Média indocile – nouvelle formule

Analyse


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Etre libéré par les cryptos, ou se libérer des cryptos: voici une question qu’il est bon de se poser au moment où vient de s’ouvrir le procès du patron de FTX, la deuxième plus grande bourse de cryptos au monde. Si les cryptos vous excitent, choisissez dans le titre de cet article le point d’exclamation; si vous doutez de leur intérêt choisissez le point d’interrogation.



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Dans les deux cas, il y a des arguments à prendre en considération. Nous en proposons certains, et attirons l’attention sur le rôle des médias et des pouvoirs publics dans cette question.

Les termes de la question

Poursuivons la paraphrase de Hamlet: «Y a-t-il plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une possible fortune, ou à s’armer contre elle et mettre un frein à une marée de douleurs?» En d’autres termes, vaut-il mieux prendre le risque de spéculer en achetant des cryptos, ou alors vaincre la peur de rater sa chance en restant à l’écart de ce nouvel actif financier dérégulé?

Le fait est que la valeur du Bitcoin a beaucoup augmenté depuis sa création. Les rares qui en ont depuis le début se sont bien enrichis. D’où l’idée que si on n’est pas de ceux-là, alors on est passé à côté de quelques chose. C’est l’effet FOMO: fear of missing out.

Il est vrai aussi que beaucoup ont perdu de l’argent en spéculant sur les cryptos. D’après un rapport de la Bank for international settlements, entre 2015 et 2022 cela a été le cas de 73 à 81% des investisseurs particuliers en Bitcoin à travers le monde. Cela dit, peut-être qu’il vaut la peine de prendre des risques pour défendre une idée qui apparaît comme révolutionnaire, et contribuer à faire vivre un système monétaire libre du contrôle des banques centrales, sans engendrer d’inflation. Cette dernière n’est-elle pas un fléau, tenant sous son joug une large partie de la population mondiale? (En Argentine l’inflation vient d’atteindre 124%!)

Or, il se trouve que les cryptos ne sont que très peu utilisées comme moyen de paiement de biens (réels), ce qui les disqualifie en tant que monnaie, et comme bien d’autres secteurs, celui des cryptos a subi ce que l’on peut appeler – d’après No crypto de N. Hadjadji – une «normalisation capitaliste»: il y a une toujours plus grande convergence entre la finance traditionnelle et l’industrie des cryptos, issue de ce que devait être un projet essentiellement antisystème. Cette convergence se fait en particulier à travers des investissements importants de la part de la finance traditionnelle, qui acquiert ainsi un contrôle sur l’industrie des cryptos. La révolution semble donc déjà avoir fait son temps. Reste bien sûr le potentiel innovant de l’élément essentiel de l’assemblage de technologies qui font les cryptos: la blockchain. Celle-ci ouvre certes des perspectives intéressantes, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici.

Pyramides de Ponzi et jeu à somme négative

On a pu résumer ce qui est arrivé à FTX en disant qu’elle était tout bêtement financée par des dettes toujours plus grandes. Un schéma pyramidal de type Ponzi est un système dans lequel les investissements les plus récents servent à financer les rendements des investisseurs plus anciens. Un tel schéma explique à lui seul le fait que ce sont les premiers à avoir investi dans les cryptos qui ont tiré leur épingle du jeu. Aussi, on peut constater qu’effectivement l’industrie des cryptos nécessite toujours plus d’adeptes pour élargir la base servant à rémunérer ceux qui y sont entrés avant, et qui se trouvent plus haut dans la pyramide. Les rares parmi ces derniers qui ont bien réussi leur coup s’affichent sur les réseaux sociaux, et une armée d’influenceurs s’affaire pour attirer de nouveaux petits investisseurs, qui sont souvent des laissés-pour-compte du système bancaire traditionnel, des personnes qui sont en butte avec la société, ou qui trouvent dans les cryptos un moyen de boursicoter sans passer par les bourses classiques.

Cette lecture est confirmée par le fait que la seule valeur produite par les cryptos semble être celle d’être échangeable auprès d’investisseurs qui croient en sa valeur… D’où l’importance de l’effet FOMO. Aussi, vu que par sa construction et sa nature même, il n’y aura qu’une quantité finie de «pièces» émises pour chaque type de crypto – ceci pour éviter l’inflation – tout gain d’un acteur dans une transaction se fait au dépens d’un autre acteur. De plus, les transactions doivent aussi payer le coût de la production des pièces (par minage) et des transactions elles-mêmes, sans parler du travail déployé pour alimenter le système, comme celui des influenceurs. En résumé, le tout consiste en un jeu à somme négative, qui ne peut tenir qu’en aspirant de l’extérieur toujours plus d’adeptes. Il est difficile de voir comment cela peut tenir.

Légitimation

Vu les énormes doutes qui planent sur la solidité de cette construction, la question de sa légitimation devient cruciale. De nombreuses critiques des cryptos proviennent des tenants du système financier traditionnel et des banques centrales, qui évidemment se doivent de répondre au défi que les cryptos leur ont lancé. Ces critiques ne sont pas toujours crédibles, vu que ce sont des schémas pyramidaux de Ponzi qui ont été à l’origine de la crise financière de 2008, et que les banques centrales semblent avoir de grosses difficultés à endiguer l’inflation.

L’insistance sur le côté énergivore de cette industrie est aussi quelque peu tendancieuse. Car, s’il est vrai qu’elle consomme plus que les Pays-Bas, elle consomme aussi dix fois moins que ce que nous dépensons pour nos climatiseurs au niveau mondial; mais surtout, cette grande et diffuse consommation d’énergie peut être vue comme une garantie qu’aucun Etat ou acteur unique ne s’approprie les cryptos.

Les cryptos étant ce qu’elle sont, il s’agit donc surtout de conduire les individus à faire des choix rationnels à leur sujet. En cela, les médias et les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer. Vu les événements des dernières décennies, et encore de l’année passée, il semble aujourd’hui difficile de rétablir la confiance dans le système financier traditionnel, mais il faut souligner que les cryptos ne fournissent pas un alternative sûre. Il faut insister sur l’aspect hasardeux de ces investissements, et surtout ne pas laisser croire qu’il s’agit de «monnaies comme les autres». Ainsi par exemple, lorsque des administrations publiques rendent accessible aux cryptos le paiement des impôts, d’un côté elles légitiment leur usage, et de l’autre elles minent la valeur même des monnaies traditionnelles, qui est strictement liée à l’impôt.

Dans un autre registre, lorsque les médias traitent des technologies relatives aux cryptos, ils devraient essayer d’en souligner à la fois les aspects positifs et négatifs. Les coussins ont été conçus pour rendre les nuits et l’assise plus agréables, mais ils peuvent aussi être utilisés pour étouffer quelqu’un. Que peut-on attendre de technologies qui ont été assemblées juste après la crise financière de 2008, et qui sont largement inspirées par des idéaux libertaires antisystème? Qu’elles œuvrent dans l’intérêt général?

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@willoft 14.10.2023 | 06h03

«Il y a fort longtemps je voulais acheter 100 cryptos, qui valaient alors CHF 10.

Mais ce n'était pas encore disponible en Suisse »


@marcello 15.10.2023 | 16h48

«Je connais bien des gens, qui comme moi, ont perdu de l'argent en jouant avec les cryptos.
Avoir une monnaie qui n'est pas contrôlée par un état est une idée intéressante pour les investisseurs, mais pour le blanchiment de l'argent c'est pas génial.»


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