Actuel / Quand l’intégration se revendique à défaut de se vivre
© Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018
Les Suédoises et Suédois se définissent volontiers comme adeptes du multiculturalisme. Et pourtant, près de la moitié ne fréquente jamais ou rarement des immigrés non européens (sauf dans le cadre du travail ou de l’école). Dans ce pays progressiste où beaucoup revendiquent l’ouverture, les réalités du terrain sont parfois très différentes.
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La politique en matière de logement semble tabler sur le fait que les Suédois-es qui, aujourd’hui, vivent dans des logements plutôt modestes mais qui auraient les moyens d’avoir mieux, se déplaceront dans ces quartiers, laissant la place au moins privilégiés dans les appartements à loyers modestes. Pourtant, ces logements de haut standing semblent aujourd’hui plutôt accueillir des personnes fortunées venues d’ailleurs, ne réglant aucunement les problèmes immobiliers de Malmö. © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018<br></h4><br><p>Pour finir, «la ségrégation en Suède se fait de deux manières différentes», me disait une activiste suédoise impliquée dans le droit d’asile. «D’une part la situation des personnes étrangères et de toutes autres personnes moins privilégiées les pousse en marge de la société, pouvant créer une difficulté à l’emploi ou de criminalité. 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Dans les faits, on constate que les difficultés liées à l’exclusion sociale des immigrés sont renforcées par une tolérance de façade qui ne se traduit pas par de la mixité sociale mais au contraire par un renforcement de l’entre-soi.» Et pas besoin d’être un immigré venu d’un pays hors d’Europe pour s’en rendre compte: nombre de nouveaux venus qui essayent de s’intégrer placent la Suède dans le bas du classement (selon <a href="https://www.internations.org/expat-insider/2018/ease-of-settling-in-index-39588">un rapport de InterNations de 2018</a>, la Suède est au 67e rang sur 68 en matière de facilité à se faire de nouveaux amis, juste devant le Koweït.)</p><h4><br></h4><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1538125386_constructionsgentrification.jpg">Dans le quartier Västra Hamnen, de nombreux buildings sont construits. Le quartier est moderne et plutôt luxueux. La politique en matière de logement semble tabler sur le fait que les Suédois-es qui, aujourd’hui, vivent dans des logements plutôt modestes mais qui auraient les moyens d’avoir mieux, se déplaceront dans ces quartiers, laissant la place au moins privilégiés dans les appartements à loyers modestes. Pourtant, ces logements de haut standing semblent aujourd’hui plutôt accueillir des personnes fortunées venues d’ailleurs, ne réglant aucunement les problèmes immobiliers de Malmö. © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018<br></h4><br><p>Pour finir, «la ségrégation en Suède se fait de deux manières différentes», me disait une activiste suédoise impliquée dans le droit d’asile. «D’une part la situation des personnes étrangères et de toutes autres personnes moins privilégiées les pousse en marge de la société, pouvant créer une difficulté à l’emploi ou de criminalité. Mais de l’autre, le groupe des privilégiés, qui ont souvent profité du système social fort en Suède en matière d’éducation, de santé ou d’encouragement professionnel est extrêmement peu poreux. Ainsi, la ségrégation se fait aussi de la part de la partie la plus favorisée de la société.» Dans des conditions où les inégalités sont si fortes et les milieux si peu poreux, la mixité sociale ne peut être qu’un échec. </p><p><hr></p><h2>Retrouvez le dossier complet de l’opération migrations sur <a href="https://bonpourlatete.com/tag/operationmigrations"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">#OpérationMigrations</em></a></h2><h2 style="text-align: center;"><br></h2><p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"></p><h2 style="text-align: center;"><a href="https://bonpourlatete.com/tag/operationmigrations"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w851/1538158215_banierefbbplt.jpg"></em></a></h2><h3 style="text-align: center;"><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/dossier-special-sur-la-migration-nous-avons-besoin-de-vous">Dossier spécial sur les migrations: nous avons besoin de vous!</a></h3><br><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/dossier-special-sur-la-migration-nous-avons-besoin-de-vous"></a></p><h3></h3>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'quand-l-integration-se-revendique-a-defaut-de-se-vivre', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 835, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1263, 'homepage_order' => (int) 1491, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 1501, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3158, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le «vote intelligent», la seule stratégie gagnante de Navalny', 'subtitle' => 'Selon les politologues de l’Université européenne de Saint-Pétersbourg Mickhaïl Turchenko et Grigorii Golosov, le «vote intelligent», développé par l’opposant Navalny aurait un réel impact sur les élections. 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Lors d’un voyage en Sibérie, j’avais naïvement demandé à ma logeuse pourquoi les Russes continuaient de voter pour Poutine. Elle m’avait simplement répondu: «Sinon qui?».</p> <p>Si Alexeï Navalny et son parti Russie du futur n’a jamais semblé être une alternative appétissante pour les habitantes et habitants de ce pays – qui ne se réduit pas aux deux villes Moscou et Saint-Pétersbourg – l’opposant numéro 1 (du moins vu comme tel depuis l’Occident), aura pourtant apporté une solution à cette femme dès 2018. A la question «Qui»? Navalny répond simplement: tous sauf Russie unie. 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Chaque électrice et chaque électeur a ainsi toutes les clefs en main pour centraliser son opposition sur la personne la plus «utile» dans sa circonscription.</p> <h3>Une augmentation du résultat des candidatures du «vote intelligent» en 2020</h3> <p>En 2020, cette stratégie a fonctionné. Il ne s’agit pas d’une révolution, mais les chercheurs estiment une augmentation des résultats pour les candidates et candidats du vote intelligent à près de 5%. Ce qui peut faire une différence, sachant que le système électoral courant est celui de la majorité relative; dans certaines régions, un parti obtenant 30%, 20% voire seulement 15% peut déjà peser dans le jeu électoral si les autres partis sont divisés. 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Je vous invite volontiers à rester prostré quelques instants devant ma bibliothèque pour observer l’étendue de mon inutilité. On pourra même boire ensemble un verre de vin inutilement bon, en tenant des théories inutilement longues. Mais pour que le futile ait du sens, il faut encore qu’il soit bien réalisé. Et chers artificiers, on peut parfois se demander dans quelle direction vous avez projeté votre conscience professionnelle.</p> <p>Justement, à votre tour messieurs-dames les professionnels de la pyrotechnie. Oui, vous vous plaignez d’une baisse drastique des commandes pour cette fête nationale. Les principaux feux ont été annulés un peu partout. Votre chiffre d’affaires a chuté d’environ 80% en Suisse cette année. Ayons s’il vous plaît une seconde réflexive: au plus profond du confinement, un certain nombre d’activités professionnelles ou de loisir avaient été citées comme irremplaçables, bénéfiques à notre société, souhaitables même. Faites la liste. 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Certains postulent alors un changement radical de philosophie, mais ceux qui l’emportent sont les «environnementalistes». Pour eux, les déchets doivent être vus comme une chose à organiser, à gérer, à «manager». Ainsi, au lieu de créer une «écologisation de l’économie», c’est-à-dire remettre en cause la conception et la production du déchet, les autorités appliquent une stratégie de «mise en économie de l’environnement» que l’on peut résumer par «la bonne gestion des déchets et aussi celle qui est rentable». Et c’est là que le citoyen responsable (et culpabilisé) entre en scène.</p><h3>Le déchet ou le cheval de Troie du «waste managment» </h3><p>«Pour le valeureux soldat de l’armée verte, pour l’écocitoyen, il reste possible, moralement acceptable, d’acheter une bouteille d’eau minérale, car si elle est bien jetée, elle sera recyclée.» Cette réflexion a été intégrée par bon nombre de gens dans nos sociétés occidentales. 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Rejeter, mine de rien, la responsabilité de la pollution sur le dos des citoyennes et citoyens. Une campagne marketing plus que réussie puisqu’aujourd’hui des écoles et des ONG organisent également ce genre d’action. </p><h3>Consommer & jeter: du programme économique à l’art de vivre </h3><p>«L’incorporation par les usagers de la réforme environnementale du geste de mise au rebut est emblématique de la façon dont s’est construit un déni des racines profondes de la crise écologique mettant en cause les fondements de l’industrialisation productive, du capitalisme mondialisé, et d’une façon générale d’un mode de vie 'moderne'», postule l’auteur de <em>Homo Detritus</em>. Bien jeter a créé une sorte de «rituel contemporain de dénégation.» Nous «faisons notre part» en triant, en recyclant et en inculquant ces valeurs à nos enfants. 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La recette? Beaucoup de pragmatisme face à l’omniprésence des réseaux sociaux et un cocktail controversé entre journalisme et publireportage.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>A ses origines, le site <em>Konbini</em> est un média de pop culture. Avec son design coloré, ses sujets «pop» et le ton résolument «jeune», ce sont les 16-30 ans qui sont ciblés. Basé sur des «verticaux» (le nom donné aux «rubriques»), le média touche les «consommateurs et consommatrices» majoritairement au travers des réseaux sociaux: la page Konbini «move it move it» s’intéresse par exemple au sport, celle qui se nomme «biiinge» aux séries ou encore «cheese» à la photographie. </p><p>En 2017, le concept évolue pourtant. L’actualité fait son apparition sous le label <em>Konbini news</em>. Pendant la campagne présidentielle française, le site se lance dans le traitement de sujets société et surtout politiques. Toujours à sa façon, en tentant d’intéresser la catégorie qui semble le moins se préoccuper de ces thèmes grâce à des formats nouveaux, dynamiques, courts. Les vidéos «speech» (une prise de parole de quelques minutes face caméra de personnalités politiques ou non <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bWvcmQVQEQA">ici par exemple de Jean Ziegler</a>) voient le jour. L’arrivée de la nouvelle star du journalisme Hugo Clément achève la transformation. 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La «verticale» helvète, créée en juillet 2017 démarre gentiment: «On peut compter environ à 3 millions d’utilisateurs non uniques en une année», annonce le trentenaire qui s’est formé à la RTS. Ce jour-là, les trois derniers articles publiés parlaient de l’ouverture de la Migros à la vente de sextoys, de l’utilisation du cannabis dans des EMS et d’un jeu dissimulé dans l’application des CFF. On est plus du côté de «infotainment» que de l’info pure.</p><p><em>Konbini</em> Suisse va-t-il aussi s’intéresser aux grands thèmes politiques 2019? «Certainement, répond Antoine Multone, mais il s’agit de trouver des angles qui touchent les jeunes.» Pour les élections fédérales, la petite rédaction veveysane compte se concentrer sur la pauvreté, le climat et les questions de genre, de sexualité et plus généralement des minorités. L’enjeu sera ensuite de trouver des «formats spécifiques» à <em>Konbini</em> qui permettront de montrer la diversité d’opinions dans une Suisse fédéraliste aux acteurs nombreux.</p><h3>Une dépendance aux réseaux sociaux</h3><p>Si la manière de présenter l’information est très variée chez <em>Konbini</em> (vidéos, textes, reportages, interviews, humour, etc.) le critère prioritaire est l’adaptation 1) à son public 2) à son canal de diffusion. Ce ne sont plus les lecteurs et lectrices qui s’adaptent au média, c’est le média qui doit coller au public et à sa manière de «consommer l’actu». Selon la formule bien connue des analystes, le véritable rédacteur en chef, c’est le clic: Antoine Multone assume cette nouvelle réalité.</p><p>Concrètement, ce qui fait les frais de cette nouvelle donne, c’est la surprise. Dans un journal traditionnel (papier ou Web), les lecteurs et lectrices se promènent dans le titre au gré des pages et des rubriques. Ils et elles peuvent ainsi être confrontés à des articles qui les sortent de leur zone de confort.</p><p>Les algorithmes des réseaux sociaux et des moteurs de recherches proposent une tout autre logique: au travers des clics ou des «likes» répétés sur un média le système de calcul informatique guide systématiquement les lecteurs et lectrices vers des articles «qui pourraient leur plaire»: c’est-à-dire, au bout du compte, vers ce qui leur a déjà plu dans le passé. Les conséquences de ce mécanisme sont souvent résumées sous l’appellation de «bulle filtrante» des réseaux sociaux. <br></p><h3>«La nouvelle diversité de la presse, c’est la diversité des algorithmes»</h3><p><em>Konbini</em> a bien un site internet. Mais il très peu fréquenté, car l’essentiel se passe ailleurs: la majorité de ses consommateurs et consommatrices sont sur les réseaux sociaux, le média joue à fond le jeu des plateformes qui utilisent les algorithmes. </p><p>Antoine Multone ne ménage pas ses critiques face aux réseaux sociaux. Non, il ne soutient pas les logiques de ce monde-là. Mais en même temps, il s’y résigne: si c’est la seule manière de parler à sa génération, il veut bien appréhender cette collaboration «tout au plus comme une contrainte» et non comme une perte de liberté. <em><strong><br></strong></em></p><blockquote><p><em><strong>«L’humain est paresseux, </strong></em>analyse-t-il, un peu fataliste.<em><strong> Il aime qu’on lui montre ce qu’il veut voir. Oui, c’est parfois frustrant. Mais dans tous les cas, on ne peut pas le forcer à porter de l’attention sur ce qui ne l’intéresse pas. Ce qu’il nous reste à faire, c’est diversifier les plateformes. 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En bon français: de la publicité et du publireportage sous forme numérique. Le mélange de contenu rédactionnel et publicitaire, une pratique qui fait bondir les consœurs et confrères soucieux d’éthique, mais qui se répand depuis quelques années jusque dans les titres les plus prestigieux. </p><p>Dans le cas précis de <em>Konbini</em>, il est certain que les revenus publicitaires sont liés au fort trafic que génèrent les publications du média. Plus il y aura de personnes touchées par le contenu éditorial, mais également par la mise en valeur de certaines marques – et le bât blesse lorsqu’il n’y a pas une différenciation claire des deux – plus les entreprises seront intéressées à investir dans du contenu <em>brandé</em>. </p><p>La question est donc primordiale: le rapport d’interdépendance entre le média, son canal de diffusion (majoritairement les réseaux sociaux) et les marques permet-il réellement de faire du «vrai journalisme», comme le déclarait Hugo Clément en 2017? Ou n’est-ce pas précisément au prix de l’indépendance journalistique que le succès se construit dans les médias émergents de type <em>Konbini</em>? 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«Quand je suis arrivée à Höor (NDLR : petit village très campagnard d’environ 15'000 habitants à 50 km de Malmö, en Suède), je ne connaissais personne, raconte Alaa, une jeune Syrienne venue avec la “vague des 160'000 réfugiés de 2015”. Et je n’avais de contact avec aucun Suédois. Jusqu’à ce que j’apprenne l’existence de ce groupe de partage entre migrants et habitants de Höör.»
Alaa et sa famille ont été placées dans ce village par l’agence des migrations en collaboration avec l’agence pour l’emploi. En Suède, c’est l’administration qui décide où les réfugiés habiteront, du moins temporairement. Le permis de séjour pour réfugié est valable trois ans et il faut parfois attendre des années avant de recevoir une réponse. Les papiers de résidence permettent ensuite d’avoir une sorte de «plan à l’intégration» avec une aide à l’insertion à l’emploi. Généralement, cela passe au travers de cours intensifs de suédois gratuits (Swedish for migrant, SFI), d’équivalents universitaires ou de stages en entreprises. Pour les personnes en attente d’une réponse, l’agence de migration aide à trouver un logement (parfois des centres, lorsqu’il s’agit d’hommes seuls ou des appartements pour les familles) et de nombreuses associations donnent bénévolement des cours de suédois. Les cours sont néanmoins basés sur le bon vouloir des personnes immigrées.
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L’entreprise a souhaité favoriser les femmes dans leur recherche d’intégration, car selon l’une des responsables, elles sont les premières touchées par ces questions. Ce genre d’initiative uniquement pour une partie de la population participe à la ségrégation de groupe, selon cette même responsable. (Ici, les femmes de la Yala Kitchen, entourées de Anna Ryden et de leur professeur de suédois.) © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018
D’autres associations luttent contre l’isolement des femmes immigrées. La «Yala kitchen» fait partie d’un projet global d’intégration avec différents «ateliers». Rencontrées dans leurs locaux de Rosengard, une dizaine de femmes libanaises ou irakiennes cuisinent pour une commande «traiteurs» tout en apprenant le suédois avec des encadrants. Parfois plus de dix ans après leur arrivée, elles se tournent vers une insertion professionnelle.
Le racisme en Suéde? Non, elles ne l’ont pas vécu. Dans ce groupe, elles portent toutes le voile et cela n’a jamais semblé être problématique pour personne. Si une jeune fille a des cours de piscine à l’école, elle peut mettre un burkini sans que cela ne fasse débat. Dans les rues de Malmö, il n’est pas rare de rencontrer des femmes en niqab. «Je ne me suis jamais demandé si cela était antiféministe, me répond Anna Rydén, responsable du groupe. Je ne crois pas que ce soit un sujet dominant en Suède.»
Ce quartier relativement proche du centre-ville peut être considéré comme une zone industrielle. On y retrouve de nombreux magasins qui proposent des produits d’un peu partout dans le monde, des garages qui offrent des lavages de voiture à moindre prix et l’association «Kontrapunkt». © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018
Augmentation des violences
Difficile de savoir si ces femmes ont beaucoup de contact en dehors de leur communauté car, dans ce quartier, seul un quart des habitants sont nés en Suède de deux parents également suédois et cela, malgré les efforts de l’Etat. Le fait est que certains quartiers comme Rosengard ont une concentration de personnes au revenu très bas et à majorité étrangère. Le revenu moyen de cette même population étrangère en âge de travailler en 2015 était 12% moins élevé. Dans certains endroits parfois appelés «d’exclusion sociale», si la diversité de nationalité n’est pas un problème en soi, le regroupement de population généralement moins privilégiée (on le rappelle, en Suède, la migration provient surtout de pays en guerre et non de populations qui viennent pour des raisons économiques) peut parfois créer un terreau propice à la criminalité.
Les violences en Suède ont par ailleurs augmenté ces dernières années: en vingt ans, le nombre d’appels d’urgence en relation avec des incendies volontaires de véhicules a près de quadruplé, tendance similaire pour d’autres violences. De là à en déduire que ces infractions sont majoritairement commises par des immigrés dont la situation est précaire, il n’y a qu’un pas qui ne doit être franchi qu’avec une extrême prudence. Certains chiffres datant de 2005 (les derniers disponibles faisant part de la situation entre 1997 et 2001) montrent néanmoins que les personnes originaires de Moyen-Orient et d’Afrique étaient surreprésentées dans les crimes violents. Il est à regretter que des statistiques plus récentes ne soient pas disponibles. Selon un article de la journaliste suédoise Pauline Neuding, le ministre suédois de la Justice, Morgan Johansson aurait justifié cette absence en expliquant «qu’il n’y avait pas besoin de publier ces rapports car les réalités étaient déjà bien connues grâce à des études précédentes.» Une rhétorique qui donne malheureusement raison au détracteurs nationalistes du système politique en place – dont font partie les démocrates de Suède – lorsqu’ils clament la mauvaise foi des partis au pouvoir. Des chiffres bien analysés sont certainement meilleurs qu’une omission pure et simple qui fait le jeu des partis anti-immigration.
Voir l’article: La Suède des invisibles oubliés
Des choix urbanistiques qui excluent
De retour sur le terrain, je rencontre les membres de l’organisation Kontrapunkt à Malmö. Pour contrer l’exclusion sociale, qu’elle soit liée aux problèmes financiers ou aux difficultés d’intégrations, l’association tente de favoriser la culture (et ses différentes cultures) à l’intérieur même des quartiers. Leur credo: la création de projets pour les habitants, par les habitants. L’important: ne pas organiser d’événements «spécialement pour les migrant-es» en oubliant la réalité de certains Suédois.
Johanna est responsable de la communication de l’association «Kontrapunkt». Elle pose devant tout le matériel appartenant à son organisation et entreposé dans une grande hall en attendant de trouver un nouveau lieu pour accueillir leurs événements culturels, leur banque de nourriture, etc. Le bail de «Kontrapunkt» a en effet été annulé après que l’association a refusé de participer à un festival qui imposait un modèle culturel à la population des quartiers qui ne correspondait pas forcément à ses habitants. Elle se bat en effet pour éviter les initiatives «top down» (une autorité impose un projet), favorisant plutôt le «bottom-up» (littéralement «du bas vers le haut»). © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018
En matière urbanistique, Johanna, responsable de la communication de l’association déplore la politique d’exclusion de la ville et la gentrification des centres. «Le centre-ville et ses alentours deviennent de plus en plus chers, il n’y a pas assez de nouveaux logements et les seuls bâtiments qui se construisent sont des buildings de haut standing. Dans ce quartier (NDLR, zone plutôt industrielle située à une trentaine de minutes à pied du centre), où les loyers sont encore assez bas, les baux sont à une durée déterminée: je soupçonne que, bientôt, toutes les petites entreprises ou les garages tenus par des personnes qui ne sont pas forcément nées en Suède, les centres de quartiers comme le nôtre, etc. seront fermés pour créer de jolis magasins ou de petites terrasses bien plus rentables. Les personnes moins aisées seront donc poussées dans les banlieues.» Et selon elle, c’est une tendance qui s’observe un peu partout à Malmö. A Sofielund par exemple, un quartier traditionnellement populaire à quelques mètres de là, le street art et les personnes de classes moyennes ont déjà envahi les rues. Si ni l’une ni l’autre de ses composantes n’est négative en soi, l’embourgeoisement de ces lieux les vide de leur population moins favorisée.
A Sofielund par exemple, un quartier traditionnellement populaire à quelques mètres de là, le street art et les personnes de classes moyennes ont déjà envahi les rues. © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018
La ségrégation des privilégiés
Toutes ces questions d’exclusion sociale, liées aux choix urbanistiques, aux politiques publiques, ou aux habitudes des habitants relèvent un point crucial du débat. Si la Suède est volontiers décrite comme progressiste à beaucoup de niveaux, elle est également très normative et ne laisse que peu de place à une différence parfois jugée «moins bonne». Ainsi, comme Tino Sanandji, chercheur en histoire économique et commerciale à Stockholm l’écrit dans son rapport, «Les Suédois et l’immigration, fin du consensus?»: «Si la Suède est un pays réputé libéral et tolérant, en réalité ses habitants se soumettent à de nombreuses règles de savoir-vivre qui sont durement sanctionnées par le groupe si elles ne sont pas respectées. Dans les faits, on constate que les difficultés liées à l’exclusion sociale des immigrés sont renforcées par une tolérance de façade qui ne se traduit pas par de la mixité sociale mais au contraire par un renforcement de l’entre-soi.» Et pas besoin d’être un immigré venu d’un pays hors d’Europe pour s’en rendre compte: nombre de nouveaux venus qui essayent de s’intégrer placent la Suède dans le bas du classement (selon un rapport de InterNations de 2018, la Suède est au 67e rang sur 68 en matière de facilité à se faire de nouveaux amis, juste devant le Koweït.)
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Pour finir, «la ségrégation en Suède se fait de deux manières différentes», me disait une activiste suédoise impliquée dans le droit d’asile. «D’une part la situation des personnes étrangères et de toutes autres personnes moins privilégiées les pousse en marge de la société, pouvant créer une difficulté à l’emploi ou de criminalité. Mais de l’autre, le groupe des privilégiés, qui ont souvent profité du système social fort en Suède en matière d’éducation, de santé ou d’encouragement professionnel est extrêmement peu poreux. Ainsi, la ségrégation se fait aussi de la part de la partie la plus favorisée de la société.» Dans des conditions où les inégalités sont si fortes et les milieux si peu poreux, la mixité sociale ne peut être qu’un échec.
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Dans certains endroits parfois appelés «d’exclusion sociale», si la diversité de nationalité n’est pas un problème en soi, le regroupement de population généralement moins privilégiée (on le rappelle, en Suède, la migration provient surtout de pays en guerre et non de populations qui viennent pour des raisons économiques) peut parfois créer un terreau propice à la criminalité. </p><p>Les violences en Suède ont par ailleurs augmenté ces dernières années: en vingt ans, le nombre d’appels d’urgence en relation avec des incendies volontaires de véhicules a près de quadruplé, tendance similaire pour d’autres violences. De là à en déduire que ces infractions sont majoritairement commises par des immigrés dont la situation est précaire, il n’y a qu’un pas qui ne doit être franchi qu’avec une extrême prudence. Certains chiffres datant de 2005 (les derniers disponibles faisant part de la situation entre 1997 et 2001) montrent néanmoins que les personnes originaires de Moyen-Orient et d’Afrique étaient surreprésentées dans les crimes violents. Il est à regretter que des statistiques plus récentes ne soient pas disponibles. Selon un article de la journaliste suédoise Pauline Neuding, le ministre suédois de la Justice, Morgan Johansson aurait justifié cette absence en expliquant «qu’il n’y avait pas besoin de publier ces rapports car les réalités étaient déjà bien connues grâce à des études précédentes.» Une rhétorique qui donne malheureusement raison au détracteurs nationalistes du système politique en place – dont font partie les démocrates de Suède – lorsqu’ils clament la mauvaise foi des partis au pouvoir. Des chiffres bien analysés sont certainement meilleurs qu’une omission pure et simple qui fait le jeu des partis anti-immigration. <br></p><p><hr></p><h4 style="text-align: center;">Voir l’article: <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/la-suede-des-invisibles-oublies"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">La Suède des invisibles oubliés</em></a><em></em><br></h4><p><hr></p><h3>Des choix urbanistiques qui excluent</h3><p style="text-align: left;">De retour sur le terrain, je rencontre les membres de l’organisation Kontrapunkt à Malmö. Pour contrer l’exclusion sociale, qu’elle soit liée aux problèmes financiers ou aux difficultés d’intégrations, l’association tente de favoriser la culture (et ses différentes cultures) à l’intérieur même des quartiers. Leur credo: la création de projets pour les habitants, par les habitants. L’important: ne pas organiser d’événements «spécialement pour les migrant-es» en oubliant la réalité de certains Suédois.</p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1538125873_ajohanna.jpg" width="523" height="698">Johanna est responsable de la communication de l’association «Kontrapunkt». Elle pose devant tout le matériel appartenant à son organisation et entreposé dans une grande hall en attendant de trouver un nouveau lieu pour accueillir leurs événements culturels, leur banque de nourriture, etc. Le bail de «Kontrapunkt» a en effet été annulé après que l’association a refusé de participer à un festival qui imposait un modèle culturel à la population des quartiers qui ne correspondait pas forcément à ses habitants. Elle se bat en effet pour éviter les initiatives «top down» (une autorité impose un projet), favorisant plutôt le «bottom-up» (littéralement «du bas vers le haut»). © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018<br></h4><p>En matière urbanistique, Johanna, responsable de la communication de l’association déplore la politique d’exclusion de la ville et la gentrification des centres. «Le centre-ville et ses alentours deviennent de plus en plus chers, il n’y a pas assez de nouveaux logements et les seuls bâtiments qui se construisent sont des buildings de haut standing. Dans ce quartier (<em>NDLR, zone plutôt industrielle située à une trentaine de minutes à pied du centre</em>), où les loyers sont encore assez bas, les baux sont à une durée déterminée: je soupçonne que, bientôt, toutes les petites entreprises ou les garages tenus par des personnes qui ne sont pas forcément nées en Suède, les centres de quartiers comme le nôtre, etc. seront fermés pour créer de jolis magasins ou de petites terrasses bien plus rentables. Les personnes moins aisées seront donc poussées dans les banlieues.» Et selon elle, c’est une tendance qui s’observe un peu partout à Malmö. A Sofielund par exemple, un quartier traditionnellement populaire à quelques mètres de là, le street art et les personnes de classes moyennes ont déjà envahi les rues. Si ni l’une ni l’autre de ses composantes n’est négative en soi, l’embourgeoisement de ces lieux les vide de leur population moins favorisée. </p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1538125690_doublephotogentrification.jpg">A Sofielund par exemple, un quartier traditionnellement populaire à quelques mètres de là, le street art et les personnes de classes moyennes ont déjà envahi les rues. © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018</h4><h3>La ségrégation des privilégiés</h3><p>Toutes ces questions d’exclusion sociale, liées aux choix urbanistiques, aux politiques publiques, ou aux habitudes des habitants relèvent un point crucial du débat. Si la Suède est volontiers décrite comme progressiste à beaucoup de niveaux, elle est également très normative et ne laisse que peu de place à une différence parfois jugée «moins bonne». Ainsi, comme Tino Sanandji, chercheur en histoire économique et commerciale à Stockholm l’écrit dans son rapport, «Les Suédois et l’immigration, fin du consensus?»: «Si la Suède est un pays réputé libéral et tolérant, en réalité ses habitants se soumettent à de nombreuses règles de savoir-vivre qui sont durement sanctionnées par le groupe si elles ne sont pas respectées. Dans les faits, on constate que les difficultés liées à l’exclusion sociale des immigrés sont renforcées par une tolérance de façade qui ne se traduit pas par de la mixité sociale mais au contraire par un renforcement de l’entre-soi.» Et pas besoin d’être un immigré venu d’un pays hors d’Europe pour s’en rendre compte: nombre de nouveaux venus qui essayent de s’intégrer placent la Suède dans le bas du classement (selon <a href="https://www.internations.org/expat-insider/2018/ease-of-settling-in-index-39588">un rapport de InterNations de 2018</a>, la Suède est au 67e rang sur 68 en matière de facilité à se faire de nouveaux amis, juste devant le Koweït.)</p><h4><br></h4><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1538125386_constructionsgentrification.jpg">Dans le quartier Västra Hamnen, de nombreux buildings sont construits. Le quartier est moderne et plutôt luxueux. La politique en matière de logement semble tabler sur le fait que les Suédois-es qui, aujourd’hui, vivent dans des logements plutôt modestes mais qui auraient les moyens d’avoir mieux, se déplaceront dans ces quartiers, laissant la place au moins privilégiés dans les appartements à loyers modestes. Pourtant, ces logements de haut standing semblent aujourd’hui plutôt accueillir des personnes fortunées venues d’ailleurs, ne réglant aucunement les problèmes immobiliers de Malmö. © Diana-Alice Ramsauer / Bon pour la tête 2018<br></h4><br><p>Pour finir, «la ségrégation en Suède se fait de deux manières différentes», me disait une activiste suédoise impliquée dans le droit d’asile. «D’une part la situation des personnes étrangères et de toutes autres personnes moins privilégiées les pousse en marge de la société, pouvant créer une difficulté à l’emploi ou de criminalité. Mais de l’autre, le groupe des privilégiés, qui ont souvent profité du système social fort en Suède en matière d’éducation, de santé ou d’encouragement professionnel est extrêmement peu poreux. Ainsi, la ségrégation se fait aussi de la part de la partie la plus favorisée de la société.» Dans des conditions où les inégalités sont si fortes et les milieux si peu poreux, la mixité sociale ne peut être qu’un échec. </p><p><hr></p><h2>Retrouvez le dossier complet de l’opération migrations sur <a href="https://bonpourlatete.com/tag/operationmigrations"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">#OpérationMigrations</em></a></h2><h2 style="text-align: center;"><br></h2><p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"></p><h2 style="text-align: center;"><a href="https://bonpourlatete.com/tag/operationmigrations"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w851/1538158215_banierefbbplt.jpg"></em></a></h2><h3 style="text-align: center;"><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/dossier-special-sur-la-migration-nous-avons-besoin-de-vous">Dossier spécial sur les migrations: nous avons besoin de vous!</a></h3><br><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/dossier-special-sur-la-migration-nous-avons-besoin-de-vous"></a></p><h3></h3>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'quand-l-integration-se-revendique-a-defaut-de-se-vivre', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 835, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1263, 'homepage_order' => (int) 1491, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 1501, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3158, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le «vote intelligent», la seule stratégie gagnante de Navalny', 'subtitle' => 'Selon les politologues de l’Université européenne de Saint-Pétersbourg Mickhaïl Turchenko et Grigorii Golosov, le «vote intelligent», développé par l’opposant Navalny aurait un réel impact sur les élections. 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Lors d’un voyage en Sibérie, j’avais naïvement demandé à ma logeuse pourquoi les Russes continuaient de voter pour Poutine. Elle m’avait simplement répondu: «Sinon qui?».</p> <p>Si Alexeï Navalny et son parti Russie du futur n’a jamais semblé être une alternative appétissante pour les habitantes et habitants de ce pays – qui ne se réduit pas aux deux villes Moscou et Saint-Pétersbourg – l’opposant numéro 1 (du moins vu comme tel depuis l’Occident), aura pourtant apporté une solution à cette femme dès 2018. A la question «Qui»? Navalny répond simplement: tous sauf Russie unie. 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Chaque électrice et chaque électeur a ainsi toutes les clefs en main pour centraliser son opposition sur la personne la plus «utile» dans sa circonscription.</p> <h3>Une augmentation du résultat des candidatures du «vote intelligent» en 2020</h3> <p>En 2020, cette stratégie a fonctionné. Il ne s’agit pas d’une révolution, mais les chercheurs estiment une augmentation des résultats pour les candidates et candidats du vote intelligent à près de 5%. Ce qui peut faire une différence, sachant que le système électoral courant est celui de la majorité relative; dans certaines régions, un parti obtenant 30%, 20% voire seulement 15% peut déjà peser dans le jeu électoral si les autres partis sont divisés. 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Je vous invite volontiers à rester prostré quelques instants devant ma bibliothèque pour observer l’étendue de mon inutilité. On pourra même boire ensemble un verre de vin inutilement bon, en tenant des théories inutilement longues. Mais pour que le futile ait du sens, il faut encore qu’il soit bien réalisé. Et chers artificiers, on peut parfois se demander dans quelle direction vous avez projeté votre conscience professionnelle.</p> <p>Justement, à votre tour messieurs-dames les professionnels de la pyrotechnie. Oui, vous vous plaignez d’une baisse drastique des commandes pour cette fête nationale. Les principaux feux ont été annulés un peu partout. Votre chiffre d’affaires a chuté d’environ 80% en Suisse cette année. Ayons s’il vous plaît une seconde réflexive: au plus profond du confinement, un certain nombre d’activités professionnelles ou de loisir avaient été citées comme irremplaçables, bénéfiques à notre société, souhaitables même. Faites la liste. 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Certains postulent alors un changement radical de philosophie, mais ceux qui l’emportent sont les «environnementalistes». Pour eux, les déchets doivent être vus comme une chose à organiser, à gérer, à «manager». Ainsi, au lieu de créer une «écologisation de l’économie», c’est-à-dire remettre en cause la conception et la production du déchet, les autorités appliquent une stratégie de «mise en économie de l’environnement» que l’on peut résumer par «la bonne gestion des déchets et aussi celle qui est rentable». Et c’est là que le citoyen responsable (et culpabilisé) entre en scène.</p><h3>Le déchet ou le cheval de Troie du «waste managment» </h3><p>«Pour le valeureux soldat de l’armée verte, pour l’écocitoyen, il reste possible, moralement acceptable, d’acheter une bouteille d’eau minérale, car si elle est bien jetée, elle sera recyclée.» Cette réflexion a été intégrée par bon nombre de gens dans nos sociétés occidentales. 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Rejeter, mine de rien, la responsabilité de la pollution sur le dos des citoyennes et citoyens. Une campagne marketing plus que réussie puisqu’aujourd’hui des écoles et des ONG organisent également ce genre d’action. </p><h3>Consommer & jeter: du programme économique à l’art de vivre </h3><p>«L’incorporation par les usagers de la réforme environnementale du geste de mise au rebut est emblématique de la façon dont s’est construit un déni des racines profondes de la crise écologique mettant en cause les fondements de l’industrialisation productive, du capitalisme mondialisé, et d’une façon générale d’un mode de vie 'moderne'», postule l’auteur de <em>Homo Detritus</em>. Bien jeter a créé une sorte de «rituel contemporain de dénégation.» Nous «faisons notre part» en triant, en recyclant et en inculquant ces valeurs à nos enfants. Jusqu’à dire que c’est la manipulation à large échelle, il n’y a qu’un pas. </p><p>«La naissance [il y a 50 ans] de la sensibilité écologique en France comme dans d’autres pays industrialisés aurait pu être l’occasion d’une révolution du quotidien qui n’est pas advenue», cite Monsaingeon. Aujourd’hui, alors que de nombreuses manifestations de jeunes éclatent dans toute l’Europe – manifestations que l’on peut d’ailleurs critiquer– les politiciennes et politiciens avancent timidement quelques solutions. «Économie circulaire»: tente une partie de la gauche. «Responsabilité et innovation» essayent quelques partis de droite. Toutes ces réponses sont pourtant empreintes d’«environnementalisme». Le déni est général, même chez beaucoup d’écologistes. Car il ne suffit plus de «manager» les déchets – qui reviendront toujours en plus grand nombre – mais bel et bien de remettre en cause le système productiviste. Et cela ne peut passer que par des politiques globales. Malheureusement, il serait illusoire de penser que trier les partis politiques en ne mettant que les bons dans l’urne – dans une logique du «bien voter» ressemblant au «bien jeter» – ne nous permette d’agir sur les réels impacts de nos modes de vie. Mais en attendant, trions et «faisons notre part», c’est toujours ça de pris. </p><p><hr></p><p><br><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w175/1556096692_515j071wtl._sx195_.jpg"></p><h4>Baptiste Monsaingeon, <em>Homo Detritus</em>, Ed. Seuil, 2017.</h4><p><hr></p><h2>Retrouvez d'autres articles sur le même thème dans notre <a href="https://bonpourlatete.com/serie/dossier-special-decroissance">dossier spécial Décroissance</a>.</h2>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'bien-jeter-pour-mieux-oublier', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 958, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1655, 'homepage_order' => (int) 1917, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 1501, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1571, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Média', 'title' => 'Sextoys, publireportage et (un peu de) politique, le cocktail jeune de Konbini', 'subtitle' => 'Une envie de parler à sa génération et une certaine résignation à l’encontre du mode de consommation de l’actualité d’aujourd’hui: c’est ce que je retiendrai de ma rencontre avec Antoine Multone, rédacteur en chef du bureau veveysan de Konbini: un média qui réussit à captiver les jeunes, réputés se détourner de la presse. 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Toujours à sa façon, en tentant d’intéresser la catégorie qui semble le moins se préoccuper de ces thèmes grâce à des formats nouveaux, dynamiques, courts. Les vidéos «speech» (une prise de parole de quelques minutes face caméra de personnalités politiques ou non <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bWvcmQVQEQA">ici par exemple de Jean Ziegler</a>) voient le jour. L’arrivée de la nouvelle star du journalisme Hugo Clément achève la transformation. Connu majoritairement pour ses sujets au <em>Petit Journal</em> puis à <em>Quotidien</em>, <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-18-decembre-2017">il annonce </a>vouloir «faire du reportage incarné, traiter de l’actualité (…) et faire du vrai journalisme».</p><h3>Sextoys, cannabis, gaming (et élections fédérales)</h3><p>Aujourd’hui, <em>Konbini</em> se targue d’avoir <a href="https://www.cominmag.ch/konbini-si-les-contenus-sont-de-qualite-les-gens-se-fichent-quils-soient-sponsorises/">150 millions de visiteurs uniques par année</a> sur le Web et les réseaux sociaux. Des chiffres dus à la présence accrue du média sur différentes plateformes de diffusion (nouvellement aussi sur Snapchat) et à l’ouverture de rédactions à l’international: en Angleterre, aux Etats-Unis, au Mexique, au Nigeria et en Suisse. </p><p>Le bureau de Vevey, où j’ai rencontré Antoine Multone, actuel rédacteur en chef, traite de la Suisse, sous toutes les coutures. La «verticale» helvète, créée en juillet 2017 démarre gentiment: «On peut compter environ à 3 millions d’utilisateurs non uniques en une année», annonce le trentenaire qui s’est formé à la RTS. Ce jour-là, les trois derniers articles publiés parlaient de l’ouverture de la Migros à la vente de sextoys, de l’utilisation du cannabis dans des EMS et d’un jeu dissimulé dans l’application des CFF. On est plus du côté de «infotainment» que de l’info pure.</p><p><em>Konbini</em> Suisse va-t-il aussi s’intéresser aux grands thèmes politiques 2019? «Certainement, répond Antoine Multone, mais il s’agit de trouver des angles qui touchent les jeunes.» Pour les élections fédérales, la petite rédaction veveysane compte se concentrer sur la pauvreté, le climat et les questions de genre, de sexualité et plus généralement des minorités. L’enjeu sera ensuite de trouver des «formats spécifiques» à <em>Konbini</em> qui permettront de montrer la diversité d’opinions dans une Suisse fédéraliste aux acteurs nombreux.</p><h3>Une dépendance aux réseaux sociaux</h3><p>Si la manière de présenter l’information est très variée chez <em>Konbini</em> (vidéos, textes, reportages, interviews, humour, etc.) le critère prioritaire est l’adaptation 1) à son public 2) à son canal de diffusion. Ce ne sont plus les lecteurs et lectrices qui s’adaptent au média, c’est le média qui doit coller au public et à sa manière de «consommer l’actu». Selon la formule bien connue des analystes, le véritable rédacteur en chef, c’est le clic: Antoine Multone assume cette nouvelle réalité.</p><p>Concrètement, ce qui fait les frais de cette nouvelle donne, c’est la surprise. Dans un journal traditionnel (papier ou Web), les lecteurs et lectrices se promènent dans le titre au gré des pages et des rubriques. Ils et elles peuvent ainsi être confrontés à des articles qui les sortent de leur zone de confort.</p><p>Les algorithmes des réseaux sociaux et des moteurs de recherches proposent une tout autre logique: au travers des clics ou des «likes» répétés sur un média le système de calcul informatique guide systématiquement les lecteurs et lectrices vers des articles «qui pourraient leur plaire»: c’est-à-dire, au bout du compte, vers ce qui leur a déjà plu dans le passé. Les conséquences de ce mécanisme sont souvent résumées sous l’appellation de «bulle filtrante» des réseaux sociaux. <br></p><h3>«La nouvelle diversité de la presse, c’est la diversité des algorithmes»</h3><p><em>Konbini</em> a bien un site internet. Mais il très peu fréquenté, car l’essentiel se passe ailleurs: la majorité de ses consommateurs et consommatrices sont sur les réseaux sociaux, le média joue à fond le jeu des plateformes qui utilisent les algorithmes. </p><p>Antoine Multone ne ménage pas ses critiques face aux réseaux sociaux. Non, il ne soutient pas les logiques de ce monde-là. Mais en même temps, il s’y résigne: si c’est la seule manière de parler à sa génération, il veut bien appréhender cette collaboration «tout au plus comme une contrainte» et non comme une perte de liberté. <em><strong><br></strong></em></p><blockquote><p><em><strong>«L’humain est paresseux, </strong></em>analyse-t-il, un peu fataliste.<em><strong> Il aime qu’on lui montre ce qu’il veut voir. Oui, c’est parfois frustrant. Mais dans tous les cas, on ne peut pas le forcer à porter de l’attention sur ce qui ne l’intéresse pas. Ce qu’il nous reste à faire, c’est diversifier les plateformes. 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En bon français: de la publicité et du publireportage sous forme numérique. Le mélange de contenu rédactionnel et publicitaire, une pratique qui fait bondir les consœurs et confrères soucieux d’éthique, mais qui se répand depuis quelques années jusque dans les titres les plus prestigieux. </p><p>Dans le cas précis de <em>Konbini</em>, il est certain que les revenus publicitaires sont liés au fort trafic que génèrent les publications du média. Plus il y aura de personnes touchées par le contenu éditorial, mais également par la mise en valeur de certaines marques – et le bât blesse lorsqu’il n’y a pas une différenciation claire des deux – plus les entreprises seront intéressées à investir dans du contenu <em>brandé</em>. </p><p>La question est donc primordiale: le rapport d’interdépendance entre le média, son canal de diffusion (majoritairement les réseaux sociaux) et les marques permet-il réellement de faire du «vrai journalisme», comme le déclarait Hugo Clément en 2017? Ou n’est-ce pas précisément au prix de l’indépendance journalistique que le succès se construit dans les médias émergents de type <em>Konbini</em>? 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Lagom 07.10.2018 | 19h34
«Excellent article qui nous éclaire sur les risques à venir, des mauvais choix politiques de ces dernières années en Suède, et par similitude ailleurs en Europe aussi. »