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Média indocile – nouvelle formule

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C’est un vendredi comme les autres pour certains, c’est un vendredi bien particulier pour d’autres. Ce vendredi, «vendredi saint», fait mémoire comme chaque année du jour de la mort de Jésus. Qu’on considère ce récit comme un mythe, qu’on voie dans la figure de ce Jésus une imposture, ou que l’on croie que la mort du Christ sur la croix nous sauve, il reste dans ce mystère une réalité qui peut atteindre chacun: donner sa propre vie pour ceux qu’on aime. Méditation.



La semaine dite «sainte» par les chrétiens a commencé dimanche dernier. Le Dimanche des Rameaux commémore l’entrée de Jésus à Jérusalem. L’étape qui suit nous amène directement au jeudi saint. C’est le jour de la Pâque juive, où l’on célèbre la libération de l’esclavage en Egypte pour le peuple hébreu. Jésus y célèbre sa dernière Pâque avec ses apôtres.

Puis, il y a l’arrestation de Jésus le jeudi soir, qui précède son chemin de croix du lendemain. Jésus est condamné à mort, et meurt en effet le vendredi après-midi sur cette fameuse croix. Le dimanche matin, le tombeau où se trouve le corps de Jésus est vide. En se manifestant en premier aux femmes et puis seulement aux hommes plus lents à croire, Jésus apparaît sous un corps nouveau: un corps d’homme qui a vaincu la mort et qui est ressuscité. 

Catéchisme de base pour certains, qu’on leur rabâche pour la énième fois, ou découverte pour d’autres, la chronologie de ces jours saints est à voir en premier lieu dans son ensemble pour regarder ensuite ce qui nous intéresse plus spécifiquement pour aujourd’hui: l’agonie de Jésus du jeudi soir jusqu’à sa mort du vendredi. Autrement dit, si ce Jésus n’était que mort, sans ressusciter, cela rendrait la foi en lui et la célébration des Pâques vaine.

Sans la résurrection, tout est vain

Des personnes qui meurent sous la torture, il y a en tous les jours. Et même des bonnes personnes qui se sont sacrifiées pour leurs proches avant la souffrance et leur dernier souffle. Le témoignage de leur vie est des plus émouvants. Mais sans la résurrection, il n’y a plus l’espérance de trouver après la souffrance le repos et la paix, il n’y a plus l’espérance que tout ne s’arrête pas là. La personne défunte n’est plus rien, si ce n’est dans le souvenir. Jésus lui-même, s’il n’était pas ressuscité, serait resté tout au plus dans les livres d’histoire comme un illuminé ayant fait du bien autour de lui durant sa vie et après stop. Point final. 

Alors qu’un Jésus ressuscité n’est plus un Jésus mort, c’est un Jésus vivant, au quotidien, pour ceux qui veulent un jour accueillir sa présence dans leur vie. C’est un Jésus qui parle au cœur, qui appelle, qui répond, qui accompagne, qui libère, qui pardonne, qui soulage, qui console. Et tout cela, aujourd’hui, dans ma vie. Un Jésus ressuscité, c’est encore un Jésus qui promet la vie éternelle dans le «Royaume éternel». C’est donc un Jésus qui redonne la vie à nos morts, qui les rend présents à nous. Qui nous laisse garder l’espérance que nos proches, après leur cancer, accident ou autre, puissent vivre dans le bonheur éternel, auprès de Dieu, dans un Royaume, où il n’y a plus de larmes, plus de tristesse, plus de maladie, plus de malheur, plus de mal. 

La mort d'un Jésus violenté

Mais avant la résurrection, il y a la mort, et c’est une mort bien réelle et bien ressentie dans la chair. Lors de sa dernière Pâque avec ses apôtres, Jésus prend du pain et dit «Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous», il prend du vin et dit «Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang versé pour vous». En somme, quand quelqu’un donne son corps et donne son sang, que ne donne-t-il d’autre que sa vie?

Très bien! Il est bien gentil de donner sa vie, en passant par la souffrance, mais d’une part, je ne lui en aurais peut-être pas demandé autant, et d’autre part qu’est-ce que cela change pour moi qu’il ait tant souffert jusqu’à la mort? S’il voulait mourir pour ressusciter ensuite, n’aurait-il pas pu trouver un moyen plus rapide et moins douloureux que l’horreur de la croix?

Oui, je n’ai peut-être rien demandé à Jésus, ni ses apôtres à son époque, et pourtant il donne quand même sa vie, pleinement et gratuitement. De plus, en donnant sa vie, il donne aussi sa vie éternelle et donc sa résurrection. Et pourquoi cette fichue croix? On l’oublie souvent aujourd’hui, mais la croix était un instrument de torture. Verriez-vous des gens se balader avec une arme autour du cou plutôt qu’une croix? Vous verriez dans les églises une chaise électrique plutôt qu’une croix?

Aussi, Jésus n’a pas choisi la croix: ce sont ceux qui l’ont fait condamner qui ont hurlé à ce qu’il soit châtié pour ses blasphèmes et qu’il crève sur la croix, ce salaud de Nazaréen. Néanmoins, Jésus a consenti à mourir et à vivre sa «passion». Après son repas, Jésus pleure seul dans un jardin d’oliviers, pendant que ses apôtres s’endorment plutôt que d’être éveillés pour leur ami qui se prépare à vivre le pire dans sa chair. Avec l’arrestation, s’ensuivent tout un tas de violences. Ce Jésus qui est Dieu, est trahi par ses amis, il est abandonné, on se moque de lui, on lui crache dessus, on le gifle.

Peut-être même que ce Jésus qui est Dieu a connu le viol de la part des soldats romains. Oui, le viol. Si ce Jésus rejoint toutes nos souffrances, pourquoi pas celle-là aussi? Et ensuite il est fouetté jusqu’au sang. Il pleure. Il ne crie même pas: les gémissements qui sortent de sa bouche ne sont que des respirations en peine. Couvert de sang, boitant, à bout de forces, ce Jésus qui est Dieu doit porter deux gros morceaux de bois en croix jusqu’à la colline de l’exécution. Il n’en peut plus. C’est trop. Il tombe. Il s’effondre sous ces bois.

Arrivé à colline, on le fixe sur cette croix avec des clous. Oui, avec des clous dans les mains et dans les pieds. La croix est levée, et déjà Jésus se sent étouffer: les bras surélevés il n’arrive plus à reprendre son souffle. Alors il essaie de s’élever un peu, mais ses pieds se déchirent. Et face à lui, il y a des larmes, des regards traumatisés, des bourreaux mal à l’aise, mais aussi des chefs religieux dont la Bible dit qu’à ce moment-là, ils ricanaient. Un homme de trente-trois ans crève atrocement, et ils ricanent…

Enfin, vient ce cri de la croix au ciel: «Eloi, Eloi, lema sabachtani…», ce qui veut dire en araméen: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Oui, ce Jésus qui est Dieu crie vers le ciel, il connaît aussi le désespoir, le sentiment d’être abandonné par Dieu le Père lui-même. Et puis il dit «Père, entre tes mains je remets mon esprit». Et il meurt.

Cette mort sur la croix, et toute l’agonie qui l’a précédée nous montrent que Jésus est passé par toutes les douleurs: de l’abandon jusqu’aux coups de fouets. C’est ainsi qu’en ayant vécu dans sa chair la souffrance et la mort, il rejoint réellement tous les affligés, tous les abusés, toutes les personnes détruites, toutes les victimes du mal qui sévit dans les guerres extérieures et intérieures. Jésus a pris sur sa croix toute la misère du monde.

C’était le bref récit d’un homme qui est Dieu, et qui a donné sa vie pour ses amis, et pour l’humanité. Qu’on y croie ou non, que chacun puisse en saisir ce qui lui parle, ce qui le touche, ce qui le regarde.

Bonnes Pâques.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Qovadis 16.04.2022 | 17h06

«Merci pour récit qui invite à la méditation.
Cependant il y a une phrase que je ne comprends pas dans le dernier paragraphe : « C’est le bref récit d’un homme qui est Dieu… ».
Je crois qu’il y a confusion, Jésus n’est pas Dieu, c’est un homme, appelé fils de Dieu, dont les actes et les paroles ont changé, avec l’aide du Saint Esprit, la vie de milliards d’êtres humains.
J.-S. Bach a magnifiquement mis cette trinité dans un prélude et triple fugue (BWV 552) pour aider les chrétiens à comprendre ce mystère.
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