Culture / L’Espagne des profondeurs en trois récits, par un Valaisan
L'église romane (du 12e siècle) de San Esteban à Abella de la Conca (province de Leida). © DR
On ne comprend rien à l’Espagne sans l’histoire. Rien des drames d’aujourd’hui sans se souvenir de ceux d’hier, infiniment plus sanglants. Bien sûr la terrible guerre civile du 20e siècle qui l’a fracassée. Mais aussi le passé plus ancien que rappellent partout tant d’œuvres d’art, tant d’églises, tant de palais mauresques. L’écrivain valaisan Christophe Gaillard, enseignant de son état, marié depuis 22 ans à une Madrilène d’origine andalouse, a plongé, erré, rêvé dans cette Espagne des profondeurs. Il publie un livre composé de trois récits sous le titre énigmatique: «Boadbil et la Femme qui pleure». On y devine ses propres parcours initiatiques offerts au lecteur, averti ou non, pour mieux percevoir l’intensité de ce pays, dans ses différences, ses blessures et ses désirs.
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Le demi-siècle passé depuis lors y a été remarquablement apaisé et démocratique. Rejetant les extrêmes de droite et de gauche, l’électorat a alterné ses préférences entre le centre-droit et le centre-gauche, applaudi aussi l’entrée dans l’Union européenne dont les soutiens ont permis au pays de se moderniser. Trains, routes, équipements publics… le Portugal a basculé dans une ère nouvelle, heureuse. Il est vrai qu’en mars dernier, le jeune parti dit d’extrême droite, en tout cas libéral et conservateur, a obtenu 18% des voix. Il ne se nourrit pas de quelque nostalgie salazariste mais d’une addition de mécontentements. Comme ailleurs autour de l’immigration – les Brésiliens affluent! –, autour des lourdeurs bureaucratiques, autour des frustrations sociales. Il faut dire que les dernières années ont été dures. En 2020, l’Etat outrepassait toutes les limites de l’endettement. Et en 2023, le gouvernement de centre-gauche sortant, battu aux dernières élections, a redressé la barre avec un budget bénéficiaire. Au prix d’efforts peu communs, des mesures drastiques à tous les étages, coupes dans le domaine social et augmentation de certains impôts.</span></p> <p><span>Qu’en conclure? Les Portugais sont pragmatiques, réalistes, entreprenants. A la différence d’autres Européens – n’est-ce pas, amis Français? – ils ne rabâchent pas les couplets aigris et masochistes du déclin. Leurs débats politiques sont chauds mais ne tournent pas aux empoignades haineuses et violentes comme on a pu le voir ailleurs. Ils témoignent, sur la durée est sur le fond, d’une forme de sagesse.</span></p> <p><span>Les Portugais en Suisse sont au nombre de 420’000 (dont 162’000 de double-nationaux). Socialement très bien intégrés mais la plupart </span><span>restant sur leur quant à soi civique. Beaucoup nous quittent, plus qu’il n’en arrive. 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L’Espagne riche de la Catalogne, riche de l’Espagne
Christophe Gaillard se dévoile davantage dans le deuxième texte. Un chercheur s’est mis en tête d’établir l’influence de l’art catalan des siècles passés sur Picasso. Il rencontre une femme, Vera, qui le séduit et nous séduit à chaque page. Ô sublime féminité espagnole? «N’importe où, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il y a une manière de marcher la tête haute, les épaules droites, le bras digne, qui sait nous embellir. Personne ne nous dit pourquoi il n’y a pas dans les pays latins cette crainte devant la vie qui se fait et se défait, mais cette acceptation puissante, lumineuse de la joie et des larmes, qui s’inscrit dans la chair et nous pousse à danser la douleur avec la dignité des Gitans.»
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Dans cette Andalousie des Musulmans, des Juifs et des Chrétiens...
La dernière partie du livre aborde les cicatrices du passé, lointaines et présentes, au fil d’un portrait de femme. La jeune et belle étudiante Inma qui écrit un roman sur Boabdil, l’émir de Grenade, chassé sous la pression des Catholiques de la reconquista, parti sans résistance de son palais. Avec sa mère qui, selon la légende, lui aurait dit: «Pleure comme une femme pour un royaume perdu que tu n’as pas su défendre comme un homme.»
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L’éditeur a bien fait de conclure le résumé du livre par cette phrase: «La femme qui pleure, c’est l’Espagne!»
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Car pour lui, l’Espagne est riche de la Catalogne et la Catalogne riche de l’Espagne, toutes deux bien plus entremêlées que ne le disent les simplificateurs séparatistes. Intimement nouées entre elles par les destinées communes et les blessures, par le brassage des hommes et des femmes.</p><h3>Dans cette Andalousie des Musulmans, des Juifs et des Chrétiens...<br></h3><p>La dernière partie du livre aborde les cicatrices du passé, lointaines et présentes, au fil d’un portrait de femme. La jeune et belle étudiante Inma qui écrit un roman sur Boabdil, l’émir de Grenade, chassé sous la pression des Catholiques de la <em>reconquista</em>, parti sans résistance de son palais. Avec sa mère qui, selon la légende, lui aurait dit: «Pleure comme une femme pour un royaume perdu que tu n’as pas su défendre comme un homme.»</p><p>Inma et son compagnon ne cessent de s’interroger sur ce méli-mélo de religions, dans cette Andalousie des Musulmans, des Juifs et des Chrétiens. 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Au détour de la route abordée trop vite.</p><p>L’éditeur a bien fait de conclure le résumé du livre par cette phrase: «La femme qui pleure, c’est l’Espagne!»</p><hr><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w500/1511632264_1263157_f.jpg" width="254" height="388"><em>Boabdil et la Femme qui pleure</em>, de Christophe Gaillard, éditions de l’Aire (2017), 228 pages.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'trois-recits-d-un-valaisan-pour-decouvrir-l-espagne-des-profondeurs', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 890, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 607, 'homepage_order' => (int) 619, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 12, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4895, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les leçons du Portugal', 'subtitle' => 'Le 50ème anniversaire de la Révolution des Œillets qui mit fin à la dictature de Salazar et à l’époque coloniale se rappelle à nous. 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Ainsi donc la Suisse suspend son aide, comme les Etats-Unis, alors que des proches alliés d’Israël, comme l’Allemagne – qui a même augmenté sa contribution –, la Grande-Bretagne et la France, après avoir interrompu leurs versements au moment des premières accusations israéliennes, les ont repris ensuite. Et pour cause. La situation humanitaire reste catastrophique à Gaza. Le nombre des camions autorisés à y entrer reste largement insuffisant. La plupart des hôpitaux ont été détruits. Les bombardements et les tirs se poursuivent, tuant, selon certaines estimations, entre 50 et 100 personnes par jour. Des dizaines de secouristes de l’UNRWA et des rares ONG encore actives ont été blessés, tués ou chassés. 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Que les habitants de Cisjordanie voient, sans que le monde ne s’en alarme, les colons israéliens s’emparer, jour après jour, avec l’aide de l’armée, de nouvelles terres qui ne leur appartiennent nullement selon le droit.</span></p> <p><span>Pour en revenir à l’UNRWA, il est clair que Netanyahou et ses alliés extrémistes souhaitent sa paralysie, sa disparition. Sans même esquisser ce qui pourrait la remplacer. Plusieurs ministres ne s’en cachent pas: il s’agit de pousser le plus grand nombre possible de Palestiniens à quitter le territoire de Gaza afin de le réoccuper et de le coloniser à nouveau. Sans que personne ne sache où ses deux millions et demi d'habitants pourraient aller, les voisins arabes refusant farouchement de les accueillir. </span></p> <p><span>Paradoxe: si l’UNRWA n’est plus en mesure d’organiser dans les écoles son enseignement qui exclut la haine, ce sont les islamistes de tous bords qui prendront le relais et aggraveront encore la donne future. Mais dans leur fureur les dirigeants israéliens paraissent n’en avoir cure.</span></p> <p><span>La tragédie vécue par la population de Gaza dure depuis des années. Enfermée, maintes fois attaquée, bien avant l’attaque criminelle contre Israël, le 7 octobre. Devant la tournure extrême qu’a pris le conflit ces six derniers mois, comment justifier le blocage d’une aide humanitaire à travers les Nations Unies? Officiellement le gouvernement suisse tergiverse. De fait il s’aligne sur la position des Etats-Unis. Sur ce terrain comme sur d’autres. Faut-il d’autres signes? Lorsqu’un avion israélien a bombardé un espace diplomatique iranien à Damas, violation plus qu’évidente du droit international, le DFAE n’a pas bronché. Mais il a protesté, à raison d’ailleurs du point de vue juridique, contre l’envoi des drones et missiles sur Israël. Washington prépare maintenant un nouveau train de sanctions contre Téhéran, Bruxelles emboîte le pas. Ne nous étonnons pas si la Suisse s’avise de suivre…</span></p> <p><span>Et voilà que des banques suisses font du zèle dans le même sens. <em>Le Courrier</em> de Genève révèle que le versement d’un particulier à l’UNRWA a été bloqué… par la Banque cantonale genevoise. Celle-ci s’en est expliquée: «Le paiement que vous avez ordonné le 25 février 2024 en faveur d’UNRWA en Palestine ne correspondant pas à notre politique d’affaires, nous n’avons pas été en mesure d’y donner suite.» Ce n’est pas tout. Dixit le quotidien: «L’affaire n’est pas un phénomène isolé. Présidente de l’association Parrainages d’enfants de Palestine, sise à Genève, Michèle Courvoisier ne parvient plus à faire de virements à son association partenaire en Cisjordanie depuis le 7 octobre (…) Depuis, l’organisation passe par une banque européenne, ce qui renchérit ses coûts d’envoi. Et ce ne sont pas seulement les virements vers la Cisjordanie ou Gaza qui sont visés. 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1 Commentaire
@Astoria 29.11.2017 | 07h37
«Merci JACQUES pour ce beau commentaire et et à l'auteur pour cette belle illustration en première de couverture : une œuvre de Picasso pour sa compagne argentine, photographe militante: Dora Maar.»