Vos lettres / Gilets jaunes, gilets rouges, même combat?
Il est très imprudent d’écrire sur un mouvement social toujours en cours, et beaucoup des «analyses» qui ont été livrées jusqu’ici sont devenues, au fil de l’évolution du mouvement, au mieux désuètes, au pire ridicules. Ceux qui prédisaient un échec de la mobilisation du 17 novembre, car soutenue par aucune structure, ont dû rester pantois. Ceux qui prétendaient que ce mouvement n’était qu’une «jacquerie» contre une taxe doivent souffrir de solides insomnies face aux cahiers de revendications qui surgissent des ronds-points. Ceux qui prétendent maintenant que le mouvement s’essouffle devraient se méfier. Le mouvement est peut-être, encore une fois, en transformation. Et je prends le pari que les répercussions de ce mouvement seront aussi surprenantes que nombreuses.
Et c’est sans doute sa première force, comme pour la «Puerta Del Sol» ou pour «nuit debout», ce mouvement s’est affranchi des règles tacites solidement établies quand il s’agit de contester le gouvernement. Et, comme pour les deux mouvements mentionnés, il se démarque par une horizontalité de l’organisation poussée à l’extrême. Il n’y a pas de porte-parole officiel, et ceux et celles qui endossent ce rôle commencent presque tous leurs interventions en rappelant leur illégitimité à parler pour le mouvement. Il n’y a pas non plus d’organe pour représenter et diriger le mouvement et servir d’interlocuteur aux autorités. Dans un pays habitué au centralisme et à l’extrême hiérarchisation, cette non-organisation perturbe les acteurs politiques préexistants.
Face à cet OVNI politique, CGT, CFDT, FO, toutes les centrales syndicales françaises ne savent pas sur quel pied danser. D’autant que ce mouvement a été en premier lieu associé au poujadisme et à l’extrême droite. Et la méfiance est réciproque tant les gilets jaunes répètent qu’ils ne veulent pas être récupérés par les syndicats. Pourtant, même si les militants de l’Action Française ou les royalistes sont présents, ils semblent être une minorité comparés aux syndicalistes, aux anarchistes et aux militants des partis de gauche. Et si, de par sa diversité, il est difficile de coller une étiquette à ce mouvement, la tendance générale qui en sort justifie sa présence. En témoigne le nombre de revendications auxquelles les syndicats peuvent parfaitement adhérer, comme l’augmentation du SMIC ou l’arrêt immédiat des privatisations.
Pourtant, les centrales syndicales semblent désespérément réticentes à soutenir ce mouvement. Il y a sans doute plusieurs facteurs qui expliquent cette frilosité vis-à-vis des gilets jaunes. La non-organisation, par exemple, de ce mouvement est très mal perçue par ces syndicats très centralisés qui ne souhaitent pas engager leur crédibilité sans savoir où va le mouvement et ce qu’il sera demain. Mais les bases militantes de ces syndicats font de plus en plus pression pour que la conjonction des luttes se fasse entre les gilets jaunes et les gilets rouges (portés par les syndicalistes). Et pour contenter ses militants, le patron de la CGT, Philippe Martinez, multiplie les actes timides en direction de ce mouvement. D’autant que certaines branches de la CGT ont déjà décidé de converger lors de manifestation, avec ou sans l’aval de la centrale. Mais, ces actes de Martinez restent définitivement empreints d’une volonté de garder le contrôle de la situation en appliquant la méthode syndicale au mouvement. Des manifestations sont organisées en parallèle ou en décalage de celles des gilets jaunes et son ultime acte de soutien reste un appel à la grève, organisée par la CGT évidement.
Si les centrales syndicales semblent coincées dans leurs méthodes et incapables de se rattacher à ce mouvement social, ce n’est peut-être pas lié qu’à l’organisation centralisée de ces syndicats, mais aussi à la nature même de ceux-ci. En effet, un syndicat est une organisation qui a pour fonction de défendre les intérêts des travailleurs et travailleuses qu’il représente sur le lieu de travail et en politique. De ce fait, il représente des catégories professionnelles précises. Les gilets jaunes est un agrégat de catégories professionnelles très variées qui se réunissent autour de problèmes qui les transcendent. Les syndicats s’inscrivent dans le rapport du salariat et divise donc le monde entre les employeurs et les employés, l’objectif étant d’obliger les employeurs à traiter correctement leurs employés. Les gilets jaunes divisent le monde entre «le peuple» et «l’élite», l’objectif étant de bousculer «l’élite» pour redonner une place au «peuple». Ainsi, de nombreux petits patrons militent aux côtés de chômeuses, de travailleurs sous-payés ou d’employées précaires contre un adversaire qu’ils estiment commun. Finalement, les objectifs que le syndicat poursuit sont matériels et tangibles dans le rapport salarial: augmentations de salaires, garantie de l’emploi, sécurité au travail, etc.. Et si les gilets jaunes portent une partie de ces revendications, ils et elles en portent aussi de nombreuses autres qui dépassent largement le cadre salarial et matériel.
Ainsi, les objectifs conditionnent la manière de fonctionner des uns et des autres. Et comme les objectifs ne sont majoritairement pas les mêmes, bien que certains soient communs, et ne s’inscrivent pas dans le même cadre, les méthodes sont elles aussi différentes. Ainsi, les syndicats, comme organisations, n’ont pas leur place dans les gilets jaunes indépendamment de leur volonté. Mais, ils ont beaucoup à gagner des victoires de ce mouvement. Ils ne peuvent donc pas le rejoindre comme organisation et les centrales syndicales ne peuvent pas être acteurs de ce mouvement. Mais elles pourraient encourager leurs membres et leurs cadres à le rejoindre, à y apporter les connaissances des luttes passées et peut-être y gagner en crédibilité auprès d’une population qui ne croit plus en eux. Mais cette stratégie implique d’accepter de n’être que second couteau dans un mouvement social qui est le premier à réussir là où eux ont échoué.
François Clément, syndicaliste chez UNIA
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Et qui dit entreprise familiale dit pas d'obligation de transparence pour les données les plus sensibles et les chiffres. Pas d'actionnaires étrangers non plus. Tout se passe et se décide en famille.</p> <p>Avec de grandes ambitions. Et, ces dernières années, d’ambitieuses diversifications: participation financière au réseau ferroviaire italien Italo, au port de Hambourg, un service de transport aérien (MSC Cargo). Sur le continent africain aussi, avec le rachat des opérations de l'entreprise Bolloré. 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Aux États-Unis, la tradition du <em>hanami</em> a commencé avec la plantation des premiers cerisiers à Washington DC en 1912 en tant que <a href="https://www.nps.gov/subjects/cherryblossom/history-of-the-cherry-trees.htm">cadeau d’amitié du Japon</a>.</p> <h3>Poésie sur la nature</h3> <p>La coutume d’observer les arbres en fleurs au printemps est arrivée au Japon en provenance du continent asiatique. L’observation des pruniers en fleurs, souvent au clair de lune, comme symbole de <a href="https://www.archwaypublishing.com/en/bookstore/bookdetails/799255-The-Plum-Blossom-of-Luojia-Mountain">force, vitalité et fin de l’hiver</a> était pratiquée en Chine depuis l’antiquité. Elle a été adoptée au Japon au cours du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>On trouve des exemples poétiques de pruniers en fleurs, ou <em>ume</em> en japonais, dans le <a href="https://www.kokugakuin.ac.jp/assets/uploads/2021/03/KJS2-2Oishi.pdf">« Man’yōshū »</a>, ou « recueil de dix mille feuilles », le plus ancien recueil de poésie japonaise, qui date du VIII<sup>e</sup> siècle.</p> <p>Wiebke Denecke, <a href="https://lit.mit.edu/denecke/">spécialiste des littératures d’Asie orientale</a>, explique que les poètes japonais classiques <a href="https://www.jstor.org/stable/25066837">écrivaient des poèmes sur les fleurs de prunier lorsqu’elles étaient en saison</a>. Leurs compositions ont façonné la poésie de cour japonaise, ou <em>waka</em>, qui est enracinée dans la nature et son cycle saisonnier constant.</p> <p>Cependant, c’est le <em>sakura</em>, et non le prunier, qui occupe une place particulière dans la culture japonaise. Les anthologies impériales de <em>waka</em> compilées au Japon entre 905 et 1439 de l’ère chrétienne contiennent généralement plus de poèmes printaniers composés sur les cerisiers en fleurs que sur les pruniers en fleurs.</p> <h3>Au cœur de la composition des <em>waka</em></h3> <p><a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/558474/the-sakura-obsession-by-naoko-abe/">La première exposition de cerisiers en fleurs</a> a été organisée par l’empereur Saga en 812 de l’ère chrétienne et est rapidement devenue un événement régulier à la cour impériale, souvent accompagné de musique, de nourriture et d’écriture de poèmes.</p> <p>Les cerisiers en fleurs sont devenus l’un des sujets habituels de composition des <em>waka</em>. En fait, j’ai commencé à étudier la poésie japonaise grâce à un poème sur le thème du <em>sakura</em> écrit par une poétesse classique, Izumi Shikibu, dont on pense qu’elle a activement composé des <em>waka</em> vers l’an 1000 de notre ère. Le poème est préfacé par la <a href="http://www.misawa-ac.jp/drama/daihon/genji/bunken/zoku.html">mémoire de son auteur</a>. Ce poème parle de son ancien amant qui souhaite revoir les cerisiers en fleurs avant qu’ils ne tombent.</p> <blockquote> <p>tō o koyo<br />saku to miru ma ni<br />chirinu beshi<br />tsuyu to hana to no<br />naka zo yo no naka</p> <p>Viens vite !<br />À peine commencent-elles à s’ouvrir<br />qu’elles doivent tomber.<br />Notre monde réside<br />dans la rosée au sommet des fleurs de cerisier.</p> </blockquote> <p>Ce poème n’est pas l’exemple le plus célèbre de <em>waka</em> sur les cerisiers en fleurs dans la poésie japonaise prémoderne, mais il contient des couches d’imagerie traditionnelle symbolisant l’impermanence. Il souligne qu’une fois écloses, les fleurs de cerisier sont destinées à tomber. Assister à leur chute est l’objectif même du <em>hanami</em>.</p> <p>La rosée est généralement interprétée comme un <a href="https://www.jstor.org/stable/2385169">symbole de larmes</a> dans le waka, mais elle peut également être lue de manière plus érotique comme une référence à d’autres <a href="https://uhpress.hawaii.edu/title/mapping-courtship-and-kinship-in-classical-japan-the-tale-of-genji-and-its-predecessors/">fluides corporels</a>. Une telle interprétation révèle que le poème est une allusion à une relation amoureuse, qui est aussi fragile que la rosée qui s’évapore sur les fleurs de cerisier qui tombent bientôt ; elle ne dure pas longtemps, il faut donc l’apprécier tant qu’elle existe.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/579998/original/file-20240305-18-vujctw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Un arbre japonais en fleurs chargé de grappes de fleurs roses dans un jardin" /><em><span>Au Japon, les cerisiers en fleurs symbolisent l’impermanence ». zoomable=</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/25228175@N08/4549363374">Elvin/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></em></h4> <p>Le poème peut également être interprété de manière plus générale : La rosée est un symbole de la vie humaine, et la chute des cerisiers en fleurs une métaphore de la mort.</p> <h3>Militarisé par l’Empire du Japon</h3> <p>La notion de chute des fleurs de cerisier a été utilisée par <a href="https://www.bloomsbury.com/us/imperial-japan-and-defeat-in-the-second-world-war-9781350246799/">l’Empire du Japon</a>, un État historique qui a existé de la restauration meiji en 1868 jusqu’à la promulgation de la Constitution du Japon en 1947. L’empire est connu pour la <a href="https://www.bloomsbury.com/uk/japanese-taiwan-9781472576743/">colonisation de Taïwan</a> et l’<a href="https://www.peterlang.com/document/1049131">annexion de la Corée</a> afin d’étendre ses territoires.</p> <p><a href="https://kokubunken.repo.nii.ac.jp/records/4747">Sasaki Nobutsuna</a>, un érudit des classiques japonais ayant des liens étroits avec la cour impériale, était un partisan de l’idéologie nationaliste de l’empire. En 1894, il a composé un long poème, <a href="https://dl.ndl.go.jp/pid/873478/1/10">« Shina seibatsu no uta »</a>, ou « Le chant de la conquête des Chinois », pour coïncider avec la première guerre sino-japonaise, qui a duré de 1894 à 1895. Le poème compare la chute des fleurs de cerisier au sacrifice des soldats japonais qui <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/K/bo3656741.html">tombent au combat pour leur pays et leur empereur</a>.</p> <h3>La marchandisation de la saison</h3> <p>Dans le Japon contemporain, les cerisiers en fleurs sont célébrés par de nombreux membres de la société, et pas seulement par la cour impériale. Fleurissant autour du <a href="https://www.nbcbayarea.com/news/national-international/lunar-new-year-2024-how-to-celebrated/3447961/">Nouvel An lunaire</a> célébré dans le Japon prémoderne depuis des siècles, elles symbolisent les nouveaux départs dans tous les domaines de la vie.</p> <p>À l’époque contemporaine, les vendeurs ont transformé les cerisiers en fleurs en vendant du <a href="https://stories.starbucks.com/asia/stories/2024/sakura-season-starts-at-starbucks-japan-on-thursday-february-15/">thé, café</a>, de la <a href="https://japantoday.com/category/features/food/haagen-dazs-releases-two-new-seasonal-flavors">crème glacée</a>, des <a href="https://www.oenon.jp/news/2020/0205-1.html">boissons</a> ou des <a href="https://www.fujingaho.jp/gourmet/sweets/g43015580/fujingahonootoriyose-sakura-sweets20240215/">biscuits</a> aromatisés au <em>sakura</em>, transformant ainsi l’image de l’arbre en fleurs en une marque saisonnière. Les <a href="https://sakura.weathermap.jp/en.php">prévisions météorologiques</a> suivent la floraison des cerisiers pour s’assurer que tout le monde a une chance de participer à l’ancien rituel de l’observation.</p> <p>L’obsession des cerisiers en fleurs peut sembler triviale, mais le <em>hanami</em> rassemble les gens à une époque où la plupart des communications se font virtuellement et à distance, réunissant des membres de la famille, des amis, des collègues de travail et parfois même des étrangers, comme cela m’est arrivé lorsque je vivais au Japon.</p> <p>L’observation des <em>sakura</em> témoigne également de la relation unique que le Japon moderne entretient avec sa propre histoire. 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Citko-DuPlantis</a>, Assistant Professor in Japanese Literature and Culture, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/university-of-tennessee-688">University of Tennessee</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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Mais puisque la RTS estime nécessaire d’exprimer des «regrets» pour les «propos outranciers» tenus par Slobodan Despot, quelques questions s’imposent:</p> <p><strong>1.</strong> Pourquoi, si les propos n’y sont pas si libres que ça, l'émission «Les Beaux Parleurs» est-elle toujours présentée comme un «talk show» sur le site de la RTS?</p> <p><strong>2.</strong> Si la RTS juge bon d’exprimer ses «regrets» pour des «propos outranciers», il est à supposer que sa charte a été enfreinte par Slobodan Despot. Dans ce cas, il serait bon de spécifier aux <a href="https://www.24heures.ch/la-rts-regrette-les-propos-outranciers-de-slobodan-despot-739244121528" target="_blank" rel="noopener">lecteurs de <em>24 Heures</em></a> quels passages plus précisément. La charte de la RTS dit notamment ceci: «une responsabilité particulière dans la recherche de la vérité, l’impartialité, la pluralité et le respect de la personne.» En décrivant des éléments factuels, Slobodan Depot a fait preuve de recherche de la vérité. Il représente l’un des éléments nécessaires à la pluralité d’opinion censément chère à la RTS et n’a manqué de respect envers personne au travers de ses propos. Où est donc le problème? 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Lagom 11.02.2019 | 18h48
«Au printemps la météo serait plus favorable à une possible reprise du mouvement, mais il ne faut pas le souhaiter pour mille et une raison. Les troubles sociaux légitiment encre plus la recherche des travailleurs français de pays plus stables.... Le gouvernement français se félicite et jubile d'un solde migratoire relativement faible, année après année, mais si on regarde dans les mouvements, on constate que les lettrés qui ont les moyens partent, pour laisser la place à une population pauvre qui arrive massivement d'Afrique et qui a tout à prendre de la France avant de commencer à rendre dans 2 ou 3 générations.»