Lu ailleurs / Nous n'avons rien appris à Hiroshima
Les champignons atomiques à Hiroshima (gauche) et Nagasaki (droite), les 6 et 9 août 1945.
Le monde a commémoré les 75 ans des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, point final à la Seconde guerre mondiale qui ont fait au total près de 200’000 victimes, sans compter les pathologies résultant de l’exposition aux radiations, aux ondes de choc, et les grands brûlés. Mais avons-nous bien retenu la leçon? Un éditorialiste du Guardian affirme que non.
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Voire contre-productive pour les associations de résidents qui craignent que leur ville ne se transforme en «Venise-land», le droit de péage constituant le ticket d'entrée pour ce parc d'attraction. «Nous avons atteint un point de non-retour» déplorent les Vénitiens. «Notre ville se meurt pour le profit de quelques uns». Des services de santé ont en effet dû fermer leurs portes, les boutiques de souvenirs kitsch remplacent les enseignes locales: la vie quotidienne devient impossible.</p> <p>De fait, le pari de Carlos Ramirez et de ses voisins a réussi: plusieurs agences de voyages et compagnies aériennes avertissent désormais leurs clients. Il règne en Catalogne un «climat hostile» à leur venue. «Barcelone a à présent mauvaise réputation. De plus en plus de visiteurs ont peur de s’y rendre», explique Antje Martins, spécialiste du tourisme à l’université du Queensland. D’autres professionnels craignent même que la ville ne se retrouve «isolée» et que l’attitude des résidents n’entache la réputation de toute l’Espagne.</p> <p>Car cette révolte s'inscrit dans un paradoxe économique. Barcelone vit largement du tourisme, comme de nombreuses autres régions européennes. Comment concilier prospérité et tranquillité? L’exaspération des habitants ne se dirige d’ailleurs pas vers les touristes eux-mêmes, mais plutôt vers les autorités qui n’ont pas engagé de réflexion profonde – et politique – sur un modèle touristique durable à adopter pour atteindre une forme de consensus entre visiteurs et habitants, un équilibre vivable à long terme. Il s’agit d’un problème structurel. </p> <p>En sus des logements confisqués et de la dévitalisation des centres-villes, la question du respect de l’environnement et des habitants par les visiteurs commence à être abordée et regardée en face. La manne financière du tourisme ne justifie plus tous les excès et toutes les indulgences. A Florence, une touriste mimant une scène sexuelle avec une statue représentant Bacchus a fait scandale. La dégradation d’une fontaine du XVIème siècle par un autre visiteur l’été dernier a soulevé l'indignation des Florentins.</p> <p>Carlos a lui aussi constaté que les touristes se «lâchaient» une fois sur leur lieu de villégiature, s’autorisaient «ici ce qu’ils ne se permettent pas chez eux». «Nous nous sentons véritablement insultés». </p> <p>Amsterdam, la ville du «quartier rouge» et des coffee-shops, a décidé de répliquer: une campagne de «non promotion» lancée en 2023 visait spécialement les jeunes hommes, principaux responsables des nuisances selon les habitants. Les enterrements de vie de garçon ont quelque peu cessé d’empoisonner le quotidien et les nuits des riverains des bars et boîtes de nuit.</p> <p>Une autre stratégie consiste à augmenter drastiquement les prix pour se débarrasser des foules. Mais la gentrification qui s’en suit est encore un fléau pour les locaux. Ainsi à Majorque, tout est désormais «hors de prix» afin de dissuader les «touristes alcoolisés» d’envahir l'île et ses plages. Seulement cette inflation ne bénéficie pas aux habitants.</p> <p>Quelles que soient les méthodes employées, une intervention politique semble indispensable aux habitants de ces zones exposées à la surfréquentation. D’Amsterdam à Venise en passant par Palma de Majorque, tous sont décidés à poursuivre leur combat, «jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli». Un équilibre d’avant EasyJet et AirBnB.</p> <hr /> <h4><a href="https://edition.cnn.com/2024/07/27/travel/why-europe-has-become-an-epicenter-for-anti-tourism-protests-this-summer/index.html" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'surtourisme-un-point-de-non-retour-pour-l-europe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 153, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 4670, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5065, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les amères retombées des Jeux de Tokyo 2020', 'subtitle' => '«Les Echos» s’est interrogé dans une récente série d’été sur les retombées de l’organisation des Jeux olympiques sur les villes hôtes. 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En 1947, alors que les relations entre les Etats-Unis et l’URSS se tendent et donnent naissance à la Guerre froide, des scientifiques de l’université de Chicago créent «L’horloge de la fin du monde» ou «Horloge de l’Apocalypse». Minuit indique la fin du monde, et l’heure donnée par les aiguilles se rapproche ou s’éloigne de minuit selon l’importance de la menace, en particulier nucléaire, sur la paix et la sécurité. Depuis janvier dernier, l’horloge affiche 23 heures 58 minutes et 20 secondes, ceci en raison «de l’incapacité des dirigeants mondiaux à faire face au changement climatique» et surtout «de la menace imminente d’une guerre nucléaire».
L’horloge n’avait pas donné cette heure depuis 1953 et les essais thermonucléaires américains puis soviétiques; notre monde serait donc plus que jamais proche de sa fin. C’est cette menace, que nous avons un peu perdue de vue, que dénonce dans les pages Opinion du Guardian l’éditorialiste de politique étrangère Simon Tisdall.
Depuis des décennies, les commémorations des bombardements atomiques de l’armée américaine sur le Japon étaient accompagnées de manifestations aux slogans de «Ban the bomb», exhortant les Etats à démanteler une fois pour toutes leur arsenal nucléaire. Ces voix s’éteignent peu à peu.
En dépit du traité sur la non-prolifération1, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) avance que les neuf principales puissances nucléaires (les Etats-Unis, la Russie, la Chine, Israël, le Royaume-Uni, la France, l’Inde, le Pakistan et supposément la Corée du Nord) possèdent au total environ 13’400 armes de ce type. Cet arsenal diminue en nombre, d’anciennes bombes et des ogives hors d’âge sont démantelées, mais augmente en puissance, suivant une course effrénée à l’innovation, en particulier sur la puissance (missiles longue portée) et la précision du vecteur.
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Mais cet équilibre, affirme Simon Tisdall, est menacé. Le traité sur la non-prolifération, critiqué pour n’être pas assez ferme, est de facto quasiment enterré. Le SIPRI rapporte que la Chine a entamé une modernisation radicale de ses armes nucléaires, tandis que l’Inde et le Pakistan augmentent et diversifient leur force atomique. La Corée du Nord conduit toujours des essais balistiques et laisse planer le doute sur la réalité et la qualité de son armement nucléaire. Quand les Etats-Unis, l’administration Obama comme le gouvernement Trump, consacrent près de deux mille milliards de dollars à leur «triade» nucléaire (des armes aériennes, terrestres et navales), la Russie évoque des «drones nucléaires sous-marins» et vante la portée quasi illimitée de ses missiles sous-marins.
La mer de Chine, les frontières sino-indienne et indo-pakistanaise, le conflit Iran-Israël-Etats-Unis ou encore l’est de l’Ukraine et les velléités obscures de la Corée du Nord vis-à-vis de son voisin du sud ou des Etats-Unis, courent un réel risque de se transformer en champs de bataille nucléaires, pointent les organisations pour la paix. Celles-ci ajoutent que l’instabilité politique et économique, le populisme et l’ultra-nationalisme, les conflits pour les ressources naturelles, peuvent peser dans la rupture de l’équilibre des forces de dissuasion.
La guerre des étoiles
La course à l’armement, et en particulier à l'amélioration des armes nucléaires, aujourd’hui, se joue aussi dans l’espace. Le 15 juillet dernier, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie envoyait en orbite un satellite militaire défensif. De nombreux Etats en possèdent déjà et cherchent à développer leur propre bouclier, ainsi qu’un arsenal plus offensif, des engins très puissants et à haut risque, susceptibles de provoquer des pannes de réseau internet et téléphone, des failles de sécurité très importantes ou encore la désorganisation complète de tous les services de guidage. Une situation désormais «hors de contrôle» — et la bataille pour le contrôle de l’espace ne fait que commencer. Les Russes ont montré le mois dernier qu’ils étaient capables de détruire une arme spatiale ennemie, la situation peut très rapidement dégénérer.
Christopher Ford, sous-secrétaire d’Etat américain chargé de la sécurité internationale appuie: «La Russie et la Chine ont d’ores et déjà transformé l’espace en une zone de guerre». L’OTAN prévoit l’envoi de 2000 satellites militaires, défensifs eux aussi, destinés à «protéger les intérêts» des membres de l’organisation.
Brosser ce sombre tableau est prétexte, pour Simon Tisdall comme pour les observateurs vigilants, à rappeler que les leçons et les promesses de l’après-guerre sont loin. Il faut au monde une bonne leçon d’Histoire. La mémoire est la meilleure arme pour la paix.
1Le traité sur la non-prolifération (TNP) a été signé en 1968 par de nombreux Etats et est entré en vigueur en 1970. Son but est d'empêcher que l'usage de l'arme nucléaire se répande. L'Agence Internationale de l'Energie Atomique est chargée de veiller à son application. L'Inde, le Pakistan et Israël se sont dotés de l'arme atomique mais n'ont pas signé le traité. La Corée du Nord s'en est retirée. La Suisse est signataire et a définitivement abandonné son programme nucléaire en 1988.
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D’autres professionnels craignent même que la ville ne se retrouve «isolée» et que l’attitude des résidents n’entache la réputation de toute l’Espagne.</p> <p>Car cette révolte s'inscrit dans un paradoxe économique. Barcelone vit largement du tourisme, comme de nombreuses autres régions européennes. Comment concilier prospérité et tranquillité? L’exaspération des habitants ne se dirige d’ailleurs pas vers les touristes eux-mêmes, mais plutôt vers les autorités qui n’ont pas engagé de réflexion profonde – et politique – sur un modèle touristique durable à adopter pour atteindre une forme de consensus entre visiteurs et habitants, un équilibre vivable à long terme. Il s’agit d’un problème structurel. </p> <p>En sus des logements confisqués et de la dévitalisation des centres-villes, la question du respect de l’environnement et des habitants par les visiteurs commence à être abordée et regardée en face. 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Un équilibre d’avant EasyJet et AirBnB.</p> <hr /> <h4><a href="https://edition.cnn.com/2024/07/27/travel/why-europe-has-become-an-epicenter-for-anti-tourism-protests-this-summer/index.html" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'surtourisme-un-point-de-non-retour-pour-l-europe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 153, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 4670, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5065, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les amères retombées des Jeux de Tokyo 2020', 'subtitle' => '«Les Echos» s’est interrogé dans une récente série d’été sur les retombées de l’organisation des Jeux olympiques sur les villes hôtes. 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En pleine pandémie, les organisateurs avaient pris des précautions maximales: masques obligatoires, bulles sanitaires pour protéger les athlètes, public contraint de regarder la majeure partie des festivités à la télévision... Sur certains tronçons du parcours de la flamme, rappelle l’article des <em>Echos</em>, il était même défendu au public de pousser des cris d’enthousiasme, afin d’éviter les contaminations. </p> <p>Un cas d’école, en somme: pour l’historien du sport Robert Withing, cité par le quotidien, «l’opinion publique n’aura pas pu vivre les émotions qui permettent normalement d’effacer toutes les polémiques qui précèdent traditionnellement les JO.» C’est ainsi que les Japonais ont pu découvrir la facture finale de 1’700 milliards de yens (environ 13 milliards de dollars), c’est-à-dire le double des dépenses prévues. 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