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Actuel / Qui comprend l’insulte «PHEIC off»?


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PHEIC est l’acronyme de «Public health emergency of international concern», en français «Urgence de santé publique de portée internationale». Quelques centaines de personnes se sont réunies le 27 mai dernier sur la Place des Nations à Genève pour manifester contre l’accord mondial sur les pandémies en cours de négociation à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).



La trentaine d’organisations suisses représentées craignent une perte de souveraineté de notre pays dans la gestion des urgences sanitaires. S’il n’est pas vraisemblable que la Suisse perde la main dans la gestion d’une nouvelle pandémie, les témoignages présentés à la tribune pointent vers des dérives qui méritent toute notre attention.

Qui a le contrôle sur nos vies?

La manifestation de Genève avait pour thème la souveraineté des peuples. Elle a été organisée par le Mouvement fédératif romand (MFR), qui est monté en puissance avec les protestations contre les mesures mises en place lors de la crise Covid. Celles et ceux qui pendant cette période difficile ont souffert de l’ingérence de l’Etat dans leur sphère privée ne veulent pas d’un contrôle sur leurs vies, surtout s’il est exercé par un pouvoir distant et sans vraie légitimité démocratique. Voici la préoccupation à l’origine du rassemblement.

De fait, les arguments développés à cette occasion n’ont pas tous été à la hauteur de l’enjeu. Passons sur les aspects – disons – folkloriques de la manifestation, comme le défilé des sonneurs de cloches des Freiheitstrychler, ou l’évocation du mythe de la création de la Mère patrie par les nostalgiques de Guillaume Tell. Passons aussi sur les tirades dénonçant les méfaits de la globalisation. Il est vrai que les organisations internationales sont sous tension, et qu’en particulier l’OMS est de plus en plus financée par des privés. Ceci n’est pourtant pas une raison suffisante pour en demander le démantèlement.

De même, il est vrai que les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont employées pour justifier des politiques qui créent de grandes tensions, comme l’ont démontré les manifestations des agriculteurs néerlandais de l’année passée. Cependant, les institutions suisses offrent la possibilité de contrer dans une large mesure les éventuelles conséquences néfastes de telles décisions lointaines. Ainsi, le député UDC Franz Grüter a déjà déposé, au mois de mars, une interpellation à l’adresse du Conseil fédéral, pour que celui-ci s’explique sur les conséquences de l’accord sur les pandémies en discussion au sein de l’OMS. Cela étant dit, il vaut la peine de s’arrêter sur trois interventions qui chacune à sa manière permet de comprendre la valeur pour notre démocratie d’une manifestation comme celle-ci.

Surveillance

Dans son intervention, la co-présidente du MFR, Delphine Héritier de Barros, a imaginé une journée cauchemar pendant laquelle elle ne peut plus boire de café, prendre le bus, utiliser sa carte de crédit, ou son téléphone, parce qu’elle a épuisé différents crédits, dont le décompte se fait à travers un dispositif de contrôle digital, paramétré par un pouvoir central. Si nous devions arriver à une telle situation, ce serait l’instauration d’un régime de surveillance étendue, qui serait bien pire qu’une perte de souveraineté. Il est important de souligner qu’un tel régime pourrait effectivement être établi. On peut se référer au contrôle social instauré en Chine, ou aux analyses du capitalisme de surveillance par Shoshana Zuboff. Il ne s’agit pas de pensées complotistes: des scénarios semblables à celui présenté par Héritier de Barros se trouvent dans le très officiel rapport de 2018 de la mission parlementaire française sur l’intelligence artificielle, coordonnée par Cédric Villani.

Education sexuelle

Maria Pia Ambrosetti  en prenant la parole au nom de l’association tessinoise de parents GenitorInformaTI a attiré l’attention sur la manière dont est traitée l’éducation sexuelle dans nos écoles, et en particulier sur le fait qu’une éducation sexuelle soit proposée aux enfants en bas âge. Le lien avec le thème du rassemblement est donné par le fait que les programmes des écoles en la matière ont été élaborés dans le cadre de standards convenus au sein de l’OMS, au début des années 2010. En insistant sur le rôle joué par l’OMS, Madame Ambrosetti apporte une piste pour résoudre des tensions comme celles surgies tout récemment à Stäfa en relation avec l’organisation d’une Journée du genre. En effet, la sexualité est quelque chose de complexe et si elle doit être abordée dans la sphère publique, cela ne peut l’être qu’après d’amples débats impliquant les parties en cause, dont les familles, et en ne minimisant pas le rôle joué par une organisation comme l’OMS. Car celle-ci, tout en s’occupant de santé sexuelle, formule aussi des principes concernant l’éducation sexuelle, ce qui peut être perçu comme une ingérence injustifiable dans la sphère privée.

L'émergence de nouvelles forces politiques

Si on pense que les institutions démocratiques posent problème, il est difficile de participer à leur fonctionnement. Nicolas Rimoldi, président de Mass-Voll!, avait formulé des critiques sévères à l’encontre des autorités fédérales pendant la période Covid, et le mode d’action politique de son mouvement a consisté dans le lancement d’initiatives et référendum. Encore à l’automne 2022 Rimoldi avait exclu de se présenter aux élections fédérales, puis, au printemps 2023, il a annoncé qu’il courait pour un siège au National. Son intervention à Genève, criée et en suisse-allemand, a rendu manifeste son conflit intérieur. Elle est le signe de la maturation du mouvement. Rimoldi n’est ni le seul, ni le premier à sauter le pas – par exemple Madame Ambrosetti vient d’être élue au Grand conseil tessinois dans les rangs du nouveau parti HelvEthica – mais sa décision a valeur de symbole, vu qu’il est considéré par beaucoup comme la figure qui incarne le mouvement de résistance des années Covid. Nous assistons donc à l’émergence d’une nouvelle force politique, qui traduit une sensibilité particulière, que les partis traditionnels n’ont pas su intégrer. 

Une contribution à la démocratie

En parallèle à la manifestation pour la souveraineté, sur la même place, d’autres manifestaient contre la répression en Iran. Ailleurs en Suisse on manifestait pour le climat, contre le pouvoir des multinationales, etc. Que ces opinions s’expriment dans la rue de manière non-violente est un signe de santé de notre démocratie. Comme nous avons pu le voir, ces expressions de désaccord attirent notre attention sur des aspects souvent négligés par la politique institutionnelle. Elles contribuent à enrichir notre vie démocratique.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@rogeroge 09.06.2023 | 00h24

«En bonne démocratie, a-t-on le droit de manifester contre les manifestations?»


@Docileindou 09.06.2023 | 13h15

«@rogeroge
Oui, oui, nous avons le droit de manifester contre les manifestations !
Et par conséquent de manifester contre les manifestations qui manifestent contre les manifestations.
Bonne continuation»


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