A vif / Mon ami le topinambour
Le topinambour, aussi appelé artichaut de Jérusalem ou truffe du Canada, s'est payé une attachée de presse du tonnerre. Et on ne dit pas "j'aime pas" avant d'avoir goûté! © DR
Ils ont pour petits noms navets, topinambours, panais, crosnes, rutabagas ou raves. Longtemps, on les a oubliés, remisés dans la cave de nos souvenirs d’une époque de disette, enfermés dans une boîte étiquetée «légumes oubliés». Mais soudain, nous nous souvenons d’eux et topinambours, panais, crosnes, scorsonère refont surface sur les étals des marchés et des supermarchés.
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Dans ma vie, aux toilettes: je me suis changée, je me suis maquillée, j’ai brossé mes dents, j’ai pleuré de chagrin, j’ai vomi, j’ai révisé, j’ai sorti ma feuille de triche, j’ai tenu des conseils de guerre avec des amies, j’ai débriefé au téléphone des rancarts en cours, j’ai consolé d’autres amies, j’ai fumé en cachette, j’ai quémandé des tampons hygiéniques, j’ai embrassé des garçons qui ne devaient pas être là, j’ai attendu que le temps passe, je me suis cachée.</p> <h3>«Laissez-nous ces lieux dénués de testostérone, de pipis sur la lunette, de drague hétéro lourde»</h3> <p>Des toilettes de filles, pour une fille, c’est un lieu où, imperceptiblement, inconsciemment, on se relâche, on baisse la garde, un pseudo-gynécée intermédiaire entre l’intimité et le monde extérieur. 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A la fin des nouvelles dites «sérieuses», arrive celui qui signifie qu’enfin vous allez pouvoir vous détendre avec quelque chose de léger, avec quelque chose qui prête à sourire: la culture. C'est agaçant.', 'subtitle_edition' => 'Pendant un téléjournal, la présentatrice ou le présentateur égrène différentes sortes de sourires, en fonction des sujets. A la fin des nouvelles dites «sérieuses», arrive celui qui signifie qu’enfin vous allez pouvoir vous détendre avec quelque chose de léger: la culture. C'est agaçant.', 'content' => '<p>C’est chaque soir le même scénario: le téléjournal commence et vous et moi regardons, forcément, la présentatrice ou le présentateur du jour. Sa coupe de cheveux, la couleur de sa veste et… son sourire. C’est quelque chose, le sourire de la présentatrice, ou du présentateur, du téléjournal. C’est un outil de communication fantastique. Il est là pour instaurer un climat, poser le décor, dérouler le tapis rouge à l’information. 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Il doit vous aller droit au cœur et s’assurer que vous restiez croché aux lèvres de votre interlocutrice le plus longtemps possible.</p> <p>Il disparait bien vite pour faire place à la mine grave, de circonstance, qui convient pour parler Covid, politique internationale, politique bernoise, finance et autres sujets dits sérieux.</p> <p>Le second sourire est le sourire dit de transition: entre deux sujets sérieux, ce petit sourire fugace s’accroche brièvement aux lèvres de la présentatrice, ou du présentateur, avant de retomber: son but est de ne pas vous faire fuir, autant que de ne pas vous faire perdre espoir. Après les catastrophes, après les mauvaises nouvelles, après les sujets ennuyeux, un autre monde vous attend, où l’on pourra à nouveau sourire, pour de vrai, de toutes ses dents. Patience.</p> <h3>Le sourire de la détente</h3> <p>Le troisième sourire est le plus intéressant. Il arrive à la toute fin du téléjournal, lorsqu’il ne reste, au mieux, que cinq minutes. C’est à ce moment qu’arrive enfin ce mot magique de «culture». Il est généralement placé dans l’expression: «Une page de culture maintenant !» et annonce que l’on va vous parler, indifféremment, d’une exposition de peinture, d’un documentaire sur les animaux, d’une pièce de théâtre, d’un livre de philosophie ou de New Romance, d’un opéra, de marionnettes pour enfants, d’un jeu vidéo, de musique jazz ou de toute autre sujet que l’on peut placer sous cette étiquette passe-partout et bien pratique. Il est alors prononcé avec un immense sourire. Epanoui, sincère, contagieux. Il vous signifie qu’enfin, vous pouvez vous détendre. Fini le pensum des infos sérieuses, fini l’actualité du monde qui ne tourne jamais rond, passons enfin à quelque chose léger, qui prête à… sourire.</p> <p>Ce sourire est incroyablement agaçant.</p> <p>Il est d’une condescendance infinie, laissant entendre qu’après les trucs de grandes personnes, le plat de résistance, les sujets dits culturels comptent moins que les autres, occupant surtout une fonction de divertissement en fin de téléjournal.</p> <p>Il laisse entendre que la culture, c’est drôle. Une activité légère, marrante et futile. La cerise sur le gâteau, la gâterie d’avant le dodo. Parfois, pas de chance, l’exposition ou la pièce de théâtre en question parlent cancer, esclavage, migrants, inceste : ce sourire tombe alors complètement à plat et s’agit de vite le refermer en lançant le sujet.</p> <h3>Pourquoi ne pas bouleverser la hiérarchie de l'information? </h3> <p>Les quotidiens <em>24 heures</em> et <em>Tribune de Genève</em> ont fait leur révolution culturelle il y a peu en remontant leurs pages dites «locales» en ouverture de journal, conscients que la valeur ajoutée de leurs journalistes se trouvait dans le traitement de ces sujets, autant que de l’intérêt prioritaire de leur lectorat pour ces sujets de proximité par rapport aux pages internationales, voire même nationales. Pourquoi les journaux télévisés placent-ils immanquablement la culture à la fin? Qu’attendent-ils pour faire exploser la sacro-sainte et traditionnelle «hiérarchisation de l’information»? Pourquoi cette hiérarchie ne tiendrait-elle pas compte de la diversité des téléspectateurs – pour certains, les tensions diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis peuvent attendre les cinq dernières minutes, tandis que l’annonce de la sortie d’un inédit de Leonard Cohen changera le cours de leur semaine. Pourquoi ne pas alterner les ouvertures de journaux? On parle inclusivité et langage épicène: donnons à tous les publics des JT l’occasion de se sentir «inclus» dans cette <em>grande messe</em> de l’information quotidienne, si l’on veut qu’elle le reste!</p> <p>Lorsqu’on sait à quel point les artistes en particulier, et les acteurs culturels en général, se font l’écho de tous les courants qui traversent nos sociétés, heureux ou malheureux, actuels ou intemporels, intimes ou collectifs, révolutionnaires ou conservateurs, c’est la place du roi que l’on devrait donner à leurs actualités et productions. 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Etre grosse, au final, est-ce bien — version <em>body positive</em> — ou mal — version médicale et OMS? </p> <p>Nous qui souhaitons bien faire, ne savons pas comment ni parler des grosses, ni leur parler.</p> <p>Nous nous trouvons pris au cœur de ce que les psys appellent deux injonctions paradoxales, soit deux affirmations, ou demandes, qui se contredisent. Exemples faciles: «Soyez spontané!» ou «Ne lisez pas cette phrase!».</p> <p>C’est un vrai sujet. En 2019, le mot <i>grossophobie</i>, qui désigne les «comportements stigmatisants et discriminants envers celles et ceux qui sont obèses ou en surpoids», a fait son entrée dans le dictionnaire. Tout comme les <i>gender studies </i>ont fait leur entrée dans la recherche et l’enseignement universitaire depuis les années 1980, les <i>fat studies</i>, qui étudient de manière interdisciplinaire la discrimination basée sur le poids dans les sociétés occidentales, sont désormais au programme des universités anglo-saxonnes. 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Alors, je l’ai fait.
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Le parlement vaudois vient ainsi d’accepter par une large majorité un postulat proposé par les Verts visant à encourager l’installation de toilettes unisexes, estimées plus inclusives pour les personnes intersexes et transgenres, tout autant que pour les accompagnants de handicapés, dans les lieux publics tels que les cafés et restaurants.</p> <p>Au moment donc de dire adieu aux WC genrés, je suis prise d’une irrésistible nostalgie préventive pour les toilettes des filles. Et je supplie les décideurs ès toilettes de ne pas oublier les aspects non utilitaires de ces endroits ou souvent, la petite ou la grosse commission sont la dernière des préoccupations. Dans ma vie, aux toilettes: je me suis changée, je me suis maquillée, j’ai brossé mes dents, j’ai pleuré de chagrin, j’ai vomi, j’ai révisé, j’ai sorti ma feuille de triche, j’ai tenu des conseils de guerre avec des amies, j’ai débriefé au téléphone des rancarts en cours, j’ai consolé d’autres amies, j’ai fumé en cachette, j’ai quémandé des tampons hygiéniques, j’ai embrassé des garçons qui ne devaient pas être là, j’ai attendu que le temps passe, je me suis cachée.</p> <h3>«Laissez-nous ces lieux dénués de testostérone, de pipis sur la lunette, de drague hétéro lourde»</h3> <p>Des toilettes de filles, pour une fille, c’est un lieu où, imperceptiblement, inconsciemment, on se relâche, on baisse la garde, un pseudo-gynécée intermédiaire entre l’intimité et le monde extérieur. Bienvenue à touxtes celles et ceux qui se sentent femmes, se pensent femmes, se considèrent femmes, mais de grâce, laissez-nous ces lieux dénués de testostérone, de pipis sur la lunette, de drague hétéro lourde, de regards en coin. Laissez-nous des endroits entre-deux où être entre nous pour parler des Autres, laissez-nous ce salon où l’on cause, où l’on «papote» − terme que jamais les mâles hétéros cisgenres n’utilisent les concernant.</p> <p>Certes, les toilettes unisexes ouvrent des perspectives ludiques et sympathiques de gais batifolages entre hétéros cisgenres, ce qu’on ne pouvait pas faire du temps où un garçon pénétrant dans les toilettes des filles se faisait virer manu militari. Mais les toilettes unisexes vont forcément aussi donner quelques idées aux mâles tripoteurs ravis de cette promiscuité facilement gagnée. C’est ainsi. Je ne sais pas si les hommes hétéros se réjouissent ou non des toilettes unisexes. Je m’en fiche. Je prêche pour ma paroisse. 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Intitulée «Aux jeunes filles en fleurs», elle a été considérée par des lectrices et des lecteurs comme une banalisation de la «culture du viol». Mais finalement, l'auteur de la lettre a-t-il compris pourquoi certaines de ces femmes qu’il semble tant apprécier se sont senties injuriées? La méthode pour s'opposer à ses propos a-t-elle été la bonne?', 'subtitle_edition' => 'Une lettre de lecteur publiée dans le quotidien fribourgeois «La Liberté» a créé une grande controverse. Intitulée «Aux jeunes filles en fleurs», elle a été considérée par des lectrices et des lecteurs comme une banalisation de la «culture du viol». Mais finalement, l'auteur de la lettre a-t-il compris pourquoi certaines de ces femmes qu’il semble tant apprécier se sont senties injuriées? La méthode pour s'opposer à ses propos a-t-elle été la bonne?', 'content' => '<p>Il faudrait dire merci à Serge Gumy. Au lieu de cela, on l’insulte, on tague les voitures de son journal et on le force à s’excuser à genoux. 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Je veux savoir comment pense mon voisin, mon concitoyen, ne serait-ce que pour mieux le combattre lorsque − parce qu’il ne pense pas comme moi, parce qu’il m’agresse, parce qu’il me fait du tort − il devient mon ennemi.</p> <p>Merci à Serge Gumy, donc, de nous montrer que parmi nous, des Paul Clément voient «les jeunes filles en fleur» comme de «belles plantes que l’on rencontre au gré de nos promenades», des «nymphettes» aux «genoux faisant des clins d’œil à travers (leurs) jeans percés et rythmés par (leur) démarche chaloupée», confondant allégrement liberté de se vêtir et provocation.</p> <p>Heureusement qu’il y a des Paul Clément pour penser tout haut, et en plus vouloir vaniteusement rendre sa pensée et sa prose publique! 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Préférons-nous ne pas savoir que nous ne voyons pas tous et toutes le monde de la même manière ou changer le monde, le faire évoluer dans le sens que nous souhaitons?</p> <h3>Débattre plutôt qu'interdire </h3> <p>Je suis de la culture du débat. La pédagogie ne passe jamais par l’interdiction, ni par l’intimidation, bien au contraire. Interdisez à un homme ou à une femme d’exprimer une opinion, ou même de la penser en son for intérieur: il ou elle n’en sortira que renforcée dans cette opinion. Quelle erreur que de se priver de savoir ce que pense les gens, tous les gens, même ceux qui pensent mal selon nous! La liberté d’expression permet justement la confrontation des opinions. Si nous ne voulons pas entendre l’Autre, c’est que nous ne supportons pas la différence, fût-elle insupportable. Si nous voulons changer le monde, le rendre meilleur à nos yeux, il faut commencer par l’entendre, le comprendre pour ensuite le critiquer et l’amener, si possible, là où nous voulons. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@Soiffard 01.03.2021 | 08h48
«Voilà ce que sentais, mais que je croyais être le seul à constater, enfin la réponse !»
@Elizabeth 01.03.2021 | 15h50
«Mais... mais... mais... ils sont tellement bons, ces légumes ! Et ce n'est pas une altermondialiste bobo du samedi qui vous le dit, juste une gourmande, très gourmande même. Et ces légumes "anciens" heureusement moins rares depuis quelques années sont de très loin les plus délicieux et les plus fins légumes d'hiver qu'on puisse trouver sur nos marchés. Alors... vous n'aimez pas faire la cuisine ? ça, ce serait votre droit et je ne vous jetterais pas la pierre. Si par contre vous n'avez pas trouvé les bonnes recettes, cherchez encore un petit peu et réessayez, ça en vaut vraiment la peine !»
@gwperrin 02.03.2021 | 09h06
«Si vous n'aìmez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres! Il existe des gastronomes et des cuisiniers-ères curieux-euse, ouvert-e-s, qui apprécient des produits non "vus à la télé" comme des abonnès qui haissent ĺ'écriture inclusive!
Georges-W. Perrin»
@Lagom 04.03.2021 | 14h03
«Après épluchage, coupez-les en dès et faites cuire 5 mn à la vapeur. Même chose avec des pommes de terre (la moitié de la quantité des légumes) aussi 5 mn à la vapeur, mélanger le tout et rajouter un peu de crème et couvrez avec du fromage rappé. 30 mn au four chauffé (haut/bas - pas chaleur tournante) à 205 et vous me donnerez de vos nouvelles ! »