Actuel / Energies propres, extractions minières sales: le paradoxe de la transition énergétique
L'extraction de matières premières pour l'énergie propre cause souvent des dommages © Resource Centre
La transition énergétique repose sur l'exploitation minière des matières premières indispensables à la fabrication des batteries électriques et autres turbines d'éoliennes. Dans ce domaine, la Suisse et la Chine se distinguent par une mauvaise gestion environnementale et humaine. La révolte gronde, du côté des ONG comme des populations indigènes.
Markus Mugglin, article publié sur Infosperber le 9 novembre 2023, traduit par Bon Pour La Tête
Chine ou Suisse, Glencore ou China Minmetals; ces deux entreprises et ces deux pays si dissemblables se livrent à une concurrence peu glorieuse, bien qu'il s'agisse d'une bonne cause. C'est dans le commerce des matières premières pour la transition énergétique verte qu'elles se distinguent le plus souvent de manière négative. C'est ce que révèle le «Transition Minerals Tracker» publié par le Business and Human Rights Resource Centre.
Depuis 2010, ce centre enregistre qui et où, lors de l'extraction du cobalt, du cuivre, du lithium, du manganèse, du nickel et du zinc, dégrade l'environnement, pollue l'eau, maltraite les mineurs, menace et persécute les défenseurs des droits de l'homme, viole les droits des peuples indigènes ou corrompt les affaires.
Glencore en tête des avis négatifs
Glencore se classe à la première position peu glorieuse du Transition Minerals Tracker pour la période 2010 à 2022. Le géant des matières premières est associé à «70 allégations de différents types, soit plus que toutes les autres entreprises pour la deuxième année consécutive». Pour l'année 2022, le rapport fait référence aux amendes de plusieurs milliards de dollars infligées par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour des pots-de-vin versés dans plusieurs pays d'Afrique et d'Amérique du Sud.
Le groupe Solway, domicilié à Zoug, fait également partie du groupe de tête des entreprises ayant connu des incidents négatifs. Il a fait la une des journaux en raison de la pollution de l'environnement, de la corruption et de l'oppression des populations indigènes autour d'une mine de nickel au Guatemala.
Après Glencore, ce sont les pratiques de China Minmetals qui font l'objet du plus grand nombre de plaintes. Le Grupo Mexico, le chilien Codelco et l'américain Freeport McMoran font également partie des entreprises ayant connu le plus d'incidents négatifs. Par pays, la Chine est le pays le plus mal classé, suivie de la Suisse et du Canada.
Depuis 2010, le tracker a enregistré un total de 510 incidents dans le monde. Plus de la moitié d'entre eux sont signalés en Amérique latine, principalement au Pérou et au Chili. Le premier pays d’Afrique, la République démocratique du Congo, suit, devant les pays d'Amérique centrale que sont le Guatemala et le Mexique. Les intérêts des populations indigènes sont le plus souvent ignorés, les défenseurs des droits de l'homme très souvent menacés, des dommages environnementaux sont causés, et l'eau est très souvent polluée.
«Il est temps, constate le Tracker, d'ancrer dans l'industrie minière des obligations de contrôle préalable en matière de droits de l'homme et de protection de l'environnement pour la transition énergétique». Car aujourd'hui encore, seule une minorité d'entreprises extractives procède à des vérifications en matière de droits humains.
La diplomatie suisse s'active
L'appel à des obligations contraignantes pour les entreprises de matières premières n'est certes pas entendu. Mais de nombreux pays reconnaissent depuis peu que la situation dans l'industrie minière est critique pour un tournant vert. La Suisse semble également en être consciente. Lors de la 5ème conférence des Nations unies sur l'environnement qui s'est tenue à Nairobi en mars dernier, elle a initié, avec l'Argentine, la République démocratique du Congo, le Ghana et le Sénégal, une résolution sur les aspects environnementaux de la gestion des minerais et des métaux. La déclaration souligne «la nécessité de mesures renforcées pour soutenir la gestion écologiquement rationnelle des minéraux» tout au long de leur cycle de vie, de l'extraction à la fin de vie utile. La conférence a lancé un processus intergouvernemental dirigé conjointement par la Suisse et le Pakistan.
En mars, l'UE a présenté une loi sur les matières premières critiques visant à renforcer la sécurité d'approvisionnement en matières premières pour la transition écologique et numérique. Début septembre, le World Resources Forum 2023 et le Unep-Intergovernmental Meeting on Minerals and Metals ont eu lieu à Genève sur le thème de l'approvisionnement durable en matières premières. En septembre également, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a invité à Paris un sommet international sur les minéraux critiques et l'énergie propre, après avoir exposé dans un rapport les grandes incertitudes et les défis mondiaux pour la transition énergétique.
De nombreuses incertitudes et dangers
Les incertitudes sont terriblement nombreuses. Comment assurer l'approvisionnement en matières premières nécessaires au tournant vert, comment éviter la forte dépendance à l'égard de certains pays fournisseurs, comment augmenter le recyclage des métaux et minéraux précieux, comment promouvoir l'innovation technologique, comment renforcer la coopération internationale, comment prévenir les dommages environnementaux, comment favoriser le développement dans les pays d'origine, comment protéger les droits des peuples autochtones dans les zones d'extraction?
Atteindre les seuls objectifs quantitatifs s'avérera difficile. Il s'agit de quadrupler la demande mondiale en matières premières critiques en moins de 20 ans, et même de prévoir une augmentation d'un facteur 42 dans le cas du lithium. Une voiture électrique typique nécessite six fois plus de matières premières minérales qu'une voiture à moteur à combustion. Pour fournir le cuivre nécessaire à une turbine offshore de taille moyenne, il faut déplacer près de 50'000 tonnes de terre et de roches, soit environ cinq fois le poids de la tour Eiffel.
A ces problèmes quantitatifs s'ajoutent des intérêts divergents – entre les pays d'origine et les pays acheteurs, entre les gouvernements et les communautés indigènes, entre la sécurité de l'approvisionnement et la protection de l'environnement. Le tournant vert pourrait même accroître les problèmes environnementaux au lieu de les réduire, menacer les moyens de subsistance des peuples indigènes, renforcer encore la division du travail entre les pays pauvres producteurs de matières premières et les pays riches consommateurs.
Les pays acheteurs s'inquiètent avant tout de la sécurité de leur approvisionnement. Dans son projet de loi, l'UE se donne des objectifs quantitatifs précis sur la réduction des dépendances extérieures. En revanche, lorsqu'il s'agit d'objectifs importants pour les pays d'origine, elle se réfugie dans des formulations vagues sur la durabilité. Même l'AIE, en tant que club des pays riches consommateurs, reste dans le flou.
Une nouvelle coalition d'ONG s'en mêle
La vision unilatérale des matières premières critiques pour le tournant vert a fait réagir les organisations non gouvernementales. Suite au sommet de l'AIE de fin septembre, 40 organisations se sont réunies au sein de la Coalition on Raw Materials. D'Amnesty International à Oxfam en passant par le WWF, cette coalition regroupe de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme, du développement et de l'environnement de renommée internationale. Elles se mobilisent pour une politique des matières premières en Europe qui donne la priorité à «la planète et aux droits de l'homme plutôt qu'au profit». Elles demandent une législation complète obligeant les entreprises à respecter les droits de l'homme et les normes environnementales, à accorder des réparations pour les dommages subis et à sanctionner la corruption.
La coalition d'ONG confère une nouvelle urgence à la responsabilité des entreprises. De même qu'il existe déjà des obligations de contrôle préalable tout au long de la chaîne de création de valeur pour les minéraux dits de conflit que sont l'or, l'étain, le tantale, le tungstène et leurs minerais, ce serait maintenant le tour des matières premières de la transition énergétique que sont le cuivre, le cobalt, le lithium, le manganèse, le nickel et le zinc. Mais à la différence des minéraux de conflit, il ne s'agit pas d'interdire les matières premières provenant de régions d'origine où règne la violence. Il s'agit plutôt de faire en sorte que le commerce des matières premières pour la transition énergétique soit équitable pour les personnes vivant dans les zones d'extraction et également équitable pour les pays producteurs. La Suisse, en tant que plaque tournante mondiale pour le cuivre, le cobalt et bientôt le lithium, est également mise sous pression pour participer à l'élaboration d'une transition énergétique équitable. Un prochain Transition Minerals Tracker permettra de savoir si la Suisse, en tant que place de matières premières, obtient de meilleurs résultats.
Les communautés indigènes s'organisent pour une économie verte
Securing Indigenous Peoples Rights in the Green Economy (SIRGE): sous ce nom, des organisations indigènes forment avec des organisations non gouvernementales une coalition qui demande aux gouvernements, aux entreprises et au secteur financier de ne pas répéter les erreurs du passé colonial et de garantir les droits et l'autodétermination des communautés indigènes. Plus de la moitié des projets d'extraction des minerais nécessaires à la transition énergétique se trouvent sur des territoires de communautés indigènes. Celles-ci sont donc directement concernées par l'augmentation massive de la demande des matières premières en question. Le SIRGE a lancé en septembre à Genève le programme Climate Justice! Respect Indigenous Consent. Il est soutenu par cinq organisations non gouvernementales, dont la Société pour les peuples menacés Suisse.
L'organisation de développement Commundo organise les 24 et 25 novembre à Wollishofen et à Zoug des manifestations sur le thème du commerce des matières premières et de son financement en Suisse, auxquelles participeront également des personnes lésées dans des régions d'extraction au Pérou et en Colombie.
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Plus de la moitié d'entre eux sont signalés en Amérique latine, principalement au Pérou et au Chili. Le premier pays d’Afrique, la République démocratique du Congo, suit, devant les pays d'Amérique centrale que sont le Guatemala et le Mexique. Les intérêts des populations indigènes sont le plus souvent ignorés, les défenseurs des droits de l'homme très souvent menacés, des dommages environnementaux sont causés, et l'eau est très souvent polluée.</p> <p>«Il est temps, constate le Tracker, d'ancrer dans l'industrie minière des obligations de contrôle préalable en matière de droits de l'homme et de protection de l'environnement pour la transition énergétique». Car aujourd'hui encore, seule une minorité d'entreprises extractives procède à des vérifications en matière de droits humains.</p> <h3>La diplomatie suisse s'active</h3> <p>L'appel à des obligations contraignantes pour les entreprises de matières premières n'est certes pas entendu. 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Elles demandent une législation complète obligeant les entreprises à respecter les droits de l'homme et les normes environnementales, à accorder des réparations pour les dommages subis et à sanctionner la corruption.</p> <p>La coalition d'ONG confère une nouvelle urgence à la responsabilité des entreprises. De même qu'il existe déjà des obligations de contrôle préalable tout au long de la chaîne de création de valeur pour les minéraux dits de conflit que sont l'or, l'étain, le tantale, le tungstène et leurs minerais, ce serait maintenant le tour des matières premières de la transition énergétique que sont le cuivre, le cobalt, le lithium, le manganèse, le nickel et le zinc. Mais à la différence des minéraux de conflit, il ne s'agit pas d'interdire les matières premières provenant de régions d'origine où règne la violence. Il s'agit plutôt de faire en sorte que le commerce des matières premières pour la transition énergétique soit équitable pour les personnes vivant dans les zones d'extraction et également équitable pour les pays producteurs. La Suisse, en tant que plaque tournante mondiale pour le cuivre, le cobalt et bientôt le lithium, est également mise sous pression pour participer à l'élaboration d'une transition énergétique équitable. 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Il est soutenu par cinq organisations non gouvernementales, dont la Société pour les peuples menacés Suisse.</p> <p>L'organisation de développement Commundo organise les 24 et 25 novembre à Wollishofen et à Zoug des manifestations sur le thème du commerce des matières premières et de son financement en Suisse, auxquelles participeront également des personnes lésées dans des régions d'extraction au Pérou et en Colombie.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'energies-propres-extractions-minieres-sales-le-paradoxe-de-la-transition-energetique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 403, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://www.infosperber.ch/wirtschaft/konzerne/schweiz-faellt-mit-unsauberem-bergbau-fuer-saubere-energie-auf/', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. 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Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. 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Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». 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Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
6 Commentaires
@willoft 10.11.2023 | 01h23
«La Suisse hébérgeant 80 % des traders de matières premières, ça fait sourire jaune »
@pitschum 10.11.2023 | 23h14
«Il faut se rappeler que l'augmentation massive de la demande des matières premières nécessaires à la transition énergétique est le fait d'exigences politiques, elles-mêmes sous influences des ONG. Les besoins sont colossaux pour atteindre les objectifs, mais personne s'en est soucié avant d'agir. Avec cette transition précipitée, on commence à distinguer le mur. En attendant d'être devant, dans l'urgence, on doit donc s'attendre à des dégâts collatéraux.»
@hum 11.11.2023 | 04h33
«Les mesures de contrainte ne changeront rien au fait que les conséquences de la transition énergétique risquent d'être pires que celles du réchauffement dû au CO2 que l'on voulait combattre, surtout en vue de la quantité nécessaire de minerais à extraire, qui est un multiple de celle d'aujourd'hui. Le coût de ces minerais, et donc de l'énergie, va donc prendre l'ascenseur, avec des conséquences sociales. On commence à le voir en Allemagne.»
@Apitoyou 15.11.2023 | 08h37
«Cette reprise de l’article de infosperber est bienvenue. Elle résume le choix entre les conséquences de l’activité économique de notre société issue du 20 ème siècle basée sur le profit et celle qui devrait la remplacer avantageusement pour l’humain et la protection de la biosphère pour au moins un siècle. Dans le cas d’une démographie mondiale ascendante, il n’y a qu’une voie ( une issue pourrait-on dire), celle de la diminution de la consommation individuelle construite actuellement sur le gaspillage des ressources terrestres. Est-elle possible?
Choisir entre les catastrophes climatiques-dues à la société du pétrole- avec les conséquences des flux de réfugiés survivants, et ce qui nous est présenté dans cet article pour le futur de l’humanité, relève presque de l’impossible dans l’absence d’un pouvoir sur l’organisation du monde. Il nous faudra peut-être subir le moins pire, non? »
@pitschum 17.11.2023 | 14h23
«...un pouvoir sur l'organisation du monde? Donc renoncer aux libertés civiles si elles interfèrent avec les plans de conservation de l'environnement? Je pense qu'avec les expériences et les évidences d'une planification centrale que nous avons, il faut rester très suspect sur la question. Une planification centrale ne pourra jamais allouer les ressources aussi efficacement que le marché le fait.»
@stef 29.12.2023 | 18h56
«@Pitschum: le marché n'alloue pas les ressources là où il le faut, car le marché ne décide qu'en fonction du pognon et non pas en fonction de l'écologie et des besoins des peuples !»