Actuel / Le diplomate dans la fosse aux lions
© M.C.
Grâce à la recommandation d’une connaissance commune comme linguiste très méticuleuse, j’ai été amenée à collaborer avec Jean-Daniel Ruch pour relire et corriger le texte original de ses mémoires. J’ai ainsi eu le privilège de prendre connaissance en avant-première de son livre «Crimes et tremblements». En le lisant et relisant, j’ai découvert un homme qui croit au dialogue, qui sait que seule la connaissance approfondie des uns et des autres peut permettre l’approche objective des problèmes soulevés et donc à l’espoir d’une résolution de ces derniers.
Pour Jean-Daniel Ruch (JDR), il faut écouter les exigences et les attentes de tous les acteurs en présence. Comment résoudre un problème si on ne connait pas les données? dit-on en algèbre. Si nous n’étudions pas ce qui s’est passé hier, nous ne pouvons pas comprendre ce qui arrive aujourd’hui, et encore moins prévoir ce qui pourrait arriver demain.
JDR nous emmène en voyage dans un passé récent et nous parle de ce présent que certains refusent de comprendre, bloqués dans des narratifs immobiles et partiaux, alors que le monde change au jour le jour, chaque nouvel évènement géopolitique entrainant des conséquences souvent imprévisibles. Il nous emmène principalement dans les Balkans et au Proche-Orient. Il nous dévoile des larges pans de son parcours diplomatique, riche en rencontres, agréables ou non. Avec lui, au fil des pages, nous allons ressentir de l’espoir, du dégoût, de la tristesse et de la joie. Les sujets abordés sont toujours sérieux, mais certaines anecdotes nous font sourire, parfois carrément rire (Couchepin au Liban, c’est vraiment une perle!).
JDR est un homme qui ne craint pas de dire ce qu’il pense, au risque de faire des vagues. C’est probablement pour cela que l’on a voulu l’écarter d’un poste où il aurait pu prendre des positions qui dérangent, nous dit-il en parlant brièvement du désagréable épisode qu’il a vécu à l’automne 2023. C’est bien dommage. En ces temps belliqueux, un pacifiste convaincu aurait pu nous aider à y voir plus clair. J’ai eu le plaisir d’entendre des petites histoires dont il ne parle pas dans son livre, mais qu’il m’a racontées lors de nos conversations privées après nos séances de travail. Il m’a parlé d’artistes et d’intellectuels, mais aussi de gens simples, des gens comme tout le monde, des gens qui veulent juste vivre dans un monde libre et juste, profiter de sa beauté, des amitiés et des amours, de ce qui fait que la vie vaut d’être vécue. N’est-ce pas cela qui fait de nous des êtres humains?
Avec la publication en Suisse romande de ses mémoires mi-mai dernier, JDR est sorti de son long silence. Tout à coup, nous avons pu le voir et l’entendre au 19:30 de la RTS, mais aussi interviewé par des TV locales, dans les journaux, à la radio, etc. Des titres comme «Le paria de la diplomatie suisse s’explique sans tabou» (Tribune de Genève, 25.05.24) m’ont fait sourire. Je vois cela comme une réhabilitation, voilà que l’on lui demande son avis sur l’actualité, on le cite comme expert…
Et puis la semaine dernière, ce fut au tour de la Suisse alémanique de l’accueillir. La Weltwoche, qui publie la version en allemand des mémoires sous le titre Frieden und Gerechtigheit (littéralement: «Paix et justice»), a organisé un «vernissage» pour l’occasion. Roger Köppel, le rédacteur en chef dudit hebdomadaire, va d’abord laisser JDR présenter son livre en lui posant quelques questions. Ensuite, l’évènement se poursuit par un débat avec le conseiller national UDC Alfred Heer, celui-là même qui, début octobre 2023 a déclenché la polémique sur la nomination de JDR au poste de secrétaire d’Etat à la Politique de sécurité, auquel ce dernier a fini par renoncer.
Je ne vais pas vous faire un compte rendu du sujet, je trouve plus intéressant de poser quelques questions à notre ex-diplomate prévôtois:
Avant de vous laisser présenter votre livre, Roger Köppel nous apprend que c’est vous-même qui avez demandé de ne pas juste parler de votre livre et en lire quelques passages, comme c’est généralement la coutume dans ce genre d’évènement. Vous avez proposé d’inviter Alfred Heer, qui a accepté spontanément. Pourquoi ce choix?
«Parce que pour dépasser la polarisation dangereuse qui domine dans la sphère publique en Suisse et en Europe, il faut confronter les points de vue opposés. Ainsi on montre que le dialogue est possible et on offre le choix à ceux qui veulent bien écouter. Je ne partage presque aucune des convictions d’Alfred Heer, mais j’estime que ce débat a été utile de ce point de vue.»
A quoi vous attendiez-vous en vous rendant à cette soirée?
«A un match de catch. En fait, ce fut très civilisé.»
Dès que Alfred Heer vous a rejoint sur le devant de la scène, il a été très peu question de votre livre. Vous avez surtout abordé la géopolitique: conflit Hamas-Israël, conflit Russie-Ukraine, rôle de la Suisse et sa neutralité… Avez-vous apprécié que ces sujets soient longuement évoqués et que vous puissiez expliquer vos positions sur ces questions?
«Ces sujets sont d’une telle complexité que le temps est toujours trop court pour ne traiter même que les questions essentielles. J’aimerais plus d’occasions similaires de débattre avec des personnalités qui ont des vues complètement différentes.»
Je reviens au début de l’évènement. Vous dites être surpris du grand intérêt que suscite votre livre. Vous évoquez le besoin des gens de mieux connaitre les origines des conflits. Pensez-vous que votre livre peut faire évoluer les mentalités bloquées sur la classification des parties aux conflits en bons et méchants?
«Il faut rester modeste: un livre en Suisse ne se vend jamais à plus de quelques maigres milliers d’exemplaires. Mais mon message numéro un, c’est bien celui-là: on ne règle rien en divisant le monde entre bien et mal. Chaque acteur a des préoccupations légitimes, même si ses actions ne le sont pas.»
Pardonnez mon manque de modestie, mais c’est parce que vous avez été épaté par mon travail sur votre texte en français que vous m’avez proposé une collaboration pour la publication de versions en anglais et en italien de vos mémoires. Elles sont désormais disponibles, tant en format électronique, qu’en livre papier. Qu’est-ce que ça fait de voir son livre publié en quatre langues en l’espace de quelques semaines?
«De l’angoisse, parce que soudain je réalise ce que ça signifie d’avoir ses convictions mises à nu, surtout quand elles ne suivent pas le discours dominant. Publier, ça veut dire afficher sa vulnérabilité.»
Avant de se rendre à la soirée du vernissage, JDR a enregistré une interview pour la TV locale, Telezüri, diffusée le jour-même à 18h30. Pour une fois, c’est une femme qui se charge de l'entretien. Mais en zurichois! Admirable, JDR semble tout aussi à l’aise que face à un Philippe Revaz ou Duja (dans son émission la Chose publique sur Couleur3 du 3 au 7 juin dernier) qui partagent sa langue maternelle.
Pas de grande surprise, il est question des points culminants de son livre. Une chose bien plus intéressante à retenir sur la fin de l’entretien, tombe la question sur les projets de JDR: «peut-être un roman», répond-il. On ne peut que se réjouir d'en lire plus de sa plume!
Les mémoires de Jean-Daniel Ruch:
«Crimes et tremblements»
«Frieden und Gerechtigkeit»
«Crimini e tremiti»
«Crimes, hate, tremors»
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Il m’a parlé d’artistes et d’intellectuels, mais aussi de gens simples, des gens comme tout le monde, des gens qui veulent juste vivre dans un monde libre et juste, profiter de sa beauté, des amitiés et des amours, de ce qui fait que la vie vaut d’être vécue. N’est-ce pas cela qui fait de nous des êtres humains?</p> <p>Avec la publication en Suisse romande de ses mémoires mi-mai dernier, JDR est sorti de son long silence. Tout à coup, nous avons pu le voir et l’entendre au <a href="https://www.rts.ch/info/suisse/2024/article/jean-daniel-ruch-des-gens-puissants-ne-voulaient-pas-de-moi-au-poste-de-secretaire-d-etat-28513367.html">19:30</a> de la RTS, mais aussi interviewé par des TV locales, dans les journaux, à la radio, etc. Des titres comme <i>«Le paria de la diplomatie suisse s’explique sans tabou»</i> (<a href="https://www.tdg.ch/le-paria-de-la-diplomatie-suisse-sexplique-sans-tabou-318457063697"><em>Tribune de Genève</em>, 25.05.24</a>) m’ont fait sourire. 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On ne peut que se réjouir d'en lire plus de sa plume!</p> <hr /> <h4>Les mémoires de Jean-Daniel Ruch:</h4> <h4>«<a href="https://www.editionsfavre.com/livres/crimes-et-tremblements/">Crimes et tremblements</a>»</h4> <h4>«<a href="https://weltwoche.ch/frieden/">Frieden und Gerechtigkeit</a>»</h4> <h4>«<a href="https://www.amazon.it/dp/B0D77SP9WL">Crimini e tremiti</a>»</h4> <h4>«<a href="https://www.amazon.com/dp/B0D6Z4QB16">Crimes, hate, tremors</a>»</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'le-diplomate-dans-la-fosse-aux-lions', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 136, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 4921, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5172, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Affaire des viols de Mazan: le coup de gueule salutaire de Philippe Battaglia', 'subtitle' => 'Nous avons été nombreuses à nous indigner en apprenant les ignobles mésaventures de Madame Gisèle Pélicot, victime de son mari déviant pendant de longues années. 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J’ai pris la liberté de remplacer, afin de ne pas heurter certaines sensibilités, le terme en trois mots désignant un certain orifice de notre corps, qui apparait vingt-six fois, par l’acronyme TDC. Je pense que tout le monde comprendra malgré ce petit arrangement politiquement correct.</p> <p>Je remercie l’auteur de me permettre de partager son coup de gueule avec les lecteurs de <em>Bon Pour La Tête</em>. Le voici:</p> <p><strong><em>(Vous pouvez également écouter le papier sur <a href="https://www.instagram.com/reel/DAHEIS9sNyG/?igsh=MXExZnR6OWp5dWpxNQ==" target="_blank" rel="noopener">Instagram</a>)</em></strong></p> <p>«Aujourd’hui, je vais vous parler de l’affaire Mazan.</p> <p>Un énorme procès s’est ouvert en France sur ce dossier dont vous avez certainement entendu parler, à moins d’avoir, peut-être, regardé ailleurs comme certains semblent l’avoir fait durant les neuf années qu’a duré le calvaire.</p> <p>L’affaire Mazan, c’est l’histoire d’une femme, Gisèle Pélicot, mariée à un TDC du nom de Dominique, lequel a recruté sur Internet d’autres TDC pour violer sa femme alors qu’elle était droguée et inconsciente. Vous avez peut-être remarqué que j’ai remplacé le mot <b>homme</b> par les mots <b>TDC</b>. Si j’ai fait ça, ce n’est pas pour protéger les hommes, c’est parce qu’à ce stade, j’ai franchement l’impression que ce sont deux synonymes.</p> <p>J’ai mis longtemps à me décider de parler de cette affaire, parce que je voulais faire mon introspection. Je voulais être sûr que je n’en parlais pas pour me donner bonne conscience ou, pire, pour les clics. Et puis je me suis rendu compte qu’en fait, ma peur, ce n’était pas de le faire pour de mauvaises raisons. C’était qu’on m’accuse de le faire pour de mauvaises raisons. Des accusations qui, finalement, viendraient surtout de la part de TDC.</p> <p>Tout ça a commencé quand le TDC s’est fait arrêter dans un supermarché parce qu’il filmait sous les jupes des clientes. Déjà tu sens des failles dans le génie criminel. Le TDC a organisé des viols en réunion pendant neuf ans, mais il se fait gauler pour ses tendances au voyeurisme, qui, rappelons-le, constitue déjà une agression sexuelle. C’est un peu Al Capone qui se fait coffrer pour fraude fiscale.</p> <p>Partant de là, les policiers ont eu un mandat pour fouiller son matériel informatique et ils découvrent des dizaines, des centaines de vidéos. Et au milieu, un dossier intitulé <b>ABUS</b>. En termes de confession, ça se pose là. Quand tu as filmé ta femme subir des viols que tu as toi-même organisés et que tu ranges toutes les preuves dans un dossier intitulé <b>ABUS</b>, on peut sauter l’étape où tu signes tes aveux.</p> <p>Et dans ce dossier <b>ABUS</b>, le TDC a sauvegardé toutes les vidéos, mais aussi des petites fiches sur chacun des autres TDC qu’il a recrutés. Un peu comme un grand Pokédex de TDC et là aussi, comme dans l’animé, j’espère qu’ils réussiront à tous les attraper.</p> <p>L’un des trucs les plus horribles de cette histoire est évidemment l’ignorance de Gisèle Pélicot. Le fait d’avoir découvert ça sur des vidéos, lorsque la police l’en a informée. Neuf ans de sa vie réduits à néant. Neuf années à aimer son TDC de mari, à lui faire confiance. Pendant tout ce temps, elle s’était plainte à son docteur de fatigue, d’absences et d’amnésie chronique, auxquelles s’ajoutent des douleurs vaginales. Je ne dis pas que le toubib est particulièrement un TDC, je dis juste que quand une patiente se plaint de ne jamais se rappeler quand elle va se coucher et qu’elle se réveille le matin avec les muqueuses irritées, y a peut-être d’autres traitements que "prendre du repos". Mec, elle vient de te dire que c’est précisément quand elle prend du repos que ça ne va pas…</p> <p>Ça m’a rappelé la fois où j’avais pris une bonne grosse cuite, du genre à vous laisser sans souvenir le lendemain. En rigolant, j’avais dit à ma femme: pas de souvenir, bon souvenir. Elle m’a répondu: c’est bien une phrase de mec, ça. Je n’avais pas bien compris, sur le moment. Cette affaire m’a fait réaliser le privilège de se réveiller amnésique et de pouvoir en rire sans craindre une éventuelle agression.</p> <p>Du côté des accusés, c’est le festival. Sur les presque nonante TDC figurant sur les vidéos, cinquante-et-un comparaissent au tribunal. Entre 26 et 73 ans, ils représentent quasiment toutes les catégories sociales, ethniques, politiques, économiques et religieuses. Si un institut de sondage vous dit qu’il a un panel représentatif aussi complet, il ment. Il n’y a que le viol pour être à ce point fédérateur.</p> <p>Et c’est peut-être ça qui dérange autant les TDC que nous sommes. Cette vérité que nous faisons semblant d’ignorer alors que les femmes nous la hurlent depuis si longtemps. Le profil du violeur n’existe pas, si ce n’est que c’est un TDC comme n’importe quel autre TDC.</p> <p>Les lignes de défense des accusés sont incroyables, certains ne se considérant tout simplement pas comme des violeurs. Les TDC, ils insèrent leur pénis dans une femme inconsciente et ça ne leur suffit toujours pas pour se considérer comme des violeurs. Va falloir agrandir l’enfer, parce qu’à mon avis, il n’y aura jamais assez de place pour tous les TDC. D’ailleurs, on leur a fait passer une expertise psy et la plupart ont été déclarés sains d’esprit. Peut-être le moment de réévaluer un peu la psychiatrie moderne, je ne sais pas, je dis ça comme ça.</p> <p>Les avocats ne sont pas en reste dans le genre TDC. Alors ok, ça ne doit pas être facile de défendre des TDC de ce genre, mais quand tu essayes de convaincre le juge qu’il y a des bons et des mauvais violeurs, je pense que tu peux enlever ta toge et aller directement prendre un siège à côté des accusés, on ne verra pas la différence.</p> <p>Et au milieu de toute cette noirceur, une étincelle de lumière, Gisèle Pélicot elle-même, brisée mais digne, qui a permis que le procès ne se cache pas derrière les lourds rideaux de la justice, mais que ses agresseurs soient bien visibles et assument leurs actes dans la lumière. Le problème de Gisèle Pélicot, finalement, c’est le même problème qu’ont toutes les femmes, celui d’être encerclées par les TDC. Des TDC qui les violent et qui les font violer, des TDC qui minimisent leurs douleurs quand elles viennent chercher de l’aide, des TDC qui répondent à une annonce qui leur propose de violer une femme, une annonce intitulée <em>A</em><i> son insu</i> et d’autres TDC qui sont témoins d’une annonce de ce type et qui n’agissent pas.</p> <p>Et quand je dis ça, je ne me mets pas sur un piédestal. Je n’aurais certainement pas répondu à l’annonce, mais de vous à moi, je ne suis pas certain que je l’aurais dénoncée. Je crois que je ne l’aurais tout simplement pas prise au sérieux. De cette indifférence qui fait de nous tous des TDC silencieux, qui refusons de croire que nos silences font autant de mal que les coups.</p> <p>Bref, une histoire qui nous rappelle une fois encore que si les monstres n’existent pas, il existe beaucoup trop de TDC capables de monstruosités.»</p> <p>Pourquoi cette histoire compte-t-elle pour moi? Parce que je l’ai vécue. Une seule fois, heureusement. Mais une seule fois suffit. J’avais seize ans quand c’est arrivé, j’étais invitée à une fête organisée par un «copain» de gymnase (collège, lycée, selon les cantons suisses dans lesquels on se trouve). J’ai certainement trop bu, mais je suis presque sûre qu’une de mes boissons a été agrémentée d’une substance particulière, parce que la Polonaise que je suis tient vraiment bien l’alcool… Et voilà que je me réveille dans le lit d’un nain acnéique, la chatte en feu. Combien sommes-nous à l’avoir vécu? Trop, à n’en pas douter...</p> <p>Pourquoi j’en parle? 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Je suis curieuse, et peut-être un peu masochiste : j’ai tout regardé, écouté, pris des notes…</p> <h3>Le Suisse de Russie</h3> <p>Le premier à discourir, durant presque une heure, fut Peter Hänseler, un citoyen suisse qui vit depuis vingt-cinq ans à Moscou et désireux de partager le grand respect que lui a toujours inspiré, dès ses six ans, la culture russe et, depuis son arrivée au pouvoir, l’admiration qu’il voue à Vladimir Poutine.</p> <p>Il commence par citer Winston Churchill, pour qui <em>« la Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme »</em> en laissant (comme le font presque toujours ceux qui se servent de ladite citation) de côté la suite, à savoir : « mais peut-être y a-t-il une clef. Cette clef est l’intérêt national russe. »</p> <p>Rappelons le contexte de ces mots, prononcés en octobre 1939, peu après l’invasion de la Pologne par l’Armée rouge qui exécutait ainsi le partage décidé par le pacte germano-soviétique du mois d’août de la même année. Le contexte, donc, c’est les débuts de la Seconde Guerre mondiale et l’opportunisme de l’URSS dirigée par Staline, ennemi, puis ami, puis à nouveau ennemi des Alliés et de l’Ouest qui naîtrait des cendres de cette innommable boucherie.</p> <p>Mais ce n’est pas de ce rappel historique que nous parle Monsieur Hänseler. Il choisit de rappeler que l’OTAN n’a pas respecté sa promesse (<em>gentlemen’s agreement</em>) de ne pas s’étendre à l’Est, et que c’est pour cela que la Russie, menacée, a dû se défendre. Je renvoie le lecteur vers <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/RICHARD/59048" target="_blank" rel="noopener">l’article du Monde diplomatique (« <em>Quand la Russie rêvait d’Europe</em><em> »</em>)</a> dont je cite le début : <em>«Ils nous ont menti à plusieurs reprises, ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont mis devant le fait accompli. 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Remko Leimbach commence par nous présenter celui qui a failli devenir Secrétaire d’État à la Défense avant de se retirer à l’automne 2023 à la suite d’une espèce de chasse aux sorcières orchestrée par la presse alémanique.</p> <p>Leimbach est très correct et n’évoque à propos de ladite chasse que le fait qu’il a été reproché à Monsieur Ruch d’avoir été en contact avec le Hamas dans le cadre de ses fonctions au Proche-Orient et, <em>«puisque qu’ici, nous estimons qu’il est important de parler avec tous»</em>, remercie l’ex-diplomate d’avoir accepté son invitation, car personne ne semblait vouloir venir contredire les sympathisants de Poutine, les fameux <em>«Putin-Versteher»</em>, plus précisément ceux qui le «comprennent».</p> <p>Monsieur Ruch attrape au vol ce terme pour son entrée en matière : il faut comprendre les acteurs, amis comme ennemis. S’il est donc un <em>«Putin-Versteher»</em>, il est également un <em>«Erdogan-Versteher»</em>, un <em>«Netanyahu-Versteher»</em>, etc. Mais comprendre quelqu’un ne veut pas dire le soutenir. <em>«Je ne soutiens personne, je suis neutre, comme la Suisse»</em>, dit-il (rires et applaudissements du public).</p> <p>Les applaudissements seront encore vifs lorsqu’il dit qu’il faut commencer par un cessez-le-feu immédiat en Ukraine. Il nous parle des victimes, des jeunes gens qui meurent des deux côtés et du fait que la guerre ne fait que créer le désir de vengeance, et ça, c’est le pire. Plus la guerre durera, plus difficile sera la réconciliation. Il évoque la tentative de médiation inaboutie au printemps 2022 et comment les Turcs lui avaient demandé de les éclairer sur le concept de la neutralité, puisque la Suisse s’y connaît.</p> <p>Mais… c’est une agression ! assène Jean-Daniel Ruch (cette fois, silence dans la salle). Une agression selon la définition de la Cour pénale internationale. Il avoue ne pas tout comprendre quant aux racines du conflit, mais il a fallu près d’un siècle pour comprendre comment on est arrivé au déclenchement de la Première Guerre mondiale, alors… ?</p> <p>Retour sur la neutralité. La Suisse veut la paix et fait des efforts en ce sens : propositions de médiations (rejetées !), bons offices : elle pourrait représenter les intérêts de l’Ukraine en Russie<strong><sup>2</sup></strong>, organisation d’une conférence de paix en Suisse (rejetée !). La Suisse ne peut malheureusement pas faire grand-chose si l’une des parties au conflit ne veut pas d’elle comme médiatrice. Malgré tout, la Suisse a préservé sa neutralité en ne favorisant aucune des parties. Elle ne livre d’armes (ce qui lui est d’ailleurs reproché) ni à l’Ukraine ni à la Russie, et cela est aussi l'une des conditions majeures de la neutralité (murmures désapprobateurs du public ; il en prend note en disant : <em>«ah, je vois que ça donne à parler, c’est une bonne chose !»</em>).</p> <p>Les efforts de la Suisse n’ont à ce jour pas été couronnés de succès et elle a dû se concentrer sur l’aide humanitaire, aussi en pensant à la reconstruction et à la stabilité de l’Ukraine dans le futur. Car à long terme, c’est la stabilité qui importe, continue-t-il.</p> <p>Un petit pays a besoin d’un fort système de droit international. La Suisse est petite, il lui est donc difficile de résister aux grandes puissances. Il lui faut donc participer au développement d’un système où la force du droit prime le droit de la force. L’État de droit est primordial.</p> <p>Les trois prix Nobel de la paix suisses ont d’ailleurs œuvré pour des textes de droit international, nous rappelle-t-il. Henri Dunant, bien sûr, pour ses Conventions de Genève, mais aussi Élie Ducommun et Albert Gobat, <em>«quelqu’un de la famille»</em> (petit rire du public face à la fierté affichée par Monsieur Ruch), pour leur Convention pour le règlement pacifique des différends. Triste constat : les grandes puissances préfèrent quand même le droit de la force à la force du droit.</p> <p>Jean-Daniel Ruch parle ensuite des sanctions européennes contre la Russie, reprises par la Suisse, ce qui entacherait sa neutralité déclarée. Mais nous sommes face à de graves violations du droit international, pouvions-nous les laisser impunies ? demande-t-il. C’est la question qu’a dû se poser le Conseil fédéral. Ce n’était pas une décision facile à prendre, et on peut la critiquer, mais les faits sont là !</p> <p>Suivent quelques mots sur la Russie : elle demeure un pays très important dans le monde et dans le voisinage de la Suisse. La Russie occupe 11% du territoire mondial, elle a des ressources naturelles énormes, c’est une force nucléaire et elle est le trait d’union entre l’Europe et l’Asie. La Suisse a aussi bénéficié de la Russie, par exemple avec l'homme d'Etat grec Capodistrias<strong><sup>3</sup></strong>, la figure étrangère la plus importante selon lui : il a voyagé à travers la Suisse, a examiné son système interne et s’est appliqué à en développer la neutralité.</p> <p>Alors oui, la Russie compte et doit compter, mais c’est aussi un pays qui se démarque des valeurs européennes. Pour preuve, les votations. Poutine ne voulait plus d’observateurs internationaux de l’OSCE lors des dernières élections… <em>«Navalny, c’est encore une autre histoire, mais quand quelqu’un meurt en prison, ce n’est jamais un bon signe»</em> (Public : silence). Il achève son intervention, qui aura duré à peine plus d’une demi-heure, par un proverbe africain. Mais j’y reviendrai…</p> <h3><strong>Le diplomate</strong></h3> <p>Le troisième épisode est bien plus long, de nouveau presque une heure, et franchement le plus ennuyeux. C’est l’ambassadeur russe, Sergeï Garmonin, qui va parler, ou plutôt lire son texte, rédigé en allemand, après s’être excusé pour son manque de maîtrise de cette langue. Il est le seul à porter une cravate sur le podium ce soir-là. Il lèvera rarement les yeux de son papier et restera derrière sa «cathèdre». Son discours est sans surprise. Il sera pourtant souvent applaudi, c’est la star de la soirée.</p> <p>Il nous fait un petit rappel historique de la neutralité implantée en Suisse par le Congrès de Vienne en 1815, et parle de l’implication dans ce processus du tsar Alexandre I<sup>er</sup>. Son discours est ponctué de nombreux <em>«ich zitiere»</em> (je cite), suivis de longues citations soporifiques.</p> <p>Il parle des grandes interventions de la Russie dans le développement du droit international. C’est étrange, j’ai suivi pendant une année, dans le cadre de mes études de traductrice (juridique), un cours sur le droit international public et je ne me souviens pas de cette prédominance russe…</p> <p>Est-ce mon sang polonais ? Je ne l’ai écouté que d’une oreille et je m’en excuse. Mais quand j’ai entendu les mots <em>«système nazi de l’Ukraine»</em>, ça m’a suffi et j’ai préféré passer au débat de fin de soirée. Et puis je me suis dit que ce n’était pas honnête et j’ai repris l’intervention de Monsieur Garmonin là où je l’avais laissée, pour l’entendre énumérer les crimes commis par les nationalistes ukrainiens contre les Juifs, les Russes et les Polonais à la faveur de l’arrivée des armées allemandes, accueillies en libérateurs de l’occupant soviétique.</p> <p>Ah, cette difficile et complexe relation à trois entre Pologne, Ukraine et Russie… Il m’est pourtant bien plus facile de pardonner aux nationalistes ukrainiens de Stepan Bandera d’avoir massacré entre 60 000 et 100 000 Polonais, hommes, femmes et enfants, en 1943, que de pardonner à l’Armée rouge de Staline le massacre d’environ 21 000 officiers polonais en 1940, à Katyń et ailleurs, ou de s’être arrêtée, dans sa grande marche libératrice vers Berlin, aux portes de Varsovie en août 1944, pendant sa grande Insurrection, laissant ainsi se faire massacrer plus de 18 000 combattants (très jeunes pour la plupart, dès 12 ans) et entre 160 000 et 250 000 civils ! L’intervention de l’Armée rouge aurait pourtant pu éviter une grande part de ces morts et Varsovie ne détiendrait peut-être pas le record de la ville la plus détruite de la Seconde Guerre mondiale. Les nationalistes ukrainiens, eux, au moins, même s’ils ne s’attaquaient pas aux responsables des malheurs du passé, avaient l’excuse d’avoir été exploités par la noblesse polonaise pendant des siècles ! Et pas non plus très bien traités dans l’entre-deux-guerres, étant pour le gouvernement polonais des citoyens de second ordre. Pardon pour la longue digression, mais elle venait du cœur. Contrairement à Monsieur Ruch, je ne suis pas neutre : bien que naturalisée suisse, je n’ai pas été «neutralisée».</p> <p>Je reviens à Monsieur Garmonin, qui, bien sûr, reprend le terme «opération militaire spéciale» pour parler de l’action menée pour la défense des russophones du Donbass, se référant pour cela à l’art. 51 de la Charte de l’ONU qui parle du droit individuel à la défense. Tandis que la propagande occidentale parle d’agression…</p> <p>J’ai continué à regarder, mais je ne pouvais plus écouter cet homme, je n’entendais que les nombreux applaudissements du public. Écœurant. Total manque d’objectivité de ma part, je l’avoue, mais il m’est juste impossible d’oublier, bien plus que mes lectures historiques, toutes les histoires entendues dans ma famille quand j’étais enfant en Pologne, que ce soit au sujet de la Seconde Guerre mondiale ou de l’occupation soviétique qui a suivi.</p> <p>J’ai quand même un peu rigolé quand l’ambassadeur russe a évoqué le scénario fantaisiste d’une rébellion tessinoise qui imposerait l’usage unique de l’Italien à tout le territoire suisse. OK pour moi, j’adore l’italien et le parle très bien !</p> <h3><strong>Le débat</strong></h3> <p>Le dernier épisode réunit les trois intervenants et Remko Leimbach pour répondre aux questions que le public a pu glisser dans une urne au cours de la soirée. Pour simplifier, je vais utiliser ici des acronymes à la place des noms : nous avons donc le Suisse de Russie, PH, notre ex-diplomate prévôtois, JDR, et l’ambassadeur russe, SG.</p> <p>La première question abordée est celle des élections russes et la victoire sans surprise de Poutine, en l’absence de véritables opposants. Mais quelle magnifique victoire ! En Russie, 87% des votants ont voté pour Poutine. Les Russes résidant en Suisse ne lui ont pourtant donné que 45% (au début, il était question de 15% de soutien, puis de 40% et ce sont ces chiffres qui ont été mentionnés lors du débat) de leurs voix.</p> <p>Commentaire de SG : en Corée du Nord, il a été soutenu à 90% ! Ah oui, en Corée du Nord, voilà, voilà…</p> <p>Intervention de PH : le soutien à Poutine est d’environ 80% parmi les Russes de sa connaissance, et cela n’a pas changé depuis deux décennies. Malgré la russophobie qui s’est développée depuis ces dix dernières années en Occident. En fait, cela a même renforcé le soutien à Poutine en Russie. Et puis il faut savoir que les Russes ne sont pas comme nous, ils ne s’intéressent pas aux détails, ils voient que ça marche, alors pourquoi changer de chef d’État ? Oui, la Russie doit être autoritaire pour fonctionner. (Applaudissements du public)</p> <p>Remarque de JDR à propos de cet indispensable autoritarisme en Russie : « J’ai une pensée pour Anna Politovskaia, Boris Nemtsov et Alexeï Navalny. » (Huées du public)</p> <p>Question à JDR : la Suisse est neutre, elle ne fait donc pas de livraison d’armes, mais elle a repris les sanctions européennes contre la Russie et elle a donné des milliards d’aide humanitaire pour l’Ukraine. Comment le gouvernement suisse peut-il espérer que la Russie voit la Suisse comme un pays neutre dans ces conditions ?</p> <p>JDR : en 2014, la Suisse n’a pas sanctionné la Russie, mais elle a pris des mesures afin que les sanctions de l’UE ne puissent pas être contournées. En 2022, la situation était différente. Notre population et notre parlement ont été très touchés émotionnellement par les évènements en Ukraine. Le parlement l’a senti (rires du public). JDR réagit : je sais que ce n’est pas le bon public pour le dire, mais c’est malgré tout un fait établi.</p> <p>Deuxièmement, quand on doit prendre une telle décision au sommet de l’État, il faut faire une pesée d’intérêts : et clairement, 80% de notre commerce se fait avec l’UE et les USA, nos intérêts économiques sont évidemment en Occident. Il y a bien sûr les valeurs et les principes, mais il faut peser aussi les sentiments de la population et les intérêts du pays, sans oublier le droit international.</p> <p>Je vais arrêter là mon compte-rendu de cette soirée. Bien sûr, je vous ai relaté dans ces lignes ce qui m’a le plus interpellée dans cet évènement et j’exprime ici mon opinion personnelle. Pour une vue plus objective, faites comme moi et, si vous en avez le courage, regardez les vidéos. Je finirais par quelques mots sur la presse alémanique.</p> <h3><strong>Les réactions de la presse alémanique</strong></h3> <p>Lorsque cet évènement a été annoncé, un article de la <a href="https://www.nzz.ch/schweiz/jean-daniel-ruch-sollte-die-nummer-zwei-viola-amherds-vbs-werden-nun-tritt-er-mit-putin-verstehern-auf-ld.1777432">NZZ</a>, paru le 5 février 2024, disait que JDR <em>«se présentait maintenant avec des gens qui comprennent Poutine»</em>, les fameux <em>«Putin-Versteher»</em> lors d’une manifestation autoproclamée «<em>anti-mainstream»</em>. Le lendemain de cette soirée, j’ai fait une recherche et j’ai trouvé <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/jean-daniel-ruch-gefallener-hoffnungstraeger-wehrt-sich-gegen-putin-fans-527819774036" target="_blank" rel="noopener">un article</a> intitulé : <em>«Angriffiger Auftritt - Gefallener Hoffnungsträger wehrt sich gegen Putin-Fans»</em> - en français : <em>«Une attaque en règle, un espoir déçu se défend contre les fans de</em> Poutine<strong><sup>4</sup></strong>». Bon, au moins, Jean-Daniel Ruch a changé de statut et nous avons appris qu’il n’est pas un fan de Poutine… Il n’y a pas grand-chose à dire sur le corps de l’article, sauf peut-être que lors d’une <em>«standing-ovation»</em> pour l’ambassadeur russe, Monsieur Ruch est le seul à être resté assis, apprenons-nous.</p> <p>Mais c’est sans compter sur le Blick, grand journal de haut vol, n’est-ce pas ? Sous le titre <a href="https://www.blick.ch/schweiz/ein-abend-bei-den-putin-verstehern-in-kloten-zh-russen-botschafter-kritisiert-bundesrat-neutralitaet-ist-wie-eine-schwangerschaft-id19567654.html"><em>«Moutier n’est pas Moscou»</em></a> (en effet, JDR a évoqué durant le débat, en parlant d’autodétermination, la difficile question jurassienne et comment il a fallu discuter très longtemps pour arriver à s’entendre, voter et revoter, négocier et tout et tout), <a href="https://www.blick.ch/schweiz/ein-abend-bei-den-putin-verstehern-in-kloten-zh-russen-botschafter-kritisiert-bundesrat-neutralitaet-ist-wie-eine-schwangerschaft-id19567654.html" target="_blank" rel="noopener">l’article</a> commence par parler de… sexe ? <em>«On ne pouvait pas se passer de sexe»</em>, lis-je. Pardon ? Je lis les lignes suivantes et apprends que le chiffon fait référence au proverbe africain que cite JDR à la fin de son intervention : <em>«Quand deux éléphants se battent, l’herbe en pâtit. Quand deux éléphants font l’amour, l’herbe en pâtit tout autant.»</em> C’est tout ce que le Blick a retenu des propos de Jean-Daniel Ruch? Lamentable…</p> <p>Le Blick s’arrête aussi sur l’apparence de JDR : <em>«Ruch est détendu sur scène, la chemise déboutonnée, et parle librement, sans notes…»</em> C’est plutôt flatteur de savoir parler sans notes ! Il en avait pourtant, mais n’y jetait que rarement un œil, déambulant tranquillement sur le podium, n’approchant que rarement de la cathèdre. Et son look ? J’ai observé les quatre hommes de la soirée. J’ai déjà signalé que seul l’ambassadeur russe portait une cravate. Outre la cravate bordeaux, son costume est d’un très triste brun foncé. L’hôte, Remko Leimbach, porte une chemise noire, deux boutons ouverts, et un pantalon beige. Jean-Daniel Ruch et Peter Hänseler sont en costume, veste et pantalons assortis, couleur anthracite, à fines rayures blanches pour JDR, uni pour PH, chemise blanche dans les deux cas et… deux boutons non-boutonnés… Scandaleux, en effet.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Debout la Suisse, formé au printemps 2020 pour s’opposer aux mesures anti-Covid, considéré comme un groupement d’antivax et complotistes, <a href="https://www.watson.ch/fr/international/antivax/368404046-guerre-en-ukraine-pourquoi-les-antivax-sont-devenus-pro-poutine">désormais reconvertis en «pro-Poutine»</a></h4> <h4><sup>2</sup>Les bons offices de la Suisse peuvent aussi prendre la forme d’un mandat de puissance protectrice en cas de conflit entre deux pays. La Suisse agit alors comme un intermédiaire en représentant les intérêts diplomatiques d’un État dans un autre État avec lequel le premier est en conflit, permettant ainsi aux deux parties de maintenir des relations minimales. La Suisse assume actuellement sept mandats de ce type: pour l’Iran en Égypte et au Canada, les États-Unis en Iran, l’Iran en Arabie saoudite (et inversement), la Russie en Géorgie (et inversement). (source : www.eda.admin.ch)</h4> <h4><sup>3</sup>Jean (Ioannis) compte de Capodistrias, issu d’une ancienne famille de Corfou, participe au gouvernement des îles Ioniennes devenues un État vassal de la Turquie sous la protection russe. Admirateur de la Russie, il entre à son service en 1809 et gagne la confiance du tsar Alexandre I<sup>er</sup>. Il sera ministre des affaires étrangères de la Russie de 1816 à 1822. Membre de la délégation russe au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Congr%C3%A8s_de_Vienne">congrès de Vienne</a>, il n'a de cesse de garantir l'unité, l'indépendance et la neutralité de la Suisse dont il a contribué à rédiger la Constitution.</h4> <h4><sup>4</sup>Cet article a été repris, tel quel, par un bonne douzaine de portails suisses alémaniques.</h4> <h4>Pour les personnes intéressées par les relations difficiles entre Pologne, Ukraine et Russie, je recommande vivement le livre de : Korine AMACHER, Éric AUNOBLE et Andrii PORTNOV, éds., <em>Histoire partagée, mémoires divisées. Ukraine, Russie, Pologne</em><em>, </em>Éditions Antipodes, Lausanne, 2021.<br /><br /><a href="https://www.youtube.com/watch?v=IREmGrrJlLU" target="_blank" rel="noopener">Lien de la soirée sur Youtube</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-elephant-ca-trompe-enormement-la-russie-la-suisse-et-la-neutralite', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 742, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 13, 'person_id' => (int) 4921, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4787, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cachez cette guerre que je ne saurais voir', 'subtitle' => 'N’est-ce pas ce qui arrive toujours? Au début de la guerre, nous sommes choqués, pleins de compassion, nous lisons, écoutons ou regardons les nouvelles qui viennent du front. Nous voulons savoir comment ça se passe. Mais après un certain temps, pff, y en a marre. Rien ne change, offensives, contre offensives, ça ne sert à rien de continuer à lire, écouter, regarder les nouvelles. Après deux ans, nous sommes fatigués. ', 'subtitle_edition' => 'N’est-ce pas ce qui arrive toujours? Au début de la guerre, nous sommes choqués, pleins de compassion, nous lisons, écoutons ou regardons les nouvelles qui viennent du front. Nous voulons savoir comment ça se passe. Mais après un certain temps, pff, y en a marre. Rien ne change, offensives, contre offensives, ça ne sert à rien de continuer à lire, écouter, regarder les nouvelles. Après deux ans, nous sommes fatigués. 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Je dois avouer que les Ukrainiens aussi sont fatigués de la guerre<strong><sup>1</sup></strong>.»</i></p> <p>Deux ans? Les Ukrainiens nous le rappellent régulièrement, pour eux, la guerre a commencé en 2014. Pour eux, cela fait désormais dix ans que Poutine les a envahis. Généralement, pas besoin de le rappeler aux Polonais. Nos réfugiés d’Ukraine ont commencé à arriver dès 2014, justement. Avant le début de «l’invasion à grande échelle», ils étaient déjà un million à s’être installés, en toute légalité, en Pologne: des hommes jeunes pour la plupart, travailleurs et capables de s’intégrer rapidement.</p> <p>Pendant mes longs séjours à Varsovie en 2018 et 2019, j’ai pu le constater à tout moment: mon charmant coiffeur? Ukrainien. Les serveuses et serveurs souriants et efficaces? Ukrainiens (je ne veux pas dénigrer mes compatriotes, mais il faut bien l’admettre, dans ces métiers-là, les Polonais ont tendance à oublier de sourire). Ils sont présents dans tous les domaines et très précieux pour l’économie polonaise. Nombreux sont ceux qui ont créé des entreprises. Ils sont donc généralement appréciés, malgré les conflits historiques entre nos deux pays.</p> <p>(Précisons quand même que, si le gouvernement polonais accueille à bras ouverts «nos frères» ukrainiens, ce n’est pas le cas pour les réfugiés syriens et autres orientaux, <i>«porteurs de maladies et qui violeront nos femmes»</i>, dixit le PiS, et donc condamnés à mourir de froid dans les forêts du Nord-Est où ils sont amenés à la frontière polono-biélorusse par Loukachenko, qui leur promettait ainsi une entrée vers l’UE. Je me demande si le changement de gouvernement et le retour aux affaires de Donald Tusk y changera quelque chose.)</p> <p>Et puis il y a eu le déferlement de fin février 2022, cette fois principalement des femmes et des enfants. Et le départ d’hommes valides mobilisés ou volontaires pour défendre leur patrie. Les chiffres changent au jour le jour, je renonce donc à en donner, mais la Pologne étant le pays européen à avoir accueilli le plus de réfugiés ukrainiens, on peut comprendre que certains soient fatigués d’en parler et d’en entendre parler, jour après jour.</p> <h3>Gaza, depuis toujours</h3> <p>Après le 7 octobre 2023, il a été plus facile d’oublier un peu l’Ukraine. L’attaque du Hamas contre Israël, et plus encore la riposte disproportionnée et destructrice dans la bande de Gaza en a détourné les projecteurs, au grand dam de Monsieur Zelensky.</p> <p>Voilà une guerre qui est vraiment fatigante. Et que l’on aime bien oublier. Le conflit israélo-palestinien est si ancien que l’on ne sait plus trop s’il a commencé en 1948 ou déjà avec les accords Sykes-Picot de 1916. A vrai dire, peu importe. Ce qui est clair, c’est que la paix dans ce petit bout de monde est aux abonnés absents. Je ne m’étendrai pas sur le sujet, il y a bien assez de spécialistes qui l’ont fait et couvert d’encre des mégatonnes de papier.</p> <p>J’aimerais juste dire que cette guerre-là, j’en entends parler depuis mon arrivée en Suisse, petite fille, en 1984. Ma mère a toujours aimé regarder les journaux télévisés, dès que nous sommes «passées à l’Ouest», comme on disait, probablement en réaction à la censure communiste qu’elle avait connue en Pologne depuis son enfance; peut-être un peu aussi parce que son père, journaliste, arrivait à peine à survivre de son travail après qu’il eut abandonné ses illusions de la reconstruction communiste de la Pologne d’après-guerre.</p> <p>Alors, dans ces téléjournaux que ma grande sœur et moi regardions avec elle, même si je ne comprenais pas toujours tout, il y avait des termes qui résonnaient dans ma tête. Un jour, je devais avoir dix ans, j’ai demandé à ma mère: <i>«mais Gaza, c’est un gentil ou un méchant? On parle si souvent de lui et de sa bande!»</i> Elle a ri, bien sûr, mais ce jour-là j’ai appris que Gaza était un lieu géographique, que c’était <i>«très, très compliqué»</i> et qu’<i>«il n’y a pas vraiment de gentils ou de méchants dans cette guerre»</i>. Oh oui! C’était compliqué et cela l’est toujours, et pour avoir lu un peu de ces mégatonnes de papier, je sais que ça le restera. Alors, parfois, moi aussi, je préfère oublier, même si régulièrement les projecteurs sont si aveuglants qu’il est presque impossible de voir autre chose.</p> <h3>Les guerres oubliées</h3> <p>Ce qui me désole aussi, c’est la hiérarchisation des conflits. Certains ont la priorité, d’autres sont presque invisibles.</p> <p>Nombreux furent les Occidentaux choqués début mars 2022, lors du vote de l’Assemblée de l’ONU sur la résolution qui <i>«exige[ait] que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine»</i>, de l’abstention de trente-cinq pays, essentiellement africains et asiatiques. Quelques jours plus tard, je lisais je ne sais plus où l’opinion d’un intellectuel ouest-africain dont je n’ai pas non plus retenu le nom, mais qui disait, en substance, qu’il ne faut pas s’étonner du désintérêt des Africains pour une guerre lointaine alors qu’il y a tant de conflits en cours sur leur immense continent!</p> <p>Rien d’étonnant, en effet. Des guerres, civiles pour la plupart, ou du moins des conflits, des combats, peu importe le mot qu’il faille choisir selon le cas d’espèce, il y en a à tire-larigot: Soudan, Ethiopie, plusieurs pays du Sahel et d’Afrique centrale, Yémen, Myanmar, et je ne parle même pas de la plaie béante en Syrie… Mais ce ne sont pas vraiment nos guerres à nous, l’Occident, alors on n’en parle pratiquement jamais. Pour qui veut se renseigner sur le sujet, il y a des ressources, mais la majorité d’entre nous ignore totalement les souffrances que continuent d’endurer des populations qui se comptent souvent en millions. Nos médias en parlent pendant quelques semaines, parfois quelques mois, et puis après, ça suffit, on oublie.</p> <p>Cet intellectuel disait aussi que l’argument contre la Russie et ses visées «colonialistes» en Ukraine ne tient pas la route en Afrique. En effet, nombre de conflits africains sont le résultat des politiques de partage entre colonisateurs qui avaient tracés au XIXème siècle, munis de règles et d’équerres, des frontières totalement artificielles sans tenir aucun compte des réalités du terrain.</p> <p>Et puisque nous parlons de colonisateurs… Ce mot désigne principalement des pays comme la France, la Belgique et le Royaume-Uni, plus quelques autres pays européens. Il ne viendrait à l’idée de personne de penser à la Pologne comme pays colonisateur. C’est pourtant bien le cas. Oh, personne n’a navigué sur les océans pour cela! Pas besoin d’aller en Afrique, en Asie ou aux Amériques! Le Royaume de Pologne se trouvait à deux pas d’une terre fertile et généreuse, peuplée de paysans pauvres et faciles à soumettre… Il suffisait d’aller un peu vers l’Est. Vous avez deviné? Oui, c’est bien de l’Ukraine qu’il s’agit.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709154980_capturedcran2024022822.15.15.png" class="img-responsive img-fluid center " width="624" height="487" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>La République du Royaume de Pologne et du Grand-Duché de Lituanie en 1569. Source: Wikipédia</em></h4> <p>L’Ukraine a fait partie du Royaume de Pologne pendant des siècles. Elle était déjà à l’époque un très appréciable grenier à blé, la noblesse polonaise exploitant joyeusement les paysans ukrainiens, écrasant les révoltes paysannes et cosaques «par le fer et par le feu», comme l’a si bien raconté Henryk Sienkiewicz<sup><strong>2</strong></sup>. Les nobles polonais ont pu continuer à y vivre très confortablement même après la disparition de la Pologne des cartes européennes après le dernier partage, en 1795. Je viens moi-même, du côté de ma mère, de cette noblesse. Cette partie de ma famille a pu s’y maintenir jusqu’en 1917. Ensuite, il a fallu déguerpir avant l’arrivée de l’armée rouge et rentrer à Varsovie, trois cuillères d’argent dans la poche, en laissant tout le reste derrière. Après la chute du communisme en Pologne en 1989, puis la dissolution de l’URSS deux ans plus tard, certains héritiers de ces familles, nostalgiques d’un passé grandiose, ont essayé de retrouver leurs possessions d’antan, en vain. Je suis heureuse de savoir que la mienne n’a pas eu ce genre de prétention ridicule.</p> <p>Cette petite leçon d’histoire avait pour but d’expliquer pourquoi il y a des peuples qui ne peuvent pas renoncer. En l’occurrence, les Ukrainiens à leur Ukraine. La Pologne a toujours eu deux prédateurs naturels: l’Allemagne et la Russie. Pour l’Ukraine, ce furent la Pologne et la Russie. D’ailleurs, tant en russe qu’en polonais, le nom de ce pays veut dire «aux confins de»: aux confins sud-est de la Pologne; aux confins sud-ouest de la Russie. C’est aussi une histoire compliquée. Que les Polonais préfèrent oublier.</p> <p>Mais une chose est sûre: la Pologne n’a pas le choix et soutiendra toujours l’Ukraine contre la Russie. Car si l’Allemagne n’est plus une menace pour la Pologne, ni la Pologne une menace pour l’Ukraine, ces deux pays sont toujours habités par la crainte ancestrale de leur grand et avide voisin de l’Est.</p> <p>Je terminerai ces lignes par une citation de Jean Arp, un peintre, sculpteur et poète alsacien (1886-1966), qui donne cette définition du mot «guerre»:</p> <p><i>L’homme mesure, calcule, pèse, fait feu, <br />pulvérise, assassine, sillonne les airs, <br />brûle, ment, fanfaronne, lâche ses bombes, </i></p> <p><i>et c’est ainsi qu’il s’élève au-dessus des bêtes.</i></p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Traduction libre du texte polonais, ce dernier étant une traduction de l’ukrainien.</h4> <h4><sup>2</sup>Henryk Sienkiewicz (1846-1916) est un écrivain polonais, prix Nobel de littérature en 1905 pour son roman historique «Quo Vadis», particulièrement aimé en Pologne pour sa trilogie historique dont le premier tome est justement intitulé en français <i>«Par le fer et par le feu»</i> et parle des années de la révolte cosaque qui a débuté en 1648. 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1 Commentaire
@LEFV024 25.06.2024 | 17h43
«Vive la paix!»