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Lu ailleurs / La pollution sonore module le chant des oiseaux


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Certains oiseaux voient leur chant d'amour être brouillé à cause du bruit généré par l'activité humaine. Pour se faire entendre malgré ce parasitage sonore, ils changent l'air de leur chant et ce de manière complexe. A tel point que les scientifiques commencent à peine à comprendre ce phénomène, explique «The New York Times».



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L’Homme a un impact sur les espèces qui peuplent la planète parce que certains de ses actes altèrent directement l’environnement (on abat des arbres, on aplanit des sols, on draine des rivières,…) et mais le bruit généré par son activité affecte également les animaux avoisinants.

Une récente étude a, par exemple, montré que l’exploitation minière dans la forêt tropicale brésilienne entravait les appels de certains singes (les Black-fronted titi monkeys). On sait également que les baleines et les dauphins sont très sensibles aux bruits issus des moteurs de navires et du forage en mer, contrariant leur mode de communication complexe. Une équipe de chercheurs a ainsi constaté que la pollution sonore avait doublé le bruit de fond ambiant dans plus de 60% des zones protégées aux USA.

Un champ de recherches en vogue

De plus en plus de chercheurs étudient l’impact des sons générés par l’activité humaine sur la nature, notamment le Dr Miyako Warrington, biologiste de l’Université de Manitoba, qui a récemment tenté de comprendre comment les oiseaux sauvages s’adaptaient aux bruits des installations pétrolières et gazières qui ont fait leur apparition dans leur environnement naturel, au Canada (Alberta).

Son équipe s’est focalisé sur le chant d’accouplement du Bruant des prés mâle (de son nom latin Passerculus sandwichensis ou anglais Savannah sparrow), un oiseau à peine plus large qu’une balle de tennis dont la population décline étant donné que son habitat naturel se trouve réduit.

Il est clair que chaque oiseau apporte ses propres modulations quand il chante. Dès lors, afin de modéliser ces changements, l'équipe de Warrington a suivi et enregistré 73 mâles, sur 26 sites, dans un rayon de 200 kilomètres de Brooks (cœur du pays pétrolier canadien), à proximité de quatre types d’infrastructures différentes. Ils ont également enregistré des chants d’oiseaux sur des sites exempts d’infrastructures pétrolières, pour pouvoir comparer les deux.

Adaptation complexe

Dans un environnement calme, le chant d’amour du Bruant mâle est formé par une série de staccatos ludiques suivie d'un bourdonnement guttural et d'un trille final triomphant.

Une fois en présence de pompe à vis, le mâle ne change pas uniquement le corps de sa chanson. Il module également les notes d’ouverture de son chant. Le Dr Warrington explique à ce propos que l’entame de la chanson est la portion qui se superpose le plus avec le bruit de la pompe. Dès lors, chanter cette partie de manière plus grave augmenterait les chances que celle-ci ne soit pas happée par le son des machines. Ainsi, ces oiseaux ne se contentent pas d'augmenter le volume global pour se faire entendre, c'est un véritable travail d'adaptation et modulation qu'ils réalisent.

Plusieurs autres constats ont été fait par le groupe de scientifiques. D’abord, il semble que le contenu des chansons d’accouplement reste inchangé. De même, ils ont constaté qu’aucun changement significatif n’est réalisé dans le trille final, cette partie étant un ornement que le mâle peut personnaliser à l’envi. Ensuite, les changements sont plus importants quand le Bruant est à proximité d’une pompe à vis, la plus bruyante des quatre installations étudiées.

La beauté intérieure

Une étude a démontré que certains oiseaux, exposés au bruit constant des infrastructures pétrolières, présentaient des signes de stress chronique. Leur progéniture, quant à elle, souffre parfois de troubles de croissance. Qu’en est-il pour le Bruant des prés? La modulation de son chant d’accouplement altère-t-elle ses chances de se reproduire?

«Nous craignions qu’en changeant leur chant, des oiseaux qui avaient l’habitude de ressembler à Georges Clooney soient pris maintenant pour Bart Simpson.» Dr Miyako Warrington.

Apparemment les femelles Bruants s’attardent moins sur les caractéristiques extérieures que l’Homme, puisqu’on a récemment relevé des signes qui laissent penser que les mâles parviennent toujours à courtiser leur dulcinée, en dépit des modifications opérées sur leur chanson d'amour.


Article original en anglais sur The New York Times: «Near Noisy Oil Fields, Lovesick Birds Change Their Tunes»

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