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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Mais pourquoi les banlieues italiennes ne brûlent-elles pas?

Anna Lietti

20 juin 2017

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La population étrangère dans la Péninsule ne se concentre pas dans des périphéries-ghettos mais se répartit sur le territoire: le démographe Roberto Volpi décrit ce «modèle d’immigration diffuse» dans un essai publié par Volta.*



366'000 étrangers régulièrement résidents en 1991, 5 millions aujourd’hui: brusquement investie par les flux migratoires, l’Italie est passée, pratiquement du jour au lendemain, du statut de pays d’émigration à celui de terre d’accueil. Critiquée pour sa mauvaise gestion du phénomène, elle a pourtant tenu le coup, observe Roberto Volpi à contre-courant des visions catastrophistes: dans une large mesure, observe-t-il, l’Italie échappe aux phénomènes trop connus comme les poches de radicalisation dans les banlieues-ghettos ou la montée d’un populisme nourri de préjugés et de racisme.

Ce relatif succès n’est pas dû à une politique concertée mais à «l’irréductible variété» congénitale au pays: à leur arrivée, les immigrés, au lieu de se diriger en masse vers deux ou trois grands centres, se dispersent vers les innombrables destinations possibles où un tissus économique très diversifié leur offre des possibilités d’emploi salarié ou indépendant. Cette «dilution» encourage l’interaction avec la population locale, le contrôle social, et au final, l’intégration.

La démographe appuie sa démonstration par une minutieuse analyse chiffrée. Au hit-parades des 10 premières villes avec le plus fort taux d’immigrés, seule Milan (2e) compte plus d’un demi-million d’habitants. Les autres sont des agglomérations petites à moyennes: Brescia (1ère), Prato, Piacenza, Reggio Emila, etc. La diffusion s’observe également au niveau des régions, des quartiers des villes et des nationalités. Le seul clivage est celui entre le Sud du pays et le centre-nord, qui accueillent respectivement 3,7% et 10,7% d’immigrés. Mais c’est un écart qui se réduit.

Pour faire face aux défis d’avenir, Roberto Volpi avance deux propositions: imaginer un modèle de microcrédit pour soutenir le dynamisme entrepreneurial des immigrés. Et développer une formation pour les «badanti», les aides à demeure pour personnes âges: un débouché professionnel en plein boom dans un «pays aux mille clochers» vieillissant.

* Volta est un «think tank» «accélérateur d’idées» italien de sensibilité «renzienne» et pro-européenne. Il publie entre autre de courts essais destinés à alimenter le débat public.


Lire l'article de Volta: "Il modello italiano di immigrazione diffusa: alternative alle banlieues?"



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