Actuel / A Genève, on récompense les pires projets immobiliers
Le collectif à l’origine du «prix des pires projets immobiliers» poursuit son combat en faveur du droit au logement dans un rapport non marchand, une équité et une juste répartition territoriale. © Isabel Jan-Hess
Projet à la Rue des Grottes – rue Louis Favre, dans la catégorie «densification la plus étouffante». © DR
Bâtiment de la Rue de Lausanne 40, dans la catégorie «hors la loi» . © DR
Bâtiment à St.Georges 16, dans la catégorie «la spéculation la plus lucrative». © DR
Bâtiment de la Rue des Deux-Ponts 2-4, dans la catégorie "surélévation la plus ébouriffante". © DR
A Genève il y a ceux qui construisent dans les règles de l’art et les autres… Le premier palmarès des « pires projets immobiliers » dévoile cinq situations illégales ou immorales selon le collectif d’associations d’habitants de quartiers de Genève. Cinq «récompenses» ont été décernées ce matin aux promoteurs - concepteurs concernés, dont deux conseillers d’Etat genevois.
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Contrairement aux femmes et aux enfants, hagards et épuisés que les autorités portuaires et les ONG ont fait descendre pour la nuit. Une nuit qu’ils passeront à même le quai sur les banquettes de fortune par 6, 8 degrés tout au plus. Frisant l’hypothermie, ils ont été repêchés après des jours en mer. Le froid, ils connaissent.</p><p>Le jour tombe, la lumière baisse, la femme poursuit sa quête du bon angle, s’installe sur une bitte, toujours dos au bateau. Clic!</p><p>Embarqués sur des canots par des passeurs libyens ils ont dérivé plusieurs jours avant d’être secourus. Triste scénario, récurrent depuis des années dans le sud de l’Italie. 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Un jour j’étais épuisé, ils m’ont électrocuté pour me réveiller. Ils rigolaient et envoyaient des décharges, c’était horrible, j’étais comme brulé à l’intérieur.»</p><h3>A 8 ans, des séquelles irréversibles</h3><p>Des brûlures, Philippe, 8 ans, en porte sur une bonne partie du corps. Repêché dans le coma par les gardes côtes italiens, il a survécu à la noyade, mais garde des séquelles des coups portés en Libye et des brûlures liées au naufrage de sa barques surchargée. «Ils nous avaient entassés, malgré mes supplications à ne pas nous embarquer, se souvient Rosie sa maman. Je tenais ma fille de 4 ans et Philippe pour éviter qu’ils tombent, mais lorsque le boudin s’est dégonflé, on a tous fini à l’eau, sans gilet de sauvetage. Les gens ont paniqué et vidé les bidons d’essence qui, au contact du sel, nous a tous brûlés. Mais Dieu était avec nous, on est arrivé en Italie et mes enfants peuvent espérer avoir un avenir.»</p><p>Mais quel avenir? Quelle génération est-on en train de créer? Comment peut-on vivre après de telles violences et se reconstruire une vie dans la résilience? Les psychologues et les travailleurs sociaux rencontrés en Calabre sont unanimes: «Il faudra du temps, déplore une jeune psychologue active dans plusieurs centres. Les pays d’accueil devront investir pour que ces personnes n’évoluent pas en marge et dans la précarité. La communauté internationale doit s’engager pour faire cesser ce massacre. Des vies sont brisées chaque jour. Sans véritable accompagnement, certains ne s’en remettront jamais et seront à vie à charge de la société.»</p><p>Abraham, par exemple, est un miraculé. Aujourd’hui hébergé dans un appartement de Lamezia Terme, cet Ivoirien garde des séquelles psychologiques et physiques de son passage en Libye. Plus précisément à la frontière avec le Niger où il a failli être abattu. «On a fui le pays avec ma femme, car ma vie était en danger suite à des problèmes familiaux, explique-t-il. Arrivé au Niger, on n’avait rien, alors j’ai accepté de travailler pour des passeurs sans scrupule. Un jour, ils ont violé ma femme devant moi et m’ont poursuivi pour me tuer, sans aucune raison. Ils ont tiré à plusieurs reprises, j’ai été touché au pied, mais j’ai pu m’échapper.» En Libye, Abraham n’a pas reçu de soins, les blessures se sont aggravées conduisant à une amputation partielle à son arrivée en Italie. «Je ne sais pas ce que je vais devenir, heureusement ma femme a pu rejoindre sa famille en Côte d’Ivoire. J’aimerais sortir de ce cauchemar qui me réveille chaque nuit, j’ai peur que ça recommence.» </p><h3> «Enceinte, elle a été piétinée à mort sous mes yeux»</h3><p>Maike, 17 ans, a quitté la Guinée-Conakry à l’âge de 13 ans. Enfant des rues, il a été séduit par un recruteur. «Il nous disait qu’on aurait du travail, une belle vie, on n’a pas hésité.» Mais la balade se transforme vite en calvaire. «On travaillait pour avoir à manger et ils nous vendaient à des passeurs différents dans chaque région. C’est très bien organisé.» Après plusieurs années de travail forcé, de privation de nourriture et de violences quotidiennes, Maike embarque un matin, contre son gré. «J’ai vu des hommes devenir des bêtes, c’est chacun pour soi, si tu veux survire là-bas.» Son souvenir le plus marquant reste celui de la traversée. «On était beaucoup trop dans cette barque. Il y avait une très jeune femme enceinte. Lorsque le fumée d’un bateau a été repérée au loin, tout le monde s’est levé en criant et le balancement a précipité la femme au fond du bateau. Elle a été piétinée à mort sous mes yeux! Je n’ai rien pu faire, je m’en veux chaque jour.» L’adolescent au look branché des jeunes de son âge, peine à retenir ses larmes. «Tous les matins au réveil, je revois ces images et je n’arrive pas encore à croire que je suis en Italie.» Sa thérapie? Le rap et les cours d’alphabétisation et d’italien qu’il suit avec brio. Depuis son arrivée au village de Riacce, il chante, tourne des clips avec ses compagnons d’exil qu’il poste sur YouTube. «Je suis content de pouvoir aller à l’école et la musique m’aide à avancer et à éloigner les démons.»</p><p>Viktorine, 34 ans, évoque aussi le piège libyen. «On s’est enfuis en Algérie avec mon mari, explique cette chrétienne, mère de quatre enfants. Avec l’arrivée de Boko Haram dans notre région du Cameroun, on n’avait d’autre choix que de fuir, raconte-t-elle encore bouleversée. J’avais refusé de me convertir à l’islam et d’être excisée, je recevais des menaces qui touchaient toute la famille.» C’est en Algérie que des rabatteurs les attirent en Libye. «On nous a dit qu’il y avait du travail, que nos enfants seraient mieux que dans le ghetto dans lequel nous vivions près d’Oran. La frontière à peine franchie, la famille est séparée et enfermée. «Mon mari a été kidnappé et emmené par des arabes armés, se souvient-elle encore effrayée. Il a été brutalement entassé dans un pickup, rempli d’hommes noirs menottés. Nous, les femmes et les enfants, on nous a amené dans un centre effrayant, où j’ai vécu au milieu des rats, essayant de protéger mes enfants jour et nuit.»</p><h3>Des jeunes filles livides, mutiques<br></h3><p>S’ils n’ont pas subi de violences sexuelles, ils ont souffert de malnutrition et surtout assisté à des tortures. «Tous les jours il y avait des hommes qui emmenaient des jeunes filles qui revenaient livides et mutiques. Parfois on nous faisait travailler dehors, il fallait nettoyer des cours, porter des pierres. C’était compliqué, avec les enfants et si on montrait des signes de faiblesse ou de rébellion, on était immédiatement mis en joue. Je me souviens même d’un gamin qui pointait son arme sur mon fils de 4 ans. Ils sont tous fous là-bas.» Un matin, comme des centaines d’autres captifs, Victorine est emmenée avec ses enfants. «Des types nous ont réveillé vers 4h du matin. Arrivée sur la plage j’ai compris. Enceinte, je portais mes deux petits de 2 ans, j’étais terrorisée. Dans la file, son fils Jonathan 4 ans, donnait la main à une jeune femme. «Elle m’avait proposé de l’accompagner, je n’arrivais pas à le tenir. Il est monté sur un bateau avec elle et là, un Libyen a baissé son fusil et dit «stop». J’ai hurlé que mon fils était dans le bateau, il m’a posé son pistolet sur la tempe. Je me suis tue, j’étais désespérée. J’ai vu le bateau s’en aller, impuissante, ravagée.» Victorine embarque quelques heures plus tard dans les mêmes conditions. Frappée, elle se retrouve au fond d’un canot et perd connaissance. Elle se réveille en pleine mer, malade, peinant à tenir ses deux petits effrayés. Les plus de 150 passagers seront secourus indemnes par un navire marchand. A terre, il lui faudra plus d’un mois pour retrouver Jonathan, vivant. «Je suis soulagée, mais très inquiète pour lui. Ce n’est plus le même, je ne sais pas ce qu’il a vécu pendant cette traversée. Il est colérique, violent. Parfois il prend un bâton et tape contre les murs en me disant, regarde maman c’est comme en Libye…»</p><p>Depuis des années pourtant les ONG et les défenseurs des droits de l’homme dénoncent. Des bateaux sont affrétés pour porter secours à ces malheureux et, au lieu d’une reconnaissance de leur engagement, ces associations se voient accusées de favoriser l’arrivée de migrants économiques en Europe en garantissant leur prise en charge en mer. «Le triste scénario est récurrent», déplore Mathilde Auvillain, coordinatrice à Catane des opérations de secours en mer de l’<em>Aquarius</em>, affrété par SOS Méditerranée. Celui de migrants africains, entassés sur des barques de fortune jusqu’à 200 parfois, avec un pseudo pilote, formé à l’arrache et un ou deux téléphones portables avec le numéro du Centre de coordination des secours en mer (MRCC), basé à Rome. «Le MRCC a l’obligation de décrocher et répondre aux appels en détresse, précise celle qui a elle-même porté secours à de nombreux candidats à l’exil. Selon la position, ils intiment l’ordre au bateau le plus proche de prendre en charge les naufragés. C’est une obligation légale et humanitaire.» Elle ajoute: «Aujourd’hui, ces personnes sont là et une fois qu’elles ont traversé le Niger et la Libye ce ne sont plus des migrants économiques mais des miraculés qui ont droit à une protection humanitaire après ce qu’ils ont traversé.»</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1508430512_catane_011.jpg">En un an, le HCR constate une augmentation nette des sévices sur les migrants après leur passage en Libye: «Aucun n’arrive sans séquelle, physique et/ou psychologique.» © Magali Girardin<br></h4><h3>L’impuissance de la communauté internationale</h3><p>Marco Rotunno, en poste à Catane pour le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), abonde. La situation en Libye s’aggrave. Les 3 et 4 octobre, il a participé au débarquement de plus de 700 migrants à Catane. Trois étaient décédés et pas uniquement par noyade. «En un an, on constate une augmentation nette des sévices sur ces personnes. Aucun n’arrive sans séquelle, physique et/ou psychologique, parfois irréversibles, après son passage en Libye.»</p><p>Régulièrement confronté à des victimes, Luigi De Filippis, médecin et responsable d’un projet d’accueil à Sant’Alessio in Aspromonte confie n’avoir jamais vu de tels cas de tortures, indescriptibles, commises notamment sur des femmes. «J’ai pourtant travaillé au Soudan et en zone de guerre, la Libye c’est un enfer sur terre pour les noirs.»</p><p>Ces dizaines de récits d’horreurs reflètent des actes barbares commis en toute impunité dans un pays où les milices de fractions tribales se partagent un pouvoir sans foi ni loi. Malgré d’innombrables témoignages et des preuves accablantes, peu de pays réagissent vraiment. Pire, certains à l’image de la communauté européenne ce printemps, négocient des accords avec les pseudos gouvernements locaux libyens qui se partagent le pays pour qu’ils gardent ces milliers d'Africains sauvagement exploités. La semaine dernière, en visite au Niger pour apporter une aide de 7'500'000 francs à un projet d'appui à la sécurité alimentaire, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga se disait bouleversée par les témoignages de migrants passés par la Libye, reconnaissant qu’aucune autorité ne contrôle le pays. Si elle admet leur situation «épouvantable» dans des centres de détention et confirme que la situation chaotique en Libye déstabilise toute cette région historique de migration, elle n’apporte aucune solution, ni proposition. Diplomatiquement, elle renvoie la balle au HCR, au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), saluant leur travail sur place.</p><p>Les appels à sanctionner la Libye se multiplient, mais restent sans effet.</p><p>Dans le journal d’Afrique de l’Ouest <em>Ouestafnews</em>, du 30 juin dernier, Boubacar Sèye président d’Horizons Sans Frontières dénonçait le «jeu hypocrite que jouent les Occidentaux et les chefs d’Etats africains sur la question». Les morts se comptent désormais par dizaines dans le désert libyen et en Méditerranée. Plus de 2800 depuis le début de l’année. Chaque semaine, un nouveau drame est recensé. Tellement banal qu’il n’occupe que quelques lignes dans les journaux et passe encore parfois furtivement entre le fromage et le dessert aux informations. Pourtant près de 110'000 migrants sont arrivés en Italie par la mer depuis le début de l’année, 2655 sont morts pendant la traversée.»</p><p>En juillet, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini soulignait, dans un interview au journal <em>Le Monde</em>, l’impossibilité de signer un accord migratoire avec un pays en plein chaos. «Il est impensable d’imaginer pouvoir bloquer la route de la Méditerranée centrale par un accord tant que la crise en Libye n’est pas résolue.» Depuis, plus rien. Ou si peu.</p><br><p style="text-align: left;"><em>Ce reportage a été réalisé grâce à la </em>Bourse Jordi 2017<em> remise à la photographe Magali Girardin et à la journaliste Isabel Jan-Hess</em><br></p><p></p><hr><p></p><h2>Pourquoi la communauté internationale n’intervient pas</h2><h2><sup><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w308/1508447837_hasni.jpg"></sup></h2><h3><sup><strong>L'éclairage du politologue Hasni Abidi, directeur du CERMAM, le Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.</strong></sup></h3><p>«On assiste malheureusement à un phénomène de lassitude par rapport à ces drames humains, qui ne sont plus une priorité pour l’Europe, déplore Hasni Abidi. «La situation dans un pays de non droit, comme la Libye, rend les choses encore plus compliquées. La guerre civile a aggravé la situation, mais sous l’ère Kadhafi, sévissaient déjà des réseaux de trafic de migrants. 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Les drames des Africains en Libye passent au second plan.</p><p><strong>Compliqué en effet de négocier à la fois la fin des trafics et des violences à l’encontre des migrants et des accords visant à solliciter une aide en matière d’antiterrorisme avec des fractions armées souvent elles-mêmes à la tête de ces trafics. </strong><br></p><p>En Libye, la plupart des personnes qui détiennent un pouvoir sont corrompues. Police, garde-côtes, militaires ou simples citoyens, beaucoup profitent d’une manière ou d’une autre de l’exploitation des migrants. Ces gens sont devenu des butins, des monnaies d’échange. <br></p><p><strong>Vous pointez des mafias locales?</strong> <br></p><p>Pas que, de puissants réseaux italiens sont aussi en Libye. Sans compter que de nombreux pays européens ont clairement encore des intérêts en Libye.<br></p><p><strong>Vous dites que la situation économique de la Libye a favorisé l’émergence de ces «puissants émirs de guerre» exploitant les noirs africains, les rendant encore plus vulnérables...</strong></p><p>Tous les Libyens ne sont pas des monstres, précise-t-il. Il y a beaucoup de jeunes, de médecins, d’universitaires qui créent des associations pour venir en aide à ces Africains. Mais la précarité de leur propre quotidien tient leurs priorités. 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De curieux instruments à vent aux noms poétiques, tel la serinette, servant à apprendre à siffler aux serins, dont il détaille volontiers le mécanisme. «Certains orgues sont à cylindres, d’autres à carton perforé, à lecture pneumatique ou à peigne. Et aujourd’hui il y en a même dotés d’une puce électronique», précise-t-il dans un élan d’enthousiasme.</p><h3>Cartons en accordéon ou galettes</h3><p>Incollable sur le mécanisme et sur les morceaux de son impressionnante collection, il raconte l’instrument magique, en tournant la manivelle, glissant les cartons pliés ou tournant les galettes en carton. Les pièces de cet ancien inspecteur de la police genevoise sont uniques et manuelles. Une collection d’une dizaine d’orgues de rue aux tailles diverses, qu’il caresse comme des bijoux. «Enfant j’étais fasciné par les lanternes magiques, plus tard j’ai collectionné les phonographes, jusqu’au jour où l’orgue de barbarie s’est imposé, se souvient-il. 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Plus loin des centaines de points blancs, indiquent que nous sommes sur la bonne route.</p><h3>Un nuage de moutons accrochés à la colline</h3><p> Le cheptel de plus de 500 moutons, gardés par Samuel Devanthéry, se déplace doucement, comme un nuage, sur une crête, située au-dessus d’Isenau. Deux de ses quatre chiens accompagnent le mouvement. 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Des naissances que le trentenaire a appris à gérer, mais qu’il préfère laisser à des professionnels. «Autrefois le berger pratiquait les opérations, accouchait ses bêtes etc… On apprend ça, mais généralement en cas de problème, on appelle un vétérinaire ou un spécialiste.» </p><h3>«On est dans l’anticipation permanente» </h3><p>La vie dans la nature sauvage implique aussi beaucoup d’ingéniosité et d’adaptation. «On est tributaire de la météo, des animaux, on doit gérer les provisions qu’il faut porter jusqu’aux cabanes (<em>plus de 40 minutes de marche pentue à chaque fois, nldr</em>), réparer les enclos, bricoler à la cabane, surveiller les transhumances, etc…» Car chaque déplacement est surveillé et cadré. «On est dans l’anticipation permanente, à donner des consignes précises aux chiens, sinon l’accident est vite arrivé.» Cet été Samuel a perdu trente-quatre moutons, tombés d’une falaise. «Une meneuse est partie dans la mauvaise direction et les bêtes ont suivi, jusqu’à ce que j’arrive à stopper ce carnage. C’était terrible!» </p><p>Diplômé de la volée 2016 de la formation romande de bergers, le Genevois a découvert le monde de l’alpage au hasard de son service civil. «C’était une période où j’avais besoin de changer radicalement d’air, je peinais à trouver la motivation pour terminer mon master en architecture. Lorsque j’ai vu «berger» parmi les propositions, j’ai foncé!» Et le jeune homme n'a pas été déçu. «Mais il ne faut pas croire qu’on rigole tous les jours, beaucoup de jeunes imaginent se la couler douce dans la nature, mais il y a beaucoup de contraintes et c’est du 24h/24.»</p><h3> La richesse de se sentir libre </h3><p>Sans compter que les revenus de ce gardiennage ancestral ne font pas rêver. «Je gagne en moyenne 3000 francs net par mois, mais si j’avais voulu devenir riche financièrement j’aurais poursuivi dans l’architecture, plaisante-t-il. C’est une autre richesse qui m’a attiré ici: la liberté.» </p><p>Son premier été, il l’a passé avec un berger professionnel en Valais. «C’était magique, j’ai senti très vite que c’était ça que je voulais faire. Après quelques mois, lorsque son aîné lui propose de rester seul quelques jours avec les bêtes dans la montagne, Samuel Devanthéry n’hésite pas une seconde. Il découvre l’extase de la solitude dans les bruits et les odeurs de la montagne sauvage. «On n’est jamais seul en réalité, il y a le troupeau, les chiens, les chamois, les bouquetins et les animaux qui sortent la nuit. Les étoiles aussi, c’est fascinant. Chaque jour ne ressemble jamais au précédent.» </p><p>Mais, contrairement à ses prédécesseurs, le berger 2.0 peut compter sur le smartphone pour limiter un peu l’isolement. «J’échange beaucoup avec mon amie, bergère en Valais. On s’est rencontré durant la formation et on envisage de partir un jour à la rencontre des bergers de Mongolie.» Pas trop difficile d’être séparés plus de quatre mois par année? «On s’habitue à tout et on n’a que plus de plaisir à se retrouver.»</p><p> Avec le temps, on travaillera peut-être ensemble, ajoute le jeune homme. A terme, j’aimerais devenir éleveur et passer l’année avec les bêtes. 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Le premier concours «des pires projets immobiliers» genevois, une sorte de Champignac, décerné à cinq réalisations contestées et pas toujours très légales, si l’on en croit le collectif d’associations d’habitant-es de quartiers de Genève, à l’origine de cette satire. © Isabel Jan-Hess
Du logement étudiant au loft de luxe
Les aberrations en matière de logement ne manquent en effet pas à Genève. Les cinq projets primés mettent un coup de projecteur sur plusieurs incohérences et dénoncent un certain laxisme des autorités cantonales et communales. La première brique d’or a couronné l’ancien «Hôtel California» des Pâquis dans la catégorie de la spéculation la plus lucrative. Rendue célèbre par ses nombreux rebondissements, cette réhabilitation a accouché de luxueux lofts, pour la plupart inhabités, en lieu et place des logements prévus par les différents accords signés entre la Ville, le canton et les propriétaires.
L'ancien «Hôtel California» des Pâquis, à la rue Gevray 1 a reçu le premier prix dans la catégorie de la spéculation la plus lucrative. © DR
Après la fermeture de l’hôtel, le bâtiment avait été squatté, puis un accord avait été trouvé pour la création de logements étudiants, avant qu’une autre décision impose des logements sous le coup de la LDTR (Loi sur les démolitions, transformations et rénovations de maisons d'habitation). Le résultat final est en effet bien loin du dessin. «On a aujourd’hui 27 appartements de luxe, vendus pour la plupart à plus de 20'000 francs le m2, dénonce Guy Valance, membre de la Survap l'association d'habitants des Pâquis. On laisse mourir des quartiers populaires au profit de spéculations immobilières…»
La boîte à sardine des Vernets
La boite à sardine d’or est allée au conseiller d’Etat Antonio Hodgers, en charge du projet immobilier prévu sur le site de la Caserne des Vernets. Une surdensification dénoncée par les riverains depuis les prémices de ce projet prévoyant la construction de 1500 logements dans plusieurs immeubles. Dont une tour, des activités commerciales et de services, une crèche et une école, le tout sur 48'000 m2. «Reste l’espace de quelques arbres en pot et de deux mini îlots de verdure, ayant même contraint les promoteurs à prévoir la réalisation du préau de l’école sur le toit du bâtiment», ironise le collectif, défendant une baisse de la densité.
Pipeau d'or pour une volte-face
Le conseiller d’Etat, Serge Dal Busco a reçu, lui, le pipeau d’or pour sa volte-face dans le dossier du 154 route de Malagnou. Une bâtisse désaffectée de l’Université, occupée depuis 2012 par les membres d‘un projet d’habitat collectif et autogéré. En 2016, suite à plusieurs menaces d’expulsion, les résidents avaient pu obtenir un contrat de bail jusqu’en 2020. Mais peu après, le Canton est intervenu pour attribuer le bâtiment à l’Hospice général afin d’y loger des migrants. «C’est honteux de la part de l’Etat de jouer une précarité contre une autre.», s’indigne Brigitte Studer, membre du collectif.
Dans la catégorie «pas de quartier pour les alternatives», le bâtiment de route de Malagnou 154 a été primé. © DR
Deux autres briques d’or ont encore été décernées. La première à un projet de surélévation à la rue Butini qui, en lieu et place de quatre appartements, a donné naissance à une «grande villa» avec vue sur le lac. Selon le collectif les propriétaires ont été récemment sommés de modifier cette surélévation pour remettre les quatre appartements prévus sur le marché locatif et de supprimer les quelques modifications non conformes effectuées dans l’immeuble.
Le dernier prix a été remis à une investisseuse suisse alémanique, présentée, l'été dernier, comme sémillante philanthrope par la Tribune de Genève, proposant des appartements meublés dans un immeuble surélevé et rénové de la rue de Lausanne. «Elle a réussi à faire de juteux bénéfices en rénovant et soutirant du marché locatif genevois des appartements loués très cher, soit entre 4900 et 5800 francs mensuels pour un trois-pièces, détaille Guy Valante expliquant que ces logements ne sont pas adressés aux Genevois. Pour pouvoir obtenir un bail, on a dû faire appeler quelqu’un des États-Unis. La société propriétaire a reçu une amende de quelques dizaines de milliers de francs, mais continue son business lucratif et hors la loi d’appart hôtel, alors que des Genevois sont à la rue.»
Aucun des lauréats du premier concours «des pires projets immobiliers» genevois ne s’était déplacé ce matin pour la cérémonie organisée aux Canons, dans la Vieille Ville. © Isabel Jan-Hess
Le collectif à l’origine du «prix des pires projets immobiliers» poursuit son combat en faveur du droit au logement dans un rapport non marchand, une équité et une juste répartition territoriale. Le 7 octobre dernier, la manifestation pour le logement organisée dans les rues de Genève avait attiré plus de 1500 personnes.
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Mais mon seul salut a été d’embarquer sur un de ces bateau de la mort, après des mois de tortures.»</p><p>Tous ces rescapés rencontrés en Calabre partagent ces mêmes souvenirs traumatiques. «Déjà au Niger, les conditions de vie étaient difficiles, les trafiquants nous vendaient, raconte Sekou, 18 ans, aujourd’hui accueilli dans un village de montagne près de Reggio di Calabria. «J’ai quitté Gao à l’âge de 14 ans et suivi un passeur qui me promettait du travail, confie-t-il avec des regrets. Gao est aujourd’hui une ville morte, dévastée par Boko Haram. Ils tuent tous ceux qui refusent de se soumettre à leurs lois divines. Ils ont fermé la plupart des commerces et sociétés qui s’y étaient développées. A Gao sois tu meurs soit tu pars.» Rapidement pris dans les mailles des filets de trafiquants, Sekou traverse les frontières du Mali et du Niger. «Dès l’arrivée en Libye nous avons été battus, enfermés et contraints de travailler, se remémore-t-il, le regard dans le vide. 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Comment peut-on vivre après de telles violences et se reconstruire une vie dans la résilience? Les psychologues et les travailleurs sociaux rencontrés en Calabre sont unanimes: «Il faudra du temps, déplore une jeune psychologue active dans plusieurs centres. Les pays d’accueil devront investir pour que ces personnes n’évoluent pas en marge et dans la précarité. La communauté internationale doit s’engager pour faire cesser ce massacre. Des vies sont brisées chaque jour. Sans véritable accompagnement, certains ne s’en remettront jamais et seront à vie à charge de la société.»</p><p>Abraham, par exemple, est un miraculé. Aujourd’hui hébergé dans un appartement de Lamezia Terme, cet Ivoirien garde des séquelles psychologiques et physiques de son passage en Libye. Plus précisément à la frontière avec le Niger où il a failli être abattu. «On a fui le pays avec ma femme, car ma vie était en danger suite à des problèmes familiaux, explique-t-il. Arrivé au Niger, on n’avait rien, alors j’ai accepté de travailler pour des passeurs sans scrupule. Un jour, ils ont violé ma femme devant moi et m’ont poursuivi pour me tuer, sans aucune raison. Ils ont tiré à plusieurs reprises, j’ai été touché au pied, mais j’ai pu m’échapper.» En Libye, Abraham n’a pas reçu de soins, les blessures se sont aggravées conduisant à une amputation partielle à son arrivée en Italie. «Je ne sais pas ce que je vais devenir, heureusement ma femme a pu rejoindre sa famille en Côte d’Ivoire. J’aimerais sortir de ce cauchemar qui me réveille chaque nuit, j’ai peur que ça recommence.» </p><h3> «Enceinte, elle a été piétinée à mort sous mes yeux»</h3><p>Maike, 17 ans, a quitté la Guinée-Conakry à l’âge de 13 ans. Enfant des rues, il a été séduit par un recruteur. «Il nous disait qu’on aurait du travail, une belle vie, on n’a pas hésité.» Mais la balade se transforme vite en calvaire. «On travaillait pour avoir à manger et ils nous vendaient à des passeurs différents dans chaque région. C’est très bien organisé.» Après plusieurs années de travail forcé, de privation de nourriture et de violences quotidiennes, Maike embarque un matin, contre son gré. «J’ai vu des hommes devenir des bêtes, c’est chacun pour soi, si tu veux survire là-bas.» Son souvenir le plus marquant reste celui de la traversée. «On était beaucoup trop dans cette barque. Il y avait une très jeune femme enceinte. Lorsque le fumée d’un bateau a été repérée au loin, tout le monde s’est levé en criant et le balancement a précipité la femme au fond du bateau. Elle a été piétinée à mort sous mes yeux! 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J’avais refusé de me convertir à l’islam et d’être excisée, je recevais des menaces qui touchaient toute la famille.» C’est en Algérie que des rabatteurs les attirent en Libye. «On nous a dit qu’il y avait du travail, que nos enfants seraient mieux que dans le ghetto dans lequel nous vivions près d’Oran. La frontière à peine franchie, la famille est séparée et enfermée. «Mon mari a été kidnappé et emmené par des arabes armés, se souvient-elle encore effrayée. Il a été brutalement entassé dans un pickup, rempli d’hommes noirs menottés. Nous, les femmes et les enfants, on nous a amené dans un centre effrayant, où j’ai vécu au milieu des rats, essayant de protéger mes enfants jour et nuit.»</p><h3>Des jeunes filles livides, mutiques<br></h3><p>S’ils n’ont pas subi de violences sexuelles, ils ont souffert de malnutrition et surtout assisté à des tortures. «Tous les jours il y avait des hommes qui emmenaient des jeunes filles qui revenaient livides et mutiques. Parfois on nous faisait travailler dehors, il fallait nettoyer des cours, porter des pierres. C’était compliqué, avec les enfants et si on montrait des signes de faiblesse ou de rébellion, on était immédiatement mis en joue. Je me souviens même d’un gamin qui pointait son arme sur mon fils de 4 ans. Ils sont tous fous là-bas.» Un matin, comme des centaines d’autres captifs, Victorine est emmenée avec ses enfants. «Des types nous ont réveillé vers 4h du matin. Arrivée sur la plage j’ai compris. Enceinte, je portais mes deux petits de 2 ans, j’étais terrorisée. Dans la file, son fils Jonathan 4 ans, donnait la main à une jeune femme. «Elle m’avait proposé de l’accompagner, je n’arrivais pas à le tenir. Il est monté sur un bateau avec elle et là, un Libyen a baissé son fusil et dit «stop». J’ai hurlé que mon fils était dans le bateau, il m’a posé son pistolet sur la tempe. Je me suis tue, j’étais désespérée. 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Des bateaux sont affrétés pour porter secours à ces malheureux et, au lieu d’une reconnaissance de leur engagement, ces associations se voient accusées de favoriser l’arrivée de migrants économiques en Europe en garantissant leur prise en charge en mer. «Le triste scénario est récurrent», déplore Mathilde Auvillain, coordinatrice à Catane des opérations de secours en mer de l’<em>Aquarius</em>, affrété par SOS Méditerranée. Celui de migrants africains, entassés sur des barques de fortune jusqu’à 200 parfois, avec un pseudo pilote, formé à l’arrache et un ou deux téléphones portables avec le numéro du Centre de coordination des secours en mer (MRCC), basé à Rome. «Le MRCC a l’obligation de décrocher et répondre aux appels en détresse, précise celle qui a elle-même porté secours à de nombreux candidats à l’exil. Selon la position, ils intiment l’ordre au bateau le plus proche de prendre en charge les naufragés. 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Diplomatiquement, elle renvoie la balle au HCR, au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), saluant leur travail sur place.</p><p>Les appels à sanctionner la Libye se multiplient, mais restent sans effet.</p><p>Dans le journal d’Afrique de l’Ouest <em>Ouestafnews</em>, du 30 juin dernier, Boubacar Sèye président d’Horizons Sans Frontières dénonçait le «jeu hypocrite que jouent les Occidentaux et les chefs d’Etats africains sur la question». Les morts se comptent désormais par dizaines dans le désert libyen et en Méditerranée. Plus de 2800 depuis le début de l’année. Chaque semaine, un nouveau drame est recensé. Tellement banal qu’il n’occupe que quelques lignes dans les journaux et passe encore parfois furtivement entre le fromage et le dessert aux informations. Pourtant près de 110'000 migrants sont arrivés en Italie par la mer depuis le début de l’année, 2655 sont morts pendant la traversée.»</p><p>En juillet, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini soulignait, dans un interview au journal <em>Le Monde</em>, l’impossibilité de signer un accord migratoire avec un pays en plein chaos. «Il est impensable d’imaginer pouvoir bloquer la route de la Méditerranée centrale par un accord tant que la crise en Libye n’est pas résolue.» Depuis, plus rien. 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Malgré une fracture à la main toute fraîche, le jeune berger pique des barrières pour diriger le troupeau vers un pâturage bas. «Je vais les laisser ici, le temps d’aller voir un médecin au village», explique-t-il un peu contrarié par sa blessure, provoquée par le passage impromptu d’un mouton dans un couloir de tri. «Ils auront suffisamment à manger si je dois rester en bas pour la nuit.» </p><p>En temps normal, ces brebis suffolk, d'origine anglaise et leur berger dorment à plus de 2200 mètres d’altitude. «Je navigue entre deux cabanes très spartiates, mais avec l’eau courante, qui me servent d’abri et autour desquelles des parcs ont été aménagés avec des couloirs permettant de sortir une bête en cas de besoin médical ou autre.»</p><p> Le chetpel fonctionne de manière très organisée. Il y a les meneuses, les jeunes, les plus âgées et tout ce petit monde déambule tout l’été, loin de l’agitation de la plaine. «A la fin de la saison on lâche quelques béliers pour la reproduction, précise le berger. Ainsi, les brebis mettront bas à l’automne à l’étable». Des naissances que le trentenaire a appris à gérer, mais qu’il préfère laisser à des professionnels. «Autrefois le berger pratiquait les opérations, accouchait ses bêtes etc… On apprend ça, mais généralement en cas de problème, on appelle un vétérinaire ou un spécialiste.» </p><h3>«On est dans l’anticipation permanente» </h3><p>La vie dans la nature sauvage implique aussi beaucoup d’ingéniosité et d’adaptation. «On est tributaire de la météo, des animaux, on doit gérer les provisions qu’il faut porter jusqu’aux cabanes (<em>plus de 40 minutes de marche pentue à chaque fois, nldr</em>), réparer les enclos, bricoler à la cabane, surveiller les transhumances, etc…» Car chaque déplacement est surveillé et cadré. «On est dans l’anticipation permanente, à donner des consignes précises aux chiens, sinon l’accident est vite arrivé.» Cet été Samuel a perdu trente-quatre moutons, tombés d’une falaise. «Une meneuse est partie dans la mauvaise direction et les bêtes ont suivi, jusqu’à ce que j’arrive à stopper ce carnage. C’était terrible!» </p><p>Diplômé de la volée 2016 de la formation romande de bergers, le Genevois a découvert le monde de l’alpage au hasard de son service civil. «C’était une période où j’avais besoin de changer radicalement d’air, je peinais à trouver la motivation pour terminer mon master en architecture. Lorsque j’ai vu «berger» parmi les propositions, j’ai foncé!» Et le jeune homme n'a pas été déçu. «Mais il ne faut pas croire qu’on rigole tous les jours, beaucoup de jeunes imaginent se la couler douce dans la nature, mais il y a beaucoup de contraintes et c’est du 24h/24.»</p><h3> La richesse de se sentir libre </h3><p>Sans compter que les revenus de ce gardiennage ancestral ne font pas rêver. «Je gagne en moyenne 3000 francs net par mois, mais si j’avais voulu devenir riche financièrement j’aurais poursuivi dans l’architecture, plaisante-t-il. C’est une autre richesse qui m’a attiré ici: la liberté.» </p><p>Son premier été, il l’a passé avec un berger professionnel en Valais. «C’était magique, j’ai senti très vite que c’était ça que je voulais faire. Après quelques mois, lorsque son aîné lui propose de rester seul quelques jours avec les bêtes dans la montagne, Samuel Devanthéry n’hésite pas une seconde. Il découvre l’extase de la solitude dans les bruits et les odeurs de la montagne sauvage. «On n’est jamais seul en réalité, il y a le troupeau, les chiens, les chamois, les bouquetins et les animaux qui sortent la nuit. Les étoiles aussi, c’est fascinant. Chaque jour ne ressemble jamais au précédent.» </p><p>Mais, contrairement à ses prédécesseurs, le berger 2.0 peut compter sur le smartphone pour limiter un peu l’isolement. «J’échange beaucoup avec mon amie, bergère en Valais. On s’est rencontré durant la formation et on envisage de partir un jour à la rencontre des bergers de Mongolie.» Pas trop difficile d’être séparés plus de quatre mois par année? «On s’habitue à tout et on n’a que plus de plaisir à se retrouver.»</p><p> Avec le temps, on travaillera peut-être ensemble, ajoute le jeune homme. A terme, j’aimerais devenir éleveur et passer l’année avec les bêtes. 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