particulier. Avec <i>L’Homme sans qualité</i>, c’était vraiment la découverte d’un univers totalement inconnu, comme faire un voyage dans un pays étranger. Et j’ai passé trois ans sans jamais m’ennuyer sur ce livre. J’ai traduit un peu Rilke, avec peut-être un peu moins de plaisir, mesurant tellement l’insuffisance de ma traduction que cela en devenait agaçant. <i>L’Odyssée,</i> à cause d’une certaine fraîcheur dans la redécouverte de ce texte. Et puis, il y a d’autres choses, <i>Hypérion </i>de Hölderlin. La traduction avançant bien, j’avais l’impression de rendre quelque chose, et ce n’était pas d’une difficulté excessive.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615655006_palzieuxgrignan.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Palézieux, <i>Paysage à Grignan</i>, eau-forte, 1963 <b>© </b>Musée Jenisch Vevey - Cabinet cantonal des estampes</h4> <p><i>En 1953, vous vous êtes installé à Grignan. Pourquoi Grignan? Un exil? </i></p> <p>– Non, Grignan, c’est vraiment un hasard. Ma femme et moi nous cherchions un endroit pour vivre, à la campagne de préférence, Paris ne nous paraissant plus possible étant donné les conditions matérielles que nous avions à ce moment-là qui étaient vraiment le strict minimum. Il y avait aussi je pense le besoin, pas même conscient, de mettre une certaine distance – exil c’est beaucoup dire – entre le monde littéraire parisien et moi. Etant quand même d’une nature influençable ou assez incertaine – je l’étais surtout à ce moment-là –, fréquenter constamment des écrivains, dont certains que j’aimais vraiment beaucoup, pouvait me démolir. Et comme ils avaient tous les idées les plus opposées les unes des autres, j’étais encore plus perdu! Donc le besoin d’une certaine distance, simplement.</p> <p><i>Dans quelle mesure restez-vous romand?</i> </p> <p>– Oh! Je crois qu’on le demeure par nature.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1615489839_jaccottetatraversunverger.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="257" height="441" /></p> <h4>Philippe Jaccottet, <em>A travers un verger</em>, Fata Morgana, nouvelle édition 2021.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'l-effacement-soit-ma-facon-de-resplendir', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 692, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2850, 'homepage_order' => (int) 3090, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => 'Chronique', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2826, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Peintres de la vie moderne', 'subtitle' => 'Avant que d’être le poète scandaleux des «Fleurs du Mal», Charles Baudelaire, dont on célèbre cette année le bicentenaire, a beaucoup écrit sur l’art. Durant toute sa vie, il n’a jamais cessé de fréquenter les ateliers. Comme plus tard Guillaume Apollinaire, grand admirateur de Picasso, qui fit beaucoup pour la reconnaissance du cubisme, Baudelaire s’employa avec une égale passion à imposer les peintres de son temps, Delacroix, Courbet, Manet. Et de se faire à travers eux le chantre d’une nouvelle manière de voir, d’une nouvelle façon d’appréhender ce qu’il appelle «l’héroïsme de la vie moderne.»', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Baudelaire a vingt-quatre ans quand il donne son premier <i>Salon.</i> C’est-à-dire le compte rendu détaillé de la grande exposition annuelle des artistes choisis par l’Académie – c’est en réaction à cette sélection officielle que verra le jour par la suite, comme on le sait, le Salon des Indépendants et bien d’autres encore. Depuis Diderot, à l’origine de l’exercice et qui en a fait un véritable genre littéraire, nombreux sont les écrivains à publier leurs <i>Salons</i>: Stendhal en fait paraître trois, consacrés aux expositions de 1822, 1824 et 1827, Gauthier, que Baudelaire admire, en publie neuf, s’étendant de 1833 à 1842. Rien d’étonnant dès lors que le jeune littérateur s’y essaie à son tour. Son <i>Salon de 1845</i> sera suivi de ceux de 1846 et de 1859. A quoi on peut ajouter trois textes traitant de la section beaux-arts de l’Exposition universelle de 1855. </p> <p>Pour Baudelaire, c’est l’occasion d’exposer ses vues esthétiques tout en défendant les artistes qu’il révère. A commencer par Eugène Delacroix qu’il a découvert très tôt, à dix-sept ans. Déambulant dans la galerie des Batailles du château de Versailles, une œuvre retint plus particulièrement son attention, la <i>Bataille de Taillebourg</i>. Dès avant sa rencontre avec Delacroix, vraisemblablement en 1846, il a acquis plusieurs lithographies de la série <i>Hamlet. </i>Le jeune écrivain est alors en quête d’un art neuf. Et le peintre qui présente au salon de 1845 sa toile intitulée <i>Dernières paroles de l’empereur Marc-Aurèle </i>est bien prêt de représenter cet idéal. «Tableau splendide, magnifique, sublime, incompris», s’enthousiasme Baudelaire. «Nous sommes ici en plein Delacroix, c'est-à-dire que nous avons devant les yeux l'un des spécimens les plus complets de ce que peut le génie dans la peinture.» </p> <p>Dans son compte rendu du salon suivant, celui de 1846, Baudelaire va encore plus loin. Il qualifie Delacroix rien moins que de «chef de l’école <i>moderne</i>.» A ses yeux, tout dans son œuvre tend en effet à incarner le romantisme même. Qui ne s’exprime, affirme-t-il,«ni dans le choix des sujets, ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir.» Et l’écrivain d’ajouter:«Qui dit romantisme dit art moderne, c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l'infini, exprimés par tous les moyens que contiennent les arts.» </p> <p>Jamais Baudelaire ne se départira de son admiration pour le peintre des <i>Femmes d'Alger</i>. Dans son <i>Salon de 1859</i> encore, il qualifie Delacroix de «peintre-poète» qui «verse tour à tour sur ses toiles inspirées le sang, la lumière et les ténèbres.» Ce qui vaudra en retour au poète des <i>Fleurs du Mal</i> une lettre émue:«Comment vous remercier dignement pour cette nouvelle preuve de votre amitié?» Et sans doute comme Fantin-Latour et Manet avec qui il assista aux obsèques de Delacroix le 17 août 1863, Baudelaire ne put qu’être lui aussi frappé par l’assistance clairsemée qui suivit le convoi funèbre. En réaction, Fantin-Latour peignit son fameux <i>Hommage à Delacroix</i> où l’on reconnaît, entourant un portrait du peintre inspiré d’un cliché de Nadar, Champfleury, Whistler, Manet, Fantin-Latour lui-même ainsi bien sûr que Baudelaire. Mais ce n’est pas le seul tableau dans lequel figure le poète.</p> <h3>Combien nous sommes grands et poétiques dans nos cravates et nos bottines vernies</h3> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1614423571_fantinlatourhommagedelacroix.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Fantin-Latour, <i>Hommage à Delacroix</i> (1864). Baudelaire est assis au premier rang à droite © DR</h4> <p>Il est également représenté dans l’immense toile de Gustave Courbet, <i>L’Atelier du peintre</i> (1855). Il est placé tout à la droite de la composition, parmi ceux que l’artiste nomme «tous les actionnaires, c'est-à-dire les amis, les travailleurs, les amateurs du monde de l'art.» La conception picturale de Courbet correspond alors assez exactement à ce que Baudelaire appelle de ses vœux dans son <i>Salon de 1845</i> et qu’il développe dans celui de 1846. «Au vent qui soufflera demain nul ne tend l’oreille; et pourtant l’héroïsme de la vie moderne nous entoure et nous presse (…) Celui-là sera le peintre, le vrai peintre, qui saura arracher à la vie actuelle son côté épique, et nous faire voir et comprendre, avec de la couleur ou du dessin, combien nous sommes grands et poétiques dans nos cravates et nos bottines vernies.» On reconnaît là l’éloge du dandy – Baudelaire y reviendra longuement dans <i>Le peintre de la vie moderne</i> publié en 1863 dans <i>Le Figaro</i>. </p> <p>Du dandysme, Courbet est certes très éloigné. Il n’en est pas moins le peintre qui répond le mieux au vœu de Baudelaire qui dans son <i>Salon de 1846</i> en appelle aux «grands coloristes (qui) savent faire de la couleur avec un habit noir, une cravate blanche et un fond gris.» <i>Un enterrement à Ornans </i>(1849-1850),<i></i>le tableau programmatique de Courbet qui fit scandale, répond très exactement à ce que réclame Baudelaire. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1614423633_manetmusiqueauxtuileries.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Manet, <i>La Musique aux Tuileries</i> (1862), détail. Baudelaire est de profil à gauche de Gautier © DR</h4> <p>Dernier artiste enfin associé à l’écrivain, mais il y en a d’autres encore dont on pourrait parler, Edouard Manet. On a beaucoup glosé sur ce que répondit Baudelaire en 1865 à une lettre du peintre alors attaqué de toute part – deux ans auparavant, son<i> Déjeuner sur l’herbe</i>, exposé à la requête de Napoléon III parmi les «refusés», a choqué tout comme son <i>Olympia </i>(voir ci-dessus). «Vous n’êtes, lui écrit alors Baudelaire, que le premier dans la décrépitude de votre art.» Dans cette réflexion, on peut naturellement voir – en apparence – une condamnation de l’art de l’époque dominé par Manet. Mais c’est méconnaître Baudelaire, grand admirateur notamment des eaux-fortes de l’artiste qu’il compare à Goya. Il faut plutôt comprendre la remarque dans toute son ironie. Avec à l’esprit les critiques des bienpensants, de tous les philistins pour qui le progrès consonne nécessairement avec décadence et l’art qui s’y réfère avec décrépitude. En ce sens-là, Manet est bien le plus grand artiste de son temps.</p> <p>Le peintre et le poète se sont connus très tôt. Tous deux partagent alors un même goût pour le dandysme et le fameux habit noir. C’est dans ce véritable uniforme de la modernité complété d’un haut de forme que le peintre a représenté son ami aux côtés de Théophile Gautier, dédicataire des <i>Fleurs du Mal</i>, dans son tableau <i>La Musique aux Tuileries</i> (1862). Il existe également une eau-forte qui reprend cette même silhouette du poète. L’un des plus beaux portraits de femme peint par Manet témoigne également de cette amitié. Il s’agit de l’opulente toile, qui n’a rien à envier à Velasquez, figurant la «lionne» du poète, Jeanne Duval, peinte en 1862 et intitulée <i>La Maîtresse de Baudelaire</i>. Enfin, contemplant l’<i>Olympia </i>de Manet, avec son mince ruban noir noué autour du cou et son bracelet au poignet,<i></i>comment ne pas se réciter les premiers vers du poème «Les Bijoux» des <i>Fleurs du Mal</i>? </p> <p style="text-align: center;"><i>«La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,</i></p> <p style="text-align: center;"><i>Elle n'avait gardé que ses bijoux</i></p> <p style="text-align: center;"><i>Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur </i></p> <p style="text-align: center;"><i>Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.»</i></p> <hr /> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1614423484_baudelaireecritssurlart1.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="154" height="251" /></h4> <h4>Baudelaire, Ecrits sur l'art, Le Livre de Poche, 2008.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'peintres-de-la-vie-moderne', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 653, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2828, 'homepage_order' => (int) 3068, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => 'Chronique', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2807, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / in#actuel', 'title' => 'Etonnants voyageurs', 'subtitle' => 'Le Havre, gare maritime, 29 mai 1935. Ils sont quatre du monde des Lettres arrivés de Paris. Les plus perspicaces ont reconnu Madame Colette, la grande Colette, qui vient de publier «La Chatte et Duo». Elle est en compagnie de Claude Farrère, l’auteur aujourd’hui quelque peu oublié de «La bataille», élu la veille à l’Académie Française. Il y a aussi le dramaturge Pierre Wolff et puis cet homme avec un béret basque sur la tête, mégot aux lèvres, qui arbore une manche vide: Blaise Cendrars, le poète des «Pâques à New York». Tous quatre sont dépêchés par leurs journaux respectifs à bord du Normandie pour sa croisière inaugurale. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>L’entre-deux-guerres fut, on le sait, une période particulièrement faste pour la presse. Spécialement pour les grands titres nationaux. Dans les années 1930, un journal comme <i>Paris-Soir </i>tire jusqu’à 1 million d’exemplaires – 1,8 million en 1939! Souvent, il y a plusieurs éditions quotidiennes et entre les journaux, la lutte est vive, sinon féroce. Ce qui ne va pas parfois sans dérapage ni bidonnage – on parlerait aujourd’hui de <i>fake news</i>. Comme ce 10 mai 1927, lorsque le vénérable quotidien <i>La Presse</i> croit pouvoir annoncer avant tous ses concurrents: «Nungesser et Coli ont réussi. Les émouvantes étapes du grand raid. A 5 heures arrivée à New York.» </p> <p>Toujours en une du journal, on lit: «Lorsque l’avion de Nungesser apparut au-dessus de la rade de New York, le commandant Foullois, chef de l’aviation maritime de chasse, s’était porté à son devant avec une escadrille et, dès que l’avion fut en vue, les sirènes des bateaux mugirent et les bâtiments hissèrent le pavillon.» La vérité est que Nungesser et Coli n’ont jamais atteint New York, disparaissant corps et biens. Aujourd’hui, on estime que les deux hommes sont bel et bien parvenus à traverser l’Atlantique, atteignant Saint-Pierre-et-Miquelon où ils auraient tenté d’amerrir. En vain. L’annonce, quelques jours plus tard, de leur disparition, causa une intense émotion. Entraînant par contre-coup la désaffection du public à l’égard du journal fondé par Emile de Girardin, qui jamais ne s’en releva.</p> <p>Toujours dans l’intention de prendre l’avantage sur leurs concurrents, les grands journaux se disputent les meilleures plumes du moment. Et de solliciter tout naturellement les écrivains et écrivaines en vogue. L’un des plus populaires est Pierre Benoit. Le romancier à succès de <i>L’Atlantide </i>et de <i>La Châtelaine du Liban</i> – le premier titre publié par le Livre de poche à son lancement en 1953, on ne le sait pas toujours ou on l’a oublié, est <i>Koenigsmark</i>. Voilà qui dit bien l’aura entourant alors son auteur. Durant l’entre-deux-guerres, Pierre Benoit partage son temps entre l’écriture de son roman annuel et les grands reportages aux quatre coins de la planète, notamment pour <i>L’intransigeant</i>. <i>L’Intran</i>, comme on disait familièrement, le grand quotidien de droite du soir. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1613215880_parissoir29mai1935gallica.jpeg" class="img-responsive img-fluid center " width="501" height="766" /></p> <h4 style="text-align: center;">Annonce des reportages de Claude Farrère et Blaise Cendrars, <i>Paris-Soir</i>, 29 mai 1935 © Gallica</h4> <p>Pour les principaux représentants de la scène littéraire, écrire pour la presse est une source appréciable de revenus. Ainsi Saint-Exupéry raconte-t-il pour <i>L’Intran </i>son raid manqué Paris-Saigon en décembre 1935. Après dix-neuf heures de vol, l’aviateur-écrivain s’était écrasé dans le désert libyen. Son récit, «Le vol brisé. Prison de sable», paraît en janvier suivant; il constituera les cinq premiers chapitres de <i>Terre des Hommes</i>. Une année plus tard, Jean Prouvost, le patron de <i>Paris-Soir,</i> lui propose quatre-vingt mille francs pour dix articles consacrés à la guerre civile espagnole. </p> <p>Les moyens dont dispose la presse de l’époque sont souvent considérables. Les directeurs de journaux mettent à disposition de leurs reporteurs-vedettes argent, voitures et chauffeurs – cela a bien changé! Rien d’étonnant dès lors que pour un événement aussi important que le voyage inaugural du paquebot <i>Normandie</i> les journaux se mobilisent. Il faut dire que le nouveau fleuron des <i>French Lines</i> conjugue tous les superlatifs. Il est, répète-t-on à satiété, le plus gros, le plus moderne et le plus fastueux de tous les navires construits à son époque. Son appareil propulsif est du dernier cri et, pour sa décoration intérieure, qui en fait une véritable vitrine du luxe français, les meilleurs représentants de ce qu’on appellera l’<i>Art déco </i>ont été requis, les Subes, Lalique, Leleu, Patout.</p> <p>C’est le tout jeune directeur de la rédaction de <i>Paris-Soir – </i>il a 28 ans – un certain Pierre Lazareff, futur patron de <i>Cinq colonnes à la une,</i> alors déjà amateur de coups fumants, qui a eu l’idée d’envoyer Farrère et Cendrars sur le <i>Normandie</i>. Les deux hommes se complètent à merveille. Ancien capitaine de corvette – il a notamment servi en Extrême-Orient avant la Grande Guerre – Farrère racontera la traversée en écrivain de la mer depuis les <i>spardecks</i> et la passerelle, tandis que Cendrars, le bourlingueur, sera avec l’équipage. Aux côtés des mécaniciens, dans les entrailles du navire. </p> <h3>La capitale flottante ne bouge pas plus que Paris ou Londres ne vibrent</h3> <p>Colette a déjà une longue pratique du journalisme. Durant toute sa carrière elle rédigera plus d’un millier d’articles sur la mode, le théâtre, le tourisme, l’amour, que sais-je encore? Et collaborera à une centaine de titres, dont <i>Le Journal</i> où elle écrit depuis 1933. C’est donc tout naturellement elle qui couvrira la croisière inaugurale du<i> Normandie. </i>«Ce paquebot, note-t-elle dans son premier article, qui n’est que succulence, crème fraîche, fruits fermes, pain croustillant et quelle table!» Car bien évidemment Colette, on n’est pas bourguignonne pour rien, se délecte en connaisseuse de la cuisine du bord. Mais tout autant du spectacle de la mer. «Juste au-dessous de mes hublots, écrit-elle au lendemain de l’appareillage, se gonfle, s’abaisse, harmonieuse, respire sans fin une longue bête onctueuse d’un gris vert, emplumée d’écume. Tout le reste de l’horizon n’est que brume tiède, traînante, qui lèche et calme la mer.» </p> <p>Farrère, lui, c’est en technicien qu’il jauge des qualités nautiques du nouveau-né. «Le sillage s’étale en poupe jusqu’à perte de vue, plat comme une immense route très blanche. 30 nœuds et même davantage. Ni tangage, ni roulis. La capitale flottante ne bouge pas plus que Paris ou que Londres ne vibrent, nul ne l’ignore, à tous les passages trop brutaux des cars, des autobus, des camions et autres supervéhicules trop négligemment suspendus.» Comme beaucoup d’autres personnalités conviées à ce premier voyage, l’écrivain suit grâce à la TSF la crise ministérielle qui vient d’éclater à Paris. Tandis que le <i>Normandie</i> se rapproche de son but et s’apprête à conquérir le ruban bleu récompensant la traversée la plus rapide, le cabinet Flandrin a été renversé. «Hier, formidable éclat de rire d’un bout à l’autre des huit ponts de la* <i>Normandie, </i>écrit Farrère.<i></i>La TSF s’est fort gracieusement moquée de nous tous, tant que nous sommes, sans la moindre malice d’ailleurs en annonçant que le maréchal Pétain était ministre de la Marine!» </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1613215936_coletteborddunormandie.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="536" height="554" /></p> <h4 style="text-align: center;">Colette (au milieu) à bord du <i>Normandie</i> © Coll. part. </h4> <p>Et Blaise Cendrars, me demanderez-vous? Sitôt embarqué, il s’est enfoncé dans le ventre du navire. Chacun de ses articles sera un hymne à la technique, aux machines et aux hommes qui les servent. «Poussant une lourde porte où je faillis être renversé par un courant d’air, je débouchai dans la salle des dynamos bruissante, ronflante et toute remplie d’un rythme continu, qui est le seul témoignage de la Force invisible, car nulle part on ne voit tourner une roue ni travailler une bielle (…) Quand j’arrive sur la passerelle, le balcon de fer bien astiqué qui domine la centrale électrique et qui est le poste de commande de toute cette machinerie automatique, l’humble correspondant de <i>Paris-Soir</i> que je suis est reçu fraternellement et, oserais-je le dire, avec gratitude, par les officiers mécaniciens.» C’est à peine si durant les jours suivant, l’écrivain quittera leur compagnie. </p> <p>Le 4 juin, à l’arrivée à New York, Cendrars rejoint tout de même ses collègues sur le pont pour assister à la «marche triomphale» du <i>Normandie</i>. «Jamais plus nous ne reverrons cela, jamais plus nous ne l’oublierons», écrit Colette. «New York, note de son côté Cendrars, est la ville la plus jeune, la plus moderne, la plus enthousiaste, mais aussi la plus généreuse du monde. L’accueil délirant que le port de New York a fait à la <i>Normandie </i>défilant devant les gratte-ciel de Manhattan est allé droit au cœur de tous les Français qui étaient à bord.» L’écrivain peut alors rejoindre les mécaniciens pour les remercier: «Je trouvais tout le monde à son poste, l’équipage au grand complet, comme toujours calme et veillant à la manœuvre. Ils ignoraient comment New York recevait leur bateau. Ils n’avaient rien vu, rien entendu, mais chaque homme avait le sourire.»</p> <hr /> <h4>*Nos trois auteurs parlent de la <i>Normandie</i> alors que l’usage veut plutôt que l’on écrive le <i>Normandie.</i></h4> <hr /> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1613215779_aborddunormandie.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="272" height="386" /></h4> <h4>Cendrars, Colette, Farrère, Wolff, <i>A bord du Normandie. Journal transatlantique</i>, Le Passeur/Cecofop, 2003</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'etonnants-voyageurs', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 667, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2809, 'homepage_order' => (int) 3049, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => 'Culture', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 72, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 7063, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Conseil national.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 95096, 'md5' => 'bdae5a8c012e585a1a6a45c3f9c55b6c', 'width' => (int) 991, 'height' => (int) 515, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Au Conseil National, Bernexpo, 4 mai.', 'author' => '', 'copyright' => '© Schweizer Parlament', 'path' => '1592157136_conseilnational.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 2770, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Tiens, on pensait bien que BHL allait capitaliser sur l'épidémie. Moi qui pensais qu'il était discrédité?', 'post_id' => (int) 2412, 'user_id' => (int) 3601, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 2785, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'A la brocante de la philosophie, BHL a ouvert sa boutique !', 'post_id' => (int) 2412, 'user_id' => (int) 2975, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Raphaël Aubert, écrivain' $description = 'De quoi la pandémie de coronavirus est-elle le nom? Qu’a-t-elle révélé de nos sociétés? Ce que nous venons de vivre en effet est tout simplement sans précédent. Jamais, l’humanité n’a été confinée à pareille échelle. Et que dire de la prise de pouvoir des médecins? De l’imposition de l’état d’urgence? De la limitation des libertés? Il est plus que temps de réfléchir au sens de cet étrange moment de l’Histoire, mais en d’autres termes précisément que simplement sanitaires ou statistiques. C’est à quoi nous invite Bernard-Henri Lévy dans un petit ouvrage, paru il y a quelques jours, «Ce virus qui rend fou». ' $title = 'Leçons d’une panique mondiale' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 512, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'coronavirus', 'slug' => 'coronavirus', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@alphanet 17.06.2020 | 20h32
«Tiens, on pensait bien que BHL allait capitaliser sur l'épidémie. Moi qui pensais qu'il était discrédité?»
@Schindma 23.06.2020 | 13h49
«A la brocante de la philosophie, BHL a ouvert sa boutique !»