Culture / Lausanne, capitale des livres interdits
Nils Andersson a accepté de signer quelques autographes. © 2018 Bon pour la tête / David Glaser
A la fin des années 50, dans une capitale romande commençant à vibrionner de plus en plus sur son flanc culturel, le franco-suédois né à Lausanne Nils Andersson va lancer l'aventure de La Cité Editeur, une maison d'édition permettant l'accès pour les Romands à des livres politiques ou de littérature majeurs pour leur temps. L'homme et son entreprise connaîtront une ascension telle qu'ils vont finir par déranger les pouvoirs suisse et français. Andersson sera expulsé en 1967 de son pays de naissance. Entretien avec cet exilé qui se «refera» en Belgique, en Albanie, en Suède puis en France sans avoir jamais rien regretté de ses choix d'éditeur militant très à gauche.
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Cette présence à Lausanne en 2018 de Nils Andersson tombe donc parfaitement bien, seulement quelques semaines après la réhabilitation par Emmanuel Macron de l'universitaire et membre du parti communiste algérois Maurice Audin, torturé et tué par l'armée française en juin 1957. Son camarade Henri Alleg l'avait d'ailleurs vu diminué, confus, souffrant après avoir reçu un traitement spécial des paramilitaires français quelques jours avant. L'intervention d'Andersson devant le public de sa ville sonne l'entrée dans une époque de durcissement général des régimes démocratiques. Les gouvernements italien, polonais, hongrois ou autrichien ne souhaitent pas maintenir une gouvernance bienveillante vis à vis des immigrés, le discours est stigmatisant quand il n'est pas clairement haineux. Ainsi, la présence de l'éditeur lausannois qui a offert une alternative aux éditeurs français censurés sonne comme un doux flashback dans ces années de paisible culture romande devenant de moins en moins tranquille et docile, accouchant de mille envies de faire bouger le cocotier que ce soit en termes d’édition de livres, de revues ou d’expression d'idées politiques. </p><h3><strong>Une image romantique</strong></h3><p>Nils Andersson jouit d’une forme d’admiration romantique de la part des témoins d'époque de ses actes d’édition héroïque, quand la France usait de la censure et que la petite Suisse voisine se positionnait pour rétablir la liberté de publier sans hésiter. 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Il recevra le soutien de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir qui ont signé un appel des Romands Simone Hauert, Fanny Grether et Bernard Liègme. Plus étonnant, Bertil Galland, classé à l'opposé sur le spectre politique, prend sa défense. Le journaliste (lui aussi d'origine suédoise mais les points communs avec Andersson s'arrêtent là) prend en effet la défense de l'éditeur communiste dans un edito de <em>24 Heures</em>.</p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"> <iframe scrolling="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/532976433&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true" width="100%" height="166" frameborder="no"></iframe></font></p><p>Le départ de Suisse va permettre à l'éditeur d'ouvrir un nouveau chapitre dans sa vie, de partir vers la Belgique, la Suède mais aussi l'Albanie au sein de la radio d'état, au département francophone de Radio Tirana.</p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"> <iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/535199613&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true"></iframe><br></font></p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"></font></p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"></font></p> <p>Le regard de Nils Andersson sur l'économie du marché n'a pas changé. Il y a un capitalisme qui a coûté très cher dans l'histoire de l'humanité. Le règne du plus fort avec les armes pour se faire justice. Une critique que l'on retrouve dans le texte du journaliste du Journal de Genève Walter Weideli dont le texte <em>Un banquier sans visage</em> a été publié à La Cité et qui a été jouée pour les 150 ans de l'entrée de Genève dans la Confédération et qui avait suscité un véritable tollé. </p> <p>La mise en place de la venue de Nils Andersson a constitué un événement à Vidy, Matthieu Jaccard, l'organisateur, raconte comment les choses se sont mises en place.<iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/530163399&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true"></iframe> <br></p><p><hr></p><br><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w300/1543154152_tlchargement.jpg" style="font-family: "PT Serif";"><p><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Nils Andersson, </span><em style="color: inherit; font-size: 1.4rem;">Mémoire éclatée</em><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">. 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Il recevra le soutien de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir qui ont signé un appel des Romands Simone Hauert, Fanny Grether et Bernard Liègme. Plus étonnant, Bertil Galland, classé à l'opposé sur le spectre politique, prend sa défense. Le journaliste (lui aussi d'origine suédoise mais les points communs avec Andersson s'arrêtent là) prend en effet la défense de l'éditeur communiste dans un edito de <em>24 Heures</em>.</p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"> <iframe scrolling="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/532976433&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true" width="100%" height="166" frameborder="no"></iframe></font></p><p>Le départ de Suisse va permettre à l'éditeur d'ouvrir un nouveau chapitre dans sa vie, de partir vers la Belgique, la Suède mais aussi l'Albanie au sein de la radio d'état, au département francophone de Radio Tirana.</p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"> <iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/535199613&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true"></iframe><br></font></p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"></font></p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"></font></p> <p>Le regard de Nils Andersson sur l'économie du marché n'a pas changé. Il y a un capitalisme qui a coûté très cher dans l'histoire de l'humanité. Le règne du plus fort avec les armes pour se faire justice. Une critique que l'on retrouve dans le texte du journaliste du Journal de Genève Walter Weideli dont le texte <em>Un banquier sans visage</em> a été publié à La Cité et qui a été jouée pour les 150 ans de l'entrée de Genève dans la Confédération et qui avait suscité un véritable tollé. </p> <p>La mise en place de la venue de Nils Andersson a constitué un événement à Vidy, Matthieu Jaccard, l'organisateur, raconte comment les choses se sont mises en place.<iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/530163399&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true"></iframe> <br></p><p><hr></p><br><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w300/1543154152_tlchargement.jpg" style="font-family: "PT Serif";"><p><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Nils Andersson, </span><em style="color: inherit; font-size: 1.4rem;">Mémoire éclatée</em><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">. De la décolonisation au déclin de l'Occident <br></span><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Préface de Gérard Chaliand (Editions d'En-Bas)</span></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'lausanne-capitale-des-livres-interdits', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 679, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1361, 'homepage_order' => (int) 1606, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2616, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1765, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'A VIF / Musique', 'title' => 'Balade dans le jardin du «Montreux Jazz»', 'subtitle' => 'La programmation du festival est composée comme on agencerait une boutique de fleuriste. 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C'est un quintet aux influences éclatées, puisant dans le kletzmer – cher à la communauté juif ashkénaze importante de la ville alsacienne – et dans l’électro groove, pompant aussi dans le free jazz le plus inventif et flirtant au trip-hop expérimental, utilisant le sax avec des pédales d'effets distordus.</span></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'balade-dans-le-jardin-du-montreux-jazz', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 785, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1785, 'homepage_order' => (int) 2045, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 2, 'person_id' => (int) 2616, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1726, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Grève des femmes', 'title' => 'La Gale: «Le hip-hop n’est pas plus touché par la domination masculine… »', 'subtitle' => 'La Lausannoise Karine Guignard promène son rap sur les scènes de Suisse et à l’international depuis son premier album en 2012 sobrement intitulé «La Gale». 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Ce qui m’intéresse et m’interpelle est de comprendre les systèmes de privilèges et de stigmatisation, comment ils s’influencent et se croisent. De fait la lutte féministe n’a pour moi de sens que si elle considère et intègre les autres groupes sociaux stigmatisés. Aussi, je n’ai pas du tout de pensée politique. Je ne sais pas comment agir, sinon en donnant du sens à ce que je fais. C’est pourquoi dans le domaine du travail du sexe, j’essaie surtout de créer un discours qui permette à la fois de montrer un autre regard et en même temps de nous réapproprier notre voix qui est systématiquement mise sous silence. <br /><strong>Vous avez une activité militante ici?</strong><br />Si l’on veut. Je veux dire, je ne me trouve pas très active ni engagée. 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Il y a des descentes de police pour arrêter les sans-papiers, inutile de vous dire qu’étrangère plus pute est une combinaison propice aux abus policiers.<br />Bien sûr, et en même temps je dois bien admettre que je suis une «putain» privilégiée qui a eu la possibilité de partir travailler en Suisse et a préféré son confort personnel plutôt que la lutte aux côtés de ses consœurs précarisées. Cette loi de pénalisation des clients est terrible pour mes consœurs. Elle renforce encore plus la précarité alors que le travail du sexe était pour beaucoup un moyen d’en sortir, de s’en sortir. Je trouve cela affligeant de se prétendre féministe et de tout faire pour empêcher des individus en majorité femme de s’émanciper de leur situation à elles comme elles le veulent sous prétexte que la prostitution serait «en elle même» une violence. 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Et quand nous nous organisons nous-mêmes pour faire entendre notre voix, nous sommes systématiquement mises sous silence, si ce n’est insultées.<br />Concernant l’argument du «non-choix» dans la prostitution, c’est surtout un non-sens absolu. Aucun choix, quel qu’il soit, n’est jamais pris et défini uniquement par ma volonté. Le choix humain est toujours déterminé par un tas de choses, le contexte culturel, le besoin de se sentir reconnu par mes pairs, la représentation inconsciente que j’ai de moi, des autres… Du choix des vacances à celui de mon partenaire; du choix de ma tenue à celui de mon travail, tout est agencement comme dirait Deleuze.<br /><strong>Le problème viendrait-il surtout de notre besoin de s'insérer dans une société capitaliste?<br /></strong><strong></strong>Dans un système capitaliste déterminé par la nécessité de gagner de l’argent pour survivre, nous avons toutes et tous la contrainte de nous trouver un travail. 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On a 48 concerts. Comme on n’est pas dans la configuration open-air, tout est lié à la programmation. Avec Elton John, on a plus de billets à vendre qu’auparavant. On a deux affiches majeures comme Elton John et Sting qui ont été sold-out en deux jours.15'000 billets écoulés pour Elton dans un stade, c’est l’équivalent de 15 soirées au Stravinsky. On note par ailleurs que les artistes sont moins nombreux sur la route, que le modèle économique est en train de changer.</p> <p><strong>Quels sont vos objectifs pour un concert à Montreux?</strong></p> <p>On vise environ 60 ou 70% de la capacité de la salle. Mais je prends chaque concert individuellement. Il y a un changement ces dix dernières années avec la publicité sur les différents relais médiatiques. On a une concurrence forte en Suisse et en Europe en général. On doit relancer le public sur l’ensemble du programme constamment dans les médias du print. Le travail de communication se fait plus finement et est plus diversifié sur le digital. Avec les applications comme Spotify, on ne peut plus mettre le focus sur des artistes moins connus, ce qui est quelque chose d’intéressant.</p> <p><strong>Y a-t-il un effet Montreux avec des concerts conceptualisés, avec des artistes fidélisés?</strong></p> <p>Oui. Pour Thom Yorke dont le nouvel album a le parfait profil pour nous avec un spectacle visuel qui nous correspond bien, plus que pour un open air. L’ambiance de son album se transposera bien au Stravinski. Pour Janet Jackson aussi. Grâce à l’appui de Quincy Jones, elle fera deux dates en Europe, Montreux et Glastonbury. Avec une matériel scénique énorme là-bas. Pas chez nous, le rapport humain a permis de marquer notre différence. </p> <p><strong>Malgré la marque Montreux, il semblerait que rien ne soit acquis… </strong></p> <p>On fait des choix de programmation, certes, mais on est sur le fil du rasoir. On l’a toujours été. C’est la 20<sup>e</sup> édition pour moi et il y a toujours cette tension. On aimerait avoir une plus grande marge de manœuvre, une plus grande force de frappe qui nous permettent de rectifier le tir en cas d’échec sur des concerts.</p> <h3><strong>BAD BONN KILBI, GUIN - <em>OPEN AIR PETIT FORMAT </em>(30 MAI – 1<sup>er</sup> JUIN)</strong></h3> <p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499558_lindequebradaphotofacebookdelartiste.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="347" height="231" /></strong></p> <h4 style="text-align: center;">Lin De Quebrada était l'artiste tête d'affiche de Kilbi mercredi. © Facebook</h4> <p><strong>Vous êtes un festival de petite taille très prisé. Un petit poisson qui se débat dans un gros étang?</strong></p> <p><strong>Daniel Fontana</strong> (directeur): Non, pas du tout. Je suis en contact avec tous les acteurs de l'industrie musicale. J'aime avoir du plaisir dans mon métier et je suis un gars qui aime les gens. Je ne me prends pas trop au sérieux pour justement être pris au sérieux par les autres acteurs. A Kilbi, j'essaye toujours de trouver des artistes qui ont quelque chose d'original, qui ne font pas de compromis et qui sont surprenants. J'essaye aussi d'ajouter des éléments très expérimentaux au contenu du festival. Et avoir du plaisir, être connecté et discuter. Une chose très importante pour moi, c'est la fidélité à qui nous sommes, surtout. Garder la taille du festival, ne pas seulement le dire. Et mettre le côté humain en avant. La déco et le style ne sont pas les plus importants.</p> <p><strong>Comment ça se passe en termes économiques, la concurrence s'exprime-t-elle sur le terrain des cachets?</strong></p> <p>Oui. Mais on programme les artistes que l'on peut se payer. Cela arrive que l'on doive payer de gros cachets pour de petits groupes parce qu'ils sont en tête d'affiche. Mais le terrain de jeu dans lequel nous évoluons est plutôt sympathique. Les gens nous font confiance et nous rejoignent. J'espère que nous pourrons agir de cette façon pour quelque temps encore.</p> <p><strong>Comment décrire Kilbi par rapport aux autres festivals?</strong></p> <p>C'est un festival au naturel, multilingue et ouvert d'esprit, tout simple. Très varié. Je me fais toujours la réflexion quand je programme des groupes: est-ce que ces artistes seraient tous heureux de dîner à la même table?</p> <h3><strong>PALEO, l'OPEN AIR GRAND FORMAT (23-28 JUILLET)</strong></h3> <p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499333_jacques_monnier_credit_aniessa_jotterand.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="281" height="422" /></strong></p> <h4 style="text-align: center;"><strong>Jacques Monnier. </strong>© <strong>Aniessa Jotterand</strong></h4> <p><strong>Comment analysez-vous la baisse de passion pour plusieurs festivals majeurs cette année dont Paléo?</strong></p> <p><strong>Jacques Monnier </strong>(chef de la programmation)<strong>: </strong>On a vu l’an dernier que le marché suisse était en limite de saturation. Il y a beaucoup de festivals, Caribana, Rock Oz’ Arènes, Festi’Neuch… Les gens n’ont ni le temps ni l’argent d’aller partout. Il y a un tassement. C’est la première année depuis 2003 que l’on ne vend pas tout. Il nous reste des billets pour samedi et dimanche. Mais à l’arrivée, ça fera quand même 96% de remplissage. Cette année, il y a le facteur Fêtes des Vignerons, même si ce ne sont pas tous des spectateurs de Paléo, sans compter les concerts programmés à l’année.</p> <p><strong>Le facteur hip-hop a-t-il écarté certains spectateurs de Paléo cette année? </strong></p> <p>Non, car on programme du hip-hop depuis MC Solaar. Avant, les organisateurs ne voulaient pas trop de hip hop car le public était réputé difficile. Mais aujourd’hui, c’est la soirée avec Damso et Soprano qui est partie la plus vite. On doit renouveler le public avec ce qu’il veut écouter, du rap et de l’électro surtout, moins de rock. Mais on a un menu qui s’adresse à des générations différentes, le rap c’est 12% des artistes, Bruel sera là pour un public familial, The Cure et 21 Pilots pour les amateurs de rock… Il y a les musiques du monde. Paléo est vaste.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559498684_thecure2nyoncolovrayen1985crditpalo.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Nyon Colovray en 1985. © Paléo</h4> <p><strong>Puisque vous les citez, The Cure et son leader Robert Smith incarnent très bien la relation spéciale que Paléo peut entretenir avec des artistes, non?</strong></p> <p>Oui et c’est émouvant. The Cure est venu en 1985 à Paléo. On s’ouvrait au rock à ce moment-là. En fait, Robert Smith a choisi Paléo comme lieu important pour célébrer les 40 ans de son groupe. Mais on a aussi une relation très soutenue avec des artistes placés en «découverte» ces dernières années comme Big Flo & Oli, Jain et Angèle. Cette dernière fait partie des artistes dont la carrière a explosé en une année. On est heureux de lui proposer la Grande scène cet été pour passer de 3000 à 30'000 spectateurs. Ce suivi des artistes dans leur éclosion, c’est ce qui nous plaît.</p> <h3><strong>LES EUROCKÉENNES – OPEN AIR MAJEUR DU PAYS VOISIN (4-7 JUILLET)</strong></h3> <p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499033_leseurockennesphotoeurockennes.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></strong></p> <p><strong>Avez-vous senti une désaffection en 2018 aux Eurockéennes et sur le marché des festivals français en général?</strong></p> <p><strong>Jean-Paul Roland </strong>(directeur)<strong>:</strong> Il y a toujours plus de festivals et de public en France. Pour 2018, c’est moins une désaffection ressentie qu’une crainte partagée par le secteur d’un équilibre financier désormais élevé, proche du complet, et donc beaucoup plus difficile à atteindre. Avec le constat des hausses cumulées des coûts de sûreté et d’accueil du public, des frais d’indemnisation des forces de l’ordre et également des cachets d’artistes face à une décrue des subventions locales, le secteur très concurrentiel est inquiet pour son avenir.</p> <p><strong>Quel est le secret pour que les Eurockéennes perdurent avec ce récent format de quatre jours? </strong></p> <p>Ni secret, ni recette. La fragilité reste intrinsèquement liée à ce type d’événement plein air. Ce format dépend essentiellement des opportunités artistiques pour réussir à programmer un jour supplémentaire. Le format sur trois jours reste le mètre étalon. Si notre équipe défend l’idée d’un festival généraliste mais clair dans ses choix artistiques et qui explore avec passion et assiduité les marges musicales, la promesse d'une expérience globale sur la belle presqu’île du Malsaucy <em>(ndlr : à dix minutes du centre de Belfort et une heure de Delémont),</em> d’une parenthèse sociale avec son légendaire camping va bien au-delà de la programmation musicale.</p> <p><strong>Vous n’êtes pas dépendant des subventions publiques, est-ce le secret en France pour tenir financièrement sur du long terme?</strong></p> <p>Croisons les doigts et scrutons les cieux! Il s’agit au départ d’un festival inventé par une collectivité départementale publique, donc majoritairement subventionné à ses débuts en 1989. Le virage économique intervient à l’aube des années 2000 avec un budget dont les recettes proviennent désormais à 93% de ses recettes propres (mécénat, sponsoring et billetterie). La baisse des subventions peut à terme limiter le nombre et l’ampleur de nos actions culturelles et sociales proposées à l’année sur notre territoire élargi qui comprennent des accompagnements artistiques, notamment Iceberg en France et en Suisse, la programmation locale au club de la Poudrière à Belfort, des actions solidaires avec les associations locales… etc.). 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Une rencontre avec Nils Andersson, c'est l'assurance de replonger dans une période terriblement stimulante pour le monde des débats politiques en Suisse romande. Plutôt rare par chez nous, le Lausannois vit aujourd'hui à Paris, il a beaucoup œuvré pour la liberté d'expression, façon hussarde, travaillant le verbe des autres, les écrits révélateurs d'une époque, les vérités qui ne font pas plaisir à lire, en tant que créateur d’une maison d’édition indépendante, La Cité Éditeur. Né en 1957 sur un coup de chance, dans un contexte européen chargé, dans lequel le voisin français tente la force pour dominer des Algériens qui n'en peuvent plus d'être colonisés, La Cité Éditeur va marquer l'histoire de l'édition politique francophone. On y reviendra dans quelques instants. Mais parlons de l'homme Andersson, né en 1933 – comme un symbole politique, car c'est l'année de l'arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne – il se fera un plaisir de mettre en avant ses idéaux, très à gauche, et de débattre sans cesse. Sa vie a, d'ailleurs, été illustrée jusqu'à maintenant par ce parcours cohérent, refusant que la démocratie ne serve surtout qu'à favoriser les Bourgeois et les puissants. Une vie de refus pour ce modèle américain du capitalisme gourmand qui laisse sur le bas-côté de la route ceux qui ne sont pas montés à temps dans la Ford T lancée à vive allure sur les autostrades de la croissance et du «bien-être» consumériste.
Durcissement des comportements
Auteur entre autres de la Mémoire éclatée: de la décolonisation au déclin de l’occident, Nils Andersson a, en acceptant l'invitation du conférencier Matthieu Jaccard au Théâtre de Vidy, début novembre, pu retracer les grandes étapes de sa vie militante et grandement chahutée par les pouvoirs politique français et helvétique. Jaccard, un architecte de formation qui construit des présentations comme des «cadavres exquis» de références littéraires, pamphlétaires, architecturaux a imaginé une conversation dans laquelle les conceptualisations culturelles croisent des thèmes historiques forts comme la décolonisation, dans laquelle émergent des problématiques liées au durcissement des comportements des citoyens et de leurs représentants dans nos nations occidentales anciennes. L'heure est chez lui comme chez Andersson à l'analyse de la violence des discours des extrémistes de l'histoire, le spectateur de la conférence ne peut s'empêcher d'y voir un clin d’œil appuyé aux gouvernements ultra-conservateurs ou populistes actuellement en haut de l'affiche en Europe ainsi qu'au Brésil ou aux Etats-Unis. Et une maison d'édition comme La Cité Éditeur prend alors une place importante dans l'histoire du monde mais aussi dans l'histoire culturelle romande. Comme une parole alternative au tout venant conformiste de l'époque. La création de Nils Andersson et de son comparse Pierre Canova a laissé de bien jolies traces permettant de raconter la Romandie bouillonnante d'idées d'antan et d'expliquer un atavisme à aller chercher dans l'ADN de lieux d'expression théâtre ou d'autres maisons d'édition à la proposition vivace (on pense aux Editions l'Âge d'Homme).
Nils Andersson et Matthieu Jaccard. © 2018 Bon pour la tête / David Glaser
Contre la gangrène nationaliste
Déjà décidé à ne pas laisser les extrémismes gangrener les démocraties telle que sa troisième patrie, la France, Nils Andersson est alors un jeune éditeur de 24 ans quand il part sans le sou dans un projet d'entreprise éditorial spectaculaire, défendant dans le concert chaotique et souvent strident des nations d'après-guerre en pleine reconstruction, un «idéal socialiste» vilipendé, partant à la conquête des Romands dans la diffusion des textes du Théâtre populaire romand (qui a pris exemple sur le Théâtre national populaire de Jean Vilar). Cette présence à Lausanne en 2018 de Nils Andersson tombe donc parfaitement bien, seulement quelques semaines après la réhabilitation par Emmanuel Macron de l'universitaire et membre du parti communiste algérois Maurice Audin, torturé et tué par l'armée française en juin 1957. Son camarade Henri Alleg l'avait d'ailleurs vu diminué, confus, souffrant après avoir reçu un traitement spécial des paramilitaires français quelques jours avant. L'intervention d'Andersson devant le public de sa ville sonne l'entrée dans une époque de durcissement général des régimes démocratiques. Les gouvernements italien, polonais, hongrois ou autrichien ne souhaitent pas maintenir une gouvernance bienveillante vis à vis des immigrés, le discours est stigmatisant quand il n'est pas clairement haineux. Ainsi, la présence de l'éditeur lausannois qui a offert une alternative aux éditeurs français censurés sonne comme un doux flashback dans ces années de paisible culture romande devenant de moins en moins tranquille et docile, accouchant de mille envies de faire bouger le cocotier que ce soit en termes d’édition de livres, de revues ou d’expression d'idées politiques.
Une image romantique
Nils Andersson jouit d’une forme d’admiration romantique de la part des témoins d'époque de ses actes d’édition héroïque, quand la France usait de la censure et que la petite Suisse voisine se positionnait pour rétablir la liberté de publier sans hésiter. Mais il y a aussi une admiration plus relative, car prenant en compte les avis de certains de ces mêmes témoins qui regrettent des comportements durs de la part de militants, sympathisants de la cause marxiste-léniniste comme Andersson, pas spécialement ouverts aux avis des contradicteurs qu’ils soient «Ligue vaudoise» (à droite) ou trostkiste. Qu'Andersson ait été intransigeant face à des concurrents de la doxa communiste - tendance trostkiste – ou contre un journaliste comme Bertil Galland ne fait aucun doute, le Suédois le reconnaît aisément dans l'entretien qui suit. Il reconnaîtra que son contradicteur Galland, qui prit sa défense lors de son expulsion, a eu une attitude très honorable à son endroit.
Commençons par les débuts de La Cité qui doit son existence à plusieurs rencontres décisives. Après avoir frayé un bon bout de chemin avec l’écrivain Jacques Chessex (Nils Andersson avait édité la revue Pays du Lac avec l'auteur vaudois en 1953), c'est avec Pierre Canova qu'il a une idée qui va définitivement lancer son aventure littéraire et politique pour de bon. Celle d’éditer des livres nourrissant le débat d’idées, des livres principalement venus de France, et de les rendre disponibles même si cela déplaît en Suisse. Avec les écrits des Editions de minuit (dirigées par Jérôme Lindon) à Paris, un lien vers la littérature engagée venu du pays voisin se fait tout naturellement. En pleine guerre d’Algérie, la focale va se porter sur un livre de Henri Alleg La Question, retirée de la vente en France car l'écrivain y décrit l’horreur des agissements de l’armée française, torturant ses ressortissants partisans de l’indépendance de l’Algérie. Il en sera beaucoup question dans cet entretien. Retour sur les prémices de cette aventure, une aventure qui est le fruit de rencontres et du hasard.
Le milieu du XXe siècle va voir la scène culturelle se transformer à Lausanne, des débatteurs acharnés trouver des lieux (comme le Café barbare) ou des publications pour exprimer leurs idées. C'est dans ce contexte et en plein centre ville que les revues puis la maison d'édition de Nils Andersson vont être imaginées puis façonnées.
Le Barbare, le Lieu, les intellectuels cohabitaient alors avec des dragueurs et des militants politiques pur jus. Et si sur la place de la Riponne, on vendait encore du bétail au détail, Nils Andersson, fils d’un Suédois et d’un Française sent qu’il y a quelque chose a faire, lui qui se sent suisse mais aussi de l’étranger, donc peu sensible aux dangers d’émettre des idées de par ses choix éditoriaux qui pourraient apparaître subversives, c'est peut-être pour cela qu'il a entrepris de publier malgré les risques de ce faire «détruire».
En 1996, Nils Andersson est expulsé du territoire suisse par les autorités suite aux publications de textes favorables aux combattants algériens, vietnamiens et les pensées de Mao. Il est le premier à publier ce texte en langue française. Il recevra le soutien de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir qui ont signé un appel des Romands Simone Hauert, Fanny Grether et Bernard Liègme. Plus étonnant, Bertil Galland, classé à l'opposé sur le spectre politique, prend sa défense. Le journaliste (lui aussi d'origine suédoise mais les points communs avec Andersson s'arrêtent là) prend en effet la défense de l'éditeur communiste dans un edito de 24 Heures.
Le départ de Suisse va permettre à l'éditeur d'ouvrir un nouveau chapitre dans sa vie, de partir vers la Belgique, la Suède mais aussi l'Albanie au sein de la radio d'état, au département francophone de Radio Tirana.
Le regard de Nils Andersson sur l'économie du marché n'a pas changé. Il y a un capitalisme qui a coûté très cher dans l'histoire de l'humanité. Le règne du plus fort avec les armes pour se faire justice. Une critique que l'on retrouve dans le texte du journaliste du Journal de Genève Walter Weideli dont le texte Un banquier sans visage a été publié à La Cité et qui a été jouée pour les 150 ans de l'entrée de Genève dans la Confédération et qui avait suscité un véritable tollé.
La mise en place de la venue de Nils Andersson a constitué un événement à Vidy, Matthieu Jaccard, l'organisateur, raconte comment les choses se sont mises en place.
Nils Andersson, Mémoire éclatée. De la décolonisation au déclin de l'Occident
Préface de Gérard Chaliand (Editions d'En-Bas)
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Une vie de refus pour ce modèle américain du capitalisme gourmand qui laisse sur le bas-côté de la route ceux qui ne sont pas montés à temps dans la Ford T lancée à vive allure sur les autostrades de la croissance et du «bien-être» consumériste. <br><br><iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/530162751&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true"></iframe> <br></p><h3><strong>Durcissement des comportements</strong></h3><p>Auteur entre autres de la <em>Mémoire éclatée: de la décolonisation au déclin de l’occident</em>, Nils Andersson a, en acceptant l'invitation du conférencier Matthieu Jaccard au Théâtre de Vidy, début novembre, pu retracer les grandes étapes de sa vie militante et grandement chahutée par les pouvoirs politique français et helvétique. Jaccard, un architecte de formation qui construit des présentations comme des «cadavres exquis» de références littéraires, pamphlétaires, architecturaux a imaginé une conversation dans laquelle les conceptualisations culturelles croisent des thèmes historiques forts comme la décolonisation, dans laquelle émergent des problématiques liées au durcissement des comportements des citoyens et de leurs représentants dans nos nations occidentales anciennes. L'heure est chez lui comme chez Andersson à l'analyse de la violence des discours des extrémistes de l'histoire, le spectateur de la conférence ne peut s'empêcher d'y voir un clin d’œil appuyé aux gouvernements ultra-conservateurs ou populistes actuellement en haut de l'affiche en Europe ainsi qu'au Brésil ou aux Etats-Unis. Et une maison d'édition comme La Cité Éditeur prend alors une place importante dans l'histoire du monde mais aussi dans l'histoire culturelle romande. Comme une parole alternative au tout venant conformiste de l'époque. La création de Nils Andersson et de son comparse Pierre Canova a laissé de bien jolies traces permettant de raconter la Romandie bouillonnante d'idées d'antan et d'expliquer un atavisme à aller chercher dans l'ADN de lieux d'expression théâtre ou d'autres maisons d'édition à la proposition vivace (on pense aux Editions l'Âge d'Homme).<br><br><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;"></span></p><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w600/1543152378_nilsanderssonetmatthieujaccard.jpg"><p style="text-align: center;"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Nils Andersson et Matthieu Jaccard. © 2018 Bon pour la tête / David Glaser</span></p><h3><strong>Contre la gangrène nationaliste</strong></h3><p>Déjà décidé à ne pas laisser les extrémismes gangrener les démocraties telle que sa troisième patrie, la France, Nils Andersson est alors un jeune éditeur de 24 ans quand il part sans le sou dans un projet d'entreprise éditorial spectaculaire, défendant dans le concert chaotique et souvent strident des nations d'après-guerre en pleine reconstruction, un «idéal socialiste» vilipendé, partant à la conquête des Romands dans la diffusion des textes du Théâtre populaire romand (qui a pris exemple sur le Théâtre national populaire de Jean Vilar). Cette présence à Lausanne en 2018 de Nils Andersson tombe donc parfaitement bien, seulement quelques semaines après la réhabilitation par Emmanuel Macron de l'universitaire et membre du parti communiste algérois Maurice Audin, torturé et tué par l'armée française en juin 1957. Son camarade Henri Alleg l'avait d'ailleurs vu diminué, confus, souffrant après avoir reçu un traitement spécial des paramilitaires français quelques jours avant. L'intervention d'Andersson devant le public de sa ville sonne l'entrée dans une époque de durcissement général des régimes démocratiques. Les gouvernements italien, polonais, hongrois ou autrichien ne souhaitent pas maintenir une gouvernance bienveillante vis à vis des immigrés, le discours est stigmatisant quand il n'est pas clairement haineux. Ainsi, la présence de l'éditeur lausannois qui a offert une alternative aux éditeurs français censurés sonne comme un doux flashback dans ces années de paisible culture romande devenant de moins en moins tranquille et docile, accouchant de mille envies de faire bouger le cocotier que ce soit en termes d’édition de livres, de revues ou d’expression d'idées politiques. </p><h3><strong>Une image romantique</strong></h3><p>Nils Andersson jouit d’une forme d’admiration romantique de la part des témoins d'époque de ses actes d’édition héroïque, quand la France usait de la censure et que la petite Suisse voisine se positionnait pour rétablir la liberté de publier sans hésiter. Mais il y a aussi une admiration plus relative, car prenant en compte les avis de certains de ces mêmes témoins qui regrettent des comportements durs de la part de militants, sympathisants de la cause marxiste-léniniste comme Andersson, pas spécialement ouverts aux avis des contradicteurs qu’ils soient «Ligue vaudoise» (à droite) ou trostkiste. Qu'Andersson ait été intransigeant face à des concurrents de la doxa communiste - tendance trostkiste – ou contre un journaliste comme Bertil Galland ne fait aucun doute, le Suédois le reconnaît aisément dans l'entretien qui suit. Il reconnaîtra que son contradicteur Galland, qui prit sa défense lors de son expulsion, a eu une attitude très honorable à son endroit. </p><p>Commençons par les débuts de La Cité qui doit son existence à plusieurs rencontres décisives. Après avoir frayé un bon bout de chemin avec l’écrivain Jacques Chessex (Nils Andersson avait édité la revue Pays du Lac avec l'auteur vaudois en 1953), c'est avec Pierre Canova qu'il a une idée qui va définitivement lancer son aventure littéraire et politique pour de bon. Celle d’éditer des livres nourrissant le débat d’idées, des livres principalement venus de France, et de les rendre disponibles même si cela déplaît en Suisse. Avec les écrits des Editions de minuit (dirigées par Jérôme Lindon) à Paris, un lien vers la littérature engagée venu du pays voisin se fait tout naturellement. En pleine guerre d’Algérie, la focale va se porter sur un livre de Henri Alleg <em>La Question</em>, retirée de la vente en France car l'écrivain y décrit l’horreur des agissements de l’armée française, torturant ses ressortissants partisans de l’indépendance de l’Algérie. Il en sera beaucoup question dans cet entretien. Retour sur les prémices de cette aventure, une aventure qui est le fruit de rencontres et du hasard.<br><br><iframe scrolling="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/532976394&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true" width="100%" height="166" frameborder="no"></iframe></p><p>Le milieu du XXe siècle va voir la scène culturelle se transformer à Lausanne, des débatteurs acharnés trouver des lieux (comme le Café barbare) ou des publications pour exprimer leurs idées. C'est dans ce contexte et en plein centre ville que les revues puis la maison d'édition de Nils Andersson vont être imaginées puis façonnées. <br><br><iframe scrolling="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/532976406&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true" width="100%" height="166" frameborder="no"></iframe></p><p>Le Barbare, le Lieu, les intellectuels cohabitaient alors avec des dragueurs et des militants politiques pur jus. Et si sur la place de la Riponne, on vendait encore du bétail au détail, Nils Andersson, fils d’un Suédois et d’un Française sent qu’il y a quelque chose a faire, lui qui se sent suisse mais aussi de l’étranger, donc peu sensible aux dangers d’émettre des idées de par ses choix éditoriaux qui pourraient apparaître subversives, c'est peut-être pour cela qu'il a entrepris de publier malgré les risques de ce faire «détruire». <br><br><iframe scrolling="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/532976412&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true" width="100%" height="166" frameborder="no"></iframe></p><p>En 1996, Nils Andersson est expulsé du territoire suisse par les autorités suite aux publications de textes favorables aux combattants algériens, vietnamiens et les pensées de Mao. Il est le premier à publier ce texte en langue française. Il recevra le soutien de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir qui ont signé un appel des Romands Simone Hauert, Fanny Grether et Bernard Liègme. Plus étonnant, Bertil Galland, classé à l'opposé sur le spectre politique, prend sa défense. Le journaliste (lui aussi d'origine suédoise mais les points communs avec Andersson s'arrêtent là) prend en effet la défense de l'éditeur communiste dans un edito de <em>24 Heures</em>.</p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"> <iframe scrolling="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/532976433&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true" width="100%" height="166" frameborder="no"></iframe></font></p><p>Le départ de Suisse va permettre à l'éditeur d'ouvrir un nouveau chapitre dans sa vie, de partir vers la Belgique, la Suède mais aussi l'Albanie au sein de la radio d'état, au département francophone de Radio Tirana.</p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"> <iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/535199613&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true"></iframe><br></font></p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"></font></p><p><font face="Roboto, Helvetica Neue, Arial, sans-serif"></font></p> <p>Le regard de Nils Andersson sur l'économie du marché n'a pas changé. Il y a un capitalisme qui a coûté très cher dans l'histoire de l'humanité. Le règne du plus fort avec les armes pour se faire justice. Une critique que l'on retrouve dans le texte du journaliste du Journal de Genève Walter Weideli dont le texte <em>Un banquier sans visage</em> a été publié à La Cité et qui a été jouée pour les 150 ans de l'entrée de Genève dans la Confédération et qui avait suscité un véritable tollé. </p> <p>La mise en place de la venue de Nils Andersson a constitué un événement à Vidy, Matthieu Jaccard, l'organisateur, raconte comment les choses se sont mises en place.<iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" allow="autoplay" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/530163399&color=%23ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true"></iframe> <br></p><p><hr></p><br><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w300/1543154152_tlchargement.jpg" style="font-family: "PT Serif";"><p><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Nils Andersson, </span><em style="color: inherit; font-size: 1.4rem;">Mémoire éclatée</em><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">. De la décolonisation au déclin de l'Occident <br></span><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Préface de Gérard Chaliand (Editions d'En-Bas)</span></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'lausanne-capitale-des-livres-interdits', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 679, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1361, 'homepage_order' => (int) 1606, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2616, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1765, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'A VIF / Musique', 'title' => 'Balade dans le jardin du «Montreux Jazz»', 'subtitle' => 'La programmation du festival est composée comme on agencerait une boutique de fleuriste. 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C’est un contexte auquel, jusqu’ici, il a été difficile de s’arracher et nous sommes très satisfaites des dispositions et possibilités que cela peut créer. <br /><strong>Dans le hip-hop, est-on encore trop dans un environnement dominé par les hommes? Quel serait le moyen d'égaliser les pouvoirs?</strong><br />Le hip-hop ne me semble pas plus touché par la domination masculine que les autres disciplines artistiques ou que les autres domaines, du reste. Le rap est dans le viseur des médias car c’est un art qui peut se révéler subversif ou sulfureux. <br /><strong>Comment avez-vous trouvé votre place dans ce milieu hip-hop, qui plus est en Suisse? En devant lutter, vous affirmer plus durement qu’un homme? En travaillant plus?</strong><br />Non, du coup je n’ai pas été victime de comportements sexistes au sein du milieu (des milieux) hip-hop, que ce soit en Suisse, en France ou en Egypte. J’ai fait ma place parce que j’ai travaillé, peut-être aussi parce que la lumière est faite sur ce qui est plus rare et, en l’occurrence, une fille qui rappait en 2007, c’était assez rare. J’ai bénéficié d’un petit coup de projecteur. Il a fallu tenir, faire ses preuves, comme n’importe quel artiste.</p> <p>En revanche, je l’ai subi au travail et dans d’autres situations, comme à peu près toutes les femmes et les filles vivant dans ce pays.<br /><strong>Dans plusieurs de vos textes, vous vous exprimez avec beaucoup de franchise sur les déséquilibres de la société. Percevez-vous dans la société suisse un ras-le-bol des inégalités de pouvoir dans les différents secteurs du monde économique et social? </strong><br />La grève me semble un bon indicateur de ras-le-bol en la matière. <br /><strong>Avez-vous le sentiment que le patriarcat est encore tellement ancré en 2019 qu’il faudra plusieurs années pour s’en défaire? </strong><br />Absolument.<br /><strong>Pensez-vous que les femmes doivent prendre plus conscience de ce grand fossé et tenter de régler le problème par une lutte plus régulière? </strong><br />Une lutte de chaque instant. <br /><strong>Dans le hip-hop, il y a une série d’artistes qui n’hésitent pas, malgré leur statut de popstar, à dénoncer les violences – dans le sillage de Black Lives Matters et en opposition aux décisions de Donald Trump – je pense à Childish Gambino ou Cardi B, est-ce que cette vague consciente existe aussi en Suisse? </strong><br />Oui, il y a plein d’artistes engagés. <br /><strong>Quelles sont les femmes du hip-hop suisse desquelles vous vous sentez proche? </strong><br />Je connais peu de rappeuses en Suisse, j’aime beaucoup KT Gorique en Romandie, Steffe la Cheffe et Big Ziss en Suisse Allemande même si pour le coup je me tiens moins au courant de leurs actualités.<br /><strong>Des féministes anti-prostitution au gouvernement français ont voulu la criminalisation des clients de prostituées en France? 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Ce qui m’intéresse et m’interpelle est de comprendre les systèmes de privilèges et de stigmatisation, comment ils s’influencent et se croisent. De fait la lutte féministe n’a pour moi de sens que si elle considère et intègre les autres groupes sociaux stigmatisés. Aussi, je n’ai pas du tout de pensée politique. Je ne sais pas comment agir, sinon en donnant du sens à ce que je fais. C’est pourquoi dans le domaine du travail du sexe, j’essaie surtout de créer un discours qui permette à la fois de montrer un autre regard et en même temps de nous réapproprier notre voix qui est systématiquement mise sous silence. <br /><strong>Vous avez une activité militante ici?</strong><br />Si l’on veut. Je veux dire, je ne me trouve pas très active ni engagée. Je participe à des tables rondes sur le travail du sexe, et avec mon amie Zoé Blanc-Scuderi, une sexothérapeuthe qui a fondé Sexopraxis, nous mettons en place une formation sur le travail du sexe, d’une part pour montrer qu’il s’agit bien d’un métier qui demande des compétences; d’autre part parce que les personnes arrivant dans ce domaine doivent tout apprendre par empirisme, ce qui les isole davantage (on ne peut pas vraiment demander des conseils à une amie sur comment bien faire sa communication sur internet quand on est escort) et les met potentiellement en danger physique, sanitaire et surtout psychologique.<br /><strong>Etes-vous enragée par ce qui se passe en France?</strong><br />En France, depuis la loi sur la pénalisation des clients votée en 2016, les conditions de travail se sont largement dégradées. Il y a moins de clients, donc les travailleurs du sexe acceptent des pratiques ou des clients qui les mettent en danger. Il y a des descentes de police pour arrêter les sans-papiers, inutile de vous dire qu’étrangère plus pute est une combinaison propice aux abus policiers.<br />Bien sûr, et en même temps je dois bien admettre que je suis une «putain» privilégiée qui a eu la possibilité de partir travailler en Suisse et a préféré son confort personnel plutôt que la lutte aux côtés de ses consœurs précarisées. Cette loi de pénalisation des clients est terrible pour mes consœurs. Elle renforce encore plus la précarité alors que le travail du sexe était pour beaucoup un moyen d’en sortir, de s’en sortir. Je trouve cela affligeant de se prétendre féministe et de tout faire pour empêcher des individus en majorité femme de s’émanciper de leur situation à elles comme elles le veulent sous prétexte que la prostitution serait «en elle même» une violence. Il serait bon de prendre conscience qu’il y a une plus grande violence que la prostitution (quoi qu’on en pense) que manifestement ces «feministes» bourgeoises ne connaissent pas: la pauvreté. <br /><strong>Comment expliquer cette position de ces féministes et femmes politiques?</strong><br />Je pense que dans le fond, il y a un enjeu politique qui est de plaire à la population. Dans l’imaginaire collectif, la prostitution est considérée comme avilissante. Faire des lois contre le travail du sexe va dans le sens de l’inconscient collectif.<br />Mais c’est faire le jeu du patriarcat que de dire aux autres ce qui les aliène ou ce qui les rend dignes. Ce qui est le plus avilissant, c’est que soient prises des décisions qui auront un impact sur la vie des personnes concernées (comme voter une loi par exemple) sans leur demander leur avis! Y a-t-il plus paternaliste que ça?! Et quand nous nous organisons nous-mêmes pour faire entendre notre voix, nous sommes systématiquement mises sous silence, si ce n’est insultées.<br />Concernant l’argument du «non-choix» dans la prostitution, c’est surtout un non-sens absolu. Aucun choix, quel qu’il soit, n’est jamais pris et défini uniquement par ma volonté. Le choix humain est toujours déterminé par un tas de choses, le contexte culturel, le besoin de se sentir reconnu par mes pairs, la représentation inconsciente que j’ai de moi, des autres… Du choix des vacances à celui de mon partenaire; du choix de ma tenue à celui de mon travail, tout est agencement comme dirait Deleuze.<br /><strong>Le problème viendrait-il surtout de notre besoin de s'insérer dans une société capitaliste?<br /></strong><strong></strong>Dans un système capitaliste déterminé par la nécessité de gagner de l’argent pour survivre, nous avons toutes et tous la contrainte de nous trouver un travail. C’est pourquoi se choisir un travail est de toutes façons biaisé, quel que soit le choix de ce travail, qui que nous soyons. Avez-vous vous même choisi de manière absolument libre votre travail? Bien sûr que non. Donc il faut cesser d’utiliser cet argument contre le travail du sexe. Ou bien renverser toute la société capitaliste.<br />Le choix du travail du sexe peut être une solution voire une voie d’émancipation. Si une femme migrante qui n’a pas de papiers en France veut vivre comme tout le monde. La prostitution sera peut-être, au vu de l’impossibilité pour elle de s’intégrer sur le marché «classique» du travail en France, la seule solution pour survivre. Ça n’en restera pas moins un choix tant qu’elle consent à le faire. Ce travail lui permettra peut-être même d’avoir une vie relativement confortable, d’être maîtresse de son emploi du temps, de se sentir utile à la société. Le mot clé me semble être le consentement. 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On a 48 concerts. Comme on n’est pas dans la configuration open-air, tout est lié à la programmation. Avec Elton John, on a plus de billets à vendre qu’auparavant. On a deux affiches majeures comme Elton John et Sting qui ont été sold-out en deux jours.15'000 billets écoulés pour Elton dans un stade, c’est l’équivalent de 15 soirées au Stravinsky. On note par ailleurs que les artistes sont moins nombreux sur la route, que le modèle économique est en train de changer.</p> <p><strong>Quels sont vos objectifs pour un concert à Montreux?</strong></p> <p>On vise environ 60 ou 70% de la capacité de la salle. Mais je prends chaque concert individuellement. Il y a un changement ces dix dernières années avec la publicité sur les différents relais médiatiques. On a une concurrence forte en Suisse et en Europe en général. On doit relancer le public sur l’ensemble du programme constamment dans les médias du print. 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Je ne me prends pas trop au sérieux pour justement être pris au sérieux par les autres acteurs. A Kilbi, j'essaye toujours de trouver des artistes qui ont quelque chose d'original, qui ne font pas de compromis et qui sont surprenants. J'essaye aussi d'ajouter des éléments très expérimentaux au contenu du festival. Et avoir du plaisir, être connecté et discuter. Une chose très importante pour moi, c'est la fidélité à qui nous sommes, surtout. Garder la taille du festival, ne pas seulement le dire. Et mettre le côté humain en avant. La déco et le style ne sont pas les plus importants.</p> <p><strong>Comment ça se passe en termes économiques, la concurrence s'exprime-t-elle sur le terrain des cachets?</strong></p> <p>Oui. Mais on programme les artistes que l'on peut se payer. Cela arrive que l'on doive payer de gros cachets pour de petits groupes parce qu'ils sont en tête d'affiche. Mais le terrain de jeu dans lequel nous évoluons est plutôt sympathique. 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