Histoire / Crimes du franquisme: qu’en est-il des plus de 4000 fosses communes d’Espagne?
Exhumation de la tombe de Guadalajara. © Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH)
En Espagne, il n’existe pas de chiffre officiel des personnes disparues pendant la dictature de Franco (1939-1975) et la guerre civile espagnole (1936-39), car aucune enquête publique digne de ce nom n’a encore été menée sur les violations flagrantes des droits de l’homme commises à cette époque sombre de l’histoire.
Elisenda Calvet Martínez, Universitat de Barcelona
Les films de Pedro Almodóvar ont toujours eu des connotations sociales et politiques, mais jamais aussi explicitement que dans son nouvel opus, « Madres parallelas » (sortie prévue en France le 1er décembre 2021). Sa protagoniste, Janis, interprétée par Pénélope Cruz, est l’arrière-petite-fille de victimes de la guerre civile et se bat pour l’ouverture des tombes afin de découvrir si ses proches font partie des anonymes enterrés dans des fosses communes. À l’occasion de cette première, nous nous penchons sur la situation des fosses communes en Espagne, qui a déjà attiré l’attention d’organisations internationales telles que le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées.
L’absence d’un registre unique et actualisé des fosses communes et des victimes entrave l’adoption d’un plan national d’exhumation et de récupération par les proches des restes des personnes disparues. Pendant ce temps, les descendants souffrent d’une angoisse constante, d’une sorte de deuil « gelé », ne pouvant pas enterrer décemment leurs proches disparus.
Plus de 4 000 fosses communes et environ 100 000 personnes disparues
Selon les données extraites de la carte des fosses communes créée par le ministère de la Justice en 2011, qui relève désormais du ministère de la Présidence, des relations avec le parlement et de la mémoire démocratique, 4 265 fosses communes sont enregistrées et un total de 57 911 victimes ont été comptabilisées. On estime qu’environ 100 000 personnes ont disparu.
Sur le nombre total de tombes enregistrées, 326 ont été complètement exhumées, 899 n’ont fait l’objet d’aucune intervention, 496 ont été transférées dans la « vallée de ceux qui sont tombés » et pour 2263 d’entre elles, leur état n’est pas précisé.
Selon ces données, seulement 8,4 % des tombes enregistrées par l’État ont été entièrement exhumées. Sur le nombre total de victimes enregistrées par l’État, se distinguent 12 988 en Aragon, 12 112 dans la communauté de Madrid, 8 012 en Catalogne, 6 627 en Andalousie et 5 430 dans les Asturies.
Carte des tombes établie par le ministère de la Présidence, des Relations avec le Parlement et de la Mémoire démocratique. Gouvernement espagnol
Cependant, ces données officielles sont loin des chiffres réels. Le rapport de l’État sur l’état des exhumations des fosses communes de la guerre civile et de la dictature de Franco (2019) détaille que 785 tombes ont été exhumées entre 2000 et 2019 et que 9 698 corps ont été retrouvés. En Andalousie, le gouvernement régional a recensé 708 tombes et le nombre de victimes est estimé à 45 556.
En Catalogne, entre 1999 et 2018, 41 actions ont été menées dans des fosses communes et les restes de 345 personnes ont été retrouvés. La carte régionale catalane recense 525 tombes, dont 251 sont confirmées et 274 probables, avec 12 154 victimes enregistrées. De même, en Catalogne, 66 643 victimes de procès sommaires ont été identifiées et leur préjudice a été réparés grâce à la loi 11/2017, du 4 juillet sur la réparation juridique des victimes du franquisme, qui permet de déclarer nuls les jugements émis par les cours martiales qui ont eu lieu entre 1938 et 1978 : elles sont considérées comme contraires à la loi et ont violé le droit à un procès équitable.
Un parcours d’obstacles continu pour les proches des victimes
La majorité des personnes victimes de répression en territoire républicain ont été localisées, exhumées, identifiées et enterrées sur leurs lieux d’origine après la guerre civile en vertu de dispositions légales dictées en 1939.
Exhumation des Treize de Priaranza del Bierzo (2000). Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH)
Pendant les années de transition vers la démocratie, quelques exhumations sans rigueur scientifique ont été réalisées, paralysées par le coup d’État du 23 février 1981. Les victimes de la répression franquiste n’ont commencé à être exhumées que bien plus tard, avec un tournant décisif au moment de l’ouverture de la tombe de Priaranza del Bierzo en 2000. À la suite de cette action, l’Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH) a été créée, ce qui donnera lieu au début d’un processus associatif autour de la Mémoire.
Depuis lors, la récupération des restes des personnes disparues est restée principalement l’affaire des proches des victimes, qui ont dû recourir à des subventions de l’État (suspendues entre 2011 et 2021) pour réaliser les travaux d’exhumation avec la participation volontaire d’anthropologues et d’experts. En outre, le rythme des exhumations de fosses communes au niveau régional dépend du parti politique au pouvoir, ce qui crée des inégalités pour les victimes selon la région.
Ainsi, des communautés comme l’Andalousie, l’Aragon, la Catalogne, Valence, l’Estrémadure, le Pays basque, les Baléares et la Navarre ont promu des politiques de mémoire, tandis que d’autres, comme les Asturies, ont choisi de ne pas ouvrir les tombes, mais de marquer les lieux de mémoire et l’existence des tombes. En revanche, en Cantabrie, à Madrid et à Murcie, le nombre d’exhumations est très faible en raison de l’absence de politiques de mémoire actives.
Fosse de la Canalona (Asturias). Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH)
Le droit de savoir ce qu’il est advenu des personnes disparues ou où elles se trouvent
Le droit à la vérité a été identifié par les Nations unies comme l’un des piliers de la lutte contre l’impunité, avec le droit à la justice et le droit à la réparation et aux garanties de non-répétition.
Le droit de connaître la vérité est généralement invoqué dans un contexte de violations flagrantes des droits de l’homme et comporte une double dimension, individuelle et collective. Les victimes et leurs familles ont un droit imprescriptible de connaître la vérité sur les circonstances dans lesquelles les violations ont été commises et, en cas de décès ou de disparition, sur le sort de la victime. En outre, le droit à la vérité est collectif par nature et, par conséquent, la société dans son ensemble a le droit de connaître les atrocités passées afin de prévenir et de garantir qu’elles ne se reproduiront pas à l’avenir.
Des proches assistent à l’exhumation de la tombe de Chillón (Ciudad Real). Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH)
Le phénomène des disparitions forcées, en raison de sa gravité et de sa pratique généralisée dans de nombreux pays, a été qualifié de crime contre l’humanité : cela a des implications juridiques très importantes, à savoir l’imprescriptibilité du crime et l’inadmissibilité des lois d’amnistie.
En Espagne, la loi d’amnistie de 1977 a empêché toute enquête sur les graves violations des droits humains commises dans le passé, notamment l’ouverture de fosses communes. À cet égard, on ne peut oublier que le Tribunal suprême espagnol lui-même, en ce qui concerne les disparitions forcées commises pendant la guerre civile et le franquisme, a reconnu dans la décision STS 101/2012, le 27 février, que :
« Les faits […] sont selon les règles actuellement en vigueur, des crimes contre l’humanité dans la mesure où les personnes décédées et disparues ont été l’objet d’une action systématique visant à les éliminer en tant qu’ennemis politiques. »
L’exhumation des fosses communes : une forme de réparation et de dignité pour les victimes
Les exhumations de personnes disparues ou exécutées extrajudiciairement retrouvées dans des fosses communes ont pour but non seulement d’établir la vérité sur les événements survenus, mais aussi de restaurer la dignité des victimes et de leurs familles et de favoriser l’accès à la justice.
Exhumation de la fosse commune dans le cimetière de Guadalajara. Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH)
D’une part, les exhumations ont une dimension humanitaire qui implique l’identification et la restitution des restes des personnes disparues et exécutées à leurs proches afin qu’ils puissent « clore » le deuil gelé et être enterrés selon leurs croyances. Outre la dimension humanitaire, les exhumations peuvent également être pertinentes dans le cadre d’une procédure judiciaire, dans la mesure où les restes exhumés peuvent constituer des preuves et permettent en même temps d’établir les faits et les circonstances qui ont conduit à la disparition forcée ou à l’exécution extrajudiciaire.
En janvier 2016, à la demande de la juge argentine Maria Servini de Cubría et par le biais d’une exhortation internationale, une fosse commune a été ouverte dans le cimetière de Guadalajara où ont été enterrés les restes de 22 personnes fusillées entre novembre 1939 et février 1940.
Ascensión Mendieta, lors de l’ouverture du charnier à Guadalajara. Asociación para la recuperación de la memoria histórica (ARMH)
Ascensión Mendieta, 90 ans, recherchait la dépouille mortelle de son père Timoteo Mendieta, secrétaire général du syndicat UGT de Sacedón en 1936 et fusillé en 1939 par les autorités franquistes. Ana Messutti, l’une des avocates chargées du procès argentin sur les crimes de la répression franquiste, souligne qu’il est essentiel que :
« Ascensión Mendieta retrouve les restes de son père mais aussi obtient une résolution judiciaire qui lui dira que son père a été assassiné. »
Au-delà d’une question humanitaire, l’exhumation des tombes est une question de justice
Le droit à la vérité dure tant que le sort ou le lieu où se trouve la personne disparue n’est pas clarifié et que l’absence d’une enquête rapide et efficace viole le droit à la vérité et l’accès à la justice. Le droit à la vérité permet également de restaurer la dignité des victimes et constitue une mesure de réparation. Son déni cause souffrance et angoisse aux proches des personnes disparues et constitue un traitement inhumain selon les cours internationales des droits de l’homme.
Exhumation Grado, El Rellán (Asturias). Asociación para la recuperación de la memoria histórica (ARMH)
En Espagne, il est essentiel d’établir une politique d’État pour la recherche des personnes disparues qui ne dépende pas des partis politiques ou des idéologies et qui réponde à la juste attente des familles de retrouver les restes de leurs proches et de connaître la vérité sur ce qui s’est passé. L’exhumation des tombes n’est pas seulement une question humanitaire, mais aussi une question de justice, qui devrait être faite d’office, sans attendre que les victimes engagent une procédure.
Le 27 septembre 2021, le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées a insisté une fois de plus sur la nécessité pour l’Espagne de supprimer les obstacles qui entravent les enquêtes sur les cas de disparitions forcées et la recherche des personnes disparues, comme la loi d’amnistie de 1977, ainsi que sur la nécessité d’accélérer la création d’une banque d’ADN centralisée pour permettre l’identification des victimes.
Elisenda Calvet Martínez, Profesora de Derecho Internacional Público, Universitat de Barcelona
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Sa protagoniste, Janis, interprétée par Pénélope Cruz, est l’arrière-petite-fille de victimes de la guerre civile et se bat pour l’ouverture des tombes afin de découvrir si ses proches font partie des anonymes enterrés dans des fosses communes. À l’occasion de cette première, nous nous penchons sur la situation des fosses communes en Espagne, qui a déjà attiré l’attention d’organisations internationales telles que le <a href="https://www.ohchr.org/fr/HRBodies/CED/Pages/CEDIndex.aspx">Comité des Nations unies sur les disparitions forcées</a>.</em></p> <hr /> <p>L’absence d’un registre unique et actualisé des fosses communes et des victimes entrave l’adoption d’un plan national d’exhumation et de récupération par les proches des restes des personnes disparues. Pendant ce temps, les descendants souffrent d’une angoisse constante, d’une sorte de deuil « gelé », ne pouvant pas enterrer décemment leurs proches disparus.</p> <h3>Plus de 4 000 fosses communes et environ 100 000 personnes disparues</h3> <p>Selon les données extraites de la <a href="https://www.mpr.gob.es/memoriademocratica/mapa-de-fosas/Paginas/buscadorfosas.aspx">carte des fosses communes</a> créée par le ministère de la Justice en 2011, qui relève désormais du ministère de la Présidence, des relations avec le parlement et de la mémoire démocratique, 4 265 fosses communes sont enregistrées et un total de 57 911 victimes ont été comptabilisées. On estime qu’environ 100 000 personnes ont disparu.</p> <p>Sur le nombre total de tombes enregistrées, 326 ont été complètement exhumées, 899 n’ont fait l’objet d’aucune intervention, 496 ont été transférées dans la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Valle_de_los_Ca%C3%ADdos">« vallée de ceux qui sont tombés »</a> et pour 2263 d’entre elles, leur état n’est pas précisé.</p> <p>Selon ces données, seulement 8,4 % des tombes enregistrées par l’État ont été entièrement exhumées. Sur le nombre total de victimes enregistrées par l’État, se distinguent 12 988 en Aragon, 12 112 dans la communauté de Madrid, 8 012 en Catalogne, 6 627 en Andalousie et 5 430 dans les Asturies.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424956/original/file-20211006-20-1sv37n4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424956/original/file-20211006-20-1sv37n4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Carte des tombes établie par le ministère de la Présidence, des Relations avec le Parlement et de la Mémoire démocratique.</span> <span><a href="https://www.mpr.gob.es/memoriademocratica/mapa-de-fosas/Paginas/buscadormapafosas.aspx">Gouvernement espagnol</a></span></em></h4> <p>Cependant, ces données officielles sont loin des chiffres réels. Le <a href="https://aeaof.com/media/document/Memoria%20Democr%C3%A1tica.%20Fosas%20y%20exhumaciones.%20Las%20exhumaciones%20de%20la%20Guerra%20Civil%20y%20la%20dictadura%20franquista%202000-2019.pdf">rapport de l’État</a> sur l’état des exhumations des fosses communes de la guerre civile et de la dictature de Franco (2019) détaille que 785 tombes ont été exhumées entre 2000 et 2019 et que 9 698 corps ont été retrouvés. En <a href="https://www.juntadeandalucia.es/organismos/culturaypatrimoniohistorico/areas/memoria-democratica/mapa-fosas-andalucia.html">Andalousie</a>, le gouvernement régional a recensé 708 tombes et le nombre de victimes est estimé à 45 556.</p> <p>En <a href="http://justicia.gencat.cat/ca/ambits/memoria/Fosses/Mapa-de-fosses/">Catalogne</a>, entre 1999 et 2018, 41 actions ont été menées dans des fosses communes et les restes de 345 personnes ont été retrouvés. 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En outre, le rythme des exhumations de fosses communes au niveau régional dépend du parti politique au pouvoir, ce qui crée des inégalités pour les victimes selon la région.</p> <p>Ainsi, des communautés comme l’Andalousie, l’Aragon, la Catalogne, Valence, l’Estrémadure, le Pays basque, les Baléares et la Navarre ont promu des politiques de mémoire, tandis que d’autres, comme les Asturies, ont choisi de ne pas ouvrir les tombes, mais de marquer les lieux de mémoire et l’existence des tombes. En revanche, en Cantabrie, à Madrid et à Murcie, le nombre d’exhumations est très faible en raison de l’absence de politiques de mémoire actives.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424962/original/file-20211006-20-1rjlh0z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424962/original/file-20211006-20-1rjlh0z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Fosse de la Canalona (Asturias).</span> <span><a href="https://memoriahistorica.org.es/imagenes-exhumaciones/">Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH)</a></span></em></h4> <h3>Le droit de savoir ce qu’il est advenu des personnes disparues ou où elles se trouvent</h3> <p>Le droit à la vérité a été identifié par les Nations unies comme l’un des piliers de la <a href="https://ap.ohchr.org/documents/dpage_s.aspx?si=E/cn.4/2005/102/Add.1">lutte contre l’impunité</a>, avec le droit à la justice et le droit à la réparation et aux garanties de non-répétition.</p> <p>Le droit de connaître la vérité est généralement invoqué dans un contexte de violations flagrantes des droits de l’homme et comporte une double dimension, individuelle et collective. Les victimes et leurs familles ont un droit imprescriptible de connaître la vérité sur les circonstances dans lesquelles les violations ont été commises et, en cas de décès ou de disparition, sur le sort de la victime. En outre, le droit à la vérité est collectif par nature et, par conséquent, la société dans son ensemble a le droit de connaître les atrocités passées afin de prévenir et de garantir qu’elles ne se reproduiront pas à l’avenir.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424965/original/file-20211006-13-1fhdz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424965/original/file-20211006-13-1fhdz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Des proches assistent à l’exhumation de la tombe de Chillón (Ciudad Real).</span> <span><a href="https://memoriahistorica.org.es/imagenes-exhumaciones/">Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH)</a></span></em></h4> <p>Le phénomène des disparitions forcées, en raison de sa gravité et de sa pratique généralisée dans de nombreux pays, a été qualifié de crime contre l’humanité : cela a des implications juridiques très importantes, à savoir l’imprescriptibilité du crime et l’inadmissibilité des lois d’amnistie.</p> <p>En Espagne, la <a href="https://www.boe.es/buscar/act.php?id=BOE-A-1977-24937">loi d’amnistie de 1977</a> a empêché toute enquête sur les graves violations des droits humains commises dans le passé, notamment l’ouverture de fosses communes. À cet égard, on ne peut oublier que le Tribunal suprême espagnol lui-même, en ce qui concerne les disparitions forcées commises pendant la guerre civile et le franquisme, a reconnu dans la décision <a href="https://vlex.es/vid/prevaricacion-crimenes-franquismo-injusticia-356948146">STS 101/2012</a>, le 27 février, que :</p> <blockquote> <p>« Les faits […] sont selon les règles actuellement en vigueur, des crimes contre l’humanité dans la mesure où les personnes décédées et disparues ont été l’objet d’une action systématique visant à les éliminer en tant qu’ennemis politiques. »</p> </blockquote> <h3>L’exhumation des fosses communes : une forme de réparation et de dignité pour les victimes</h3> <p>Les exhumations de personnes disparues ou exécutées extrajudiciairement retrouvées dans des fosses communes ont pour but non seulement d’établir la vérité sur les événements survenus, mais aussi de restaurer la dignité des victimes et de leurs familles et de favoriser l’accès à la justice.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424969/original/file-20211006-25-1hzygz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424969/original/file-20211006-25-1hzygz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4><em><span>Exhumation de la fosse commune dans le cimetière de Guadalajara.</span> <span><a href="https://memoriahistorica.org.es/imagenes-exhumaciones/">Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH)</a></span></em></h4> <p>D’une part, les exhumations ont une dimension humanitaire qui implique l’identification et la restitution des restes des personnes disparues et exécutées à leurs proches afin qu’ils puissent « clore » le deuil gelé et être enterrés selon leurs croyances. Outre la dimension humanitaire, les exhumations peuvent également être pertinentes dans le cadre d’une procédure judiciaire, dans la mesure où les restes exhumés peuvent constituer des preuves et permettent en même temps d’établir les faits et les circonstances qui ont conduit à la disparition forcée ou à l’exécution extrajudiciaire.</p> <p>En janvier 2016, à la demande de la juge argentine Maria Servini de Cubría et par le biais d’une exhortation internationale, une <a href="https://www.eldiario.es/clm/Guadalajara-solo-fosa-Timoteo-Mendieta_0_477702574.html">fosse commune a été ouverte dans le cimetière de Guadalajara</a> où ont été enterrés les restes de 22 personnes fusillées entre novembre 1939 et février 1940.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424972/original/file-20211006-27-1giiaww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424972/original/file-20211006-27-1giiaww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4><em><span>Ascensión Mendieta, lors de l’ouverture du charnier à Guadalajara.</span> <span><a href="https://memoriahistorica.org.es/imagenes-exhumaciones/">Asociación para la recuperación de la memoria histórica (ARMH)</a></span></em></h4> <p>Ascensión Mendieta, 90 ans, recherchait la dépouille mortelle de son père Timoteo Mendieta, secrétaire général du syndicat UGT de Sacedón en 1936 et fusillé en 1939 par les autorités franquistes. Ana Messutti, l’une des avocates chargées du procès argentin sur les crimes de la répression franquiste, <a href="http://www.eldiario.es/clm/Apenas-Timoteo-Mendieta-olvido-franquista_0_517948935.html">souligne</a> qu’il est essentiel que :</p> <blockquote> <p>« Ascensión Mendieta retrouve les restes de son père mais aussi obtient une résolution judiciaire qui lui dira que son père a été assassiné. »</p> </blockquote> <h3>Au-delà d’une question humanitaire, l’exhumation des tombes est une question de justice</h3> <p>Le droit à la vérité dure tant que le sort ou le lieu où se trouve la personne disparue n’est pas clarifié et que l’absence d’une enquête rapide et efficace viole le droit à la vérité et l’accès à la justice. Le droit à la vérité permet également de restaurer la dignité des victimes et constitue une mesure de réparation. 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L’exhumation des tombes n’est pas seulement une question humanitaire, mais aussi une question de justice, qui devrait être faite d’office, sans attendre que les victimes engagent une procédure.</p> <p>Le 27 septembre 2021, le <a href="https://www.europapress.es/nacional/noticia-onu-arremete-contra-ley-amnistia-1977-pide-perseguir-penalmente-autores-desapariciones-franquismo-20210930150251.html">Comité des Nations unies sur les disparitions forcées</a> a insisté une fois de plus sur la nécessité pour l’Espagne de supprimer les obstacles qui entravent les enquêtes sur les cas de disparitions forcées et la recherche des personnes disparues, comme la loi d’amnistie de 1977, ainsi que sur la nécessité d’accélérer la création d’une banque d’ADN centralisée pour permettre l’identification des victimes.<img src="https://counter.theconversation.com/content/169703/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/elisenda-calvet-martinez-1276640">Elisenda Calvet Martínez</a>, Profesora de Derecho Internacional Público, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universitat-de-barcelona-785">Universitat de Barcelona</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/crimes-du-franquisme-quen-est-il-des-plus-de-4-000-fosses-communes-despagne-169703">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'crimes-du-franquisme-qu-en-est-il-des-plus-de-4-000-fosses-communes-d-espagne', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 563, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/crimes-du-franquisme-quen-est-il-des-plus-de-4-000-fosses-communes-despagne-169703', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 11, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'En Espagne, il n’existe pas de chiffre officiel des personnes disparues pendant la dictature de Franco (1939-1975) et la guerre civile espagnole (1936-39), car aucune enquête publique digne de ce nom n’a encore été menée sur les violations flagrantes des droits de l’homme commises à cette époque sombre de l’histoire. 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Sa protagoniste, Janis, interprétée par Pénélope Cruz, est l’arrière-petite-fille de victimes de la guerre civile et se bat pour l’ouverture des tombes afin de découvrir si ses proches font partie des anonymes enterrés dans des fosses communes. À l’occasion de cette première, nous nous penchons sur la situation des fosses communes en Espagne, qui a déjà attiré l’attention d’organisations internationales telles que le <a href="https://www.ohchr.org/fr/HRBodies/CED/Pages/CEDIndex.aspx">Comité des Nations unies sur les disparitions forcées</a>.</em></p> <hr /> <p>L’absence d’un registre unique et actualisé des fosses communes et des victimes entrave l’adoption d’un plan national d’exhumation et de récupération par les proches des restes des personnes disparues. Pendant ce temps, les descendants souffrent d’une angoisse constante, d’une sorte de deuil « gelé », ne pouvant pas enterrer décemment leurs proches disparus.</p> <h3>Plus de 4 000 fosses communes et environ 100 000 personnes disparues</h3> <p>Selon les données extraites de la <a href="https://www.mpr.gob.es/memoriademocratica/mapa-de-fosas/Paginas/buscadorfosas.aspx">carte des fosses communes</a> créée par le ministère de la Justice en 2011, qui relève désormais du ministère de la Présidence, des relations avec le parlement et de la mémoire démocratique, 4 265 fosses communes sont enregistrées et un total de 57 911 victimes ont été comptabilisées. 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Sur le nombre total de victimes enregistrées par l’État, se distinguent 12 988 en Aragon, 12 112 dans la communauté de Madrid, 8 012 en Catalogne, 6 627 en Andalousie et 5 430 dans les Asturies.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424956/original/file-20211006-20-1sv37n4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424956/original/file-20211006-20-1sv37n4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Carte des tombes établie par le ministère de la Présidence, des Relations avec le Parlement et de la Mémoire démocratique.</span> <span><a href="https://www.mpr.gob.es/memoriademocratica/mapa-de-fosas/Paginas/buscadormapafosas.aspx">Gouvernement espagnol</a></span></em></h4> <p>Cependant, ces données officielles sont loin des chiffres réels. Le <a href="https://aeaof.com/media/document/Memoria%20Democr%C3%A1tica.%20Fosas%20y%20exhumaciones.%20Las%20exhumaciones%20de%20la%20Guerra%20Civil%20y%20la%20dictadura%20franquista%202000-2019.pdf">rapport de l’État</a> sur l’état des exhumations des fosses communes de la guerre civile et de la dictature de Franco (2019) détaille que 785 tombes ont été exhumées entre 2000 et 2019 et que 9 698 corps ont été retrouvés. En <a href="https://www.juntadeandalucia.es/organismos/culturaypatrimoniohistorico/areas/memoria-democratica/mapa-fosas-andalucia.html">Andalousie</a>, le gouvernement régional a recensé 708 tombes et le nombre de victimes est estimé à 45 556.</p> <p>En <a href="http://justicia.gencat.cat/ca/ambits/memoria/Fosses/Mapa-de-fosses/">Catalogne</a>, entre 1999 et 2018, 41 actions ont été menées dans des fosses communes et les restes de 345 personnes ont été retrouvés. 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De même, en Catalogne, 66 643 victimes de procès sommaires ont été identifiées et leur préjudice a été réparés grâce à la <a href="http://justicia.gencat.cat/ca/serveis/document-reparacio-juridica/">loi 11/2017, du 4 juillet</a> sur la réparation juridique des victimes du franquisme, qui permet de déclarer nuls les jugements émis par les cours martiales qui ont eu lieu entre 1938 et 1978 : elles sont considérées comme contraires à la loi et ont violé le droit à un procès équitable.</p> <h3>Un parcours d’obstacles continu pour les proches des victimes</h3> <p>La majorité des personnes victimes de répression en territoire républicain ont été localisées, exhumées, identifiées et enterrées sur leurs lieux d’origine après la guerre civile en vertu de <a href="http://www.boe.es/datos/pdfs/BOE/1939/137/A02688-02689.pdf">dispositions légales</a> dictées en 1939.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424957/original/file-20211006-25-lnzf68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424957/original/file-20211006-25-lnzf68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4><em><span>Exhumation des Treize de Priaranza del Bierzo (2000).</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/memoriahistorica/12745708574/in/album-72157641455369013/">Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH)</a></span></em></h4> <p>Pendant les années de transition vers la démocratie, quelques <a href="https://www.eldiario.es/sociedad/victimas-franquismo-abrian-tierra-manos-historia-exhumaciones-fosas-transicion_1_6201776.html">exhumations sans rigueur scientifique</a> ont été réalisées, paralysées par le coup d’État du 23 février 1981. Les victimes de la répression franquiste n’ont commencé à être exhumées que bien plus tard, avec un tournant décisif au moment de l’ouverture de la tombe de <a href="https://memoriahistorica.org.es/los-trece-de-priaranza/">Priaranza del Bierzo</a> en 2000. À la suite de cette action, l’Association pour la récupération de la mémoire historique (<a href="https://memoriahistorica.org.es/">ARMH</a>) a été créée, ce qui donnera lieu au début d’un processus associatif autour de la Mémoire.</p> <p>Depuis lors, la récupération des restes des personnes disparues est restée principalement l’affaire des proches des victimes, qui ont dû recourir à des subventions de l’État (suspendues entre 2011 et 2021) pour réaliser les travaux d’exhumation avec la participation volontaire d’anthropologues et d’experts. En outre, le rythme des exhumations de fosses communes au niveau régional dépend du parti politique au pouvoir, ce qui crée des inégalités pour les victimes selon la région.</p> <p>Ainsi, des communautés comme l’Andalousie, l’Aragon, la Catalogne, Valence, l’Estrémadure, le Pays basque, les Baléares et la Navarre ont promu des politiques de mémoire, tandis que d’autres, comme les Asturies, ont choisi de ne pas ouvrir les tombes, mais de marquer les lieux de mémoire et l’existence des tombes. 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À cet égard, on ne peut oublier que le Tribunal suprême espagnol lui-même, en ce qui concerne les disparitions forcées commises pendant la guerre civile et le franquisme, a reconnu dans la décision <a href="https://vlex.es/vid/prevaricacion-crimenes-franquismo-injusticia-356948146">STS 101/2012</a>, le 27 février, que :</p> <blockquote> <p>« Les faits […] sont selon les règles actuellement en vigueur, des crimes contre l’humanité dans la mesure où les personnes décédées et disparues ont été l’objet d’une action systématique visant à les éliminer en tant qu’ennemis politiques. »</p> </blockquote> <h3>L’exhumation des fosses communes : une forme de réparation et de dignité pour les victimes</h3> <p>Les exhumations de personnes disparues ou exécutées extrajudiciairement retrouvées dans des fosses communes ont pour but non seulement d’établir la vérité sur les événements survenus, mais aussi de restaurer la dignité des victimes et de leurs familles et de favoriser l’accès à la justice.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424969/original/file-20211006-25-1hzygz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424969/original/file-20211006-25-1hzygz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4><em><span>Exhumation de la fosse commune dans le cimetière de Guadalajara.</span> <span><a href="https://memoriahistorica.org.es/imagenes-exhumaciones/">Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH)</a></span></em></h4> <p>D’une part, les exhumations ont une dimension humanitaire qui implique l’identification et la restitution des restes des personnes disparues et exécutées à leurs proches afin qu’ils puissent « clore » le deuil gelé et être enterrés selon leurs croyances. Outre la dimension humanitaire, les exhumations peuvent également être pertinentes dans le cadre d’une procédure judiciaire, dans la mesure où les restes exhumés peuvent constituer des preuves et permettent en même temps d’établir les faits et les circonstances qui ont conduit à la disparition forcée ou à l’exécution extrajudiciaire.</p> <p>En janvier 2016, à la demande de la juge argentine Maria Servini de Cubría et par le biais d’une exhortation internationale, une <a href="https://www.eldiario.es/clm/Guadalajara-solo-fosa-Timoteo-Mendieta_0_477702574.html">fosse commune a été ouverte dans le cimetière de Guadalajara</a> où ont été enterrés les restes de 22 personnes fusillées entre novembre 1939 et février 1940.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/424972/original/file-20211006-27-1giiaww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/424972/original/file-20211006-27-1giiaww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4><em><span>Ascensión Mendieta, lors de l’ouverture du charnier à Guadalajara.</span> <span><a href="https://memoriahistorica.org.es/imagenes-exhumaciones/">Asociación para la recuperación de la memoria histórica (ARMH)</a></span></em></h4> <p>Ascensión Mendieta, 90 ans, recherchait la dépouille mortelle de son père Timoteo Mendieta, secrétaire général du syndicat UGT de Sacedón en 1936 et fusillé en 1939 par les autorités franquistes. Ana Messutti, l’une des avocates chargées du procès argentin sur les crimes de la répression franquiste, <a href="http://www.eldiario.es/clm/Apenas-Timoteo-Mendieta-olvido-franquista_0_517948935.html">souligne</a> qu’il est essentiel que :</p> <blockquote> <p>« Ascensión Mendieta retrouve les restes de son père mais aussi obtient une résolution judiciaire qui lui dira que son père a été assassiné. »</p> </blockquote> <h3>Au-delà d’une question humanitaire, l’exhumation des tombes est une question de justice</h3> <p>Le droit à la vérité dure tant que le sort ou le lieu où se trouve la personne disparue n’est pas clarifié et que l’absence d’une enquête rapide et efficace viole le droit à la vérité et l’accès à la justice. Le droit à la vérité permet également de restaurer la dignité des victimes et constitue une mesure de réparation. 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L’exhumation des tombes n’est pas seulement une question humanitaire, mais aussi une question de justice, qui devrait être faite d’office, sans attendre que les victimes engagent une procédure.</p> <p>Le 27 septembre 2021, le <a href="https://www.europapress.es/nacional/noticia-onu-arremete-contra-ley-amnistia-1977-pide-perseguir-penalmente-autores-desapariciones-franquismo-20210930150251.html">Comité des Nations unies sur les disparitions forcées</a> a insisté une fois de plus sur la nécessité pour l’Espagne de supprimer les obstacles qui entravent les enquêtes sur les cas de disparitions forcées et la recherche des personnes disparues, comme la loi d’amnistie de 1977, ainsi que sur la nécessité d’accélérer la création d’une banque d’ADN centralisée pour permettre l’identification des victimes.<img src="https://counter.theconversation.com/content/169703/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/elisenda-calvet-martinez-1276640">Elisenda Calvet Martínez</a>, Profesora de Derecho Internacional Público, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universitat-de-barcelona-785">Universitat de Barcelona</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/crimes-du-franquisme-quen-est-il-des-plus-de-4-000-fosses-communes-despagne-169703">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'crimes-du-franquisme-qu-en-est-il-des-plus-de-4-000-fosses-communes-d-espagne', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 563, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/crimes-du-franquisme-quen-est-il-des-plus-de-4-000-fosses-communes-despagne-169703', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 11, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p> <p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 40, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». 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Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. 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