Actuel / «Le loup nous protège des avalanches»
La tourbière des Ponts-de-Martel (canton de Neuchâtel). © Gab01 - Wikimedia Commons
Juin 2023, pendant que la population réfléchit sur la transition énergétique, le Parlement fédéral discute de comment mieux préserver la biodiversité. Ce concept est difficile à saisir et c’est peut-être pour cette raison que les accords internationaux sur la biodiversité sont mal compris et vécus comme des ingérences. Nous en avons parlé avec Nicola Schönenberger, directeur des Conservatoire et Jardin botaniques de Genève.
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Qu’en pensez-vous?</strong></p> <p><strong>Nicola Schönenberger</strong>: Laissez-moi vous raconter une petite histoire. En 2017 les gardes-frontières de l’Engadine ont découvert un trafic de châles en shahtoosh entre l’Italie et la Suisse. La shahtoosh est une laine très prisée issue de la toison d’une antilope tibétaine. Vu qu’il faut tuer quatre antilopes pour faire un châle, leur commerce est interdit depuis 1979. La Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES) concerne actuellement pas moins de 40'000 espèces! L’interpellation des gardes-frontières en Engadine montre qu’une administration bien organisée arrive à faire respecter une convention aussi riche. Dans ce cas je ne vois donc pas un côté monstrueux, malgré la lourdeur administrative implicite. 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J’attire votre attention sur le fait que ses décisions sont vraiment contraignantes, car il s’agit d’accords portant sur le commerce, le droit d’exporter ou d’importer tel produit. Si un pays ne respecte par la convention il encourt des sanctions commerciales directes, comme cela a été le cas pour Madagascar. La Convention sur la diversité biologique est née après le sommet de Rio de 1992, dans les années du virage néolibéral. Ses décisions ne sont pas aussi contraignantes. Evidemment, si un pays ne respecte pas les accords, les autres pays peuvent essayer d’exercer une pression sur lui, mais c’est beaucoup plus compliqué et indirect que dans le cas de la CITES. A plus forte raison je ne vois pas non plus le côté monstrueux des décisions de la CDB, dénoncé par le parlementaire.</p> <p><strong>La décision de réserver 30% des surfaces mondiales à la biodiversité est-elle le résultat de discussions entre seuls experts?</strong><i></i></p> <p>Les experts sont bien sûr interpelés. J’ai moi-même participé aux travaux des trois dernières délégations suisses de la CITES, comme membre de l’autorité scientifique suisse. Mais le monde économique et les ONG sont également représentés. Ainsi, par exemple les fabricants d’instruments de musique sont présents lorsqu’il est question d’interdire l’exploitation de certaines essences de bois.</p> <p><strong>Les discussions portent donc sur la préservation de la diversité des espèces.</strong><i></i></p> <p>Pas seulement. Une difficulté majeure pour comprendre les enjeux liés à la biodiversité est qu’il ne suffit pas d’établir des listes d’espèces à protéger. Il faut aussi s’assurer qu’il y a un nombre suffisant d’individus pour chaque espèce. Cela pour garantir la diversité génétique, fondamentale pour permettre les adaptations nécessaires à la survie des espèces à l’état naturel, la diversité génétique étant le substrat de l’évolution et de l’adaptabilité des espèces. 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Il faut donc veiller à ce qu’elles ne disparaissent pas. Les grands prédateurs aussi ont un rôle fondamental dans notre écosystème. Une experte m’a relaté un jour un proverbe russe qui dit que là où marche le loup, pousse la forêt. J’adapterais ce proverbe à nos contrées en disant que le loup nous protège des avalanches: en chassant le gibier de montagne, le loup contribue à maintenir la végétation, qui en hiver évite les glissements de plaques de neige. On pourrait rétorquer que des chasseurs pourraient obtenir le même résultat, mais cela serait bien sûr quelque peu artificiel.</p> <p><strong>Avec l’exemple du loup on touche à la question des conflits d’objectifs: d’une part ceux de la préservation, et d’autre part ceux liés à l’activité économique.</strong><i></i></p> <p>C’est une question fondamentale et délicate. Nous n’avons par exemple pas encore trouvé le bon équilibre entre les intérêts des éleveurs de montagne et la nécessité de maintenir une population de loups sur notre territoire. Comme je l’ai indiqué, les conflits d’objectifs sont déjà pris en compte lors des négociations au niveau international. Il faut bien sûr affiner ces discussions au niveau national. Prenons un exemple concret. Pendant 30 ans on a discuté du rehaussement du barrage du Grimsel, à la suite de sa nécessaire rénovation. Le Parlement a finalement donné son feu vert à l’opération l’année passée. Le projet de rehaussement a été combattu par des organisations écologistes, car les eaux du lac étendu recouvriront des sites protégés, notamment une tourbière. 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Vu que les paysans dépendent de manière importante de paiements directs, certains les considèrent comme des sortes de fonctionnaires à leur service. Ainsi, si ces citadins pensent qu’il faut faire place au loup dans les montagnes au loin, les paysans n’ont qu’à s’exécuter. D’autres considèrent les paysans comme des paysagistes, ou pensent qu’ils sont carrément inutiles vu que la Suisse aurait les moyens d’acheter à l’étranger ce dont sa population a besoin. Ceux qui ne les connaissent pas peuvent avoir été surpris ou dérangés par les manifestations que les paysans ont organisées depuis le début de l’année.</p> <p>Lorsqu’ils ont commencé à manifester ils ont simplement retourné des panneaux à l’entrée de villages, pour dire que le monde marche sur la tête. Plus tard ils se sont réunis autour de feux avec leurs tracteurs, et ont explicité leur appel, leur SOS. Au dire des organisateurs les manifestations avaient pour objectif de rompre l’isolement, demander une plus grande reconnaissance, et rassembler afin de souder une profession traditionnellement morcelée, ainsi qu’établir un dialogue avec la population. Il s’est donc agi d’un appel pour attirer l’attention sur une situation ressentie comme difficile. Ce n’était pas une plainte, ni une demande de moyens. Cet appel quelque peu vague laisse transparaître un malaise profond, que les revendications plus précises, transmises au Conseil fédéral et à quatre détaillants, ne capturent pas complètement, même si elles ont été soutenues par 65'000 signatures récoltées en seulement 15 jours. L’appel demande une réflexion d’ensemble pour une refonte du système. Outre la reconnaissance pour le travail et les efforts accomplis, notamment pour l’environnement, les revendications portent sur les revenus, et dénoncent le poids du travail administratif. </p> <h3>Le système agroalimentaire suisse</h3> <p>De fait, même si les paysans ne représentent qu’environ 3% de la population active (soit environ 200'000 personnes), pour répondre à leurs inquiétudes il faut considérer le système agroalimentaire dans son ensemble. Le système suisse n’est pas très différent des autres systèmes agroalimentaires, par exemple européens. Dans ces systèmes aussi l’agriculture est très contrôlée par une réglementation serrée et des paiements nécessaires pour assurer la viabilité de la plupart des exploitations. Partout, le besoin d’avoir une approche de plus en plus soutenable en matière d'environnement est source de tensions. Malgré leur adhésion aux principes du libre marché, les pays exercent des contrôles aux douanes et pratiquent par exemple des tarifs préférentiels pour le gasoil agricole. Une caractéristique importante de notre système est le droit foncier rural, qui a jusqu’ici contribué à éviter une trop grande concentration des exploitations agricoles et à faire en sorte que les propriétaires des terres agricoles soient les agriculteurs eux-mêmes.</p> <p>On peut dire que le système suisse fonctionne convenablement, tout en exerçant une grande pression sur les paysans. Le système est efficace: la production agricole indigène couvre près de la moitié de le demande intérieure. Ceci est remarquable dans la mesure où la population suisse n’est pas obligée de consommer des produits nationaux, qui sont souvent plus chers que les produits étrangers. Rappelons que même avec le Plan Wahlen lancé pendant la Deuxième Guerre mondiale le taux d’auto-ravitaillement n’a pas dépassé 60%. De plus, le système est efficient: depuis les années 1960, la productivité du travail agricole a beaucoup augmenté et même davantage que dans d’autres secteurs de l’économie. Ainsi par exemple de nos jours dans une ferme certifiée bio la traite d’une centaine de vaches ne nécessite presqu’aucune intervention humaine, vu qu’elle peut être assurée par un robot. </p> <p>Il y a pourtant un revers à cette <i>success story</i>. Le taux de suicides est plus élevé dans le monde agricole, la solitude y est plus répandue, et les conditions de travail y sont très contraignantes. C’est un monde soumis à de nombreuses tensions. La réglementation changeante, les nombreux contrôles, les relations difficiles avec la grande distribution ajoutent de la pression à un travail déjà largement dépendant des conditions météorologiques et des aléas liés au vivant. Les difficultés ne sont pas les mêmes pour tout le monde, mais le système doit davantage ménager tous ses acteurs de base.</p> <h3>Demi-mesures et contre-feux</h3> <p>La politique et les organisations agricoles ont bien sûr réagi afin d’éviter une escalade des manifestations. Il fallait que les paysans se rangent. Le président de l’Union suisse des paysans s’est inquiété pour l’image des agriculteurs. Une conseillère d’Etat a donc promis de réduire d’un tiers la charge administrative pour les paysans de son canton. Dans un autre canton des aides pour les vignerons ont été décidées. Au niveau fédéral des gestes ont été faits pour les producteurs de lait, et le Conseiller fédéral Parmelin a reçu les paysans en colère. Par ailleurs, le secteur agricole a été préservé dans le cadre du récent accord de libre-échange signé avec l’Inde, et malgré que cela aille à l’encontre des engagements pris pour le réduire les émissions de CO<sub>2</sub>, le prix du gasoil agricole n’a pas été augmenté. Rien ne semble pourtant avoir bougé sur le front des marges de la grande distribution, qui restent très importantes et peu transparentes. En somme, le système actuel n’a pas été remis en question, en tout cas pas avec l’intérêt des paysans en tête. Il y a plutôt eu des tentatives de récupération politique de la grogne, et l’allumage de quelques contre-feux. Ainsi, les agrariens ont joué sur l’ambiguïté de leur appellation, et certains libéraux en ont profité pour proposer de libéraliser davantage la production agricole. Certains ont joué les paysans contre les écologistes, laissant croire que les déboires des premiers sont causés par des exigences exagérées des seconds. (Ces manœuvres ont été plus explicites au niveau de l’Union européenne.) Parmi les contre-feux on peut compter la publication d’un rapport du Conseil fédéral sur le revenu des familles paysannes, qui fait suite à une commande du Parlement datant de 2021. Le rapport se veut rassurant, et indique une évolution positive des revenus au cours de ces dernières années, bien qu’il y ait des situations très disparates. De manière analogue il y a eu ceux qui ont souligné que les paysans se sont rendus à leur rencontres nocturnes avec des tracteurs dernier cri, sous-entendant par là que les moyens ne doivent donc pas leur manquer…</p> <h3>Comment répondre à l'appel?</h3> <p>Il ne suffit pas de simplement essayer de préserver l’actuel en l’ajustant quelque peu. Il faut affronter les questions de fond. Les agriculteurs déplorent une perte de sens et de respect. Il se sentent incompris, bien que – comme cela a été rappelé lors des manifestations – derrière ce que nous avons dans notre assiette il y a toujours un paysan. La multiplication des initiatives populaires de ces dernières années – pour une eau potable propre, contre les pesticides de synthèse, sur l’élevage intensif, pour la biodiversité, etc. – pousse la population à mettre en question les pratiques paysannes, et à méconnaître les efforts fournis pour améliorer les conditions d’élevage, la qualité des produits, et la préservation de l’environnement. La consommation de produits transformés change les produits agricoles en matières premières. Vu qu’il suffit d’ajouter de l’eau à des flocons pour obtenir une purée de pommes de terre, où est le lait? Les habitudes alimentaires imposent des règles et standards toujours plus stricts, de la taille des côtes de bœuf à la forme des pommes. </p> <p>Il faudrait donc agir sur deux fronts. L’un est celui promu au niveau planétaire par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à savoir prendre en compte les coûts cachés de notre système agroalimentaire. Ceci permettrait en particulier de justifier clairement la nécessité de tenir compte de l’impact environnemental de l’agriculture. L’autre est celui du clivage ville-campagne, qui dans notre pays, où trois-quarts de la population vit dans des agglomérations urbaines, est particulièrement marqué. 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Mais c’est mal apprécier la situation, car une société ne fonctionne plus si sa population est malade.</p> <p>Actuellement, notre système d’assurance sociale se concentre, non plus sur le financement de soins, mais sur celui de prestations qui figurent dans un catalogue, et ceux qui détiennent les clés du catalogue n’ont pas intérêt à le faire évoluer ou accueillir d’autres prestataires dans le jeu. Le système est donc figé et le rôle de l’Etat malheureusement peu clair. La Confédération n’a pas de compétence générale en matière de santé, et n'est tentée d’intervenir que quand les autres acteurs ne s’entendent pas. Les Cantons, qui devraient en principe être souverains pour la gestion de leur système de santé, sont dans des rôles multiples: ils sont propriétaires d’hôpitaux, planificateurs, financeurs, et subventionneurs de primes, tout ceci dans un cadre LAMal fédéral auquel il ne peuvent déroger. 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Il faudrait inscrire dans la Constitution que la santé est une tâche publique et que l’Etat fédéral a une responsabilité en matière de santé. On ne peut pas uniquement prôner la responsabilité des individus et la liberté économique, comme c’est le cas actuellement. Seulement l’Etat peut espérer contrôler la teneur en sucre ou l’excès de graisses dans notre alimentation, de même que veiller sur la consommation de tabac et autres nuisibles pour la santé.</p> <p>La Confédération et les Cantons devraient aussi repenser la coordination de leurs actions, sans arriver pour autant à un pur fédéralisme d’exécution. La Confédération pourrait s’occuper de la planification hospitalière, des soins très spécialisés, de la convergence des systèmes d’information, ainsi que de la gestion des risques environnementaux comme la pollution. Les Cantons garderaient la main sur la prévention, l’accès aux soins, les soins de longue durée, et les dispositifs communautaires autour des médecins de famille.</p> <p>Dans mon livre je propose la tenue d’états généraux de la santé. Il faudrait que le Département fédéral de l’intérieur et la Conférence des directeurs de santé définissent ensemble une vision santé et une stratégie de réponse aux enjeux actuels du système de santé. L’initiative du Centre qui sera en votation le 9 juin propose bien que les Cantons et la Confédération discutent des coûts du système, mais sans dire la direction vers laquelle on veut aller. Il faudrait aussi plus de participation citoyenne. Pas de simples assemblées citoyennes hors-sol. Il faut éviter un exercice alibi et organiser un large débat, impulsé par les médias et les associations de consommateurs et de patients, qu’il faudrait financer. En parallèle, il faudrait créer une instance indépendante qui puisse disposer de toutes les données nécessaires pour informer le politique dans ses décisions. Pour terminer, il faudrait que les acteurs-clés du système et les parlementaires s’engagent à être force de proposition, et à être liés par une charte d’engagement. Nous devrions aussi changer notre imaginaire, en sortant par exemple de la toute-puissance de l’hôpital.</p> <p><strong>Qu’entendez-vous par toute-puissance de l’hôpital?</strong></p> <p>D’après mon expérience, pour la population et pour les administrations il y a l’hôpital et puis le reste. On le voit dans les batailles menées par les communes pour garder les hôpitaux sur leurs territoires. Ceci explique en partie le fait qu’il y a encore trop d’hospitalisations en Suisse. L’hôpital est important, mais ça devrait se jouer davantage dans la communauté, avec les soins à domicile, les EMS, la médecine de premier recours. 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Ce serait un vœu pieux de penser que sans une vision politique claire les acteurs-clés seraient capables de repenser le fonctionnement global du système, de réarticuler les besoins de promotion de santé et de soins, de réajuster les structures tarifaires au profit des généralistes et des soins infirmiers, et de revaloriser la Médecine humaniste. Surtout que cela va comporter la re-discussion de certains privilèges historiques. Réaliser un nouveau cadre légal pour la santé n’est pas étatiser. Mais la loi ne peut pas tout. Mon activité de médecin m’a enseigné la solidarité, le respect de l’humain, et la compassion. Il faut déconstruire le pouvoir médical tel qu’il s’est érigé et le ramener vers plus d’humilité. Il y a actuellement une perte de sens chez les professionnels. Les médecins et les soignants en général sont écartelés entre des contraintes administratives et le besoin de temps pour les soins. 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C’est ce qu’a fait la <em>NZZ</em> depuis trois mois, au cours desquels elle a consacré non moins d’une quarantaine d’articles à contrer l’initiative. Fin novembre 2023, elle annonce la couleur avec un article intitulé «La 13ème rente ne résout aucun problème de la prévoyance vieillesse». Début décembre, le quotidien zurichois rappelle que la 13ème rente est déjà versée au Liechtenstein, mais ne perd pas l’occasion de la comparer à un cadeau de Noël. 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L’échange s’ouvre avec une première dame qui se félicite de son achat d’un abonnement général de première classe, qu’elle a utilisé la veille pour faire l’aller-retour dans la journée au sud des Alpes pour déjeuner. Puis, une deuxième dame raconte qu’avec son mari, ils vont partir au Cap pour jouer au golf, et qu’ils étaient heureux d’avoir eux aussi un abonnement général de première classe, ce qui leur permet de ne pas devoir acheter de billets pour se rendre à l’aéroport. Ensuite, il est question de leurs voyages à Las Vegas et au Texas, et finalement de celui d’une amie qui, avec ses six sœurs, toutes octogénaires, part pour Strasbourg. Ce projet surprend le mari de la première dame, vu que l’amie ne peut compter que sur une rente AVS. Sa femme profite de cette remarque pour inviter ses trois compagnons de voyage à soutenir AVS13. Fin de cette scénette, dont le message semble être que l’objectif de AVS13 est de permettre aux riches seniors de voyager.</p> <p>On dirait que la <em>NZZ</em> a fait sien l’adage que la fin justifie les moyens. <b></b>(Notons, en passant, que celui qui raconte l’histoire voyageait aussi en première classe.) La pluie d’articles se poursuit avec deux fois la dénonciation du «mythe des retraités pauvres», mais aussi la mise au jour de «l’inconfortable secret de l’AVS», à savoir que l’on touche plus que ce que l’on verse, tout en se persuadant de l’avoir entièrement mérité. De surcroît, AVS13 serait carrément une remise en question du modèle de la réussite de la Suisse. C’est sûr, est-il dit, AVS13 va obliger à augmenter l’âge de la retraite. Ce n’est que du rafistolage, et le financement de l’AVS doit préoccuper. 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Aux Etats-Unis il est courant que lors d’élections les rédactions s’expriment ouvertement en faveur de tel ou tel candidat, mais celles-ci le font dans un espace séparé de celui consacré à l’information.</p> <p>La <em>NZZ</em> occupe une place à part dans le panorama médiatique suisse, on sait qu’elle est proche du parti libéral, mais il est difficile de comprendre pourquoi elle a ressenti le besoin de prendre ainsi parti. Les opposants à AVS13 ont les moyens de se faire entendre autrement, et contrairement à ce que l’on veut faire croire, AVS13 n’est pas soutenue que par les partis de gauche. En effet, de nombreux adhérents à des organisations qui s’y opposent, comme l’UDC ou l’Union suisse des paysans, voteront pour AVS13. La <em>NZZ</em> se sent le devoir d’affirmer une identité idéologique. Nous l’avons mis en évidence au sujet de AVS13, d’autres ont observé dans ses pages une dérive philo-atlantiste. 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Un jeune pilote de l’armée s’écrase avec son F/A-18 C Hornet contre la paroi ouest du Hinter Tierberg dans la région du Susten, à peine 11 mètres sous la ligne de crête. La visibilité était très mauvaise. Début 2024, la justice militaire condamne un contrôleur du ciel pour homicide involontaire et perturbation involontaire de la circulation publique. Est-ce que chercher un coupable était la seule manière de procéder?', 'subtitle_edition' => 'Le 26 août 2016 il y a eu mort d’homme. Un jeune pilote de l’armée s’écrase avec son F/A-18 C Hornet contre la paroi ouest du Hinter Tierberg dans la région du Susten, à peine 11 mètres sous la ligne de crête. La visibilité était très mauvaise. Début 2024, la justice militaire condamne un contrôleur du ciel pour homicide involontaire et perturbation involontaire de la circulation publique. Est-ce que chercher un coupable était la seule manière de procéder?', 'content' => '<p>Il faudrait à notre avis une adaptation du droit pénal pour que dans les domaines où la sécurité est primordiale puisse s’épanouir une gestion des erreurs plus équitable que celle prônée par la culture punitive. </p> <h3>Faire justice à la complexité</h3> <p>La série <i>Breaking bad</i> fournit une parfaite illustration de la question qui nous occupe. Elle interroge la limite parfois étroite entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, et pose la question de ce qui est juste. Il y a un échange entre les personnages principaux qui traite très précisément la question (voir Saison 3, ép. 1, min. 38). La compagne de Jesse meurt d’une overdose. Le père de la fille est dévasté et prend congé de son poste de contrôleur aérien. Il n’est pas complètement rétabli lorsqu’il y revient, et on le voit en difficulté lorsqu’il essaie de suivre ce qui se passe sur son écran radar. Deux avions de ligne se percutent dans le ciel au-dessus d’Albuquerque. Jesse pense être responsable de la mort de sa compagne, et donc que l’accident est aussi de sa faute. Son associé, Walt le chimiste à la tête froide, essaie de le convaincre du contraire. Parmi ses arguments il y a le fait que le radar d’un des avions ne marchait pas correctement, et que tout le système fonctionnait avec une technologie datant des années 1960. Pour ces raisons, conclut-il, il faut s’en prendre au gouvernement. On peut aussi se demander s’il était raisonnable que le contrôleur retrouve si vite son poste.</p> <h3>L'accident du Susten</h3> <p>Le contrôleur aérien inculpé pour l’accident du F/A-18 au Susten était en pleine possession de ses moyens, mais il a néanmoins commis une erreur: il a communiqué une mauvaise information au pilote. Il s’est tout de suite rendu compte de son erreur, mais la rapidité des opérations ne lui a pas permis de la rectifier auprès du pilote. Comme dans <i>Breaking bad</i> le cas n’est pourtant pas simple, et les dysfonctionnements ont été multiples. Ainsi, le matériel sur lequel le contrôleur travaillait en 2016 à l’aéroport militaire de Meiringen datait de la fin des années 1960, et ne pouvait donc lui fournir qu’une aide relative. Ensuite, le pilote a eu besoin d’une information du contrôleur parce qu’il n’a pas réussi à se connecter avec son radar de bord à l’avion du <i>leader</i> qu’il était censé suivre. Les chasseurs volent le plus souvent en duo pour effectuer leurs missions, et quand les conditions de visibilité sont bonnes le deuxième avion suit le <i>leader</i> à vue, sinon il utilise son radar de bord. Or, le contact radar entre les deux avions n’a pas pu s’établir parce que le <i>leader</i> a choisi une trajectoire de montée radicale, que le radar du Hornet de notre pilote ne pouvait suivre, car il a un champ de visibilité (trop) limité. La mauvaise information transmise concernait la hauteur de vol. 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Il s’agit plutôt de mettre les gens en confiance pour qu’ils rapportent les dysfonctionnements de manière à améliorer la sécurité des opérations.</p> <p>Ce juste milieu porte le nom de culture équitable (<i>just culture</i> en anglais). </p> <h3>Des pratiques qui créent des tensions</h3> <p>Il y a une tension entre la culture équitable et le droit pénal. Celle-ci s’est exprimée lorsqu’en 2019 le Tribunal fédéral a confirmé la condamnation d’un contrôleur aérien, suite à un incident qui n’avait pas eu de conséquences graves. Cette décision a porté les contrôleurs aériens et les pilotes suisses à exprimer leurs craintes que de tels verdicts risquent de compromettre le déploiement de la culture équitable. Le conseiller national Gregor Rutz a alors proposé une adaptation du droit pénal par la voie d’une initiative parlementaire. Ses collègues parlementaires ne l’ont pas suivi et ont préféré laisser au Conseil fédéral le soin de voir comment rendre le droit compatible avec un déploiement de la culture équitable. Dans l’attente de la proposition du Conseil fédéral, la tension demeure.</p> <h3>Un verdict en demi-teinte</h3> <p>Le tribunal militaire a donc inculpé le contrôleur aérien de Meiringen d’homicide involontaire. Cependant, la peine qui lui a été infligée peut être considérée légère: 60 jours-amendes à 170 francs avec sursis, ainsi que 40'000 francs de contribution aux frais de procédure. Peut-être que cela correspond à une prise en compte du contexte, mais ce n’est pas sûr. A en croire les propos recueillis par le <em>Blick</em>, l’officier qui a porté l’accusation pense que la peine infligée n’était pas le plus important. Pour lui ce qui comptait vraiment était d’arriver à une condamnation, et signifier que le contrôleur a commis une erreur ayant eu l’accident comme conséquence. Heureusement, ces six dernières années, tout au long de la procédure d’enquête, le contrôleur inculpé n’a pas dû quitter son poste, et a joui du soutien et de la confiance de son employeur et des camarades du pilote décédé. Aussi, l’aéroport de Meiringen a été équipé de matériels plus performants, et les avions de nouvelle génération permettront d’éviter les problèmes de connexion en vol rencontrés. 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BPLT: Au mois de mars, un député a interpellé le Conseil fédéral sur la participation de la Suisse au nouvel accord sur la biodiversité, adopté en décembre 2022, dans le cadre de la 15ème Conférence des parties (COP) de la Convention sur la diversité biologique (CDB). Il a qualifié cet accord de monstre bureaucratique. Qu’en pensez-vous?
Nicola Schönenberger: Laissez-moi vous raconter une petite histoire. En 2017 les gardes-frontières de l’Engadine ont découvert un trafic de châles en shahtoosh entre l’Italie et la Suisse. La shahtoosh est une laine très prisée issue de la toison d’une antilope tibétaine. Vu qu’il faut tuer quatre antilopes pour faire un châle, leur commerce est interdit depuis 1979. La Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES) concerne actuellement pas moins de 40'000 espèces! L’interpellation des gardes-frontières en Engadine montre qu’une administration bien organisée arrive à faire respecter une convention aussi riche. Dans ce cas je ne vois donc pas un côté monstrueux, malgré la lourdeur administrative implicite. Je note que sans la CITES, il n’y aurait aujourd’hui plus d’éléphants, léopards ou rhinocéros.
Nicola Schönenberger. © DR
Y a-t-il une différence entre les deux conventions, la CITES et la Convention sur la diversité biologique?
C’est une question intéressante. Les deux sont des conventions entre de nombreux pays, qui se réunissent régulièrement en conférences des parties (COP). Chaque convention a sa COP. La CITES a vu le jour après une première conférence à Washington en 1975; elle est fille de l’époque post-68, tout comme les organisations WWF et Greenpeace. J’attire votre attention sur le fait que ses décisions sont vraiment contraignantes, car il s’agit d’accords portant sur le commerce, le droit d’exporter ou d’importer tel produit. Si un pays ne respecte par la convention il encourt des sanctions commerciales directes, comme cela a été le cas pour Madagascar. La Convention sur la diversité biologique est née après le sommet de Rio de 1992, dans les années du virage néolibéral. Ses décisions ne sont pas aussi contraignantes. Evidemment, si un pays ne respecte pas les accords, les autres pays peuvent essayer d’exercer une pression sur lui, mais c’est beaucoup plus compliqué et indirect que dans le cas de la CITES. A plus forte raison je ne vois pas non plus le côté monstrueux des décisions de la CDB, dénoncé par le parlementaire.
La décision de réserver 30% des surfaces mondiales à la biodiversité est-elle le résultat de discussions entre seuls experts?
Les experts sont bien sûr interpelés. J’ai moi-même participé aux travaux des trois dernières délégations suisses de la CITES, comme membre de l’autorité scientifique suisse. Mais le monde économique et les ONG sont également représentés. Ainsi, par exemple les fabricants d’instruments de musique sont présents lorsqu’il est question d’interdire l’exploitation de certaines essences de bois.
Les discussions portent donc sur la préservation de la diversité des espèces.
Pas seulement. Une difficulté majeure pour comprendre les enjeux liés à la biodiversité est qu’il ne suffit pas d’établir des listes d’espèces à protéger. Il faut aussi s’assurer qu’il y a un nombre suffisant d’individus pour chaque espèce. Cela pour garantir la diversité génétique, fondamentale pour permettre les adaptations nécessaires à la survie des espèces à l’état naturel, la diversité génétique étant le substrat de l’évolution et de l’adaptabilité des espèces. De plus, il faut veiller à garantir l’existence de lieux protégés, ce qu’on appelle les écosystèmes. Il y en a d’importance planétaire comme les forêts tropicales en Amazonie, à Bornéo ou le parc de Virunga au Congo, ou encore les récifs coralliens qui sont le pendant immergé de ces forêts. Il y a pareillement des écosystèmes qui ont une importance locale, comme les tourbières en Suisse. Le vivant forme un système très complexe au sein duquel un nombre incroyable de liens sont tissés, et cela depuis les micro-organismes jusqu’aux animaux les plus grands, en passant par les végétaux et les champignons. Il est donc difficile de comprendre le rôle fondamental de chaque être vivant pris individuellement.
Pourriez-vous nous donner un exemple de cette complexité des écosystèmes?
Tout le monde comprend l’importance des abeilles dans le processus de pollinisation: en se déplaçant entre les fleurs elles rendent un service inestimable. Il faut donc veiller à ce qu’elles ne disparaissent pas. Les grands prédateurs aussi ont un rôle fondamental dans notre écosystème. Une experte m’a relaté un jour un proverbe russe qui dit que là où marche le loup, pousse la forêt. J’adapterais ce proverbe à nos contrées en disant que le loup nous protège des avalanches: en chassant le gibier de montagne, le loup contribue à maintenir la végétation, qui en hiver évite les glissements de plaques de neige. On pourrait rétorquer que des chasseurs pourraient obtenir le même résultat, mais cela serait bien sûr quelque peu artificiel.
Avec l’exemple du loup on touche à la question des conflits d’objectifs: d’une part ceux de la préservation, et d’autre part ceux liés à l’activité économique.
C’est une question fondamentale et délicate. Nous n’avons par exemple pas encore trouvé le bon équilibre entre les intérêts des éleveurs de montagne et la nécessité de maintenir une population de loups sur notre territoire. Comme je l’ai indiqué, les conflits d’objectifs sont déjà pris en compte lors des négociations au niveau international. Il faut bien sûr affiner ces discussions au niveau national. Prenons un exemple concret. Pendant 30 ans on a discuté du rehaussement du barrage du Grimsel, à la suite de sa nécessaire rénovation. Le Parlement a finalement donné son feu vert à l’opération l’année passée. Le projet de rehaussement a été combattu par des organisations écologistes, car les eaux du lac étendu recouvriront des sites protégés, notamment une tourbière. En résumé, c’est donc «plus d’électricité» contre «préservation d’une tourbière».
En ce moment historique il est difficile de comprendre que l’on s’attache à un marais, quand par ailleurs on veut quitter les énergies fossiles, mais à mon sens il est quelque peu malhonnête de restreindre le calcul coûts-bénéfices à cet exemple isolé. Il faut se souvenir qu’en Suisse nous exploitons déjà 95% de nos eaux, et que 90% des tourbières ont déjà été éliminées. Lorsque les barrages ont été construits, les fleuves en aval se sont vidés et les poissons qui y vivaient ont largement disparu. Il est difficile aujourd’hui d’imaginer comment certaines de nos vallées étaient avant que ces constructions imposantes voient le jour. De plus, on ne peut pas vraiment compenser la disparition d’une tourbière: une tourbière grouille de vie et fixe le CO2 par fossilisation, donc sur la durée; on ne peut pas juste planter une forêt quelque part ailleurs pour la remplacer. Un discours analogue vaut pour la suppression de terrains agricoles: il faut jusqu’à un millier d’années pour rendre fertile un terrain qui ne l’est pas. On voit donc que les calculs effectués ne tiennent compte ni de l’histoire, ni de la valeur intrinsèque des sites naturels. Il y a eu quelques tentatives d’évaluer le coût de notre inaction dans la préservation de l’environnement, mais il faudrait essayer d’aller beaucoup plus loin. Au fond, il est impossible de monétiser la biodiversité.
Quelles seraient à votre avis des voies pour améliorer les choses?
L’activité des chercheurs est capitale, car on protège ce que l’on connaît. Il faut donc poursuivre l’effort de pédagogie pour que le plus grand nombre comprenne les mécanismes de la biodiversité et se les approprie. Un autre point sur lequel j’insisterais est la nécessité de prévoir une planification territoriale à l’échelle nationale pour les installations de production d’énergie. Cela n’a pas vraiment de sens d’arbitrer à chaque fois seulement au niveau local, sans avoir une vue d’ensemble. Pour terminer je voudrais citer les résultats d’une recherche qui a montré que les habitants des villes choisissent instinctivement les vues depuis leurs fenêtres qui ont la biodiversité la plus grande. On devrait donc insister sur le fait qu’on protège surtout ce que l’on aime, et accompagner la population à apprécier davantage la variété du vivant.
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J’attire votre attention sur le fait que ses décisions sont vraiment contraignantes, car il s’agit d’accords portant sur le commerce, le droit d’exporter ou d’importer tel produit. Si un pays ne respecte par la convention il encourt des sanctions commerciales directes, comme cela a été le cas pour Madagascar. La Convention sur la diversité biologique est née après le sommet de Rio de 1992, dans les années du virage néolibéral. Ses décisions ne sont pas aussi contraignantes. Evidemment, si un pays ne respecte pas les accords, les autres pays peuvent essayer d’exercer une pression sur lui, mais c’est beaucoup plus compliqué et indirect que dans le cas de la CITES. A plus forte raison je ne vois pas non plus le côté monstrueux des décisions de la CDB, dénoncé par le parlementaire.</p> <p><strong>La décision de réserver 30% des surfaces mondiales à la biodiversité est-elle le résultat de discussions entre seuls experts?</strong><i></i></p> <p>Les experts sont bien sûr interpelés. 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A plus forte raison je ne vois pas non plus le côté monstrueux des décisions de la CDB, dénoncé par le parlementaire.</p> <p><strong>La décision de réserver 30% des surfaces mondiales à la biodiversité est-elle le résultat de discussions entre seuls experts?</strong><i></i></p> <p>Les experts sont bien sûr interpelés. J’ai moi-même participé aux travaux des trois dernières délégations suisses de la CITES, comme membre de l’autorité scientifique suisse. Mais le monde économique et les ONG sont également représentés. Ainsi, par exemple les fabricants d’instruments de musique sont présents lorsqu’il est question d’interdire l’exploitation de certaines essences de bois.</p> <p><strong>Les discussions portent donc sur la préservation de la diversité des espèces.</strong><i></i></p> <p>Pas seulement. Une difficulté majeure pour comprendre les enjeux liés à la biodiversité est qu’il ne suffit pas d’établir des listes d’espèces à protéger. Il faut aussi s’assurer qu’il y a un nombre suffisant d’individus pour chaque espèce. Cela pour garantir la diversité génétique, fondamentale pour permettre les adaptations nécessaires à la survie des espèces à l’état naturel, la diversité génétique étant le substrat de l’évolution et de l’adaptabilité des espèces. De plus, il faut veiller à garantir l’existence de lieux protégés, ce qu’on appelle les écosystèmes. Il y en a d’importance planétaire comme les forêts tropicales en Amazonie, à Bornéo ou le parc de Virunga au Congo, ou encore les récifs coralliens qui sont le pendant immergé de ces forêts. Il y a pareillement des écosystèmes qui ont une importance locale, comme les tourbières en Suisse. Le vivant forme un système très complexe au sein duquel un nombre incroyable de liens sont tissés, et cela depuis les micro-organismes jusqu’aux animaux les plus grands, en passant par les végétaux et les champignons. 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Vu que les paysans dépendent de manière importante de paiements directs, certains les considèrent comme des sortes de fonctionnaires à leur service. Ainsi, si ces citadins pensent qu’il faut faire place au loup dans les montagnes au loin, les paysans n’ont qu’à s’exécuter. D’autres considèrent les paysans comme des paysagistes, ou pensent qu’ils sont carrément inutiles vu que la Suisse aurait les moyens d’acheter à l’étranger ce dont sa population a besoin. Ceux qui ne les connaissent pas peuvent avoir été surpris ou dérangés par les manifestations que les paysans ont organisées depuis le début de l’année.</p> <p>Lorsqu’ils ont commencé à manifester ils ont simplement retourné des panneaux à l’entrée de villages, pour dire que le monde marche sur la tête. Plus tard ils se sont réunis autour de feux avec leurs tracteurs, et ont explicité leur appel, leur SOS. Au dire des organisateurs les manifestations avaient pour objectif de rompre l’isolement, demander une plus grande reconnaissance, et rassembler afin de souder une profession traditionnellement morcelée, ainsi qu’établir un dialogue avec la population. Il s’est donc agi d’un appel pour attirer l’attention sur une situation ressentie comme difficile. Ce n’était pas une plainte, ni une demande de moyens. Cet appel quelque peu vague laisse transparaître un malaise profond, que les revendications plus précises, transmises au Conseil fédéral et à quatre détaillants, ne capturent pas complètement, même si elles ont été soutenues par 65'000 signatures récoltées en seulement 15 jours. L’appel demande une réflexion d’ensemble pour une refonte du système. Outre la reconnaissance pour le travail et les efforts accomplis, notamment pour l’environnement, les revendications portent sur les revenus, et dénoncent le poids du travail administratif. </p> <h3>Le système agroalimentaire suisse</h3> <p>De fait, même si les paysans ne représentent qu’environ 3% de la population active (soit environ 200'000 personnes), pour répondre à leurs inquiétudes il faut considérer le système agroalimentaire dans son ensemble. Le système suisse n’est pas très différent des autres systèmes agroalimentaires, par exemple européens. Dans ces systèmes aussi l’agriculture est très contrôlée par une réglementation serrée et des paiements nécessaires pour assurer la viabilité de la plupart des exploitations. Partout, le besoin d’avoir une approche de plus en plus soutenable en matière d'environnement est source de tensions. 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Les difficultés ne sont pas les mêmes pour tout le monde, mais le système doit davantage ménager tous ses acteurs de base.</p> <h3>Demi-mesures et contre-feux</h3> <p>La politique et les organisations agricoles ont bien sûr réagi afin d’éviter une escalade des manifestations. Il fallait que les paysans se rangent. Le président de l’Union suisse des paysans s’est inquiété pour l’image des agriculteurs. Une conseillère d’Etat a donc promis de réduire d’un tiers la charge administrative pour les paysans de son canton. Dans un autre canton des aides pour les vignerons ont été décidées. Au niveau fédéral des gestes ont été faits pour les producteurs de lait, et le Conseiller fédéral Parmelin a reçu les paysans en colère. Par ailleurs, le secteur agricole a été préservé dans le cadre du récent accord de libre-échange signé avec l’Inde, et malgré que cela aille à l’encontre des engagements pris pour le réduire les émissions de CO<sub>2</sub>, le prix du gasoil agricole n’a pas été augmenté. 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C’est ce qu’a fait la <em>NZZ</em> depuis trois mois, au cours desquels elle a consacré non moins d’une quarantaine d’articles à contrer l’initiative. Fin novembre 2023, elle annonce la couleur avec un article intitulé «La 13ème rente ne résout aucun problème de la prévoyance vieillesse». Début décembre, le quotidien zurichois rappelle que la 13ème rente est déjà versée au Liechtenstein, mais ne perd pas l’occasion de la comparer à un cadeau de Noël. 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L’échange s’ouvre avec une première dame qui se félicite de son achat d’un abonnement général de première classe, qu’elle a utilisé la veille pour faire l’aller-retour dans la journée au sud des Alpes pour déjeuner. Puis, une deuxième dame raconte qu’avec son mari, ils vont partir au Cap pour jouer au golf, et qu’ils étaient heureux d’avoir eux aussi un abonnement général de première classe, ce qui leur permet de ne pas devoir acheter de billets pour se rendre à l’aéroport. Ensuite, il est question de leurs voyages à Las Vegas et au Texas, et finalement de celui d’une amie qui, avec ses six sœurs, toutes octogénaires, part pour Strasbourg. Ce projet surprend le mari de la première dame, vu que l’amie ne peut compter que sur une rente AVS. Sa femme profite de cette remarque pour inviter ses trois compagnons de voyage à soutenir AVS13. 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Les rédactrices ne sont pas en reste: l'une pose la question de savoir à quel point la Suisse veut devenir socialiste, et si elle se considère un «Pays-Club-Med», c’est-à-dire où l’on se sert tant que la table est garnie; une autre ironise sur le fait que beaucoup de «petites gens» envoient de toutes petites sommes d’argent en soutien aux promoteurs de AVS13.</p> <h3>Prendre parti</h3> <p>Il y a à peine quelques jours, dans le court texte qui précède une présentation sous forme graphique des mots d’ordre des partis et de diverses organisations, le journal écrit: «la <em>NZZ</em> refuse l’initiative». Etait-ce bien utile? N’est-ce pas une pratique déplacée? Il y a des quotidiens suisses dont on ne s’étonne pas qu’ils défendent explicitement des positions politiques, par exemple la <em>Weltwoche</em>, <em>Le Courrier</em>, ou <em>Republik</em>. Aux Etats-Unis il est courant que lors d’élections les rédactions s’expriment ouvertement en faveur de tel ou tel candidat, mais celles-ci le font dans un espace séparé de celui consacré à l’information.</p> <p>La <em>NZZ</em> occupe une place à part dans le panorama médiatique suisse, on sait qu’elle est proche du parti libéral, mais il est difficile de comprendre pourquoi elle a ressenti le besoin de prendre ainsi parti. Les opposants à AVS13 ont les moyens de se faire entendre autrement, et contrairement à ce que l’on veut faire croire, AVS13 n’est pas soutenue que par les partis de gauche. En effet, de nombreux adhérents à des organisations qui s’y opposent, comme l’UDC ou l’Union suisse des paysans, voteront pour AVS13. La <em>NZZ</em> se sent le devoir d’affirmer une identité idéologique. Nous l’avons mis en évidence au sujet de AVS13, d’autres ont observé dans ses pages une dérive philo-atlantiste. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@Chan clear 30.06.2023 | 12h58
«Oui et de plus nous faisons confiance à nos dirigeants qui ne voient pas le problème de la pression démographique sur notre environnement, sujet tabou et qui saute aux yeux lorsqu‘on rentre de pays qui ont la même surface que la Suisse et 2 millions 800 milles habitants. Par exemple, tout est plus vert, les arbres plus grands, anciens, oiseaux, insectes, eaux, lacs etc…un sentiment d‘espace qui procure un bonheur vitaL .»
@Qovadis 01.07.2023 | 16h32
«@chan clear. Nos dirigeants savent parfaitement que l’explosion démographique est la cause du changement climatique et de la baisse de la biodiversité.
Maintenant que proposez-vous pour réduire la population mondiale ?»
@stef 30.07.2023 | 22h50
«@Qovadis: La limitation globale des naissances, simplement !»