Actuel / Lorsqu’un réacteur nucléaire explosait en Suisse
Le 21 janvier 1969, à 17h15, le coeur du réacteur de la centrale nucléaire de Lcuens explose et le cœur se met en fusion. La Suisse passe alors à deux doigts de l’ «accident maximal hypothétique ». © Capture d'écran du magazine «Energie & Umwelt»
Il y a 50 ans, la Suisse échappait d’un cheveu à une catastrophe nucléaire à Lucens. Alors que l’événement du 21 janvier 1969 est aujourd’hui effacé de notre mémoire collective, l’historien Michael Fischer revient sur ce «rêve nucléaire» à la Suisse.
Michael Fischer est historien. Il a travaillé comme journaliste culturel et est maintenant assistant de recherche au centre Dürrenmatt à Neuchâtel. Son livre Atomfieber sur l’histoire de l’énergie nucléaire en Suisse sortira en mars 2019 chez «hier+jetzt». L’article original en allemand est paru pour la première fois dans le magazine Energie & Umwelt de la Fondation suisse pour l’énergie et repris par Infosperber.
Une traduction de Diana-Alice Ramsauer pour Bon pour la tête
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et les événements de Hiroshima et Nagasaki, la Suisse s’intéresse à acquérir la bombe atomique. C’est ainsi qu’elle décide de développer un nouveau type de réacteur dans la petite commune vaudoise de Lucens. Malgré de graves défauts décelés après une maintenance de la centrale, les administrateurs du dispositif prennent la responsabilité de remettre en service le réacteur d’essai le 21 janvier 1969, à quatre heures du matin. Quelques heures plus tard, à 17h15, il explose et le cœur se met en fusion. La Suisse passe alors à deux doigts de l’«accident maximal hypothétique» (en allemand, GAU: grösster anzunehmender Unfall).
Le rêve atomique suisse
En 1946, le Conseil fédéral crée la Commission d’étude de l’énergie atomique (CETA). Son but: réaliser la construction d’une bombe atomique suisse. Dans ses premières décennies, la politique nucléaire helvétique sera marquée par la guerre froide. La crainte d’une attaque nucléaire soviétique sera donc fortement présente et fera office de déclencheur du programme d’armement nucléaire suisse. Les industries suisses seront ainsi massivement subventionnées par les pouvoirs publics.
En 1955, l’entreprise Reaktor AG à Würenlingen, avec le soutien financier de la Confédération, achète le réacteur de recherche «Saphir», présenté par les Etat-Unis lors de la Conférence nucléaire de Genève en 1955. Ce «Saphir», un réacteur à eau légère, doit venir en parallèle d’un projet de réacteur à eau lourde nommé «Diorit». Ce dernier est en effet alimenté par de l’uranium naturel, plus facile à acheter que l’uranium hautement enrichi, sur lequel les Etats-Unis ont le monopole. Avantages: les réacteurs à uranium naturel ont la propriété de produire du plutonium pendant l’exploitation, composante qui peut ensuite être utilisée pour la production d’armes nucléaires1.
La construction du réacteur de recherche «Diorit» est alors un projet commun de l’industrie suisse et fait office de pionnier. Les entreprises impliquées dans le projet espèrent que le développement de leur propre ligne de réacteurs créera un nouveau marché pour leurs produits industriels. En parallèle, cette expérimentation est le prototype d’un futur réacteur qui pourrait être utilisé pour la production d’électricité et ainsi devenir un produit d’exportation pour l’industrie suisse.
Le «Diorit» est testé pour la première fois le 15 août 1960 à l’institut fédéral de recherche sur les réacteurs (EIR: Eidgenössischen Instituts für Reaktorforschung) de Würenlingen et est inauguré le 26 août par le conseiller fédéral Max Petitpierre1.
Lucens, un réacteur expérimental pour la construction d’armes nucléaires
A partir de la Conférence nucléaire de Genève en 1955, l’avenir de l’approvisionnement énergétique de la Suisse s’inscrit dans le domaine de l’atome. Par ailleurs, entre 1956 et 1959, trois groupes de travail sont constitués pour planifier la construction de chacun une centrale nucléaire en Suisse.
Néanmoins, par manque de financement de la Confédération, un seul projet à la fois voit le jour. C’est donc à Lucens que le réacteur du consortium suisse allemand est érigé, sur le site d’Enusa en Suisse occidentale. La centrale nucléaire expérimentale de Lucens n’est alors pas construite à des fins de production d’énergie électrique, mais bien pour le développement d’un nouveau type de réacteur qui pourrait servir à la fabrication d’armes nucléaires.
La salle de contrôle de la centrale expérimentale de Lucens. A gauche, la centrale nucléaire. © Archives ETH Zurich / Josef Schmied
La centrale nucléaire expérimentale de Lucens est directement creusée en souterrains2. Sa construction en caverne est alors destinée à protéger le réacteur en cas de guerres, dans la même idée que les bunkers dans les Alpes. Un couloir de 100 mètres de long mène aux trois salles souterraines comprenant le réacteur, les machines à turbines et les générateurs ainsi que le stockage des barres de combustibles.
Cependant, la construction de la centrale souterraine s’avère beaucoup plus difficile que prévu. En 1963, des fissures se forment dans la roche après le dynamitage, rendant le coût des travaux presque hors contrôle, d’autant qu’aucun plafonnement budgétaire n’a été prévu. En 1962, la centrale de Lucens était estimée à 64,5 millions de francs. Elle coûtera finalement 112,3 millions de francs en 1969.
NOK, BKW et compagnie se tournent vers les réacteurs américains
Au début de 1964, coups durs pour l’industrie nucléaire suisse: l’entreprise NOK (Nordostschweizerische Kraftwerke) annonce qu’elle veut importer un réacteur nucléaire américain. Leur objectif est de lancer une centrale nucléaire à Beznau dès 1969. Pas le temps donc d’attendre le développement d’un réacteur suisse. La même année, c’est au tour de BKW d’annoncer la construction de Mühleberg avec du matériel américain, suivi d’Eletro-Watt pour une centrale à Leibstadt et de Motor-Columbus, à Kaieraugst. L’espoir de développer une industrie lucrative «made in Suisse» pour les besoins intérieurs et pour l’exportation est alors anéanti. Coup de grâce pour le projet de Lucens en 1967: Georg Sulzer et son entreprise annoncent quitter les activités de développement de réacteurs en Suisse.
Une licence d’exploitation malgré de graves défauts
Avec la sortie de Sulzer, la fin du développement du réacteur suisse est certaine. La centrale nucléaire expérimentale du petit bourg vaudois devient ainsi le symbole national du rêve nucléaire. L’entreprise Energie de l’Ouest Suisse (EOS) propose alors d’exploiter la centrale pendant encore deux ans, jusqu’à ce que la première livraison de combustible d’uranium soit épuisée: après quoi, le réacteur doit être arrêté.
C’est ainsi que la première énergie atomique de Suisse est produite à Lucens le 29 janvier 1968. Le 10 mai, la centrale nucléaire est aux mains d’EOS. Et après une phase d’exploitation de trois mois, le réacteur est mis à l’arrêt pour révision: les joints du ventilateur de refroidissement qui font circuler le dioxyde de carbone dans le circuit primaire ne sont plus fiables. De l’eau d’étanchéité pénètre en conséquence dans le circuit primaire. Cela ne gêne pourtant pas la Confédération d’accorder la licence d’exploitation définitive à la centrale, fin décembre 1968.
Pourtant, lors de la remise en service du réacteur, la rouille – provoquée par l’eau dans les tuyaux de tubage des barres de combustible d’uranium – entrave la libre circulation du dioxyde de carbone et donc empêche le refroidissement du réacteur.
Explosion et fusion du cœur du réacteur de Lucens
Le 21 janvier 1969, le réacteur est néanmoins remis en marche à 4 heures du matin. Et à 17h15, les sirènes d’alerte sont déclenchées. Peu de temps après, on entend une explosion au cœur de la montagne, venant de la salle de contrôle, suivie de la fusion du cœur du réacteur. La barre d’uranium n° 59 à l’intérieur du système se met à surchauffer puis à brûler. Le processus de fusion affecte alors également les barres de combustibles adjacentes.
Enfin, le réacteur explose et les matières radioactives, environ 1'100 tonnes d’eau lourde, d’uranium-magnésium fondu et de gaz de refroidissement radioactifs, sont projetées à travers la caverne de la centrale. Le mur de 60 centimètres d’épaisseur en aluminium, asphalte et béton qui constitue l’enceinte de confinement est emporté par le souffle de l’explosion. Des gaz radioactifs s’échappent des fissures du souterrain. Le directeur de la centrale, Jean-Paul Buclin, dira plus tard: «La radioactivité venue du réacteur s’est répandue de manière inattendue dans plusieurs autres secteurs, dont la salle de contrôle.»3
Juste après l’accident maximal hypothétique
Après l’explosion, l’augmentation potentielle de la radioactivité suscite les pires des craintes, menant la Commission fédérale pour la surveillance de la radioactivité à être informée. Deux agents de radioprotection sont alors mandatés pour parcourir la région toute la nuit afin d’enregistrer les différents taux de radioactivité. Les résultats restent très faibles. La centrale elle-même est contaminée, mais le système de sécurité a fonctionné, préservant l’environnement extérieur. La population n’est donc pas touchée.
Lors de la cérémonie de création de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) en avril 2009, Moritz Leuenberger, alors conseiller fédéral socialiste et ministre de l’Énergie avait déclaré: «En 1969, la Suisse est tout juste passée à côté d’une catastrophe (…) A l’époque, l’annonce officielle n’avait mentionné qu’un “incident”. Aujourd’hui, Lucens se trouve à la 20e place internationale des pannes de réacteurs les plus graves. L’ampleur de cet accident avait autrefois été minimisée et dissimulée. »4
Lucens, une catastrophe nucléaire de niveau 5 (sur 7)
Aujourd’hui, la fusion du cœur de réacteur de Lucens est classée au niveau 5 sur l’échelle des événements nucléaires (INES) (sur un total de 7 niveaux) et est donc considérée comme «accident majeur». Il s’agit d’un événement qui peut être comparé à l’accident du réacteur de la centrale nucléaire de Three Mile Island à Harrisburg aux USA en 1979.
Même si la fusion du cœur de réacteur de Lucens en 1969 fut l’un des accidents nucléaires les plus importants au monde, à l’époque «l’incident» n’avait provoqué que quelques vaguelettes dans l’opinion publique. En effet, la technologie nucléaire ne faisait pas encore fondamentalement débat à l’époque. C’était la croyance dans le progrès qui dominait. La résistance aux centrales nucléaires s’est seulement manifestée à partir des années 70. Pour le mouvement antinucléaire, l’accident de Lucens est donc arrivé juste quelques années trop tôt…
Aujourd’hui, l’accident nucléaire de Lucens a depuis longtemps disparu de la mémoire collective. Ainsi, c’est l’un des accidents nucléaires les plus graves du monde qui a presque été oublié. L’euphorie atomique, le plutonium et la sécurité nucléaire – le programme d’armement nucléaire de la Suisse – s’inscrivait dans l’esprit de la guerre froide. La recherche dans le domaine de la physique nucléaire était alors déguisée en recherche civile, mais son but principal était évidemment militaire. C’est ainsi que le réacteur à eau lourde prévu à Lucens devait également être utilisé pour la production de plutonium et donc pour la fabrication d’armes nucléaires.
Ce n’est d’ailleurs que progressivement que l’industrie nucléaire s’est libérée de la dépendance de ses intérêts militaires initiaux. Dans l’euphorie de l’ère nucléaire, la sécurité des centrales ne suscitait pratiquement aucune inquiétude. Pourtant, le 21 janvier 1969, la Suisse a échappé de justesse à une catastrophe. Par la suite, les autorités ont tenté de camoufler l’«incident» et de le banaliser. Après cet événement, les liens entre Etat, science et industrie ont continué d’exister et, dans certains cas, continuent d’influencer notre quotidien.
1 Tobias Wildi, Der Traum vom eigenen Reaktor. Die schweizerische Atomtechnologieentwicklung 1945–1969, Zürich, Chronos, 2003. pp. 72 et 75.
2 Otto Lüscher, Die Schweizer Reaktorlinie, in: Schweizerische Gesellschaft der Kernfachleute (Hrsg.): Geschichte der Kerntechnik in der Schweiz. Die ersten 30 Jahre 1939 –1969, Oberbözberg: Olynthus, 1992. S. 124 ff.
3 Alexander Mazzara, Der atomare Traum. Explosive Pläne der Schweizer Industrie, Dokumentarfilm, Schweizer Fernsehen, 2003. 29:13 + 1:46–1:49
4 Moritz Leuenberger, Rede anlässlich der Gründungsfeier des Eidgenössischen Nuklearsicherheitsinspektorats (ENSI) im April 2009.
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L’article original en allemand est paru pour la première fois dans le magazine <a href="https://www.energiestiftung.ch/files/energiestiftung/publikationen/energie-und-umwelt/e-u_4_2018.pdf">Energie & Umwelt</a> de la Fondation suisse pour l’énergie et repris par <a href="https://www.infosperber.ch/Artikel/Umwelt/Die-Kernschmelze-von-Lucens/&g=ad"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Infosperber</em></a><em></em>.<br></h4><h4>Une traduction de Diana-Alice Ramsauer pour <em>Bon pour la tête</em></h4><p></p><hr><p></p><p>Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et les événements de Hiroshima et Nagasaki, la Suisse s’intéresse à acquérir la bombe atomique. C’est ainsi qu’elle décide de développer un nouveau type de réacteur dans la petite commune vaudoise de Lucens. Malgré de graves défauts décelés après une maintenance de la centrale, les administrateurs du dispositif prennent la responsabilité de remettre en service le réacteur d’essai le 21 janvier 1969, à quatre heures du matin. 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Ce «Saphir», un réacteur à eau légère, doit venir en parallèle d’un projet de réacteur à eau lourde nommé «Diorit». Ce dernier est en effet alimenté par de l’uranium naturel, plus facile à acheter que l’uranium hautement enrichi, sur lequel les Etats-Unis ont le monopole. Avantages: les réacteurs à uranium naturel ont la propriété de produire du plutonium pendant l’exploitation, composante qui peut ensuite être utilisée pour la production d’armes nucléaires<sup>1</sup>.<br></p><p>La construction du réacteur de recherche «Diorit» est alors un projet commun de l’industrie suisse et fait office de pionnier. Les entreprises impliquées dans le projet espèrent que le développement de leur propre ligne de réacteurs créera un nouveau marché pour leurs produits industriels. En parallèle, cette expérimentation est le prototype d’un futur réacteur qui pourrait être utilisé pour la production d’électricité et ainsi devenir un produit d’exportation pour l’industrie suisse.</p><p>Le «Diorit» est testé pour la première fois le 15 août 1960 à l’institut fédéral de recherche sur les réacteurs (EIR: Eidgenössischen Instituts für Reaktorforschung) de Würenlingen et est inauguré le 26 août par le conseiller fédéral Max Petitpierre<sup>1</sup>.<br></p><h3>Lucens, un réacteur expérimental pour la construction d’armes nucléaires</h3><p>A partir de la Conférence nucléaire de Genève en 1955, l’avenir de l’approvisionnement énergétique de la Suisse s’inscrit dans le domaine de l’atome. Par ailleurs, entre 1956 et 1959, trois groupes de travail sont constitués pour planifier la construction de chacun une centrale nucléaire en Suisse.</p><p>Néanmoins, par manque de financement de la Confédération, un seul projet à la fois voit le jour. C’est donc à Lucens que le réacteur du consortium suisse allemand est érigé, sur le site d’Enusa en Suisse occidentale. La centrale nucléaire expérimentale de Lucens n’est alors pas construite à des fins de production d’énergie électrique, mais bien pour le développement d’un nouveau type de réacteur qui pourrait servir à la fabrication d’armes nucléaires.</p><h4><br></h4><h4><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w900/1547543123_lucens_ii.jpg" alt=""></h4><h4 style="text-align: center;">La salle de contrôle de la centrale expérimentale de Lucens. A gauche, la centrale nucléaire. © Archives ETH Zurich / Josef Schmied<br></h4><br><p>La centrale nucléaire expérimentale de Lucens est directement creusée en souterrains<sup>2</sup>. Sa construction en caverne est alors destinée à protéger le réacteur en cas de guerres, dans la même idée que les bunkers dans les Alpes. Un couloir de 100 mètres de long mène aux trois salles souterraines comprenant le réacteur, les machines à turbines et les générateurs ainsi que le stockage des barres de combustibles.</p><p>Cependant, la construction de la centrale souterraine s’avère beaucoup plus difficile que prévu. En 1963, des fissures se forment dans la roche après le dynamitage, rendant le coût des travaux presque hors contrôle, d’autant qu’aucun plafonnement budgétaire n’a été prévu. En 1962, la centrale de Lucens était estimée à 64,5 millions de francs. Elle coûtera finalement 112,3 millions de francs en 1969.</p><h3>NOK, BKW et compagnie se tournent vers les réacteurs américains</h3><p>Au début de 1964, coups durs pour l’industrie nucléaire suisse: l’entreprise NOK (<em>Nordostschweizerische Kraftwerke</em>) annonce qu’elle veut importer un réacteur nucléaire américain. Leur objectif est de lancer une centrale nucléaire à Beznau dès 1969. Pas le temps donc d’attendre le développement d’un réacteur suisse. La même année, c’est au tour de BKW d’annoncer la construction de Mühleberg avec du matériel américain, suivi d’Eletro-Watt pour une centrale à Leibstadt et de Motor-Columbus, à Kaieraugst. L’espoir de développer une industrie lucrative «made in Suisse» pour les besoins intérieurs et pour l’exportation est alors anéanti. Coup de grâce pour le projet de Lucens en 1967: Georg Sulzer et son entreprise annoncent quitter les activités de développement de réacteurs en Suisse.</p><h3>Une licence d’exploitation malgré de graves défauts</h3><p>Avec la sortie de Sulzer, la fin du développement du réacteur suisse est certaine. La centrale nucléaire expérimentale du petit bourg vaudois devient ainsi le symbole national du rêve nucléaire. L’entreprise Energie de l’Ouest Suisse (EOS) propose alors d’exploiter la centrale pendant encore deux ans, jusqu’à ce que la première livraison de combustible d’uranium soit épuisée: après quoi, le réacteur doit être arrêté.</p><p>C’est ainsi que la première énergie atomique de Suisse est produite à Lucens le 29 janvier 1968. Le 10 mai, la centrale nucléaire est aux mains d’EOS. Et après une phase d’exploitation de trois mois, le réacteur est mis à l’arrêt pour révision: les joints du ventilateur de refroidissement qui font circuler le dioxyde de carbone dans le circuit primaire ne sont plus fiables. De l’eau d’étanchéité pénètre en conséquence dans le circuit primaire. Cela ne gêne pourtant pas la Confédération d’accorder la licence d’exploitation définitive à la centrale, fin décembre 1968. </p><p>Pourtant, lors de la remise en service du réacteur, la rouille – provoquée par l’eau dans les tuyaux de tubage des barres de combustible d’uranium – entrave la libre circulation du dioxyde de carbone et donc empêche le refroidissement du réacteur. </p><h3>Explosion et fusion du cœur du réacteur de Lucens</h3><p>Le 21 janvier 1969, le réacteur est néanmoins remis en marche à 4 heures du matin. Et à 17h15, les sirènes d’alerte sont déclenchées. Peu de temps après, on entend une explosion au cœur de la montagne, venant de la salle de contrôle, suivie de la fusion du cœur du réacteur. La barre d’uranium n° 59 à l’intérieur du système se met à surchauffer puis à brûler. Le processus de fusion affecte alors également les barres de combustibles adjacentes. </p><p>Enfin, le réacteur explose et les matières radioactives, environ 1'100 tonnes d’eau lourde, d’uranium-magnésium fondu et de gaz de refroidissement radioactifs, sont projetées à travers la caverne de la centrale. Le mur de 60 centimètres d’épaisseur en aluminium, asphalte et béton qui constitue l’enceinte de confinement est emporté par le souffle de l’explosion. Des gaz radioactifs s’échappent des fissures du souterrain. Le directeur de la centrale, Jean-Paul Buclin, dira plus tard: «La radioactivité venue du réacteur s’est répandue de manière inattendue dans plusieurs autres secteurs, dont la salle de contrôle.»<sup>3</sup></p><h3>Juste après l’accident maximal hypothétique </h3><p>Après l’explosion, l’augmentation potentielle de la radioactivité suscite les pires des craintes, menant la Commission fédérale pour la surveillance de la radioactivité à être informée. Deux agents de radioprotection sont alors mandatés pour parcourir la région toute la nuit afin d’enregistrer les différents taux de radioactivité. Les résultats restent très faibles. La centrale elle-même est contaminée, mais le système de sécurité a fonctionné, préservant l’environnement extérieur. La population n’est donc pas touchée.</p><p>Lors de la cérémonie de création de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) en avril 2009, Moritz Leuenberger, alors conseiller fédéral socialiste et ministre de l’Énergie avait déclaré: «En 1969, la Suisse est tout juste passée à côté d’une catastrophe (…) A l’époque, l’annonce officielle n’avait mentionné qu’un “incident”. Aujourd’hui, Lucens se trouve à la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_nucl%C3%A9aires">20e place internationale des pannes de réacteurs les plus graves</a>. 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C’est ainsi que le réacteur à eau lourde prévu à Lucens devait également être utilisé pour la production de plutonium et donc pour la fabrication d’armes nucléaires.</p><p>Ce n’est d’ailleurs que progressivement que l’industrie nucléaire s’est libérée de la dépendance de ses intérêts militaires initiaux. Dans l’euphorie de l’ère nucléaire, la sécurité des centrales ne suscitait pratiquement aucune inquiétude. Pourtant, le 21 janvier 1969, la Suisse a échappé de justesse à une catastrophe. Par la suite, les autorités ont tenté de camoufler l’«incident» et de le banaliser. Après cet événement, les liens entre Etat, science et industrie ont continué d’exister et, dans certains cas, continuent d’influencer notre quotidien.</p><p></p><hr><p></p><h4><sup>1</sup> Tobias Wildi, <em>Der Traum vom eigenen Reaktor. Die schweizerische Atomtechnologieentwicklung</em> 1945–1969, Zürich, Chronos, 2003. pp. 72 et 75.</h4><h4><sup>2</sup> Otto Lüscher, <em>Die Schweizer Reaktorlinie, in: Schweizerische Gesellschaft der Kernfachleute (Hrsg.): Geschichte der Kerntechnik in der Schweiz. Die ersten 30 Jahre 1939 –1969</em>, Oberbözberg: Olynthus, 1992. S. 124 ff. </h4><h4><sup>3</sup> Alexander Mazzara, <em>Der atomare Traum. 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Je l’ai tout de suite trouvé à mon goût mais je n’étais pas là pour ça. Nous nous étions donnés rendez-vous dans un tea-room du centre-ville, j’avais pris avec moi l’ordinateur portable de Pierre. Pierre qui prétendait être parti en séminaire professionnel à Zurich mais, je l’avais découvert sans peine, se trouvait en fait à Tolochenaz où avait lieu une rencontre avec un guru de la déconstruction masculine: «De viril à viriel».</p> <p>- Vous avez donc des doutes concernant votre mari? Expliquez-moi ce qui vous inquiète...</p> <p>Ce vouvoiement a sonné très agréablement à mes oreilles. Avec son col roulé, son blaser et sa coupe de cheveux tout à la fois stricte et décontractée, Emmanuel me fit me rendre compte qu’autour de moi, les hommes avaient depuis longtemps renoncé à leur élégance, privilégiant des tenues décontractées ne mettant plus du tout leurs atouts masculins en valeur.</p> <p>Oui, je dois l’avouer, à moi aussi les jeunes réactionnaires faisaient de l’effet. 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Pierre est déjà très perverti. Vous l’avez remarqué, dans ses messages il emploie l’écriture inclusive avec aisance. C’est la preuve que le mal a déjà atteint des couches profondes de sa conscience. De plus, il remet systématiquement en question les bienfaits de la civilisation occidentale dans le monde. Il milite pour la restitution des antiquités découvertes chez les peuples non-civilisés, il a participé au souillage de la statue de David de Pury à Neuchâtel, sous prétexte que celui-ci a participé à la traite d’esclaves…</p> <p>- Oui, je sais, c’est horrible. Tout ça alors que je le croyais occupé avec des clients. Les comptes de notre agence de communication sont dans le rouge. Cela fait des mois que Pierre ne prospecte plus de nouveaux clients et qu'il refuse les commandes au prétexte que la publicité est une aliénation capitalisto-patriarcale.</p> <p>- Et ça, Catherine, c’est très grave! S’attaquer à l’économie, c’est s’attaquer à nos valeurs premières. </p> <p>- Que faire? Mon Dieu, que faire?</p> <p>-Noël arrive, et je vois là une bonne occasion pour tenter quelque chose qui pourrait faire revenir votre mari à la raison. Il s’agit d’une thérapie de choc que je n’ai encore jamais utilisée mais que des camarades anti-wokes ont mise au point. Me faites-vous confiance, Catherine?</p> <p>Oui, bien sûr que je lui fais confiance à ce preux chevalier, à ce Lancelot des temps modernes, à ce nouveau croisé de la civilisation chrétienne. Même si, je le sais, ce qui va se passer à Noël chez nous va être excessivement éprouvant, et pas seulement pour Pierre…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="133" height="184" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /> et de <br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="130" height="175" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a> </h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-2', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 19, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p> <p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. Pierre a rétorqué que pour rester vivantes les langues devaient changer, que les normes les étouffaient, que les règles orthographiques avaient été inventées pour empêcher les pauvres d’accéder aux études. «Etes-vous allés récemment au cinéma?» ai-je incidemment demandé à Mireille?</p> <p>Le lendemain, elle m’a appelée. «Avec Serge, on se demande si Pierre n’est pas en train devenir woke…» Mon sang s’est figé dans mes veines, une sourde angoisse est montée de mon estomac jusque dans ma gorge. «Non, non… Vous vous trompez… Vous avez bien vu, il continue de manger de la viande», ai-je rassuré Mireille. Mais le doute s’était instillé en moi, je me suis mise à mieux observer Pierre et, pour la première fois, j’ai fouillé dans ses poches et ses agendas, même dans son ordinateur. Ce que j’ai découvert est effrayant…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 39, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5284, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique', 'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. 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Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. 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C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 43, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. L'UE et les Etats membres de l'UE financent les 20 % restants.</p> <p>Avec un budget annuel de 20 millions d'euros et plus de 150 journalistes sur tous les continents, l'<a href="https://www.occrp.org/en">OCCRP</a> − en partie en collaboration avec le <a href="https://www.icij.org/">Réseau international des journalistes d'investigation</a> ICIJ − a lancé les plus grands projets internationaux de journalisme d'investigation de ces dernières années. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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