Actuel / Les semenciers bio, un enjeu de durabilité et d’indépendance nationale
© Joshua Lanzarini Via Unsplash
Crise alimentaire, crise sanitaire, crise écologique ou simplement envie d’apporter un peu de biodiversité et de nature autour de chez soi, le nombre de «mains vertes» se sont multipliées ces dernières années en Suisse, ainsi qu’en Occident de manière générale. L’envie de pouvoir produire une partie plus ou moins grande de son alimentation en respectant au mieux la biodiversité est une tendance de plus en plus implantée dans la population et plusieurs petites entreprises ont su en tirer parti. C’est le cas notamment de Zollinger Semences Bio, mais aussi Sativa, Semences de Pays ou Le Grainier SARL.
Par Nicolas Depraz, diplômé en géographie et animateur à Radio Libre, partenaire de Bon Pour La Tête.
Basée dans le chablais valaisan, Zollinger Semences Bio est une petite entreprise familiale dont la taille a presque triplé depuis la reprise de l’activité par les enfants du couple fondateur. Pour se rendre compte du phénomène, il suffisait simplement de se rendre au marché aux plantons organisé par le semencier dans ses serres entre le 11 et le 15 mai dernier. Des retraités, des jeunes urbains, des mères de famille, des actifs, propriétaires ou locataires, toutes les catégories de la population étaient représentées dans cette dynamique, qui touche toutes les couches de la population ou presque.
Si l’aspect «jardinage, bien-être et loisirs» de cette entreprise est facilement identifiable, elle n’en reste pas moins un actif stratégique de «haute technologie» pour la Suisse. Pourquoi de «haute technologie»? Tout simplement car Zollinger, comme d’autres semenciers bio, travaille en partenariat avec la banque de gènes nationale et l’Office fédéral de l’agriculture afin de conserver la biodiversité des plantes cultivées, développée depuis des centaines, voire des milliers d’années dans nos régions. «Un pilier très important de notre entreprise, c’est la très étroite collaboration avec la banque de gènes fédérale et l’office fédéral de l’agriculture. Quand on pense biodiversité, on pense souvent aux étangs, aux oiseaux et on oublie souvent que les plantes cultivées font également partie de cette biodiversité. C’est un patrimoine qui a été élaboré sur des générations, qui est très précieux et qui vaut la peine d’être sauvegardé», souligne Tulipan Zollinger, à la tête de l’entreprise familiale. «Si, par exemple, un nouveau pathogène arrive, une nouvelle "maladie de plantes", il se peut qu’une de nos anciennes variétés qui est stockée dans la banque de gènes, ait une résistance. C’est comme un back-up, une sauvegarde qui permet de revenir en arrière», complète le jeune chef d’entreprise.
Innover pour la biodiversité
Adaptation des cultures à des conditions climatiques de plus en plus extrêmes, conservation de variétés anciennes ou menacées, sélection des espèces les plus résistantes ou productives, le métier de semencier requiert un véritable savoir-faire technologique qui permet à notre biodiversité d’être préservée et de «s’armer» contre ses nombreuses menaces. Les machines «high-tech» qu’ils utilisent dans leurs entrepôts démontrent d’ailleurs qu’ils savent utiliser les innovations matérielles au profit de leur activité. Zollinger ne sont d’ailleurs pas les seuls dans ce secteur d’activité en Suisse. Sativa, Semences de Pays, Le Grainier SARL ou encore des coopératives paysannes, de plus en plus de semenciers bio proposent des semences bio sur tout le territoire.
Si leur clientèle est en majorité composée de particuliers, un nombre croissant de maraîchers professionnels ou permaculteurs choisissent de se fournir chez ce type d’acteurs, notamment grâce à la variété de leurs catalogues qui compte des centaines variétés de plantes cultivables ainsi que de nombreuses spécialités. Selon Tulipan Zollinger, les maraîchers représentent actuellement 5 à 7% du chiffre d’affaires de son entreprise.
La menace de la privatisation des semences
Récemment, le directeur général de Syngenta, Erik Fyrwald, a fait polémique en appelant à abandonner l’agriculture biologique afin de lutter contre la future pénurie alimentaire qui se dessine à la faveur des crises climatiques, écologiques, économiques, sanitaires et de la guerre en Ukraine, grand producteur et exportateur de céréales. Si Tulipan Zollinger comprend pourquoi le patron de ce géant de la chimie et de l’agroalimentaire tient ce genre de discours, il rappelle que dans beaucoup de cas, on observe peu de différences de rendements entre l’agriculture conventionnelle et son pendant biologique. Il ajoute cependant: «A long terme, le lessivage et l’épuisement des sols par les méthodes d’agriculture conventionnelle fait peser un vrai risque sur nos capacités de production et d’approvisionnement alimentaire.»
Car depuis des années, une des grandes menaces qui plane sur la production alimentaire, c’est la privatisation des semences, donc du vivant, par des grandes entreprises de la chimie et de l’agroalimentaire telle que Syngenta par exemple. Pourquoi? Parce que le manque de diversité génétique, couplé à une situation de quasi-monopole dans laquelle sont coincés les agriculteurs ralenti considérablement l’innovation et la résilience dans l’agroalimentaire. Exemple: si une variété de maïs transgénique nécessite certains produits pour pousser et produire correctement, l’agriculteur se retrouve abonné de fait aux services proposés par le semencier agro-industriel. Et il suffit que cette variété se trouve être sensible à une nouvelle pathologie ou un nouveau ravageur pour que toute la monoculture soit mise en danger sans possibles alternatives pour le producteur. La réduction de la variété génétique (donc de la biodiversité) de certaines espèces structurantes pour notre alimentation fait courir des vrais risques de production et d’approvisionnement à court, moyen et long terme à nos sociétés. Et c’est en ce sens que l’agriculture biologique, approvisionnée en graines en partie par les petits semenciers bio et locaux, représente une solution à de nombres de ces problématiques, surtout que depuis quelques années, il ne se limite plus à la production de semences strictes.
Dépendance aux importations de semences
En effet, l’innovation ne cesse jamais dans le secteur des semenciers pour valoriser au mieux leur production. Si la majorité de l’activité des entreprises est tournée vers la production de graines, ils cherchent maintenant à valoriser, sous différentes formes, leurs «déchets» à savoir les plantes qui servent à produire les semences. Zollinger, par exemple, a développé une marque de cosmétiques bio, soit un bel exemple d’économie circulaire en interne mais aussi une collaboration mutuellement profitable avec des chercheurs et laboratoires. Néanmoins, il est à noter qu’aujourd’hui, la Suisse est encore très dépendante de ses importations de semences pour couvrir les besoins de son agriculture, encore très majoritairement conventionnelle et qu’en période d’incertitude comme nous le vivons aujourd’hui, c’est un point sensible qui rend d’autant plus stratégique le développement d’alternatives à la fois locales, rentables et naturelles, donc résilientes.
Pour en savoir plus sur ce type d’activités et d’entreprises, le podcast «Durabilité : et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?» dédié à Zollinger est disponible en libre écoute sur Radio Libre.
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Quand il est question d’hydrogène comme vecteur énergétique, nous parlons de dihydrogène (H<sub>2</sub>), sous forme de gaz. S’il existe quelques poches d’hydrogène dans la nature, la grande majorité de l’hydrogène consommé sur Terre est créé par des processus industriels, plus ou moins polluants selon les méthodes. Ce qui nous intéresse dans le cadre de cet article et du futur énergétique de la Suisse et potentiellement du monde, c’est ce qu’on appelle l’hydrogène «vert», qui est produit à partir de l’électrolyse de l’eau, procédé qui demande une grande quantité d’électricité. Si cette électrolyse est effectuée avec de l’électricité décarbonée (énergies renouvelables intermittentes, nucléaire ou hydroélectricité par exemple), nous pouvons parler d’hydrogène décarboné ou «vert». A l’heure actuelle, ce type d’hydrogène représente moins de 5% de la production mondiale, car cette technique est encore beaucoup plus coûteuse que le reformatage du gaz naturel, qui reste la méthode la plus commune et rentable pour produire de l’hydrogène actuellement<strong><sup>1</sup></strong>.</p> <p>A quoi pourrait servir l’hydrogène dans notre approvisionnement énergétique? L’hydrogène peut, dans l’absolu, être utilisé en remplacement du gaz naturel et être utile dans de nombreux domaines industriels, que ce soit comme matière première ou vecteur d’énergie<strong><sup>2</sup></strong>. Mais c’est son utilisation comme carburant qui nous intéresse le plus. En effet, si pour la petite mobilité individuelle (vélo électrique, moto, petite voiture citadine), les batteries représentent une solution envisageable à large échelle, ce n’est pas le cas pour la mobilité «lourde» comme les camionnettes, les camions et les grosses voitures (Cf. <a href="https://bonpourlatete.com/analyse/pourquoi-la-voiture-electrique-est-une-absurdite-ecologique" target="_blank" rel="noopener">mon article du 21 octobre 2022</a> sur la voiture électrique). L’énergie hydrogène pourrait être très utile pour remplacer le diesel pour ce type de transport, notamment dans les pays qui ne possèdent pas de source d’hydrocarbures, comme la Suisse par exemple. L’hydrogène comme carburant n’émet que de la vapeur d’eau et représente donc un carburant totalement écologique, pour autant qu’il soit produit avec des énergies décarbonées. En Suisse, l’entreprise de grande distribution Migros devrait lancer cette année ses premiers projets tests de <a href="https://corporate.migros.ch/fr/Magazine/2020/camions-hydrogene.html" target="_blank" rel="noopener">camions de livraison électriques propulsés à l’aide d’hydrogène</a> (l’hydrogène génère de l’électricité qui est utilisée par le moteur du véhicule pour fonctionner).</p> <p>Autre point intéressant: la généralisation de l’utilisation de l’hydrogène permettrait de stocker les excès des installations électriques intermittentes comme le solaire ou l’éolien par exemple. En effet, nous avons besoin de beaucoup moins d’énergie en été par rapport à l’hiver, or c’est en cette saison que nos panneaux solaires produisent le plus. Comme l’électricité ne se stocke pas ou très mal, il est intéressant d’avoir la possibilité de la transformer en hydrogène pour l'utiliser à un autre moment.</p> <p>Cependant, la démocratisation de l’hydrogène dans notre mix énergétique est limitée par plusieurs problèmes techniques et économiques. Premièrement, il y a la problématique du stockage. En effet, l’hydrogène étant le gaz le plus léger de l’univers, il faut soit le liquéfier, soit le mettre sous très haute pression pour pouvoir le distribuer, le transporter et l’entreposer correctement. Tous ces processus sont très énergivores, et donc peu idéaux en période de frugalité énergétique. L’hydrogène est également un gaz très inflammable et présente de gros risques dans le domaine de la mobilité où les accidents peuvent être fréquents. Enfin, il y a la question du rendement. En effet, nous l’avons dit plus haut, pour produire de l’hydrogène vert, il faut transformer de l’énergie renouvelable (ou décarbonée) en gaz (dihydrogène) via l’électrolyse de l’eau, pour ensuite le restituer sous forme d’énergie lors de l’utilisation. Toutes ces transformations et ces étapes provoquent des pertes et certaines institutions, comme l’agence de la transition écologique en France, <a href="https://www.connaissancedesenergies.org/rendement-de-la-chaine-hydrogene-cas-du-power-h2-power-220218" target="_blank" rel="noopener">estiment ces dernières à plus de 70%!</a> Difficile d’être rentable via ce mode de production à l’heure actuelle, à moins que le nucléaire de 4ème génération ou la fusion ne débarquent rapidement dans notre mix énergétique, ce qui semble peu probable.</p> <p>Pour résoudre ces problèmes et limitations autour de l’hydrogène, de nombreux programmes ont été lancés dans le monde et les investissements augmentent à la faveur de la répétition des crises énergétiques et climatiques. Plusieurs entreprises essaient de démocratiser leur solution sur le marché de l’énergie. L’un des projets les plus avancés et prometteurs en Suisse se trouve au bord du lac Léman, siège de la start-up Neology. L’idée de cette jeune entreprise est de conserver l’hydrogène sous forme d’ammoniac (NH<sub>3</sub>), ce qui est beaucoup plus sûr et économique pour le stockage, le transport, etc., et de le «craquer» pour le transformer en hydrogène au moment de l’utilisation, dans un moteur par exemple. Si cette solution vous intéresse, vous pouvez écouter sur Radiolibre.ch l’épisode de mon podcast «Durabilité: et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?» consacré à l’hydrogène comme vecteur énergétique, avec comme invité Aris Maroonian, fondateur de la start-up Neology, <a href="https://radiolibre.ch/podcast/la-revolution-hydrogene-dans-lenergie-aris-maroonian-neology/" target="_blank" rel="noopener">via ce lien</a>.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Article sur l’hydrogène dans la transition énergétique sur <a href="https://blog.romande-energie.ch/fr/comprendre-l-energie/152-hydrogene-transition-energetique" target="_blank" rel="noopener">le blog de romande énergie.</a></h4> <h4><sup>2</sup>«Hydrogène, le nouveau pétrole», Thierry Lepercq, Editions du Cherche-Midi, 2019.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-limites-et-possibilites-de-l-hydrogene-comme-vecteur-d-energie', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 566, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 13318, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4019, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => '«Avatar 2», un film hors du temps', 'subtitle' => 'Treize ans après le succès historique du premier opus, la licence Avatar revient sur le grand écran avec «Avatar, la voie de l’eau» sorti le 14 décembre dernier au cinéma. S’il est encore un peu tôt pour dire si cette suite dépassera les sommets atteints par l’original au niveau commercial, nous pouvons d’ores et déjà dire que c’est un film hors du temps, que ce soit au niveau de sa conception, de sa durée et du contexte hollywoodien actuel. Explications. ', 'subtitle_edition' => 'Treize ans après le succès historique du premier opus, la licence Avatar revient sur le grand écran avec «Avatar, la voie de l’eau» sorti le 14 décembre dernier au cinéma. S’il est encore un peu tôt pour dire si cette suite dépassera les sommets atteints par l’original au niveau commercial, nous pouvons d’ores et déjà dire que c’est un film hors du temps, que ce soit au niveau de sa conception, de sa durée et du contexte hollywoodien actuel. Explications. ', 'content' => '<p>Treize ans, voilà le temps qui séparent les deux premiers films <em>Avatar</em>, soit une éternité pour les fans les plus assidus de la franchise crée par le réalisateur à succès canadien, James Cameron (<em>Titanic</em>, <em>Terminator</em>, <em>Aliens</em>). Aucune production cinématographique grand public n’avait suscité une aussi longue attente depuis <em>Star Wars</em>, puisqu’il y a 16 ans entre la fin de la trilogie originale (1983) et le premier épisode de la «prélogie» (1999). Et les attentes étaient grandes puisque James Cameron avait annoncé très tôt son souhait de produire de nombreuses suites à <em>Avatar</em> après le succès gigantesque de ce dernier dans les salles obscures en 2009. Après de nombreux reports et des effets d’annonces pour le moins chaotiques, la série des quatre suites d’<em>Avatar</em> est enfin lancée et devrait se poursuivre jusqu’en 2028 si tout va bien, à coup d’une sortie tous les deux ans. Si le succès semble pour le moment être au rendez-vous pour cette suite, il est rare aujourd’hui qu’un réalisateur ou producteur de cinéma puisse se permettre de prendre autant de temps dans la conception d’un film. A l’heure de la production et consommation en masse de séries et franchises cinématographiques (Marvel, DC, Star Wars, etc.) et de la compétition acharnée entre les plateformes pour le temps de cerveau disponible des spectateurs, voir un réalisateur prendre plus d’une décennie pour travailler son histoire, ses personnages et améliorer les technologies cinématographiques à disposition (car <em>Avatar 1</em> et <em>2</em> sont avant tout des prouesses technologiques) est une sorte d’OVNI dans le paysage Hollywoodien actuel. A vrai dire, seuls deux ou trois réalisateurs sont capables aujourd’hui de s’offrir un tel luxe en terme de temporalité à Hollywood et James Cameron en fait partie. Il aurait été aisé de céder à la facilité en produisant des suites à la pelle dans un univers si étendu qu’est celui d’Avatar et de surfer immédiatement sur le succès générationnel du premier film, mais une autre direction a été choisie et qui démontre que cela est possible (même si ce n’est pas donné à tout le monde évidemment).</p> <h3>Un film de 3h12</h3> <p>Mais si <em>Avatar, la voie de l’eau</em> est un projet hors du temps, ce n’est pas seulement de par sa conception, c’est aussi dans son contenu. Pour commencer, le film dure 3h12 et prend son temps pour présenter ses nouveaux personnages et le nouvel environnement dans lequel vont évoluer les protagonistes. Si quelques passages au début et à la fin du film sont plus rapidement expédiés (car il a fallu faire des choix au montage on l’imagine), ce film prends un temps d’exposition très rare pour une super production hollywoodienne moderne. Plus marquant encore, James Cameron assume les positions prises dans le premier film en allant encore plus loin dans son message écologiste, «animaliste», anticolonialiste et anticapitaliste consumériste sans limite. Pourtant, le monde culturel occidental n’est plus le même depuis 2009, au sein duquel les discours aseptisés et lisses sont devenus la norme. Si certains messages sont assénés parfois avec un manque de subtilité évidents, comme par exemple la dénonciation de la chasse à la baleine, Cameron a le mérite d’assumer ses convictions. Plus étonnants encore, <em>Avatar</em> échappe, pour l’instant encore, aux ravages de l’idéologie woke, très en vogue actuellement à Hollywood, en témoigne les scandales entourant la série <em>Les Anneaux de pouvoir</em> sortie en 2022 sur la plateforme Amazon Prime. 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Comment ce sentiment négatif, ce trouble psychologique, s’implante-t-il toujours plus solidement?', 'content' => '<p>Pour commencer, il est important de faire une précision: en l'état actuel des connaissances de la médecine et de la psychiatrie, l’éco-anxiété <a href="https://presse.inserm.fr/leco-anxiete-une-maladie-mentale-vraiment-2/44466/">n’est pas reconnue</a> comme une maladie. Cela signifie qu’il y a bien une construction sociale ou un quelconque phénomène de déconstruction ou de perturbation dans la société expliquant le développement de ce trouble mental. D’après les dernières recherches et statistiques effectuées dans le monde occidental, l’éco-anxiété touche particulièrement les jeunes, même si les chiffres exacts sont difficiles à estimer, tant le phénomène est structurel, social et diffus dans la population. 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L’éco-anxiété est donc un phénomène construit, produit de son époque et qui fait des ravages psychologiques dans une partie de la population occidentale avec des symptômes qui vont de la dépression à la paralysie sociale, en passant par la colère, la révolte ou le fait de se priver d’avoir des enfants, non pas par envie personnelle, mais par crainte de l’avenir et sentiment de ne pas pouvoir transmettre un monde meilleur à ses descendants.</p> <p>Ce phénomène est aujourd’hui devenu un véritable enjeu de santé publique et surtout de société, tant il peut peser sur tous les aspects de la vie courante (carrière professionnelle, vie de famille, espérances et projets d’avenir, etc.) Si l'inquiétude quant à la qualité de notre environnement pour les années à venir peut servir de multiplicateur motivationnel pour les citoyens sensibles à cette problématique, elle peut aussi servir le contrôle social de la population dans une période de crises systémiques et de troubles sociaux économiques. 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Et si les Russes paient également un lourd tribut en termes de vies humaines et d’infrastructures, il apparaît que l’une des principales victimes collatérales de ce conflit et des sanctions prises contre la Russie, c’est le tissu industriel européen. Pourquoi?</p> <p>Pour bien comprendre, il faut décortiquer le succès économique et industriel allemand depuis deux décennies. L’Allemagne est la première économie de la zone euro et surtout la principale dans le secteur industriel. Elle dégage historiquement un bénéfice très élevé sur ses exportations (automobiles, machines-outils, pièces détachées, produits chimiques). 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Il ne faut jamais oublier que les Etats-Unis sont <a href="https://www.amnesty.fr/controle-des-armes/actualites/2021-5-plus-gros-marchands-armes">les premiers producteurs d’armes</a> dans le monde (39% de parts de marché en 2021), secteur qui représente des centaines de milliers d’emplois sur le territoire américain. Lockheed Martin à lui seul représentait plus de 146’000 emplois en 2018. 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