Culture / Les œuvres complètes du «dernier des pornographes»
Une des rares photos publiques de Georges Pailler, alias Esparbec. © DR
Sous le pseudonyme d’Esparbec, Georges Pailler a écrit 73 livres d’une pornographie assumée et revendiquée. Jusqu’à sa mort, en 2020, il est resté actif dans le monde de l’édition «de mauvais genre». Les deux premiers tomes de ses œuvres complètes paraissent aux Editions La Musardine et ont été récompensés par le Prix Sade 2021.
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C’est tout à fait réjouissant pour ses lecteurs, aussi pour celles et ceux qui, comme nous à Bon pour la tête, aiment passionnément les aventures éditoriales. Celle que mènent depuis dix ans Christine Mercier et Justin Favrod est exemplaire en plus d’être réussie. «Pour maintenir le niveau actuel de plus de 4100 abonnements, il nous faut en gagner un nouveau par jour. (…) Nous courons les marchés et les foires pour distribuer la revue et montrer que, loin de s’adresser aux spécialistes, elle ambitionne de distraire et de cultiver le plus grand nombre», explique Christine dans son édito. Et qui l'a vue en action sait qu’elle ne se paie pas de mots. 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Peut-être pas… Qui dit Noël, dit, entre autres, téléfilms de Noël et <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2024-12-06/cinq-choses-etonnantes-que-vous-ignorez-peut-etre-sur-les-telefilms-de-noel-e0034476-c288-4b47-beeb-f9a71a886c7d" target="_blank" rel="noopener"><em>Ouest France</em></a> en dévoile les dessous. «Ils utilisent de la fausse neige», révèle le quotidien français. Je citerais bien une fois de plus Guy Debord – «Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation» – mais j’ai peur de lasser. Par contre, je vous encourage à chercher, cette année, ce qui sera par vous directement vécu durant les fêtes de Noël. Je suis prêt à tout entendre – surtout si c’est salace – mais à celles et ceux qui évoqueront la «magie de Noël» je demanderai des précisions et ne me contenterai pas de trucs éculés, de fausse neige. 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La compagnie a proposé un remboursement de 50% mais des passagers russes ont décidé de faire la grève de la faim pour obtenir un remboursement complet. C’est justement en Russie qu’à eu lieu la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_de_la_faim" target="_blank" rel="noopener">première grève de la faim</a> répertoriée, en 1878, à Saint-Pétersbourg, dans une prison où des détenus politiques voulaient ainsi protester contre des conditions de détention inhumaines. La grève de la faim étant plutôt – et paradoxalement – une arme de crève-la-faim, qui va prendre en pitié les passagers grévistes? Quoi qu’il en soit, il est réjouissant que le paquebot et ses passagers n’aient pas pu aller emmerder les manchots sur leur banquise.</p> <h3><strong>La religion capitaliste a son prophète</strong></h3> <p>Si les pingouins ont gagné en tranquillité, ce n’est pas le cas des vaches. 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Une carrière consacrée à l’obscénité du sexe
Si Esparbec n’est donc pas à strictement parler le dernier des pornographes, il est le représentant d’une époque où la pornographie se déployait avec succès dans les romans de gare. Et en tant qu’écrivain et éditeur, il a consacré toute sa carrière à l’obscénité du sexe.
Né en 1933 à Paris, Georges Pailler perd sa mère à cinq ans. A sept ans, il rejoint son père en Tunisie où celui-ci a trouvé du travail dans la police. Devenu adulte, il officie pendant sept ans comme instituteur. En 1960, retour en France, à Paris. Si Georges Pailler écrit déjà, notamment de la poésie, il ne publie rien, fait le démarcheur, le vendeur à la sauvette, gagne sa vie comme contrôleur de cinéma, débarrasseur de cave, bouquiniste… En 1980, il devient projectionniste de cinéma. C’est là que va débuter sa carrière littéraire, en 1984. Claude Bard travaille alors pour Media 1000, une maison d’édition spécialisée dans l’érotisme et appartenant à Hachette. A la recherche de nouveaux auteurs, Bard propose à un de ses copains de s’essayer à l’écriture érotique. Or ce copain est projectionniste dans un cinéma de Montparnasse, où travaille également Georges Pailler. Lequel finit par proposer un récit à l’éditeur, La voleuse de plaisir, qu’il signe Esparbec. Le début d’une carrière et d’une œuvre. A partir de là, Esparbec écrit, rewrite, corrige, crée et dirige des collections pratiquement jusqu’à sa mort.
L’écriture du désir
Au-delà de cette riche carrière, il est intéressant de se pencher sur ce que cet auteur désormais mythique disait de la pornographie. Il n’a écrit aucun essai sur le sujet, mais Claude Bard a réuni différents extraits de préfaces ou de lettres. Esparbec y défend un grand respect pour les lecteurs, la qualité de l’écriture et du récit pornographique, un style qui «s’interdit de former un écran entre les choses racontées et le lecteur. (…) Cette écriture neutre, béhavioriste, bannit le vocabulaire "spécialisé" des années soixante-dix et quatre-vingt (…) mais aussi l’ennemi No 1: la métaphore et tout ce qui l’accompagne. (…) Je me battrais donc avec tous les débutants contre leur tentation de "faire joli" ou de se regarder écrire. L’auteur porno doit "s’effacer" devant ce qu’il raconte.» Des conseils qui peuvent s’appliquer au-delà de la littérature pornographique.
Sinon, Esparbec prône une pornographie «écriture du désir»: «La chair ne suffit pas à satisfaire les besoins de l’esprit, c’est pour ça qu’on a inventé la pornographie.» Et il assume et revendique l’obscénité: «Pour que le pornographique fonctionne, il faut qu’il soit obscène. Il doit déranger. Choquer. (…) Je ne cherche pas à faire de l’érotique, ou du pornographique, mais de l’obscène.»
Il y parvient admirablement bien. C’est dans ce sens qu’il est un grand écrivain pornographique, un grand pornographe.
Mise à part la formidable préface de Claude Bard, le premier tome des œuvres complètes d’Esparbec contient ses trois premiers titres publiés, mais aussi le dernier, Le pornographe et ses Modèles, sans aucun doute le chef-d’œuvre de l’écrivain, un récit en partie autobiographique qui mêle la vie de l’auteur et ses phantasmes sans qu’on les distingue. «Dans la chambre, L.B. dort. Elle est venue en coup de vent, à son habitude. Sortant de je ne sais quelle débauche, et d’un livre que peut-être un jour j’écrirai. – J’ai vu de la lumière et je suis montée. Encore à tes écritures? Tous ces mots, tous ces mots pour ne rien dire.»
Pas pour ne rien dire, non, plutôt pour tellement dire le désir, pour le dire avec outrance.
«Œuvres complètes», Esparbec, tome 1, Editions de la Musardine, 980 pages.
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Peut-être pas… Qui dit Noël, dit, entre autres, téléfilms de Noël et <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2024-12-06/cinq-choses-etonnantes-que-vous-ignorez-peut-etre-sur-les-telefilms-de-noel-e0034476-c288-4b47-beeb-f9a71a886c7d" target="_blank" rel="noopener"><em>Ouest France</em></a> en dévoile les dessous. «Ils utilisent de la fausse neige», révèle le quotidien français. Je citerais bien une fois de plus Guy Debord – «Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation» – mais j’ai peur de lasser. Par contre, je vous encourage à chercher, cette année, ce qui sera par vous directement vécu durant les fêtes de Noël. Je suis prêt à tout entendre – surtout si c’est salace – mais à celles et ceux qui évoqueront la «magie de Noël» je demanderai des précisions et ne me contenterai pas de trucs éculés, de fausse neige. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@SylT 19.12.2021 | 17h49
«Des années après l'avoir lu, "Le Pornographe et son modèle" reste aussi pour moi une autofiction qui à la fois expose les fantasmes personnels d'Esparbec d'une manière qui les rend très universels et qui touche bien plus loin que la simple excitation sexuelle.»