Le travail de Sarah Perrin se concentre sur les femmes liées au monde des drogues. Une jeune femme fumant du cannabis à Cedar Woods, Texas. © NARA / Marc St Giles, mai 1973
Si l’on vous dit «dealer», quelle image avez-vous aussitôt en tête? Probablement celle d’un homme, plutôt jeune, issu de l’immigration et habitant les périphéries urbaines, populaires voire défavorisées. Si cette image est assez conforme à la réalité, il faut tout de même la nuancer. Et chercher la femme, comme souvent invisibilisée.
Le travail de Sarah Perrin, doctorante en sociologie de l’université de Bordeaux, consiste à questionner les représentations liées au monde des drogues, et spécifiquement le rôle et la figure des femmes. Dans un long article paru sur The Conversation, elle détaille les résultats d’une étude menée sur 26 femmes, consommatrices et/ou vendeuses de drogues, insérées socialement, ainsi que 10 policiers bordelais.
Lire aussi: Cette guerre perdue d'avance
Dans les affaires de drogues auxquelles la police est confrontée, les femmes sont très largement sous-représentées. Quand elles apparaissent, c’est dans le rôle de «mules», ces personnes payées pour transporter des drogues, «nourrices», c’est-à-dire qu’elles gardent chez elles des stupéfiants, sous contrainte ou contre une rémunération, ou encore comme complices passives, ce qui est le cas de la plupart des femmes dans l’entourage d’un trafiquant.
Les femmes, souligne Sarah Perrin, sont donc associées au monde des drogues plutôt comme des victimes — même si les rôles listés ci-dessus sont aussi passibles de poursuites.
Mais qu’en est-il des femmes dealeuses? La chercheuse en a rencontré. Elles sont insérées socialement, ont des diplômes, des revenus, une vie sociale et personnelle stable, elles vivent dans des zones pavillonnaires, et affirment être volontaires dans leur choix de vendre des drogues.
Pourquoi? D’abord parce qu’elles en consomment, et que cela coûte cher. 80€ pour un gramme de cocaïne, 60€ pour un gramme de MDMA.
Elles revendent à leurs amis ou connaissances, dans un cadre festif, en soirée ou en boîte de nuit, bien plus volontiers qu’au bas d’une tour d’un quartier populaire.
C’est là l’un des multiples traits qui distinguent, dans le milieu des drogues, les femmes des hommes.
Dans un monde violent et viriliste comme l’est celui des stupéfiants, rappelle Sarah Perrin, les femmes doivent batailler contre les stéréotypes de genre: on les imagine plus fragiles, moins douées pour la négociation, moins crédibles ou dignes de confiance. Par ailleurs, une femme qui vend des drogues, aux yeux de certains clients, est forcément amorale, «de mauvaise vie», donc «disponible sexuellement». Le harcèlement sexuel de la part des clients est le premier obstacle auquel il faut faire face.
«Se faire une place» passe aussi par l’affirmation de ses connaissances sur la marchandise vendue. Et sur un impératif: ne pas se laisser impressionner par les démonstrations de virilité en tous genres. Aussi certaines femmes dealers se «masculinisent»-elles pour exercer leur activité: habillement, manière de parler, posture...
Enfin, il ressort de cette étude qu’être une femme dans le milieu du deal peut aussi être un avantage. Aucune de celles interrogées par la chercheuse n’a jamais été mise en cause pour infraction à la législation sur les stupéfiants. Que ce soit en jouant sur leur capacité de travestissement, ou encore des stéréotypes sur les femmes «naïves», faussement impressionnées par les forces de l'ordre, et innocentes, les femmes dealeuses parviennent très souvent à passer au travers des mailles du filet. La faute aux idées reçues.
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Le résultat est à la hauteur: un «mème» (un visuel destiné à devenir viral sur les réseaux sociaux) montrant supposément le derrière du Premier ministre taïwanais, qui se trouve être chauve, avec le commentaire «chacun n’a qu’une paire de fesses...» C’est-à-dire: il y aura bien du papier toilette pour tout le monde.</p> <p>Deuxième stratégie, l’organisation et la coopération des citoyens. L’ADN donne en exemple la plateforme Co-facts. Il s’agit d’un site de <em>fact-checking</em> collaboratif: tout citoyen qui repère une fausse information sur les réseaux sociaux peut la «fact-checker». Un programme permet ensuite d’associer le contenu concerné avec la vérification et la dénonciation des fausses informations. Le système des notes de la communauté, sur Twitter, s’en rapproche. </p> <p>Plusieurs autres initiatives existent à Taiwan, et les citoyens sont vigilants lors des crises ou d’événements politiques propices à susciter une vague de désinformation. Ainsi l’organisation MyGoPen avait infirmé les rumeurs de tricherie lors de l’élection présidentielle.</p> <p>Troisième stratégie, le «<em>prebunking</em>». On connaissait le «<em>debunking</em>», qui désigne le fait de démontrer la fausseté d’une information ou d’un contenu et de le corriger. Les progrès de l’intelligence artificielle permettent désormais d’anticiper. Il s’agit de sensibiliser les citoyens notamment au danger des «<em>deep fakes</em>», ces fausses vidéos plus vraies que nature qui peuvent mettre en scène des célébrités ou des politiques et leur faire tenir n’importe quels propos.</p> <p>Audrey Tang, la ministre des Affaires numériques de Taiwan, a expliqué en vidéo, en créant un <em>deep fake</em> d’elle-même, combien la manœuvre était facile. Et donc dangereuse.</p> <p>La prévention fonctionne, note le magazine: «Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0065260123000266">études</a> récentes confirment que pour protéger les citoyens des fake news, il peut effectivement être utile de les exposer intentionnellement à de la désinformation. De quoi donner de la légitimité à la méthode du <i>prebunking</i>. Audrey Tang se félicite de ces initiatives: "Le résultat est qu’en 2024, lorsque nous avons vu des deep fakes pendant notre campagne électorale, ils n'ont pas eu beaucoup d’effet, parce que depuis deux ans, les citoyens ont déjà développé des anticorps dans leur esprit."»</p> <p>Coopération, éducation et communication: une démocratie saine a tous les outils nécessaires pour armer ses citoyens contre les fausses informations. L'exemple taïwanais montre que l'implication des gouvernements est aussi indispensable que l'engagement des citoyens.</p> <hr /> <h4><a href="https://www.ladn.eu/media-mutants/secrets-de-fabrication-comment-taiwan-parvient-a-lutter-contre-les-fake-news-de-la-chine/" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'taiwan-declare-la-guerre-aux-fausses-informations', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 26, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 4670, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 7839, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '1024px-ONE_GIRL_SMOKES_POT_WHILE_HER_FRIEND_WATCHES_DURING_AN_OUTING_IN_CEDAR_WOODS_NEAR_LEAKEY,_TEXAS._(TAKEN_WITH..._-_NARA_-_554906.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 87222, 'md5' => 'b09f20328d6e10f0cfb7f1278e981736', 'width' => (int) 1024, 'height' => (int) 685, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Le travail de Sarah Perrin se concentre sur les femmes liées au monde des drogues. 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