Actuel / Comment l'UDC manipule le langage
L’UDC a choisi, à dessein, de ressortir une vieille formulation qui avait disparu du langage courant depuis fort longtemps: «juges étrangers».
© Bon pour la tête / Matthias Rihs
L’UDC a le sens de la formule. C’est le moins que l’on puisse dire. Le parti national-conservateur doit toutefois une partie de son succès à une opposition plutôt fébrile, et des médias qui reprennent à leur compte les éléments de langage qui lui sont propres. C’est ainsi qu’à travers une communication bien rôdée, l’UDC réussit non seulement à imposer ses thématiques et à peser sur l’agenda politique, mais également à transformer le vocabulaire sur un sujet précis.
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C’est semble-t-il l’avis de Jonas Follonier qui <a href="/actuel/la-5g-un-non-evenement" target="_blank" rel="noopener">a publié un article sur <em>Bon pour la tête</em></a> dans lequel il écrit: «Il est permis de se dire que le risque de mise à disposition en mains communistes de nos données personnelles ne se laisse pas balayer pour quelques caprices d’interconnexion et de rapidité de navigation».</p> <p>Les antennes de Huawei peuvent effectivement causer des soucis en termes de sécurité du réseau. D’un point de vue stratégique, il n’est pas souhaitable qu’une seule entreprise – dont les liens avec le gouvernement semblent étroits – puisse contrôler l’ensemble des infrastructures de télécommunication de la Suisse. En cas de conflit, rien ne pourrait exclure que ce même réseau soit coupé. Scénario extrême, mais à considérer. La Suisse aurait donc tout intérêt à déployer des antennes dont elle a la maîtrise en parallèle des antennes de Huawei – ou de l’américain Cisco… Même si cette précaution ne devait jamais servir, il n’est pas sain qu’un Etat dépende totalement d’infrastructures dont il n’a pas le contrôle.</p> <p>Ce risque est réel, mais il ne pèse pas sur les données personnelles. Les antennes permettent de faire circuler l’information, les paquets qui transitent par ces autoroutes numériques peuvent être chiffrés par l’opérateur et surtout par les applications que nous utilisons quotidiennement, donc à l’abri des regards indiscrets. Il serait possible de dépendre uniquement d’infrastructures d’origine étrangère, mais il faudrait pour cela maîtriser le chiffrement du trafic qui passe à travers ces antennes. En tous les cas, la Suisse a tout intérêt à favoriser le financement et l’acquisition de matériels openhardware.</p> <p>De surcroît, s’il y a des raisons de s’inquiéter du traitement des données personnelles des individus, le problème ne vient pas uniquement de la politique du gouvernement chinois. Les Américains n’ont aucune leçon à donner aux Chinois dans leur approche sécuritaire du numérique. Les principaux géants du web sont américains et chinois. Ces mêmes multinationales doivent leur succès à leur modèle économique basé sur l’exploitation des données personnelles des individus.</p> <p>Certains seront tentés de dire que les intentions américaines sont certainement moins inquiétantes que les objectifs de la Chine. Et pourtant, ce sont ces mêmes Etats-Unis qui ont volontairement créé des backdoors – des portes dérobées – dans des technologies utilisées tant par ses propres citoyens qu’à l’étranger. Les Américains n’ont évidemment pas averti leurs alliés, parce que l’intérêt des backdoors est qu’elles demeurent secrètes et utilisables quand nécessaire. Ces vulnérabilités introduites dans le réseau répondent à la raison d’Etat, laquelle échappe malheureusement au contrôle démocratique.</p> <p>Pire, ces vulnérabilités mettent en péril la confiance des individus dans la technologie et la capacité de cette dernière à leur apporter des bénéfices dans leur vie quotidienne. A ce sujet, ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni même l’Union européenne n’ont de leçon à donner. Tant que les Etats continueront de voir dans les données personnelles une source de «pétrole moderne», aucun citoyen au niveau mondial ne peut utiliser les technologies numériques tout en voyant ses droits fondamentaux respectés. La 5G ne changera absolument rien à cet état de fait. Le mieux est encore d’inciter les gouvernements à réviser leur approche du numérique, et à mettre en tête de liste le respect de l’intégrité de ses citoyens.</p> <p>En définitive, il existe bel et bien une menace qui pèse sur les données personnelles des individus. Mais celle-ci ne se résume pas à travers l’image d’un monde manichéen, où il y aurait les gentils Etats occidentaux face aux méchants communistes chinois. 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De nombreuses critiques sont faites à la SSR, et notamment s’agissant de la position de la direction qui affirme qu’en cas d’acceptation, l’initiative impliquerait la fin de l’entreprise SSR ainsi que d’une bonne partie des médias audiovisuels régionaux qui touchent une part de la redevance. Le directeur de la RTS Pascal Crittin, entré en fonction au 1er mai 2017, a accepté de s’exprimer plus longuement sur la campagne et les critiques qui sont également adressées à la RTS. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p><strong>La votation a lieu dans environ 100 jours, mais la campagne bat déjà son plein. Quel est votre sentiment en tant que directeur de la RTS à ce stade?</strong></p><p>Elle a en effet commencé très fort. Dans la mesure où nous sommes souvent critiqués, parfois même attaqués, je ne vais pas le cacher, ce n’est pas toujours facile. La critique paraît quelque fois injuste, mais le débat est juste. Le public a le droit de savoir et de comprendre. </p><p><strong>S’agissant des collaborateurs, comment vivent-ils la campagne? Est-ce qu’elle a un impact sur le climat à la RTS?</strong></p><p>Je vais dire les choses de manière très claire: une partie du personnel a peur. Ils ont conscience que si l’initiative passe, nous perdrons 75% de nos revenus dans un délai de neuf mois. Ils savent que cela ne sera pas facile de se retourner dans pareille situation et craignent donc pour l’emploi et pour cette entreprise en laquelle ils croient. Mais au-delà de ça, je suis très fier d’eux. Dans un contexte aussi tendu, ils font un travail très professionnel, nous continuons à lancer de nouvelles émissions et nous assumons le mandat qui est le nôtre.</p><p><strong>Est-ce qu’il y a des projets ou des émissions qui sont en standby en attendant la votation?</strong></p><p>Seuls les projets d’investissement sont en standby. Nous sommes responsables: nous n’allons pas lancer des commandes alors que l’avenir est incertain.</p><p><strong>Vous avez des exemples de projets concernés?</strong></p><p>Le projet de bâtiment sur le campus des hautes écoles lausannoises par exemple. Nous profitons de ce temps pour aller plus loin dans l’étude. Par contre, nous continuons bien sûr à créer et à lancer de nouvelles émissions, de nouvelles offres sur internet et sur les réseaux sociaux.</p><p><strong>A ce sujet, l’émission Nouvo a été diffusée pour la dernière fois le lundi 11 décembre à la télévision et n’existera plus que sur les réseaux sociaux. Les partisans de l’initiative «No Billag» reprochent notamment à la RTS de ne pas s’adresser suffisamment aux jeunes. Cette déprogrammation n’envoie-t-elle pas un mauvais signal?</strong></p><p>Il s’agit de deux choses différentes. 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Je vais vous donner deux chiffres. Aujourd’hui nous faisons 33 à 35% de part de marché tout public en <em>prime time</em> en télévision. Auprès des jeunes de 15 à 29 ans, nous faisons 25%. Quand on évoque une fracture générationnelle, on pourrait s’attendre à un chiffre beaucoup plus bas. Or ce n’est pas le cas. Les jeunes regardent moins longtemps la télévision, mais environ 80% d’entre eux regardent la télévision tous les jours en Suisse romande. La première chaîne qu’ils regardent, c’est la RTS, et derrière nous il y a TF1 et M6.</p><p><strong>Ça c’est pour la télévision linéaire. Et sur internet, vous avez des chiffres?</strong></p><p>Sur nos plateformes, sur les applications et sur les réseaux sociaux, nous totalisons en moyenne un demi-million de vidéos vues par jour. Et les jeunes sont très présents sur notre offre en ligne. En télévision, la moyenne d’âge est de 55 ans. Elle est de 45 ans sur nos applications et le site RTS.ch, de 35 ans sur les pages Facebook de la RTS et de 25 ans pour nos comptes sur les autres réseaux sociaux. Aujourd’hui notre objectif est de produire du contenu transmédia, et pas seulement rattaché à un seul vecteur. Via internet, nos productions ont une vie propre.</p><p><strong>Les initiants vous reprochent un certain fatalisme et une stratégie visant à faire peur en affirmant qu’il n’y a pas de plan B. Un récent sondage – qui n’a pas interrogé de Tessinois ni de personnes de plus de 65 ans – relevait qu’apparemment la population ne croit d’ailleurs pas dans ce discours catastrophique. Est-ce que la SSR a mené de véritables études pour un plan B?</strong></p><p>Bien sûr qu’elle a étudié la solution. Nous avons constaté qu’en perdant 75% de nos moyens, et tout cela en neuf mois, ce n’est pas possible de se relever et de produire une offre en quatre langues.</p><p><strong>Mais l’initiative est annoncée depuis 2015, cela ne date pas d’hier.</strong></p><p>J’ai lu que des experts disent que la SSR peut générer à peu près 300 millions de recettes publicitaires par an. Aujourd’hui nous dégageons environ 230 millions par an, et pour obtenir ce résultat, il faut conserver les audiences actuelles sinon les revenus publicitaires s’écroulent. Et pour conserver ces audiences, il faut produire l’offre actuelle financée à 75% par la redevance. C’est un cercle vicieux.</p><p><strong>Est-ce que la SSR a déjà planché sur un scénario d’acceptation le 4 mars prochain et commencé à mener des réflexions sur un éventuel plan social?</strong></p><p>Non. Aujourd’hui nous savons que si c’est oui le 4 mars, nous devrons démanteler l’activité. Nous allons être un employeur responsable, donc nous négocierons avec les syndicats un plan social le moment venu. Nous pensons quand même qu’à la fin le peuple suisse prendra conscience des enjeux et balaiera cette initiative.</p><p><strong>Mais ça c’est un pari sur l’avenir… Vous devez anticiper tous les possibles.</strong></p><p>Si c’est oui, nous aurons neuf mois pour organiser la fin de la SSR. Celui qui décide dans cette affaire ce n’est pas nous, c’est le Conseil fédéral. La première chose qu’il va nous dire, c’est de faire notre travail jusqu’en décembre 2018.</p><p><strong>A ce jour, la SSR n’a pas de mandat du Conseil fédéral pour anticiper les événements en cas d’acceptation de l’initiative?</strong></p><p>Non. Le mandat que nous avons aujourd’hui, c’est la concession actuelle et pour la réaliser, nous recevons la redevance perçue par Billag. Dès 2019, nous aurons un nouveau mandat et la redevance sera prélevée par l’entreprise Serafe. 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En revanche ce qui va disparaître avec la SSR, c’est le financement du cinéma suisse, des compétitions sportives en Suisse, c’est la production de la culture et le rayonnement des festivals. </p><p><strong>Des partisans de l’initiative, certains éditeurs et même une partie de la population qui ne votera pas forcément en faveur de «No Billag» estiment quand même que la SSR fait la démonstration d’une certaine arrogance. L’extension de la redevance à tous les ménages, la fameuse révision de la Loi fédérale sur la radio et télévision, a été acceptée à 3000 voix près en 2015. Or, rien n’a changé. Cette campagne n’est-elle pas l’occasion de prendre des engagements clairs envers les citoyens pour modifier certains aspects de la SSR?</strong></p><p>La campagne commence. Il reste plus de trois mois avant la votation. Il peut se passer encore beaucoup de choses. Le nouveau directeur de la SSR Gilles Marchand vient de prendre ses fonctions et c’est quelqu’un que je sais très pragmatique. Comme tout nouveau directeur, je pense qu’il a des projets. C’est à lui de les présenter et il a déjà fait un certain nombre de propositions. </p><p><strong>Est-ce que cette campagne vous donne aussi l'occasion de réfléchir à l'orientation de l'entreprise et au choix des programmes, donc à une certaine remise en question, ou vous pensez plutôt que la RTS a fait tout juste jusqu'ici?</strong></p><p>Nous n’avons pas la prétention de faire tout juste. Nous sommes ouverts à la critique et en dialogue permanent avec le public, en particulier avec le Conseil du public RTSR. Cela dit, nous devons développer de nouveaux formats sur les plateformes et les réseaux sociaux. Et renforcer notre lien avec les jeunes générations entre autres. Ce que nous avons déjà commencé à faire avec la refonte de Couleur 3 (y compris radio visuelle) et sa nouvelle application mobile. Ou encore avec Nouvo News (plus de 100'000 fans sur Facebook) et Tataki, notre offre pour les 15-25 ans uniquement sur les réseaux sociaux.</p><p><strong>Face à la concurrence internationale de grands groupes comme Facebook ou d’autres entreprises étrangères qui captent une part importante de publicité également en Suisse, l’avenir de la SSR ne passe-t-elle pas par une collaboration accrue avec les médias privés?</strong></p><p>Totalement. C’est ce que nous faisons en Suisse romande depuis longtemps. Je pense que nous les Romands avons une longueur d’avance. En Suisse alémanique, il y a des fronts beaucoup plus crispés entre les éditeurs, la SRF et les radios et télévisions régionales. </p><p><strong>Il y a un autre point d’achoppement avec les éditeurs en ce qui concerne la coentreprise Admeira, entre la SSR, Swisscom et l’éditeur Ringier, qui se définit aujourd’hui comme la principale régie publicitaire de Suisse. 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C’est pourtant durant cette période que se développeront des entreprises comme Publicitas (qui achète aux journaux des espaces publicitaires) et Lousonna (ancêtre d’Edipresse devenu Tamedia Publications romandes). L’émergence de ces nouveaux leaders du marché romand aura de lourdes conséquences sur le paysage de la presse.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w800/1510695426_clavien.jpg" width="526" height="404">Les éditeurs eux-mêmes ne croient plus en l’avenir de la presse, selon Alain Clavien<br></h4><p>Une première crise surgit durant la décennie 1960-1970, débouchant sur de nombreuses disparitions de titres ou des fusions. En dix ans, le nombre de titres en Suisse romande passe de 103 à 92. 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Interviewé par <em>L’Hebdo </em>en mars 2009, Martin Kall, CEO de Tamedia, affirme que «l’un des défis majeurs des médias consiste à gagner de l’argent. [L’objectif visé est] un bénéfice brut de l’ordre de 15 à 20%, si l’environnement conjoncturel est normal», relève l’auteur de <em>La presse romande</em>. Entre temps, les éditeurs ont lancé des journaux gratuits, lesquels font concurrence à leurs propres titres en termes de revenus publicitaires, et investi dans des plates-formes en ligne de petites annonces. De plus, les journaux ont longtemps proposé gratuitement leurs contenus sur internet.</p><p>En 2012, Marc Walder, CEO du holding médiatique zurichois Ringier, reconnaît pourtant que le fait «d’offrir gratuitement des contenus sur l’internet a été une erreur historique [… qu’il] s’agit maintenant de corriger». Aujourd’hui, la Suisse romande compte onze quotidiens payants publiés par sept éditeurs. </p><p>Pour Alain Clavien, les éditeurs ne croient plus en l’avenir de la presse, pas assez rentable. «Les entreprises médiatiques qui ont cannibalisé les ressources publicitaires de leurs propres journaux en investissant dans les plates-formes de petites annonces en ligne auraient pu consacrer une part de ces bénéfices à renforcer leurs titres en leur donnant les moyens de résister à la concurrence d’internet, mais ils ont privilégié les dividendes immédiats.» Et l’auteur de conclure: «C’est un choix, qu’il serait élégant d’assumer plutôt que de se dissimuler derrière les "lois" de l’économie».</p><p></p><hr><p></p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w500/1510694614_clavien.jpg" width="281" height="430"><em>La presse romande</em>, Alain Clavien. <a href="http://www.antipodes.ch/collections/histoire-ch/la-presse-romande-detail">Editions Antipodes</a> & SHSR</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-nouveaux-maitres-de-la-presse-romande', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 958, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 584, 'homepage_order' => (int) 589, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 86, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 496, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Politique', 'title' => 'Les zigzags opportunistes d’Ignazio Cassis', 'subtitle' => 'L’homme est de toutes les coteries. Durant la campagne pour la succession du conseiller fédéral Didier Burkhalter, les liens d’intérêt troubles du candidat Ignazio Cassis n’ont cessé de faire parler d’eux. Ce qui ne l’a pas empêché d’être élu au deuxième tour du scrutin par ses collègues de l’Assemblée fédérale le 20 septembre dernier. Début novembre, Ignazio Cassis entrera donc en fonction en sa qualité de conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Mais si l’homme des lobbies a atteint son objectif en devenant le 117<sup>e </sup>conseiller fédéral, sa personnalité insaisissable continue de défrayer la chronique. Ainsi, la presse se faisait l’écho il y a quelques jours d’une situation pour le moins originale: neuf jours avant l’élection au Conseil fédéral, le Tessinois a demandé son adhésion au lobby des armes à feu Pro Tell… association qui refuse que la Suisse s’aligne sur les exigences de la Commission européenne en matière de régulation des armes à feu, alors même qu’elle est membre de l’espace Schengen. <br></p><p>Pro Tell envisage de lancer un référendum si la Suisse applique le durcissement de la législation de l’Union européenne. Si les Suisses devaient rejeter l’adaptation du droit helvétique à ces exigences, la Confédération pourrait être exclue de l’espace Schengen. L’adhésion d’Ignazio Cassis à Pro Tell ne peut donc que nous interroger, puisqu’il va diriger le Département des affaires étrangères. Quelle est sa position sur ce dossier? 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Lui seul le sait. Et c’est bien là que le bât blesse. Dans la plupart des dossiers, Ignazio Cassis est adepte des circonvolutions. Ses positions sont rarement claires.</p><p>Médecin de profession, il a présidé l’une des faîtières des assureurs-maladie, l’association Curafutura. En tant que président, il était rémunéré 180'000 francs par an pour représenter la faîtière, et donc ses intérêts. Cela ne pose-t-il pas des questions sur son indépendance à propos du dossier de la santé, lui qui présidait en parallèle la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national? Aucune réponse claire à ce sujet. </p><p>A droite, ces interrogations sont systématiquement balayées par l’argument du système de milice, lequel implique que les parlementaires doivent continuer à travailler en parallèle de leur mandat. Les lobbies auraient pour leur part qu’un rôle d’information. Sauf qu’Ignazio Cassis n’était pas proche des assureurs-maladie lorsqu’il a été élu à l’Assemblée fédérale. Et qu’un élu peut très bien s’informer sans forcément occuper des mandats rémunérés au sein même de groupements d’intérêt, quels qu’ils soient. <br></p><h3>Une «réflexion personnelle», vraiment?<br></h3><p>Autre élément récemment mis en avant par le journal<em> Le Temps</em>, son appartenance au groupe parlementaire helvético-catalan jusqu’à son élection. Alors que la Suisse pourrait être intéressée à proposer ses bons offices à l’Espagne pour l’aider à gérer la crise catalane, la question de la neutralité d’Ignazio Cassis, futur chef des Affaires étrangères, se pose. Interrogé par le quotidien romand, le département n’a pas répondu.</p><p>Enfin, Ignazio Cassis a annoncé durant sa campagne avoir abandonné sa nationalité italienne. Alors que l’UDC en avait fait un thème et une condition pour obtenir le soutien de son groupe parlementaire, le Tessinois a annoncé sa décision plusieurs semaines après avoir effectué les démarches. Une opération opportuniste? La question se pose, puisqu’il n’a pas jugé utile de communiquer immédiatement. Selon ses dires, il s’agissait d’une réflexion personnelle. Cette décision a toutefois clairement séduit ses collègues de l’UDC, pour lesquels un conseiller fédéral ne peut pas disposer d’une double nationalité – alors même que les binationaux représentent un tiers de la population suisse.<br></p><h3>Pourquoi avoir adhéré neuf jours avant son élection?</h3><p>Son adhésion tardive à Pro Tell avait sans doute aussi pour objectif de se rapprocher encore davantage de l’UDC, parti qui s’oppose au durcissement de la législation sur les armes à feu, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une exigence de l’Union européenne. Sa décision de quitter cette association en rassurera plus d’un, mais elle ne répond pas aux interrogations que cette adhésion suscite. Pourquoi avoir adhéré neuf jours avant son élection? Quelle est sa position personnelle vis-à-vis d’un éventuel référendum contre l’application de la législation européenne? <br></p><p>Qui est réellement cet homme qui, pour s’assurer des voix, abandonne la nationalité de ses parents et adhère en dernière minute à une association qu’il abandonne aussitôt que la critique se fait entendre, sans pour autant s’expliquer sur ses intentions? Ignazio Cassis est-il pourvu d’une colonne vertébrale ou adapte-t-il ses positions politiques au gré des événements? Peut-être que le futur chef de la diplomatie helvétique se reconnaît dans ces mots de Talleyrand, qui fut ministre sous Napoléon et dont la carrière demeure une référence pour les diplomates modernes: «En politique, il n’y a pas de convictions, il n’y a que des circonstances».</p><p></p><hr><p></p><p><strong>L'interview donnée par Ignazio Cassis à proTELL à la veille de son élection<br></strong></p><h2>«Oui, j'adhère volontiers à proTELL»<br></h2><p><strong>10 septembre 2017</strong></p><p><strong><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1508254114_protell.jpg"></strong><br><br><strong>Etes-vous membre de proTELL et sinon, souhaitez-vous le devenir?</strong><br>Je suis membre de l’association tessinoise «libertà e valor » qui est très proche de proTELL. J’adhère donc volontiers à proTELL.</p><p><strong>Etes-vous membre de l'Intergroupe parlementaire pour un droit libéral sur les armes et sinon, souhaitez-vous y adhérer (question évidemment réservée aux parlementaires)?</strong><br>Je suis déjà membre.</p><p><strong>Partagez-vous le point de vue selon lequel le droit suisse en vigueur est suffisant pour garantir la sécurité publique et que dès lors, tout nouveau durcissement de notre législation sur les armes doit être refusé?</strong><br>Oui, notre droit interne est suffisant. Ce même droit nous lie aussi au traité de Schengen-Dublin. Si la Suisse veut rester dans ce traité, il faut trouver la bonne voie. <br></p><p><strong>Partagez-vous le point de vue selon lequel à l'avenir, les citoyens-soldats libérés de leurs obligations militaires doivent pouvoir continuer à conserver leur arme d'ordonnance aux conditions fixées par le droit en vigueur (autrement dit sans les nouvelles exigences prescrites dans la directive révisée de l'UE)?</strong><br>Oui. C’est au Conseil fédéral de négocier de manière ferme avec l’UE pour obtenir comme résultat une large marge d’interprétation de cette nouvelle directive.</p><p><strong>A deux reprises et de manière parfaitement claire, le peuple suisse et le Parlement fédéral ont refusé <a href="https://www.rts.ch/info/suisse/2954260-l-initiative-sur-les-armes-clairement-repoussee.html / https://www.rts.ch/info/suisse/6756763-le-conseil-national-refuse-un-enregistrement-des-armes-a-posteriori.html">l'enregistrement rétroactif des armes</a>. Etes-vous prêt à vous opposer à l’enregistrement rétroactif des armes détenues légalement?<br></strong>Oui. <br></p><p><strong>Partagez-vous le point de vue selon lequel une arme acquise légalement ne saurait être confisquée ultérieurement par l'effet rétroactif d¹une éventuelle révision de la loi?</strong><br>Une arme acquise est acquise. Le nouveau droit ne doit par principe pas avoir effet rétroactif. <br></p><p><strong>Le droit fédéral autorise les cantons à acquérir jusqu'à 3 armes moyennant une unique demande de permis d¹acquisition d¹armes (PAA) et un unique émolument (art. 16 al. 1 OArm). Le problème est purement bureaucratique puisqu'en tout état de cause, la totalité des armes ainsi acquises doit être enregistrée. Etes-vous favorable au maintien du système en vigueur dans presque tous les cantons, respectivement (s'agissant de M. Maudet) êtes-vous disposé à mettre fin à l'«exception genevoise» sur ce point?</strong><br>Je suis favorable au maintien du système en vigueur. <br></p><p><strong>Un nombre croissant de stand de tir subissent des pressions juridiques, essentiellement liées à leurs nuisances sonores, bien qu'ils existent depuis des décennies et que leur activité est stable. Soutenez-vous la protection des stands de tir qui existent depuis au moins dix ans afin de garantir leur droit à continuer leurs activités ?</strong><br>Oui.<br></p><p><strong>Actuellement, les propriétaires d'une arme détenue légalement ne peuvent pas acquérir de réducteur de son (silencieux), si ce n'est moyennant une très hypothétique autorisation exceptionnelle. Pourtant, ce type de dispositif permet de réduire les nuisances sonores liées au tir et du même coup, de conserver un nombre de stands et autres places de tir suffisant adapté au nombre des tireurs de ce pays. Dans ce sens, soutenez-vous l'idée que les réducteurs de son, qui ne sont finalement que de simples accessoires d¹armes, devraient pouvoir être acquis aux mêmes conditions que l'arme sur laquelle ils doivent être fixés, c'est-à-dire moyennant un PAA ordinaire pour toutes les armes non soumises au régime de l¹autorisation exceptionnelle?</strong><br>A priori je suis d’accord. Mais une réponse définitive dépend de l’examen approfondi de cette question, que je ne peux pas faire ces jours-ci. </p><p><strong>L'octroi d'un permis de port d'arme (PPA) est subordonné à une «clause du besoin» (art. 27 al. 2 let. b LArm). Celle-ci est interprétée de manière très diverse en fonction des cantons. Ainsi, un bijoutier vaudois qui avait pourtant déjà été victime de plusieurs braquages et qui disposait d'une formation complète de tir pratique s'est vu refuser un PPA bien qu'il remplissait toutes les conditions exigées par ailleurs par la loi. Soutenez-vous le maintien de cette clause ou pensez-vous qu'il est préférable de soumettre les demandeurs non-professionnels aux mêmes conditions drastiques de de moralité, de formation et d¹examens que les porteurs professionnels?</strong><br>En tant que profond fédéraliste, je veux laisser aux Cantons une large marge d’interprétation et d’action, pour répondre aux attentes de ses citoyens. Je ne connais pas la situation dans le Canton de Vaud, mais telle que vous la décrivez, elle me semble absurde. Mais c’est aux Vaudois de réclamer, par voie juridique d’abord ou politique par la suite.<br></p><p><a href="https://www.protell.ch/fr/top-news/608-les-candidats-ignazio-cassis-et-pierre-maudet-ont-repondu">L'interview sur le site de ProTell</a><br></p><p></p><hr><p></p><h2>Précédemment dans Bon pour la tête</h2><h4><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/l-homme-qu-il-ne-faut-pas-au-conseil-federal">L’homme qu’il ne faut pas au Conseil fédéral – Der Mann, den es nicht im Bundesrat bedarf</a>, par Jacques Pilet<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/ignazio-cassis-1"><br>Ignazio Cassis: les 1,4 million de Suisses binationaux ne lui disent pas merci</a>, par Chantal Tauxe<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/ignazio-cassis-pietre-diplomate"><br>Ignazio Cassis: piètre diplomate</a>, par Jacques Pilet<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/un-brillant-reveil"><br>Un brillant réveil</a>, par Chantal Tauxe<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/pourquoi-n-e-lit-on-pas-toujours-les-meilleurs-au-conseil-fe-de-ral"><br>Pourquoi n'élit-on pas toujours les meilleurs au Conseil fédéral?</a> Par Chantal Tauxe et Kevin Crélerot<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/le-dernier-souffle-du-radicalisme-suisse"><br>Le dernier souffle du radicalisme suisse</a>, par Grégoire Barbey<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/catalogne-l-utopie-fait-long-feu"><br>Catalogne: l’utopie fait long feu</a>, par Jacques Pilet<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/port-d-armes-ce-que-dit-la-constitution-americaine-et-ce-qu-on-lui-fait-dire"><br><br>Port d'armes: ce que dit la Constitution américaine et ce qu’on lui fait dire</a>, par Denis Masmejan<img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1508253858_mixarmes.jpg" width="343" height="257">«proTELL et NRA même combat.» © Mix & Remix / Infrarouge<br></h4><br>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-zigzags-opportunistes-d-ignazio-cassis', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 958, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 502, 'homepage_order' => (int) 504, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 86, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 1811, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '1499085188_bplt_juges_f2.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 641584, 'md5' => '90251ec0e01ef8388fbfb0fc61e87068', 'width' => (int) 1200, 'height' => (int) 857, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => null, 'description' => 'L’UDC a choisi, à dessein, de ressortir une vieille formulation qui avait disparu du langage courant depuis fort longtemps: «juges étrangers».<br>', 'author' => null, 'copyright' => '© Bon pour la tête / Matthias Rihs', 'path' => '1509912975_1499085188_bplt_juges_f2.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 17, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Merci pour cette excellente illustration de l'art de communiquer de l'UDC... il se trouve que Michel Bühler a pris la peine de lire leur argumentaire en faveur de No Billag (https://www.lecourrier.ch/154289/no_billag#, également sur FB, site francophone de Non à No Billag), mais en mauvais français, ce qui laisse transparaître tout leur mépris pour "le français, donc de ceux qui le pratiquent"... 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Il en va ainsi de son initiative visant à instaurer la primauté du droit national sur le droit international. L’UDC a choisi, à dessein, de ressortir une vieille formulation qui avait disparu du langage courant depuis fort longtemps: «juges étrangers». Ainsi, la souveraineté de la Suisse serait mise en danger par des juges qui n’ont strictement aucun lien avec le pays et qui décident pour lui. Nous ne comptons pas refaire le débat ici, et pour celles et ceux qui s’y intéressent, nous vous recommandons la lecture de l’ouvrage «Démocratie directe contre droit international» de Denis Masmejan.
Il s’agit plutôt de démontrer ici comment des éléments de langage partisans peuvent soudain se retrouver à large échelle dans le débat public, et même être employé par celles et ceux qui en principe n’adhèrent en rien à la ligne de l’UDC...
Première étape: imposer les termes du débat public
Lorsque l’UDC décide de lancer une initiative, la communication est réfléchie en amont, et le choix des mots est primordial. Il ne s’agit pas seulement d’arriver avec une proposition, comme le font bien souvent les autres partis et les groupes d’intérêts qui lancent leurs propres initiatives, pour susciter la discussion. Non, il faut faire une proposition accompagnée d’un corpus linguistique prédéfini, afin de verrouiller les discussions.
Sur ce point, l’UDC se démarque clairement de ses adversaires politiques. Sa première préoccupation n’est pas de susciter le débat, mais d’en poser les termes, à l’aide d’un langage imagé qui imprime une vision du monde avant même d’en questionner la pertinence. «Juges étrangers», la formule se suffit à elle-même. Qui, même chez les moins nationalistes, souhaiterait transférer son destin dans les mains d’individus avec lesquels il n’a aucun lien, aucune prise? Personne. De même, lorsque l’UDC avait lancé il y a trois ans son initiative «contre l’immigration de masse», le choix des mots était essentiel. Alors même que le texte visait surtout les ressortissants de pays européens, la notion de «masse» avait pour objectif de renvoyer à l’image des grappes de migrants accrochés à leurs tristes bateaux.
Même si l’usage de cette formulation est malhonnête et ne décrit pas la réalité, ce n’est pas ce qui importe à l’UDC. Le parti ne cherche pas à discuter les faits, il veut les imposer, les contrôler. A partir du moment où les médias reprennent son vocabulaire à chaque fois que le sujet est traité, l’UDC a gagné. Une campagne politique est avant tout une guerre de communication, et l’image qui est du domaine de l’émotionnel surclasse bien souvent la raison. En ce qui concerne son initiative pour faire primer le droit national sur le droit international, l’UDC a déjà remporté son pari: les médias reprennent sans cesse sa formule, et même au-delà de cette seule initiative.
Deuxième étape: contraindre l’adversaire à utiliser le même langage
Une fois que la guerre des mots est remportée dans les médias, la deuxième étape est de contraindre l’adversaire à débattre du sujet en employant les mots choisis par l’UDC. Aujourd’hui, l’affaire est entendue. Non seulement, les journalistes utilisent la formule «juges étrangers» très souvent – parce que c’est plus simple que de parler de «primauté du droit national sur le droit international» –, mais en plus ces éléments de langage ont pris en otage d’autres discussions!
C’est le cas du débat sur l’avenir des relations entre la Suisse et l’Union européenne. La perspective d’un accord-cadre a du plomb dans l’aile: de nombreuses personnalités du Parti libéral-radical font désormais référence aux «juges étrangers» comme étant la ligne rouge à ne pas franchir dans ce dossier. Alors même que les libéraux-radicaux ont pour objectif de développer les relations entre la Suisse et l’Union européenne, notamment parce qu’il s’agit du premier partenaire commercial de notre pays!
La campagne pour le Conseil fédéral a été décisive en la matière. Qu’un européiste convaincu comme le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet reprenne à son compte la notion de «juges étrangers» pour fixer la limite des négociations est symptomatique de la victoire de l’UDC dans le débat public. Quand bien même l’usage de cette formule se discute, ceux-là même qui combattent la politique de l’UDC tombent dans son piège en utilisant les mêmes mots! Idem s’agissant de l’immigration de masse: des politiciens hors de l’UDC ont aussi, à plusieurs reprises, employé cette formule.
Troisième étape: maintenir la discussion sur la forme plutôt que le fond
Une fois que toutes ces conditions sont réunies, l’UDC marche en terrain conquis. L’étape décisive peut déployer ses effets. En restreignant le champ du débat à des questions de langage, le fond devient secondaire. Ainsi, les adversaires du texte de l’UDC en faveur de la primauté du droit national sur le droit international devront expliquer pourquoi la notion de «juges étrangers» est erronée.
Autant dire que la situation est compliquée. Le parti national-conservateur a tissé sa toile et ses proies se sont elles-mêmes – consciemment ou non – précipité dans le piège. Plutôt que de discuter des conséquences d’une acceptation de l’initiative, les opposants seront principalement occupés à tenter de déconstruire le langage employé par l’UDC. Mais comment déconstruire une manière de présenter les faits quand on a fait l’erreur d’y avoir soi-même recours pour des raisons électorales?
L’essence même de la stratégie de communication de l’UDC repose sur cet objectif: redéfinir les termes du débat, pour mieux l’instrumentaliser. Alors même qu’avant le lancement de cette initiative, aucun membre du Parti libéral-radical n’employait la formule des «juges étrangers», voici que cette notion devient courante et est utilisée par des candidats au Conseil fédéral! De son côté, la presse l’utilise également, ce qui participe à asseoir la légitimité de cet élément de langage.
Quelle forme la campagne prendra-t-elle ces prochains mois? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est qu’elle sera particulièrement délicate. L’UDC a popularisé sa formulation partisane. Elle peut donc compter sur un avantage concurrentiel non négligeable. Toutes celles et ceux qui tenteront de débattre de l’usage des mots de l’UDC ont déjà perdu, puisque l’image est désormais imprimée dans les esprits et que la notion de «juges étrangers» a obtenu, en quelques mois, une légitimité inespérée.
Qu’importe l’issue de ce scrutin, la leçon devra être retenue pour les prochaines échéances électorales: les mots ont un sens et il s’agit de les utiliser avec intelligence. Certaines personnalités politiques et médiatiques se sont fait avoir et cela pourrait avoir de funestes conséquences sur l’avenir de notre pays. Les éléments de langage de l’UDC doivent être pris avec du recul, car ils ne doivent rien au hasard. La communication du parti est professionnalisée au plus haut point et son objectif est clair. Comme l’écrivit déjà Albert Camus en 1944: «Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde».
Précédemment dans Bon pour la tête
Denis Masmejan: «Se lier par des traités, c’est l’exercice même de la souveraineté», par Chantal Tauxe
Le dernier souffle du radicalisme suisse, par Grégoire Barbey
Ignazio Cassis: les 1,4 million de Suisses binationaux ne lui disent pas merci, par Chantal Tauxe
L’histoire trafiquée des «juges étrangers», par Denis Masmejan
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La perspective d’un accord-cadre a du plomb dans l’aile: de nombreuses personnalités du Parti libéral-radical font désormais référence aux «juges étrangers» comme étant la ligne rouge à ne pas franchir dans ce dossier. Alors même que les libéraux-radicaux ont pour objectif de développer les relations entre la Suisse et l’Union européenne, notamment parce qu’il s’agit du premier partenaire commercial de notre pays!</p><p>La campagne pour le Conseil fédéral a été décisive en la matière. Qu’un européiste convaincu comme le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet reprenne à son compte la notion de «juges étrangers» pour fixer la limite des négociations est symptomatique de la victoire de l’UDC dans le débat public. Quand bien même l’usage de cette formule se discute, ceux-là même qui combattent la politique de l’UDC tombent dans son piège en utilisant les mêmes mots! 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Comme l’écrivit déjà Albert Camus en 1944: «Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde». <br></p><p></p><hr><p></p><h2>Précédemment dans Bon pour la tête</h2><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/se-lier-par-des-traites-c-est-l-exercice-meme-de-la-souverainete">Denis Masmejan: «Se lier par des traités, c’est l’exercice même de la souveraineté»</a>, par Chantal Tauxe<br></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/le-dernier-souffle-du-radicalisme-suisse">Le dernier souffle du radicalisme suisse</a>, par Grégoire Barbey<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/l-histoire-trafiquee-des-juges-etrangers"><br></a></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/ignazio-cassis-1">Ignazio Cassis: les 1,4 million de Suisses binationaux ne lui disent pas merci</a>, par Chantal Tauxe<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/l-histoire-trafiquee-des-juges-etrangers"><br></a></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/l-histoire-trafiquee-des-juges-etrangers">L’histoire trafiquée des «juges étrangers»</a>, par Denis Masmejan <br></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'comment-l-udc-manipule-le-langage', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 991, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 563, 'homepage_order' => (int) 565, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 86, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1657, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Contre-article', 'title' => 'L'épouvantail communiste', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Est-ce que le véritable danger de la 5G réside dans le rôle actif joué par la Chine dans le déploiement de cette technologie dans le monde à travers l’entreprise Huawei, soupçonnée de collusions avec le gouvernement chinois? C’est semble-t-il l’avis de Jonas Follonier qui <a href="/actuel/la-5g-un-non-evenement" target="_blank" rel="noopener">a publié un article sur <em>Bon pour la tête</em></a> dans lequel il écrit: «Il est permis de se dire que le risque de mise à disposition en mains communistes de nos données personnelles ne se laisse pas balayer pour quelques caprices d’interconnexion et de rapidité de navigation».</p> <p>Les antennes de Huawei peuvent effectivement causer des soucis en termes de sécurité du réseau. D’un point de vue stratégique, il n’est pas souhaitable qu’une seule entreprise – dont les liens avec le gouvernement semblent étroits – puisse contrôler l’ensemble des infrastructures de télécommunication de la Suisse. En cas de conflit, rien ne pourrait exclure que ce même réseau soit coupé. Scénario extrême, mais à considérer. La Suisse aurait donc tout intérêt à déployer des antennes dont elle a la maîtrise en parallèle des antennes de Huawei – ou de l’américain Cisco… Même si cette précaution ne devait jamais servir, il n’est pas sain qu’un Etat dépende totalement d’infrastructures dont il n’a pas le contrôle.</p> <p>Ce risque est réel, mais il ne pèse pas sur les données personnelles. Les antennes permettent de faire circuler l’information, les paquets qui transitent par ces autoroutes numériques peuvent être chiffrés par l’opérateur et surtout par les applications que nous utilisons quotidiennement, donc à l’abri des regards indiscrets. Il serait possible de dépendre uniquement d’infrastructures d’origine étrangère, mais il faudrait pour cela maîtriser le chiffrement du trafic qui passe à travers ces antennes. En tous les cas, la Suisse a tout intérêt à favoriser le financement et l’acquisition de matériels openhardware.</p> <p>De surcroît, s’il y a des raisons de s’inquiéter du traitement des données personnelles des individus, le problème ne vient pas uniquement de la politique du gouvernement chinois. Les Américains n’ont aucune leçon à donner aux Chinois dans leur approche sécuritaire du numérique. Les principaux géants du web sont américains et chinois. Ces mêmes multinationales doivent leur succès à leur modèle économique basé sur l’exploitation des données personnelles des individus.</p> <p>Certains seront tentés de dire que les intentions américaines sont certainement moins inquiétantes que les objectifs de la Chine. Et pourtant, ce sont ces mêmes Etats-Unis qui ont volontairement créé des backdoors – des portes dérobées – dans des technologies utilisées tant par ses propres citoyens qu’à l’étranger. 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Le public a le droit de savoir et de comprendre. </p><p><strong>S’agissant des collaborateurs, comment vivent-ils la campagne? Est-ce qu’elle a un impact sur le climat à la RTS?</strong></p><p>Je vais dire les choses de manière très claire: une partie du personnel a peur. Ils ont conscience que si l’initiative passe, nous perdrons 75% de nos revenus dans un délai de neuf mois. Ils savent que cela ne sera pas facile de se retourner dans pareille situation et craignent donc pour l’emploi et pour cette entreprise en laquelle ils croient. Mais au-delà de ça, je suis très fier d’eux. Dans un contexte aussi tendu, ils font un travail très professionnel, nous continuons à lancer de nouvelles émissions et nous assumons le mandat qui est le nôtre.</p><p><strong>Est-ce qu’il y a des projets ou des émissions qui sont en standby en attendant la votation?</strong></p><p>Seuls les projets d’investissement sont en standby. Nous sommes responsables: nous n’allons pas lancer des commandes alors que l’avenir est incertain.</p><p><strong>Vous avez des exemples de projets concernés?</strong></p><p>Le projet de bâtiment sur le campus des hautes écoles lausannoises par exemple. Nous profitons de ce temps pour aller plus loin dans l’étude. Par contre, nous continuons bien sûr à créer et à lancer de nouvelles émissions, de nouvelles offres sur internet et sur les réseaux sociaux.</p><p><strong>A ce sujet, l’émission Nouvo a été diffusée pour la dernière fois le lundi 11 décembre à la télévision et n’existera plus que sur les réseaux sociaux. Les partisans de l’initiative «No Billag» reprochent notamment à la RTS de ne pas s’adresser suffisamment aux jeunes. Cette déprogrammation n’envoie-t-elle pas un mauvais signal?</strong></p><p>Il s’agit de deux choses différentes. 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Je vais vous donner deux chiffres. Aujourd’hui nous faisons 33 à 35% de part de marché tout public en <em>prime time</em> en télévision. Auprès des jeunes de 15 à 29 ans, nous faisons 25%. Quand on évoque une fracture générationnelle, on pourrait s’attendre à un chiffre beaucoup plus bas. Or ce n’est pas le cas. Les jeunes regardent moins longtemps la télévision, mais environ 80% d’entre eux regardent la télévision tous les jours en Suisse romande. La première chaîne qu’ils regardent, c’est la RTS, et derrière nous il y a TF1 et M6.</p><p><strong>Ça c’est pour la télévision linéaire. Et sur internet, vous avez des chiffres?</strong></p><p>Sur nos plateformes, sur les applications et sur les réseaux sociaux, nous totalisons en moyenne un demi-million de vidéos vues par jour. Et les jeunes sont très présents sur notre offre en ligne. En télévision, la moyenne d’âge est de 55 ans. 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Nous allons être un employeur responsable, donc nous négocierons avec les syndicats un plan social le moment venu. Nous pensons quand même qu’à la fin le peuple suisse prendra conscience des enjeux et balaiera cette initiative.</p><p><strong>Mais ça c’est un pari sur l’avenir… Vous devez anticiper tous les possibles.</strong></p><p>Si c’est oui, nous aurons neuf mois pour organiser la fin de la SSR. Celui qui décide dans cette affaire ce n’est pas nous, c’est le Conseil fédéral. La première chose qu’il va nous dire, c’est de faire notre travail jusqu’en décembre 2018.</p><p><strong>A ce jour, la SSR n’a pas de mandat du Conseil fédéral pour anticiper les événements en cas d’acceptation de l’initiative?</strong></p><p>Non. Le mandat que nous avons aujourd’hui, c’est la concession actuelle et pour la réaliser, nous recevons la redevance perçue par Billag. Dès 2019, nous aurons un nouveau mandat et la redevance sera prélevée par l’entreprise Serafe. 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En revanche ce qui va disparaître avec la SSR, c’est le financement du cinéma suisse, des compétitions sportives en Suisse, c’est la production de la culture et le rayonnement des festivals. </p><p><strong>Des partisans de l’initiative, certains éditeurs et même une partie de la population qui ne votera pas forcément en faveur de «No Billag» estiment quand même que la SSR fait la démonstration d’une certaine arrogance. L’extension de la redevance à tous les ménages, la fameuse révision de la Loi fédérale sur la radio et télévision, a été acceptée à 3000 voix près en 2015. Or, rien n’a changé. Cette campagne n’est-elle pas l’occasion de prendre des engagements clairs envers les citoyens pour modifier certains aspects de la SSR?</strong></p><p>La campagne commence. Il reste plus de trois mois avant la votation. Il peut se passer encore beaucoup de choses. Le nouveau directeur de la SSR Gilles Marchand vient de prendre ses fonctions et c’est quelqu’un que je sais très pragmatique. 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Ou encore avec Nouvo News (plus de 100'000 fans sur Facebook) et Tataki, notre offre pour les 15-25 ans uniquement sur les réseaux sociaux.</p><p><strong>Face à la concurrence internationale de grands groupes comme Facebook ou d’autres entreprises étrangères qui captent une part importante de publicité également en Suisse, l’avenir de la SSR ne passe-t-elle pas par une collaboration accrue avec les médias privés?</strong></p><p>Totalement. C’est ce que nous faisons en Suisse romande depuis longtemps. Je pense que nous les Romands avons une longueur d’avance. En Suisse alémanique, il y a des fronts beaucoup plus crispés entre les éditeurs, la SRF et les radios et télévisions régionales. </p><p><strong>Il y a un autre point d’achoppement avec les éditeurs en ce qui concerne la coentreprise Admeira, entre la SSR, Swisscom et l’éditeur Ringier, qui se définit aujourd’hui comme la principale régie publicitaire de Suisse. 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Cela illustre le pouvoir de l’image. Je crois que les gens n’ont pas encore pris conscience que la radio est tout autant concernée par cette votation et qu’en cas d’acceptation de l’initiative, ils perdront des émissions auxquelles ils sont attachés.</p><p></p><hr><p></p><h3>Précédemment dans Bon pour la tête #nobillag<br></h3><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/quel-gout-auront-les-grandes-potees-mediatiques">Quel goût auront les grandes potées médiatiques?</a>, par Jacques Pilet<br></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/les-vieux-clowns-ne-font-pas-rever">Grégoire Furrer: «A l’époque, l’humour c’était pour les ploucs»</a>, par Diana-Alice Ramsauer<br></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/titre">Jean-Philippe Ceppi: «Pas de plan B viable pour des émissions comme Temps Présent»</a>, par Denis Masmejan<br></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/coup-de-tonnerre-dans-le-ciel-mediatique">Coup de tonnerre dans le ciel médiatique</a>, par Jacques Pilet<a href="https://bonpourlatete.com/actuel/coup-de-tonnerre-dans-le-ciel-mediatique"><br></a></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/ma-mission-va-etre-d-essayer-de-comprendre-ce-qu-on-a-fait-faux">Irène Challand: «Ma mission va être d’essayer de comprendre ce qu’on a fait faux»</a>, par Anna Lietti<br></p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/les-journalistes-reprennent-leur-destin-en-main">Les journalistes reprennent leur destin en main</a>, par Chantal Tauxe<br></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'pascal-crittin', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 910, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 671, 'homepage_order' => (int) 687, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 86, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 580, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Médias', 'title' => 'Les nouveaux maîtres de la presse romande', 'subtitle' => ' «En quelques années, la Suisse romande a perdu le contrôle de la majeure partie de sa presse quotidienne et ses journalistes font les frais d’une politique de rendement extravagante.» Comment en sommes-nous arrivés là? C’est à cette question que répond Alain Clavien, professeur d’Histoire contemporaine à l’Uni de Fribourg, dans «La presse romande», livre publié récemment aux Editions Antipodes & SHSR. Dans cet ouvrage très accessible, l’auteur propose une perspective historique des journaux romands, du début du XVIIIe siècle à nos jours. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Alain Clavien détaille comment la presse romande a peu à peu évolué au fil des siècles, connaissant un premier essor au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle notamment grâce à l’inscription dans la Constitution fédérale de 1848 de la liberté de la presse dans toute la Suisse. Le livre s’attache également à expliquer comment les journaux ont fait leur entrée dans l’économie marchande, adoptant le modèle de la publicité pour réduire le coût du journal à l’achat et ainsi toucher un public plus large, ce qui favorise d’autant plus la publicité. 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C’est pourtant durant cette période que se développeront des entreprises comme Publicitas (qui achète aux journaux des espaces publicitaires) et Lousonna (ancêtre d’Edipresse devenu Tamedia Publications romandes). L’émergence de ces nouveaux leaders du marché romand aura de lourdes conséquences sur le paysage de la presse.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w800/1510695426_clavien.jpg" width="526" height="404">Les éditeurs eux-mêmes ne croient plus en l’avenir de la presse, selon Alain Clavien<br></h4><p>Une première crise surgit durant la décennie 1960-1970, débouchant sur de nombreuses disparitions de titres ou des fusions. En dix ans, le nombre de titres en Suisse romande passe de 103 à 92. Les milieux politiques s’inquiètent (déjà!) d’une potentielle concentration du secteur et de ses conséquences sur la diversité des opinions. </p><p>Mais c’est la période des années 1980-2000 qui va accélérer cette concentration. Face aux mutations technologiques – imprimeries, ordinateurs, premiers balbutiements d’internet –, de nombreux éditeurs ne réussiront pas procéder aux investissements nécessaires et lorsqu’ils y arrivent, ils se sont tellement endettés qu’ils doivent mettre la clé sous la porte ou accepter de guerre lasse d’être rachetés par les leaders du marché.</p><p>La financiarisation des esprits dans les années 1990 va également avoir un impact important: «Alors que pendant des dizaines d’années, un rendement d’environ 5% avait été considéré comme appréciable pour une entreprise de presse, la nouvelle génération au pouvoir exige des rendements de l’ordre de 15%», explique Alain Clavien.</p><p>Le rachat d’Edipresse par Tamedia n’améliore pas la situation. Interviewé par <em>L’Hebdo </em>en mars 2009, Martin Kall, CEO de Tamedia, affirme que «l’un des défis majeurs des médias consiste à gagner de l’argent. [L’objectif visé est] un bénéfice brut de l’ordre de 15 à 20%, si l’environnement conjoncturel est normal», relève l’auteur de <em>La presse romande</em>. Entre temps, les éditeurs ont lancé des journaux gratuits, lesquels font concurrence à leurs propres titres en termes de revenus publicitaires, et investi dans des plates-formes en ligne de petites annonces. De plus, les journaux ont longtemps proposé gratuitement leurs contenus sur internet.</p><p>En 2012, Marc Walder, CEO du holding médiatique zurichois Ringier, reconnaît pourtant que le fait «d’offrir gratuitement des contenus sur l’internet a été une erreur historique [… qu’il] s’agit maintenant de corriger». Aujourd’hui, la Suisse romande compte onze quotidiens payants publiés par sept éditeurs. </p><p>Pour Alain Clavien, les éditeurs ne croient plus en l’avenir de la presse, pas assez rentable. «Les entreprises médiatiques qui ont cannibalisé les ressources publicitaires de leurs propres journaux en investissant dans les plates-formes de petites annonces en ligne auraient pu consacrer une part de ces bénéfices à renforcer leurs titres en leur donnant les moyens de résister à la concurrence d’internet, mais ils ont privilégié les dividendes immédiats.» Et l’auteur de conclure: «C’est un choix, qu’il serait élégant d’assumer plutôt que de se dissimuler derrière les "lois" de l’économie».</p><p></p><hr><p></p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w500/1510694614_clavien.jpg" width="281" height="430"><em>La presse romande</em>, Alain Clavien. <a href="http://www.antipodes.ch/collections/histoire-ch/la-presse-romande-detail">Editions Antipodes</a> & SHSR</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-nouveaux-maitres-de-la-presse-romande', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 958, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 584, 'homepage_order' => (int) 589, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 86, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 496, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Politique', 'title' => 'Les zigzags opportunistes d’Ignazio Cassis', 'subtitle' => 'L’homme est de toutes les coteries. 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Ainsi, la presse se faisait l’écho il y a quelques jours d’une situation pour le moins originale: neuf jours avant l’élection au Conseil fédéral, le Tessinois a demandé son adhésion au lobby des armes à feu Pro Tell… association qui refuse que la Suisse s’aligne sur les exigences de la Commission européenne en matière de régulation des armes à feu, alors même qu’elle est membre de l’espace Schengen. <br></p><p>Pro Tell envisage de lancer un référendum si la Suisse applique le durcissement de la législation de l’Union européenne. Si les Suisses devaient rejeter l’adaptation du droit helvétique à ces exigences, la Confédération pourrait être exclue de l’espace Schengen. L’adhésion d’Ignazio Cassis à Pro Tell ne peut donc que nous interroger, puisqu’il va diriger le Département des affaires étrangères. Quelle est sa position sur ce dossier? 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Lui seul le sait. Et c’est bien là que le bât blesse. Dans la plupart des dossiers, Ignazio Cassis est adepte des circonvolutions. Ses positions sont rarement claires.</p><p>Médecin de profession, il a présidé l’une des faîtières des assureurs-maladie, l’association Curafutura. En tant que président, il était rémunéré 180'000 francs par an pour représenter la faîtière, et donc ses intérêts. Cela ne pose-t-il pas des questions sur son indépendance à propos du dossier de la santé, lui qui présidait en parallèle la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national? Aucune réponse claire à ce sujet. </p><p>A droite, ces interrogations sont systématiquement balayées par l’argument du système de milice, lequel implique que les parlementaires doivent continuer à travailler en parallèle de leur mandat. Les lobbies auraient pour leur part qu’un rôle d’information. Sauf qu’Ignazio Cassis n’était pas proche des assureurs-maladie lorsqu’il a été élu à l’Assemblée fédérale. Et qu’un élu peut très bien s’informer sans forcément occuper des mandats rémunérés au sein même de groupements d’intérêt, quels qu’ils soient. <br></p><h3>Une «réflexion personnelle», vraiment?<br></h3><p>Autre élément récemment mis en avant par le journal<em> Le Temps</em>, son appartenance au groupe parlementaire helvético-catalan jusqu’à son élection. Alors que la Suisse pourrait être intéressée à proposer ses bons offices à l’Espagne pour l’aider à gérer la crise catalane, la question de la neutralité d’Ignazio Cassis, futur chef des Affaires étrangères, se pose. Interrogé par le quotidien romand, le département n’a pas répondu.</p><p>Enfin, Ignazio Cassis a annoncé durant sa campagne avoir abandonné sa nationalité italienne. Alors que l’UDC en avait fait un thème et une condition pour obtenir le soutien de son groupe parlementaire, le Tessinois a annoncé sa décision plusieurs semaines après avoir effectué les démarches. Une opération opportuniste? La question se pose, puisqu’il n’a pas jugé utile de communiquer immédiatement. Selon ses dires, il s’agissait d’une réflexion personnelle. Cette décision a toutefois clairement séduit ses collègues de l’UDC, pour lesquels un conseiller fédéral ne peut pas disposer d’une double nationalité – alors même que les binationaux représentent un tiers de la population suisse.<br></p><h3>Pourquoi avoir adhéré neuf jours avant son élection?</h3><p>Son adhésion tardive à Pro Tell avait sans doute aussi pour objectif de se rapprocher encore davantage de l’UDC, parti qui s’oppose au durcissement de la législation sur les armes à feu, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une exigence de l’Union européenne. Sa décision de quitter cette association en rassurera plus d’un, mais elle ne répond pas aux interrogations que cette adhésion suscite. Pourquoi avoir adhéré neuf jours avant son élection? Quelle est sa position personnelle vis-à-vis d’un éventuel référendum contre l’application de la législation européenne? <br></p><p>Qui est réellement cet homme qui, pour s’assurer des voix, abandonne la nationalité de ses parents et adhère en dernière minute à une association qu’il abandonne aussitôt que la critique se fait entendre, sans pour autant s’expliquer sur ses intentions? Ignazio Cassis est-il pourvu d’une colonne vertébrale ou adapte-t-il ses positions politiques au gré des événements? Peut-être que le futur chef de la diplomatie helvétique se reconnaît dans ces mots de Talleyrand, qui fut ministre sous Napoléon et dont la carrière demeure une référence pour les diplomates modernes: «En politique, il n’y a pas de convictions, il n’y a que des circonstances».</p><p></p><hr><p></p><p><strong>L'interview donnée par Ignazio Cassis à proTELL à la veille de son élection<br></strong></p><h2>«Oui, j'adhère volontiers à proTELL»<br></h2><p><strong>10 septembre 2017</strong></p><p><strong><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1508254114_protell.jpg"></strong><br><br><strong>Etes-vous membre de proTELL et sinon, souhaitez-vous le devenir?</strong><br>Je suis membre de l’association tessinoise «libertà e valor » qui est très proche de proTELL. J’adhère donc volontiers à proTELL.</p><p><strong>Etes-vous membre de l'Intergroupe parlementaire pour un droit libéral sur les armes et sinon, souhaitez-vous y adhérer (question évidemment réservée aux parlementaires)?</strong><br>Je suis déjà membre.</p><p><strong>Partagez-vous le point de vue selon lequel le droit suisse en vigueur est suffisant pour garantir la sécurité publique et que dès lors, tout nouveau durcissement de notre législation sur les armes doit être refusé?</strong><br>Oui, notre droit interne est suffisant. Ce même droit nous lie aussi au traité de Schengen-Dublin. Si la Suisse veut rester dans ce traité, il faut trouver la bonne voie. <br></p><p><strong>Partagez-vous le point de vue selon lequel à l'avenir, les citoyens-soldats libérés de leurs obligations militaires doivent pouvoir continuer à conserver leur arme d'ordonnance aux conditions fixées par le droit en vigueur (autrement dit sans les nouvelles exigences prescrites dans la directive révisée de l'UE)?</strong><br>Oui. C’est au Conseil fédéral de négocier de manière ferme avec l’UE pour obtenir comme résultat une large marge d’interprétation de cette nouvelle directive.</p><p><strong>A deux reprises et de manière parfaitement claire, le peuple suisse et le Parlement fédéral ont refusé <a href="https://www.rts.ch/info/suisse/2954260-l-initiative-sur-les-armes-clairement-repoussee.html / https://www.rts.ch/info/suisse/6756763-le-conseil-national-refuse-un-enregistrement-des-armes-a-posteriori.html">l'enregistrement rétroactif des armes</a>. Etes-vous prêt à vous opposer à l’enregistrement rétroactif des armes détenues légalement?<br></strong>Oui. <br></p><p><strong>Partagez-vous le point de vue selon lequel une arme acquise légalement ne saurait être confisquée ultérieurement par l'effet rétroactif d¹une éventuelle révision de la loi?</strong><br>Une arme acquise est acquise. Le nouveau droit ne doit par principe pas avoir effet rétroactif. <br></p><p><strong>Le droit fédéral autorise les cantons à acquérir jusqu'à 3 armes moyennant une unique demande de permis d¹acquisition d¹armes (PAA) et un unique émolument (art. 16 al. 1 OArm). Le problème est purement bureaucratique puisqu'en tout état de cause, la totalité des armes ainsi acquises doit être enregistrée. Etes-vous favorable au maintien du système en vigueur dans presque tous les cantons, respectivement (s'agissant de M. Maudet) êtes-vous disposé à mettre fin à l'«exception genevoise» sur ce point?</strong><br>Je suis favorable au maintien du système en vigueur. <br></p><p><strong>Un nombre croissant de stand de tir subissent des pressions juridiques, essentiellement liées à leurs nuisances sonores, bien qu'ils existent depuis des décennies et que leur activité est stable. Soutenez-vous la protection des stands de tir qui existent depuis au moins dix ans afin de garantir leur droit à continuer leurs activités ?</strong><br>Oui.<br></p><p><strong>Actuellement, les propriétaires d'une arme détenue légalement ne peuvent pas acquérir de réducteur de son (silencieux), si ce n'est moyennant une très hypothétique autorisation exceptionnelle. Pourtant, ce type de dispositif permet de réduire les nuisances sonores liées au tir et du même coup, de conserver un nombre de stands et autres places de tir suffisant adapté au nombre des tireurs de ce pays. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@mleine 25.11.2017 | 11h33
«Merci pour cette excellente illustration de l'art de communiquer de l'UDC... il se trouve que Michel Bühler a pris la peine de lire leur argumentaire en faveur de No Billag (https://www.lecourrier.ch/154289/no_billag#, également sur FB, site francophone de Non à No Billag), mais en mauvais français, ce qui laisse transparaître tout leur mépris pour "le français, donc de ceux qui le pratiquent"...
Cordialement
Madeleine »
@dmdutoit 01.03.2018 | 14h18
«Bonjour,
Est-ce que les médias qui reprennent les propos de l'UDC sont-ils obligés de rester muets ? Les médias, en général, n'ont-ils pas une grande part de responsabilité dans cette affaire ? Il me semble qu'on demande aux médias un avis éclairé, pas d'être des bénis oui oui à la solde de l'UDC. Comme vous le dites vous-même, le langage de l'UDC doit être pris avec du recul. C'est le travail premier des journalistes, le plus important. Où sont les articles qui démontent leurs discours dans la presse tout public ? À part chez vous ?
Quand on sait qu'environ 30% de l'électorat vote contre ses propres intérêts, c'est hallucinant comme enfumage....
Amicalement,
Dominique»