Actuel / Agressée, une prof est renvoyée puis interdite d’enseigner
Non seulement Jeanne n'a pas été protégée par les institutions, mais en plus elle a été punie. © Facebook
Violemment prise à partie par des élèves d’un cycle lors d’un remplacement, une enseignante se voit renvoyée de l’établissement et révoquée du Département de l'Instruction Publique au sein duquel elle exerçait. Ses torts: «son émotivité» suite au choc subi lors de l’agression et son statut d’artiste queer et de militante LGBTQI+, une activité jugée trop visible sur les réseaux sociaux et qui contreviendrait aux «responsabilités d’éducation et d’instruction» auxquelles est soumis le corps enseignant.
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Ils y travaillent depuis 7 ans maintenant, mais à part les coûts effroyables, on ne peut pas compter grand-chose.»</p> <hr /> <h4><a href="https://insideparadeplatz.ch/2024/03/27/ohne-bank-schreibt-die-migros-128-millionen-verlust/" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'migros-le-trou-pire-qu-on-l-a-dit', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 9, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4836, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le géant des mers est genevois', 'subtitle' => 'Dans «l'Agefi», Xavier Comtesse et Philippe Labouchère évoquent le succès peu connu d’une entreprise familiale établie à Genève: MSC (Mediterraneau Shopping Company). 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Aux États-Unis, la tradition du <em>hanami</em> a commencé avec la plantation des premiers cerisiers à Washington DC en 1912 en tant que <a href="https://www.nps.gov/subjects/cherryblossom/history-of-the-cherry-trees.htm">cadeau d’amitié du Japon</a>.</p> <h3>Poésie sur la nature</h3> <p>La coutume d’observer les arbres en fleurs au printemps est arrivée au Japon en provenance du continent asiatique. L’observation des pruniers en fleurs, souvent au clair de lune, comme symbole de <a href="https://www.archwaypublishing.com/en/bookstore/bookdetails/799255-The-Plum-Blossom-of-Luojia-Mountain">force, vitalité et fin de l’hiver</a> était pratiquée en Chine depuis l’antiquité. 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Le poème est préfacé par la <a href="http://www.misawa-ac.jp/drama/daihon/genji/bunken/zoku.html">mémoire de son auteur</a>. Ce poème parle de son ancien amant qui souhaite revoir les cerisiers en fleurs avant qu’ils ne tombent.</p> <blockquote> <p>tō o koyo<br />saku to miru ma ni<br />chirinu beshi<br />tsuyu to hana to no<br />naka zo yo no naka</p> <p>Viens vite !<br />À peine commencent-elles à s’ouvrir<br />qu’elles doivent tomber.<br />Notre monde réside<br />dans la rosée au sommet des fleurs de cerisier.</p> </blockquote> <p>Ce poème n’est pas l’exemple le plus célèbre de <em>waka</em> sur les cerisiers en fleurs dans la poésie japonaise prémoderne, mais il contient des couches d’imagerie traditionnelle symbolisant l’impermanence. Il souligne qu’une fois écloses, les fleurs de cerisier sont destinées à tomber. 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Une telle interprétation révèle que le poème est une allusion à une relation amoureuse, qui est aussi fragile que la rosée qui s’évapore sur les fleurs de cerisier qui tombent bientôt ; elle ne dure pas longtemps, il faut donc l’apprécier tant qu’elle existe.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/579998/original/file-20240305-18-vujctw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Un arbre japonais en fleurs chargé de grappes de fleurs roses dans un jardin" /><em><span>Au Japon, les cerisiers en fleurs symbolisent l’impermanence ». zoomable=</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/25228175@N08/4549363374">Elvin/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></em></h4> <p>Le poème peut également être interprété de manière plus générale : La rosée est un symbole de la vie humaine, et la chute des cerisiers en fleurs une métaphore de la mort.</p> <h3>Militarisé par l’Empire du Japon</h3> <p>La notion de chute des fleurs de cerisier a été utilisée par <a href="https://www.bloomsbury.com/us/imperial-japan-and-defeat-in-the-second-world-war-9781350246799/">l’Empire du Japon</a>, un État historique qui a existé de la restauration meiji en 1868 jusqu’à la promulgation de la Constitution du Japon en 1947. L’empire est connu pour la <a href="https://www.bloomsbury.com/uk/japanese-taiwan-9781472576743/">colonisation de Taïwan</a> et l’<a href="https://www.peterlang.com/document/1049131">annexion de la Corée</a> afin d’étendre ses territoires.</p> <p><a href="https://kokubunken.repo.nii.ac.jp/records/4747">Sasaki Nobutsuna</a>, un érudit des classiques japonais ayant des liens étroits avec la cour impériale, était un partisan de l’idéologie nationaliste de l’empire. En 1894, il a composé un long poème, <a href="https://dl.ndl.go.jp/pid/873478/1/10">« Shina seibatsu no uta »</a>, ou « Le chant de la conquête des Chinois », pour coïncider avec la première guerre sino-japonaise, qui a duré de 1894 à 1895. 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Les <a href="https://sakura.weathermap.jp/en.php">prévisions météorologiques</a> suivent la floraison des cerisiers pour s’assurer que tout le monde a une chance de participer à l’ancien rituel de l’observation.</p> <p>L’obsession des cerisiers en fleurs peut sembler triviale, mais le <em>hanami</em> rassemble les gens à une époque où la plupart des communications se font virtuellement et à distance, réunissant des membres de la famille, des amis, des collègues de travail et parfois même des étrangers, comme cela m’est arrivé lorsque je vivais au Japon.</p> <p>L’observation des <em>sakura</em> témoigne également de la relation unique que le Japon moderne entretient avec sa propre histoire. 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Citko-DuPlantis</a>, Assistant Professor in Japanese Literature and Culture, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/university-of-tennessee-688">University of Tennessee</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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Mais puisque la RTS estime nécessaire d’exprimer des «regrets» pour les «propos outranciers» tenus par Slobodan Despot, quelques questions s’imposent:</p> <p><strong>1.</strong> Pourquoi, si les propos n’y sont pas si libres que ça, l'émission «Les Beaux Parleurs» est-elle toujours présentée comme un «talk show» sur le site de la RTS?</p> <p><strong>2.</strong> Si la RTS juge bon d’exprimer ses «regrets» pour des «propos outranciers», il est à supposer que sa charte a été enfreinte par Slobodan Despot. Dans ce cas, il serait bon de spécifier aux <a href="https://www.24heures.ch/la-rts-regrette-les-propos-outranciers-de-slobodan-despot-739244121528" target="_blank" rel="noopener">lecteurs de <em>24 Heures</em></a> quels passages plus précisément. La charte de la RTS dit notamment ceci: «une responsabilité particulière dans la recherche de la vérité, l’impartialité, la pluralité et le respect de la personne.» En décrivant des éléments factuels, Slobodan Depot a fait preuve de recherche de la vérité. Il représente l’un des éléments nécessaires à la pluralité d’opinion censément chère à la RTS et n’a manqué de respect envers personne au travers de ses propos. Où est donc le problème? De quelle liberté d’expression et de quelle pluralité d’opinion la RTS se targue-t-elle exactement, si elle «regrette» des propos tenus par l’un de ses chroniqueurs?</p> <p><strong>3.</strong> De par sa «responsabilité particulière dans la recherche de la vérité», pourquoi la RTS n’a-t-elle pas spécifié aux journalistes de <em>24 Heures</em> que Slobodan Despot a décrit des événements factuels et avérés en donnant les sources y relatives?</p> <p><strong>4.</strong> S la RTS «regrette» les propos «outranciers» de Slobodan Despot, pourquoi n’a-t-elle pas fait de même lorsque Coline de Senarclens a déclaré dans cette même émission, le 25 février dernier, que «la binarité homme femme, c’est une idéologie (…) et anti-scientifique.» Cette déclaration pourrait être considérée comme un manque de respect envers l’immense majorité des Suisses romands qui ont encore le culot de penser qu’ils sont des hommes ou des femmes parce qu’ils sont nés hommes ou femmes. Certaines des personnes visées (notamment les 23'000 parents ayant signé la pétition du Collectif Parents) ont potentiellement pu se sentir agressées par ces propos. Elles n’en ont pas fait toute une histoire car elles savent que «Les Beaux Parleurs» est une émission de débat et que la liberté d’expression est (pardon, devrait être) l’un des piliers de toute démocratie qui se respecte.</p> <p><strong>5.</strong> Comment la RTS peut-elle justifier qu’elle remplit toujours son mandat de service public si elle décide de manière aléatoire (ou partiale?) de s’excuser pour certains propos, prétendument d’extrême droite, alors qu’elle ne s’excuse pas pour certains propos semblant relever de l’extrême gauche? Qui, au sein de la RTS, décide du moment auquel il faut ou non exprimer des «regrets»? 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Le battage médiatique fait autour des propos d'un chroniqueur interroge donc sur l'état de cette démocratie.</p> <p>Toute cette histoire est une non-affaire, qui me rappelle tristement deux autres non-affaires arrivées il y a pile trois ans et ressemblant en de nombreux points à celle-ci: quelqu’un a été payé pour effectuer un travail précis. Il accomplit ce travail selon les termes du contrat. Qu’on le laisse faire ce travail. 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Mabrouk Hosni Ibn Aleya
Cette situation, Jeanne* la traverse dans l’incompréhension la plus sidérale: incapable d’exercer sa profession, elle paie à la fois le prix de son agression et celui de son engagement artistique et associatif. Un cas de figure qui souligne la précarité du statut de remplaçante sur fond d’arbitraire et de violence misogyne. Le tout dans une institution où la promotion de l’égalité entre les genres relève pourtant des fonctions prioritaires.
«Sale grosse p***! »
L’histoire se déroule à Genève, dans un cycle d’orientation réputé parmi les plus sensibles, au sein duquel Jeanne* est assignée pour remplacer une professeure de français partie en burn out, ainsi que son remplaçant excédé. «J’étais dans la classe à attendre mes élèves quand, soudainement, la porte s’ouvre en claquant pour laisser retentir sale grosse p***!». Jeanne poursuit: «Je me précipite pour appréhender les auteurs de l’insulte. Arrivée dans le couloir, des commentaires hostiles à mon allure queer fusent, accompagnés d’une nuée de crachats sur le dos... ». La doyenne de l’établissement, qui passait inopinément par là, insiste devant les élèves de Jeanne pour la décharger du cours. «Je pensais qu’elle avait été appelée pour m’épauler suite à mon agression», explique cette dernière. Ce n’était pas le cas. «Sans savoir ce que je venais d’endurer et malgré mes efforts de self control, on me sape le peu d’autorité qu’il me restait auprès des étudiants, c’est là que les larmes me sont montées aux yeux». Aucun surveillant ne se trouvant sur les lieux au moment des faits. Les agresseurs n’ont pu être identifiés. «A la fin de la journée, je suis restée 30 minutes à attendre que l’établissement se vide, de peur de croiser les assaillants en rentrant chez moi», ajoute Jeanne, sous le coup de l’émotion. Selon nos informations, plusieurs professeurs du même établissement auraient fait l’objet de menaces et d’agressions au sein du Cycle.
De victime à coupable
Le lendemain matin, Jeanne reçoit un coup de fil l’informant que son remplacement est annulé. «Les bras m’en tombaient, je m’attendais à ce que l’on me soutienne, pas que l’on me sanctionne. J’avais réservé toute ma semaine, annulé d’autres cours, et là, sous prétexte d’assurer ma sécurité, on me congédiait 30 minutes avant le début des classes, sans même que l’on ne m’ait entendue». Arrivée sur place pour comprendre et contester la décision, Jeanne remarque qu’un autre remplaçant a déjà été mandaté.
Une discussion houleuse s’ensuit avec le directeur de l’établissement, qui se contentera de lui reprocher «son émotivité et sa gestion inadéquate des interactions ayant provoqué un attroupement d’élèves qui a nécessité l’intervention du personnel de l’établissement». L’incompréhension est totale. «A ce moment-là, je lui ai rétorqué qu’en plus d’être injuste, cette décision cautionnait l’agression misogyne dont j’ai été victime auprès des élèves... Qu’en tant que militante féministe, je n’allais pas rester sans rien faire» souligne Jeanne.
La phrase de trop.
L’affaire remonte au département d’Instruction publique qui, toujours sans consulter l’intéressée, lui retire par courrier son habilitation de remplaçante. Les motifs, quant à eux, sont étayés de nouveaux éléments à sa décharge. On lui reproche, après-coup, d'avoir intimidé le directeur et d’avoir manqué au secret de la profession sur les réseaux sociaux.
«Ce courrier rassemble toutes les caractéristiques d’une décision administrative, sans pour autant indiquer une voie de recours possible, il apparaît donc irrégulier sous cet angle.»
Me Ben Khalifa
Une décision qui relève d’une attitude surprenante selon Me Ben Khalifa, avocat au barreau de Genève. «D’un côté, on vise à conforter le directeur dans sa décision de renvoyer l’intéressée, et de l’autre, on joue la surenchère en invoquant après-coup de nouveaux éléments. De surcroît, ce courrier rassemble toutes les caractéristiques d’une décision administrative sans pour autant indiquer une voie de recours possible, il apparaît donc irrégulier sous cet angle.» Contacté, le secrétaire général du DIP, M. Pierre-Antoine Preti botte en touche en invoquant la protection des données. Il assure néanmoins qu’il est du devoir de l’institution «de protéger la personnalité des collaborateurs» sans toutefois mentionner les mesures prises sur le terrain pour garantir cette protection. Quant au droit de l’intéressée d’être entendue, la réponse se veut évasive: bien qu’il assure que le département respecte les droits des remplaçants, il précise que «leur contrat est révocable en tout temps avec effet immédiat lorsqu'ils sont engagés pour une mission de moins de trois mois.»
Une réponse qui n’étonne en rien Julien Nicolet, membre du bureau de la Fédération des associations des maîtres du cycle d’orientation (Famco). Ce dernier dénonce le manque d’encadrement et la précarité du statut de remplaçant. «Irrecevable», selon Me Ben Khalifa. Il s’agit, d'après l'homme de loi, d’une décision administrative qui touche directement les intérêts de Jeanne. «On ne peut pas lui retirer son habilitation à enseigner sans que cette dernière ne puisse affirmer ou infirmer ce qu’on lui reproche.»
Quant au statut sur Facebook, l'avocat concède que Jeanne était effectivement tenue par le secret de sa fonction, bien qu’il comprenne qu’elle se soit tournée vers les réseaux sociaux dans le but de trouver le soutien que la direction ne lui a vraisemblablement pas offert. Un soutien qui, selon l’intéressée, s’est résumé par le trombinoscope des élèves que lui a tendu le vice-doyen pour qu’elle puisse identifier les auteurs de l’agression. Sur ce point, Me Ben Khalifa souligne une possible défaillance de l’établissement: «la directive sur les infractions pénales commises contre un membre du personnel dans l’exercice de ses fonctions est très claire. En cas d'atteinte à l’intégrité corporelle, psychique ou sexuelle de la personne, la direction se doit de prendre immédiatement en charge la victime, d’organiser un entretien consigné sur PV, d’informer les ressources humaines et de la mettre en lien avec les services d'aide appropriés». Ce qui ne semble aucunement avoir été respecté.
Même point de vue du côté de Julien Nicolet, qui soutient toutefois un avis plus nuancé sur la question du secret de fonction. L’article 24 du règlement fixant le statut du personnel enseignant ne devrait, selon Nicolet, «ne viser qu’à protéger les élèves et les professeurs, si les éléments communiqués ne citent aucun nom et se contentent de relater une expérience personnelle». Questionné, un enseignant souhaitant garder l’anonymat va plus loin et dénonce une forme d’omerta: «Indépendamment de la question de protection des données, le flou avec lequel est formulée cette disposition permet au DIP d’exercer un contrôle accru sur le corps enseignant et d’entretenir la chape de plomb qui contredit le principe même de transparence». Le statut Facebook en question demeure encore consultable. Il y est fait mention de l’agression, sans pour autant citer ni le nom de l’établissement, ni celui du personnel, encore moins celui des auteurs qui n’ont, à ce jour, pas été identifiés.
Sois digne et précaire
Toujours sur la question des réseaux sociaux, il est aussi reproché à Jeanne les photos de ses performances artistiques. Décrites par le DIP comme «dénudées» (en dépit de la stricte politique de Facebook en la matière) elles contreviendraient «à la dignité (...) et aux responsabilités d’éducation et d’instruction qui incombent aux membres du corps enseignant». Un motif irrecevable selon Me Ben Khalifa, qui «contrevient surtout à la liberté de l’art qui est garantie par la Constitution suisse et censée être encouragée par le DIP». Sur ce point, Julien Nicolet souligne une «notion de la pudibonderie quelque peu surannée qui, conjuguée à un contrôle prononcé, déborde souvent sur la vie privée des enseignants». Interloquée, Jeanne déplore que l'on réduise son engagement et sa démarche artistiques à des photos jugées dénudées. «Curieux que l’on désigne ceci comme indigne alors que les photos visent à déconstruire les normes et les discours misogynes, binaires et transphobes qui demeurent à ce jour encore tenaces au sein de notre société, commente Jeanne. Des discours susceptibles de déboucher sur des agressions comme je viens d'en subir, et que le DIP s’est pourtant engagé à combattre, au nom de l’égalité des sexes» remarque-t-elle.
Aujourd’hui, ne pouvant plus enseigner pour financer ses études, Jeanne se trouve dans une situation financière qu’elle désigne comme critique. Elle conclut: «J’ai dû mettre d’urgence ma chambre en sous-location pour payer mon loyer, tout ça parce que j’ai décidé de ne pas passer sous silence mon agression et le manque de soutien que m’a témoigné la direction».
Au final, une enseignante invitée à se prononcer anonymement ajoute: «je ne me fais pas d’illusion, même si le DIP faisait marche arrière et réintégrait Jeanne, elle resterait blacklistée. Ce qui, au vu de la transparence qui régit l’attribution des postes, ne laisse rien présager de bon».
Militante féministe et co-fondatrice des soirées drag-queer GENEVEGAS – des événements qui se présentent comme un safe space permettant aux membres de la communauté LGBTQUI+ de vivre leur genre en toute liberté – la réputation de l’engagement de Jeanne en la matière n’est plus à faire et dépasse aujourd’hui largement les frontières du canton. Selon ce qui a été porté à notre connaissance, le manque de soutien témoigné par le DIP suite à son agression, son éviction et les raisons invoquées renvoient à une pratique que l’on pensait révolue à l’ère où les langues se délient enfin pour dénoncer le sexisme et les agressions qui en découlent.
*nom connu de la rédaction
Queer, ça veut dire quoi?
Queer Mouvement signifiant «tordu» en anglais, le mouvement queer est un courant militant qui remet en cause les catégories d’identité sexuelle, de genre ou d'orientation. En réponse aux termes fixes et figés tels que gay, hétéro, homme ou femme, il prône une fluidité qui inclue les différences sans avoir à les définir. Une approche qui combat les discriminations tout en veillant à ne pas s’enfermer dans des «prisons identitaires».
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Le tout dans une institution où la promotion de l’égalité entre les genres relève pourtant des fonctions prioritaires. </p><blockquote>«Sale grosse p***! »</blockquote><p>L’histoire se déroule à Genève, dans un cycle d’orientation réputé parmi les plus sensibles, au sein duquel Jeanne* est assignée pour remplacer une professeure de français partie en burn out, ainsi que son remplaçant excédé. «J’étais dans la classe à attendre mes élèves quand, soudainement, la porte s’ouvre en claquant pour laisser retentir sale grosse p***!». Jeanne poursuit: «Je me précipite pour appréhender les auteurs de l’insulte. Arrivée dans le couloir, des commentaires hostiles à mon allure queer fusent, accompagnés d’une nuée de crachats sur le dos... ». La doyenne de l’établissement, qui passait inopinément par là, insiste devant les élèves de Jeanne pour la décharger du cours. «Je pensais qu’elle avait été appelée pour m’épauler suite à mon agression», explique cette dernière. Ce n’était pas le cas. «Sans savoir ce que je venais d’endurer et malgré mes efforts de self control, on me sape le peu d’autorité qu’il me restait auprès des étudiants, c’est là que les larmes me sont montées aux yeux». Aucun surveillant ne se trouvant sur les lieux au moment des faits. Les agresseurs n’ont pu être identifiés. «A la fin de la journée, je suis restée 30 minutes à attendre que l’établissement se vide, de peur de croiser les assaillants en rentrant chez moi», ajoute Jeanne, sous le coup de l’émotion. Selon nos informations, plusieurs professeurs du même établissement auraient fait l’objet de menaces et d’agressions au sein du Cycle. </p><h3>De victime à coupable </h3><p>Le lendemain matin, Jeanne reçoit un coup de fil l’informant que son remplacement est annulé. «Les bras m’en tombaient, je m’attendais à ce que l’on me soutienne, pas que l’on me sanctionne. J’avais réservé toute ma semaine, annulé d’autres cours, et là, sous prétexte d’assurer ma sécurité, on me congédiait 30 minutes avant le début des classes, sans même que l’on ne m’ait entendue». Arrivée sur place pour comprendre et contester la décision, Jeanne remarque qu’un autre remplaçant a déjà été mandaté. <br>Une discussion houleuse s’ensuit avec le directeur de l’établissement, qui se contentera de lui reprocher «son émotivité et sa gestion inadéquate des interactions ayant provoqué un attroupement d’élèves qui a nécessité l’intervention du personnel de l’établissement». L’incompréhension est totale. «A ce moment-là, je lui ai rétorqué qu’en plus d’être injuste, cette décision cautionnait l’agression misogyne dont j’ai été victime auprès des élèves... Qu’en tant que militante féministe, je n’allais pas rester sans rien faire» souligne Jeanne. <br>La phrase de trop.<br>L’affaire remonte au département d’Instruction publique qui, toujours sans consulter l’intéressée, lui retire par courrier son habilitation de remplaçante. Les motifs, quant à eux, sont étayés de nouveaux éléments à sa décharge. On lui reproche, après-coup, d'avoir intimidé le directeur et d’avoir manqué au secret de la profession sur les réseaux sociaux. </p><blockquote>«Ce courrier rassemble toutes les caractéristiques d’une décision administrative, sans pour autant indiquer une voie de recours possible, il apparaît donc irrégulier sous cet angle.»<br><span style="font-family: "PT Serif"; font-size: 1.6rem;"><strong>Me Ben Khalifa</strong></span></blockquote><p>Une décision qui relève d’une attitude surprenante selon Me Ben Khalifa, avocat au barreau de Genève. «D’un côté, on vise à conforter le directeur dans sa décision de renvoyer l’intéressée, et de l’autre, on joue la surenchère en invoquant après-coup de nouveaux éléments. De surcroît, ce courrier rassemble toutes les caractéristiques d’une décision administrative sans pour autant indiquer une voie de recours possible, il apparaît donc irrégulier sous cet angle.» Contacté, le secrétaire général du DIP, M. Pierre-Antoine Preti botte en touche en invoquant la protection des données. Il assure néanmoins qu’il est du devoir de l’institution «de protéger la personnalité des collaborateurs» sans toutefois mentionner les mesures prises sur le terrain pour garantir cette protection. Quant au droit de l’intéressée d’être entendue, la réponse se veut évasive: bien qu’il assure que le département respecte les droits des remplaçants, il précise que «leur contrat est révocable en tout temps avec effet immédiat lorsqu'ils sont engagés pour une mission de moins de trois mois.» <br><br>Une réponse qui n’étonne en rien Julien Nicolet, membre du bureau de la Fédération des associations des maîtres du cycle d’orientation (Famco). Ce dernier dénonce le manque d’encadrement et la précarité du statut de remplaçant. «Irrecevable», selon Me Ben Khalifa. Il s’agit, d'après l'homme de loi, d’une décision administrative qui touche directement les intérêts de Jeanne. «On ne peut pas lui retirer son habilitation à enseigner sans que cette dernière ne puisse affirmer ou infirmer ce qu’on lui reproche.» </p><p>Quant au statut sur Facebook, l'avocat concède que Jeanne était effectivement tenue par le secret de sa fonction, bien qu’il comprenne qu’elle se soit tournée vers les réseaux sociaux dans le but de trouver le soutien que la direction ne lui a vraisemblablement pas offert. Un soutien qui, selon l’intéressée, s’est résumé par le trombinoscope des élèves que lui a tendu le vice-doyen pour qu’elle puisse identifier les auteurs de l’agression. Sur ce point, Me Ben Khalifa souligne une possible défaillance de l’établissement: «la directive sur les infractions pénales commises contre un membre du personnel dans l’exercice de ses fonctions est très claire. En cas d'atteinte à l’intégrité corporelle, psychique ou sexuelle de la personne, la direction se doit de prendre immédiatement en charge la victime, d’organiser un entretien consigné sur PV, d’informer les ressources humaines et de la mettre en lien avec les services d'aide appropriés». Ce qui ne semble aucunement avoir été respecté. </p><p>Même point de vue du côté de Julien Nicolet, qui soutient toutefois un avis plus nuancé sur la question du secret de fonction. L’article 24 du règlement fixant le statut du personnel enseignant ne devrait, selon Nicolet, «ne viser qu’à protéger les élèves et les professeurs, si les éléments communiqués ne citent aucun nom et se contentent de relater une expérience personnelle». Questionné, un enseignant souhaitant garder l’anonymat va plus loin et dénonce une forme d’omerta: «Indépendamment de la question de protection des données, le flou avec lequel est formulée cette disposition permet au DIP d’exercer un contrôle accru sur le corps enseignant et d’entretenir la chape de plomb qui contredit le principe même de transparence». Le statut Facebook en question demeure encore consultable. Il y est fait mention de l’agression, sans pour autant citer ni le nom de l’établissement, ni celui du personnel, encore moins celui des auteurs qui n’ont, à ce jour, pas été identifiés. </p><h3>Sois digne et précaire </h3><p>Toujours sur la question des réseaux sociaux, il est aussi reproché à Jeanne les photos de ses performances artistiques. Décrites par le DIP comme «dénudées» (en dépit de la stricte politique de Facebook en la matière) elles contreviendraient «à la dignité (...) et aux responsabilités d’éducation et d’instruction qui incombent aux membres du corps enseignant». Un motif irrecevable selon Me Ben Khalifa, qui «contrevient surtout à la liberté de l’art qui est garantie par la Constitution suisse et censée être encouragée par le DIP». Sur ce point, Julien Nicolet souligne une «notion de la pudibonderie quelque peu surannée qui, conjuguée à un contrôle prononcé, déborde souvent sur la vie privée des enseignants». Interloquée, Jeanne déplore que l'on réduise son engagement et sa démarche artistiques à des photos jugées dénudées. «Curieux que l’on désigne ceci comme indigne alors que les photos visent à déconstruire les normes et les discours misogynes, binaires et transphobes qui demeurent à ce jour encore tenaces au sein de notre société, commente Jeanne. Des discours susceptibles de déboucher sur des agressions comme je viens d'en subir, et que le DIP s’est pourtant engagé à combattre, au nom de l’égalité des sexes» remarque-t-elle. <br><br>Aujourd’hui, ne pouvant plus enseigner pour financer ses études, Jeanne se trouve dans une situation financière qu’elle désigne comme critique. Elle conclut: «J’ai dû mettre d’urgence ma chambre en sous-location pour payer mon loyer, tout ça parce que j’ai décidé de ne pas passer sous silence mon agression et le manque de soutien que m’a témoigné la direction». </p><p>Au final, une enseignante invitée à se prononcer anonymement ajoute: «je ne me fais pas d’illusion, même si le DIP faisait marche arrière et réintégrait Jeanne, elle resterait blacklistée. Ce qui, au vu de la transparence qui régit l’attribution des postes, ne laisse rien présager de bon». </p><p>Militante féministe et co-fondatrice des soirées drag-queer <a href="https://www.facebook.com/gnvgas/photos/a.295675727295051/777137855815500/?type=1&theater">GENEVEGAS</a> – des événements qui se présentent comme un safe space permettant aux membres de la communauté LGBTQUI+ de vivre leur genre en toute liberté – la réputation de l’engagement de Jeanne en la matière n’est plus à faire et dépasse aujourd’hui largement les frontières du canton. Selon ce qui a été porté à notre connaissance, le manque de soutien témoigné par le DIP suite à son agression, son éviction et les raisons invoquées renvoient à une pratique que l’on pensait révolue à l’ère où les langues se délient enfin pour dénoncer le sexisme et les agressions qui en découlent. </p><p>*nom connu de la rédaction</p><p></p><hr><p></p><h2>Queer, ça veut dire quoi?</h2><p>Queer Mouvement signifiant «tordu» en anglais, le mouvement queer est un courant militant qui remet en cause les catégories d’identité sexuelle, de genre ou d'orientation. En réponse aux termes fixes et figés tels que gay, hétéro, homme ou femme, il prône une fluidité qui inclue les différences sans avoir à les définir. 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Ils y travaillent depuis 7 ans maintenant, mais à part les coûts effroyables, on ne peut pas compter grand-chose.»</p> <hr /> <h4><a href="https://insideparadeplatz.ch/2024/03/27/ohne-bank-schreibt-die-migros-128-millionen-verlust/" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'migros-le-trou-pire-qu-on-l-a-dit', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 9, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4836, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le géant des mers est genevois', 'subtitle' => 'Dans «l'Agefi», Xavier Comtesse et Philippe Labouchère évoquent le succès peu connu d’une entreprise familiale établie à Genève: MSC (Mediterraneau Shopping Company). 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Et qui dit entreprise familiale dit pas d'obligation de transparence pour les données les plus sensibles et les chiffres. Pas d'actionnaires étrangers non plus. Tout se passe et se décide en famille.</p> <p>Avec de grandes ambitions. Et, ces dernières années, d’ambitieuses diversifications: participation financière au réseau ferroviaire italien Italo, au port de Hambourg, un service de transport aérien (MSC Cargo). Sur le continent africain aussi, avec le rachat des opérations de l'entreprise Bolloré. 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Citko-DuPlantis</strong></a>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/university-of-tennessee-688">University of Tennessee</a></em></span></p> <hr /> <p>Chaque année, de nombreuses personnes dans tout le Japon se rassemblent sous les cerisiers dans les parcs et les jardins pour un pique-nique de printemps afin de regarder les fleurs tomber tout en discutant avec leurs compagnons autour de boissons et d’en-cas de saison.</p> <p>Les fleurs sont toutefois éphémères et tombent généralement au bout d’une semaine. En effet, le <em>sakura</em>, nom donné au cerisier en japonais, est un <a href="https://www.google.com/books/edition/Mizue_Sawano_The_Art_of_the_Cherry_Tree/nHf8lxLOYsUC?hl=en">symbole de l’impermanence</a> reconnu au Japon et ailleurs.</p> <p>Divers festivals sont régulièrement organisés partout dans le monde pour célébrer cette floraison.</p> <p>En tant que <a href="https://wlc.utk.edu/?people=malgorzata-k-citko-duplantis">spécialiste de la littérature et de la culture japonaises prémodernes</a>, j’ai été initiée très tôt à la coutume d’admirer les cerisiers en fleurs. Il s’agit d’un rituel ancien qui a été célébré et décrit au Japon pendant des siècles et qui continue d’être un élément indispensable pour accueillir le printemps. Aux États-Unis, la tradition du <em>hanami</em> a commencé avec la plantation des premiers cerisiers à Washington DC en 1912 en tant que <a href="https://www.nps.gov/subjects/cherryblossom/history-of-the-cherry-trees.htm">cadeau d’amitié du Japon</a>.</p> <h3>Poésie sur la nature</h3> <p>La coutume d’observer les arbres en fleurs au printemps est arrivée au Japon en provenance du continent asiatique. L’observation des pruniers en fleurs, souvent au clair de lune, comme symbole de <a href="https://www.archwaypublishing.com/en/bookstore/bookdetails/799255-The-Plum-Blossom-of-Luojia-Mountain">force, vitalité et fin de l’hiver</a> était pratiquée en Chine depuis l’antiquité. Elle a été adoptée au Japon au cours du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>On trouve des exemples poétiques de pruniers en fleurs, ou <em>ume</em> en japonais, dans le <a href="https://www.kokugakuin.ac.jp/assets/uploads/2021/03/KJS2-2Oishi.pdf">« Man’yōshū »</a>, ou « recueil de dix mille feuilles », le plus ancien recueil de poésie japonaise, qui date du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>Wiebke Denecke, <a href="https://lit.mit.edu/denecke/">spécialiste des littératures d’Asie orientale</a>, explique que les poètes japonais classiques <a href="https://www.jstor.org/stable/25066837">écrivaient des poèmes sur les fleurs de prunier lorsqu’elles étaient en saison</a>. Leurs compositions ont façonné la poésie de cour japonaise, ou <em>waka</em>, qui est enracinée dans la nature et son cycle saisonnier constant.</p> <p>Cependant, c’est le <em>sakura</em>, et non le prunier, qui occupe une place particulière dans la culture japonaise. Les anthologies impériales de <em>waka</em> compilées au Japon entre 905 et 1439 de l’ère chrétienne contiennent généralement plus de poèmes printaniers composés sur les cerisiers en fleurs que sur les pruniers en fleurs.</p> <h3>Au cœur de la composition des <em>waka</em></h3> <p><a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/558474/the-sakura-obsession-by-naoko-abe/">La première exposition de cerisiers en fleurs</a> a été organisée par l’empereur Saga en 812 de l’ère chrétienne et est rapidement devenue un événement régulier à la cour impériale, souvent accompagné de musique, de nourriture et d’écriture de poèmes.</p> <p>Les cerisiers en fleurs sont devenus l’un des sujets habituels de composition des <em>waka</em>. En fait, j’ai commencé à étudier la poésie japonaise grâce à un poème sur le thème du <em>sakura</em> écrit par une poétesse classique, Izumi Shikibu, dont on pense qu’elle a activement composé des <em>waka</em> vers l’an 1000 de notre ère. Le poème est préfacé par la <a href="http://www.misawa-ac.jp/drama/daihon/genji/bunken/zoku.html">mémoire de son auteur</a>. Ce poème parle de son ancien amant qui souhaite revoir les cerisiers en fleurs avant qu’ils ne tombent.</p> <blockquote> <p>tō o koyo<br />saku to miru ma ni<br />chirinu beshi<br />tsuyu to hana to no<br />naka zo yo no naka</p> <p>Viens vite !<br />À peine commencent-elles à s’ouvrir<br />qu’elles doivent tomber.<br />Notre monde réside<br />dans la rosée au sommet des fleurs de cerisier.</p> </blockquote> <p>Ce poème n’est pas l’exemple le plus célèbre de <em>waka</em> sur les cerisiers en fleurs dans la poésie japonaise prémoderne, mais il contient des couches d’imagerie traditionnelle symbolisant l’impermanence. Il souligne qu’une fois écloses, les fleurs de cerisier sont destinées à tomber. Assister à leur chute est l’objectif même du <em>hanami</em>.</p> <p>La rosée est généralement interprétée comme un <a href="https://www.jstor.org/stable/2385169">symbole de larmes</a> dans le waka, mais elle peut également être lue de manière plus érotique comme une référence à d’autres <a href="https://uhpress.hawaii.edu/title/mapping-courtship-and-kinship-in-classical-japan-the-tale-of-genji-and-its-predecessors/">fluides corporels</a>. Une telle interprétation révèle que le poème est une allusion à une relation amoureuse, qui est aussi fragile que la rosée qui s’évapore sur les fleurs de cerisier qui tombent bientôt ; elle ne dure pas longtemps, il faut donc l’apprécier tant qu’elle existe.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/579998/original/file-20240305-18-vujctw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Un arbre japonais en fleurs chargé de grappes de fleurs roses dans un jardin" /><em><span>Au Japon, les cerisiers en fleurs symbolisent l’impermanence ». zoomable=</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/25228175@N08/4549363374">Elvin/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></em></h4> <p>Le poème peut également être interprété de manière plus générale : La rosée est un symbole de la vie humaine, et la chute des cerisiers en fleurs une métaphore de la mort.</p> <h3>Militarisé par l’Empire du Japon</h3> <p>La notion de chute des fleurs de cerisier a été utilisée par <a href="https://www.bloomsbury.com/us/imperial-japan-and-defeat-in-the-second-world-war-9781350246799/">l’Empire du Japon</a>, un État historique qui a existé de la restauration meiji en 1868 jusqu’à la promulgation de la Constitution du Japon en 1947. 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Le poème compare la chute des fleurs de cerisier au sacrifice des soldats japonais qui <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/K/bo3656741.html">tombent au combat pour leur pays et leur empereur</a>.</p> <h3>La marchandisation de la saison</h3> <p>Dans le Japon contemporain, les cerisiers en fleurs sont célébrés par de nombreux membres de la société, et pas seulement par la cour impériale. Fleurissant autour du <a href="https://www.nbcbayarea.com/news/national-international/lunar-new-year-2024-how-to-celebrated/3447961/">Nouvel An lunaire</a> célébré dans le Japon prémoderne depuis des siècles, elles symbolisent les nouveaux départs dans tous les domaines de la vie.</p> <p>À l’époque contemporaine, les vendeurs ont transformé les cerisiers en fleurs en vendant du <a href="https://stories.starbucks.com/asia/stories/2024/sakura-season-starts-at-starbucks-japan-on-thursday-february-15/">thé, café</a>, de la <a href="https://japantoday.com/category/features/food/haagen-dazs-releases-two-new-seasonal-flavors">crème glacée</a>, des <a href="https://www.oenon.jp/news/2020/0205-1.html">boissons</a> ou des <a href="https://www.fujingaho.jp/gourmet/sweets/g43015580/fujingahonootoriyose-sakura-sweets20240215/">biscuits</a> aromatisés au <em>sakura</em>, transformant ainsi l’image de l’arbre en fleurs en une marque saisonnière. Les <a href="https://sakura.weathermap.jp/en.php">prévisions météorologiques</a> suivent la floraison des cerisiers pour s’assurer que tout le monde a une chance de participer à l’ancien rituel de l’observation.</p> <p>L’obsession des cerisiers en fleurs peut sembler triviale, mais le <em>hanami</em> rassemble les gens à une époque où la plupart des communications se font virtuellement et à distance, réunissant des membres de la famille, des amis, des collègues de travail et parfois même des étrangers, comme cela m’est arrivé lorsque je vivais au Japon.</p> <p>L’observation des <em>sakura</em> témoigne également de la relation unique que le Japon moderne entretient avec sa propre histoire. 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Mais puisque la RTS estime nécessaire d’exprimer des «regrets» pour les «propos outranciers» tenus par Slobodan Despot, quelques questions s’imposent:</p> <p><strong>1.</strong> Pourquoi, si les propos n’y sont pas si libres que ça, l'émission «Les Beaux Parleurs» est-elle toujours présentée comme un «talk show» sur le site de la RTS?</p> <p><strong>2.</strong> Si la RTS juge bon d’exprimer ses «regrets» pour des «propos outranciers», il est à supposer que sa charte a été enfreinte par Slobodan Despot. Dans ce cas, il serait bon de spécifier aux <a href="https://www.24heures.ch/la-rts-regrette-les-propos-outranciers-de-slobodan-despot-739244121528" target="_blank" rel="noopener">lecteurs de <em>24 Heures</em></a> quels passages plus précisément. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
8 Commentaires
@Elizabeth 08.04.2019 | 00h26
«Franchement, il faut être soit très stupide soit incroyablement arrogante pour diffuser des photos de soi dénudée et imaginer que des rapports normaux avec des élèves seront ensuite possibles. Rien que cela aurait dû être un motif de non-engagement de cette dame. L'école n'est pas le lieu de l'activisme personnel des profs, même si cet activisme se manifeste par des performances "artistiques". Un peu de décence, et surtout de bon sens, Madame !»
@Lagom 08.04.2019 | 10h27
«Un ancien politicien libanais disait: "fais parler de toi en bien ou en en mal peu importe". La remplaçante semble connaître cette technique de communication qu'elle applique avec brio. Elle finira par encaisser une belle somme du DIP pour la calmer, pauvre contribuable ! Le DIP et le directeur de l'école sont responsables parce qu'ils ont engagé une personne qui n'a pas le profile adéquat pour enseigner des enfants en bas âge. Pourquoi le matin de son arrivée à l'école le directeur ne l'avais pas renvoyé immédiatement, si elle était mal-vêtue pour la mission à accomplir? »
@Maaike 08.04.2019 | 12h28
«Ces commentaires sont choquants. @Elisabeth, avez-vous vu les photos en question? "dénudé" ça veut dire quoi? si la dame était athlète et postait des photos d'elle sur la piste en micro-short et brassière, vous en diriez quoi ? Vous rendez-vous compte que vous défendez une attitude de violence de la part d'élèves, alors que rien (à part éventuellement la légitime défense) ne saurait la justifier? @Granda connaissez-vous le profil de cette enseignante pour la juger ainsi inapte à enseigner? pensez-vous vraiment que les ados du cycle en question sont des "enfants en bas âge"?»
@Saron 08.04.2019 | 18h03
«Arrêtez-moi si je m’égare:
Si je vous comprends bien toute personne sortant de la norme bien pensante, bien calviniste (col Claudine, jupe plissée) « mérite » une agression?
Qui plus est par des adolescents en pleine construction identitaire? Le message que vous transmettez à vos enfants est donc : « fauttaperquineteressemblepas »?
Merci d’éclairer ma pauvre lanterne. »
@Lagom 11.04.2019 | 16h03
«@Saron, je ne prétends pas vouloir vous éclairer et encore mois de vous ramener d'un égarement. Si Bill Gates se rend à une cérémonie officielle avec des habits de Tennis on le laissera pas entrer. Les jupes plissées sont passées de mode mais elle peuvent très bien y revenir un jour. Vous ne pouvez pas vous attendre d'un chauffeur de camion qui travaille le matin de devenir un bon limeur d'ongles dans l'après-midi. Cette remplaçante a sa place dans la société, garantie par la loi, mais son profile ne lui permet pas d'exercer prof de temps en temps. S'agissant de la violence des enfants suis d'accord avec vous !»
@gindrat 14.04.2019 | 16h46
«La situation personnelle de cette remplaçante était connue lors de son engagement. Il est donc hautement hypocrite de
le lui reprocher après coup. Mais cette manière de procéder me rappelle un autre cas encore plus navrant : en choisissant
Mme Kopp comme conseillère fédérale, on connaissant la situation de gangster financier de son mari.Pourtant, bien
qu'elle aie fait ses preuves, c'est la raison que l'on a évoquée pour la congédier. Très suisse tout cela !»
@Lagom 19.04.2019 | 00h11
«@gindrat, Madame Kopp avait trahi un secret de fonction en téléphonant à son mari pour l'avertir d'une enquête américaine. La remplaçante comme tout un chacun devrait tout faire pour subsister. le DIP est responsable des engagements et il y a des critères pour chaque métier. »
@Rolin Wavre 25.04.2019 | 18h49
«Cette affaire amène plusieurs réflexions.
La première étant qu’il y a un problème chez les élèves. Évident, mais il faut le dire.
Plus grave, le DIP ou/ et la direction semblent avoir envoyé Jeanne dans un remplacement très difficile. Un titulaire en burn out et un replaçant qui pose les plaques si j’ai bien lu. C’est pas très sage d’y envoyer une remplaçante atypique, non ? Je parle pas de principe mais de gestion humaine.
Ensuite, le non-soutien est en ligne avec la légèreté de ce placement. Pas acceptable.
»