Analyse / Israël-Palestine: la solution à deux Etats est-elle toujours possible?
Dessin : © Marta Czarska (Zarka)
Le 23 décembre 2016, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2334 qui condamne la colonisation du territoire palestinien occupé par Israël et réaffirme le soutien de la communauté internationale à la solution à deux Etats sur la base des frontières de 1967. Il s’agit de la dernière fois que l’organe de gouvernance le plus important du monde a consacré cette solution dans le droit international.
Jean-Daniel Ruch, traduit de l'anglais par Marta Czarska
Jean-Daniel Ruch a travaillé pour l’ONU, l’OSCE et le gouvernement suisse entre 1988 et 2023. Parmi ses nombreuses missions, il a été envoyé spécial de la Suisse pour le Moyen-Orient (2008-2012) et ambassadeur de Suisse en Serbie (2012-2016), en Israël (2016-2021) et en Turquie (2021-2023). Cet article reflète son opinion et non pas nécessairement la politique étrangère de la Suisse.
Les Etats-Unis se sont abstenus mais n’ont pas mis leur veto à la résolution. Le secrétaire d’Etat de l’époque, John Kerry, est considéré comme son architecte. Il a passé des années à travailler sans relâche avec le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne pour progresser vers la résolution de ce conflit interminable qui a été un fardeau pour tout gouvernement américain pendant les trente-cinq dernières années au moins. George H. Bush est le dernier président américain à avoir exercé une pression sérieuse sur Israël, au tout début des années 1990. Au lendemain de la première guerre du Golfe, il a menacé de ne pas accorder de garanties de prêt à Israël si celui-ci refusait de participer à un processus multilatéral, connu sous le nom de conférence de Madrid, visant à résoudre ce conflit. Depuis lors, l’idée de sanctionner Israël pour ses violations du droit international est un anathème pour tous les gouvernements américains et la plupart des gouvernements européens.
Peu après l’adoption de la résolution 2334, l’administration Trump est arrivée au pouvoir à Washington. Sous l’influence du gendre du nouveau Président, Jared Kushner, et de son ambassadeur en Israël, David Friedman, lui-même fervent partisan des colonies en Cisjordanie, Trump a pris des mesures audacieuses, mais futiles. Il a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem pour plaire au gouvernement de Netanyahou. Il a ensuite proposé un plan de paix qui s’éloigne considérablement du principe reconnu de paix basée sur les frontières de 1967. Comme la plupart des observateurs l’avaient prévu, les Palestiniens ont catégoriquement rejeté la proposition de Trump et le processus s’est enlisé une fois de plus, tandis que le gouvernement Netanyahou accélérait la colonisation de la Cisjordanie, accompagnée qui plus est d’une montée des violences des colons à l’encontre des Palestiniens.
L’administration Biden n’avait manifestement pas l’intention d’investir beaucoup de capital politique au Moyen Orient. L’Ukraine et la Chine étaient les principales priorités de la politique étrangère au départ. Biden n’a annulé aucune des décisions prises par Trump. Il n’a pas rapatrié l’ambassade américaine à Tel-Aviv. Il n’a pas rouvert le consulat général des Etats-Unis auprès de l’Autorité palestinienne, qui est devenu une section de l’ambassade américaine basée à Jérusalem. La situation sur le terrain est cependant restée relativement calme, malgré un nouvel échange de roquettes entre Gaza et Israël pendant 11 jours en mai 2021. L’impression générale était qu’un modus vivendi avait été trouvé, conduisant à une trêve fragile, avec le soutien financier du Qatar. En Cisjordanie, l’Autorité palestinienne n’était pas une menace pour le projet israélien. Et la troisième parcelle des territoires occupés, Jérusalem-Est, est de toute façon sous le contrôle total d’Israël. La fausse impression que cette chorégraphie pourrait se maintenir très longtemps était dominante. La question israélo-palestinienne avait disparu de l’ordre du jour international. Puis est arrivé le 7 octobre. Les attaques choquantes de ce jour-là et la riposte destructrice d’Israël, au-delà des conséquences humaines et humanitaires dramatiques, ont eu un impact psychologique et politique intense.
Il n’est pas question ici d’analyser les causes, les crimes et les conséquences de ce qui s’est passé à ce moment-là et dans les mois qui ont suivi. Mais, étonnamment, la question palestinienne est revenue au premier plan des préoccupations mondiales, au même titre que l’agression russe contre l’Ukraine. Très vite, tous les acteurs internationaux majeurs ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une solution à deux Etats. Mais cette solution est-elle encore possible après toutes ces années de négligence internationale?
Non, le contexte régional et l’entreprise de colonisation ont rendu la solution à deux États impossible - Le point de vue du pessimiste
Les plus de 700'000 colons, mais aussi le contexte stratégique, politique et psychologique semble être un obstacle insurmontable à toute solution de paix.
Selon des chiffres fiables, près de 450'000 colons vivent en Cisjordanie et près de 250'000 à Jérusalem:
Quelques dizaines de milliers d’autres vivent sur le plateau du Golan, formellement un territoire syrien annexé en 1981. Jérusalem-Est a été annexée dans les faits en 1980. Ces territoires, ainsi que Gaza, sont considérés comme des territoires occupés en vertu du droit international. Les annexions et les colonies sont illégales en droit international. Le transfert de la population israélienne vers les territoires occupés est interdit par la quatrième convention de Genève et peut constituer un crime de guerre selon le statut de Rome de la Cour pénale internationale. L’Etat d’Israël a joué un rôle décisif dans la colonisation. Il a encouragé le transfert de sa population en confisquant des terres, en construisant des infrastructures et en offrant des incitations fiscales aux citoyens israéliens pour qu’ils établissent leur résidence dans les territoires occupés. La proportion de colons «économiques» – c’est-à-dire de personnes qui se sont installées dans les colonies illégales de Jérusalem-Est ou de Cisjordanie pour des raisons financières ou d’autres raisons pragmatiques – diminue par rapport aux colons «idéologiques». La plupart de ces derniers considèrent que ces terres leur appartiennent pour des motifs religieux ou historiques. Certains prétendent qu’elles ont été données par Dieu au peuple juif. La présence de sanctuaires juifs, comme le Caveau des Patriarches à Hébron, est pour eux une preuve suffisante qu’ils ont le droit d’occuper ces lieux. Ils parlent de territoires «libérés». Certains accepteraient de les désigner comme des territoires «contestés».
Quant aux Palestiniens, ils s’en tiennent à une interprétation stricte du droit international, selon laquelle tous les territoires occupés par Israël après la guerre des 6 jours de 1967 doivent faire partie d’un futur Etat palestinien. Cela signifie que plus de 700'000 colons devraient se retirer. Comment y parvenir? En 2005, le gouvernement israélien du Premier ministre Ariel Sharon a retiré 8'000 colons de 21 colonies de Gaza. Cet événement est devenu un drame national. Il est difficile d’imaginer comment près de 100 fois plus de personnes pourraient être expulsées de force de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Qui s’en chargerait? A mesure que la proportion de colons augmente dans la population totale pour atteindre un peu moins de 10%, il en va de même pour ce qui est de la présence des colons dans l’armée et la police israéliennes. Et ce sont ces deux institutions qui seraient évidemment chargées d’évacuer les colons. Dès lors, cela devient difficilement concevable.
En outre, une partie, petite mais efficace, des colons devient de plus en plus organisée et violente. Cette tendance se poursuit depuis une dizaine d’années. Betselem, une ONG israélienne renommée de défense des droits de l’homme, a calculé que 2 millions de dunums de terres occupées ont été accaparés par Israël, ce qui correspond presque à la taille de l’Etat du Luxembourg. L’ONG fait également état d’une augmentation constante des incidents violents commis par les colons, y compris des meurtres de Palestiniens. Ceux-ci ont encore bondi après le 7 octobre. De leur côté, l’armée et les autres forces de sécurité ne se sont pas montrées disposées à mettre un frein à la violence des colons, bien au contraire. De nombreux rapports montrent que le personnel de sécurité se contente de regarder les colons harceler les Palestiniens, voire pire.
La montée de la violence des colons est le miroir d’un paysage politique israélien qui a glissé vers l’extrême droite. On entend par là une attitude de défiance totale à l’égard de tout retrait des territoires occupés et un refus absolu d’envisager l’octroi d’un Etat aux Palestiniens. Cette attitude extrême est également ancrée dans la crainte existentielle de nombreux Israéliens d’être un jour dépassés en nombre par les Palestiniens. La rhétorique et les actions de nombreux dirigeants palestiniens, arabes ou musulmans, comme le régime iranien, confortent les Juifs israéliens dans leur conviction que, sans un contrôle sécuritaire total sur les Palestiniens et une supériorité militaire stratégique sur les Etats voisins, ce serait l’existence même d’Israël qui serait menacée.
Pour l’instant, sur le territoire contrôlé par Israël, de la mer Méditerranée à la mer Morte, vivent à peu près le même nombre de Juifs et de non-Juifs, principalement des personnes qui s’identifient comme Palestiniens, en majorité musulmans, mais comportant aussi une petite minorité chrétienne encore influente. Le 7 octobre a provoqué un choc psychologique. Pour une partie encore plus importante de la population juive israélienne, il est devenu évident que vivre aux côtés d’un Etat palestinien équivaudrait à partager son lit avec le diable. Les sondages effectués au cours du premier trimestre 2024 indiquent un soutien presque total à l’éradication du Hamas, quel que soit le coût en vies palestiniennes innocentes. L’empathie pour les victimes civiles palestiniennes est pratiquement inexistante. Tout compromis avec le Hamas ou les Palestiniens en général serait perçu comme une humiliation et une défaite menaçant l’existence même de l’Etat d’Israël. La détermination de l’opinion publique israélienne pourrait être renforcée par les sondages effectués auprès de la population palestinienne, qui montrent un soutien constant de plus de 70% à l’action entreprise par le Hamas le 7 octobre.
Se retirer ne serait-ce que d’un pouce de la Cisjordanie ne serait pas seulement perçu comme une concession inacceptable à la terreur. Ce serait également faire un cadeau majeur au pays qui a été constamment présenté comme l’ennemi juré d’Israël depuis au moins le retour au pouvoir de Netanyahou en 2009: l’Iran. Il est devenu soudainement évident pour tout le monde que, à la suite d’un certain nombre d’erreurs stratégiques commises par les Etats-Unis et Israël au cours des vingt dernières années, l’Iran encercle aujourd’hui Israël sur au moins cinq fronts: le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen et Gaza. L’agression de Bush junior contre l’Irak a été l’erreur stratégique la plus lourde de conséquences commise par le principal allié d’Israël. Elle a permis au régime islamique de Téhéran de construire un pont terrestre jusqu’à la frontière même d’Israël, au Liban. Le JCPOA, l’accord nucléaire conclu par l’administration Obama en 2015, aurait pu offrir une opportunité de normaliser progressivement les relations entre les Etats-Unis et l’Iran, ce qui aurait pu être utilisé pour alléger la menace que le Hezbollah libanais fait planer sur Israël. Mais Donald Trump s’est retiré de l’accord, avec le plein soutien du Premier ministre israélien. L’Iran a alors poursuivi sa manœuvre d’encerclement autour d’Israël, qui apparaît aujourd’hui être l’otage de la dynamique Washington-Téhéran.
Par conséquent, pour des raisons pratiques – les colons –, politiques, psychologiques et stratégiques, il semble hautement improbable qu’Israël soit prêt à envisager dans un avenir proche les douloureux compromis qu’impliquerait nécessairement une solution à deux Etats.
Du côté palestinien, les obstacles devraient être beaucoup moins nombreux. Le droit international, à savoir une solution basée sur les frontières de 1967, est très à l’avantage des Palestiniens. Le Hamas n’a cependant pas abandonné son intention de de créer un Etat palestinien «du fleuve à la mer», ce qui équivaut à éliminer l’Etat d’Israël. En 2017, le mouvement islamiste a pourtant publié un nouveau document dans lequel il affirmait être prêt à envisager la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 dans le cadre d’une trêve ou d’une hudna à long terme, ce qui constitua un signe de compromis largement ignoré. Cette position a été réaffirmée en avril 2024 à l’occasion d’une rencontre entre le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. Il a même été rapporté que le Hamas supprimerait sa branche armée si un Etat palestinien était établi dans les frontières de 1967. Mais le Hamas n’est pas seul dans cette bataille. Il fait partie de ce que l’on appelle «l’axe de la résistance». Ce groupe de coordination anti-israélien, dirigé par les Gardiens de la révolution iraniens, associe le régime syrien, le Hamas et d’autres milices palestiniennes comme le Jihad islamique, le Hezbollah libanais, les milices irakiennes et les Houthis yéménites. Ils ont le sentiment d’être du côté des vainqueurs de cette guerre et ne sont donc pas sous pression pour faire des compromis. La situation est donc bloquée des deux côtés.
Oui, la solution à deux Etats est toujours possible - Le point de vue de l’optimiste
En 2022, Shaul Arieli, ancien colonel israélien reconnu comme le meilleur expert des colonies et des colons, a publié une étude approfondie sur le sujet. Il conclut que l’idée selon laquelle les colonies de Jérusalem-Est et de Cisjordanie ont rendu impossible la solution à deux Etats est une apparence trompeuse qui ne résiste pas à une analyse détaillée. Parmi ses principales conclusions, il a constaté que:
- Grâce à des échanges territoriaux dans une proportion de 1 pour 1, près de 80% des colons vivraient à l’intérieur des frontières d’Israël à la suite d’un accord de paix.
- Parmi les 20% restant dans ce qui serait alors un Etat palestinien, une grande majorité serait prête à envisager une réinstallation en Israël à condition que des compensations soient offertes.
- Au sein de ce même groupe, seule une infime proportion serait prête à recourir à des actes de résistance illégaux ou violents, tandis que la grande majorité n’envisagerait qu’une opposition légale.
- Une immense majorité des colons est consciente du risque de devoir un jour se réinstaller à l’intérieur de la frontière israélienne.
En outre, l’étude montre que les trois objectifs définis par les gouvernements israéliens qui ont planifié l’entreprise de colonisation (plan Allon, 1967; plan Sharon, 1977) n’ont pas été atteints, à savoir:
- Encercler toute entité politique arabe avec des territoires israéliens, en délimitant une frontière reflétant les priorités israéliennes.
- Empêcher la création d’un Etat palestinien indépendant avec une contiguïté territoriale en assurant une présence israélienne substantielle, en particulier le long de la crête montagneuse centrale.
- Annexer à l’Etat d’Israël la totalité ou une partie importante des territoires occupés, sans remettre en cause la vision sioniste d’un Etat démocratique à majorité juive.
Aujourd’hui, les colons juifs ne représentent que 14% de la population de la Cisjordanie (territoire appelé Judée et Samarie par les Israéliens). Comme indiqué plus haut, près de 80% de ce groupe se retrouverait en Israël à la suite d’un échange de territoires où la même surface de terre serait échangée entre l’Etat israélien et l’Etat palestinien selon la proposition suivante:
Parmi les 20% qui resteraient à évacuer, soit environ 100’000 personnes, ou 20 à 25’000 ménages, seule une infime partie est prête à lutter contre une solution à deux Etats par des moyens illégaux, alors que la plupart d’entre eux accepteraient de se réinstaller moyennant des compensations.
Le bon sens voudrait que la féroce explosion de violence qui s’est produite le 7 octobre et ses conséquences aient créé des barrières psychologiques et politiques encore plus élevées empêchant toute reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Toutefois, ce n’est peut-être pas le cas. Même si l’opinion publique israélienne soutient dans sa grande majorité la destruction du Hamas quel qu’en soit le coût humain, une prise de conscience brutale a eu lieu. La conscience que la question palestinienne ne peut plus être ignorée et s’est imposée dans la société. La gestion éternelle du conflit n’est pas une option souhaitable pour un nombre croissant de Juifs israéliens. Les sondages du premier trimestre 2024 indiquent qu’après le choc initial, une tendance se dessine en faveur de la solution à deux Etats. Au sein de la population palestinienne, elle s’élève à 45%, en augmentation. En Israël, 35% de la population juive exprime son soutien, soit 40% de l’ensemble de la population. Il est intéressant de noter que lorsque cette option est combinée à une normalisation avec l’Arabie Saoudite, ce chiffre grimpe à 52%.
Dans ce climat, le désir de séparation est beaucoup plus fort aujourd’hui qu’avant le 7 octobre. Par conséquent, les Israéliens pourraient être davantage disposés à payer le prix de l’évacuation des colonies. Plus de 100'000 Israéliens ont quitté leurs maisons dans le nord de la Galilée et dans les environs de Gaza après l’attaque du 7 octobre et les attaques du Hezbollah sur le nord d’Israël. La relocalisation n’est plus considérée comme inacceptable. Du côté palestinien, il y a également plus de voix aujourd’hui qui osent accuser le Hamas d’être responsable du désastre humanitaire qui a résulté des représailles israéliennes.
Cela dit, pour sortir de cette tragédie, il faudra un leadership politique. On imagine mal Benjamin Netanyahu s’asseoir avec Mahmoud Abbas – sans parler d’Ismail Haniyeh ou de Yahya Sinwar – pour discuter de la fin du conflit. Du côté palestinien, on peut s’attendre à ce que le Hamas soit sérieusement affaibli, tant politiquement que militairement, à l’issue du conflit. Il y aura une chance unique de rafraîchir la direction palestinienne au sein d’un gouvernement unique. Cela n’a que trop tardé. Depuis 2007, la division entre Gaza et la Cisjordanie constitue un obstacle majeur à tout effort sérieux en faveur de la paix. Du côté israélien, les manifestations massives et les sondages montrent qu’il y a de fortes chances que Netanyahou soit démis de ses fonctions peu après la fin de cette guerre. Certains experts soupçonnent que c’est l’une des raisons pour lesquelles Israël a constamment essayé de provoquer l’Iran dans une escalade régionale. Les personnes les mieux placées pour succéder au Premier ministre qui est resté le plus longtemps en poste dans l’histoire d’Israël seraient toutes mieux préparées à trouver un arrangement avec les Palestiniens. Bien sûr, il reste une infime possibilité que les faucons israéliens, Smotrich et Ben Gvir, conservent des positions de pouvoir. Leur politique ne peut que conduire à de nouvelles effusions de sang. C’est là que la communauté internationale devrait jouer un rôle décisif.
Comme indiqué plus haut, tous les grands acteurs internationaux, y compris les Etats-Unis, la Chine, la Russie et les puissances européennes, ont souligné qu’il n’y avait pas d’alternative à la solution à deux Etats. Aux Etats-Unis en particulier, l’actuel Premier ministre d’Israël et ses politiques sont de moins en moins compris. C’est également le cas dans plusieurs pays européens, en particulier l’Espagne et l’Irlande. Pendant très longtemps, les pays occidentaux ont été réticents à exercer une réelle pression sur Israël. Cette tolérance diminue rapidement.
Un point de vue réaliste
Le bon sens dit que pour ramener la paix au Moyen Orient, trois facteurs doivent être réunis: un Premier ministre israélien suffisamment fort pour faire des compromis; un dirigeant palestinien capable d’unir les différentes factions palestiniennes; un président américain prêt à utiliser son capital politique pour amener les deux communautés à conclure un accord. La guerre a causé d’immenses traumatismes et souffrances au sein des populations israélienne et palestinienne. Un retour au statu quo ante est peu probable. Pire: il s’agirait d’une nouvelle occasion manquée dont les conséquences pourraient être encore plus tragiques.
Il a été démontré plus haut qu’une solution à deux Etats reste techniquement possible. Sur le plan psychologique, les deux sociétés, comme le révèlent les sondages, semblent comprendre qu’il est nécessaire, pour leur simple survie, de dépasser le conflit. Les Palestiniens ont des raisons de craindre que les politiques israéliennes ne réduisent encore l’espace dans lequel ils peuvent vivre. Les Juifs israéliens ont tout autant de raisons de craindre d’être un jour submergés par leurs voisins. L’Iran n’est-il pas présent, directement ou par l’intermédiaire de ses alliés, sur cinq de ses frontières? Les représailles iraniennes contre le territoire israélien à la mi-avril, à la suite de l’attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas dix jours auparavant, donnent un avant-goût du coût d’une escalade régionale. Israël et ses alliés auraient dû dépenser plus d’un milliard de dollars pour se protéger contre les missiles et les drones iraniens. Une escalade régionale peut-elle être évitée si un processus politique significatif n’est pas mis sur les rails? Quelles sont les alternatives à la solution à deux Etats? Un nettoyage ethnique dans un sens ou dans l’autre? Une guerre régionale impliquant les Etats-Unis et l’Iran, qui bénéficierait très probablement d’un soutien important de la part de la Russie? L’ampleur des destructions serait impensable et ne peut être dans l’intérêt de personne.
D’un autre côté, de nombreux travaux préparatoires ont été réalisés pour mettre au point la solution à deux Etats. Les paramètres Clinton (2000), mais aussi les résultats des pourparlers Olmert-Abbas (2008), restent des bases solides pour un accord. Mais le plan le plus détaillé est probablement le fruit du travail d’experts israéliens et palestiniens qui faisaient partie des deux équipes de négociation dans les années Clinton. Ils ont conçu un modèle d’accord de 500 pages, souvent connu sous le nom d’Initiative de Genève. Il ressort de ce document et d’autres qu’une paix est non seulement possible, mais qu’elle est aussi beaucoup moins coûteuse que n’importe quelle autre option. Il y aurait des échanges de terres dans une proportion de 1 pour 1 afin de ramener le plus grand nombre possible de colons à l’intérieur des frontières israéliennes. La Palestine serait un Etat démilitarisé et une solide coordination sécuritaire sous supervision internationale serait établie entre les deux Etats. D’autre part, la Palestine bénéficierait d’une continuité territoriale grâce à un corridor terrestre reliant la Cisjordanie et Gaza. Jérusalem-Est serait la capitale de la Palestine et un régime spécial serait convenu pour le Mont du Temple/Haram al-Sharif. L’épineuse question des réfugiés palestiniens serait résolue principalement par des compensations financières. Israël ne serait pas submergé par des millions de réfugiés palestiniens, comme le menacent parfois ceux qui ne sont pas intéressés par un compromis.
D’autres solutions sont à l’étude, comme une confédération ou un Etat binational. Aucune d’entre elles n’éviterait toutefois de devoir traiter les questions épineuses mentionnées ci-dessus. Mais si, techniquement, la solution à deux Etats reste possible, il n’est pas certain que les grandes puissances soient en mesure d’assurer l’investissement politique colossal qu’elle nécessiterait pour éliminer les extrémistes qui, de part et d’autre, veulent prolonger le conflit.
C’est probablement le plus grand défi à relever: affaiblir les extrêmes. Du côté israélien, les forces qui s’opposent à la solution à deux Etats doivent être isolées politiquement. Les colons impliqués dans les violences contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem doivent être punis pour leurs crimes. Les pays occidentaux doivent être fidèles à leurs principes et insister sur le fait que sans la fin de l’impunité, il y aura des conséquences. Désamorcer les fauteurs de troubles du côté palestinien peut s’avérer plus délicat. Le Hamas et d’autres factions violentes peuvent être affaiblis, mais ils ne disparaîtront probablement pas. Il n’y a pas de voie claire vers un nouveau système de gouvernance régissant à la fois la Cisjordanie et Gaza – et Jérusalem-Est en temps voulu. Est-ce qu’imposer un gouvernement choisi par les Etats arabes, avec l’accord des Etats-Unis et d’Israël, serait une bonne approche? D’un autre côté, des élections pourraient ramener le Hamas, qui reste plus populaire que le Fatah d’Abbas, en position de vainqueur, comme en 2006. Israël et l’Occident seraient-ils prêts cette fois à faire ce qu’ils ont refusé de faire il y a près de vingt ans, à savoir reconnaître comme légitime un gouvernement dirigé par le mouvement islamiste? Cela nécessiterait une révolution dans leurs politiques.
En fin de compte, la dynamique régionale jouera un rôle crucial. Sur la base des accords dits d’Abraham et de la normalisation des relations entre Téhéran et Ryad obtenue à Pékin en 2023, un cercle vertueux pourrait être encouragé entre Israël, les différentes factions palestiniennes et les puissances régionales. L’initiative de paix arabe, proposée par le roi saoudien en 2002, reste d’actualité. Elle propose la paix avec tous les pays arabes en échange de la fin de l’occupation. Tout au long de la guerre de Gaza, Washington et Téhéran se sont efforcés d’éviter une escalade régionale. Même l’attaque iranienne contre le territoire israélien, le 14 avril 2024, a été soigneusement calibrée avec l’intention déclarée d’éviter une escalade incontrôlable. Cela pourrait-il être le prélude à la reprise d’une approche plus constructive de la part des principaux acteurs?
Pour museler les extrêmes tout en offrant des incitations aux autres, il faudrait aussi que, après une longue, très longue période, Washington, Pékin et Moscou acceptent de travailler ensemble – ou du moins de ne pas perturber les efforts de l’une des autres puissances. Sont-ils prêts à coopérer sur le Moyen-Orient malgré leur concurrence mondiale, l’Ukraine et Taiwan? Il devrait être clair pour tout le monde que les avantages d’une coopération en vue d’une solution à deux Etats l’emportent largement sur les coûts. Cette solution ouvrirait une nouvelle ère qui profiterait à tous les habitants de la région et, en fin de compte, au monde entier.
En résumé, la solution à deux Etats reste souhaitable et est techniquement réalisable. Cependant, les obstacles psychologiques et politiques sont énormes. Et la volonté politique de consentir les investissements courageux et risqués nécessaires à l’ouverture d’une véritable perspective de paix n’est nulle part aussi massive qu’elle devrait l’être.
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Comme la plupart des observateurs l’avaient prévu, les Palestiniens ont catégoriquement rejeté la proposition de Trump et le processus s’est enlisé une fois de plus, tandis que le gouvernement Netanyahou accélérait la colonisation de la Cisjordanie, accompagnée qui plus est d’une montée des violences des colons à l’encontre des Palestiniens.</p> <p>L’administration Biden n’avait manifestement pas l’intention d’investir beaucoup de capital politique au Moyen Orient. L’Ukraine et la Chine étaient les principales priorités de la politique étrangère au départ. Biden n’a annulé aucune des décisions prises par Trump. Il n’a pas rapatrié l’ambassade américaine à Tel-Aviv. Il n’a pas rouvert le consulat général des Etats-Unis auprès de l’Autorité palestinienne, qui est devenu une section de l’ambassade américaine basée à Jérusalem. La situation sur le terrain est cependant restée relativement calme, malgré un nouvel échange de roquettes entre Gaza et Israël pendant 11 jours en mai 2021. L’impression générale était qu’un <em>modus vivendi</em> avait été trouvé, conduisant à une trêve fragile, avec le soutien financier du Qatar. En Cisjordanie, l’Autorité palestinienne n’était pas une menace pour le projet israélien. Et la troisième parcelle des territoires occupés, Jérusalem-Est, est de toute façon sous le contrôle total d’Israël. La fausse impression que cette chorégraphie pourrait se maintenir très longtemps était dominante. La question israélo-palestinienne avait disparu de l’ordre du jour international. Puis est arrivé le 7 octobre. Les attaques choquantes de ce jour-là et la riposte destructrice d’Israël, au-delà des conséquences humaines et humanitaires dramatiques, ont eu un impact psychologique et politique intense.</p> <p>Il n’est pas question ici d’analyser les causes, les crimes et les conséquences de ce qui s’est passé à ce moment-là et dans les mois qui ont suivi. Mais, étonnamment, la question palestinienne est revenue au premier plan des préoccupations mondiales, au même titre que l’agression russe contre l’Ukraine. Très vite, tous les acteurs internationaux majeurs ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une solution à deux Etats. Mais cette solution est-elle encore possible après toutes ces années de négligence internationale?</p> <h3>Non, le contexte régional et l’entreprise de colonisation ont rendu la solution à deux États impossible - Le point de vue du pessimiste</h3> <p>Les plus de 700'000 colons, mais aussi le contexte stratégique, politique et psychologique semble être un obstacle insurmontable à toute solution de paix.</p> <p>Selon des chiffres fiables, près de 450'000 colons vivent en Cisjordanie et près de 250'000 à Jérusalem:</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1716200084_is1.png" class="img-responsive img-fluid center " width="505" height="727" /></p> <p>Quelques dizaines de milliers d’autres vivent sur le plateau du Golan, formellement un territoire syrien annexé en 1981. Jérusalem-Est a été annexée dans les faits en 1980. Ces territoires, ainsi que Gaza, sont considérés comme des territoires occupés en vertu du droit international. Les annexions et les colonies sont illégales en droit international. Le transfert de la population israélienne vers les territoires occupés est interdit par la quatrième convention de Genève et peut constituer un crime de guerre selon le statut de Rome de la Cour pénale internationale. L’Etat d’Israël a joué un rôle décisif dans la colonisation. Il a encouragé le transfert de sa population en confisquant des terres, en construisant des infrastructures et en offrant des incitations fiscales aux citoyens israéliens pour qu’ils établissent leur résidence dans les territoires occupés. La proportion de colons «économiques» – c’est-à-dire de personnes qui se sont installées dans les colonies illégales de Jérusalem-Est ou de Cisjordanie pour des raisons financières ou d’autres raisons pragmatiques – diminue par rapport aux colons «idéologiques». La plupart de ces derniers considèrent que ces terres leur appartiennent pour des motifs religieux ou historiques. Certains prétendent qu’elles ont été données par Dieu au peuple juif. La présence de sanctuaires juifs, comme le Caveau des Patriarches à Hébron, est pour eux une preuve suffisante qu’ils ont le droit d’occuper ces lieux. Ils parlent de territoires «libérés». Certains accepteraient de les désigner comme des territoires «contestés».</p> <p>Quant aux Palestiniens, ils s’en tiennent à une interprétation stricte du droit international, selon laquelle tous les territoires occupés par Israël après la guerre des 6 jours de 1967 doivent faire partie d’un futur Etat palestinien. Cela signifie que plus de 700'000 colons devraient se retirer. Comment y parvenir? En 2005, le gouvernement israélien du Premier ministre Ariel Sharon a retiré 8'000 colons de 21 colonies de Gaza. Cet événement est devenu un drame national. Il est difficile d’imaginer comment près de 100 fois plus de personnes pourraient être expulsées de force de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Qui s’en chargerait? A mesure que la proportion de colons augmente dans la population totale pour atteindre un peu moins de 10%, il en va de même pour ce qui est de la présence des colons dans l’armée et la police israéliennes. Et ce sont ces deux institutions qui seraient évidemment chargées d’évacuer les colons. Dès lors, cela devient difficilement concevable.</p> <p>En outre, une partie, petite mais efficace, des colons devient de plus en plus organisée et violente. Cette tendance se poursuit depuis une dizaine d’années. Betselem, une ONG israélienne renommée de défense des droits de l’homme, a calculé que 2 millions de dunums de terres occupées ont été accaparés par Israël, ce qui correspond presque à la taille de l’Etat du Luxembourg. L’ONG fait également état d’une augmentation constante des incidents violents commis par les colons, y compris des meurtres de Palestiniens. Ceux-ci ont encore bondi après le 7 octobre. De leur côté, l’armée et les autres forces de sécurité ne se sont pas montrées disposées à mettre un frein à la violence des colons, bien au contraire. De nombreux rapports montrent que le personnel de sécurité se contente de regarder les colons harceler les Palestiniens, voire pire.</p> <p>La montée de la violence des colons est le miroir d’un paysage politique israélien qui a glissé vers l’extrême droite. On entend par là une attitude de défiance totale à l’égard de tout retrait des territoires occupés et un refus absolu d’envisager l’octroi d’un Etat aux Palestiniens. Cette attitude extrême est également ancrée dans la crainte existentielle de nombreux Israéliens d’être un jour dépassés en nombre par les Palestiniens. La rhétorique et les actions de nombreux dirigeants palestiniens, arabes ou musulmans, comme le régime iranien, confortent les Juifs israéliens dans leur conviction que, sans un contrôle sécuritaire total sur les Palestiniens et une supériorité militaire stratégique sur les Etats voisins, ce serait l’existence même d’Israël qui serait menacée. </p> <p>Pour l’instant, sur le territoire contrôlé par Israël, de la mer Méditerranée à la mer Morte, vivent à peu près le même nombre de Juifs et de non-Juifs, principalement des personnes qui s’identifient comme Palestiniens, en majorité musulmans, mais comportant aussi une petite minorité chrétienne encore influente. Le 7 octobre a provoqué un choc psychologique. Pour une partie encore plus importante de la population juive israélienne, il est devenu évident que vivre aux côtés d’un Etat palestinien équivaudrait à partager son lit avec le diable. Les sondages effectués au cours du premier trimestre 2024 indiquent un soutien presque total à l’éradication du Hamas, quel que soit le coût en vies palestiniennes innocentes. L’empathie pour les victimes civiles palestiniennes est pratiquement inexistante. Tout compromis avec le Hamas ou les Palestiniens en général serait perçu comme une humiliation et une défaite menaçant l’existence même de l’Etat d’Israël. La détermination de l’opinion publique israélienne pourrait être renforcée par les sondages effectués auprès de la population palestinienne, qui montrent un soutien constant de plus de 70% à l’action entreprise par le Hamas le 7 octobre. </p> <p>Se retirer ne serait-ce que d’un pouce de la Cisjordanie ne serait pas seulement perçu comme une concession inacceptable à la terreur. Ce serait également faire un cadeau majeur au pays qui a été constamment présenté comme l’ennemi juré d’Israël depuis au moins le retour au pouvoir de Netanyahou en 2009: l’Iran. Il est devenu soudainement évident pour tout le monde que, à la suite d’un certain nombre d’erreurs stratégiques commises par les Etats-Unis et Israël au cours des vingt dernières années, l’Iran encercle aujourd’hui Israël sur au moins cinq fronts: le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen et Gaza. L’agression de Bush junior contre l’Irak a été l’erreur stratégique la plus lourde de conséquences commise par le principal allié d’Israël. Elle a permis au régime islamique de Téhéran de construire un pont terrestre jusqu’à la frontière même d’Israël, au Liban. Le JCPOA, l’accord nucléaire conclu par l’administration Obama en 2015, aurait pu offrir une opportunité de normaliser progressivement les relations entre les Etats-Unis et l’Iran, ce qui aurait pu être utilisé pour alléger la menace que le Hezbollah libanais fait planer sur Israël. Mais Donald Trump s’est retiré de l’accord, avec le plein soutien du Premier ministre israélien. L’Iran a alors poursuivi sa manœuvre d’encerclement autour d’Israël, qui apparaît aujourd’hui être l’otage de la dynamique Washington-Téhéran.</p> <p>Par conséquent, pour des raisons pratiques – les colons –, politiques, psychologiques et stratégiques, il semble hautement improbable qu’Israël soit prêt à envisager dans un avenir proche les douloureux compromis qu’impliquerait nécessairement une solution à deux Etats. </p> <p>Du côté palestinien, les obstacles devraient être beaucoup moins nombreux. Le droit international, à savoir une solution basée sur les frontières de 1967, est très à l’avantage des Palestiniens. Le Hamas n’a cependant pas abandonné son intention de de créer un Etat palestinien «du fleuve à la mer», ce qui équivaut à éliminer l’Etat d’Israël. En 2017, le mouvement islamiste a pourtant publié un nouveau document dans lequel il affirmait être prêt à envisager la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 dans le cadre d’une trêve ou d’une <i>hudna</i> à long terme, ce qui constitua un signe de compromis largement ignoré. Cette position a été réaffirmée en avril 2024 à l’occasion d’une rencontre entre le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. Il a même été rapporté que le Hamas supprimerait sa branche armée si un Etat palestinien était établi dans les frontières de 1967. Mais le Hamas n’est pas seul dans cette bataille. Il fait partie de ce que l’on appelle «l’axe de la résistance». Ce groupe de coordination anti-israélien, dirigé par les Gardiens de la révolution iraniens, associe le régime syrien, le Hamas et d’autres milices palestiniennes comme le Jihad islamique, le Hezbollah libanais, les milices irakiennes et les Houthis yéménites. Ils ont le sentiment d’être du côté des vainqueurs de cette guerre et ne sont donc pas sous pression pour faire des compromis. La situation est donc bloquée des deux côtés. </p> <h3>Oui, la solution à deux Etats est toujours possible - Le point de vue de l’optimiste</h3> <p>En 2022, Shaul Arieli, ancien colonel israélien reconnu comme le meilleur expert des colonies et des colons, a publié une étude approfondie sur le sujet. Il conclut que l’idée selon laquelle les colonies de Jérusalem-Est et de Cisjordanie ont rendu impossible la solution à deux Etats est une apparence trompeuse qui ne résiste pas à une analyse détaillée. Parmi ses principales conclusions, il a constaté que:</p> <ul> <li>Grâce à des échanges territoriaux dans une proportion de 1 pour 1, près de 80% des colons vivraient à l’intérieur des frontières d’Israël à la suite d’un accord de paix.</li> <li>Parmi les 20% restant dans ce qui serait alors un Etat palestinien, une grande majorité serait prête à envisager une réinstallation en Israël à condition que des compensations soient offertes.</li> <li>Au sein de ce même groupe, seule une infime proportion serait prête à recourir à des actes de résistance illégaux ou violents, tandis que la grande majorité n’envisagerait qu’une opposition légale.</li> <li>Une immense majorité des colons est consciente du risque de devoir un jour se réinstaller à l’intérieur de la frontière israélienne.</li> </ul> <p>En outre, l’étude montre que les trois objectifs définis par les gouvernements israéliens qui ont planifié l’entreprise de colonisation (plan Allon, 1967; plan Sharon, 1977) n’ont pas été atteints, à savoir:</p> <ol> <li>Encercler toute entité politique arabe avec des territoires israéliens, en délimitant une frontière reflétant les priorités israéliennes.</li> <li>Empêcher la création d’un Etat palestinien indépendant avec une contiguïté territoriale en assurant une présence israélienne substantielle, en particulier le long de la crête montagneuse centrale.</li> <li>Annexer à l’Etat d’Israël la totalité ou une partie importante des territoires occupés, sans remettre en cause la vision sioniste d’un Etat démocratique à majorité juive. </li> </ol> <p>Aujourd’hui, les colons juifs ne représentent que 14% de la population de la Cisjordanie (territoire appelé Judée et Samarie par les Israéliens). Comme indiqué plus haut, près de 80% de ce groupe se retrouverait en Israël à la suite d’un échange de territoires où la même surface de terre serait échangée entre l’Etat israélien et l’Etat palestinien selon la proposition suivante:</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1716200117_is2.png" class="img-responsive img-fluid center " width="553" height="795" /></p> <p>Parmi les 20% qui resteraient à évacuer, soit environ 100’000 personnes, ou 20 à 25’000 ménages, seule une infime partie est prête à lutter contre une solution à deux Etats par des moyens illégaux, alors que la plupart d’entre eux accepteraient de se réinstaller moyennant des compensations.</p> <p>Le bon sens voudrait que la féroce explosion de violence qui s’est produite le 7 octobre et ses conséquences aient créé des barrières psychologiques et politiques encore plus élevées empêchant toute reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Toutefois, ce n’est peut-être pas le cas. Même si l’opinion publique israélienne soutient dans sa grande majorité la destruction du Hamas quel qu’en soit le coût humain, une prise de conscience brutale a eu lieu. La conscience que la question palestinienne ne peut plus être ignorée et s’est imposée dans la société. La gestion éternelle du conflit n’est pas une option souhaitable pour un nombre croissant de Juifs israéliens. Les sondages du premier trimestre 2024 indiquent qu’après le choc initial, une tendance se dessine en faveur de la solution à deux Etats. Au sein de la population palestinienne, elle s’élève à 45%, en augmentation. En Israël, 35% de la population juive exprime son soutien, soit 40% de l’ensemble de la population. Il est intéressant de noter que lorsque cette option est combinée à une normalisation avec l’Arabie Saoudite, ce chiffre grimpe à 52%.</p> <p>Dans ce climat, le désir de séparation est beaucoup plus fort aujourd’hui qu’avant le 7 octobre. Par conséquent, les Israéliens pourraient être davantage disposés à payer le prix de l’évacuation des colonies. Plus de 100'000 Israéliens ont quitté leurs maisons dans le nord de la Galilée et dans les environs de Gaza après l’attaque du 7 octobre et les attaques du Hezbollah sur le nord d’Israël. La relocalisation n’est plus considérée comme inacceptable. Du côté palestinien, il y a également plus de voix aujourd’hui qui osent accuser le Hamas d’être responsable du désastre humanitaire qui a résulté des représailles israéliennes. </p> <p>Cela dit, pour sortir de cette tragédie, il faudra un <em>leadership</em> politique. On imagine mal Benjamin Netanyahu s’asseoir avec Mahmoud Abbas – sans parler d’Ismail Haniyeh ou de Yahya Sinwar – pour discuter de la fin du conflit. Du côté palestinien, on peut s’attendre à ce que le Hamas soit sérieusement affaibli, tant politiquement que militairement, à l’issue du conflit. Il y aura une chance unique de rafraîchir la direction palestinienne au sein d’un gouvernement unique. Cela n’a que trop tardé. Depuis 2007, la division entre Gaza et la Cisjordanie constitue un obstacle majeur à tout effort sérieux en faveur de la paix. Du côté israélien, les manifestations massives et les sondages montrent qu’il y a de fortes chances que Netanyahou soit démis de ses fonctions peu après la fin de cette guerre. Certains experts soupçonnent que c’est l’une des raisons pour lesquelles Israël a constamment essayé de provoquer l’Iran dans une escalade régionale. Les personnes les mieux placées pour succéder au Premier ministre qui est resté le plus longtemps en poste dans l’histoire d’Israël seraient toutes mieux préparées à trouver un arrangement avec les Palestiniens. Bien sûr, il reste une infime possibilité que les faucons israéliens, Smotrich et Ben Gvir, conservent des positions de pouvoir. Leur politique ne peut que conduire à de nouvelles effusions de sang. C’est là que la communauté internationale devrait jouer un rôle décisif. </p> <p>Comme indiqué plus haut, tous les grands acteurs internationaux, y compris les Etats-Unis, la Chine, la Russie et les puissances européennes, ont souligné qu’il n’y avait pas d’alternative à la solution à deux Etats. Aux Etats-Unis en particulier, l’actuel Premier ministre d’Israël et ses politiques sont de moins en moins compris. C’est également le cas dans plusieurs pays européens, en particulier l’Espagne et l’Irlande. Pendant très longtemps, les pays occidentaux ont été réticents à exercer une réelle pression sur Israël. Cette tolérance diminue rapidement.</p> <h3>Un point de vue réaliste</h3> <p>Le bon sens dit que pour ramener la paix au Moyen Orient, trois facteurs doivent être réunis: un Premier ministre israélien suffisamment fort pour faire des compromis; un dirigeant palestinien capable d’unir les différentes factions palestiniennes; un président américain prêt à utiliser son capital politique pour amener les deux communautés à conclure un accord. La guerre a causé d’immenses traumatismes et souffrances au sein des populations israélienne et palestinienne. Un retour au <em>statu quo ante</em> est peu probable. Pire: il s’agirait d’une nouvelle occasion manquée dont les conséquences pourraient être encore plus tragiques.</p> <p>Il a été démontré plus haut qu’une solution à deux Etats reste techniquement possible. Sur le plan psychologique, les deux sociétés, comme le révèlent les sondages, semblent comprendre qu’il est nécessaire, pour leur simple survie, de dépasser le conflit. Les Palestiniens ont des raisons de craindre que les politiques israéliennes ne réduisent encore l’espace dans lequel ils peuvent vivre. Les Juifs israéliens ont tout autant de raisons de craindre d’être un jour submergés par leurs voisins. L’Iran n’est-il pas présent, directement ou par l’intermédiaire de ses alliés, sur cinq de ses frontières? Les représailles iraniennes contre le territoire israélien à la mi-avril, à la suite de l’attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas dix jours auparavant, donnent un avant-goût du coût d’une escalade régionale. Israël et ses alliés auraient dû dépenser plus d’un milliard de dollars pour se protéger contre les missiles et les drones iraniens. Une escalade régionale peut-elle être évitée si un processus politique significatif n’est pas mis sur les rails? Quelles sont les alternatives à la solution à deux Etats? Un nettoyage ethnique dans un sens ou dans l’autre? Une guerre régionale impliquant les Etats-Unis et l’Iran, qui bénéficierait très probablement d’un soutien important de la part de la Russie? L’ampleur des destructions serait impensable et ne peut être dans l’intérêt de personne.</p> <p>D’un autre côté, de nombreux travaux préparatoires ont été réalisés pour mettre au point la solution à deux Etats. Les paramètres Clinton (2000), mais aussi les résultats des pourparlers Olmert-Abbas (2008), restent des bases solides pour un accord. Mais le plan le plus détaillé est probablement le fruit du travail d’experts israéliens et palestiniens qui faisaient partie des deux équipes de négociation dans les années Clinton. Ils ont conçu un modèle d’accord de 500 pages, souvent connu sous le nom d’Initiative de Genève. Il ressort de ce document et d’autres qu’une paix est non seulement possible, mais qu’elle est aussi beaucoup moins coûteuse que n’importe quelle autre option. Il y aurait des échanges de terres dans une proportion de 1 pour 1 afin de ramener le plus grand nombre possible de colons à l’intérieur des frontières israéliennes. La Palestine serait un Etat démilitarisé et une solide coordination sécuritaire sous supervision internationale serait établie entre les deux Etats. D’autre part, la Palestine bénéficierait d’une continuité territoriale grâce à un corridor terrestre reliant la Cisjordanie et Gaza. Jérusalem-Est serait la capitale de la Palestine et un régime spécial serait convenu pour le Mont du Temple/Haram al-Sharif. L’épineuse question des réfugiés palestiniens serait résolue principalement par des compensations financières. Israël ne serait pas submergé par des millions de réfugiés palestiniens, comme le menacent parfois ceux qui ne sont pas intéressés par un compromis.</p> <p>D’autres solutions sont à l’étude, comme une confédération ou un Etat binational. Aucune d’entre elles n’éviterait toutefois de devoir traiter les questions épineuses mentionnées ci-dessus. Mais si, techniquement, la solution à deux Etats reste possible, il n’est pas certain que les grandes puissances soient en mesure d’assurer l’investissement politique colossal qu’elle nécessiterait pour éliminer les extrémistes qui, de part et d’autre, veulent prolonger le conflit.</p> <p>C’est probablement le plus grand défi à relever: affaiblir les extrêmes. Du côté israélien, les forces qui s’opposent à la solution à deux Etats doivent être isolées politiquement. Les colons impliqués dans les violences contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem doivent être punis pour leurs crimes. Les pays occidentaux doivent être fidèles à leurs principes et insister sur le fait que sans la fin de l’impunité, il y aura des conséquences. Désamorcer les fauteurs de troubles du côté palestinien peut s’avérer plus délicat. Le Hamas et d’autres factions violentes peuvent être affaiblis, mais ils ne disparaîtront probablement pas. Il n’y a pas de voie claire vers un nouveau système de gouvernance régissant à la fois la Cisjordanie et Gaza – et Jérusalem-Est en temps voulu. Est-ce qu’imposer un gouvernement choisi par les Etats arabes, avec l’accord des Etats-Unis et d’Israël, serait une bonne approche? D’un autre côté, des élections pourraient ramener le Hamas, qui reste plus populaire que le Fatah d’Abbas, en position de vainqueur, comme en 2006. Israël et l’Occident seraient-ils prêts cette fois à faire ce qu’ils ont refusé de faire il y a près de vingt ans, à savoir reconnaître comme légitime un gouvernement dirigé par le mouvement islamiste? Cela nécessiterait une révolution dans leurs politiques.</p> <p>En fin de compte, la dynamique régionale jouera un rôle crucial. Sur la base des accords dits d’Abraham et de la normalisation des relations entre Téhéran et Ryad obtenue à Pékin en 2023, un cercle vertueux pourrait être encouragé entre Israël, les différentes factions palestiniennes et les puissances régionales. L’initiative de paix arabe, proposée par le roi saoudien en 2002, reste d’actualité. Elle propose la paix avec tous les pays arabes en échange de la fin de l’occupation. Tout au long de la guerre de Gaza, Washington et Téhéran se sont efforcés d’éviter une escalade régionale. Même l’attaque iranienne contre le territoire israélien, le 14 avril 2024, a été soigneusement calibrée avec l’intention déclarée d’éviter une escalade incontrôlable. Cela pourrait-il être le prélude à la reprise d’une approche plus constructive de la part des principaux acteurs?</p> <p>Pour museler les extrêmes tout en offrant des incitations aux autres, il faudrait aussi que, après une longue, très longue période, Washington, Pékin et Moscou acceptent de travailler ensemble – ou du moins de ne pas perturber les efforts de l’une des autres puissances. Sont-ils prêts à coopérer sur le Moyen-Orient malgré leur concurrence mondiale, l’Ukraine et Taiwan? Il devrait être clair pour tout le monde que les avantages d’une coopération en vue d’une solution à deux Etats l’emportent largement sur les coûts. Cette solution ouvrirait une nouvelle ère qui profiterait à tous les habitants de la région et, en fin de compte, au monde entier.</p> <p>En résumé, la solution à deux Etats reste souhaitable et est techniquement réalisable. Cependant, les obstacles psychologiques et politiques sont énormes. 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Cet article reflète son opinion et non pas nécessairement la politique étrangère de la Suisse.</p> <hr /> <p>Les Etats-Unis se sont abstenus mais n’ont pas mis leur veto à la résolution. Le secrétaire d’Etat de l’époque, John Kerry, est considéré comme son architecte. Il a passé des années à travailler sans relâche avec le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne pour progresser vers la résolution de ce conflit interminable qui a été un fardeau pour tout gouvernement américain pendant les trente-cinq dernières années au moins. George H. Bush est le dernier président américain à avoir exercé une pression sérieuse sur Israël, au tout début des années 1990. Au lendemain de la première guerre du Golfe, il a menacé de ne pas accorder de garanties de prêt à Israël si celui-ci refusait de participer à un processus multilatéral, connu sous le nom de conférence de Madrid, visant à résoudre ce conflit. Depuis lors, l’idée de sanctionner Israël pour ses violations du droit international est un anathème pour tous les gouvernements américains et la plupart des gouvernements européens.</p> <p>Peu après l’adoption de la résolution 2334, l’administration Trump est arrivée au pouvoir à Washington. Sous l’influence du gendre du nouveau Président, Jared Kushner, et de son ambassadeur en Israël, David Friedman, lui-même fervent partisan des colonies en Cisjordanie, Trump a pris des mesures audacieuses, mais futiles. Il a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem pour plaire au gouvernement de Netanyahou. Il a ensuite proposé un plan de paix qui s’éloigne considérablement du principe reconnu de paix basée sur les frontières de 1967. Comme la plupart des observateurs l’avaient prévu, les Palestiniens ont catégoriquement rejeté la proposition de Trump et le processus s’est enlisé une fois de plus, tandis que le gouvernement Netanyahou accélérait la colonisation de la Cisjordanie, accompagnée qui plus est d’une montée des violences des colons à l’encontre des Palestiniens.</p> <p>L’administration Biden n’avait manifestement pas l’intention d’investir beaucoup de capital politique au Moyen Orient. L’Ukraine et la Chine étaient les principales priorités de la politique étrangère au départ. Biden n’a annulé aucune des décisions prises par Trump. Il n’a pas rapatrié l’ambassade américaine à Tel-Aviv. Il n’a pas rouvert le consulat général des Etats-Unis auprès de l’Autorité palestinienne, qui est devenu une section de l’ambassade américaine basée à Jérusalem. La situation sur le terrain est cependant restée relativement calme, malgré un nouvel échange de roquettes entre Gaza et Israël pendant 11 jours en mai 2021. L’impression générale était qu’un <em>modus vivendi</em> avait été trouvé, conduisant à une trêve fragile, avec le soutien financier du Qatar. En Cisjordanie, l’Autorité palestinienne n’était pas une menace pour le projet israélien. Et la troisième parcelle des territoires occupés, Jérusalem-Est, est de toute façon sous le contrôle total d’Israël. La fausse impression que cette chorégraphie pourrait se maintenir très longtemps était dominante. La question israélo-palestinienne avait disparu de l’ordre du jour international. Puis est arrivé le 7 octobre. Les attaques choquantes de ce jour-là et la riposte destructrice d’Israël, au-delà des conséquences humaines et humanitaires dramatiques, ont eu un impact psychologique et politique intense.</p> <p>Il n’est pas question ici d’analyser les causes, les crimes et les conséquences de ce qui s’est passé à ce moment-là et dans les mois qui ont suivi. Mais, étonnamment, la question palestinienne est revenue au premier plan des préoccupations mondiales, au même titre que l’agression russe contre l’Ukraine. Très vite, tous les acteurs internationaux majeurs ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une solution à deux Etats. Mais cette solution est-elle encore possible après toutes ces années de négligence internationale?</p> <h3>Non, le contexte régional et l’entreprise de colonisation ont rendu la solution à deux États impossible - Le point de vue du pessimiste</h3> <p>Les plus de 700'000 colons, mais aussi le contexte stratégique, politique et psychologique semble être un obstacle insurmontable à toute solution de paix.</p> <p>Selon des chiffres fiables, près de 450'000 colons vivent en Cisjordanie et près de 250'000 à Jérusalem:</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1716200084_is1.png" class="img-responsive img-fluid center " width="505" height="727" /></p> <p>Quelques dizaines de milliers d’autres vivent sur le plateau du Golan, formellement un territoire syrien annexé en 1981. Jérusalem-Est a été annexée dans les faits en 1980. Ces territoires, ainsi que Gaza, sont considérés comme des territoires occupés en vertu du droit international. Les annexions et les colonies sont illégales en droit international. Le transfert de la population israélienne vers les territoires occupés est interdit par la quatrième convention de Genève et peut constituer un crime de guerre selon le statut de Rome de la Cour pénale internationale. L’Etat d’Israël a joué un rôle décisif dans la colonisation. Il a encouragé le transfert de sa population en confisquant des terres, en construisant des infrastructures et en offrant des incitations fiscales aux citoyens israéliens pour qu’ils établissent leur résidence dans les territoires occupés. La proportion de colons «économiques» – c’est-à-dire de personnes qui se sont installées dans les colonies illégales de Jérusalem-Est ou de Cisjordanie pour des raisons financières ou d’autres raisons pragmatiques – diminue par rapport aux colons «idéologiques». La plupart de ces derniers considèrent que ces terres leur appartiennent pour des motifs religieux ou historiques. Certains prétendent qu’elles ont été données par Dieu au peuple juif. La présence de sanctuaires juifs, comme le Caveau des Patriarches à Hébron, est pour eux une preuve suffisante qu’ils ont le droit d’occuper ces lieux. Ils parlent de territoires «libérés». Certains accepteraient de les désigner comme des territoires «contestés».</p> <p>Quant aux Palestiniens, ils s’en tiennent à une interprétation stricte du droit international, selon laquelle tous les territoires occupés par Israël après la guerre des 6 jours de 1967 doivent faire partie d’un futur Etat palestinien. Cela signifie que plus de 700'000 colons devraient se retirer. Comment y parvenir? En 2005, le gouvernement israélien du Premier ministre Ariel Sharon a retiré 8'000 colons de 21 colonies de Gaza. Cet événement est devenu un drame national. Il est difficile d’imaginer comment près de 100 fois plus de personnes pourraient être expulsées de force de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Qui s’en chargerait? A mesure que la proportion de colons augmente dans la population totale pour atteindre un peu moins de 10%, il en va de même pour ce qui est de la présence des colons dans l’armée et la police israéliennes. Et ce sont ces deux institutions qui seraient évidemment chargées d’évacuer les colons. Dès lors, cela devient difficilement concevable.</p> <p>En outre, une partie, petite mais efficace, des colons devient de plus en plus organisée et violente. Cette tendance se poursuit depuis une dizaine d’années. Betselem, une ONG israélienne renommée de défense des droits de l’homme, a calculé que 2 millions de dunums de terres occupées ont été accaparés par Israël, ce qui correspond presque à la taille de l’Etat du Luxembourg. L’ONG fait également état d’une augmentation constante des incidents violents commis par les colons, y compris des meurtres de Palestiniens. Ceux-ci ont encore bondi après le 7 octobre. De leur côté, l’armée et les autres forces de sécurité ne se sont pas montrées disposées à mettre un frein à la violence des colons, bien au contraire. De nombreux rapports montrent que le personnel de sécurité se contente de regarder les colons harceler les Palestiniens, voire pire.</p> <p>La montée de la violence des colons est le miroir d’un paysage politique israélien qui a glissé vers l’extrême droite. On entend par là une attitude de défiance totale à l’égard de tout retrait des territoires occupés et un refus absolu d’envisager l’octroi d’un Etat aux Palestiniens. Cette attitude extrême est également ancrée dans la crainte existentielle de nombreux Israéliens d’être un jour dépassés en nombre par les Palestiniens. La rhétorique et les actions de nombreux dirigeants palestiniens, arabes ou musulmans, comme le régime iranien, confortent les Juifs israéliens dans leur conviction que, sans un contrôle sécuritaire total sur les Palestiniens et une supériorité militaire stratégique sur les Etats voisins, ce serait l’existence même d’Israël qui serait menacée. </p> <p>Pour l’instant, sur le territoire contrôlé par Israël, de la mer Méditerranée à la mer Morte, vivent à peu près le même nombre de Juifs et de non-Juifs, principalement des personnes qui s’identifient comme Palestiniens, en majorité musulmans, mais comportant aussi une petite minorité chrétienne encore influente. Le 7 octobre a provoqué un choc psychologique. Pour une partie encore plus importante de la population juive israélienne, il est devenu évident que vivre aux côtés d’un Etat palestinien équivaudrait à partager son lit avec le diable. Les sondages effectués au cours du premier trimestre 2024 indiquent un soutien presque total à l’éradication du Hamas, quel que soit le coût en vies palestiniennes innocentes. L’empathie pour les victimes civiles palestiniennes est pratiquement inexistante. Tout compromis avec le Hamas ou les Palestiniens en général serait perçu comme une humiliation et une défaite menaçant l’existence même de l’Etat d’Israël. La détermination de l’opinion publique israélienne pourrait être renforcée par les sondages effectués auprès de la population palestinienne, qui montrent un soutien constant de plus de 70% à l’action entreprise par le Hamas le 7 octobre. </p> <p>Se retirer ne serait-ce que d’un pouce de la Cisjordanie ne serait pas seulement perçu comme une concession inacceptable à la terreur. Ce serait également faire un cadeau majeur au pays qui a été constamment présenté comme l’ennemi juré d’Israël depuis au moins le retour au pouvoir de Netanyahou en 2009: l’Iran. Il est devenu soudainement évident pour tout le monde que, à la suite d’un certain nombre d’erreurs stratégiques commises par les Etats-Unis et Israël au cours des vingt dernières années, l’Iran encercle aujourd’hui Israël sur au moins cinq fronts: le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen et Gaza. L’agression de Bush junior contre l’Irak a été l’erreur stratégique la plus lourde de conséquences commise par le principal allié d’Israël. Elle a permis au régime islamique de Téhéran de construire un pont terrestre jusqu’à la frontière même d’Israël, au Liban. Le JCPOA, l’accord nucléaire conclu par l’administration Obama en 2015, aurait pu offrir une opportunité de normaliser progressivement les relations entre les Etats-Unis et l’Iran, ce qui aurait pu être utilisé pour alléger la menace que le Hezbollah libanais fait planer sur Israël. Mais Donald Trump s’est retiré de l’accord, avec le plein soutien du Premier ministre israélien. L’Iran a alors poursuivi sa manœuvre d’encerclement autour d’Israël, qui apparaît aujourd’hui être l’otage de la dynamique Washington-Téhéran.</p> <p>Par conséquent, pour des raisons pratiques – les colons –, politiques, psychologiques et stratégiques, il semble hautement improbable qu’Israël soit prêt à envisager dans un avenir proche les douloureux compromis qu’impliquerait nécessairement une solution à deux Etats. </p> <p>Du côté palestinien, les obstacles devraient être beaucoup moins nombreux. Le droit international, à savoir une solution basée sur les frontières de 1967, est très à l’avantage des Palestiniens. Le Hamas n’a cependant pas abandonné son intention de de créer un Etat palestinien «du fleuve à la mer», ce qui équivaut à éliminer l’Etat d’Israël. En 2017, le mouvement islamiste a pourtant publié un nouveau document dans lequel il affirmait être prêt à envisager la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 dans le cadre d’une trêve ou d’une <i>hudna</i> à long terme, ce qui constitua un signe de compromis largement ignoré. Cette position a été réaffirmée en avril 2024 à l’occasion d’une rencontre entre le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. Il a même été rapporté que le Hamas supprimerait sa branche armée si un Etat palestinien était établi dans les frontières de 1967. Mais le Hamas n’est pas seul dans cette bataille. Il fait partie de ce que l’on appelle «l’axe de la résistance». Ce groupe de coordination anti-israélien, dirigé par les Gardiens de la révolution iraniens, associe le régime syrien, le Hamas et d’autres milices palestiniennes comme le Jihad islamique, le Hezbollah libanais, les milices irakiennes et les Houthis yéménites. Ils ont le sentiment d’être du côté des vainqueurs de cette guerre et ne sont donc pas sous pression pour faire des compromis. La situation est donc bloquée des deux côtés. </p> <h3>Oui, la solution à deux Etats est toujours possible - Le point de vue de l’optimiste</h3> <p>En 2022, Shaul Arieli, ancien colonel israélien reconnu comme le meilleur expert des colonies et des colons, a publié une étude approfondie sur le sujet. Il conclut que l’idée selon laquelle les colonies de Jérusalem-Est et de Cisjordanie ont rendu impossible la solution à deux Etats est une apparence trompeuse qui ne résiste pas à une analyse détaillée. Parmi ses principales conclusions, il a constaté que:</p> <ul> <li>Grâce à des échanges territoriaux dans une proportion de 1 pour 1, près de 80% des colons vivraient à l’intérieur des frontières d’Israël à la suite d’un accord de paix.</li> <li>Parmi les 20% restant dans ce qui serait alors un Etat palestinien, une grande majorité serait prête à envisager une réinstallation en Israël à condition que des compensations soient offertes.</li> <li>Au sein de ce même groupe, seule une infime proportion serait prête à recourir à des actes de résistance illégaux ou violents, tandis que la grande majorité n’envisagerait qu’une opposition légale.</li> <li>Une immense majorité des colons est consciente du risque de devoir un jour se réinstaller à l’intérieur de la frontière israélienne.</li> </ul> <p>En outre, l’étude montre que les trois objectifs définis par les gouvernements israéliens qui ont planifié l’entreprise de colonisation (plan Allon, 1967; plan Sharon, 1977) n’ont pas été atteints, à savoir:</p> <ol> <li>Encercler toute entité politique arabe avec des territoires israéliens, en délimitant une frontière reflétant les priorités israéliennes.</li> <li>Empêcher la création d’un Etat palestinien indépendant avec une contiguïté territoriale en assurant une présence israélienne substantielle, en particulier le long de la crête montagneuse centrale.</li> <li>Annexer à l’Etat d’Israël la totalité ou une partie importante des territoires occupés, sans remettre en cause la vision sioniste d’un Etat démocratique à majorité juive. </li> </ol> <p>Aujourd’hui, les colons juifs ne représentent que 14% de la population de la Cisjordanie (territoire appelé Judée et Samarie par les Israéliens). Comme indiqué plus haut, près de 80% de ce groupe se retrouverait en Israël à la suite d’un échange de territoires où la même surface de terre serait échangée entre l’Etat israélien et l’Etat palestinien selon la proposition suivante:</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1716200117_is2.png" class="img-responsive img-fluid center " width="553" height="795" /></p> <p>Parmi les 20% qui resteraient à évacuer, soit environ 100’000 personnes, ou 20 à 25’000 ménages, seule une infime partie est prête à lutter contre une solution à deux Etats par des moyens illégaux, alors que la plupart d’entre eux accepteraient de se réinstaller moyennant des compensations.</p> <p>Le bon sens voudrait que la féroce explosion de violence qui s’est produite le 7 octobre et ses conséquences aient créé des barrières psychologiques et politiques encore plus élevées empêchant toute reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Toutefois, ce n’est peut-être pas le cas. Même si l’opinion publique israélienne soutient dans sa grande majorité la destruction du Hamas quel qu’en soit le coût humain, une prise de conscience brutale a eu lieu. La conscience que la question palestinienne ne peut plus être ignorée et s’est imposée dans la société. La gestion éternelle du conflit n’est pas une option souhaitable pour un nombre croissant de Juifs israéliens. Les sondages du premier trimestre 2024 indiquent qu’après le choc initial, une tendance se dessine en faveur de la solution à deux Etats. Au sein de la population palestinienne, elle s’élève à 45%, en augmentation. En Israël, 35% de la population juive exprime son soutien, soit 40% de l’ensemble de la population. Il est intéressant de noter que lorsque cette option est combinée à une normalisation avec l’Arabie Saoudite, ce chiffre grimpe à 52%.</p> <p>Dans ce climat, le désir de séparation est beaucoup plus fort aujourd’hui qu’avant le 7 octobre. Par conséquent, les Israéliens pourraient être davantage disposés à payer le prix de l’évacuation des colonies. Plus de 100'000 Israéliens ont quitté leurs maisons dans le nord de la Galilée et dans les environs de Gaza après l’attaque du 7 octobre et les attaques du Hezbollah sur le nord d’Israël. La relocalisation n’est plus considérée comme inacceptable. Du côté palestinien, il y a également plus de voix aujourd’hui qui osent accuser le Hamas d’être responsable du désastre humanitaire qui a résulté des représailles israéliennes. </p> <p>Cela dit, pour sortir de cette tragédie, il faudra un <em>leadership</em> politique. On imagine mal Benjamin Netanyahu s’asseoir avec Mahmoud Abbas – sans parler d’Ismail Haniyeh ou de Yahya Sinwar – pour discuter de la fin du conflit. Du côté palestinien, on peut s’attendre à ce que le Hamas soit sérieusement affaibli, tant politiquement que militairement, à l’issue du conflit. Il y aura une chance unique de rafraîchir la direction palestinienne au sein d’un gouvernement unique. Cela n’a que trop tardé. Depuis 2007, la division entre Gaza et la Cisjordanie constitue un obstacle majeur à tout effort sérieux en faveur de la paix. Du côté israélien, les manifestations massives et les sondages montrent qu’il y a de fortes chances que Netanyahou soit démis de ses fonctions peu après la fin de cette guerre. Certains experts soupçonnent que c’est l’une des raisons pour lesquelles Israël a constamment essayé de provoquer l’Iran dans une escalade régionale. Les personnes les mieux placées pour succéder au Premier ministre qui est resté le plus longtemps en poste dans l’histoire d’Israël seraient toutes mieux préparées à trouver un arrangement avec les Palestiniens. Bien sûr, il reste une infime possibilité que les faucons israéliens, Smotrich et Ben Gvir, conservent des positions de pouvoir. Leur politique ne peut que conduire à de nouvelles effusions de sang. C’est là que la communauté internationale devrait jouer un rôle décisif. </p> <p>Comme indiqué plus haut, tous les grands acteurs internationaux, y compris les Etats-Unis, la Chine, la Russie et les puissances européennes, ont souligné qu’il n’y avait pas d’alternative à la solution à deux Etats. Aux Etats-Unis en particulier, l’actuel Premier ministre d’Israël et ses politiques sont de moins en moins compris. C’est également le cas dans plusieurs pays européens, en particulier l’Espagne et l’Irlande. Pendant très longtemps, les pays occidentaux ont été réticents à exercer une réelle pression sur Israël. Cette tolérance diminue rapidement.</p> <h3>Un point de vue réaliste</h3> <p>Le bon sens dit que pour ramener la paix au Moyen Orient, trois facteurs doivent être réunis: un Premier ministre israélien suffisamment fort pour faire des compromis; un dirigeant palestinien capable d’unir les différentes factions palestiniennes; un président américain prêt à utiliser son capital politique pour amener les deux communautés à conclure un accord. La guerre a causé d’immenses traumatismes et souffrances au sein des populations israélienne et palestinienne. Un retour au <em>statu quo ante</em> est peu probable. Pire: il s’agirait d’une nouvelle occasion manquée dont les conséquences pourraient être encore plus tragiques.</p> <p>Il a été démontré plus haut qu’une solution à deux Etats reste techniquement possible. Sur le plan psychologique, les deux sociétés, comme le révèlent les sondages, semblent comprendre qu’il est nécessaire, pour leur simple survie, de dépasser le conflit. Les Palestiniens ont des raisons de craindre que les politiques israéliennes ne réduisent encore l’espace dans lequel ils peuvent vivre. Les Juifs israéliens ont tout autant de raisons de craindre d’être un jour submergés par leurs voisins. L’Iran n’est-il pas présent, directement ou par l’intermédiaire de ses alliés, sur cinq de ses frontières? Les représailles iraniennes contre le territoire israélien à la mi-avril, à la suite de l’attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas dix jours auparavant, donnent un avant-goût du coût d’une escalade régionale. Israël et ses alliés auraient dû dépenser plus d’un milliard de dollars pour se protéger contre les missiles et les drones iraniens. Une escalade régionale peut-elle être évitée si un processus politique significatif n’est pas mis sur les rails? Quelles sont les alternatives à la solution à deux Etats? Un nettoyage ethnique dans un sens ou dans l’autre? Une guerre régionale impliquant les Etats-Unis et l’Iran, qui bénéficierait très probablement d’un soutien important de la part de la Russie? L’ampleur des destructions serait impensable et ne peut être dans l’intérêt de personne.</p> <p>D’un autre côté, de nombreux travaux préparatoires ont été réalisés pour mettre au point la solution à deux Etats. Les paramètres Clinton (2000), mais aussi les résultats des pourparlers Olmert-Abbas (2008), restent des bases solides pour un accord. Mais le plan le plus détaillé est probablement le fruit du travail d’experts israéliens et palestiniens qui faisaient partie des deux équipes de négociation dans les années Clinton. Ils ont conçu un modèle d’accord de 500 pages, souvent connu sous le nom d’Initiative de Genève. Il ressort de ce document et d’autres qu’une paix est non seulement possible, mais qu’elle est aussi beaucoup moins coûteuse que n’importe quelle autre option. Il y aurait des échanges de terres dans une proportion de 1 pour 1 afin de ramener le plus grand nombre possible de colons à l’intérieur des frontières israéliennes. La Palestine serait un Etat démilitarisé et une solide coordination sécuritaire sous supervision internationale serait établie entre les deux Etats. D’autre part, la Palestine bénéficierait d’une continuité territoriale grâce à un corridor terrestre reliant la Cisjordanie et Gaza. Jérusalem-Est serait la capitale de la Palestine et un régime spécial serait convenu pour le Mont du Temple/Haram al-Sharif. L’épineuse question des réfugiés palestiniens serait résolue principalement par des compensations financières. Israël ne serait pas submergé par des millions de réfugiés palestiniens, comme le menacent parfois ceux qui ne sont pas intéressés par un compromis.</p> <p>D’autres solutions sont à l’étude, comme une confédération ou un Etat binational. Aucune d’entre elles n’éviterait toutefois de devoir traiter les questions épineuses mentionnées ci-dessus. Mais si, techniquement, la solution à deux Etats reste possible, il n’est pas certain que les grandes puissances soient en mesure d’assurer l’investissement politique colossal qu’elle nécessiterait pour éliminer les extrémistes qui, de part et d’autre, veulent prolonger le conflit.</p> <p>C’est probablement le plus grand défi à relever: affaiblir les extrêmes. Du côté israélien, les forces qui s’opposent à la solution à deux Etats doivent être isolées politiquement. Les colons impliqués dans les violences contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem doivent être punis pour leurs crimes. Les pays occidentaux doivent être fidèles à leurs principes et insister sur le fait que sans la fin de l’impunité, il y aura des conséquences. Désamorcer les fauteurs de troubles du côté palestinien peut s’avérer plus délicat. Le Hamas et d’autres factions violentes peuvent être affaiblis, mais ils ne disparaîtront probablement pas. Il n’y a pas de voie claire vers un nouveau système de gouvernance régissant à la fois la Cisjordanie et Gaza – et Jérusalem-Est en temps voulu. Est-ce qu’imposer un gouvernement choisi par les Etats arabes, avec l’accord des Etats-Unis et d’Israël, serait une bonne approche? D’un autre côté, des élections pourraient ramener le Hamas, qui reste plus populaire que le Fatah d’Abbas, en position de vainqueur, comme en 2006. Israël et l’Occident seraient-ils prêts cette fois à faire ce qu’ils ont refusé de faire il y a près de vingt ans, à savoir reconnaître comme légitime un gouvernement dirigé par le mouvement islamiste? Cela nécessiterait une révolution dans leurs politiques.</p> <p>En fin de compte, la dynamique régionale jouera un rôle crucial. Sur la base des accords dits d’Abraham et de la normalisation des relations entre Téhéran et Ryad obtenue à Pékin en 2023, un cercle vertueux pourrait être encouragé entre Israël, les différentes factions palestiniennes et les puissances régionales. L’initiative de paix arabe, proposée par le roi saoudien en 2002, reste d’actualité. Elle propose la paix avec tous les pays arabes en échange de la fin de l’occupation. Tout au long de la guerre de Gaza, Washington et Téhéran se sont efforcés d’éviter une escalade régionale. Même l’attaque iranienne contre le territoire israélien, le 14 avril 2024, a été soigneusement calibrée avec l’intention déclarée d’éviter une escalade incontrôlable. Cela pourrait-il être le prélude à la reprise d’une approche plus constructive de la part des principaux acteurs?</p> <p>Pour museler les extrêmes tout en offrant des incitations aux autres, il faudrait aussi que, après une longue, très longue période, Washington, Pékin et Moscou acceptent de travailler ensemble – ou du moins de ne pas perturber les efforts de l’une des autres puissances. Sont-ils prêts à coopérer sur le Moyen-Orient malgré leur concurrence mondiale, l’Ukraine et Taiwan? Il devrait être clair pour tout le monde que les avantages d’une coopération en vue d’une solution à deux Etats l’emportent largement sur les coûts. Cette solution ouvrirait une nouvelle ère qui profiterait à tous les habitants de la région et, en fin de compte, au monde entier.</p> <p>En résumé, la solution à deux Etats reste souhaitable et est techniquement réalisable. Cependant, les obstacles psychologiques et politiques sont énormes. Et la volonté politique de consentir les investissements courageux et risqués nécessaires à l’ouverture d’une véritable perspective de paix n’est nulle part aussi massive qu’elle devrait l’être.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'israel-palestine-la-solution-a-deux-etats-est-elle-toujours-possible', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 369, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5026, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Rencontre avec la banquière férue de poésie qui fait durer la guerre de Poutine', 'subtitle' => 'Elvira Nabiullina, 60 ans, est depuis plus de dix ans à la tête de la Banque centrale de Russie. 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Mais ce qui a le plus inquiété les Moscovites en ce chaud lundi, c'est l'état du rouble.</p> <p>Suivre les hauts et les bas de la monnaie locale, très sensible aux prix mondiaux de l'énergie, est un passe-temps national en Russie. Lorsque le rouble tombe en dessous de 100 pour un dollar, les gens commencent à s'inquiéter. J'ai regardé mes connaissances rester rivées à leur écran pendant que le rouble franchissait le seuil psychologique. Où étaient les «<em>umnyi professionali</em>» (professionnels intelligents) de la Banque centrale?</p> <p>Il y a un «professionnel intelligent» en particulier sur lequel les Russes ont appris à compter ces dernières années et il s'agit d'une professionnelle: la directrice de la banque, Elvira Nabiullina, âgée de 60 ans. Elvira Nabiullina est une technocrate à lunettes dont l'apparence modeste dissimule une intelligence et une volonté féroces. Protégée de l'un des économistes libéraux les plus influents de Russie, elle a passé la majeure partie de ses onze années à ce poste à essayer de promouvoir une économie ouverte, stable et bien réglementée dans un pays plus habitué au communisme ou au chaos.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1720108636_455pxelvira_nabiullina_2017.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="366" height="481" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Elvira Nabiullina en 2017. © Council.gov.ru - press service - source officielle.</em></h4> <p>Mme Nabiullina est l'un des rares banquiers centraux dont la simple présence à la barre peut suffire à calmer les marchés, et elle a su gérer habilement les drames générés par les ambitions géopolitiques de Vladimir Poutine. Après que les pays occidentaux ont imposé une série de sanctions à la Russie en 2014 à la suite de l'annexion de la Crimée par M. Poutine, elle a piloté le rouble à travers le choc de confiance qui s'en est suivi avec un minimum de dégâts. Sa passion pour la prise de décision fondée sur des données et sa volonté de s'en tenir à des politiques économiques libérales sous pression ont conduit Christine Lagarde, alors directrice du Fonds monétaire international (FMI), à la féliciter d'avoir permis à la Banque de «chanter».</p> <h3>Cette «foutue Banque centrale»</h3> <p>Ces compliments ont brusquement cessé après l'invasion totale de l'Ukraine par Moscou en 2022. Des sanctions sans précédent s'en sont suivies, y compris des restrictions sur la vente de pétrole et de gaz russes en Europe. La rumeur veut que Nabiullina ait craint l'arrestation de ses adjoints à la banque si elle ne restait pas pour sauvegarder l'économie. Quelle que soit sa motivation, elle a contribué à amortir le choc initial pour les banques russes (au fil du temps, les vastes entreprises pétrolières et gazières du pays se sont révélées étonnamment habiles à trouver de nouveaux clients non occidentaux). Les détracteurs de Poutine la considèrent, ainsi que d'autres technocrates, comme complice de l'effusion de sang qui a suivi en Ukraine.</p> <p>En août 2023, la résistance économique du pays semblait faiblir. Les achats chinois de pétrole russe avaient permis d'atténuer l'effet des sanctions occidentales, mais le propre ralentissement de Pékin a affecté sa consommation d'énergie, ce qui a eu un impact négatif sur le rouble.</p> <p>Mme Nabiullina ne s'est pas empressée de protéger la monnaie, son instinct la poussant à la laisser voler de ses propres ailes autant que possible. L'absence d'intervention a suscité de vives critiques. Vladimir Solovyev, un présentateur de la télévision d'Etat, a déclaré à l'antenne que la «foutue Banque centrale» n'avait même pas expliqué «pourquoi le taux de change du rouble a grimpé si haut qu'ils se moquent de nous à l’étranger». Le 14 août à midi, le conseiller économique de Poutine, Maxim Oreshkin, a publié un article qui allait encore plus loin, blâmant explicitement la Banque centrale pour la chute de la monnaie et laissant entendre qu'elle aurait dû augmenter les taux d'intérêt pour donner un coup de pouce temporaire au rouble. Il semble peu probable que deux personnalités politiques aussi en vue aient attaqué Mme Nabiullina sans un soutien au moins tacite du Kremlin.</p> <p>En fait, la banque avait publié une déclaration sur son site web peu avant la publication de l'article d'Oreshkin, annonçant qu'une réunion d'urgence aurait lieu le lendemain. La preuve que Mme Nabiullina était sur le dossier a semblé suffisamment rassurante pour inverser la trajectoire du rouble. Celui-ci a clôturé la journée à environ 98 pour un dollar – un niveau encore bas, mais qui se rapproche de la barre des 100, si importante.</p> <p>Pour tenter de le maintenir, Nabiullina a ensuite procédé à une série de hausses massives des taux d'intérêt (le taux actuel s'élève à 16%, ce qui est exorbitant). Elle a également dû accepter le contrôle des capitaux, une mesure protectionniste qui va à l'encontre de tout ce qu'elle avait essayé de faire auparavant pour l'économie. Ce contrôle a été ordonné par Poutine lui-même, qui a exigé des exportateurs russes qu'ils convertissent leurs bénéfices étrangers en roubles en octobre 2023. Fait très inhabituel, Mme Nabiullina a critiqué publiquement cette politique qui, selon elle, ne pouvait être «qu'un remède à court terme». </p> <p>Les amis de Mme Nabiullina affirment qu'elle est l'un des rares conseillers à pouvoir parler franchement à M. Poutine, ce que ce dernier apprécie. Leur partenariat improbable dure depuis 20 ans et a traversé de nombreuses crises. Depuis 2022, sa dextérité macroéconomique a permis à Poutine d'augmenter les dépenses de guerre. Lors de sa campagne de réélection cette année, il a pu vanter – non sans inexactitude – l'économie russe comme étant celle qui connaît la plus forte croissance en Europe.</p> <p>Mais gérer les exigences de la machine de guerre et l'impact en constante évolution des sanctions rend la tâche de Mme Nabiullina de plus en plus difficile. Les dépenses de guerre ont permis à l'économie de continuer à croître, mais ont fait naître le risque d'une inflation dangereuse. Dernièrement, Mme Nabiullina s'est retrouvée à travailler à l'enracinement d'une configuration économique et politique qui éloigne le pays de ses premiers rêves d'un marché libre transparent et bien réglementé.</p> <p>«Elle ne peut pas lui dire que c'est mal, que cela détruit ce que je fais depuis 30 ans», a déclaré Konstantin Sonin, un économiste russe qui a travaillé avec Mme Nabiullina. «Elle ne fait pas preuve de perspicacité, elle se contente d'obéir aux ordres de Poutine.»</p> <p>Aucun signe extérieur n'indique que Mme Nabiullina n'est pas moins dévouée à son travail. Toutefois, des rumeurs circulent dans les milieux d'affaires russes selon lesquelles elle présenterait sa démission à intervalles réguliers, pour la voir ensuite rejetée. Les initiés affirment qu'il serait trop dangereux pour elle de partir avant que Poutine ne le lui demande.</p> <h3>Amoureuse de poésie, d'opéra et de Paul Verlaine</h3> <p>L'économie de guerre de Poutine risque d'être en difficulté à un moment ou à un autre, quoi que fasse Mme Nabiullina. Mais elle est essentielle pour retarder ce moment. Fiona Hill, ancienne conseillère pour la Russie auprès du Conseil national de sécurité des Etats-Unis, estime qu'elle pourrait même être le pont entre la Russie et l'économie mondiale. «Lorsque l'Occident reviendra faire des affaires avec la Russie, ce qui arrivera tôt ou tard lorsque la guerre sera terminée, Nabiullina pourrait être la personne avec laquelle ils pensent pouvoir faire des affaires», a déclaré Fiona Hill.</p> <p>Pourra-t-elle maintenir le cap d'ici là? Et alors qu'une économie de guerre dirigée par l'Etat s'installe, une technocrate lisant de la poésie comme elle a-t-elle ce qu'il faut pour s'opposer aux «patriotes»?</p> <p>Elvira Nabiullina est née en 1963 à Oufa, une ville située à l'extrémité orientale de la Russie européenne. C'était une ville pétrolière, aménagée selon le modèle soviétique: des résidences ouvrières fonctionnelles desservant de grandes raffineries. Ses bâtiments publics étaient ornés de slogans tels que «Lénine vivra toujours».</p> <p>Mme Nabiullina est issue d'une famille ouvrière d'ethnie tatare; son père était chauffeur et sa mère travaillait dans une usine. (Les Tatars musulmans constituent la plus grande minorité du pays, mais ils sont toujours considérés comme étrangers à la culture russe dominante). Adolescente studieuse, elle est tombée amoureuse de l'opéra et de la poésie, en particulier de l'écrivain français Paul Verlaine.</p> <p>C'est en obtenant une place à la prestigieuse université d'Etat de Moscou, au début des années 1980, qu'elle a connu son heure de gloire. A son arrivée à Moscou, le programme d'économie de la meilleure université de l'URSS était encore très axé sur les statistiques et l'idéologie communiste. En 1985, Nabiullina a adhéré au parti communiste – à l'époque, une étape essentielle pour quiconque a de l’ambition.</p> <h3>La Russie ne peut supporter qu'un nombre limité de réformes</h3> <p>Mais le changement était dans l'air, et il venait de très haut. Mikhaïl Gorbatchev, le nouveau et jeune dirigeant, avait compris que l'Union soviétique était au bord de l'effondrement économique. Il a demandé à ses conseillers de tracer la voie vers une économie de marché; l'un d'entre eux était le professeur d'économie de Nabiullina, Evgeny Yasin.</p> <p>Yasin pensait que la liberté politique devait accompagner les réformes économiques. Sa vision de la Russie était « un pays moderne avec un marché ouvert, une démocratie politique avec une autorité rotative », a déclaré Andrei Kolesnikov, son biographe. Des idées interdites sous le communisme étaient désormais ouvertement débattues.</p> <p>Mme Nabiullina a entamé une relation avec un ami et collègue économiste de Yasin, Yaroslav Kuzminov, et le couple s'est finalement marié (ils ont un fils). A un moment donné, elle a rendu sa carte du parti et a rejoint la clique d'économistes libéraux qui s'était formée autour de Yasin et de Kuzminov. Parmi eux figuraient Anatoly Chubais, qui allait superviser la privatisation des industries d'Etat russes dans les années 1990, et la fille de Yasin, Irina, une camarade d'études qui est devenue une amie proche de Nabiullina. (Les deux amies partageaient « des intérêts intellectuels et culturels exigeants », a précisé M. Kolesnikov).</p> <p>Les premières expériences de la Russie avec le marché libre ont été traumatisantes. Boris Eltsine, le premier président de la Russie post-soviétique, était pressé de démanteler l'économie planifiée. Son premier ministre, Yegor Gaidar, a lancé un programme de « thérapie de choc » pour accélérer la transition. Il a abandonné les restrictions sur les importations et ordonné la privatisation rapide des industries d'Etat. Ces mesures ont été une aubaine pour une classe émergente d'oligarques, mais les citoyens ordinaires ont dû faire face à une flambée des prix à mesure que les contrôles et les subventions disparaissaient.</p> <p>En 1994, l'étoile de Gaidar ayant pâli, Eltsine a nommé Yasin ministre du Développement économique et l'a chargé de maintenir la transition sur les rails. Nabiullina a rejoint l'équipe de son professeur. Mais il était trop tard pour atténuer les retombées de la thérapie de choc. Un cycle d'hyperinflation s'est installé, puis le rouble s'est effondré et enfin, en 1998, la Russie a fait défaut sur sa dette extérieure. Les médias nouvellement indépendants montraient des images poignantes de Russes âgés vendant leurs biens, étalés sur les trottoirs gelés de Moscou.</p> <p>Yasin a été limogé au plus fort de la crise et Nabiullina a quitté le gouvernement avec lui. Elle avait appris une leçon précieuse: La Russie ne peut supporter qu'un nombre limité de réformes. Elle reste convaincue que le pays a besoin d'une économie de marché, mais elle en vient à penser que celle-ci ne peut se développer qu'en remodelant le système existant, et non en le détruisant. «Elle a compris les distorsions du système russe et a été capable de les intégrer, ce qui la rend particulièrement apte à travailler au sein de ce système», souligne Fiona Hill, l'expert de la Russie.</p> <h3>Une simple marionnette aux ordres de Poutine?</h3> <p>Poutine, ancien officier du KGB, qui a gravi les échelons de la politique russe, a également assisté à la crise économique des années 1990. Comme Mme Nabiullina, M. Poutine était déterminé à ce que cette crise ne se reproduise jamais.</p> <p>Au début des années 1990, M. Poutine a passé son temps à conclure des accords à Saint-Pétersbourg, tirant le meilleur parti des nouvelles possibilités offertes aux entreprises. L'entourage d'Eltsine l'a pressenti pour un poste dans l'administration présidentielle en 1997; en 1999, il a été nommé Premier ministre, puis, après la démission d'Eltsine, Président par intérim.</p> <p>Certains économistes libéraux de l'entourage de Nabiullina voyaient dans l'ancien membre du KGB quelqu'un avec qui ils pourraient conclure une alliance pragmatique. En 1999, l'un d'entre eux, German Gref, constitue une équipe au sein de son groupe de réflexion. Le groupe, qui comprend Nabiullina, est chargé d'élaborer un programme économique pour Poutine, qui fait alors campagne pour être élu président. A la fin de l'année, à l'aube du nouveau millénaire, le candidat à la présidence dévoile sa vision. Il énumère sans ménagement les désastres économiques des années 1990 et appelle à l'investissement et aux réformes du marché (gérées par un Etat fort).</p> <p>Ce discours touche une corde sensible chez des millions de Russes qui avaient souffert du chaos. Associé aux sentiments nationalistes que Poutine avait attisés lors de la dernière guerre en Tchétchénie, il lui a permis de remporter aisément l'élection présidentielle. Il a invité M. Gref à diriger son ministère du développement économique et du commerce, et Mme Nabiullina est devenue l'adjointe de M. Gref.</p> <p>Bien qu'elle soit un membre relativement jeune de l'administration de M. Poutine, Mme Nabiullina semble s'être révélée utile. En 2007, Poutine remanie son cabinet en favorisant les partisans de la ligne dure et les anciens membres des services de sécurité, les siloviki. M. Gref a été contraint de démissionner. Cette fois, Nabiullina n'est pas partie avec son patron : elle a obtenu le poste de Gref. C'est la première fois qu'elle goûte au pouvoir et, selon Hill, cela lui convient. « Elle aime être vraiment bonne dans ce qu'elle fait », note-t-elle. « En tant que technocrate, être à l'intérieur du système est un environnement qui lui convient. »</p> <p>Le deuxième mandat de M. Poutine a expiré en 2008, et la Constitution lui interdisait de se représenter dans la foulée. Il est donc devenu Premier ministre et a exercé son pouvoir en coulisses (Nabiullina l'a suivi au bureau du Premier ministre). En 2012, il se présente à nouveau à la présidence.</p> <p>Entre-temps, la Russie a radicalement changé. Il existe désormais un mouvement d'opposition démocratique, mené par un jeune militant charismatique, Alexei Navalny, qui a contribué à organiser des manifestations contre la réélection de Poutine. Après son retour au Kremlin, Poutine ordonne l'arrestation d'un grand nombre de dissidents. </p> <p>La décision de Mme Nabiullina de suivre Poutine au Kremlin dans ces circonstances a consterné certains de ses anciens amis du camp de la réforme économique. Il était clair que Poutine n'allait jamais apporter la libéralisation politique que Yasin avait appelée de ses vœux. Irina, la fille de Yasin, a ouvertement soutenu les manifestations de l'opposition, et son père et elle se sont éloignés de Nabiullina. (« Elle travaille pour Poutine depuis 13 ans, ce qui prouve que nous ne partageons plus les mêmes opinions », a ainsi déclaré M. Yasin à un journaliste de Bloomberg en 2013).</p> <p>L'année suivant le ralliement sans équivoque de Mme Nabiullina à M. Poutine, Sergei Ignatiev, gouverneur de la Banque centrale de Russie, a pris sa retraite. On s'attendait à ce que Poutine s'en tienne aux conventions et promeuve l'adjoint d'Ignatiev. Au lieu de cela, il a confié le poste à Mme Nabiullina.</p> <p>Cette décision a suscité la controverse. Mme Nabiullina n'avait que peu d'expérience en matière de politique monétaire. Elle n'avait pas d'alliés naturels. Des oligarques comme Oleg Deripaska considéraient son approche réglementaire du secteur bancaire comme un obstacle à la libre circulation du crédit dont ils avaient besoin. Les conservateurs, quant à eux, n'appréciaient pas que ses instincts économiques soient libéraux.</p> <p>Les photos de la première rencontre entre Poutine et la nouvelle gouverneure de la Banque centrale montrent le premier écoutant attentivement la seconde l'informer sur les objectifs d'inflation. Comme on allait bientôt s'en apercevoir, Mme Nabiullina avait le soutien du seul groupe d'électeurs qui comptait.</p> <h3>Un salon de coiffure, une cabine d'essayage et un pressing</h3> <p>Le siège de la Banque centrale de Russie est un palais néo-Renaissance de couleur crème et beige, construit à la fin du XIXème siècle sous les derniers tsars. Aujourd'hui, la Banque jouit d'un degré d'autonomie dont peu d'autres institutions russes bénéficient. Elle est chargée de fixer les taux d'intérêt et de réglementer le secteur bancaire. La clôture en fer forgé qui entoure le bâtiment marque la limite de l'empire personnel de Mme Nabiullina. Selon un observateur familier du fonctionnement de l’institution elle passe tellement de temps à l'intérieur qu'elle y a installé un salon de coiffure, une cabine d'essayage et un service de nettoyage à sec.</p> <p>Mme Nabiullina, qui n'est pas vraiment une « fashion victim » accorde une grande attention à son apparence, qui est scrutée de près par le monde de la finance et par les femmes russes. Elle évite le bling-bling et les marques ostentatoires, préférant le look « quiet luxury » (« luxe discret ») adopté par les personnages de la série <i>Succession</i> de HBO. « Elle a commencé par s'habiller comme une comptable de province », déplore un initié de l'industrie de la mode russe, qui estime que Mme Nabiullina achète désormais ses costumes sobres chez Loro Piana, le créateur des super-riches. Son charme discret est renforcé par des bijoux plus voyants : Nabiullina semblait souvent signaler ses décisions en matière de taux par le type de broches qu'elle portait, avec une épingle à faucon en céramique qui donnait aux observateurs un indice pas trop subtil de ce qui allait se passer. (Depuis l'invasion de l'Ukraine, on l'a souvent vue en noir funèbre).</p> <h3>Mélange de culot et de rigueur</h3> <p>Après avoir pris les rênes de la banque centrale en 2013, Mme Nabiullina a entrepris d'en faire un lieu de travail capable d'attirer les meilleurs économistes. Elle a constitué une équipe jeune et hautement qualifiée, dont beaucoup - comme son adjointe, Ksenia Yudaeva, qui a contribué à l'introduction de pratiques modernes de collecte et d'analyse des données - ont été formés en Occident.</p> <p>Selon Alexandra Prokopenko, une collègue qui a quitté la Banque peu après le début de la guerre en Ukraine, de nombreuses « personnes intelligentes et talentueuses » en sont venues à éprouver une forte loyauté personnelle envers Mme Nabiullina. «Elle a fait beaucoup pour créer un environnement de travail moins toxique. La culture de l'entreprise était fondée sur l'interaction et, si elle n'était pas totalement horizontale, elle n'était pas verticale.» Un ami de Mme Nabiullina souligne le contraste entre elle et d'autres économistes russes puissants: «Elle est modeste, discrète et n'est pas motivée par son ego. La plupart des fonctionnaires russes conduisent de grosses Maybach: Nabiullina préfère une Jaguar élégante.»</p> <p>Elle avait certes un côté dur. «Les gens ont peur de Nabiullina, elle est toujours souriante mais elle a une détermination d’acier, se souvient l'observateur. On la surnommait "Elvira d’acier" et même les hommes forts avaient peur d'entrer dans son bureau», raconte un ancien collègue du ministère de l'Economie. «Elle n'aime pas les gens faibles. Un jour, Mme Nabiullina a annoncé à un groupe de journalistes, invités à un événement "officieux", que l'un de ses adjoints allait démissionner immédiatement. L'un des journalistes m'a dit que l'adjoint en question était présent au briefing et qu'il avait l'air stupéfait. C'est officiel, a déclaré Mme Nabiullina, sans sourciller.»</p> <p>Ce mélange de culot et de rigueur intellectuelle a donné à Mme Nabiullina la confiance nécessaire pour apporter des changements importants à la politique de la Banque centrale. Les précédents gouverneurs de la Banque de Russie avaient protégé le rouble, maintenant son taux de change à un niveau artificiellement élevé : Mme Nabiullina a annoncé son intention de le laisser flotter. Elle a résisté aux pressions exercées par les oligarques pour que le crédit bon marché continue de circuler, en maintenant au contraire des taux d'intérêt élevés. Elle a également fermé 300 banques en quatre ans, dont un grand nombre pour « transactions douteuses » - en d'autres termes, pour blanchiment d'argent. Il s'agissait d'un programme ambitieux, qui ne manquerait pas de mécontenter certaines personnes en cours de route, en particulier dans le secteur bancaire. Mais M. Poutine est satisfait de la stabilité macroéconomique qu'elle lui apporte. « Ses ennemis savent qu'il la soutient », relève un observateur.</p> <p>En ce qui concerne les alliés de M. Poutine, Mme Nabiullina semble avoir choisi ses batailles. Igor Sechin, président de la compagnie pétrolière nationale Rosneft, a pu obtenir des prêts en dollars auprès de la Banque centrale à des conditions très favorables, même après la fin supposée de ce type d’accords.</p> <p>En 2014, l'année où Mme Nabiullina avait prévu de laisser flotter le rouble, M. Poutine a annexé la Crimée. L'Europe et l'Amérique ont imposé des sanctions qui ont rendu l'accès au crédit plus difficile pour les grandes entreprises russes du secteur bancaire, de l'énergie et de la défense. En outre, les prix mondiaux du pétrole ont chuté et le rouble a commencé à s’affaiblir; les Russes ont vu leurs économies perdre rapidement de la valeur. Il aurait été facile pour Mme Nabiullina de dépenser les réserves de la Banque pour soutenir le rouble et d'imposer un contrôle des capitaux pour empêcher les Russes d'acheter des devises fortes. Mais cela aurait ébranlé la confiance dans le type d'économie qu'elle essayait de développer. Elle s'en est tenue à son plan et a laissé le rouble flotter. Comme on pouvait s'y attendre, il a coulé.</p> <p>Les économistes de l'establishment l'ont qualifiée de téméraire. Les nationalistes de la droite russe ont fustigé le personnel du «département d'Etat américain» de la Banque. Mais son pari calculé a porté ses fruits et, à l'automne 2016, le rouble avait repris de la valeur. Pendant ce temps, l'inflation se rapprochait de l'objectif de 4% qu'elle s'était fixé.</p> <p>Les récompenses internationales ont afflué. En 2017, elle a été nommée meilleure banquière centrale d'Europe par <i>The Banker</i>, une revue spécialisée prestigieuse. L'année suivante, le FMI a invité Mme Nabiullina à donner sa conférence annuelle sur la Banque centrale. S'exprimant dans un anglais fluide, Nabiullina a parlé avec sérieux de la «lutte pour construire les fondations d'une économie de marché et atteindre la stabilité macroéconomique ». L'élite financière mondiale a applaudi. Sa proximité avec Poutine ne semblait pas les déranger; ils espéraient peut-être qu'elle deviendrait leur alliée. « Je pensais qu'elle était une bonne chose et qu'elle était du bon côté », se souvient un diplomate. « Mais regardez ce qui s'est passé. »</p> <p>Une semaine après l'entrée des troupes russes en Ukraine, en février 2022, Mme Nabiullina a diffusé un message vidéo à l'intention du personnel de la Banque centrale. Pâle mais posée, seule dans un vaste foyer de marbre, elle a choisi ses mots avec soin. « Notre économie a atteint une situation extrême, totalement hors norme, qu'aucun d'entre nous ne souhaitait », dit-elle face à la caméra. Elle a ensuite exhorté ses employés à oublier leurs divergences politiques et à se concentrer sur le travail à accomplir. « Mon objectif est de faire en sorte que les gens ordinaires et les entreprises perdent le moins possible et j'espère que vous ferez de même », a-t-elle conclu. La vidéo, qui a fait l'objet d'une fuite sur Internet, donne un rare aperçu du style de <i>leadership</i> de Mme Nabiullina: sévère, mais non dépourvu d’empathie.</p> <h3>Plus loin de Washington, plus près de Téhéran</h3> <p>Il est difficile d'imaginer que sa vision rationnelle du monde s'accorde avec les ambitions de Poutine en Ukraine. « Dans son esprit, elle est pour la démocratie, le libre marché et la concurrence », a déclaré un ami. Il a été largement rapporté qu'elle était allée voir Poutine avant le début de la guerre pour essayer de le dissuader de la déclencher, en lui exposant la dévastation économique qu'elle causerait. Mais publiquement, la gouverneure n'a donné aucun signe de dissidence (si ce n'est le ton sombre de ses vêtements).</p> <p>Dans les jours qui ont suivi l'invasion, l'UE a gelé les avoirs de la Banque centrale russe d'une valeur de plus de 200 milliards d'euros et les pays occidentaux ont imposé des sanctions de grande envergure aux secteurs bancaire, énergétique et militaire de Moscou. Le lundi 28 février au matin, les Russes ont fait la queue pour retirer leurs économies alors que le rouble perdait près de 30% par rapport au dollar.</p> <p>Mme Nabiullina a dû prendre des mesures extraordinaires pour calmer la situation, loin de son livre de recettes de 2014. Elle a d'abord porté les taux d'intérêt à 20% - une décision tellement audacieuse qu'une employée se souvient que sa garde rapprochée a été augmentée par la suite. Ensuite, elle et Poutine ont mis en place un contrôle des capitaux, l'une de ses lignes rouges personnelles, obligeant les grandes entreprises énergétiques à acheter des roubles avec leurs dollars et interdisant la plupart des transferts en dehors de la Russie. Elle a même gelé l'accès des épargnants russes à leurs fonds pendant un certain temps. « Elle a été soutenue par une intensification de la répression », commente Sergei Guriev, un éminent économiste qui a quitté la Russie et enseigne aujourd'hui à Sciences Po Paris. « Les Russes ne sont pas descendus dans la rue, car ils ont compris qu'ils ne pouvaient pas le faire. »</p> <p>La plupart de ces mesures ont finalement été annulées et une certaine stabilité a été atteinte. L'économie qu'elle avait contribué à nourrir a été lentement démantelée, mais Mme Nabiullina a réussi à paraître calme, voire positive, en annonçant les mauvaises nouvelles. Lors de ses conférences de presse mensuelles retransmises en direct, Mme Nabiullina utilise des termes neutres tels que « imprévisibilité » ou « pénuries sur le marché du travail », mais ne mentionne jamais la guerre. Sa personnalité dépassionnée et technocratique est tellement connue qu'elle a suscité des mèmes sur les réseaux sociaux russes. L'un d'entre eux montre une photo de Nabiullina au-dessus des mots: «pas un fiasco total mais une transformation structurelle ».</p> <p>Elle s'est appliquée à la nouvelle situation de la Russie avec la même diligence qu'elle mettait à séduire l'establishment bancaire occidental. Les invitations à Washington ont peut-être diminué, mais en mai dernier, elle était une invitée de marque à Téhéran pour aider à consolider les relations naissantes de la Russie avec l'Iran, et en mai dernier, elle a accompagné Poutine lors de sa visite officielle en Chine. Poutine parle de sa vision d'un nouvel ordre économique et politique libéré de l'influence américaine; les échanges avec la Chine sont montés en flèche, bien que le yuan, en tant que monnaie internationale, ne soit pas un substitut au dollar.</p> <p>C'est au ministère des Finances, et non à la Banque centrale, de gérer les coûts de la guerre en Russie. L'économiste Guriev estime que les économies de l'Etat sont utilisées pour financer les soldats et les munitions et que, lorsqu'elles seront épuisées, dans un an environ, il faudra réduire les dépenses sociales. « Les gens seront mécontents, mais c'est le problème de la police », a-t-il déclaré.</p> <h3>Une éthique shakespearienne</h3> <p>La principale tâche de Mme Nabiullina consiste aujourd'hui à contrôler l'inflation. Elle a fait part de son intention de maintenir les taux d'intérêt à 16% jusqu'à la fin de l'année. Jusqu'à présent, elle a épargné aux ménages russes de graves difficultés économiques, et M. Poutine semble soutenir sa politique de taux d'intérêt. Toutefois, selon Sonin, son ancien collègue, il y a un prix à payer. Il estime que la femme qui a fait enchanté la Banque centrale est désormais devenue l'un des « soldats de Poutine, marchant dans la direction qu'il souhaite ».</p> <p>M. Yasin, le mentor de Mme Nabiullina, est décédé en septembre dernier. Il était considéré comme le parrain du libéralisme économique russe, et des personnalités politiques et universitaires de premier plan ont assisté à son service funèbre à l'Ecole supérieure d'économie de Moscou. Plusieurs d'entre elles se sont rassemblées sur la scène et se sont succédé pour lui rendre hommage. Sur les photos de Mme Nabiullina, on la voit seule, perdue dans ses pensées, devant le cercueil orné d'une rose.</p> <p>Elle semble de plus en plus isolée ces jours-ci, même de ses collègues partageant les mêmes idées, comme Yudaeva, qui a démissionné de son poste de gouverneur adjoint de la banque l'été dernier (des connaissances affirment que Nabiullina a organisé cette démission pour protéger Yudaeva des critiques alors que le rouble s'effondrait).</p> <p>Un initié financier russe compare Mme Nabiullina à un personnage de la tragédie shakespearienne: inextricablement liée à une ligne de conduite en raison de son caractère. « Dès le premier jour de la guerre, elle a parfaitement compris les conséquences de ses actes et pourtant elle continue », a déclaré l'initié. « C'est comme si elle avait un code éthique, une déontologie, comme un chirurgien qui traite un patient, peu importe qui est le patient. »</p> <p>Poutine a autour de lui une poignée d'autres technocrates qui tentent de gérer les circonstances extraordinaires dans lesquelles la Russie se trouve aujourd'hui: Mikhail Mishustin, le Premier ministre, Sergei Kiriyenko, son chef de cabinet adjoint, et Andrei Belousov, l'économiste récemment nommé ministre de la Défense. Le plan consiste vraisemblablement à faire fonctionner les choses jusqu'à ce que Poutine puisse déclarer la victoire sur l'Ukraine, mettre fin à la guerre et demander la réhabilitation de la Russie.</p> <p>En réalité, peu de gens s'attendent à ce que la guerre se termine bientôt. Certains économistes pensent qu'elle déclenchera alors les calamités économiques que Nabiullina a contribué à maintenir à distance pendant si longtemps. « Lorsque la démilitarisation commencera, il y aura une énorme crise économique », a déclaré M. Sonin. « Tous ceux qui travaillent dans la production militaire devront être licenciés; ce sera l'effet soviétique bis ». Pour le banquier de guerre de Poutine, le plus grand défi pourrait bien être la paix.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'rencontre-avec-la-banquiere-ferue-de-poesie-qui-fait-durer-la-guerre-de-poutine', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 24, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5025, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L’UE suspecte des médicaments', 'subtitle' => 'Le journal «Les Echos» annonce que« l’Europe suspend 400 médicaments génériques pour "études erronées". 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Les habitants du Japon, de la Corée du Sud, de l'Australie, de l'Espagne ou de l'Italie atteignent en moyenne un âge aussi avancé, mais dépensent nettement moins d'argent dans la santé. (voir tableau ci-dessous).</p> <p>Les comparaisons internationales de l'OCDE doivent toujours être interprétées avec prudence. En ce qui concerne les dépenses obligatoires (en Suisse, l'assurance de base), les prestations couvertes ne sont pas les mêmes partout. En Suisse, les prestations couvertes par l'assurance de base sont complètes, mais ne couvrent pas les frais dentaires, contrairement à d'autres pays.</p> <p>Les différences de coûts sont toutefois si importantes qu'elles devraient se retrouver dans les statistiques à l’avenir. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1720086436_graph3.png" class="img-responsive img-fluid center " width="590" height="334" /></p> <h3>Des facteurs déterminants pour l'espérance de vie</h3> <p>Les Suisses doivent leur bonne santé et leur espérance de vie élevée en premier lieu à d'autres facteurs qu'aux coûts et primes élevés :</p> <ol> <li>En pourcentage, il y a moins de personnes socialement et économiquement faibles en Suisse que dans d'autres pays. Les pays industrialisés les plus faibles socialement et économiquement ont une <a href="https://www.infosperber.ch/gesundheit/public-health/die-reichtumskluft-verkuerzt-den-aermsten-das-leben/?preview_id=261241&preview_nonce=c995710bee&preview=true&_thumbnail_id=261243">espérance de vie inférieure d'environ dix ans</a> à celle des plus forts économiquement ;</li> <li>En Suisse, le pourcentage de personnes effectuant des travaux physiquement pénibles est moins élevé que dans d'autres pays ;</li> <li>En Suisse, il y a proportionnellement moins de personnes sédentaires (inactives physiquement) ;</li> <li>Il y a en Suisse moins de personnes en surpoids et diabétiques.</li> </ol> <p>Aux Etats-Unis, le nombre élevé de toxicomanes joue un rôle supplémentaire. Il est en grande partie responsable de la stagnation de l'espérance de vie dans ce pays, malgré des coûts de santé extrêmement élevés et en constante augmentation. Elle était de 78,7 ans à la naissance en 2010 et de <a href="https://www.cdc.gov/nchs/products/databriefs/db492.htm#Key_finding">77,5 ans</a> en 2022.</p> <p>Par rapport au Japon, le pays qui a l'espérance de vie à la naissance la plus élevée au monde, la Suisse est à la traîne principalement parce qu'elle compte, en pourcentage, deux fois plus de personnes en fort surpoids, deux fois plus de décès dus au tabagisme et un tiers de plus de personnes sédentaires qu'au Japon.</p> <p>A l'inverse, l'Australie, la Norvège, l'Espagne et l'Italie se retrouvent derrière la Suisse dans le classement de l'espérance de vie, notamment parce que la proportion de personnes souffrant d'un surpoids important est de 18 à 32% plus élevée dans ces pays qu'en Suisse.</p> <p>En ce qui concerne l'espérance de vie à la naissance, Singapour se situe au 5ème rang. Par rapport à la Suisse, on y trouve nettement plus de sédentaires et une consommation d'alcool beaucoup plus élevée. En revanche, la Suisse s'en sort mieux en matière de pollution de l'air.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1720086468_graph4.png" class="img-responsive img-fluid center " width="590" height="354" /></p> <p>Malgré toutes les faiblesses de ces classements et d'autres, les spécialistes de la santé publique s'accordent à dire que l'espérance de vie et la santé dans un pays industrialisé dépendent principalement de l'intensité et de la fréquence de l'activité physique, du nombre de fumeurs, de la consommation excessive d'alcool et de la proportion de personnes socialement et économiquement défavorisées dans le pays.</p> <p>Si la politique de santé publique a pour objectif d'améliorer l'état de santé général de la population et d'augmenter l'espérance de vie moyenne, alors des milliards supplémentaires ne devraient pas être investis dans le système de santé, mais plutôt dans la lutte contre la pauvreté, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, les particules fines et autres polluants dans l'air, ainsi que dans des incitations à l'activité physique.</p> <p>Certaines choses comme l'interdiction totale de la publicité pour le tabac (y compris les cigarettes électroniques) ou la limitation de la vitesse à 30 km/h dans les villes (particules fines) seraient même gratuites.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-suisses-vivent-plus-longtemps-et-ce-n-est-pas-grace-aux-couts-de-la-sante', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 25, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://www.infosperber.ch/gesellschaft/uebriges-gesellschaft/schweizer-leben-laenger-nicht-dank-hoher-gesundheitskosten/', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5017, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Pour une Journée de l’indépendance gay et lesbienne', 'subtitle' => 'Et si l’expérience homosexuelle et celle de la transidentité étaient radicalement différentes, voire irréconciliables? 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Aider les enfants, c'est le moteur primordial de mon engagement militant:</p> <p><i>«Je me souviens du moment où j'ai compris que j'étais gay. Brutalement, j'ai pris la mesure de ce que cela signifiait: il n'y aurait pas de jour où ma famille se réunirait pour célébrer une nouvelle, une future famille. Je n'aurais jamais une relation aussi légitime que celle de mes parents, de mon frère ou de ma sœur. Les effets de cette prise de conscience sur un jeune psychisme ne sont pas faciles à décrire mais ils sont profonds. Dès ce moment, la ségrégation émotionnelle s’installe, et tout ce qui va avec: le manque d'estime de soi, la notion de sexe fatalement déconnecté d’une relation stable, la douleur de devoir choisir entre la famille dans laquelle on est né et l'amour que l'on ressent.»</i></p> <p>Je voulais que l’on trouve le moyen de dire aux enfants homosexuels qu'ils avaient un avenir. Je voulais aider à guérir chez eux la blessure qui avait meurtri mon cœur et mon âme jusqu'à l'âge adulte. Je voulais qu'ils vivent en paix avec leur sexe et leur amour homosexuel. J'espérais que l’avènement du mariage homosexuel transformerait la culture, l’humaniserait. Par le simple fait de connaître l’existence de cette possibilité, les enfants homosexuels seraient moins traumatisés, moins rongés par la haine de soi et plus confiants dans le monde. Ils pourraient grandir comme les enfants hétérosexuels – ni plus ni moins bousillés qu’eux.</p> <p>Je ne me trompais pas. Cette semaine, la RAND Corporation a publié une étude évaluant les effets du mariage gay dans la vraie vie, deux décennies après son avènement: aucun des désastres prédits ne s’est vérifié. Les mariages hétérosexuels ont légèrement augmenté; les taux du divorce et de la cohabitation hétérosexuels sont restés les mêmes; chez les couples homosexuels, dans les Etats ayant adopté l'égalité du mariage, on observe «des relations plus stables, des revenus plus élevés et des taux plus élevés d'accession à la propriété». Le soutien à l'égalité du mariage était de 42% en 2004, et cette thématique allait aider Bush à remporter un second mandat dans l'Ohio; aujourd'hui, alors que nous pouvons vérifier l’impact réel du nouveau statut, ce dernier est plébiscité à près de 70%.</p> <p>Et qu'en est-il des enfants homosexuels qui ont tant inspiré mon ardeur militante?</p> <p>Là, c’est nettement plus problématique. La question est difficile à cerner, principalement parce que la catégorie même des «enfants homosexuels» a été abolie par… oui, par les groupes homosexuels. Les enfants gays sont désormais associés à des groupes totalement différents les uns des autres: les enfants qui se sentent appartenir au sexe opposé, les enfants hétérosexuels qui se disent «queer», une catégorie entièrement nouvelle d'êtres humains appelés «non-binaires», et quelques centaines de nouvelles «orientations» et «genres» – y compris les eunuques! Tous ces enfants sont désormais considérés comme des incarnations de la «diversité de genre», vivant essentiellement la même vie «LGBTQIA+<strong><sup>1</sup></strong>», définie comme étant queer et subversive face aux normes culturelles et sociales. L'homosexualité? Elle s'est évaporée dans la «diversité de genre».</p> <p>Et s'il existait un conflit fondamental, profond, entre certaines lettres du fameux sigle? Et si ces deux expériences – être gay, être trans – s’avéraient être de nature radicalement différente? Et si les intérêts de ces deux groupes divergeaient, nécessitant à l’occasion la subordination de l’un à l’autre?</p> <p>La doctrine de l'intersectionnalité affirme que cela ne peut pas être le cas, vu que toutes les composantes du sigle ont en commun d’être des minorités opprimées et c’est ce qui compte. S’il y a conflit entre elles, la solution est simple: le groupe le plus opprimé l'emporte! Dans l’univers LGBTQIA+, cela signifie que les <em>G</em> et les <em>L</em> s'inclinent toujours devant les <em>T</em>. La plupart du temps, ça ne porte pas à conséquence. Mais il y a un cas spécifique, en ce moment précis de notre histoire, où ça devient important. Je parle des enfants homosexuels et de ce que l'idéologie du genre leur enseigne, de ce que les prises en charge relevant de l’«affirmation de genre» font à leurs corps et à leurs âmes.</p> <p>La doctrine transmise aujourd’hui par l'<em>establishment</em> éducatif, l'industrie médicale et le gouvernement fédéral postule qu’être un garçon ou une fille n’est pas un fait biologique mais un état ressenti. Vos organes génitaux, vos chromosomes, ne vous disent rien sur votre sexe. En grandissant, enseigne la doctrine, les enfants peuvent <i>choisir</i> leur genre, le nombre des genres étant infini – et le genre et le sexe se confondant. Puis, à la puberté, s’ils voient que leur corps ne ressemble pas au sexe qu'ils ont choisi, ils peuvent et doivent en changer.</p> <p>On comprend le sens qu’il y a à tenir ce propos aux enfants souffrant de dysphorie de genre. Mais enseigner cette doctrine aux enfants homosexuels est une terrible erreur, qui conduit à des résultats effrayants. La dernière chose dont un garçon gay a besoin, c'est de s’entendre dire qu'il est peut-être une fille à l'intérieur, et que là est probablement la source de tous ses problèmes. Psychologiquement, c’est brutal et terrifiant.</p> <p>Je me souviens d’un jour de Noël chez mes grands-parents. J'avais environ huit ans et mon frère quatre. Il jouait avec un camion et s’amusait à le lancer contre le mur; moi, je lisais un livre. Ma grand-mère nous a regardés et a dit à ma mère: «Au moins, maintenant vous avez un vrai garçon». Cette remarque désinvolte a été comme un coup de poignard dans mon amour-propre. C'est le tropisme homophobe le plus profond et le plus ancien: les garçons homosexuels ne sont pas vraiment des garçons. Ce préjugé est aujourd'hui diffusé par les théoriciens du genre aussi joyeusement qu'il l'était autrefois par les bigots.</p> <p>Imaginez maintenant qu'une figure d'autorité vienne renforcer cette idée auprès d'un enfant confronté à la puberté. Le parent ou l'enseignant ajoutera que s’il le souhaite, le garçon peut se transformer en fille, et dénouer ainsi toutes ses angoisses naissantes. Un tel message, bienveillant lorsqu’il est adressé aux enfants transgenres, vire involontairement à l'homophobie face aux enfants homosexuels. Au moment précis où ils ont besoin d’être légitimés dans leur sexe biologique, on leur dit que ce dernier n'existe pas. La phrase qui me hante – omniprésente dans la littérature pour enfants LGBTQIA+ – est la suivante: «Tu peux être un garçon ou une fille, ou les deux, ou aucun des deux, ou quelque chose d'entièrement différent». Et je me demande: si on m'avait proposé cette solution, l'aurais-je acceptée?</p> <p>La réponse est peut-être oui. Et je ne suis pas le seul. Voyez Martina Navratilova, qui se demande si, comme enfant aujourd’hui, elle aurait été diagnostiquée comme souffrant de dysphorie de genre.</p> <p><i>«Sûrement, je l'aurais été. 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Cela m'a brisé le cœur.</p> <p>L'écrasante majorité des détransitionneurs sont des gays et lesbiennes qui, dans leur enfance, sont arrivés à la conviction d'être trans. Autrefois, pour mieux comprendre ce qui causait votre trouble, il suffisait de grandir – il n'était pas nécessaire de prendre une décision avant l’âge adulte – et chaque décision était réversible. A l'ère de l'approche «trans-affirmative», tout cela devient de plus en plus délicat, car les enfants sont amenés à prendre une décision contre l'horloge pubertaire. Et ce n’est pas une affirmation hypothétique. Nous savons que cela s'est produit; nous savons que cela se produit encore. Pour de nombreux enfants dysphoriques, il ne fait aucun doute que les «soins d'affirmation de genre» sont une manière d’effacer l’homosexualité par la transition.</p> <p>Et où sont les groupes et les militants censés défendre les enfants homosexuels, les protéger, veiller sur leur santé et leur sécurité? Ce sont précisément eux qui les poussent vers cette nouvelle forme de thérapie de conversion! Le prix payé pour l'intersectionnalité, la «queerness», l'idéologie de genre et l'activisme alphabétique, c’est la santé et la sécurité des enfants homosexuels.</p> <p>Le Rapport Cass documente cette réalité sur la base de données irréfutables. Et quelle a été la réaction des groupes militants – HRC, GLAAD, Trevor Project, pour n’en citer que trois parmi les plus importants – à ce document? Ils n'ont <i>rien</i> dit. Et ceux des groupes, basés aux Etats-Unis, qui ont réagi s'enfoncent dans le déni. Ils adhèrent à cette nouvelle forme de thérapie de conversion comme à une croyance religieuse. Ils vous jurent qu'aucun enfant gay n’est poussé à la transition. Mais demandez-leur ce qui leur permet de différencier un enfant gay d’un enfant trans souffrant de dysphorie de genre, et ils ne pourront rien répondre si ce n’est qu’il faut «croire l'enfant».</p> <p>Demandez-leur s’il ne faudrait pas ralentir le processus pour minimiser le risque d'erreurs; ils vous répondront que la question est «transphobe». Car du moment où un enfant dit qu’il pense être du sexe opposé, <i>vous n'avez même pas le droit de questionner son affirmation</i>. C'est le modèle «affirmatif du genre». Une telle posture n’est déjà pas prudente avec les enfants transgenres. Mais avec les enfants gays, elle relève de rien d’autre que de la maltraitance. Nous sommes face à la pire agression contre les enfants homosexuels depuis l'époque des thérapies de conversion promues par la droite religieuse.</p> <p>La seule façon de sortir de cette impasse woke est de mettre fin à l'amalgame entre identité trans et identité gay, et de rompre la coalition «LGBTQ» qui sacrifie les enfants homosexuels. Les gays et les lesbiennes ont une identité spécifique et une place unique dans l’humanité et la culture. Nous n'avons aucun lien fondamental avec les personnes transgenre, et ces dernières n'ont joué qu'un rôle minime dans l'avancement de nos droits. Nous pouvons soutenir les droits des trans et nous le faisons, mais là où les intérêts des uns et des autres entrent clairement en conflit, nous devons défendre les nôtres.</p> <p>Nous devons retrouver et fortifier notre fierté d'hommes et de femmes homosexuels. Nous ne sommes pas trans. Nous ne sommes pas hétéros. Nous <i>savons</i> qu'il y a deux sexes, parce que notre identité même est rendue possible par la binarité. Un grand nombre d'entre nous ne sont pas queer non plus. Nous vivons dans des Etats rouges et des Etats bleus, conservateurs ou libéraux, partisans de Biden ou partisans de Trump. L’assimilation forcée à une expérience de vie totalement différente et à une idéologie extrême met en danger les enfants homosexuels vulnérables et nous empêche de les aider.</p> <p>Il ne s'agit pas de déserter la défense des droits des trans; les lesbiennes et les homosexuels, moi inclus, continueront à défendre ces droits pour les adultes ainsi que de meilleures pratiques pour les enfants. Il ne s'agit même pas d'un divorce d’avec les fanatiques du TQ. Il s'agit simplement de reconnaître que 20 ans après la Journée de l'intégration, il est temps de poser un autre jalon: instaurons la Journée de l'indépendance gay et lesbienne. Elle rendra hommage au succès de nos luttes passées et appellera à la vigilance face aux menaces qui pèsent sur les enfants. Ils incarnent notre avenir – à condition qu’on les laisse tranquilles.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Les lettres du sigle désignent, en français comme en anglais, les lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer, intersexe et asexuels. </h4> <h4><sup>2</sup>Le rapport Cass (<i>Independent Review of Gender Identity Services for Children and Young People</i>), publié en 2024, est une évaluation indépendante commandée par le service de santé du Royaume-Uni. Il recommande notamment une prudence accrue dans la prescription de bloqueurs de puberté. </h4> <h4><sup>3</sup>Hannah Barnes, journaliste et autrice de <i>Time to think</i>, une enquête sur la fermeture de la clinique londonienne Tavistock, pionnière dans les soins d’affirmation de genre aux mineurs. </h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'pour-une-journee-de-l-independance-gay-et-lesbienne', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 23, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 14, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 11252, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Capture d’écran 2024-05-20 à 12.16.14.png', 'type' => 'image', 'subtype' => 'png', 'size' => (int) 1326378, 'md5' => '64abaa5990d91827a8b1b97394d5aa28', 'width' => (int) 1078, 'height' => (int) 713, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Dessin : © Marta Czarska (Zarka)', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1716200222_capturedcran2024052012.16.14.png', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 7149, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Excellent même si je ne vois pas comment on a pu créer un futur état en 3 parties, sinon avec le but et dès 1947, d'avaler le tout. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@willoft 24.05.2024 | 05h34
«Excellent même si je ne vois pas comment on a pu créer un futur état en 3 parties, sinon avec le but et dès 1947, d'avaler le tout.
Sur les mêmes arguments israéliens, les États-Unis peuvent rendre leurs terres aux amérindiens.»
@XG 24.05.2024 | 09h38
«Article excellent qui ouvre des perspectives et rend un peu d'espoir, pour autant que tous y mettent de la bonne volonté, ce qui ne semble pas encore être le cas aujourd'hui. Mais tout peut changer très vite, une fois que Netanyahu sera parti pour de bon cette fois et que Mahmoud Abbas aura été remplacé aussi. »
@Pibeck 24.05.2024 | 14h52
«Je crois plus en un Etat binational laïque. Il mettrait fin à cette absurdité d’un « Etat juif ET démocratique » . Les deux parties doivent apprendre à vivre ensemble comme en Afrique du sud, en Suisse, l’Alsace, la Belgique. Est-ce plus difficile que le plan à deux Etats présenté dans cet eccellent article de J.-D. Ruch dont je me réjouis de lire le livre « Crimes et Tremblements » (ed. Favre ».»
@Christophe Mottiez 27.05.2024 | 18h07
«article très intéressant, mais dommage que la solution d'un seul état confédéral ou multiculturel ne soit pas davantage développée.
en prolongement du commentaire de @willoft 24.05.2024 | 05h34:
en amérique du nord, pour "résoudre" la question amérindienne, les colons européens ont eu recours au nettoyage ethnique et à des moyens démocidaires (massacres de grande ampleur, épidémies utilisées contre les amérindiens, génocide des bisons pour détruire la base économique de populations amérindiennes) et ethnocidaires (déculturation).
au moyen-orient, pour "résoudre" la question palestinienne, les colons juifs sionistes ont eu recours en 1948-49 au nettoyage ethnique de 750'000 palestiniens, mais les judéofascistes sionistes actuels non seulement rêvent d'achever le nettoyage ethnique commencé en 1948, mais sont aussi hantés par les "solutions" les plus extrêmes.
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