«La minute mongole», c’est un petit recueil de cinq nouvelles paru aux éditions La Cheminante, écrit par Nétonon Noël Ndjékéry qui nous parle notamment de la faim. De la vraie. © DR
«Personne ne peut se sentir aussi inutile qu’une mère qui n’a même pas une étincelle d’avenir à proposer à son enfant», écrit Nétonon Noël Ndjékéry, dans un récit qui met en scène l’une des pires tragédies de tous les temps. Aujourd’hui encore, la faim tue 25'000 personnes par jour, selon le rapport 2017 de la FAO. Et les variations climatiques ne vont pas arranger la donne. L’écrivain vaudois d’origine tchadienne prête sa voix aux victimes de ce scandale.
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On a tous eu un prof qui nous a fait sentir qu’on est quelqu’un de bien et qui nous a donné des ailes. Avec un peu de maturité, on commence à mieux se connaitre, à se découvrir des centres d’intérêt et des dons, en fonction de nos échecs et de nos réussites. Mais même dans le couple et en amitié, on a besoin d’encouragements. L’identité est un puzzle, à chaque étape, on en découvre une nouvelle pièce en lien avec les rencontres qu’on peut faire.</p> <p><strong>Certaines compétitions sportives comme le foot semblent euphoriser des nations entières. Vous y croyez, vous, à ce bonheur par procuration?</strong></p> <p>Je me souviens avoir vu mon grand-père pleurer de joie en regardant les courses de ski. Tout le monde se réunissait autour de la table pour y assister. Moi, je me suis toujours sentie en décalage. 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Je trouve terrible cette injonction à faire du sport pour être quelqu’un de bien. Je me demande si ne rien faire, jouer, rêver, n’est pas le plus important dans la vie.</p> <p><strong>Le grand-écart de la petite sœur sur le tapis de la Migros de Sion a marqué le début d’un engrenage fatal. Est-ce que la possibilité d’y échapper s’est présentée une fois ou l’autre au cours des onze ans que vous relatez dans <i>Mon Dieu, faites que je gagne?</i></strong></p> <p>Il y a un moment où tout risque de s’arrêter quand la gymnaste n’est pas qualifiée pour Macolin sur un malentendu. L’aînée espère d’un côté pouvoir sortir de l’engrenage, mais elle se rend compte que ça va nuire à son autonomie naissante. A la longue, elle a fini par y trouver son compte.</p> <p><strong>Chaque époque, y compris la nôtre, a imposé aux filles et aux femmes une façon de vivre leur féminité. 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La musique, c’est pareil, où placer le curseur pour prendre du plaisir à apprendre et progresser sans s’enfermer dans une obsession? Mes parents ont pris de la distance, parce qu’ils ont bien compris qu’il ne s’agissait pas d’eux. On a tous souffert en se rendant compte de l’immense machine dans laquelle on a été embarqués.</p> <p><strong>Le livre ne risque-t-il pas de donner une image négative de votre mère?</strong></p> <p>Ma mère me lisait des histoires et ne ressemble pas du tout au monstre décrit dans le livre. Le personnage est un mélange de plusieurs mères que j’ai observées. Ça s’est imposé à moi de laisser venir une part de fiction. J’aime trop mentir, inventer, pour m’en tenir à un témoignage. Déjà petite, je gonflais toujours mes histoires.</p> <p><strong>Avez-vous rencontré d’autres frères et sœurs de qui se sont reconnus dans la situation que vous décrivez?</strong></p> <p>Je reçois des témoignages de plus en plus intéressants. 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Ce n’est qu’en la laissant s’exprimer qu’on peut la dépasser.</p> <p><strong>En choisissant l’écriture plutôt que le sport, avez-vous réussi à échapper à toute forme de compétition ou rencontrez-vous là aussi une pression au succès?</strong></p> <p>Non, ça m’embête qu’on ne parle que de Joël Dicker, je serais vraiment malhonnête de prétendre le contraire.</p> <hr /> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1710236971_image093289020231120ob_f59a35_mondieufaitesquejegagnebaechler.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="346" /></h4> <h4>«Mon Dieu, faites que je gagne», Sonia Bächler, Editions Bernard Campiche, 232 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'exister-a-l-ombre-de-sa-soeur', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 34, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2859, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4769, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Et si l’enfer, c’était soi, tel que l’autre nous perçoit?', 'subtitle' => 'Alors que son polar «Les abricots de la colère» vient d’être réédité par BSN Press deux ans après sa parution, Antonio Albanese publie aux éditions BSN Press /Okama un roman noir intitulé «Le complexe d’Eurydice». 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La minute mongole, c’est un petit recueil de cinq nouvelles paru aux éditions La Cheminante. On peut l’avoir lu dès sa sortie en 2014 et en garder néanmoins un souvenir tenace. Le dernier récit intitulé Maman, les cocos? laisse en particulier une empreinte indélébile. D’abord à cause de la force d’expression d’un style particulièrement imagé où aucune métaphore n’est gratuite. Dès les premières lignes, la description donne le ton:
«Avec la complicité d’une étoile en verve, un croissant de lune, plus délié qu’une lame de faucille neuve, dessine au-dessus de l’horizon un énorme point d’interrogation.»
Ensuite à cause du coup de poing que nous assène chacun de ces récits. La densité poétique de la langue ne fait qu’en rajouter, par contraste, à la violence du fond. Exactement comme la beauté du ciel tranche, dans la dernière histoire, avec l’horreur de ce qui se joue sur terre.
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«A quoi bon continuer à respirer quand l’air ne sert plus qu’à attiser l’inanition qui vous incendie les boyaux?», questionne l’auteur.
Dans un monde où 821 millions de personnes, soit un habitant de la planète sur neuf, sont en manque chronique de nourriture selon la FAO, où la famine décime en silence les enfants de plusieurs pays d’Afrique, Nétonon Noël Ndjékéry nous sort de l’abstraction des chiffres pour nous faire regarder en face cette atroce réalité. Il donne deux visages à ce fléau que les variations climatiques aggravent d’année en année. Le visage d’une mère que le récit à la deuxième personne contribue à nous rendre proche, et celui de son enfant qui «continue de jouer à qui perd gagne avec le sommeil. Comment arriverait-il à s’endormir alors que vrillent, en silence sous son nombril, les pales implacables du plus immonde des ventilateurs?»
Nétonon Noël Ndjékéry, La minute mongole, La Cheminante, 2014
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On a tous eu un prof qui nous a fait sentir qu’on est quelqu’un de bien et qui nous a donné des ailes. Avec un peu de maturité, on commence à mieux se connaitre, à se découvrir des centres d’intérêt et des dons, en fonction de nos échecs et de nos réussites. Mais même dans le couple et en amitié, on a besoin d’encouragements. L’identité est un puzzle, à chaque étape, on en découvre une nouvelle pièce en lien avec les rencontres qu’on peut faire.</p> <p><strong>Certaines compétitions sportives comme le foot semblent euphoriser des nations entières. Vous y croyez, vous, à ce bonheur par procuration?</strong></p> <p>Je me souviens avoir vu mon grand-père pleurer de joie en regardant les courses de ski. Tout le monde se réunissait autour de la table pour y assister. Moi, je me suis toujours sentie en décalage. 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Je trouve terrible cette injonction à faire du sport pour être quelqu’un de bien. Je me demande si ne rien faire, jouer, rêver, n’est pas le plus important dans la vie.</p> <p><strong>Le grand-écart de la petite sœur sur le tapis de la Migros de Sion a marqué le début d’un engrenage fatal. Est-ce que la possibilité d’y échapper s’est présentée une fois ou l’autre au cours des onze ans que vous relatez dans <i>Mon Dieu, faites que je gagne?</i></strong></p> <p>Il y a un moment où tout risque de s’arrêter quand la gymnaste n’est pas qualifiée pour Macolin sur un malentendu. L’aînée espère d’un côté pouvoir sortir de l’engrenage, mais elle se rend compte que ça va nuire à son autonomie naissante. A la longue, elle a fini par y trouver son compte.</p> <p><strong>Chaque époque, y compris la nôtre, a imposé aux filles et aux femmes une façon de vivre leur féminité. 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La musique, c’est pareil, où placer le curseur pour prendre du plaisir à apprendre et progresser sans s’enfermer dans une obsession? Mes parents ont pris de la distance, parce qu’ils ont bien compris qu’il ne s’agissait pas d’eux. On a tous souffert en se rendant compte de l’immense machine dans laquelle on a été embarqués.</p> <p><strong>Le livre ne risque-t-il pas de donner une image négative de votre mère?</strong></p> <p>Ma mère me lisait des histoires et ne ressemble pas du tout au monstre décrit dans le livre. Le personnage est un mélange de plusieurs mères que j’ai observées. Ça s’est imposé à moi de laisser venir une part de fiction. J’aime trop mentir, inventer, pour m’en tenir à un témoignage. Déjà petite, je gonflais toujours mes histoires.</p> <p><strong>Avez-vous rencontré d’autres frères et sœurs de qui se sont reconnus dans la situation que vous décrivez?</strong></p> <p>Je reçois des témoignages de plus en plus intéressants. 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Ce n’est qu’en la laissant s’exprimer qu’on peut la dépasser.</p> <p><strong>En choisissant l’écriture plutôt que le sport, avez-vous réussi à échapper à toute forme de compétition ou rencontrez-vous là aussi une pression au succès?</strong></p> <p>Non, ça m’embête qu’on ne parle que de Joël Dicker, je serais vraiment malhonnête de prétendre le contraire.</p> <hr /> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1710236971_image093289020231120ob_f59a35_mondieufaitesquejegagnebaechler.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="346" /></h4> <h4>«Mon Dieu, faites que je gagne», Sonia Bächler, Editions Bernard Campiche, 232 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'exister-a-l-ombre-de-sa-soeur', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 34, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2859, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4769, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Et si l’enfer, c’était soi, tel que l’autre nous perçoit?', 'subtitle' => 'Alors que son polar «Les abricots de la colère» vient d’être réédité par BSN Press deux ans après sa parution, Antonio Albanese publie aux éditions BSN Press /Okama un roman noir intitulé «Le complexe d’Eurydice». 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