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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Lapin et bol de riz, symboles contre le harcèlement en Chine

Joséphine le Maire

19 février 2018

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Des utilisateurs du réseau social chinois Weibo ont trouvé le moyen d’importer la campagne #MeToo dans leur pays sans se faire censurer.



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Si vous voyagez en Chine prochainement et qu’on vous tend simultanément un bol de riz et un lapin, soyez attentif parce qu’il se pourrait qu’on ne vous propose pas seulement à manger. En effet, les mots «rice» et «bunny» correspondent respectivement aux sons [mi] et [tu] en chinois. Ainsi, comme le raconte The Conversation, c’est maintenant par le #RiceBunny que sont dénoncés les actes de harcèlement dans ce pays sur le réseau social Weibo, à l'instar du #MeToo sur Facebook ou Twitter. 

Le morse 2.0 

Si ce cryptage parait surprenant, cette pratique est monnaie courante en Chine où homophones, jeux de prononciation et images sont largement utilisés pour créer des messages codés afin d'éviter la censure en ligne. Par exemple, «river crab» (crabe de rivière) est une expression qui fait référence à la censure elle-même tandis que «grass-mud horse» désigne une créature dont le nom, en sons chinois, est l’équivalent de «fuck your mother». Ces éléments sont utilisés pour protester contre la censure, comme dans la chanson ci-dessous, dont les paroles sont à double sens:


«Oh lying down Grass-mud horse (f* your mother), oh running hard Grass-mud horse (f* your mother). They defeat the River Crab (la censure), in order to protect their grassland (leur liberté d’expression)».

Par ailleurs, si l’engouement pour #MeToo est sans pareil en Europe ou aux Etats-Unis, la campagne a eu du mal à percer en Chine. Plusieurs internautes rapportent que des posts et pages en lien avec le sujet ont été supprimés sans explication. #RiceBunny ou #RiceBunnyInChina est, pour le moment, le moyen que les utilisateurs de Weibo ont trouvé pour élever la voix et faire fructifier la campagne contre le harcèlement dans leur pays.

La page #RiceBunny sur Weibo, réseau social en Chine. © Capture d'écran de Weibo.

L’étincelle #MeToo

Cependant, mise à part le ralentissement causé par la censure, le mouvement #MeToo s'est propagé dans ce pays comme ailleurs, c’est-à-dire qu’une étincelle a suffi pour mettre le feu aux poudres. La première à rompre son silence, douze ans après les faits qu’elle dénonce, est une femme chinoise qui vit actuellement dans la Silicon Valley, Luo Xixi. Dans un long post qu’elle publie sur Weibo, cette dernière dit avoir été harcelée par son superviseur de thèse, Chen Xiaowu, un professeur renommé de Beihang University à Beijing.

Il n’en faut pas plus pour que le feu se propage: ce post est vu des millions de fois. Il circule sur les réseaux sociaux, dans le média de l’état et, finalement, Chen Xiaowu est suspendu. Assez vite, d’autres déclarations viennent s’ajouter à celle de Luo Xixi parmi lesquelles beaucoup font référence au harcèlement au sein même des universités. 

Pas vraiment étonnant si on sait que le système éducationnel, en Chine, est corrompu et ce de l’école primaire à l’université. En effet, on voit autant des parents et des étudiants verser des pots-de-vin pour bénéficier de bonnes opportunités que des professeurs faire chanter leurs élèves avec leurs notes de cours, leurs bourses d’études ou leurs résultats de diplôme. De là découle un réel déséquilibre entre le pouvoir des étudiants et celui des superviseurs, déséquilibre propice aux débordements. 

D’autre part, ce sont autant des professeurs que des professeures qui exercent des pressions sur leurs étudiants et étudiantes. C’est bien un abus de pouvoir dû à la corruption, qu’importe le genre des élèves ou du corps enseignant, qui est observé dans les structures universitaires. Les excès sont tels que plusieurs enseignants et universitaires ont lancé un appel aux autorités pour renforcer la réglementation dans ces établissements et pour mettre en place un système de récolte et traitement des plaintes. Cet appel rencontre un certain succès étant donné qu’il a été soutenu par le Ministère de l’Education et le média de l’Etat. Ainsi, tant que la créativité et l’ingéniosité seront mises à profit pour détourner «the River Crab» en Chine, on peut espérer un futur plus libre, plus égalitaire et plus sûr pour les femmes et les hommes de ce pays.  


Une autre chanson, sur «the Grass-Mud Horse» 

L'article en anglais de The Conversation: «From #MeToo to #RiceBunny: how social media users are campaigning in China»


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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Gio 21.02.2018 | 08h22

«Magnifique article que j’ai lu avec plaisir. Vous m’avez appris beaucoup de choses. Tout est parti du titre accrocheur, comme quoi un bon hameçon fonctionne. »