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Culture / Picasso peint Guernica, ville pulvérisée

Florence Perret

26 juin 2017

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Le musée de la Reine Sofia, où la toile est exposée depuis 1981, met sur pied à l’occasion des 80 ans de Guernica «Compassion et terreur chez Picasso. Le chemin de Guernica». Une analyse du cheminement, des circonstances historiques et personnelles qui ont mené Picasso à la création de cette icône du XXe siècle.



Rue des Grands-Augustins 7, Paris, lundi 26 avril 1937. Picasso peste: il n’a plus que trois mois pour honorer la commande du directeur général des Beaux-Arts, une peinture murale monumentale pour le pavillon espagnol de l’Exposition universelle de Paris. Mais l’inspiration ne vient pas. La guerre qui fait rage en Espagne, son pays natal, le hante. Il est 16h30.

A 900 kilomètres de là, quarante-quatre avions de la Légion Condor nazie et treize avions de l'Aviation Légionnaire italienne fasciste, alliés de Franco, bombardent un village du pays basque. C’est jour de marché et c’est l’hécatombe. «Guernica est en ruines; sa fameuse maison des Juntas, l’arbre de notre tradition, le «Guernikako Arbola», les rues seigneuriales, tout est tombé sous les bombes de l’aviation insurgée, qui a voulu détruire tout ce que Guernica représentait pour les Basques: l’émotion et le symbole».

Picasso découvre quatre jours plus tard les images du massacre: 1600 morts, des milliers de blessés. L’Humanité, son quotidien, multiplie les reportages – «Cadavres agenouillés figés contre les murs» –, livre des témoignages: «La terre sautait devant nous. Et puis, il y a eu un craquement épouvable. Une bombe. Je suis tombée au milieu des pierres et des briques… Ma fille aînée, qui avait 27 ans, a été tuée sur le coup, écrasée… L’autre, la plus jeune, celle qui était fiancée, a eu le temps de prendre ma main. Elle a dit: «Ah !», elle a fait un soupir, et puis elle est morte.»



Quarante ans d'exil

Fou de rage, Picasso commande une grande toile de lin à son compatriote Castelucho, azore l’apprenti qui ne la livre «qu’à» dix heures du matin le lendemain, sort ses fusains. Il ne les lâchera plus. A ses côtés, dans l’atelier, la photographe Dora Maar que Paul Eluard lui a présenté dix-huit mois plus tôt. Durant un mois, sa muse, sa maîtresse, photographiera chacune des… 45 étapes de la création du tableau. Le 12 juillet, la monumentale Guernica occupe un pan entier (27 m2) du pavillon espagnol. La presse et le public ignorent la toile, ce qui fera dire au Corbusier que «Guernica n’a vu que des épaules».


Guernica s’envolera ensuite pour New York, au MOMA. Elle y restera quarante ans, selon le vœu de l’artiste. Le temps que «les libertés publiques» soient rétablies et que la dictature franquiste s’effondre.


Piedad y terror en Picasso, El camino a Guernica. Museo Reina Sofia, Madrid, jusqu’au 4 septembre 2017.

Vols directs GVA-MAD (2h): easyjet, Swiss, Iberia, Air Berlin

Logement: Petit Palace de Santa Barbara (Boutique hôtel 4*), Appartements Madrazo 24 (2 à 7 personnes).


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