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Les gens habitent ici en famille et cette petite cité dortoir est louée pour sa tranquillité, me disent les membres de l’administration. Les habitants sont majoritairement des personnes de la classe moyenne, plutôt privilégiée. Le maire «modéré» (libéral conservateur), Christian Sonesson, m’accueille. Ici, au niveau communal, on a voté à 44% pour son parti: les Moderaterna. J’apprends par des membres de l’administration que dans cette petite commune, il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de différences entre les démocrates de Suède et les modérés. Surtout lorsqu’il est question d’immigration. Dans d’autres communes, les SD se rapprochent plus de la gauche, me dit-on. <br>Le maire de Staffanstorp s’est positionné très clairement en faveur de la fermeture des frontières fin 2015. Pour lui, et c’est une phrase que j’entendrai d’un peu tous les bords politiques, «on ne peut pas tous les accueillir». 160'000 réfugiés en 2015, ça fait beaucoup. Ce chiffre est répété à chaque rencontre. 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Je lui demande alors quels sont les problèmes concrets que les habitants rencontrent à cause de l’afflux d’immigrés en 2015, à Staffanstorp ou ailleurs: «Vous n’avez qu’à regarder les journaux, me dit-il. On en parle un peu partout. L’immigration est dans toutes les bouches, elle inquiète». La réponse ne me satisfait pas. A force de creuser, il donne les raisons suivantes: il n’y a pas assez de logements pour tout le monde, les administrations (notamment à l’agence des migrations) sont débordées et les aides sociales coûtent cher. «Les Suédois ont construit années après années un système social fort. Il n’est pas normal que des personnes arrivées d’ailleurs puissent en profiter tout de suite.» Le voilà le problème: la société suédoise et son Etat providence sont basés sur des impôts en moyenne assez hauts qui permettent une redistribution des richesses relativement équitable. Et en l’occurrence, ces requérants d’asile sont des gens qui ne participent pas au bien-être financier de la société.<br></p><h3>Etudiant-es, immigré-es et bas revenus</h3><p>Je me mets donc à rechercher les moins privilégiés, ceux qui ne payent pas d’impôt et ceux qui, selon les statistiques données, participent régulièrement à des activités criminelles. Je pars alors visiter le «ghetto» de Malmö le plus connu: Rosengard.<br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1538122660_suede5.jpg">Le quartier de Rosengard est une alignée de grands bâtiments d’habitations. Les Suédois tiennent pourtant toujours à favoriser les grandes étendues de nature ou les parcs partout dans la ville, y compris dans ces zones-là. © Diana-Alice Ramsauer/Bon pour la tête 2018<br></h4><p>Sur place, on peut y voir de grands HLM qui se succèdent. Un centre commercial au milieu. Une petite allée avec des boucheries halal, des kebabs, des boulangeries d’où dégoulinent des baklavas à la fleur d’oranger. Quelques personnes s’y baladent, une femme voilée portant un sac IKEA, trois ou quatre blondinets à vélo. Très peu de personnes venues de pays africains, ni ici, ni ailleurs à Malmö. Le quartier semble plutôt calme. Rencontrés plus tard, des étudiants minimisent la précarité de ces lieux: il n’y a rien à craindre dans ce quartier, me disent-ils. Ce n’est pas le plus sûr de la ville et il attire surtout les personnes à bas revenus, des Suédois, des immigrés ou des étudiants. Mais eux-mêmes y sont régulièrement allés lors de fêtes chez des amis. 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C’est comme ça la Suède: l’état contrôle beaucoup de choses, comme l’alcool.» Arrive, un homme, de la carrure d’une montagne, une tasse de thé à la main; je rencontrerai plus tard également un jeune Afghan, lui aussi sans domicile.<br>Au fil de la soirée, les membres de cette petite communauté rassemblée ici par manque de logements ou par situation précaire me racontent leur histoire. Ils vivent dans des dortoirs d’une vingtaine de personnes, pour environ 6000 couronnes suédoises par mois (600 CHF). Le jeune Afghan – qui a fait toutes ses classes en Suède – donne le ton: «Si tu n’as pas d’adresse, tu n’as pas de boulot. Si tu n’as pas de boulot, tu n’as pas d’appart’. Voilà où on en est aujourd’hui.» <br>Quant à la «maman suédoise», elle était policière. Elle a travaillé dans les quartiers chauds et, selon elle, ce n’est pas joli à voir. De nombreux crimes, la majorité, commis par des étrangers, «mais c’était déjà le cas avant 2015» ajoute-t-elle. Elle me recommande d’être prudente lorsque je vais dans ce genre d’endroits. Elle s’inquiète un peu. Elle dit que je ne me rends pas compte de certains dangers.<br>La montagne suédoise me sert finalement un verre de vin blanc masqué dans une bouteille de Coca-Cola. «Rosengard, tu y es allée? me demande-t-il, c’est vraiment un endroit à ne pas fréquenter. Ma sœur m’a un soir appelé pour y chercher son fils d’une quinzaine d’années. Ils traînaient en groupe, à ne rien faire. Lorsque je me suis approché, une dizaine de gars m’ont encerclé, très menaçants. J’ai fini par ramener le gamin chez sa maman. Là-bas, tu peux te faire shooter par des scooters en pleine journée sans raison. Une autre fois, j’ai été menacé par un gamin de 16 ans qui avait un flingue dans sa poche. C’est ça la réalité aujourd’hui.» La montagne vit dans cette auberge aussi depuis quelques mois, il est originaire de Rosengard. Il cherche du travail dans la construction. Depuis des mois. <br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1538122661_suede6.jpg">La situation du logement en Suède est inquiétante. Nombre de personnes doivent attendre des années pour «recevoir un appartement». En effet, le système immobilier suédois est généralement organisé autour de grandes coopératives de logement auxquelles il faut s’inscrire. Originairement organisé de manière centralisée, sans un but premier de bénéfice et afin d’avoir une politique de logement cohérente, le secteur est aujourd’hui totalement saturé. © Diana-Alice Ramsauer/Bon pour la tête 2018<br></h4><p>Le jeune Iranien, maintenant suédois depuis une dizaine d’années, a lui-même fait partie d’un de ces groupes criminels. «C’était de l’argent facile», me dit-il. Mais délicat de sortir de ces combines illégales: «L’un de mes amis n’a pas vu d’autre solution que de se suicider.» Il est tard, il fait nuit et il a un peu trop bu alors qu’il me raconte ces bribes d’histoires. «Lorsque j’ai quitté le gang, j’ai fait le tour de l’Europe pour trouver du travail». Il a notamment été chef cuisinier chez Vapiano en Autriche. Il me dit qu’il parle neuf langues. Ce soir-là, il avait un entretien d’embauche, mais il n’y est pas allé: «Faire des falafels toute la journée pour 400 couronnes suédoises (env. 40 CHF) par jour? Non, j’ai envie de mieux.» Et tu as voté? Je lui demande, un peu à l’écart. Non, me répond-il: c’est vrai qu’il y a trop d’étrangers qui reçoivent beaucoup d’aide. «Moi, je ne veux rien recevoir du social.» Mais les questions politiques ne le regardent pas. Il dit qu’il n’est suédois que sur papier. Ce sont à eux de décider pour leur pays. <br>Je pars de cette cuisine-salon où ils se rejoignent tous les soirs pour manger ensemble et regarder un peu la télé en attendant de trouver un appartement ou un travail. Ils n’ont pas l’air de fustiger le nombre de migrant-es arrivés en 2015, malgré quelques remarques en passant. La situation pour eux était la même avant comme après. Elle n’est simplement pas meilleure. Peut-être que cette politique d’accueil a donc simplement révélé une fracture déjà existante dans la société suédoise. Une fracture qui reste encore très cachée, car peu abordée par les partis traditionnels au pouvoir. Alors, pour tenter un changement, certains ont trouvé la solution: voter démocrates de Suède.</p><p></p><hr><p></p><h2>Retrouvez le dossier complet de l’opération migrations sur <em><a href="https://bonpourlatete.com/tag/operationmigrations">#OpérationMigrations</a></em></h2>',
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Elle me recommande d’être prudente lorsque je vais dans ce genre d’endroits. Elle s’inquiète un peu. Elle dit que je ne me rends pas compte de certains dangers.<br>La montagne suédoise me sert finalement un verre de vin blanc masqué dans une bouteille de Coca-Cola. «Rosengard, tu y es allée? me demande-t-il, c’est vraiment un endroit à ne pas fréquenter. Ma sœur m’a un soir appelé pour y chercher son fils d’une quinzaine d’années. Ils traînaient en groupe, à ne rien faire. Lorsque je me suis approché, une dizaine de gars m’ont encerclé, très menaçants. J’ai fini par ramener le gamin chez sa maman. Là-bas, tu peux te faire shooter par des scooters en pleine journée sans raison. Une autre fois, j’ai été menacé par un gamin de 16 ans qui avait un flingue dans sa poche. C’est ça la réalité aujourd’hui.» La montagne vit dans cette auberge aussi depuis quelques mois, il est originaire de Rosengard. Il cherche du travail dans la construction. Depuis des mois. <br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1538122661_suede6.jpg">La situation du logement en Suède est inquiétante. Nombre de personnes doivent attendre des années pour «recevoir un appartement». En effet, le système immobilier suédois est généralement organisé autour de grandes coopératives de logement auxquelles il faut s’inscrire. Originairement organisé de manière centralisée, sans un but premier de bénéfice et afin d’avoir une politique de logement cohérente, le secteur est aujourd’hui totalement saturé. © Diana-Alice Ramsauer/Bon pour la tête 2018<br></h4><p>Le jeune Iranien, maintenant suédois depuis une dizaine d’années, a lui-même fait partie d’un de ces groupes criminels. «C’était de l’argent facile», me dit-il. Mais délicat de sortir de ces combines illégales: «L’un de mes amis n’a pas vu d’autre solution que de se suicider.» Il est tard, il fait nuit et il a un peu trop bu alors qu’il me raconte ces bribes d’histoires. «Lorsque j’ai quitté le gang, j’ai fait le tour de l’Europe pour trouver du travail». Il a notamment été chef cuisinier chez Vapiano en Autriche. Il me dit qu’il parle neuf langues. Ce soir-là, il avait un entretien d’embauche, mais il n’y est pas allé: «Faire des falafels toute la journée pour 400 couronnes suédoises (env. 40 CHF) par jour? Non, j’ai envie de mieux.» Et tu as voté? Je lui demande, un peu à l’écart. Non, me répond-il: c’est vrai qu’il y a trop d’étrangers qui reçoivent beaucoup d’aide. «Moi, je ne veux rien recevoir du social.» Mais les questions politiques ne le regardent pas. Il dit qu’il n’est suédois que sur papier. Ce sont à eux de décider pour leur pays. <br>Je pars de cette cuisine-salon où ils se rejoignent tous les soirs pour manger ensemble et regarder un peu la télé en attendant de trouver un appartement ou un travail. Ils n’ont pas l’air de fustiger le nombre de migrant-es arrivés en 2015, malgré quelques remarques en passant. La situation pour eux était la même avant comme après. Elle n’est simplement pas meilleure. Peut-être que cette politique d’accueil a donc simplement révélé une fracture déjà existante dans la société suédoise. Une fracture qui reste encore très cachée, car peu abordée par les partis traditionnels au pouvoir. Alors, pour tenter un changement, certains ont trouvé la solution: voter démocrates de Suède.</p><p></p><hr><p></p><h2>Retrouvez le dossier complet de l’opération migrations sur <em><a href="https://bonpourlatete.com/tag/operationmigrations">#OpérationMigrations</a></em></h2>',
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'subtitle' => 'Selon les politologues de l’Université européenne de Saint-Pétersbourg Mickhaïl Turchenko et Grigorii Golosov, le «vote intelligent», développé par l’opposant Navalny aurait un réel impact sur les élections. A vérifier s’il influencera le scrutin législatif de ce week-end. En 2020, cette stratégie – qui consiste à voter «tout sauf Russie unie» – aurait offert des résultats en augmentation de 5% aux candidates et candidats de l’opposition. Et cela, même si l’opposition en Russie se traduit parfois par l’obtention de sièges conservateurs, nationalistes ou communistes.',
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'content' => '<p>L’opposant Navalny n’a jamais réellement représenté une menace sérieuse pour le gouvernement de Poutine et son parti Russie unie. Et cela malgré ses 27% de suffrages aux élections municipales de Moscou en 2013. Lors d’un voyage en Sibérie, j’avais naïvement demandé à ma logeuse pourquoi les Russes continuaient de voter pour Poutine. Elle m’avait simplement répondu: «Sinon qui?».</p>
<p>Si Alexeï Navalny et son parti Russie du futur n’a jamais semblé être une alternative appétissante pour les habitantes et habitants de ce pays – qui ne se réduit pas aux deux villes Moscou et Saint-Pétersbourg – l’opposant numéro 1 (du moins vu comme tel depuis l’Occident), aura pourtant apporté une solution à cette femme dès 2018. A la question «Qui»? Navalny répond simplement: tous sauf Russie unie. En développant son «vote intelligent» et l’infrastructure qui va avec, l’opposant, désormais emprisonné, a compensé l’incapacité des partis d’opposition russes à former des coalitions, selon les chercheurs en science politique de l’Université européenne de Saint-Petersbourg Mickhaïl Turchenko et Grigorii Golosov qui publient les <a href="https://www.ridl.io/en/the-impact-of-smart-voting-on-the-2020-elections/" target="_blank" rel="noopener">résultats de leur étude sur ridl.io</a>. </p>
<p>Rappelons le principe de ce «vote intelligent» ou «vote malin». Il consiste à inscrire sur son bulletin les candidates et candidats d’opposition, tous partis confondus, qui auraient le plus de chance de l’emporter contre Russie unie – qui détient trois quarts des sièges du parlement. Mais l’équipe de Navalny ne s’est pas contentée de donner ce mot d’ordre, elle a également développé toute une artillerie de ressources en ligne pour définir lesdites candidatures. Chaque électrice et chaque électeur a ainsi toutes les clefs en main pour centraliser son opposition sur la personne la plus «utile» dans sa circonscription.</p>
<h3>Une augmentation du résultat des candidatures du «vote intelligent» en 2020</h3>
<p>En 2020, cette stratégie a fonctionné. Il ne s’agit pas d’une révolution, mais les chercheurs estiment une augmentation des résultats pour les candidates et candidats du vote intelligent à près de 5%. Ce qui peut faire une différence, sachant que le système électoral courant est celui de la majorité relative; dans certaines régions, un parti obtenant 30%, 20% voire seulement 15% peut déjà peser dans le jeu électoral si les autres partis sont divisés. Ce mode de scrutin explique en partie pourquoi Russie unie détient encore autant de sièges alors que le parti n’a le soutien, selon l’institut Levada, que d’une personne sur trois.</p>
<p><a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2021/03/RICHARD/62870" target="_blank" rel="noopener">Selon le <i>Monde diplomatique</i></a>, les principaux bénéficiaires de cette stratégie de «cheval de Troie» sont le Parti communiste de la Fédération de Russie (le KPRF, considéré comme le premier parti d’opposition et héritier du parti communiste soviétique et des bolcheviks) et le Parti libéral-démocrate de Russie (le LDPR, conservateur, nationaliste et basé sur des idées de reconquête de la «Grande Russie»). Si le risque, assumé, est également de faire élire des candidates et candidats issus de formations dociles face à Russie unie, voire en désaccord avec ses propres idées, pour les deux politologues, ce vote intelligent a permis de «surmonter un sentiment d’isolement, d’apathie et d’impuissance en donnant à la population l’occasion de participer à un effort politique collectif» (traduction libre). </p>
<p>Les chercheurs concluent que cette stratégie a ainsi permis d’offrir aux candidates et candidats d’opposition les meilleurs résultats depuis le début des années 2000. C’est donc bien pour cela que le parti au pouvoir voit ce vote intelligent comme une réelle menace et saccage méticuleusement la campagne. Le tribunal de Moscou a ainsi interdit à Google et Yandex de renvoyer les recherches vers les projets du vote intelligent. Les bases de données centralisant les candidatures d’opposition ont été piratées, sans compter les nombreux risques de fraude liés au vote électronique ou à l’urne.</p>
<p>Si Alexeï Navalny n’a donc jamais vraiment réussi à infléchir la tendance politique russe – à cause d’un trop gros soutien américain et européen, lui donnant une image d’émissaire de l’étranger? – sa stratégie pourrait néanmoins apporter un certain pluralisme politique à l’avenir. Si cela devait être le cas, le Gouvernement ne pourrait ainsi pas invoquer l’ingérence des pays étrangers: un premier pas vers la légitimation des résultats.</p>',
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'subtitle' => 'Et si, une fois pour toutes, on supprimait ces feux d’artifice du 1er août… La question n’est pas nouvelle, mais elle se pose d’autant plus aujourd’hui que les cordons des bourses communales risquent d’être serrés, inutile de préciser pourquoi. Alors posons-nous la question: pourquoi envoyons-nous encore chaque année des dizaines de milliers de francs en l’air?',
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<p style="text-align: center;">Cet article est paru le 1er août sur <a href="https://leregardlibre.com/forum/feux-dartifice-pourvu-que-le-covid-se-prolonge/#more-35164" target="_blank" rel="noopener"><em>Le Regard Libre</em></a></p>
<hr />
<p>«Par ce que c’est joli», diront certaines et certains. Joli… vraiment? Des lumières de couleurs qui explosent dans le ciel accompagnées de gros bruits. Joli? Tenez-vous devant les néons d’un cabaret vétuste quelques instants et admirez l’effet, votre 1<sup>er</sup> août se terminera peut-être également avec des papillons dans le ventre.</p>
<p>«Ahhh mademoiselle, ce n’est pas parce que les feux d’artifice ne sont pas utiles qu’ils n’ont pas leur place.» Vous avez raison. Je suis même une fervente défenseuse des choses inutiles. Je vous invite volontiers à rester prostré quelques instants devant ma bibliothèque pour observer l’étendue de mon inutilité. On pourra même boire ensemble un verre de vin inutilement bon, en tenant des théories inutilement longues. Mais pour que le futile ait du sens, il faut encore qu’il soit bien réalisé. Et chers artificiers, on peut parfois se demander dans quelle direction vous avez projeté votre conscience professionnelle.</p>
<p>Justement, à votre tour messieurs-dames les professionnels de la pyrotechnie. Oui, vous vous plaignez d’une baisse drastique des commandes pour cette fête nationale. Les principaux feux ont été annulés un peu partout. Votre chiffre d’affaires a chuté d’environ 80% en Suisse cette année. Ayons s’il vous plaît une seconde réflexive: au plus profond du confinement, un certain nombre d’activités professionnelles ou de loisir avaient été citées comme irremplaçables, bénéfiques à notre société, souhaitables même. Faites la liste. Elle était longue, si je me souviens bien. Que les personnes qui auraient nommé «les feux d’artifice» dans leur choix personnel m’écrivent. Vraiment. «Les feux d’artifice.» Et pas de mauvaise foi rétrospective: j’aimerais bien profiter de quelques activités inutiles ces prochains jours sans répondre à vos mails.</p>
<p>«Les enfants adorent.» Ils adorent aussi taper sur leur petite sœur, sucer leur pouce, miauler lorsqu’ils ont faim, sont fatigués, ont envie de faire pipi, veulent regarder une vidéo pseudo-éducative sur l’iPad de papa ou acheter le même pantalon qu’Angèle. Ce n’est pas pour autant que l’Etat finance leurs caprices. Bien heureusement, certains ont grandi et se rendent compte que le Vésuve est un volcan en Italie et les fusées, un joujou nord-coréen et non une prestation sociale. Et ne me lancez pas sur ces apprentis sorciers qui dépensent leur futur treizième salaire pour épater les copains et les copines entre les noix de cajou-wasabi et la salade d’avocat.</p>
<p>Alors oui, on espère tous garder notre âme d’enfant (l’insouciance qui va avec, la peau douce aussi et les bonbons aux anniversaires). D’ailleurs, maintenant que vous me le dites… c’est vrai, moi aussi ça m’est arrivé d’apprécier un feu d’artifice. Une fois. Je m’en rappelle. C’était un 14 juillet.</p>',
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'subtitle' => 'Il y a un geste que l’on fait tous les jours, sans s’en rendre compte et parfois même avec bonne conscience: celui de jeter. Que ce soit mettre à la poubelle, recycler ou évacuer, nous avons toutes et tous (ou presque) appris à adopter les bons réflexes pour devenir des écocitoyens-nes modèles. Et si le fait d’être un «bon petit soldat vert du développement durable» était en réalité anti-écologique? ',
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'content' => '<p>Non, l’humain n’a pas toujours «jeté». Ce geste quotidien est même très récent en réalité. C’est ce qu’explique Baptiste Monsaingeon dans son éclairant ouvrage <em>Homo Detritus</em>, à lire ou à relire en ces temps tumultueux de préoccupation climatique. Bien longtemps, nous cohabitions avec ce que nous appelons aujourd’hui des déchets: il s’agissait de ressources ou d’éléments accompagnant notre vie. «Il n’y a pas d’'en soi' du déchet», écrit le chercheur. Le rebut n’est rien d’autre que «le produit d’un geste».
</p><h3>«Tout-au-trou», «tout-à-l’égout»
</h3><p>Si l’humain a de tout temps agencé sa vie selon diverses règles de vivre-ensemble, la tendance à l’ordre, à la catégorisation et à l’organisation sociale s’accentue autour du 19<sup>e</sup> siècle, notamment avec l’ère industrielle. «La saleté est une offense contre l’ordre. En l’éliminant, nous n’accomplissons pas un geste négatif; au contraire, nous nous efforçons, positivement, d’organiser notre milieu. Autrement dit, le nettoiement est un acte de fabrication du social, plus qu’une réaction au danger symbolique qu’il représente», précise le chercheur. Définir ce qui est «déchet» et ce qui ne l’est pas devient ainsi un acte fondateur de nos sociétés, au-delà des questions de santé publique.
</p><p>Les politiques publiques convergent toutes vers un objectif: éliminer et cacher le rebut. Les excréments dans les égouts hors de vue; les ordures dans les poubelles (le nom vient d’ailleurs d’un préfet parisien hygiéniste du 19<sup>e</sup> siècle); nos résidus métalliques, plastiques, en verre moderne dans de grandes fosses; les surplus de ce que l’on ne veut plus, qui a été utilisé, dont on ne sait plus quoi faire, dans les océans, en attendant que le temps fasse son effet. «C’est comme si nous préférions rester aveugles à ces ombres incommodantes de la civilisation», écrit Monsaingeon. Mettre à la poubelle, fermer le couvercle et ne plus y penser.
</p><h3>Prise de conscience ratée: l’écologisation de l’économie
</h3><p>Coup de théâtre au milieu du siècle dernier. Les scientifiques découvrent avec stupéfaction l’ampleur de la situation. Repousser ce que l’on ne veut plus «hors de nous», loin de nos lieux sociaux comporte des limites. Nous sommes d’ores et déjà submergés. Certains postulent alors un changement radical de philosophie, mais ceux qui l’emportent sont les «environnementalistes». Pour eux, les déchets doivent être vus comme une chose à organiser, à gérer, à «manager». Ainsi, au lieu de créer une «écologisation de l’économie», c’est-à-dire remettre en cause la conception et la production du déchet, les autorités appliquent une stratégie de «mise en économie de l’environnement» que l’on peut résumer par «la bonne gestion des déchets et aussi celle qui est rentable». Et c’est là que le citoyen responsable (et culpabilisé) entre en scène.</p><h3>Le déchet ou le cheval de Troie du «waste managment»
</h3><p>«Pour le valeureux soldat de l’armée verte, pour l’écocitoyen, il reste possible, moralement acceptable, d’acheter une bouteille d’eau minérale, car si elle est bien jetée, elle sera recyclée.» Cette réflexion a été intégrée par bon nombre de gens dans nos sociétés occidentales. Ainsi, «sous couvert d’un argumentaire orienté vers la protection de l’environnement, bien jeter est devenu un moyen pour pouvoir continuer à (mieux) consommer.»
</p><p>Illustration du propos. Le groupe Coca-Cola s’est par exemple engagé à un monde sans déchets d’ici 2030. Pourtant, selon les découvertes de<em> Cash investigation </em>en 2018, dans la pratique, seul 7% du plastique contenu dans les bouteilles en PET provient du recyclage. Trier est donc un geste louable, mais il permet surtout à la marque de continuer à vendre ses produits sous couvert de bonne conscience.
</p><p>Deuxième exemple: les campagnes de ramassages d’ordure sur les bords de lacs ou de mer, dans les montagnes, dans les forêts. Bon nombre d’entre elles ont été instiguées à la base par des consortiums liés aux industries de boissons ou d’emballages à usage unique, comme Keep Amercia Beautiful, fondé en 1953. La logique derrière? Rejeter, mine de rien, la responsabilité de la pollution sur le dos des citoyennes et citoyens. Une campagne marketing plus que réussie puisqu’aujourd’hui des écoles et des ONG organisent également ce genre d’action.
</p><h3>Consommer & jeter: du programme économique à l’art de vivre
</h3><p>«L’incorporation par les usagers de la réforme environnementale du geste de mise au rebut est emblématique de la façon dont s’est construit un déni des racines profondes de la crise écologique mettant en cause les fondements de l’industrialisation productive, du capitalisme mondialisé, et d’une façon générale d’un mode de vie 'moderne'», postule l’auteur de <em>Homo Detritus</em>. Bien jeter a créé une sorte de «rituel contemporain de dénégation.» Nous «faisons notre part» en triant, en recyclant et en inculquant ces valeurs à nos enfants. Jusqu’à dire que c’est la manipulation à large échelle, il n’y a qu’un pas.
</p><p>«La naissance [il y a 50 ans] de la sensibilité écologique en France comme dans d’autres pays industrialisés aurait pu être l’occasion d’une révolution du quotidien qui n’est pas advenue», cite Monsaingeon. Aujourd’hui, alors que de nombreuses manifestations de jeunes éclatent dans toute l’Europe – manifestations que l’on peut d’ailleurs critiquer– les politiciennes et politiciens avancent timidement quelques solutions. «Économie circulaire»: tente une partie de la gauche. «Responsabilité et innovation» essayent quelques partis de droite. Toutes ces réponses sont pourtant empreintes d’«environnementalisme». Le déni est général, même chez beaucoup d’écologistes. Car il ne suffit plus de «manager» les déchets – qui reviendront toujours en plus grand nombre – mais bel et bien de remettre en cause le système productiviste. Et cela ne peut passer que par des politiques globales. Malheureusement, il serait illusoire de penser que trier les partis politiques en ne mettant que les bons dans l’urne – dans une logique du «bien voter» ressemblant au «bien jeter» – ne nous permette d’agir sur les réels impacts de nos modes de vie. Mais en attendant, trions et «faisons notre part», c’est toujours ça de pris.
</p><p><hr></p><p><br><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w175/1556096692_515j071wtl._sx195_.jpg"></p><h4>Baptiste Monsaingeon, <em>Homo Detritus</em>, Ed. Seuil, 2017.</h4><p><hr></p><h2>Retrouvez d'autres articles sur le même thème dans notre <a href="https://bonpourlatete.com/serie/dossier-special-decroissance">dossier spécial Décroissance</a>.</h2>',
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'subtitle' => 'Une envie de parler à sa génération et une certaine résignation à l’encontre du mode de consommation de l’actualité d’aujourd’hui: c’est ce que je retiendrai de ma rencontre avec Antoine Multone, rédacteur en chef du bureau veveysan de Konbini: un média qui réussit à captiver les jeunes, réputés se détourner de la presse. La recette? Beaucoup de pragmatisme face à l’omniprésence des réseaux sociaux et un cocktail controversé entre journalisme et publireportage.',
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'content' => '<p>A ses origines, le site <em>Konbini</em> est un média de pop culture. Avec son design coloré, ses sujets «pop» et le ton résolument «jeune», ce sont les 16-30 ans qui sont ciblés. Basé sur des «verticaux» (le nom donné aux «rubriques»), le média touche les «consommateurs et consommatrices» majoritairement au travers des réseaux sociaux: la page Konbini «move it move it» s’intéresse par exemple au sport, celle qui se nomme «biiinge» aux séries ou encore «cheese» à la photographie. </p><p>En 2017, le concept évolue pourtant. L’actualité fait son apparition sous le label <em>Konbini news</em>. Pendant la campagne présidentielle française, le site se lance dans le traitement de sujets société et surtout politiques. Toujours à sa façon, en tentant d’intéresser la catégorie qui semble le moins se préoccuper de ces thèmes grâce à des formats nouveaux, dynamiques, courts. Les vidéos «speech» (une prise de parole de quelques minutes face caméra de personnalités politiques ou non <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bWvcmQVQEQA">ici par exemple de Jean Ziegler</a>) voient le jour. L’arrivée de la nouvelle star du journalisme Hugo Clément achève la transformation. Connu majoritairement pour ses sujets au <em>Petit Journal</em> puis à <em>Quotidien</em>, <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-18-decembre-2017">il annonce </a>vouloir «faire du reportage incarné, traiter de l’actualité (…) et faire du vrai journalisme».</p><h3>Sextoys, cannabis, gaming (et élections fédérales)</h3><p>Aujourd’hui, <em>Konbini</em> se targue d’avoir <a href="https://www.cominmag.ch/konbini-si-les-contenus-sont-de-qualite-les-gens-se-fichent-quils-soient-sponsorises/">150 millions de visiteurs uniques par année</a> sur le Web et les réseaux sociaux. Des chiffres dus à la présence accrue du média sur différentes plateformes de diffusion (nouvellement aussi sur Snapchat) et à l’ouverture de rédactions à l’international: en Angleterre, aux Etats-Unis, au Mexique, au Nigeria et en Suisse. </p><p>Le bureau de Vevey, où j’ai rencontré Antoine Multone, actuel rédacteur en chef, traite de la Suisse, sous toutes les coutures. La «verticale» helvète, créée en juillet 2017 démarre gentiment: «On peut compter environ à 3 millions d’utilisateurs non uniques en une année», annonce le trentenaire qui s’est formé à la RTS. Ce jour-là, les trois derniers articles publiés parlaient de l’ouverture de la Migros à la vente de sextoys, de l’utilisation du cannabis dans des EMS et d’un jeu dissimulé dans l’application des CFF. On est plus du côté de «infotainment» que de l’info pure.</p><p><em>Konbini</em> Suisse va-t-il aussi s’intéresser aux grands thèmes politiques 2019? «Certainement, répond Antoine Multone, mais il s’agit de trouver des angles qui touchent les jeunes.» Pour les élections fédérales, la petite rédaction veveysane compte se concentrer sur la pauvreté, le climat et les questions de genre, de sexualité et plus généralement des minorités. L’enjeu sera ensuite de trouver des «formats spécifiques» à <em>Konbini</em> qui permettront de montrer la diversité d’opinions dans une Suisse fédéraliste aux acteurs nombreux.</p><h3>Une dépendance aux réseaux sociaux</h3><p>Si la manière de présenter l’information est très variée chez <em>Konbini</em> (vidéos, textes, reportages, interviews, humour, etc.) le critère prioritaire est l’adaptation 1) à son public 2) à son canal de diffusion. Ce ne sont plus les lecteurs et lectrices qui s’adaptent au média, c’est le média qui doit coller au public et à sa manière de «consommer l’actu». Selon la formule bien connue des analystes, le véritable rédacteur en chef, c’est le clic: Antoine Multone assume cette nouvelle réalité.</p><p>Concrètement, ce qui fait les frais de cette nouvelle donne, c’est la surprise. Dans un journal traditionnel (papier ou Web), les lecteurs et lectrices se promènent dans le titre au gré des pages et des rubriques. Ils et elles peuvent ainsi être confrontés à des articles qui les sortent de leur zone de confort.</p><p>Les algorithmes des réseaux sociaux et des moteurs de recherches proposent une tout autre logique: au travers des clics ou des «likes» répétés sur un média le système de calcul informatique guide systématiquement les lecteurs et lectrices vers des articles «qui pourraient leur plaire»: c’est-à-dire, au bout du compte, vers ce qui leur a déjà plu dans le passé. Les conséquences de ce mécanisme sont souvent résumées sous l’appellation de «bulle filtrante» des réseaux sociaux. <br></p><h3>«La nouvelle diversité de la presse, c’est la diversité des algorithmes»</h3><p><em>Konbini</em> a bien un site internet. Mais il très peu fréquenté, car l’essentiel se passe ailleurs: la majorité de ses consommateurs et consommatrices sont sur les réseaux sociaux, le média joue à fond le jeu des plateformes qui utilisent les algorithmes. </p><p>Antoine Multone ne ménage pas ses critiques face aux réseaux sociaux. Non, il ne soutient pas les logiques de ce monde-là. Mais en même temps, il s’y résigne: si c’est la seule manière de parler à sa génération, il veut bien appréhender cette collaboration «tout au plus comme une contrainte» et non comme une perte de liberté. <em><strong><br></strong></em></p><blockquote><p><em><strong>«L’humain est paresseux, </strong></em>analyse-t-il, un peu fataliste.<em><strong> Il aime qu’on lui montre ce qu’il veut voir. Oui, c’est parfois frustrant. Mais dans tous les cas, on ne peut pas le forcer à porter de l’attention sur ce qui ne l’intéresse pas. Ce qu’il nous reste à faire, c’est diversifier les plateformes. Utiliser Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat, mais aussi les agrégateurs d’informations Google Actu, Apple News ou encore Flipboard.» </strong></em></p></blockquote><p>En d’autres termes, la nouvelle diversité de la presse, c’est la diversité des algorithmes? Le rédacteur en chef acquiesce d’un sourire crispé.</p><h3>Si c’est gratuit, c’est vous le produit </h3><p><em>Konbini</em> affiche toutes les apparences du succès. Antoine Multone affirme que le média est dans les chiffres noirs. Néanmoins l’opacité sur les résultats financiers est une pratique habituelle dans la presse. A <em>Konbini</em> Paris, on n’a d’ailleurs pas daigné me répondre sur l’état des comptes.</p><p>Aborder le sujet financement n’enthousiasme pas particulièrement le chef de la «verticale suisse». Il s’en occupe peu: «Les décisions sont prises à Paris», m’explique-t-il. Le site est gratuit et tire ses revenus de la publicité, du «brand content» et des «natives advertising». En bon français: de la publicité et du publireportage sous forme numérique. Le mélange de contenu rédactionnel et publicitaire, une pratique qui fait bondir les consœurs et confrères soucieux d’éthique, mais qui se répand depuis quelques années jusque dans les titres les plus prestigieux. </p><p>Dans le cas précis de <em>Konbini</em>, il est certain que les revenus publicitaires sont liés au fort trafic que génèrent les publications du média. Plus il y aura de personnes touchées par le contenu éditorial, mais également par la mise en valeur de certaines marques – et le bât blesse lorsqu’il n’y a pas une différenciation claire des deux – plus les entreprises seront intéressées à investir dans du contenu <em>brandé</em>. </p><p>La question est donc primordiale: le rapport d’interdépendance entre le média, son canal de diffusion (majoritairement les réseaux sociaux) et les marques permet-il réellement de faire du «vrai journalisme», comme le déclarait Hugo Clément en 2017? Ou n’est-ce pas précisément au prix de l’indépendance journalistique que le succès se construit dans les médias émergents de type <em>Konbini</em>? Mais peut-être l’heure est-elle à la résignation et le véritable choix est le suivant: un journalisme du clic plutôt que pas de journalisme du tout.</p><br>',
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