Actuel / Le dernier souffle du radicalisme suisse
Le premier Conseil fédéral, élu le 16 novembre 1848. Sept représentants… tous issus des rangs radicaux! Derrière (de gauche à droite): Ulrich Ochsenbein, Henri Druey.
Au centre (de gauche à droite): Friedrich Frey-Herosé, Jonas Furrer, Josef Munzinger. Devant (de gauche à droite): Wilhelm Matthias Naeff, Stefano Franscini.
© BNS
L'élection du Tessinois Ignazio Cassis marque aussi une «première» depuis 1848: l'absence d'un représentant du courant historique du radicalisme, lequel a pourtant forgé l'histoire moderne de la Suisse depuis 169 ans, date de la création de l'Etat fédéral.
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C’est semble-t-il l’avis de Jonas Follonier qui <a href="/actuel/la-5g-un-non-evenement" target="_blank" rel="noopener">a publié un article sur <em>Bon pour la tête</em></a> dans lequel il écrit: «Il est permis de se dire que le risque de mise à disposition en mains communistes de nos données personnelles ne se laisse pas balayer pour quelques caprices d’interconnexion et de rapidité de navigation».</p> <p>Les antennes de Huawei peuvent effectivement causer des soucis en termes de sécurité du réseau. D’un point de vue stratégique, il n’est pas souhaitable qu’une seule entreprise – dont les liens avec le gouvernement semblent étroits – puisse contrôler l’ensemble des infrastructures de télécommunication de la Suisse. En cas de conflit, rien ne pourrait exclure que ce même réseau soit coupé. Scénario extrême, mais à considérer. La Suisse aurait donc tout intérêt à déployer des antennes dont elle a la maîtrise en parallèle des antennes de Huawei – ou de l’américain Cisco… Même si cette précaution ne devait jamais servir, il n’est pas sain qu’un Etat dépende totalement d’infrastructures dont il n’a pas le contrôle.</p> <p>Ce risque est réel, mais il ne pèse pas sur les données personnelles. Les antennes permettent de faire circuler l’information, les paquets qui transitent par ces autoroutes numériques peuvent être chiffrés par l’opérateur et surtout par les applications que nous utilisons quotidiennement, donc à l’abri des regards indiscrets. Il serait possible de dépendre uniquement d’infrastructures d’origine étrangère, mais il faudrait pour cela maîtriser le chiffrement du trafic qui passe à travers ces antennes. En tous les cas, la Suisse a tout intérêt à favoriser le financement et l’acquisition de matériels openhardware.</p> <p>De surcroît, s’il y a des raisons de s’inquiéter du traitement des données personnelles des individus, le problème ne vient pas uniquement de la politique du gouvernement chinois. Les Américains n’ont aucune leçon à donner aux Chinois dans leur approche sécuritaire du numérique. Les principaux géants du web sont américains et chinois. Ces mêmes multinationales doivent leur succès à leur modèle économique basé sur l’exploitation des données personnelles des individus.</p> <p>Certains seront tentés de dire que les intentions américaines sont certainement moins inquiétantes que les objectifs de la Chine. Et pourtant, ce sont ces mêmes Etats-Unis qui ont volontairement créé des backdoors – des portes dérobées – dans des technologies utilisées tant par ses propres citoyens qu’à l’étranger. 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Le public a le droit de savoir et de comprendre. </p><p><strong>S’agissant des collaborateurs, comment vivent-ils la campagne? Est-ce qu’elle a un impact sur le climat à la RTS?</strong></p><p>Je vais dire les choses de manière très claire: une partie du personnel a peur. Ils ont conscience que si l’initiative passe, nous perdrons 75% de nos revenus dans un délai de neuf mois. Ils savent que cela ne sera pas facile de se retourner dans pareille situation et craignent donc pour l’emploi et pour cette entreprise en laquelle ils croient. Mais au-delà de ça, je suis très fier d’eux. Dans un contexte aussi tendu, ils font un travail très professionnel, nous continuons à lancer de nouvelles émissions et nous assumons le mandat qui est le nôtre.</p><p><strong>Est-ce qu’il y a des projets ou des émissions qui sont en standby en attendant la votation?</strong></p><p>Seuls les projets d’investissement sont en standby. Nous sommes responsables: nous n’allons pas lancer des commandes alors que l’avenir est incertain.</p><p><strong>Vous avez des exemples de projets concernés?</strong></p><p>Le projet de bâtiment sur le campus des hautes écoles lausannoises par exemple. Nous profitons de ce temps pour aller plus loin dans l’étude. Par contre, nous continuons bien sûr à créer et à lancer de nouvelles émissions, de nouvelles offres sur internet et sur les réseaux sociaux.</p><p><strong>A ce sujet, l’émission Nouvo a été diffusée pour la dernière fois le lundi 11 décembre à la télévision et n’existera plus que sur les réseaux sociaux. Les partisans de l’initiative «No Billag» reprochent notamment à la RTS de ne pas s’adresser suffisamment aux jeunes. Cette déprogrammation n’envoie-t-elle pas un mauvais signal?</strong></p><p>Il s’agit de deux choses différentes. 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Je vais vous donner deux chiffres. Aujourd’hui nous faisons 33 à 35% de part de marché tout public en <em>prime time</em> en télévision. Auprès des jeunes de 15 à 29 ans, nous faisons 25%. Quand on évoque une fracture générationnelle, on pourrait s’attendre à un chiffre beaucoup plus bas. Or ce n’est pas le cas. Les jeunes regardent moins longtemps la télévision, mais environ 80% d’entre eux regardent la télévision tous les jours en Suisse romande. La première chaîne qu’ils regardent, c’est la RTS, et derrière nous il y a TF1 et M6.</p><p><strong>Ça c’est pour la télévision linéaire. Et sur internet, vous avez des chiffres?</strong></p><p>Sur nos plateformes, sur les applications et sur les réseaux sociaux, nous totalisons en moyenne un demi-million de vidéos vues par jour. Et les jeunes sont très présents sur notre offre en ligne. En télévision, la moyenne d’âge est de 55 ans. 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Nous allons être un employeur responsable, donc nous négocierons avec les syndicats un plan social le moment venu. Nous pensons quand même qu’à la fin le peuple suisse prendra conscience des enjeux et balaiera cette initiative.</p><p><strong>Mais ça c’est un pari sur l’avenir… Vous devez anticiper tous les possibles.</strong></p><p>Si c’est oui, nous aurons neuf mois pour organiser la fin de la SSR. Celui qui décide dans cette affaire ce n’est pas nous, c’est le Conseil fédéral. La première chose qu’il va nous dire, c’est de faire notre travail jusqu’en décembre 2018.</p><p><strong>A ce jour, la SSR n’a pas de mandat du Conseil fédéral pour anticiper les événements en cas d’acceptation de l’initiative?</strong></p><p>Non. Le mandat que nous avons aujourd’hui, c’est la concession actuelle et pour la réaliser, nous recevons la redevance perçue par Billag. Dès 2019, nous aurons un nouveau mandat et la redevance sera prélevée par l’entreprise Serafe. 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En revanche ce qui va disparaître avec la SSR, c’est le financement du cinéma suisse, des compétitions sportives en Suisse, c’est la production de la culture et le rayonnement des festivals. </p><p><strong>Des partisans de l’initiative, certains éditeurs et même une partie de la population qui ne votera pas forcément en faveur de «No Billag» estiment quand même que la SSR fait la démonstration d’une certaine arrogance. L’extension de la redevance à tous les ménages, la fameuse révision de la Loi fédérale sur la radio et télévision, a été acceptée à 3000 voix près en 2015. Or, rien n’a changé. Cette campagne n’est-elle pas l’occasion de prendre des engagements clairs envers les citoyens pour modifier certains aspects de la SSR?</strong></p><p>La campagne commence. Il reste plus de trois mois avant la votation. Il peut se passer encore beaucoup de choses. Le nouveau directeur de la SSR Gilles Marchand vient de prendre ses fonctions et c’est quelqu’un que je sais très pragmatique. 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Ou encore avec Nouvo News (plus de 100'000 fans sur Facebook) et Tataki, notre offre pour les 15-25 ans uniquement sur les réseaux sociaux.</p><p><strong>Face à la concurrence internationale de grands groupes comme Facebook ou d’autres entreprises étrangères qui captent une part importante de publicité également en Suisse, l’avenir de la SSR ne passe-t-elle pas par une collaboration accrue avec les médias privés?</strong></p><p>Totalement. C’est ce que nous faisons en Suisse romande depuis longtemps. Je pense que nous les Romands avons une longueur d’avance. En Suisse alémanique, il y a des fronts beaucoup plus crispés entre les éditeurs, la SRF et les radios et télévisions régionales. </p><p><strong>Il y a un autre point d’achoppement avec les éditeurs en ce qui concerne la coentreprise Admeira, entre la SSR, Swisscom et l’éditeur Ringier, qui se définit aujourd’hui comme la principale régie publicitaire de Suisse. Médias Suisses, l’association des éditeurs romands dont Ringier Romandie ne fait plus partie d’ailleurs, exige que la SSR se retire d’Admeira. </strong></p><p>J’entends cette demande. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est que nous ne sommes pas seuls pour décider. C’est une joint-venture et nous avons deux autres partenaires, nous ne pouvons pas les quitter comme ça, car cela aurait des conséquences pour eux aussi. Cela étant, je ne suis pas dans la discussion car cela se joue sur le plan national. Ce que je peux dire, c’est que tous les éditeurs peuvent rejoindre Admeira et la porte leur a toujours été laissée ouverte. </p><p><strong>Au final, les discussions portent principalement sur la télévision. Mais l’initiative concerne aussi la radio.</strong></p><p>C’est exact et comme homme de radio je suis le premier désolé de cette situation. C’est d’ailleurs sociologiquement passionnant de constater que dans ce débat, tous les regards – sans jeu de mots – sont portés sur la télévision. 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C’est à cette question que répond Alain Clavien, professeur d’Histoire contemporaine à l’Uni de Fribourg, dans «La presse romande», livre publié récemment aux Editions Antipodes & SHSR. Dans cet ouvrage très accessible, l’auteur propose une perspective historique des journaux romands, du début du XVIIIe siècle à nos jours. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Alain Clavien détaille comment la presse romande a peu à peu évolué au fil des siècles, connaissant un premier essor au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle notamment grâce à l’inscription dans la Constitution fédérale de 1848 de la liberté de la presse dans toute la Suisse. Le livre s’attache également à expliquer comment les journaux ont fait leur entrée dans l’économie marchande, adoptant le modèle de la publicité pour réduire le coût du journal à l’achat et ainsi toucher un public plus large, ce qui favorise d’autant plus la publicité. 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C’est pourtant durant cette période que se développeront des entreprises comme Publicitas (qui achète aux journaux des espaces publicitaires) et Lousonna (ancêtre d’Edipresse devenu Tamedia Publications romandes). L’émergence de ces nouveaux leaders du marché romand aura de lourdes conséquences sur le paysage de la presse.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w800/1510695426_clavien.jpg" width="526" height="404">Les éditeurs eux-mêmes ne croient plus en l’avenir de la presse, selon Alain Clavien<br></h4><p>Une première crise surgit durant la décennie 1960-1970, débouchant sur de nombreuses disparitions de titres ou des fusions. En dix ans, le nombre de titres en Suisse romande passe de 103 à 92. 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Interviewé par <em>L’Hebdo </em>en mars 2009, Martin Kall, CEO de Tamedia, affirme que «l’un des défis majeurs des médias consiste à gagner de l’argent. [L’objectif visé est] un bénéfice brut de l’ordre de 15 à 20%, si l’environnement conjoncturel est normal», relève l’auteur de <em>La presse romande</em>. Entre temps, les éditeurs ont lancé des journaux gratuits, lesquels font concurrence à leurs propres titres en termes de revenus publicitaires, et investi dans des plates-formes en ligne de petites annonces. De plus, les journaux ont longtemps proposé gratuitement leurs contenus sur internet.</p><p>En 2012, Marc Walder, CEO du holding médiatique zurichois Ringier, reconnaît pourtant que le fait «d’offrir gratuitement des contenus sur l’internet a été une erreur historique [… qu’il] s’agit maintenant de corriger». 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Non, il faut faire une proposition accompagnée d’un corpus linguistique prédéfini, afin de verrouiller les discussions. </p><p>Sur ce point, l’UDC se démarque clairement de ses adversaires politiques. Sa première préoccupation n’est pas de susciter le débat, mais d’en poser les termes, à l’aide d’un langage imagé qui imprime une vision du monde avant même d’en questionner la pertinence. «Juges étrangers», la formule se suffit à elle-même. Qui, même chez les moins nationalistes, souhaiterait transférer son destin dans les mains d’individus avec lesquels il n’a aucun lien, aucune prise? Personne. De même, lorsque l’UDC avait lancé il y a trois ans son initiative «contre l’immigration de masse», le choix des mots était essentiel. Alors même que le texte visait surtout les ressortissants de pays européens, la notion de «masse» avait pour objectif de renvoyer à l’image des grappes de migrants accrochés à leurs tristes bateaux. </p><p>Même si l’usage de cette formulation est malhonnête et ne décrit pas la réalité, ce n’est pas ce qui importe à l’UDC. Le parti ne cherche pas à discuter les faits, il veut les imposer, les contrôler. A partir du moment où les médias reprennent son vocabulaire à chaque fois que le sujet est traité, l’UDC a gagné. Une campagne politique est avant tout une guerre de communication, et l’image qui est du domaine de l’émotionnel surclasse bien souvent la raison. 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La perspective d’un accord-cadre a du plomb dans l’aile: de nombreuses personnalités du Parti libéral-radical font désormais référence aux «juges étrangers» comme étant la ligne rouge à ne pas franchir dans ce dossier. Alors même que les libéraux-radicaux ont pour objectif de développer les relations entre la Suisse et l’Union européenne, notamment parce qu’il s’agit du premier partenaire commercial de notre pays!</p><p>La campagne pour le Conseil fédéral a été décisive en la matière. Qu’un européiste convaincu comme le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet reprenne à son compte la notion de «juges étrangers» pour fixer la limite des négociations est symptomatique de la victoire de l’UDC dans le débat public. Quand bien même l’usage de cette formule se discute, ceux-là même qui combattent la politique de l’UDC tombent dans son piège en utilisant les mêmes mots! Idem s’agissant de l’immigration de masse: des politiciens hors de l’UDC ont aussi, à plusieurs reprises, employé cette formule.</p><h3>Troisième étape: maintenir la discussion sur la forme plutôt que le fond</h3><p>Une fois que toutes ces conditions sont réunies, l’UDC marche en terrain conquis. L’étape décisive peut déployer ses effets. En restreignant le champ du débat à des questions de langage, le fond devient secondaire. Ainsi, les adversaires du texte de l’UDC en faveur de la primauté du droit national sur le droit international devront expliquer pourquoi la notion de «juges étrangers» est erronée. </p><p>Autant dire que la situation est compliquée. Le parti national-conservateur a tissé sa toile et ses proies se sont elles-mêmes – consciemment ou non – précipité dans le piège. Plutôt que de discuter des conséquences d’une acceptation de l’initiative, les opposants seront principalement occupés à tenter de déconstruire le langage employé par l’UDC. Mais comment déconstruire une manière de présenter les faits quand on a fait l’erreur d’y avoir soi-même recours pour des raisons électorales? </p><p>L’essence même de la stratégie de communication de l’UDC repose sur cet objectif: redéfinir les termes du débat, pour mieux l’instrumentaliser. Alors même qu’avant le lancement de cette initiative, aucun membre du Parti libéral-radical n’employait la formule des «juges étrangers», voici que cette notion devient courante et est utilisée par des candidats au Conseil fédéral! De son côté, la presse l’utilise également, ce qui participe à asseoir la légitimité de cet élément de langage. </p><p>Quelle forme la campagne prendra-t-elle ces prochains mois? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est qu’elle sera particulièrement délicate. L’UDC a popularisé sa formulation partisane. Elle peut donc compter sur un avantage concurrentiel non négligeable. Toutes celles et ceux qui tenteront de débattre de l’usage des mots de l’UDC ont déjà perdu, puisque l’image est désormais imprimée dans les esprits et que la notion de «juges étrangers» a obtenu, en quelques mois, une légitimité inespérée. </p><p>Qu’importe l’issue de ce scrutin, la leçon devra être retenue pour les prochaines échéances électorales: les mots ont un sens et il s’agit de les utiliser avec intelligence. Certaines personnalités politiques et médiatiques se sont fait avoir et cela pourrait avoir de funestes conséquences sur l’avenir de notre pays. Les éléments de langage de l’UDC doivent être pris avec du recul, car ils ne doivent rien au hasard. La communication du parti est professionnalisée au plus haut point et son objectif est clair. Comme l’écrivit déjà Albert Camus en 1944: «Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde». <br></p><p></p><hr><p></p><h2>Précédemment dans Bon pour la tête</h2><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/se-lier-par-des-traites-c-est-l-exercice-meme-de-la-souverainete">Denis Masmejan: «Se lier par des traités, c’est l’exercice même de la souveraineté»</a>, par Chantal Tauxe<br></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/le-dernier-souffle-du-radicalisme-suisse">Le dernier souffle du radicalisme suisse</a>, par Grégoire Barbey<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/l-histoire-trafiquee-des-juges-etrangers"><br></a></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/ignazio-cassis-1">Ignazio Cassis: les 1,4 million de Suisses binationaux ne lui disent pas merci</a>, par Chantal Tauxe<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/l-histoire-trafiquee-des-juges-etrangers"><br></a></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/l-histoire-trafiquee-des-juges-etrangers">L’histoire trafiquée des «juges étrangers»</a>, par Denis Masmejan <br></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'comment-l-udc-manipule-le-langage', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 888, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 563, 'homepage_order' => (int) 565, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 86, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 1146, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'barbey8 2.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 101359, 'md5' => '9c68b61547a1c6a94e1f079085757000', 'width' => (int) 709, 'height' => (int) 440, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => null, 'description' => 'Le premier Conseil fédéral, élu le 16 novembre 1848. 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Un petit rappel historique s’impose. Il y a 169 ans, lors de la création de la Confédération, le Conseil fédéral était composé de sept représentants… issus des rangs radicaux! Cette situation a perduré jusqu’au 1er janvier 1892, avec l’arrivée d’un premier conseiller fédéral issu du Parti catholique conservateur (aujourd’hui connu sous le nom de Parti démocrate-chrétien). Il faudra encore attendre jusqu’au 2 juillet 1917 pour que l’hégémonique Parti radical cède un deuxième siège au Conseil fédéral, attribué à un membre du Parti libéral démocratique, lequel procède d’une scission au sein du Parti radical démocratique après la création de l’Etat fédéral en 1848.
Le Lucernois Joseph Zemp, père de quinze enfants, est le premier conservateur catholique à entrer, le 1er janvier 1892 à l'âge de 57 ans, au Conseil fédéral (à gauche). Elu le 2 juillet 1917 au Conseil fédéral à 72 ans, le Genevois Gustave Ador, membre du Parti libéral démocratique, prend cette année-là la tête du département politique (affaires étrangères). © DR
En effet, le courant du Parti libéral démocratique (appelé Parti libéral conservateur jusqu’en 1913) est issue d’une divergence idéologique avec le Parti radical démocratique, lequel était considéré par trop étatiste et pas assez conservateur sur le plan sociétal. Pour mémoire, les radicaux étaient historiquement à gauche de l’échiquier politique, défendant une modernisation de la Suisse (y compris sur le plan sociétal), tout en affirmant l’importance d’une sensibilité sociale sur le plan économique.
A Genève, la révolution fazyste atteint son apogée en 1846, lorsque James Fazy, soutenu par la foule, pénètre dans l’enceinte du Parlement et prononce sa dissolution.
5 octobre 1846: James Fazy harangue la foule avant d'entrer de force dans le parlement. © DR
De nombreuses réformes ont lieu très rapidement. La transformation de l’Hôpital général en Hospice général, institution qui existe toujours, la création des Rentes genevoises (premier système de retraites pour bas revenus), la démolition des murailles qui séparaient la Haute Ville – symbole des privilèges de l’ancien régime – de la Basse Ville et le développement d’un réseau ferroviaire conséquent sont autant de réalisations «radicales» qui propulsent Genève sur le rail d’une certaine modernité.
L’arrivée des socialistes, bien plus à gauche que les radicaux, marque aussi une évolution du marqueur politique en Suisse. Entre temps, le Parti radical a également évolué, puisque sa longue pratique du pouvoir l’a aussi rapproché du monde des affaires (via l’industrie ferroviaire, notamment) et a normalisé sa politique, nettement moins «radicale» qu’auparavant. Toutefois, les radicaux ont toujours tenté de concilier développement économique et sensibilité sociale, en donnant à l’Etat le rôle de régulateur. Bien plus «libéral» sur le plan des questions de société, le Parti radical-démocratique se distinguait notoirement du Parti libéral démocratique, au sein duquel le courant conservateur a toujours été dominant.
Courants divergents à l'interne
De nos jours, continuer à effectuer une distinction entre les radicaux et les libéraux peut paraître anachronique. C’est d’ailleurs presque un tabou au sein du Parti libéral-radical, produit de la fusion de ces deux courants politiques, que l’on tente de balayer d’un revers de main quelque peu dédaigneux, expliquant à qui veut l’entendre que la fusion est une évidente réussite. Si c’est effectivement le cas, il existe malgré tout des courants divergents à l’interne du parti. Cela s’est notamment exprimé durant cette campagne pour succéder au conseiller fédéral Didier Burkhalter (qui fut membre du Parti radical-démocratique), avec la candidature du Genevois Pierre Maudet, héritier du radicalisme.
Pierre Maudet représente d’ailleurs assez bien la synthèse de l’évolution idéologique du radicalisme. S’il n’a pas peur de défendre le principe d’un Etat régulateur (une position bien moins assumée par les libéraux), le Genevois met toutefois l’accent sur une économie forte, laquelle nécessite le moins d’entrave possible pour déployer ses effets. Mais sa sensibilité demeure toutefois sensiblement différente sur bien des points.
Pierre Maudet, une synthèse de l’évolution idéologique du radicalisme. © DR
Son «opération Papyrus», qui a permis de normaliser la situation de milliers de sans-papiers à Genève, ne fait pas recette au sein de son parti, en particulier en Suisse alémanique (où le courant conservateur du Parti libéral-radical s’exprime encore très fortement). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la libérale vaudoise Isabelle Moret, qui était aussi en lice pour le Conseil fédéral, a ouvertement critiqué cette mesure.
Différences de sensibilités entre Romands et Alémaniques
Il y a toutefois toujours eu des différences de sensibilité entre les radicaux romands et alémaniques. Ce sont avant tout des différences culturelles, puisqu’en Suisse romande, le rôle de l’Etat n’est pas perçu de la même manière qu’outre-Sarine.
Les libéraux-radicaux romands sont encore aujourd’hui différents à bien des égards du courant dominant alémanique. Le conseiller d’Etat vaudois Pascal Broulis, pourtant issu du milieu bancaire, défend volontiers (et avec un certain talent) la nécessité de l’impôt, se retrouvant souvent en porte-à-faux avec l’orientation de son propre parti. Les libéraux sont effectivement très peu à l’aise avec la fiscalité et de nombreux membres du Parti libéral-radical plaident pour la suppression de certains instruments fiscaux. Dernièrement, Pascal Broulis s’est d’ailleurs élevé contre la suppression de l’impôt sur la valeur locative, pourtant fortement soutenue au sein de sa propre famille politique.
Sur le plan fédéral pourtant, le Parti libéral-radical n’a eu de cesse ces dernières années de glisser vers une politique toujours plus favorable au monde des affaires, sanctuarisant la dérégulation de l’économie. Il y a quelques mois, la présidente du Parti libéral-radical Petra Gössi s’était d’ailleurs fendue d’un plaidoyer brutal contre les retraités suisses vivant à l’étranger et touchant l’AVS (ils sont plus de 30%, et leur nombre ne cesse d’augmenter), les accusant de ne rien apporter à l’économie suisse.
Le PLR de Petra Gössi? Une politique toujours plus favorable aux monde des affaires. © DR
Le symptôme visible d’une profonde mue idéologique du Parti libéral-radical, lequel se tourne d’ailleurs de plus en plus souvent vers le parti national-conservateur UDC pour forger des majorités à l’interne de l’Assemblée fédérale.
Le Parti libéral-radical continue toutefois de se distinguer du parti de Christoph Blocher, en particulier sur les enjeux de société, et sur la question des relations avec l’Union européenne. La campagne au Conseil fédéral qui vient de s’achever laissera toutefois quelques traces, tant la position des candidats vis-à-vis de la question d’un accord-cadre avec l’Union européenne a été surprenante. Même Pierre Maudet, pourtant reconnu comme un européiste convaincu, n’a pas hésité à marquer sa réserve vis-à-vis des «juges étrangers» qui pourraient trancher certains litiges entre la Suisse et l’Union européenne si un tel accord-cadre devait voir le jour. Toutefois, l’importance des milieux économiques au sein du Parti libéral-radical devrait continuer à orienter les libéraux-radicaux vers une politique de normalisation des relations Suisse-UE, puisqu’il s’agit du plus important partenaire commercial du pays (55% des exportations suisses le sont à destination de pays membres de l’Union européenne).
Les évidentes conséquences
L’élection d’Ignazio Cassis au Conseil fédéral marque pourtant un tournant dans l’histoire du Parti libéral-radical. Si le Tessinois a adopté des positions libérales sur le plan sociétal (notamment la libéralisation du cannabis et, plus surprenant, de la cocaïne), il demeure assez conservateur sur de nombreux points. Sa position sur l’immigration a d’ailleurs beaucoup fait parler d’elle, puisqu’il avait déclaré à Darius Rochebin qu’il y a trop d’étrangers en Suisse.
Ignazio Cassis: un tournant dans l’histoire du Parti libéral-radical. © DR
Si Didier Burkhalter a été largement félicité par les autres partis (l’UDC faisant bien sûr exception), son départ a aussi soulagé quelques esprits dans son propre parti. Sa position vis-à-vis de l’Union européenne n’a pas toujours été bien accueillie, même si ces divergences internes ne se sont pas forcément exprimées de façon visible. Plaçant les institutions au-dessus des hommes et des intérêts particuliers, le Neuchâtelois se plaçait en véritable homme d’Etat, héritage de son appartenance au courant radical.
Pour la première fois depuis 1848, le courant historique du radicalisme suisse n’est plus représenté au sein du Conseil fédéral. Cette réalité aura d’évidentes conséquences sur les majorités du Conseil fédéral, en particulier sur le plan économique.
La très libérale Karin Keller-Sutter, prochaine Conseillère fédérale?
La très libérale Karin Keller-Sutter étant pressentie pour remplacer le taciturne mais néanmoins libéral Johann Schneider-Ammann, le rapport de force idéologique au sein du Parti libéral-radical, sur la scène fédérale, n’est pas près de s’inverser. Ce 20 septembre 2017, le radicalisme a peut-être bel et bien rendu son dernier souffle.
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Cela s’est notamment exprimé durant cette campagne pour succéder au conseiller fédéral Didier Burkhalter (qui fut membre du Parti radical-démocratique), avec la candidature du Genevois Pierre Maudet, héritier du radicalisme. </p><p>Pierre Maudet représente d’ailleurs assez bien la synthèse de l’évolution idéologique du radicalisme. S’il n’a pas peur de défendre le principe d’un Etat régulateur (une position bien moins assumée par les libéraux), le Genevois met toutefois l’accent sur une économie forte, laquelle nécessite le moins d’entrave possible pour déployer ses effets. Mais sa sensibilité demeure toutefois sensiblement différente sur bien des points. <br></p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w400/1506031251_barbey3.jpg" width="480" height="366">Pierre Maudet, une synthèse de l’évolution idéologique du radicalisme. © DR<br></h4><p>Son «opération Papyrus», qui a permis de normaliser la situation de milliers de sans-papiers à Genève, ne fait pas recette au sein de son parti, en particulier en Suisse alémanique (où le courant conservateur du Parti libéral-radical s’exprime encore très fortement). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la libérale vaudoise Isabelle Moret, qui était aussi en lice pour le Conseil fédéral, a ouvertement critiqué cette mesure.</p><h3>Différences de sensibilités entre Romands et Alémaniques<br></h3><p>Il y a toutefois toujours eu des différences de sensibilité entre les radicaux romands et alémaniques. Ce sont avant tout des différences culturelles, puisqu’en Suisse romande, le rôle de l’Etat n’est pas perçu de la même manière qu’outre-Sarine. </p><p>Les libéraux-radicaux romands sont encore aujourd’hui différents à bien des égards du courant dominant alémanique. Le conseiller d’Etat vaudois Pascal Broulis, pourtant issu du milieu bancaire, défend volontiers (et avec un certain talent) la nécessité de l’impôt, se retrouvant souvent en porte-à-faux avec l’orientation de son propre parti. Les libéraux sont effectivement très peu à l’aise avec la fiscalité et de nombreux membres du Parti libéral-radical plaident pour la suppression de certains instruments fiscaux. Dernièrement, Pascal Broulis s’est d’ailleurs élevé contre la suppression de l’impôt sur la valeur locative, pourtant fortement soutenue au sein de sa propre famille politique. </p><p>Sur le plan fédéral pourtant, le Parti libéral-radical n’a eu de cesse ces dernières années de glisser vers une politique toujours plus favorable au monde des affaires, sanctuarisant la dérégulation de l’économie. Il y a quelques mois, la présidente du Parti libéral-radical Petra Gössi s’était d’ailleurs fendue d’un plaidoyer brutal contre les retraités suisses vivant à l’étranger et touchant l’AVS (ils sont plus de 30%, et leur nombre ne cesse d’augmenter), les accusant de ne rien apporter à l’économie suisse. <br></p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w400/1506031672_barbey4.jpg" width="478" height="353">Le PLR de Petra Gössi? 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Toutefois, l’importance des milieux économiques au sein du Parti libéral-radical devrait continuer à orienter les libéraux-radicaux vers une politique de normalisation des relations Suisse-UE, puisqu’il s’agit du plus important partenaire commercial du pays (55% des exportations suisses le sont à destination de pays membres de l’Union européenne). <br></p><h3>Les évidentes conséquences<br></h3><p>L’élection d’Ignazio Cassis au Conseil fédéral marque pourtant un tournant dans l’histoire du Parti libéral-radical. Si le Tessinois a adopté des positions libérales sur le plan sociétal (notamment la libéralisation du cannabis et, plus surprenant, de la cocaïne), il demeure assez conservateur sur de nombreux points. Sa position sur l’immigration a d’ailleurs beaucoup fait parler d’elle, puisqu’il avait déclaré à Darius Rochebin qu’il y a trop d’étrangers en Suisse. <br></p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w400/1506032637_barbey6.jpg" width="479" height="424">Ignazio Cassis: un tournant dans l’histoire du Parti libéral-radical. © DR<br></h4><p>Si Didier Burkhalter a été largement félicité par les autres partis (l’UDC faisant bien sûr exception), son départ a aussi soulagé quelques esprits dans son propre parti. Sa position vis-à-vis de l’Union européenne n’a pas toujours été bien accueillie, même si ces divergences internes ne se sont pas forcément exprimées de façon visible. Plaçant les institutions au-dessus des hommes et des intérêts particuliers, le Neuchâtelois se plaçait en véritable homme d’Etat, héritage de son appartenance au courant radical. </p><p>Pour la première fois depuis 1848, le courant historique du radicalisme suisse n’est plus représenté au sein du Conseil fédéral. Cette réalité aura d’évidentes conséquences sur les majorités du Conseil fédéral, en particulier sur le plan économique.</p><h4> <img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w500/1506033646_barbey7.jpg" width="480" height="402">La très libérale Karin Keller-Sutter, prochaine Conseillère fédérale?<br></h4><p>La très libérale Karin Keller-Sutter étant pressentie pour remplacer le taciturne mais néanmoins libéral Johann Schneider-Ammann, le rapport de force idéologique au sein du Parti libéral-radical, sur la scène fédérale, n’est pas près de s’inverser. 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C’est semble-t-il l’avis de Jonas Follonier qui <a href="/actuel/la-5g-un-non-evenement" target="_blank" rel="noopener">a publié un article sur <em>Bon pour la tête</em></a> dans lequel il écrit: «Il est permis de se dire que le risque de mise à disposition en mains communistes de nos données personnelles ne se laisse pas balayer pour quelques caprices d’interconnexion et de rapidité de navigation».</p> <p>Les antennes de Huawei peuvent effectivement causer des soucis en termes de sécurité du réseau. D’un point de vue stratégique, il n’est pas souhaitable qu’une seule entreprise – dont les liens avec le gouvernement semblent étroits – puisse contrôler l’ensemble des infrastructures de télécommunication de la Suisse. En cas de conflit, rien ne pourrait exclure que ce même réseau soit coupé. Scénario extrême, mais à considérer. La Suisse aurait donc tout intérêt à déployer des antennes dont elle a la maîtrise en parallèle des antennes de Huawei – ou de l’américain Cisco… Même si cette précaution ne devait jamais servir, il n’est pas sain qu’un Etat dépende totalement d’infrastructures dont il n’a pas le contrôle.</p> <p>Ce risque est réel, mais il ne pèse pas sur les données personnelles. Les antennes permettent de faire circuler l’information, les paquets qui transitent par ces autoroutes numériques peuvent être chiffrés par l’opérateur et surtout par les applications que nous utilisons quotidiennement, donc à l’abri des regards indiscrets. Il serait possible de dépendre uniquement d’infrastructures d’origine étrangère, mais il faudrait pour cela maîtriser le chiffrement du trafic qui passe à travers ces antennes. En tous les cas, la Suisse a tout intérêt à favoriser le financement et l’acquisition de matériels openhardware.</p> <p>De surcroît, s’il y a des raisons de s’inquiéter du traitement des données personnelles des individus, le problème ne vient pas uniquement de la politique du gouvernement chinois. Les Américains n’ont aucune leçon à donner aux Chinois dans leur approche sécuritaire du numérique. Les principaux géants du web sont américains et chinois. Ces mêmes multinationales doivent leur succès à leur modèle économique basé sur l’exploitation des données personnelles des individus.</p> <p>Certains seront tentés de dire que les intentions américaines sont certainement moins inquiétantes que les objectifs de la Chine. Et pourtant, ce sont ces mêmes Etats-Unis qui ont volontairement créé des backdoors – des portes dérobées – dans des technologies utilisées tant par ses propres citoyens qu’à l’étranger. 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De nombreuses critiques sont faites à la SSR, et notamment s’agissant de la position de la direction qui affirme qu’en cas d’acceptation, l’initiative impliquerait la fin de l’entreprise SSR ainsi que d’une bonne partie des médias audiovisuels régionaux qui touchent une part de la redevance. Le directeur de la RTS Pascal Crittin, entré en fonction au 1er mai 2017, a accepté de s’exprimer plus longuement sur la campagne et les critiques qui sont également adressées à la RTS. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p><strong>La votation a lieu dans environ 100 jours, mais la campagne bat déjà son plein. Quel est votre sentiment en tant que directeur de la RTS à ce stade?</strong></p><p>Elle a en effet commencé très fort. Dans la mesure où nous sommes souvent critiqués, parfois même attaqués, je ne vais pas le cacher, ce n’est pas toujours facile. La critique paraît quelque fois injuste, mais le débat est juste. Le public a le droit de savoir et de comprendre. </p><p><strong>S’agissant des collaborateurs, comment vivent-ils la campagne? Est-ce qu’elle a un impact sur le climat à la RTS?</strong></p><p>Je vais dire les choses de manière très claire: une partie du personnel a peur. Ils ont conscience que si l’initiative passe, nous perdrons 75% de nos revenus dans un délai de neuf mois. Ils savent que cela ne sera pas facile de se retourner dans pareille situation et craignent donc pour l’emploi et pour cette entreprise en laquelle ils croient. Mais au-delà de ça, je suis très fier d’eux. Dans un contexte aussi tendu, ils font un travail très professionnel, nous continuons à lancer de nouvelles émissions et nous assumons le mandat qui est le nôtre.</p><p><strong>Est-ce qu’il y a des projets ou des émissions qui sont en standby en attendant la votation?</strong></p><p>Seuls les projets d’investissement sont en standby. Nous sommes responsables: nous n’allons pas lancer des commandes alors que l’avenir est incertain.</p><p><strong>Vous avez des exemples de projets concernés?</strong></p><p>Le projet de bâtiment sur le campus des hautes écoles lausannoises par exemple. Nous profitons de ce temps pour aller plus loin dans l’étude. Par contre, nous continuons bien sûr à créer et à lancer de nouvelles émissions, de nouvelles offres sur internet et sur les réseaux sociaux.</p><p><strong>A ce sujet, l’émission Nouvo a été diffusée pour la dernière fois le lundi 11 décembre à la télévision et n’existera plus que sur les réseaux sociaux. Les partisans de l’initiative «No Billag» reprochent notamment à la RTS de ne pas s’adresser suffisamment aux jeunes. Cette déprogrammation n’envoie-t-elle pas un mauvais signal?</strong></p><p>Il s’agit de deux choses différentes. 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Je vais vous donner deux chiffres. Aujourd’hui nous faisons 33 à 35% de part de marché tout public en <em>prime time</em> en télévision. Auprès des jeunes de 15 à 29 ans, nous faisons 25%. Quand on évoque une fracture générationnelle, on pourrait s’attendre à un chiffre beaucoup plus bas. Or ce n’est pas le cas. Les jeunes regardent moins longtemps la télévision, mais environ 80% d’entre eux regardent la télévision tous les jours en Suisse romande. La première chaîne qu’ils regardent, c’est la RTS, et derrière nous il y a TF1 et M6.</p><p><strong>Ça c’est pour la télévision linéaire. Et sur internet, vous avez des chiffres?</strong></p><p>Sur nos plateformes, sur les applications et sur les réseaux sociaux, nous totalisons en moyenne un demi-million de vidéos vues par jour. Et les jeunes sont très présents sur notre offre en ligne. En télévision, la moyenne d’âge est de 55 ans. 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En revanche ce qui va disparaître avec la SSR, c’est le financement du cinéma suisse, des compétitions sportives en Suisse, c’est la production de la culture et le rayonnement des festivals. </p><p><strong>Des partisans de l’initiative, certains éditeurs et même une partie de la population qui ne votera pas forcément en faveur de «No Billag» estiment quand même que la SSR fait la démonstration d’une certaine arrogance. L’extension de la redevance à tous les ménages, la fameuse révision de la Loi fédérale sur la radio et télévision, a été acceptée à 3000 voix près en 2015. Or, rien n’a changé. Cette campagne n’est-elle pas l’occasion de prendre des engagements clairs envers les citoyens pour modifier certains aspects de la SSR?</strong></p><p>La campagne commence. Il reste plus de trois mois avant la votation. Il peut se passer encore beaucoup de choses. Le nouveau directeur de la SSR Gilles Marchand vient de prendre ses fonctions et c’est quelqu’un que je sais très pragmatique. Comme tout nouveau directeur, je pense qu’il a des projets. C’est à lui de les présenter et il a déjà fait un certain nombre de propositions. </p><p><strong>Est-ce que cette campagne vous donne aussi l'occasion de réfléchir à l'orientation de l'entreprise et au choix des programmes, donc à une certaine remise en question, ou vous pensez plutôt que la RTS a fait tout juste jusqu'ici?</strong></p><p>Nous n’avons pas la prétention de faire tout juste. Nous sommes ouverts à la critique et en dialogue permanent avec le public, en particulier avec le Conseil du public RTSR. Cela dit, nous devons développer de nouveaux formats sur les plateformes et les réseaux sociaux. Et renforcer notre lien avec les jeunes générations entre autres. Ce que nous avons déjà commencé à faire avec la refonte de Couleur 3 (y compris radio visuelle) et sa nouvelle application mobile. 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Médias Suisses, l’association des éditeurs romands dont Ringier Romandie ne fait plus partie d’ailleurs, exige que la SSR se retire d’Admeira. </strong></p><p>J’entends cette demande. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est que nous ne sommes pas seuls pour décider. C’est une joint-venture et nous avons deux autres partenaires, nous ne pouvons pas les quitter comme ça, car cela aurait des conséquences pour eux aussi. Cela étant, je ne suis pas dans la discussion car cela se joue sur le plan national. Ce que je peux dire, c’est que tous les éditeurs peuvent rejoindre Admeira et la porte leur a toujours été laissée ouverte. </p><p><strong>Au final, les discussions portent principalement sur la télévision. Mais l’initiative concerne aussi la radio.</strong></p><p>C’est exact et comme homme de radio je suis le premier désolé de cette situation. C’est d’ailleurs sociologiquement passionnant de constater que dans ce débat, tous les regards – sans jeu de mots – sont portés sur la télévision. 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Mais comment déconstruire une manière de présenter les faits quand on a fait l’erreur d’y avoir soi-même recours pour des raisons électorales? </p><p>L’essence même de la stratégie de communication de l’UDC repose sur cet objectif: redéfinir les termes du débat, pour mieux l’instrumentaliser. Alors même qu’avant le lancement de cette initiative, aucun membre du Parti libéral-radical n’employait la formule des «juges étrangers», voici que cette notion devient courante et est utilisée par des candidats au Conseil fédéral! De son côté, la presse l’utilise également, ce qui participe à asseoir la légitimité de cet élément de langage. </p><p>Quelle forme la campagne prendra-t-elle ces prochains mois? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est qu’elle sera particulièrement délicate. L’UDC a popularisé sa formulation partisane. Elle peut donc compter sur un avantage concurrentiel non négligeable. Toutes celles et ceux qui tenteront de débattre de l’usage des mots de l’UDC ont déjà perdu, puisque l’image est désormais imprimée dans les esprits et que la notion de «juges étrangers» a obtenu, en quelques mois, une légitimité inespérée. </p><p>Qu’importe l’issue de ce scrutin, la leçon devra être retenue pour les prochaines échéances électorales: les mots ont un sens et il s’agit de les utiliser avec intelligence. Certaines personnalités politiques et médiatiques se sont fait avoir et cela pourrait avoir de funestes conséquences sur l’avenir de notre pays. Les éléments de langage de l’UDC doivent être pris avec du recul, car ils ne doivent rien au hasard. La communication du parti est professionnalisée au plus haut point et son objectif est clair. 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