Culture / Le poète Eluard à travers ses ombres rouges
Paul Eluard en 1945. © DR
Il y a 70 ans, le 18 novembre 1952 à 9h du matin, le cœur de Paul Eluard cessait de battre. Il palpite encore et toujours dans le corps de ses poèmes voués à l’amour sous toutes ses formes. Amour de la femme se prolongeant en amour de l’humanité. Voilà Eluard côté lumière. Mais tout soleil a ses ombres, rouges en l’occurrence.
Paul Eluard – nom de plume d’Eugène Grindel – gît actuellement en ce purgatoire que, paraît-il, toutes les âmes littéraires doivent affronter après leur trépas. Concernant l’auteur de Capitale de la Douleur, ce purgatoire risque fort de se prolonger du fait de sa qualité – si, du moins, elle en est une – de poète, ce qui est aujourd’hui du dernier mal vu. Et mal lu.
Emotion au Père-Lachaise
Pourtant, la poésie d’Eluard résonne d’un chant frais, vif et doux aux oreilles adolescentes… Pâques 1967, un ado genevois mal dégrossi a gagné Paris en autostop avec copine et copains pour y sentir l’air que les surréalistes avaient respiré.
Le voilà arpentant le cimetière du Père-Lachaise sous un soleil qu’une averse vient d’aiguiser. Il est comme submergé par cette avalanche de morts célèbres et ignore où ses pas le mènent dans ce dédale des grandes dépouilles.
En cheminant, il lit le recueil de Paul Eluard Capitale de la douleur, ouvrage suivi par L’amour La Poésie. La lecture d’un poème étant achevée, l’ado lève la tête et se trouve pile devant une sobre stèle rectangulaire aux coins supérieurs biseautés portant ces seules inscriptions: «Paul Eluard 1895-1952». «Hasard objectif», aurait dit Breton. «Synchronicité», aurait ajouté Jung. Emotion vive et persistance pour le «mal-dégrossi», 55 ans après cette rencontre où le poème lu venait de s’incarner via la tombe de son auteur.
A corps et cœur perdus. Et retrouvés
L’amour La poésie, Paul Eluard leur a voué sa vie, à corps perdus parfois, mais retrouvés toujours. Son existence et son œuvre sont inséparables de trois femmes: Gala, Nusch et Dominique.
Malade des poumons, Paul Eluard se rend régulièrement en Suisse, véritable sanatorium de l’Europe. A Glion et à Clavadel près de Davos, notamment. C’est dans cette station des Grisons qu’il rencontre en 1914 Helena Diakonova, dite Gala, une Russe de 18 ans issue de la bourgeoisie intellectuelle moscovite qui, comme lui, soigne sa tuberculose.
Amour foudroyant. La jeune fille est étourdissante de culture, d’impétuosité et d’ambition. Elle l’encourage à écrire et prend son destin en main ferme. «Je suis votre disciple», écrira Eluard sous le dessin que Gala a tracé de lui.
Lorsque Paul atteint sa majorité, le couple se marie en 1917 à Paris. Un an plus tard, naissance de leur fille Cécile.
Gala et son mari se plongent dans le Paris d’avant-garde de l’immédiat après-guerre, une avant-garde qui voue au rebut cette société qui a sombré dans l’inhumanité pour tous et la rapacité par quelques-uns. La sagesse bourgeoise nous a-t-elle menés au massacre? Alors, vive la folie!
Troublants «trouples»
Eluard rencontre André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault, Benjamin Péret et d’autres qui participent tout d’abord à Dada avant de créer le mouvement surréaliste qui va bouleverser les âmes, bien au-delà de l’art et de la littérature.
Paul Eluard se lie d’amitié avec l’un des peintres majeurs du surréalisme, Max Ernst. Mais celui-ci se lie d’amour avec Gala! Eluard surmonte d’abord sa souffrance. Ne prône-t-il pas l’amour libre? Et puis, Max Ernst demeure l’ami très proche.
Dans la jeune Russie soviétique, un autre «trouple» vit en état de poésie, celui formé par les indéfectibles amis Vladimir Maïakovski et Ossip Brik avec la femme de ce dernier, Lili Brik, sœur d’Elsa Triolet, muse d’un autre poète cofondateur du mouvement surréaliste et ami d’Eluard, à savoir Louis Aragon.
Auto-escamotage resté mystérieux
A Moscou comme à Paris, le ménage à trois n’est pas facile à vivre. Paul Eluard souffre de plus en plus ouvertement. C’est à cette époque qu’il met la dernière main à l’un de ses chefs-d’œuvre, Capitale de la Douleur. Avant d’en terminer la dernière partie, il s’embarque brusquement à Marseille le 24 mars 1924, sans rien dire à personne, pour une destination inconnue.
Dans le Paris surréaliste, la nouvelle subjugue. Eluard partirait-il sur les traces de Rimbaud, le héros du groupe? On s’inquiète aussi. Juste au moment de sa «disparition», paraît son recueil Mourir de ne pas mourir que Paul Eluard dédicace ainsi: Pour tout simplifier, je dédie mon dernier livre à André Breton. P.E.
Le poète et journaliste Jean Bernier se fait l’écho de cette inquiétude dans un article paru en septembre 1924 à la revue Clarté (note critique du premier tome de la Pléiade consacré à Paul Eluard).
Tout aussi mystérieusement qu’il est parti, Paul Eluard revient à Paris en octobre 1924 sans avertir quiconque, sinon André Breton par un billet où il lui fixe rendez-vous au Cyrano, le café de prédilection des surréalistes.
Il ne s’expliquera jamais sur son «auto-escamotage». Les mystères vont bien au teint des poètes.
Et Nusch surgit…
L’amour avec Gala prend l'eau de toutes parts. En 1928, elle quitte Max Ernst et Paul Eluard pour jeter son dévolu sur un jeune peintre surréaliste, Salvador Dali, de dix ans son cadet. Nouvelle douleur capitale pour le poète.
Deux ans plus tard, il se promène avec René Char dans les rues de Paris en quête d’une muse qui ressemblerait à la Nadja d’André Breton. Eluard la trouve en la personne d’une jeune Alsacienne aux yeux rêveurs: Nusch Benz qu’il épousera en 1934.
Le sexe demeure toujours libre. Mais l’amour restera fortement ancré entre le poète et son amante épousée. La situation de Nusch illustre bien le rôle de la femme vu par les surréalistes mâles: une muse que l’on célèbre, une amante que l’on adore mais qui est priée de rester sur son piédestal.
La mort soudaine de Nusch d’une hémorragie cérébrale – qu’il apprend lors d’un de ses nombreux séjours en Suisse – propulse Paul Eluard au sommet du désespoir. A cette altitude, il écrira le poème Le Temps déborde qui paraîtra sous ce titre et sous le pseudonyme de Didier Desroches:
«Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six
Nous ne vieillirons pas ensemble
Voici le jour
En trop: le temps déborde.
Mon amour si léger prends le poids d’un supplice.»
La veille du décès de Nusch, le poète avait écrit le poème En vertu de l’amour qui se termine par ces deux vers:
«J’ai donné sa raison, sa forme, sa chaleur
Et son rôle immortel à celle qui m’éclaire.»
Amour ultime
Paul Eluard sortira de ce tunnel de souffrance en rencontrant celle qui sera sa veuve au nom prédestiné, Dominique Lemort. Elle éclairera ses dernières années. Et figure notamment dans l’un des plus beaux poèmes d’Eluard Le Château des Pauvres. C’est par lui que le poète exprime le mieux ce qui a tissé le fil de sa vie: le prolongement de l’amour pour une femme vers l’amour pour chaque être humain, comme l’illustrent ces vers:
«Si notre amour est ce qu’il est
C’est qu’il a franchi ses limites.»
Un an après leur mariage, une crise cardiaque emporte Paul Eluard. Le gouvernement français lui refuse les funérailles nationales pour cause de guerre froide. Le Parti communiste français (PCF) palliera la défection officielle en enterrant le poète au Père-Lachaise dans cette pompe soviétique qui tient du culte des morts.
Ode à Staline
C’est donc les ombres rouges de Paul Eluard qu’il faut maintenant affronter. Communiste, le poète le fut tout d’abord par éclipse. Avec les principales figures du surréalisme, il adhère au PCF en 1927. Mais le groupe se rend vite à l’évidence, le Parti communiste – qui suit alors une ligne très ouvriériste – n’a nul besoin de lui. En outre, André Breton prend très rapidement la mesure de l’emprise que Staline fait peser sur l’Union soviétique et sur tous les partis affiliés à la IIIème Internationale. Il ne se départira jamais de son antistalinisme. Breton et ses camarades quittent donc l’orbite moscovite, dont Paul Eluard qui est exclu du PCF en 1933.
Aragon reviendra rapidement dans le giron communiste après sa rupture avec André Breton. Paul Eluard, lui, attendra plus longtemps. Il reprend la carte du PCF, alors clandestin, en 1942 dans le contexte de la Résistance à laquelle le poète participe activement.
Après la Libération, Eluard commet des poèmes à la gloire du Petit Père des Peuples qui, c’est peu de le dire, font honte à son génie. Cet extrait du poème Joseph Staline vaut son pesant de faucilles et de marteaux:
«Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite.»
La grande ombre de Zavis Kalendra
Mais il y a pire. L’épisode est narré par l’un des derniers membres du groupe surréaliste, feu Alain Joubert, dans un article de la revue En attendant Nadeau daté du 11 février 2020.
Lors d’un voyage en Tchécoslovaquie au cours des années 1930, André Breton et Paul Eluard deviennent amis d’un jeune écrivain tchèque membre du groupe surréaliste local, Zavis Kalendra. Après avoir été déporté par les nazis dans les camps de Ravensbrück, puis de Sachsenhausen pour faits de résistance, Kalendra est emprisonné par les staliniens pour appartenance à un imaginaire groupe trotskiste. Soumis à la torture, il se livre à des aveux tout aussi imaginaires qui le conduisent au premier procès stalinien de Prague en juin 1950.
André Breton mène une campagne active pour sauver de la corde leur ami commun et interpelle à cet égard Paul Eluard dans les colonnes du quotidien Combat. Glaçante sera la réponse d’Eluard dans le journal communiste Action le 19 juin 1950: «J’ai trop à faire avec les innocents qui clament leur innocence, pour m’occuper des coupables qui clament leur culpabilité».
Une semaine plus tard, Zavis Kalendra est pendu à la prison de Pankrac à Prague. L’amour de l’humanité a bifurqué vers l’enfer.
Des ombres, les humains en sont nimbés, tous. Les saints n’existent que sur les calendriers. Des ombres rouges, brunes, bleues, noires, blanches. Elles collent à la peau des écrivains, ceux que l’on aime et les autres. Ces ombres filtrent la lumière mais lorsque celle-ci a l’intensité de la vie, elle les transperce. Sans jamais les dissiper tout a fait.
Eluard, quoiqu’il en soit et quoiqu’il m’en coûte, tu murmures toujours à mon oreille, comme ce perpétuel matin de Pâques au Père-Lachaise.
Paul Eluard en Suisse
Pour soigner ses poumons aux Grisons, pour voir ses amis à Genève dont l’éditeur d’art Albert Skira, Paul Eluard a régulièrement séjourné en Suisse où il d’ailleurs été édité à la Baconnière.
En consultant ses œuvres complètes parues dans La Pléiade, on tombe sur ce poème de jeunesse, Chillon, le vieux manoir…, écrit en 1913, où Paul Eluard met ses pas dans ceux de Byron, auteur du poème Le prisonnier de Chillon. En outre, au mois de février 1952, la journaliste Lyne Anska a interviewé à Radio-Genève Eluard lors d’un de ses passages à l’occasion d’une conférence (à écouter ici).
«Chillon le vieux manoir, sommeillait dans l’eau claire
Et sur le lac d’azur mettant sa note sombre
Le profil de ses tours se dessinait dans l’ombre
Eveillant en moi une idée téméraire.
Je voyais sortir des murs, profond sanctuaire
Bardés d’or et d’acier des chevaliers sans nombre
Qui partaient sur les flots la route sans encombre
Laissant derrière eux un élan sanguinaire.
Mais les murs s’écroulant, j’aperçus enchaîné
Bonivard qui souffrait, étendu sur la pierre
Et je me révoltais devant la cruauté
C’était l’heure où l’homme achève sa prière
Et j’entrevis Biron, chantant la liberté.»
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Rafraichissons les mémoires par quelques extraits de <a href="https://youtu.be/KzmnDy7zzDw">cette chanson intitulée <i>Hécatombe</i></a> qui narre la déconvenue de la maréchaussée aux prises avec les harpies du marché de Brive-la-Gaillarde.</p> <p><i>(…)</i></p> <p><i>En voyant ces braves pandores</i></p> <p><i>Etre à deux doigts de succomber,</i></p> <p><i>Moi, j'bichais, car je les adore</i></p> <p><i>Sous la forme de macchabés.</i></p> <p><i>(…)</i></p> <p><i>Jugeant enfin que leurs victimes</i></p> <p><i>Avaient eu leur content de gnons,</i></p> <p><i>Ces furies, comme outrage ultime,</i></p> <p><i>En retournant à leurs oignons,</i></p> <p><i>Ces furies, à peine si j'ose</i></p> <p><i>Le dire, tellement c'est bas,</i></p> <p><i>Leur auraient même coupé les choses:</i></p> <p><i>Par bonheur ils n'en avaient pas!</i></p> <p><i>Leur auraient même coupé les choses:</i></p> <p><i>Par bonheur ils n'en avaient pas!</i></p> <p>Les rappeurs d’aujourd’hui ont-ils été aussi loin dans leurs diatribes antiflics que le père Brassens en 1952, date de la sortie du disque?</p> <h3>L’«Hécatombe» fait scandale 60 ans plus tard!<b></b></h3> <p>A l’époque, cette chanson était, l’on s’en doute, interdite d’antenne. Mais c’est tout. Il est symptomatique de constater qu’elle n’a intéressé la justice qu’à la nôtre, d’époque!</p> <p>Le 27 mai 2011, il s’est trouvé un juge à Toulouse pour <a href="https://www.lepoint.fr/societe/chanter-peut-etre-un-delit-11-06-2011-1341035_23.php">condamner</a> un garçon de 27 ans pour outrage, à 40 heures de travaux d’intérêt général et 100 euros d’amende. Son crime? Avoir chanté <i>Hécatombe</i> au passage de trois policiers. Et ce n’est pas tout. Peu après, 29 choristes de la «Canaille du Midi» ont été interpelés pour avoir chanté la même chanson devant le commissariat central de Toulouse en guise de protestation contre la condamnation du jeune homme.</p> <h3>Le rock et sa «Graine de violence» </h3> <p>Le «récitatif halluciné» d’Izïa Higelin s’inscrit aussi dans la culture rock, imprégnée de violence. Cela dit, ce n’est pas le rock qui est à la source de la violence. Elle sourd de la société étatsunienne où il est né. S’il existait auparavant, c’est à partir du film <i>Graine de violence </i>(titre original<i>: Blackboard Jungle</i>), réalisé par Richard Brooks, que le rock n’roll a commencé à se diffuser grâce au célèbre <i>Rock around the Clock </i>chanté par Bill Haley.</p> <p>Dans les pays de langue française, la violence rock a surgi sur la scène médiatique dès le début des années 1960. L’exemple le plus hirsute nous est offert par le concert de Vince Taylor, dans le contexte d’un festival international du rock, qui s’est tenu – enfin qui a tenté de se tenir! – au Palais des Sports de Paris, le 18 novembre 1961. <a href="https://journals.openedition.org/criminocorpus/4301?lang=de#ftn2%20" target="_blank" rel="noopener">Rappel des faits</a>:</p> <p><i>La salle est dévastée avant que Vince Taylor, en vedette, ne monte sur scène. Dans le public, des jeunes femmes et des jeunes hommes, blousons noirs ou sans blousons apparents, déboulonnent les sièges ou en arrachent quelques morceaux, s</i>’<i>en servent de projectiles, visent la scène et les forces de police. On veut se débarrasser de ces rangées de sièges encombrants, on veut créer de l</i>’<i>espace pour danser, on se bouscule, on se chamaille, on se bagarre, on veut aussi s</i>’<i>approcher des artistes en débordant le service de sécurité, et pourquoi pas braver au passage les forces de police qui commencent à frapper pour éviter que tout dégénère dans un lieu de concert qui devient arène. </i>Bis repetita placent<i>, car la première édition du 24 février avait elle aussi très mal tournée à l</i>’<i>issue de la prestation de Johnny Hallyday. Deux mots sont repris dans les médias: fanatisme et hystérie. Voici ce que l</i>’<i>on entend à la radio le 19 novembre 1961, le lendemain, dans </i>Interactualités<i>: «la police a dû intervenir en masse pour empêcher les fans – si vous préférez les fanatiques – de Monsieur Vince Taylor de tout massacrer; ce ne fut plus du délire, ce fut de l</i>’<i>hystérie».</i></p> <p>Horrifiés, les médias pour croulants (terme qui était utilisé par les vieux de maintenant pour qualifier ceux d’alors) vouent cette «musique de sauvages» aux gémonies. Le préfet de police parisien Maurice Papon, de triste mémoire, souhaite même l’interdiction des concerts de rock en France. Le rock devient le vecteur de la rage de vivre de toute une génération coincée dans des carcans moraux hérités du XIXème siècle. Une rage qui explosera en Mai-68. Vince Taylor payera cher les fauteuils brisés, poursuivant une carrière en dents de scie alors qu’il était promis à la gloire rockeuse. Le chanteur se retirera à Lutry avec sa famille en 1983 pour y mener une vie plus tranquille, consacrée à la mécanique aéronautique. Il y décèdera le 27 août 1991 à l’âge de 52 ans des suites d’un cancer aux os.</p> <h3>Scopitone de Vince Taylor</h3> <p>En replaçant l’«affaire Itzïa» dans sa perspective historique, il apparaît que les indignations qu’elle a suscitées sont disproportionnées. Certes, balancer de tels propos sur le président Macron alors que nombre d’élus subissent actuellement des violences n’est pas la marque d’une vive intelligence. Toutefois, les agresseurs de maires n’ont pas attendu la rockeuse pour passer à l’acte. La fille de Jacques Higelin a tenté d’expliquer son sulfureux propos lors d’une interview donnée à <i>Ouest-France: </i><i></i></p> <p><i>«C'est une histoire, un liant improvisé et surréaliste entre deux titres, qui parle de tout et de rien et qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré.» </i>C’est ignorer qu’aujourd’hui l’usage intensif des réseaux ainsi, peut-être, qu’une certaine décérébration induite par près de septante ans de télévision à haute dose, ont tué le second degré. Dans un monde où la culture littéraire s’effiloche, on prend tout au pied de la lettre. Un pied qui fait boiter notre sens de l’humour.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>D’origine mexicaine, la piñata est un objet creux fourré de friandise que les enfants tentent de casser au moyen de bâtons afin de s’emparer de son contenu, une fois à terre. Evidemment, comparer le président de la République à un objet creux plein de friandise, ce n’est pas très gentil. 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Composés de travailleurs étrangers communistes, les FTP-MOI constituent l’un des fers de lance de la guérilla urbaine que mène le PCF (Parti communiste français) contre l’occupant.</p> <h3>Arrêtés par la police parisienne</h3> <p>Manouchian et son groupe sont arrêtés le 16 novembre 1943 par les policiers français de la Brigade Spéciale No.2 chargée de mener la chasse aux résistants au sein de la Préfecture de Police de Paris. Sa femme Mélinée, que «l’Affiche rouge» rendra célèbre, parvient à s’échapper de justesse et sera cachée par la famille Aznavourian dont l’un des enfants est un certain Charles Aznavour.</p> <p>Après avoir été torturé, Missak Manouchian est livré à la <i></i>Geheime Feldpolizei<i> – </i>l’équivalent de la Gestapo pour la Wehrmacht – avec 22 autres membres de son groupe.</p> <p>Après une parodie de procès, les 23 sont condamnés à mort. 22, dont leur chef Missak Manouchian, seront fusillés au Mont-Valérien près de Paris le 21 février 1944. La seule femme du groupe, Olga Bancic, roumaine juive et communiste, sera guillotinée à Stuttgart le 10 mai de la même année, les nazis estimant sans doute qu’une femme n’avait pas droit à «l’honneur» d’être fusillée comme un combattant.</p> <h3>La propagande qui va à fin contraire</h3> <p>Juste avant d’être passés par les armes, Manouchian et dix autres condamnés sont photographiés. Les officiers de la Gestapo militaire les ont choisis en fonction de leurs patronymes aux consonances de toute évidence étrangères ou juives.</p> <p>Les Allemands les utiliseront pour créer une affiche de propagande destinée à séparer les «vrais Français» de ces «métèques» présentés comme des criminels. Elle deviendra la célèbre «Affiche rouge» qui aboutira à l’effet inverse du but recherché par la Geheime Feldpolizei. Elle sera l’un des emblèmes de la Résistance et contribuera à populariser l’héroïsme du Groupe Manouchian durant les derniers mois de l’occupation nazie en France.</p> <p>Toutefois, après la Libération, Missak Manouchian et ses camarades tombent dans l’oubli. Quelques publications évoquent le groupe sans que cela ne perce vraiment le silence. Certes, en 1950, Paul Eluard lui consacre <a href="http://www.groupemarat.com/pdf/marat-poemes_affiche_rouge.pdf" target="_blank" rel="noopener">un poème</a> intitulé «Légion». Mais le Parti communiste français a d’autres chats dissidents à fouetter.</p> <h3>«Les procès de Moscou à Paris»</h3> <p>Au début des années 1950, le PCF mène une série de purges internes – appelées «les procès de Moscou à Paris» – destinées à discréditer par la calomnie de grandes figures communistes de la Résistance intérieure, tels Charles Tillon, André Marty, Auguste Lecœur et Georges Guingouin, le chef des maquis limousins. Ces héros faisaient trop d’ombre au patron du PCF, Maurice Thorez, qui avait passé la Seconde guerre mondiale à l’abri du Kremlin.</p> <p>Après la mort de Staline en 1953, le vent tourne. Par l’action des rescapés de la FTP-MOI, notamment les frères Raymond et Claude Lévy, la mémoire des fusillés au Mont-Valérien commence à être reconnue. Une rue du Groupe-Manouchian est inaugurée le 6 mars 1955 dans le XXème arrondissement de Paris. Claude Lévy invite Louis Aragon à cette occasion mais le poète séjourne alors en URSS. A son retour, il fait amende honorable: «Demandez-moi ce que vous voulez».</p> <p>Réponse de Claude Lévy: «Pourquoi pas un poème?» Ce sera chose écrite sous le titre «<a href="https://www.reseau-canope.fr/poetes-en-resistance/poetes/louis-aragon/strophes-pour-se-souvenir/" target="_blank" rel="noopener">Strophes pour se souvenir</a>», l’un des poèmes les plus connus du recueil <em>Le Roman inachevé</em> qui paraîtra en 1956.</p> <h3>«Ils étaient vingt et trois»…</h3> <p>«Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent» écrit Aragon, englobant ainsi avec ses frères d’armes la seule femme du groupe, Olga Bancic, décapitée en Allemagne. Il donne aussi la parole à Missak Manouchian en s’inspirant de la dernière lettre du condamné à sa femme Mélinée ainsi que d’autres ultimes missives de résistants.</p> <p>En 1959, Léo Ferré met le poème en musique et change le titre: «L’Affiche rouge». C’est sous cet intitulé que la chanson et le poème d’Aragon seront connus désormais.</p> <h3>La chanson interdite sous de Gaulle</h3> <p>Comme rien n’est simple dans l’histoire de la Résistance, le pouvoir gaulliste a interdit la diffusion de «L’Affiche rouge» dès la sortie du disque en 1961. Ce qui, d’ailleurs, n’a pas manqué de lui assurer une belle publicité puisque les soixante-huitards auront ce chant superbe en tête lors de leurs manifs. Ce n’est qu’à l’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée en 1981 que ce bâillon radiophonique a été enlevé.</p> <p>«Onze ans déjà que cela passe vite onze ans» versifie Aragon en 1955. Cela passe d’autant plus vite que le poète communiste n’a pas toujours été prompt à se battre pour la mémoire du Groupe Manouchian. Le journaliste et écrivain Jean-Paul Liégeois, spécialiste de la chanson française, rappelle cette anecdote dans un article paru en juin 1985 dans l’hebdomadaire socialiste <em>L’Unité</em>:</p> <p><i>«En 1953, les frères Claude et Raymond Lévy (…) obtiennent le prix Fénéon pour un manuscrit de dix nouvelles consacré à des histoires vraies de la Résistance. (…) Plusieurs éditeurs se proposent [de le] publier. Communistes, les frères Lévy choisissent les Editeurs français réunis. Patron de la maison, Aragon les reçoit et leur dit: "On ne peut pas laisser croire que la Résistance française a été faite comme ça, par autant d’étrangers. Il faut franciser un peu." Disciplinés, ils ont accepté.»</i></p> <p>Entre 1953 et 1955, l’ombre de Staline avait commencé à se faire un peu moins épaisse…</p> <h3>Quelle est la responsabilité du PCF dans l’arrestation des 23?</h3> <p>Une accusation plus grave a été portée contre la direction du PCF notamment par un témoignage de Mélinée Manouchian. Il figure dans le film de Serge Mosco Boucault, <em>Des terroristes à la retraite</em>, sorti en 1985 par la chaîne télévisée Antenne2. </p> <p>Il s’en est suivi une vive polémique sur l’éventuelle responsabilité du Parti communiste français dans l’arrestation de Missak Manouchian. L’un des passages de la dernière lettre du condamné à sa femme interpelle: </p> <p><i>«Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.»</i></p> <p>Adam Rayski, responsable de la section juive du PCF de 1941 à 1949, donne cet éclairage lors d’<a href="https://www.lhistoire.fr/qui-trahi-manouchian" target="_blank" rel="noopener">une interview</a> qu’il a accordée au mensuel <i>L’Histoire</i> en décembre 1985:</p> <p><i>«En mai 1943, devant le bilan des pertes des organisations juives, j'ai demandé le repli, le transfert de notre direction dans la zone Sud. Le Parti a refusé, qualifiant cette attitude de "capitularde". Le PC voulait continuer à frapper dans la capitale, avec ce qui restait son unique bras séculier: les FTP-MOI. Stratégiquement, la direction, pour affirmer sa suprématie vis-à-vis de Londres et du Conseil national de la Résistance, désirait capitaliser les actions d'éclat de la MOI. La direction nationale juive est partie </i>in extremis <i>pour Lyon, mais les FTP ont continué à lutter sur place avec acharnement. Le Parti a sous-estimé l'impératif de la guérilla urbaine – savoir décrocher – et a tiré un rendement politique maximum des coups d'éclat de la MOI. </i></p> <p><i>A terme, c'était donc bien une grave erreur politique. La part de responsabilité du PC dans les arrestations de résistants – dont les 23 de l'Affiche rouge – est indiscutable. Mais ne parlons pas à propos du Parti de trahison; ne parlons pas non plus d'abandon et encore moins de sacrifice prémédité.»</i></p> <p>Le 21 février 2024, Missak Manouchian ne sera pas seul à entrer eu Panthéon. Mélinée son épouse, résistante comme lui, l’accompagnera<sup><strong>1</strong></sup>. Ainsi que tous ceux qui ont donné «leur cœur avant le temps».</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Elle décède à Paris en 1989 à l’âge de 76 ans. Contrairement à ce que lui demandait son mari dans sa dernière lettre, elle ne se remariera pas et n’aura pas d’enfant.</h4> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Tj5XwjOuq7s" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/t5R4o1JuO-k" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'manouchian-au-pantheon-les-dessous-de-l-affiche-rouge', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 480, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 2893, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4257, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Religions: l'intolérance s'accroît dans le monde', 'subtitle' => 'Le rapport annuel de la Commission étatsunienne sur la liberté religieuse (USCIRF) constate les progrès de l’intolérance en ajoutant cinq «pays de préoccupation particulière» à la liste des Etats qui entravent gravement la liberté de conscience. 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Celle utilisée par l’UDC pour fustiger les «colleurs manuels» se contente d’être simplement ridicule.</p> <h3>Le terrorisme défini par les codes pénaux</h3> <p>En effet, toutes deux sont fort éloignées des seules définitions qui vaillent, celles des textes légaux. L’article 260 ter du Code pénal suisse (organisations criminelles et terroristes) réprime quiconque participant à une organisation qui poursuit le but, notamment <i>«de commettre des actes de violence criminels visant à intimider une population ou à contraindre un Etat ou une organisation internationale à accomplir ou à s</i>’<i>abstenir d</i>’<i>accomplir un acte quelconque</i>». 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Il se fait engager à la centrale atomique de Nogent-sur-Seine, à 110 kilomètres de Paris, puis fait partie d’un petit groupe bien décidé à frapper fort pour éveiller les consciences assoupies face à la catastrophe climatique. Weissman attendra dix ans pour passer à l’action en faisant exploser un réacteur de cette centrale, prélude à une attaque écoterroriste de grande ampleur qui va plonger la France dans une nuit de chaos.</p> <h3>Les nouvelles puissances impériales</h3> <p>Philippe Ségur retrace le cheminement psychologique du technicien nucléaire. Elevé par des parents artistes «baba-cool» qui s’étaient installés dans l’Aude à l’écart de la civilisation urbaine, il remet en cause leur façon pacifiste de voir les choses du monde. Pour Frédéric Weissman, ce pacifisme a permis aux «nouvelles puissances impériales» – les GAFAM, les firmes pharmaceutiques, les banques, les fonds d’investissements, Vanguard, BlackRock, Tencent – d’appliquer «à marche forcée leur programme de transformation de l’être humain en insecte cybernétique». </p> <p>La colère froide du technicien ne se limite pas à l’environnement ou au climat, elle sourd aussi de cette angoisse de la dépossession de l’être humain au profit de forces manipulatrices, d’autant plus inquiétantes qu’elles se révèlent hors de portée des Etats ou des pouvoirs judiciaires.</p> <p>Et comme elles sont hors de portée, autant tout faire exploser, au sens propre du terme. C’est le seul moyen d’arrêter ce «capitalisme à l’insatiable voracité», comme le proclame le juriste et technicien nucléaire:</p> <p><i>«Nous les humains, nous étions des êtres dangereux et fragiles. Une espèce proliférante qui ne parvenait pas à placer son intelligence au service du bien commun. Notre histoire témoignait du fait que les tentatives altruistes, les forts et beaux mouvements de générosité et d’entraide qui l’avaient illuminée étaient sans cesse déviés de leur course et corrompus par les logiques puissantes des intérêts particuliers.»</i></p> <h3>Le sacrifice sur l’autel de l’Histoire</h3> <p>Cette profession de foi du héros de <i>La Nuit nous sauvera</i> illustre cette leçon de l’Histoire: toute idéologie peut croître vers son extrême pour aboutir à la situation inverse du but qu’elle visait.</p> <p>Pour sauver l’humain, il faut tuer des humains. En l’occurrence, l’humain au singulier relève de l’entité fictive; les humains au pluriel, eux, sont faits de chair, de sang et d’émotions. C’est donc au nom d’une entité fictive que l’on procède à leur sacrifice.</p> <p>Au début du XXème siècle, il s’agissait aussi de passer les vies humaines par pertes et profits dans le grand livre de l’Histoire: de l’aspiration au communisme à la réalité stalinienne.</p> <h3>L’omelette et ses œufs</h3> <p>A la suite de son récit, Philippe Ségur en tire leçon dans sa postface:</p> <p><i>«Le rejet radical du système industriel et du capitalisme néolibéral, non content de se nourrir de deux siècles de pensée contestataire, peut d’autant plus facilement s’hybrider avec la cause environnementaliste que les gouvernants occidentaux ont fait, depuis plus de vingt ans, la promotion de cette dernière sans lui trouver de véritable solution et paraissent donc, à tort ou à raison, la trahir.»</i></p> <p>Dès lors, «le mal résultant de la non-commission de l’acte terroriste serait plus grand que l’acte terroriste lui-même». Justification classique de la violence politique: <i>On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. </i>Reste à savoir qui est le cuisinier et qui sont les œufs!</p> <p>Ségur décrit trois facteurs déterminants qui ont permis l’émergence des courants terroristes dans le passé: une cause à défendre, une culture commune, une situation de rupture sociale. «Or, il se pourrait que ces trois conditions soient à nouveau réunies ou qu’elles soient en passe de l’être», ajoute Philippe Ségur dans sa postface.</p> <h3>Coincés entre deux folies</h3> <p>Alors, sommes-nous condamnés à être coincés entre la folie vorace du capitalisme néolibéral et la folie justicière de l’écoterrorisme? A la fin de <i>La Nuit nous sauvera</i>, l’écrivain distingue quelques lueurs d’espoir. L’inquiétude environnementale et le souci grandissant pour la nature «<em>traduisent chez les jeunes générations une conscience plus vive et par là plus raffinée du rôle et du sens de la présence de l’être humain sur la Terre. 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La nuit nous pend au nez.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1683742372_9782283037287.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="346" /></p> <h4>«La Nuit nous sauvera», Philippe Ségur, Editions Buchet-Chastel, 64 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'l-ecoterrorisme-fantasme-securitaire-ou-danger-imminent', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 568, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 2893, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 9741, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Eluard_Harcourt_1945_5.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 23221, 'md5' => 'baf600a9f75ef6cd6bcce303ebf30e41', 'width' => (int) 490, 'height' => (int) 396, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Paul Eluard en 1945.', 'author' => '', 'copyright' => '© DR', 'path' => '1669278712_eluard_harcourt_1945_5.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 5581, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => '...je crois que les grands revirements idéologiques restent à vivre, à venir. 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1 Commentaire
@Philippe37 25.11.2022 | 15h16
«...je crois que les grands revirements idéologiques restent à vivre, à venir. Ceux d’Eluard et quelques autres feront figure modeste !»