Actuel / Les fautes d’orthographe sur les sites de vente en ligne: quels effets sur les consommateurs?
Recommandé? Pas vraiment. © Leenient/VisualHunt, CC BY-NC
Si les études commencent à se multiplier concernant l’impact des fautes d’orthographe en milieu professionnel, aucune d’entre elles n’avait pour l’instant questionné leur impact sur les attitudes des consommateurs en ligne. Une récente étude portant sur 2000 internautes vient d’être menée. Ses résultats sont surprenants.
Christelle Martin Lacroux, Université Grenoble Alpes et Brigitte Müller, Université de Toulon
L’effet des fautes sur les sites d’e-commerce
En 2017, les internautes ont réalisé en moyenne en France 33 transactions en ligne pour un montant global de 81,7 milliards d’euros sur l’un des quelques 200'000 sites marchands français. De très nombreuses recherches en marketing ont déjà étudié l’influence de l’atmosphère d’un site, de la musique ou encore de ses couleurs sur l’image perçue de la marque par les consommateurs.
Quelques rares études ont été publiées sur l’effet des fautes sur les sites de vente en ligne. Depuis les années 90, elles ont montré que les fautes d’orthographe constituent un réel obstacle à la confiance des visiteurs de sites Internet. Les fautes diminuent le score de crédibilité accordé aux sites, la qualité perçue de ces derniers mais également l’image perçue de l’auteur des fautes. Même lorsque les fautes incombent à d’autres internautes (par exemple via les avis déposés par les clients), les effets pour l’entreprise sont lourds de conséquences: les commentaires comportant des fautes de grammaire et d’orthographe réduisent les intentions de réserver des visiteurs sur les sites d’hôtels et déprécient l’image de l’établissement. Plusieurs expériences ont également confirmé que la présence de fautes entraînait une diminution des montants que les internautes étaient disposés à dépenser sur des sites contenant des fautes.
De quelles fautes les études parlent-elles ?
Dans ces différentes recherches, il apparaît clairement que la définition même du terme «faute d’orthographe» ne fait pas l’unanimité. Dans certaines d’entre elles, les fautes typographiques (ou fautes de clavier ou encore fautes de frappe) sont considérées comme des fautes d’orthographe à part entière.
Pourtant, il ne s’agit que de fautes mécaniques (omission ou inversion de lettres) très différentes des fautes d’orthographe à proprement parler, c’est-à-dire des fautes lexicales ou d’usage (vert, vers, verre) ou grammaticales (accords, conjugaisons, homophones grammaticaux). Dans d’autres, seules les fautes grammaticales sont envisagées. Cette question de la définition du terme a pourtant toute son importance.
En effet, certaines études ont démontré un effet différencié des types de fautes sur les lecteurs. Par exemple, sur un CV, les fautes d’orthographe ont un effet négatif significativement supérieur aux fautes typographiques ou fautes de clavier sur le rejet d’une candidature.
Curieusement, alors que la question des effets délétères des fautes pendant le processus de recrutement a fait l’objet d’un nombre de recherches croissant, aucune ne s’est intéressée en France aux effets des fautes d’orthographe sur la perception de la marque et/ou de l’entreprise. Une récente étude vient de le faire.
Une expérimentation française à grande échelle…
Elle a été menée en France auprès de près de 2000 internautes représentatifs de la population. Deux types de fautes (d’orthographe et typographiques) ont été distillés sur des sites d’e-commerce pour évaluer leur effet en termes d’image et d’intentions d’achat notamment. Pour ce faire, deux sites Internet de vente en ligne ont été créés (l’un commercialisant des sacs et l’autre des ustensiles de cuisine) en 3 versions: une version sans fautes, une version avec des fautes typographiques, une autre avec des fautes d’orthographe (lexicales et grammaticales). Chacun des participants a été exposé aléatoirement à l’une des 3 versions d’un des deux sites. Il lui a été demandé de visiter les différentes pages avant de répondre à des questions d’évaluation concernant notamment son attitude vis-à-vis de la marque, sa confiance envers le site Internet, ses intentions d’achat ou encore le montant qu’il serait prêt à dépenser. Il devait ensuite laisser un commentaire global sur le site visité.
… Aux résultats très surprenants
Le résultat le plus surprenant de cette étude concerne le repérage des fautes par les internautes. En effet, les participants à l’étude ont uniquement repéré les fautes typographiques sur les sites. L’analyse des commentaires et des scores attribués démontre qu’ils n’ont pas détecté les fautes de grammaire ou d’usage, et ce même lorsqu’ils se déclarent par ailleurs bons en orthographe.
Si les internautes se déclarant bons en orthographe ont davantage utilisé le mot «fautes» dans leurs commentaires, c’est uniquement lorsqu’ils ont visité un site contenant des fautes de clavier. Ils n’ont pas utilisé ce mot en présence de fautes de grammaire ou d’usage pourtant basiques (ex: pluriel, accord, et/est).
Seules les fautes typographiques ont eu un effet significativement négatif sur l’attitude des répondants vis-à-vis de la marque et la confiance envers le site Internet. Les intentions d’achat des participants n’ont été quant à elles impactées négativement uniquement en cas de fautes typographiques… Les sites contenant des fautes d’orthographe ont obtenu des intentions d’achat semblables aux sites exempts de fautes.
En d’autres termes, les internautes n’ont pas repéré donc pas pénalisé les fautes d’orthographe (dépendant de leur niveau en compétence orthographique). En revanche ils ont repéré et pénalisé les fautes de frappe (qui sont quant à elles repérables quel que soit le niveau en orthographe des participants).
Quelques pistes d’explications
Ces résultats contredisent ceux d’études antérieures qui avaient démontré les effets négatifs des fautes d’orthographe sur le comportement des recruteurs étudiant des CV. Ils sont également en contradiction avec celles concluant aux conséquences négatives supérieures des fautes d’orthographe à celles des fautes de clavier.
Comment expliquer ces résultats ? D’abord, il se peut que les internautes ne se soient pas concentrés sur les erreurs d’orthographe en particulier, mais davantage sur l’évaluation globale du site marchand et qu’ils aient donc négligé cet aspect. Une étude très connue a mis en évidence la cécité d’inattention des individus. Durant une expérience portant sur une séquence vidéo, ces chercheurs ont démontré que lorsque l’attention d’un individu était entièrement mobilisée par l’exécution d’une tâche difficile (ex: compter des passes de ballon entre plusieurs personnes), ils pouvaient ne pas remarquer un événement sortant de l’ordinaire durant cette même séquence (l’apparition d’un gorille). Un participant sur deux n’a en effet pas remarqué ce gorille. Les chercheurs ont attribué ce résultat à la mobilisation entière de l’attention des sujets à exécuter une tâche difficile. Évaluer un site Internet pourrait dans ce cas être assimilé à une tâche difficile et du coup occulter la présence de fautes.
On peut aussi tout simplement invoquer le manque de compétences suffisantes des participants pour identifier les fautes d’orthographe.
Ainsi, cette étude pourrait apporter une preuve supplémentaire de la baisse du niveau des Français en orthographe et elle questionne en même temps la relation épidermique avec ce qu’ils pensent être de l’orthographe. En effet, les internautes exposés aux fautes de frappe ont eu des commentaires extrêmement durs à l’égard de ce qu’ils pensent être des fautes d’orthographe (ex: «Le site est plein de fautes d’orthographe c’est complètement rédhibitoire pour moi. Ça ne fait pas professionnel et ça ne met pas en confiance» ; «Beaucoup trop de fautes d’orthographe qui décrédibilisent totalement le site» ; «C’est inadmissible, cela donne vraiment une mauvaise image et cela ne me donne vraiment pas envie de consulter plus le site»). Cette étude propose une nouvelle illustration de la complexité du rapport des Français à l’orthographe: dans une récente enquête, les Français se déclarent choqués par les fautes (en particulier dans la presse écrite, où elles dérangent 57 % d’entre eux)… et pourtant, ils sont conscients de leurs lacunes puisque près d’un Français sur deux avoue commettre des fautes récurrentes (en particulier en conjugaison et en grammaire).
Christelle Martin Lacroux, Maître de conférences en sciences de gestion- Laboratoire CERAG- IUT2, Université Grenoble Alpes and Brigitte Müller, Maître de conférences en Sciences de gestion, Laboratoire Cergam, Université de Toulon
Cet article a été publié à l'origine sur le site The Conversation. Cliquez ici pour lire l'article original: «Les fautes d’orthographe sur les sites de vente en ligne : quels effets sur les consommateurs»
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Dans d’autres, seules les fautes grammaticales sont envisagées. Cette question de la définition du terme a pourtant toute son importance.</p> <p>En effet, certaines études ont démontré un effet différencié des types de fautes sur les lecteurs. Par exemple, sur un CV, les fautes d’orthographe ont un effet négatif significativement supérieur aux fautes typographiques ou fautes de clavier sur le rejet d’une candidature.</p> <p>Curieusement, alors que la question des effets délétères des fautes pendant le processus de recrutement a fait l’objet d’un nombre de recherches croissant, aucune ne s’est intéressée en France aux effets des fautes d’orthographe sur la perception de la marque et/ou de l’entreprise. Une récente étude vient de le faire.</p> <h2><br>Une expérimentation française à grande échelle…</h2> <p>Elle a été menée en France auprès de près de 2000 internautes représentatifs de la population. 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En revanche ils ont repéré et pénalisé les fautes de frappe (qui sont quant à elles repérables quel que soit le niveau en orthographe des participants).</p> <h2><br>Quelques pistes d’explications</h2> <p>Ces résultats contredisent ceux d’études antérieures qui avaient démontré les effets négatifs des fautes d’orthographe sur le comportement des <a href="https://theconversation.com/les-fautes-dorthographe-sur-le-cv-bien-plus-que-des-fautes-87696">recruteurs étudiant des CV</a>. Ils sont également en contradiction avec celles concluant aux conséquences négatives supérieures des fautes d’orthographe à celles des fautes de clavier.</p> <p>Comment expliquer ces résultats ? D’abord, il se peut que les internautes ne se soient pas concentrés sur les erreurs d’orthographe en particulier, mais davantage sur l’évaluation globale du site marchand et qu’ils aient donc négligé cet aspect. 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Cliquez ici pour lire l'article original: «<a href="https://theconversation.com/les-fautes-dorthographe-sur-les-sites-de-vente-en-ligne-quels-effets-sur-les-consommateurs-96521">Les fautes d’orthographe sur les sites de vente en ligne : quels effets sur les consommateurs</a>»</h4> ', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-fautes-d-orthographe-sur-les-sites-de-vente-en-ligne-quels-effets-sur-les-consommateurs', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 772, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1122, 'homepage_order' => (int) 1345, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Si les études commencent à se multiplier concernant l’impact des fautes d’orthographe en milieu professionnel, aucune d’entre elles n’avait pour l’instant questionné leur impact sur les attitudes des consommateurs en ligne. 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Une étude très connue a mis en évidence la <a href="http://www.dansimons.com/">cécité d’inattention des individus</a>. Durant une expérience portant sur une séquence vidéo, ces chercheurs ont démontré que lorsque l’attention d’un individu était entièrement mobilisée par l’exécution d’une tâche difficile (ex: compter des passes de ballon entre plusieurs personnes), ils pouvaient ne pas remarquer un événement sortant de l’ordinaire durant cette même séquence (l’apparition d’un gorille). Un participant sur deux n’a en effet pas remarqué ce gorille. Les chercheurs ont attribué ce résultat à la mobilisation entière de l’attention des sujets à exécuter une tâche difficile. Évaluer un site Internet pourrait dans ce cas être assimilé à une tâche difficile et du coup occulter la présence de fautes.</p> <p>On peut aussi tout simplement invoquer le manque de compétences suffisantes des participants pour identifier les fautes d’orthographe.</p> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96521/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1">Ainsi, cette étude pourrait apporter une preuve supplémentaire de la baisse du niveau des Français en orthographe et elle questionne en même temps la relation épidermique avec ce qu’ils pensent être de l’orthographe. En effet, les internautes exposés aux fautes de frappe ont eu des commentaires extrêmement durs à l’égard de ce qu’ils pensent être des fautes d’orthographe (ex: «Le site est plein de fautes d’orthographe c’est complètement rédhibitoire pour moi. Ça ne fait pas professionnel et ça ne met pas en confiance» ; «Beaucoup trop de fautes d’orthographe qui décrédibilisent totalement le site» ; «C’est inadmissible, cela donne vraiment une mauvaise image et cela ne me donne vraiment pas envie de consulter plus le site»). Cette étude propose une nouvelle illustration de la complexité du rapport des Français à l’orthographe: dans une récente enquête, les <a href="https://bit.ly/2yIDUwE">Français se déclarent choqués par les fautes</a> (en particulier dans la presse écrite, où elles dérangent 57 % d’entre eux)… et pourtant, ils sont conscients de leurs lacunes puisque près d’un Français sur deux avoue commettre des fautes récurrentes (en particulier en conjugaison et en grammaire).</p> <p><span><a href="https://theconversation.com/profiles/christelle-martin-lacroux-422312">Christelle Martin Lacroux</a>, Maître de conférences en sciences de gestion- Laboratoire CERAG- IUT2, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-2279">Université Grenoble Alpes</a></em> and <a href="https://theconversation.com/profiles/brigitte-muller-497418">Brigitte Müller</a>, Maître de conférences en Sciences de gestion, Laboratoire Cergam, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-toulon-2423">Université de Toulon</a></em></span></p><p></p><hr><p></p><h4>Cet article a été publié à l'origine sur le site <a href="http://theconversation.com">The Conversation</a>. Cliquez ici pour lire l'article original: «<a href="https://theconversation.com/les-fautes-dorthographe-sur-les-sites-de-vente-en-ligne-quels-effets-sur-les-consommateurs-96521">Les fautes d’orthographe sur les sites de vente en ligne : quels effets sur les consommateurs</a>»</h4> ', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-fautes-d-orthographe-sur-les-sites-de-vente-en-ligne-quels-effets-sur-les-consommateurs', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 772, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1122, 'homepage_order' => (int) 1345, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. 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Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. 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Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 20, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@JeanPaul80 08.07.2018 | 13h46
«Je vous propose de lire le journal 20 Minutes... Non seulement les articles sont souvent très mal écrits, utilisant des expressions empreintes de jeunisme et de vulgarité, mais ils ne respectent pas du tout la langue française, ce qui est tout de même assez grave pour une publication destinée au grand public. Quand reverrons-nous fleurir à nouveau en Romandie de vrais journalistes intéressants, sachant manier la langue et ses artifices et non-dépourvus d'humour ? »
@mariejohane 18.07.2018 | 16h51
«Bonjour, et les fautes d'orthographe dans certains articles de bon pour la tête, pas mal non plus. Particulièrement pour les accords des participes.
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