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A vif / Le lobbyisme sous notre coupole a de beaux jours devant lui


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L'association des petits paysans a déposé le 21 novembre dernier la pétition «Chaque ferme compte» demandant au Conseiller fédéral Guy Parmelin de prendre des mesures contre la disparition des fermes et de renforcer une agriculture diversifiée face aux problématiques du climat et de la biodiversité. Sa prise de position interpelle.



Depuis de nombreuses décennies, l'agriculture suisse ne connaît qu'une seule direction: de moins en moins d'agriculteurs cultivent des surfaces de plus en plus grandes. Une évolution que l'on appelle aussi «mort des paysans» ou «mort des fermes». Rien que l'année dernière, près de 500 fermes ont fermé définitivement leurs portes en Suisse. Au cours des 40 dernières années, le nombre d'exploitations agricoles suisses a diminué de plus de la moitié. Néanmoins, aujourd'hui comme hier, le nombre de personnes cherchant une ferme est supérieur à celui des chefs d'exploitation qui transmettent leur ferme en dehors de la famille. Cela est dû à une combinaison complexe d'obstacles financiers, légaux et sociaux.

Un des points que l’association critique se trouve dans le droit foncier rural. La limite des UMOS1 joue un rôle décisif, car elle définit une exploitation comme artisanale ou non. Dans la plupart des cantons, ce seuil est fixé à 1,0 UMOS. Légalement, les cantons ont la possibilité d'abaisser la limite UMOS jusqu'à 0,6 UMOS, ce que certains ont fait. La pétition demande que les petites exploitations puissent elles aussi bénéficier des possibilités de développement et de conditions-cadres simplifiées pour la remise de l'exploitation.

Un autre point essentiel relevé est la biodiversité. Si l'on veut lutter contre la crise climatique et mettre fin à la disparition des insectes et des oiseaux, il faut aussi mettre fin à la disparition des fermes. Celle-ci s'accompagne souvent de la perte de structures agricoles, par exemple la suppression des haies pour regrouper les champs existants. C'est ainsi que l'on perd un espace vital important pour les animaux et les plantes.

Dans sa prise de position mi-décembre, le Conseil fédéral souligne que l'agrandissement progressif des exploitations conduit à une plus grande professionnalisation et à une meilleure efficacité. Si l'on s'en tient à la politique, les agriculteurs doivent donc exploiter de manière toujours plus rationnelle et intensive. Une doctrine qui est plus facile à suivre avec des fermes plus grandes, car les investissements dans de nouvelles machines agricoles seraient ainsi plus rapidement amortis.

Que notre ministre de l’Agriculture Guy Parmelin ne montre aucun intérêt pour défendre la petite structure agricole n’est pas nouveau. Il a été vice-président du conseil d'administration de la Fédération des Coopératives Agricoles Suisses (Fenaco) durant des nombreuses années. Fenaco est une entreprise organisée sous forme de coopérative, et est issue de la fusion en 1993 de six fédérations de coopératives agricoles. Par cette immense structure avec 11'000 employés et un chiffre d’affaires de 7 milliards de francs, elle fournit aux agriculteurs les moyens de production (semences, fourrage, engrais, machine agricoles), transforment et commercialisent les fruits, légumes, bétail et est devenue ainsi l'un des acteurs les plus importants dans le secteur de l’agriculture suisse. Parmelin soutiendra toujours ses amis de la Fenaco, pour le meilleur et pour le pire et au détriment des petites structures agricoles.

Ce qui est en revanche beaucoup plus inquiétant, c’est le fait que les citoyens suisses, particulièrement les citadins, électeurs verts et socialistes, facilement indignés par toutes sortes de sujets, n'émettent pas une once de critique pour Parmelin et ses prises de position. La séquence politique du mois dernier entre l’association des petits paysans et Parmelin montre qu’il y a une défaillance dans notre société où ne comptent plus que les «buzz» sous forme d'initiatives chocs qui atteignent les citoyens, et que les habitants ordinaires de nos villes, certainement trop occupés par une multitude d'obligations, ne sont pas en mesure de s'intéresser de manière plus approfondie aux autres sujets.

Sur cette base, le lobbying sous la coupole a effectivement de beaux jours devant lui.


1Unité de main d’œuvre standard qui sert à mesurer la taille d’une exploitation au moyen de facteurs standardisés basés sur des données d’économie du travail.

Lire aussi:

https://www.pressenza.com/fr/2014/07/les-petits-paysans-seraient-productifs-lagriculture-industrielle/

https://www.petitspaysans.ch/wp-content/uploads/2020/06/Dossier_Diversite-resistance-crise.pdf

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@Latombe 13.01.2023 | 09h46

«Merci pour votre article qui rappelle la lutte mondiale des paysans comme via campesino et bien d'autres en Amérique latine, en Inde, etc. J'ai l'impression que ici en Suisse, non seulement Guy Parmelin, mais la ligne générale de son parti l'UDC , à l'opposé de son père PAI, n'est plus en position de défense du monde paysan mais de l'agrobusiness et ainsi d'une forme insidieuse du néolibéralisme.
Vivement un débat démocratique sur l'avenir de l'agriculture suisse qui rassemble les gens des villes et des campagnes pour viser non pas produire plus, mais produire bien et ... durable.»


@Bogner Shiva 212 22.01.2023 | 11h02

«Bonjour la rédac :-) une petite info pas déstinée à etre publiée quoique
RTS émission ON EN PARLE ,le jeudi 26 janvier, Emission spéciale sur les Laissés Pour Compte de ce pays, les RETRAITéS qui vivotent suspendus à la scandaleuse rétribution, résultat d'un travail de toute une vie ... les WORKING POOR , ces personnes QUI TRAVAILLENT et qui ne gagnent pas de quoi vivre décemment... les FAMILLES MONOPARENTALES qui surnagent pour les plus "chanceuses" et celles qui se sont noyées... et toutes celles et ceux que j'ai oubliés. Soigneusement ignorées par un pouvoir en place corrompus et repus ... ! Emission dont je suis l'instigateur grâce à des journalistes qui ont encore un esprit critique et prêts a en faire état, MERCI
Partagez svp !!!»


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