Actuel / «Hey toi! Je t’observe. Tu as regardé du porno, c’est ça?»
Capture d'écran de la fameuse vidéo. © YouTube/SKPPSC
En avril 2023, la Prévention suisse de la criminalité a publié une vidéo avec l’objectif de dissuader les moins de 16 ans de consommer et de diffuser des contenus pornographiques en ligne. On peut débattre de l’efficacité ou de la pertinence d’une telle vidéo. Nous nous demandons plutôt si cette campagne d’information participe, peut-être de manière involontaire, à légitimer une plus grande surveillance des utilisateurs.
La vidéo de la Prévention suisse de la criminalité intitulée «Regarder du porno, c’est pas ok!» dure deux minutes et demie. Elle commence par les mots: «Hey toi, je t’observe, et je sais ce que tu as fait hier soir. Tu as regardé du porno, c’est ça?». En même temps qu’elle dit «je t’observe», s’affiche un œil qui se ferme et on entend un bruit d’appareil photographique. Vu qui a produit la vidéo, son contenu est légitime. Y est rappelé que: (1) la plupart des vidéos pornographiques sont interdites aux mineurs de 16 ans; (2) il y a des formes de pornographie interdites à tous les publics, dont la pédopornographie; (3) diffuser des contenus pornographiques ou à caractère sexuel impliquant des personnes de moins de 16 ans est passible de poursuites judiciaires. Ce dernier point est particulièrement important à cause de la pratique répandue chez les jeunes du sexting, qui consiste à échanger via les réseaux sociaux des photos ou des vidéos mettant en scène ses pairs dans des situations «coquines».
La vidéo justifie la surveillance
La vidéo pose question en ce qu’elle laisse entendre que les forces de l’ordre peuvent accéder assez librement à notre sphère privée pour faire respecter la loi et pour protéger la jeunesse de la pornographie. En principe, pour pénétrer dans notre sphère privée il faut soit notre consentement, soit une base légale qui justifie une violation de la sphère privée. La pornographie fournit un cadre où élaborer de telles bases légales. Des spécialistes réfléchissent à comment détecter des contenus pédopornographiques et intercepter des échanges de données suspectes à travers les réseaux sociaux. Nous verrons que les solutions technologiques envisagées ont toutes le potentiel d’être détournées au profit d’une surveillance liberticide accrue.
Les limites du contrôle d'accès
En Suisse, à l’automne 2022, le Parlement a adopté la loi fédérale sur la protection des mineurs dans les secteurs du film et du jeu vidéo. La consultation sur l’ordonnance du Conseil fédéral qui s’y rapporte est actuellement en cours. Le Parti pirate avait lancé un référendum contre le texte, mais n’a pas réussi à récolter le nombre suffisant de signatures dans le temps imparti. Lors du débat parlementaire, différentes voix se sont élevées pour critiquer le texte: certains ont considéré qu’il se substituait indûment aux familles dans leur rôle éducatif, d’autres ont pointé la fausse impression de sécurité que la loi pouvait donner. De son côté le Parti pirate a considéré que la loi offrait aux acteurs économiques une occasion rêvée pour s’approprier de données précieuses. En effet, la loi prévoit que c’est aux fournisseurs d’accès de vérifier l’âge des utilisateurs, en créant et en exploitant un système de contrôle adéquat, sans pourtant spécifier la nature d’un tel système. Si un tel système était trouvé, il faudrait veiller à ce que les fournisseurs d’accès fassent un usage conforme des données personnelles ainsi récoltées. Notons que Pornhub, l’un des sites pornographiques les plus consultés au monde, vient d’être accusé en Italie d’enfreindre le Règlement général sur la protection des données (RGPD), en traitant sans autorisation les données concernant l’orientation sexuelle des utilisateurs, et possiblement en les partageant avec des tiers.
La France a choisi une autre approche. Son gouvernement a lancé début 2023 un projet d’outil de vérification de la majorité des internautes, qui s’appuierait sur les services d’intermédiaires fiables, comme les banques qui pourraient certifier l’âge des détenteurs de cartes de crédit. Un tel outil devrait entrer en fonction en septembre prochain, mais il ne semble pas encore qu’il puisse résoudre le problème sans enfreindre les règles sur la protection des données personnelles; il risque fort d’être soit liberticide, soit inefficace, et il mettrait les intermédiaires dans une position très délicate.
Une troisième proposition de solution passe par la mise en place d’une identité numérique (universelle). Pour être vraiment efficace, cette solution nécessite l’engagement direct de tous les Etats, autant dire qu’elle est quelque peu abstraite. En résumé, on ne peut pas faire confiance aux sites pornographiques, les tiers fiables posent problème, et même l’engagement d’une partie des Etats ne suffit pas. De plus, un simple relai VPN suffirait pour contourner les différents contrôles d’accès aux sites pornographiques. On voit donc que la technologie ne semble pas apporter les réponses espérées, et que peut-être le Parlement suisse aurait dû avancer avec un peu plus de prudence.
Les dangers du contrôle des contenus
Sur le front de la lutte contre la pédopornographie et le contrôles des échanges sur les réseaux sociaux, la Commission européenne est actuellement en train d’élaborer une proposition qui obligerait des services tels que WhatsApp à scanner leurs messages à la recherche de contenus interdits. Ici encore, on ne connaît pas de technologie pouvant garantir qu’il est possible de répondre à une telle injonction de manière efficace et fiable. De plus, comme cela vient d’être dénoncé dans une récente lettre ouverte de plus de 150 scientifiques, l’implémentation d’une pareille technologie affaiblirait considérablement la sécurité des échanges, vu qu’elle nécessiterait que les utilisateurs installent sur leurs appareils des logiciels pour procéder au scan. Ceci affaiblirait l’efficacité des méthodes de cryptage employées pour sécuriser les échanges et les exposerait à une surveillance qui pourrait aller bien au-delà de la détection de l’éventuelle présence de contenus pédopornographiques.
Ceci n’est pas une hypothèse complètement absurde. En effet, le Canton de Thurgovie a récemment promulgué une loi qui permet à la police de fouiller sans limite le contenu des appareils électroniques, à la seule condition que leur propriétaire soit présent.
Il y a mieux à faire
On le voit, l’objectif de la vidéo «Hey toi!» et des mesures technologiques envisagées n’est pas de limiter la diffusion des contenus pornographiques. Ce ne sera pas par de telles voies que nous arriverons à éviter efficacement la propagation auprès des jeunes d’un modèle de sexualité centré sur le plaisir des hommes et qui objective les femmes de manière violente, ou qui met en scène des perversions évidentes. Il faut chercher d’autres approches. N’est-il pas essentiel que les jeunes aient d’autres lieux qu’internet pour trouver des réponses à leur curiosité sexuelle? Ne serait-il pas mieux d’accompagner leur recherche de manière bienveillante, plutôt que de les menacer de poursuites?
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Le jour précédent recourrait le cinquantième anniversaire du début de la Guerre du Kippour. Surtout, la cruauté des actes perpétrés à cette occasion rappelle les razzia des tribus habitant la Péninsule arabe qui, en tuant et en violant, attaquaient les tribus adverses et repartaient en emportant les enfants. L’attaque du 7 octobre fut nommée en arabe par ses initiateurs le «Déluge d’al-Aqsa», qui invoque celui, envoyé par Allah, qui noya tous les mécréants. La référence au déluge souligne le caractère virtuose du massacre. En 628, Mahomet a lui-même mené une razzia contre les Juifs vivant dans l’oasis de Khaïbar, pendant laquelle les hommes furent torturés, passés au fil de l’épée, les femmes capturées et réparties dans les harems des vainqueurs, les enfants réduits en esclavage.</p> <p><strong>Comment s’expliquer qu’une telle opération ait pu réussir?</strong></p> <p>Le Premier ministre israélien Netanyahou est otage d’une minorité, qui occupe seulement 14 sièges sur 120 à la Knesset, mais qui a la capacité de dicter son agenda. Au centre de ce programme figure l’accélération de la colonisation en Cisjordanie. Ceci s’est traduit en une stratégie qui a amené à renforcer le Hamas afin d’affaiblir l’Autorité palestinienne. Ce faisant, Netanyahou a largement sous-estimé Sinwar, qu’il avait lui-même libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de 1'027 prisonniers palestiniens contre le caporal Gilad Shalit. Jusqu’aux Printemps arabes, le Hamas était proche de la ligne des Frères musulmans, et suivait une stratégie que l’un pourrait dire gestionnaire: il vitupérait Israël, mais avait instauré un <i>modus vivendi</i> qui semblait s’accommoder de la situation. Ceci faisait le jeu d’Israël. Après 2011, le Hamas se radicalise et s’éloigne des Frères, en se rapprochant de l’Iran, grâce à l’unique voyage à l’étranger de Sinwar. Netanyahou continue de croire que «chien qui aboie, ne mord pas», et fait en sorte que chaque semaine passent par l’aéroport Ben Gurion 40 millions de dollars en cash, provenant du Qatar à destination de Gaza. Une partie de ces sommes servira à construire les tunnels dont maintenant tout le monde est au courant. L’aveuglement du gouvernement israélien a été absolument remarquable. En octobre 2023, le mandataire Sinwar a pris l’ascendant sur ses mandants iraniens, et a marqué un énorme coup symbolique, qui ne fait pas forcément les intérêts de l’Iran, ni peut-être même pas des Palestiniens, en tout cas à court-terme. On peut penser que les services de renseignement israéliens avaient idée de ce qui allait venir, mais ils n’ont pas été entendus par Netanyahou.</p> <p><strong>Vu que la razzia du Hamas a été menée en grande autonomie et que la riposte d’Israël n’avait pas été planifiée, n’est-il pas étonnant que ces actions aient été inscrites dans un affrontement Nord-Sud?</strong></p> <p>La razzia du 7 octobre a mis à mal un des fondements de la création de l’Etat d’Israël. Elle a remis en question le «plus jamais ça» référé aux exterminations subies par les Juifs à travers les âges. Or, la création de l’Etat juif et le déplacement de la population palestinienne sont une des conséquences de l’organisation du monde voulu par les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. La Guerre contre l’Occident est menée par les pays de ce qui est appelé Sud Global sur le front des valeurs morales. Il s’agit essentiellement des pays BRICS+: Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie et Iran. D’après eux, la Shoah ne serait pas le pire qui soit arrivé: la colonisation est bien pire. De plus, la Shoah serait un «truc entre Blancs», qui a eu lieu il y a longtemps, et dont certains doutent même qu’elle ait eu lieu. Voilà le genre de position qui est soutenu par les leaders <i></i>de ces pays, et qui demandent maintenant aux colonisateurs de payer pour leurs méfaits. Je ne mets pas en doute la gravité de l’Apartheid, ni la posture morale d’un Mandela, mais je m’interroge sur le bien-fondé de telles revendications faites au nom de populations qui pour la plupart vivent sous des régimes autoritaires, et dont une grande partie n’a qu’une aspiration, à savoir émigrer vers le Nord tant vilipendé, qui semble donc encore fournir un espoir. C’est pourquoi je souligne l’inanité du clivage entre le Sud Global et le Nord occidental. Au nom de la morale on occulte la question démocratique, faisant ainsi le jeu de personnages comme Netanyahou ou Trump. Dans mon livre j’appelle l’Europe à mettre en avant ses valeurs démocratiques et sa capacité intégratrice, mais je constate avec dépit que l’idéologie et le clientélisme prennent de plus en plus de place, en se substituant à la recherche de la connaissance.</p> <hr /> <h4> <sup>1</sup>Dans sa longue carrière académique, le Professeur Gilles Kepel a formé des milliers d’étudiants à Sciences Po Paris, auprès de l’Ecole Normale Supérieure, et aux Etats-Unis aux universités Columbia et de New York. Il est l’auteur de nombreux ouvrages traduits dans une vingtaine de langues, où il élabore des éléments de pensée précieux pour analyser les enjeux d’événements qui ont secoué notre monde.</h4> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1714565128_9782259319621ori.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="319" /></p> <h4>«Holocaustes. 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Vu que les paysans dépendent de manière importante de paiements directs, certains les considèrent comme des sortes de fonctionnaires à leur service. Ainsi, si ces citadins pensent qu’il faut faire place au loup dans les montagnes au loin, les paysans n’ont qu’à s’exécuter. D’autres considèrent les paysans comme des paysagistes, ou pensent qu’ils sont carrément inutiles vu que la Suisse aurait les moyens d’acheter à l’étranger ce dont sa population a besoin. Ceux qui ne les connaissent pas peuvent avoir été surpris ou dérangés par les manifestations que les paysans ont organisées depuis le début de l’année.</p> <p>Lorsqu’ils ont commencé à manifester ils ont simplement retourné des panneaux à l’entrée de villages, pour dire que le monde marche sur la tête. Plus tard ils se sont réunis autour de feux avec leurs tracteurs, et ont explicité leur appel, leur SOS. Au dire des organisateurs les manifestations avaient pour objectif de rompre l’isolement, demander une plus grande reconnaissance, et rassembler afin de souder une profession traditionnellement morcelée, ainsi qu’établir un dialogue avec la population. Il s’est donc agi d’un appel pour attirer l’attention sur une situation ressentie comme difficile. Ce n’était pas une plainte, ni une demande de moyens. Cet appel quelque peu vague laisse transparaître un malaise profond, que les revendications plus précises, transmises au Conseil fédéral et à quatre détaillants, ne capturent pas complètement, même si elles ont été soutenues par 65'000 signatures récoltées en seulement 15 jours. L’appel demande une réflexion d’ensemble pour une refonte du système. Outre la reconnaissance pour le travail et les efforts accomplis, notamment pour l’environnement, les revendications portent sur les revenus, et dénoncent le poids du travail administratif. </p> <h3>Le système agroalimentaire suisse</h3> <p>De fait, même si les paysans ne représentent qu’environ 3% de la population active (soit environ 200'000 personnes), pour répondre à leurs inquiétudes il faut considérer le système agroalimentaire dans son ensemble. Le système suisse n’est pas très différent des autres systèmes agroalimentaires, par exemple européens. Dans ces systèmes aussi l’agriculture est très contrôlée par une réglementation serrée et des paiements nécessaires pour assurer la viabilité de la plupart des exploitations. Partout, le besoin d’avoir une approche de plus en plus soutenable en matière d'environnement est source de tensions. 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En parallèle, il faudrait créer une instance indépendante qui puisse disposer de toutes les données nécessaires pour informer le politique dans ses décisions. Pour terminer, il faudrait que les acteurs-clés du système et les parlementaires s’engagent à être force de proposition, et à être liés par une charte d’engagement. Nous devrions aussi changer notre imaginaire, en sortant par exemple de la toute-puissance de l’hôpital.</p> <p><strong>Qu’entendez-vous par toute-puissance de l’hôpital?</strong></p> <p>D’après mon expérience, pour la population et pour les administrations il y a l’hôpital et puis le reste. On le voit dans les batailles menées par les communes pour garder les hôpitaux sur leurs territoires. Ceci explique en partie le fait qu’il y a encore trop d’hospitalisations en Suisse. L’hôpital est important, mais ça devrait se jouer davantage dans la communauté, avec les soins à domicile, les EMS, la médecine de premier recours. 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C’est ce qu’a fait la <em>NZZ</em> depuis trois mois, au cours desquels elle a consacré non moins d’une quarantaine d’articles à contrer l’initiative. Fin novembre 2023, elle annonce la couleur avec un article intitulé «La 13ème rente ne résout aucun problème de la prévoyance vieillesse». Début décembre, le quotidien zurichois rappelle que la 13ème rente est déjà versée au Liechtenstein, mais ne perd pas l’occasion de la comparer à un cadeau de Noël. Deux jours après, un point de vue extérieur (!) explique pourquoi le principe de l’arrosoir est anti-social, et quelques numéros plus tard ce principe est à nouveau critiqué en relation avec une décision du Conseil national, qui venait de voter à l’unanimité l’augmentation des rentes des personnes âgées «dans le besoin» (guillemets repris du texte).</p> <p>Juste après Noël, la Conseillère fédérale libérale Karin Keller-Sutter explique dans une interview que contrairement à l’augmentation du budget de l’armée, AVS13 porterait à une hausse des impôts. Dans la première édition dominicale de l’année 2024 apparaît un nouveau thème: si AVS13 passe, ce seraient encore plus de milliards qui partiront à l’étranger au profit des 800'000 retraités suisses expatriés. Cette édition contient aussi une interview du socialiste Pierre-Yves Maillard, qui en tant que président de l’USS est considéré par beaucoup comme le principal défenseur de l’initiative. Les expatriés sont présentés comme des profiteurs, et les questions posées à Maillard sont peu complaisantes. Le lendemain on affirme que AVS13 menace le pouvoir d’achat des jeunes, et on fait appel à l’UDC pour qu’elle entreprenne le combat contre AVS13. Il se trouve que des sections locales du parti ont décidé de soutenir l’initiative. Encore la même semaine un titre insinue hypocrisie et mensonge dans les discours tenus sur la prévoyance vieillesse. On le voit, cette déferlante d’articles sur AVS13 loin d’avoir un objectif (seulement) pédagogique vise aussi à convaincre le lecteur de l’imminence d’une tragédie.</p> <h3>Une argumentation douteuse</h3> <p>Le 12 janvier une petite colonne dans la rubrique «Suisse» rapporte une conversation entre quatre seniors, réellement entendue dans la première classe d’un train. L’échange s’ouvre avec une première dame qui se félicite de son achat d’un abonnement général de première classe, qu’elle a utilisé la veille pour faire l’aller-retour dans la journée au sud des Alpes pour déjeuner. Puis, une deuxième dame raconte qu’avec son mari, ils vont partir au Cap pour jouer au golf, et qu’ils étaient heureux d’avoir eux aussi un abonnement général de première classe, ce qui leur permet de ne pas devoir acheter de billets pour se rendre à l’aéroport. Ensuite, il est question de leurs voyages à Las Vegas et au Texas, et finalement de celui d’une amie qui, avec ses six sœurs, toutes octogénaires, part pour Strasbourg. Ce projet surprend le mari de la première dame, vu que l’amie ne peut compter que sur une rente AVS. Sa femme profite de cette remarque pour inviter ses trois compagnons de voyage à soutenir AVS13. Fin de cette scénette, dont le message semble être que l’objectif de AVS13 est de permettre aux riches seniors de voyager.</p> <p>On dirait que la <em>NZZ</em> a fait sien l’adage que la fin justifie les moyens. <b></b>(Notons, en passant, que celui qui raconte l’histoire voyageait aussi en première classe.) La pluie d’articles se poursuit avec deux fois la dénonciation du «mythe des retraités pauvres», mais aussi la mise au jour de «l’inconfortable secret de l’AVS», à savoir que l’on touche plus que ce que l’on verse, tout en se persuadant de l’avoir entièrement mérité. De surcroît, AVS13 serait carrément une remise en question du modèle de la réussite de la Suisse. C’est sûr, est-il dit, AVS13 va obliger à augmenter l’âge de la retraite. Ce n’est que du rafistolage, et le financement de l’AVS doit préoccuper. 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Les rédactrices ne sont pas en reste: l'une pose la question de savoir à quel point la Suisse veut devenir socialiste, et si elle se considère un «Pays-Club-Med», c’est-à-dire où l’on se sert tant que la table est garnie; une autre ironise sur le fait que beaucoup de «petites gens» envoient de toutes petites sommes d’argent en soutien aux promoteurs de AVS13.</p> <h3>Prendre parti</h3> <p>Il y a à peine quelques jours, dans le court texte qui précède une présentation sous forme graphique des mots d’ordre des partis et de diverses organisations, le journal écrit: «la <em>NZZ</em> refuse l’initiative». Etait-ce bien utile? N’est-ce pas une pratique déplacée? Il y a des quotidiens suisses dont on ne s’étonne pas qu’ils défendent explicitement des positions politiques, par exemple la <em>Weltwoche</em>, <em>Le Courrier</em>, ou <em>Republik</em>. Aux Etats-Unis il est courant que lors d’élections les rédactions s’expriment ouvertement en faveur de tel ou tel candidat, mais celles-ci le font dans un espace séparé de celui consacré à l’information.</p> <p>La <em>NZZ</em> occupe une place à part dans le panorama médiatique suisse, on sait qu’elle est proche du parti libéral, mais il est difficile de comprendre pourquoi elle a ressenti le besoin de prendre ainsi parti. Les opposants à AVS13 ont les moyens de se faire entendre autrement, et contrairement à ce que l’on veut faire croire, AVS13 n’est pas soutenue que par les partis de gauche. En effet, de nombreux adhérents à des organisations qui s’y opposent, comme l’UDC ou l’Union suisse des paysans, voteront pour AVS13. La <em>NZZ</em> se sent le devoir d’affirmer une identité idéologique. Nous l’avons mis en évidence au sujet de AVS13, d’autres ont observé dans ses pages une dérive philo-atlantiste. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@simone 21.07.2023 | 09h31
«Merci de si bien poser le problème. Mais reste la question fondamentale: qui est apte à "accompagner leur recherche de manière bienveillante"? Dans l'idéal, ce seraient les parents. Mais... Et je doute fort que ce soit le rôle de l'école car l'accompagnement ne peut être collectif dans un domaine aussi délicat. Décidément, la numérisation est encore un véritable poison non maîtrisé à la consommation duquel cependant même les pouvoirs publics et les autorité ne cessent d' inciter chacun à toutes les occasions.
Suzette Sandoz»
@GFTH68 21.07.2023 | 15h41
«Je pense qu'il faut en parler ouvertement. Que le tabou cesse. Et protéger les enfants, bien sûr.»