Culture / Le LUFF ne sera pas victime de son succès
Documentaire Queercore: How to Punk a Revolution © DR
Il est à la culture ce qu’un coup de bêche asséné sur la tête est au jardinage, le Lausanne Underground Film Festival revient faire suer les pupilles et fendre les tympans depuis le Casino Montbenon jusqu’au 21 octobre. Formule gagnante, la programmation de la 17e édition reste fidèle à sa mixture d’origine avec au menu: exploration visuelle, sécrétion sonore et catharsis en tout genre.
Mabrouk Hosni Ibn Aleya
Dédié aux expériences sonores et au cinéma indépendant sous mescaline, le LUFF continue dans sa lancée à cultiver la marginalité et à semer le trouble au sein des canons de l’esthétique officielle en hissant sa bannière au Casino Montbenon et en déployant 106 films, 4 soirées musique, 5 compétitions internationales, 29 performances sonores, 7 cinéramas, 5 workshops à travers Lausanne, jusqu’au 21 octobre.
Affiche © Tiphaine Allemann, Dimitri Jeannottat Pierre Charmillot.
Musique
Niveau sonore, le LUFF reste fidèle à sa démarche, poussant l’auditeur à se questionner ce qu’on lui sert aux tympans: musique, anti-musique, expérimental, art brut, bruit? Où se situent les frontières? Sans y répondre, la programmation sonore 2018 creusera toujours plus loin le malentendu, continuant à dépecer la bête pour mieux se concentrer sur son aspect performatif.
Ainsi, Phill Niblock, qui ne se dit pas musicien, mais artiste intermedia a ouvert mercredi le bal avec un programme de quatre pièces de drones lourds et épais. Jeudi 17 octobre à minuit tapante, Joe Colley s’appliquera à annihiler le «soi» de l’artiste et le statut d’auteur en tentant désespérément et conceptuellement d’ausculter les phénomènes audios à partir de situations instables, de live et d’installations. Guttersnipe fera éructer une batterie et teinter un tas de ferraille balancé sur une guitare dans une hystérie bioluminescente hyperaccélérée bien queer. Une marée noire harsh noise déversée par Chris Goudreau se chargera de noyer le cénacle dans un va-et-vient apocalyptique oscillant entre brutalités extrêmes, coupures succinctes, boucles infernales et transitions de musique concrète et électro-acoustique.
Vendredi 19 sonnera l’heure de la rédemption avec Martin Rev au tocsin. Demi-dieu grabataire et anonyme, punk avant l’existence même du mot et pionnier de la minimal synth dans Suicide, on lui doit la new wave, l’indus et la techno dont il a tracé les sillons à coup de synthés bon marché martelé aux cadences d’une boite à rythme bringuebalante. Révolutionnant l’électronique expérimentale en inventant un son analogique, dissonant et électrifiant, son avant-gardisme lui a valut de récolter quelques haches balancées sur scène lorsqu’il faisait l’ouverture de Clash aux côtés de son duo, le regretté Alan Vega. Ayant depuis gardé l’habitude de jouer d’une seule main pour parer aux offrandes de l’autre, il enchaînera en solo ses démolitions sonores sur les visuels «psycho-modernistes» de Divine Enfant.
Martin Rev : (à sa gauche Alan Vega) © DR
En digne héritier, Scorpion Violente continuera faire éructer synthés et boîtes à rythmes au rythme d’une techno patibulaire et cold wave distillée dans un savant mélange de sentiments enivrants et obsessifs. Un peu comme si l’on regardait un épisode de l’Inspecteur Derrick sous amphétamine devant une pizza en décomposition. Composé de Thomas et de Nafi (aka Noir Boy George) et membre de la Grande Triple Alliance Internationale de L’Est, le duo incarne une figure imminente d’une nouvelle vague électronique, hybride, bâtard de nom mais Ô combien riche en substance.
Cerise sur le monticule, Infecticide s’invitera samedi pour clore les festivités avec une danse de Saint Guy aux rythmes d’une ebm-stupidwave aussi conviviale qu’une bagarre générale et généreuse qu’une violence gratuite.
Cinéma
Paré pour embrocher le 7ème art d’une paire de cornes, la cuvée de cette année guignera du côté du Diable, à son culte fondé en 1966 par l’Américain Anton LaVey et à son étonnante relation avec le show-business et Hollywood en particulier. Au total quatre films formeront une rétrospective parmi lesquels citons Mansfield 66/67 qui retrace, ce soir à 18h15, l’histoire de la pulpeuse playmate de Playboy et actrice éponyme. Présentée à Anton LaVey et intégre l’Eglise de Satan, en devient prêtresse avant de connaitre une fin tragique. Existe-t-il un lien entre sa mort et l’obscur culte satanique? John Waters, Kenneth Anger, Peaches Christ, Mary Woronov soulèveront le voile. Dans la même lancée, Destruction of the Image, présentée pour la première fois en Suisse dimanche 21 octobre à 18:30 au Romandie, mettra en lumière le parcours de Steven Johnson Leyba. Un artiste peintre dont les œuvres organiques trônent dans les collections de HR Giger, Cronenberg, Genesis P-Orridge et bien d’autres. Ordonné prêtre de l’Eglise de Satan par Anton LaVey en 1992, il est à la tête du collectif d’artistes performers, United Satanic Apache Front, et expose dans ce film des actes sacrificiels emprunts de magie, elle-même issue de la nature, de l’individu et de ses créations artistiques détruites sur l’autel de l’anti-consumérisme. Les maudits sont les corporations capitalistes, Monsanto en tête. Ainsi peut se résumer l’ultime acte satanique selon Steven Johnson Leyba qui sera présent à la projection. Toujours dans la rétrospective, les œuvres qui ont défié la censure des années 70 de Michael Armstrong feront l’objet d’un hommage en présence du réalisateur avec cinq projections allant de l’horreur réaliste au fantastique nostalgique, en passant par la comédie sexy et la chronique criminelle.
La Marque du Diable. Michael Armstrong, RFA, 1970 © DR
On alternera avec expérimentations visuelles audacieuses de l’autrichienne Billy Roisz, figure majeure de l’expérimental autrichien contemporain. Adepte du bidouillage sonore, elle trônera jeudi à 22h30 et vendredi 16h30 dans les salles obscures de l’Ecole de Jazz et de Musique Actuelle de Lausanne pour y triturer des images sur lesquelles elle triturera du son. Aussi minimalistes que conceptuelles, ses vidéos se jouent de perceptions pour entraîner le spectateur là où il ne s’y attend pas. Enfin, Peter Strickland viendra clôturer la saison, samedi à 20h15 au Casino Montbenon, avec In Fabric, un long-métrage se déroulant durant les soldes d’hiver d’un grand magasin très chic. Critique acerbe des normes commercial, on y verra graviter ses personnages autour d’une ensorcelante robe rouge. Cette dernière changera à jamais le cours de leur existence…
LUFF 2018–Medley from LUFF on Vimeo.
Pour l'histoireDans la pure lignée du New York Underground Film Festival, c’est à Vevey que le Lausanne Underground Film Festival (LUFF) voit le jour en 2002 sous la houlette de l’Association pour la promotion de la culture indépendante (APCI). Avec 17 ans d’orpaillage dans les fosses septiques du 7ème Art et de maltraitance sonore à son actif, le LUFF se dévoile très vite comme une véritable table de dissection explorant les champs d’expression au-delà même de leurs entrailles. Anti-cuistre et outrancière, sa programmation, articulée en mash-up de films, met côte à côte la fine fleur de l’avant-garde haut du menton et les sombres productions de quartier à huit sous.
Defektro | LUFF 2017. © Flickr
Entremêlant œuvres contemporaines et OVNIS du passé en avance sur leur temps, porno-conceptuels et courts-métrages home made, la bouillabaisse se mue un écosystème d’images et de sons et dévoile des formes de poésies singulières, brutes et étranges, parfois accidentelles, souvent abrasives. Injustement réduit à son seul aspect trash, poncif accolé à chaque fait s’écartant de la norme, le LUFF se présente pourtant comme l’un des rares espaces de libre expression faisant fi des conventions et des carcans esthétiques du moment. Une liberté parfois chichement payée lorsqu’en 2012, les organisateurs se sont vus contraint par la municipalité d’annuler le concert du groupe Oi Pollo sur la base d’un rapport de police arguant qu’il s’agissait «d’un groupe punk risquant d’attirer le même type de festivaliers, opposés à toute forme d’autorité... »
Tout en restant fidèle à son essence transgressive, le festival surf sur un succès populaire avec 13'000 spectateurs en 2015 et une renommée dépassant les frontières de la Suisse et de l’Europe. Proliférant à Tokyo et à Hong Kong, il vient désormais d'accoucher d'un rejeton prénommé Marseille Undergroud Film Festival (MUFF).
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Anti-cuistre et outrancière, sa programmation, articulée en mash-up de films, met côte à côte la fine fleur de l’avant-garde haut du menton et les sombres productions de quartier à huit sous. <br><br><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1539869172_c1.staticflickr.com567373457133812.jpg"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Defektro | LUFF 2017. © Flickr</span></p><p>Entremêlant œuvres contemporaines et OVNIS du passé en avance sur leur temps, porno-conceptuels et courts-métrages home made, la bouillabaisse se mue un écosystème d’images et de sons et dévoile des formes de poésies singulières, brutes et étranges, parfois accidentelles, souvent abrasives. 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Où se situent les frontières? Sans y répondre, la programmation sonore 2018 creusera toujours plus loin le malentendu, continuant à dépecer la bête pour mieux se concentrer sur son aspect performatif. </p><p>Ainsi, Phill Niblock, qui ne se dit pas musicien, mais artiste intermedia a ouvert mercredi le bal avec un programme de quatre pièces de drones lourds et épais. Jeudi 17 octobre à minuit tapante, Joe Colley s’appliquera à annihiler le «soi» de l’artiste et le statut d’auteur en tentant désespérément et conceptuellement d’ausculter les phénomènes audios à partir de situations instables, de live et d’installations. Guttersnipe fera éructer une batterie et teinter un tas de ferraille balancé sur une guitare dans une hystérie bioluminescente hyperaccélérée bien queer. Une marée noire harsh noise déversée par Chris Goudreau se chargera de noyer le cénacle dans un va-et-vient apocalyptique oscillant entre brutalités extrêmes, coupures succinctes, boucles infernales et transitions de musique concrète et électro-acoustique. </p><p>Vendredi 19 sonnera l’heure de la rédemption avec Martin Rev au tocsin. Demi-dieu grabataire et anonyme, punk avant l’existence même du mot et pionnier de la minimal synth dans <em>Suicide</em>, on lui doit la new wave, l’indus et la techno dont il a tracé les sillons à coup de synthés bon marché martelé aux cadences d’une boite à rythme bringuebalante. Révolutionnant l’électronique expérimentale en inventant un son analogique, dissonant et électrifiant, son avant-gardisme lui a valut de récolter quelques haches balancées sur scène lorsqu’il faisait l’ouverture de Clash aux côtés de son duo, le regretté Alan Vega. Ayant depuis gardé l’habitude de jouer d’une seule main pour parer aux offrandes de l’autre, il enchaînera en solo ses démolitions sonores sur les visuels «psycho-modernistes» de Divine Enfant. </p><br><br><p><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1539795115_i.pinimg.com495695941768808.jpg"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Martin Rev : (à sa gauche Alan Vega) © DR</span></p><p>En digne héritier, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=m-ibkv1lDs4">Scorpion Violente</a> continuera faire éructer synthés et boîtes à rythmes au rythme d’une techno patibulaire et cold wave distillée dans un savant mélange de sentiments enivrants et obsessifs. Un peu comme si l’on regardait un épisode de l’<em>Inspecteur Derrick </em>sous amphétamine devant une pizza en décomposition. 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Au total quatre films formeront une rétrospective parmi lesquels citons Mansfield 66/67 qui retrace, ce soir à 18h15, l’histoire de la pulpeuse playmate de Playboy et actrice éponyme. Présentée à Anton LaVey et intégre l’Eglise de Satan, en devient prêtresse avant de connaitre une fin tragique. Existe-t-il un lien entre sa mort et l’obscur culte satanique? John Waters, Kenneth Anger, Peaches Christ, Mary Woronov soulèveront le voile. Dans la même lancée, Destruction of the Image, présentée pour la première fois en Suisse dimanche 21 octobre à 18:30 au Romandie, mettra en lumière le parcours de Steven Johnson Leyba. Un artiste peintre dont les œuvres organiques trônent dans les collections de HR Giger, Cronenberg, Genesis P-Orridge et bien d’autres. Ordonné prêtre de l’Eglise de Satan par Anton LaVey en 1992, il est à la tête du collectif d’artistes performers, United Satanic Apache Front, et expose dans ce film des actes sacrificiels emprunts de magie, elle-même issue de la nature, de l’individu et de ses créations artistiques détruites sur l’autel de l’anti-consumérisme. Les maudits sont les corporations capitalistes, Monsanto en tête. Ainsi peut se résumer l’ultime acte satanique selon Steven Johnson Leyba qui sera présent à la projection. Toujours dans la rétrospective, les œuvres qui ont défié la censure des années 70 de Michael Armstrong feront l’objet d’un hommage en présence du réalisateur avec cinq projections allant de l’horreur réaliste au fantastique nostalgique, en passant par la comédie sexy et la chronique criminelle. </p><br><p><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1539795162_2018.luff.ch495348182076921.jpg"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">La Marque du Diable. Michael Armstrong, RFA, 1970 © DR</span></p><p>On alternera avec expérimentations visuelles audacieuses de l’autrichienne Billy Roisz, figure majeure de l’expérimental autrichien contemporain. Adepte du bidouillage sonore, elle trônera jeudi à 22h30 et vendredi 16h30 dans les salles obscures de l’Ecole de Jazz et de Musique Actuelle de Lausanne pour y triturer des images sur lesquelles elle triturera du son. Aussi minimalistes que conceptuelles, ses vidéos se jouent de perceptions pour entraîner le spectateur là où il ne s’y attend pas. Enfin, Peter Strickland viendra clôturer la saison, samedi à 20h15 au Casino Montbenon, avec <em>In Fabric</em>, un long-métrage se déroulant durant les soldes d’hiver d’un grand magasin très chic. Critique acerbe des normes commercial, on y verra graviter ses personnages autour d’une ensorcelante robe rouge. Cette dernière changera à jamais le cours de leur existence… </p><p></p><hr><p></p><h2><iframe src="https://player.vimeo.com/video/293913247" width="640" height="360" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe> <p><a href="https://vimeo.com/293913247">LUFF 2018–Medley</a> from <a href="https://vimeo.com/luffestival">LUFF</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</p>Pour l'histoire</h2><p>Dans la pure lignée du New York Underground Film Festival, c’est à Vevey que le Lausanne Underground Film Festival (LUFF) voit le jour en 2002 sous la houlette de l’Association pour la promotion de la culture indépendante (APCI). Avec 17 ans d’orpaillage dans les fosses septiques du 7ème Art et de maltraitance sonore à son actif, le LUFF se dévoile très vite comme une véritable table de dissection explorant les champs d’expression au-delà même de leurs entrailles. Anti-cuistre et outrancière, sa programmation, articulée en mash-up de films, met côte à côte la fine fleur de l’avant-garde haut du menton et les sombres productions de quartier à huit sous. <br><br><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1539869172_c1.staticflickr.com567373457133812.jpg"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Defektro | LUFF 2017. © Flickr</span></p><p>Entremêlant œuvres contemporaines et OVNIS du passé en avance sur leur temps, porno-conceptuels et courts-métrages home made, la bouillabaisse se mue un écosystème d’images et de sons et dévoile des formes de poésies singulières, brutes et étranges, parfois accidentelles, souvent abrasives. Injustement réduit à son seul aspect trash, poncif accolé à chaque fait s’écartant de la norme, le LUFF se présente pourtant comme l’un des rares espaces de libre expression faisant fi des conventions et des carcans esthétiques du moment. Une liberté parfois chichement payée lorsqu’en 2012, les organisateurs se sont vus contraint par la municipalité d’annuler le concert du groupe Oi Pollo sur la base d’un rapport de police arguant qu’il s’agissait «d’un groupe punk risquant d’attirer le même type de festivaliers, opposés à toute forme d’autorité... »</p><p>Tout en restant fidèle à son essence transgressive, le festival surf sur un succès populaire avec 13'000 spectateurs en 2015 et une renommée dépassant les frontières de la Suisse et de l’Europe. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 41, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. Bien que plusieurs semaines se soient écoulées entre-temps, les partis bourgeois n'arrivent pas à se résigner à leur défaite, restent en mode combat, se moquent de la décision populaire et la torpillent avec des propositions de financement abracadabrantes. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Cela a culminé récemment avec la NZZ, qui a suggéré avec malice d'introduire une réglementation permettant de renoncer volontairement au supplément de rente. On pourrait considérer cette rhétorique comme une manière de surmonter la douleur des perdants de la votation. Mais ce serait sous-estimer le phénomène. Car le discrédit jeté par la majorité bourgeoise sur les plébiscites indésirables fait désormais partie du système. 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Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». 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