Culture / Oostduinkerke, roman de la perte identitaire
La jeune Emma se rend à Oostduinkerke, une localité de la côte belge où elle passe régulièrement ses vacances. Depuis toute petite. Sauf que là, c’est la dernière fois. La maison familiale, tendrement surnommée l’Apicule, a été vendue. Un petit drame intime dans la mesure où Emma vit la disparition programmée de l’Apicule comme une perte identitaire. La rencontre de Charles, serveur lettré, va l’aider à poursuivre ce questionnement autour de l’identité jusqu’à l’embrasement final. Qui ne surviendra pas sous la forme attendue. Entretien avec l'auteure Claire May.
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Je laisse le besoin advenir, j’y réponds sans courir derrière l’écriture.</p> <p><strong>D’où est né le besoin d’écrire ce livre-là ?</strong></p> <p>C’est la perte d’un lieu qui m’était cher qui m’a poussée à écrire. L’écriture m’a permis de vivre ce deuil, de m’extraire de cette perte.</p> <p><strong>Votre héroïne vit la même situation, à la différence près que, à l’instant du récit, la maison familiale existe encore. Peut-on faire le deuil de quelque chose qui existe encore?</strong></p> <p>Je pense que oui. Je suis un peu solipsiste dans l’âme. Quand la Belgique cesse d’être un lieu où on se rend, elle disparaît de notre monde. On est créateur du monde dans lequel on vit.</p> <p><strong>Cela signifie qu’on peut faire abstraction des circonstances extérieures?</strong></p> <p>On est créateur de son propre monde. Le monde est ce que j’en fais. Je vais au travail le matin, mais je peux habiter ce moment de façon différente. Le pouvoir de la perception est phénoménal. 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Il m’est finalement apparu que les autres personnages étaient plus intéressants en creux. Parce que c’est clairement autour d’un personnage que je construis ma narration pour un roman: en l’occurrence autour de Noah, dit le puceron, avec la problématique du mensonge et de la prison. La nouvelle en revanche s’articule plutôt autour d’une thématique, parce qu’on a moins de temps pour développer les personnages. Il faut les rendre très clairs en peu de lignes.</p> <p><strong>Qu’est-ce qui vous a inspiré l’envie de parler de la situation des proches de délinquants?</strong></p> <p>Une émission à la radio où Viviane Schekter de la fondation REPR (Relai Enfant Parents Romands) parlait des familles de détenus. La prison m’intéresse depuis longtemps, mais je n’avais jamais pensé à ce que la détention pouvait impliquer pour les familles. J’ai ensuite été bénévole pour Repère pendant des années au Bois-Mermet. 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Les proches sont au premier front pour encaisser les jugements. Mais à la fondation Repère, j’ai aussi rencontré des gens très à l’aise avec l’idée d’avoir un proche derrière les barreaux, et très décomplexés.</p> <p><strong>Votre narratrice a parfois l’air plus adulte que ses parents. Est-elle parentalisée ou est-ce juste une impression due au fait que le lecteur n’a que son point de vue?</strong></p> <p>Un peu des deux. Quand j’avais encore trois points de vue, j’essayais de montrer comment chacun pense avoir raison. C’est intéressant de chercher l’angle d’interprétation à partir duquel les gens estiment faire ce qu’il faut. Oriane a ce rôle de grande sœur réconfortante.</p> <p><strong>Vous décrivez un lien très fort et très touchant entre la grande sœur et son petit frère. Est-ce que les circonstances les amènent à mettre de côté les disputes habituelles au sein d’une fratrie?</strong></p> <p>Non, je pense que leur relation serait la même en d’autres circonstances. Cet amour très fort et cet agacement ultime existent avant l’incarcération du père. S’y ajoutent ensuite l’inquiétude et le besoin de protéger le petit frère. Oriane en veut à ses parents de devoir porter leur mensonge.</p> <p><strong>Votre narratrice est gardienne de foot dans une équipe mixte: le prétexte pour ajouter une petite touche féministe à votre livre?</strong></p> <p>Oui clairement. Je me suis demandée ce qu’on faisait à cet âge comme activité extrascolaire. J’ai voulu choisir quelque chose d’éloigné de mes propres activités pour éviter qu’Oriane ne devienne une sorte d’alter ego. C’était un bon moyen de prendre de la distance.</p> <p><strong>Comment avez-vous réussi à restituer de façon aussi convaincante les tics de langage, l’attitude très entière propre à l’adolescence, mais aussi une forme de mal-être, de crainte du jugement sans doute exacerbée par ce qu’elle vit?</strong></p> <p>C’est venu très naturellement. J’avais beaucoup travaillé la voix de Noah: dans tous les ateliers d’écriture, j’essayais de faire parler un enfant. J’ai construit Oriane par antithèse en m’inspirant de la façon de parler des gens qui m’entourent. J’avais vingt-et-un ans à l’époque, j’étais encore assez proche de l’adolescence. J’ai aussi pris soin d’éviter un vocabulaire trop précisément daté. J’y ai plus réfléchi comme un souffle que comme une langue.</p> <p><strong>Et la logorrhée de l’enfant?</strong></p> <p>C’est comme une pelote qu’on déroule et qui part dans tous les sens sans jamais se censurer.</p> <p><strong>Pourquoi avoir choisi de fondre les dialogues dans la narration?</strong></p> <p>Les dialogues ont eu beaucoup de formes différentes. Dans les premières versions, j’étais dans cette idée de flux de pensée rendue sous forme de monoblocs avec des dialogues juste marqués par des tirets. Ensuite j’ai quand même ajouté des retours à la ligne, mais comme Oriane a de la peine à dire tout ce qu’elle pense, je trouvais intéressant de maintenant le flou entre dialogue et pensée, pour que le lecteur puisse se demander si elle l’a réellement dit ou juste pensé et si elle a été entendue. Ce qu’elle dit s’inscrit dans une continuité par rapport à son flux de pensée.</p> <p><strong>L’histoire se déroule dans un milieu social très modeste: est-ce que la précarité économique excuse en partie le dérapage du père?</strong></p> <p>Je ne pense pas qu’elle l’excuse, mais elle l’explique. J’avais quand même envie qu’il y ait d’autres solutions, par exemple solliciter l’aide de la grand-mère. Mais les alternatives sont maigres. Maintenant que j’ai travaillé comme assistance sociale, je développerais ces problématiques autrement. Je pourrais imaginer un texte centré sur Léonore (la mère) qui montre la complexité du système social.</p> <p><strong>Y a-t-il là aussi une volonté militante de votre part, montrer par exemple que la pauvreté se transmet d’une génération à l’autre, puisque la fille exclut d’emblée la voie des études?</strong></p> <p>J’ai montré par petites touches que la situation économique cloisonne toute la famille, mais les enfants pourraient en pâtir beaucoup plus. Léonore fait parapluie et préserve sa fille. Je voulais creuser la manière dont un parent doit jongler pour faire face aux besoins de base des enfants et la frustration de devoir le priver. </p> <p><strong>L’art en général, le théâtre en l’occurrence a-t-il un effet rédempteur?</strong></p> <p>Oui, c’est là que Léonore retrouve une place et une famille. Je pense que le théâtre est un outil de résilience, d’ailleurs, je viens de terminer une pièce qui réunit sur scène des migrants et des Fribourgeois dans l’idée qu’on peut avoir des histoires de vie très différentes et se retrouver autour d’un projet qui crée du lien. </p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1721306618_eh_231ecouvmarilourytz_md1200x2000.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="333" /></p> <h4>«Quand papa est tombé malade», Marilou Rytz, Editions de l’Hèbe, 288 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'quand-papa-deale-et-maman-ment', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 108, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2859, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5018, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un tableau sociologique qui se déguste avec bonheur', 'subtitle' => 'L’autrice genevoise Marie Beer excelle dans l'art de camper des personnages hauts en couleur et de jouer sur les contrastes. 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BPLT: Pour votre premier roman, vous trouvez tout de suite un des plus grands éditeurs suisses, l’Aire, puis vous obtenez le prix littéraire SPG récompensant une première œuvre littéraire d’un auteur romand. Vous ne vous êtes pas trompée de vocation en étudiant la médecine?
Claire May: Non, j’ai eu du plaisir avec la réception de ce livre, mais la médecine est un bonheur quotidien. Si je vouais ma vie à l’écriture, elle cesserait d’être cet espace de liberté sans contrainte, sans régularité imposée. Je laisse le besoin advenir, j’y réponds sans courir derrière l’écriture.
D’où est né le besoin d’écrire ce livre-là ?
C’est la perte d’un lieu qui m’était cher qui m’a poussée à écrire. L’écriture m’a permis de vivre ce deuil, de m’extraire de cette perte.
Votre héroïne vit la même situation, à la différence près que, à l’instant du récit, la maison familiale existe encore. Peut-on faire le deuil de quelque chose qui existe encore?
Je pense que oui. Je suis un peu solipsiste dans l’âme. Quand la Belgique cesse d’être un lieu où on se rend, elle disparaît de notre monde. On est créateur du monde dans lequel on vit.
Cela signifie qu’on peut faire abstraction des circonstances extérieures?
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Quand Emma se refuse à Charles, ça les rapproche. Expliquez-nous ce paradoxe.
Le refus de la sexualité est un militantisme du corps. La lutte d’Emma se situe à ce niveau. Son caractère s’affirme dans la chambre à coucher. Elle surprend agréablement Charles par les luttes qui s’affirment là où on ne les attendait pas.
N’y a-t-il pas quelque chose de plus profond, une façon d’être au monde, une forme d’authenticité sans concession, qui fait que Charles et Emma se sentent semblables et attirés l’un par l’autre?
Quand on écrit, on va chercher les êtres dans leur authenticité. Le personnage d’Emma a irrité des lecteurs par son côté égocentrique, même si Charles a quant à lui un aspect dogmatique. Je m’étonne que les gens portent un regard si dur, parce que l’égocentricité découle du fait de réfléchir sur soi. Il témoigne d’un discours nourri sur soi-même.
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Je vais au travail le matin, mais je peux habiter ce moment de façon différente. Le pouvoir de la perception est phénoménal. Il y a plein de drames en toile de fond, mais je vis/on vit sans en tenir compte.</p> <p><strong>C’est donc normal et légitime de vivre complètement détaché de l’actualité?</strong></p> <p>Cette anesthésie générale me marque. On se porte bien dans un monde qui se porte nettement moins bien. On devrait développer une conscience plus intime du monde tel qu’il est. Mais je pense qu’on n’a pas les outils. La question de l’engagement politique me taraude, mais le monde me paraît trop complexe pour que je puisse le comprendre et l’influencer. Je me sens impuissante dans cette mission. L’écriture m’apparaît comme l’antinomie de l’engagement, c’est une forme de repli sur soi. On passe des heures et des mois à créer quelque chose d’inutile et sans impact.</p> <p><strong>Il y a beaucoup de descriptions dans votre livre. Attachez-vous toujours autant d’importance aux lieux ou est-ce que c’est l’attachement que vous portez à ce lieu précis qui vous inspire toutes ces descriptions?</strong></p> <p>Comme c’est mon seul roman, j’ai de la peine à le dire. L’aspect descriptif est important pour moi. Il faut poser un décor, ancrer l’intrigue dans un tableau.</p> <p><strong>Bien que Charles travaille comme serveur dans le bar où Emma se rend régulièrement, elle comprend «en quelques mots et une mimique» qu’elle a affaire à quelqu’un du même milieu social qu’elle, «celui où l’on cite Madame Bovary». Être issus du même milieu social, est-ce une condition sine qua non à une relation affective?</strong></p> <p>J’espère vraiment pas. C’est une remarque d’Emma que je n’aurais pas pu placer dans la bouche de Charles, parce qu’il est engagé dans une lutte des classes. Elle marque ces frontières existantes entre nous qu’on devrait combattre, mais qu’on reconnaît. Comme on remarque aussi tout de suite l’altérité au niveau de l’appartenance nationale.</p> <p><strong>Qu’est-ce que cette rencontre leur apporte à l’une et à l’autre? En quoi chacun nourrit-il la réflexion de l’autre?</strong></p> <p>Emma grandit à travers cette rencontre qui lui permet de faire le deuil de la dimension individualiste de son identité. Elle a peu de repères identitaires collectifs. Ceux de Charles sont davantage ancrés dans l’Histoire. Il a plus la sensation d’appartenir au monde qu’Emma et va lui apporter cette dimension. <br />Mais c’est plus nuancé: en tant que Suissesse qui vit dans un cocon de confort détachée des aléas du monde, Emma est malgré tout le produit d’une époque. Et Charles se rend compte qu’il est aussi construit sur des fondements individuels, pas seulement historiques. <br />Emma était dans cette recherche de soi dans une perspective plus large: Je suis le produit de quoi? Quels évènements ont influencé ma perception de la réalité?</p> <p><strong>Et vous, quels sont les évènements qui ont influencé votre perception de la réalité?</strong></p> <p>L’impression d’être déracinée du monde dans lequel je vis. Ma compréhension du monde reste lacunaire. On est toujours dans une frustration par rapport à l’actualité. Difficile de comprendre les évènements qui mènent la danse du monde. J’aurais l’envie de saisir mais je ne m’en donne pas les moyens. Quand on vit en Suisse, les grands problèmes du monde n’impactent pas notre quotidien. L’actualité reste impalpable.</p> <p><strong>À une époque où il ne sort quasiment aucun livre, ni aucun film sans une scène de sexe, vous avez mis en scène un homme et une femme qui se soustraient à cet incontournable. Et pourtant, c’est bien d’amour qu’il s’agit?</strong></p> <p>Ce n’était pas l’histoire d’amour qui me motivait. Je ne voulais pas entrer dans ce schéma. J’avais envie d’être libre dans mon histoire.</p> <p><strong>Quand Emma se refuse à Charles, ça les rapproche. Expliquez-nous ce paradoxe.</strong></p> <p>Le refus de la sexualité est un militantisme du corps. La lutte d’Emma se situe à ce niveau. Son caractère s’affirme dans la chambre à coucher. Elle surprend agréablement Charles par les luttes qui s’affirment là où on ne les attendait pas.</p> <p><strong>N’y a-t-il pas quelque chose de plus profond, une façon d’être au monde, une forme d’authenticité sans concession, qui fait que Charles et Emma se sentent semblables et attirés l’un par l’autre?</strong></p> <p>Quand on écrit, on va chercher les êtres dans leur authenticité. Le personnage d’Emma a irrité des lecteurs par son côté égocentrique, même si Charles a quant à lui un aspect dogmatique. Je m’étonne que les gens portent un regard si dur, parce que l’égocentricité découle du fait de réfléchir sur soi. Il témoigne d’un discours nourri sur soi-même.</p> <p><strong>Charles est-il lui aussi empreint de nostalgie et, si oui, vis-à-vis de quoi?</strong></p> <p>Oui, même s’il en fait moins état qu’Emma. Son premier souvenir précède la chute du mur. La Trabant (jouet) qu’il reçoit pour Noël est l’emblème de l’Europe de l’Est. Il conserve l’idéologie d’extrême-gauche, la nostalgie du monde d’avant la chute du mur. Et quitte l’Allemagne de l’Est dans des circonstances difficiles.</p> <p><strong>Qu’est-ce qui les distingue fondamentalement?</strong></p> <p>Les fondements identitaires. Ce sont les questions qui m’ont habitée pendant l’écriture de ce livre. Sur quoi se construit l’identité? Comment l’envisager de manière globale? Que reste-t-il de l’identité quand on perd un repère identitaire?</p> <p><strong>Cette absence de racine que Charles constate chez Emma l’amène à dire «Tu vis, en quelque sorte, ex nihilo». Chez vous, Claire-May, le don pour l’écriture a des racines généalogiques ou est-ce qu’il apparaît ex nihilo?</strong></p> <p>Une grand-mère a écrit un ouvrage sur sa foi et sa maladie habitée par la foi et mon grand-père a écrit un ouvrage historique sur les fontaines de son village.</p> <hr /> <h4><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1573224225_9782940586295475x5001.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="183" height="276" /></h4> <h4>Claire May, <em>Oostduinkerke</em>, Editions de l'Aire, 185 pages. </h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'oostduinkerke-ou-la-perte-d-un-repere-identitaire', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 730, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2011, 'homepage_order' => (int) 2262, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2859, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5129, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Et si tout n’était qu’apparence?', 'subtitle' => '«Nos plus beaux jours sont des mensonges», Francisco Arenas Farauste, Editions 5 sens, 116 pages.', 'subtitle_edition' => '«Nos plus beaux jours sont des mensonges», Francisco Arenas Farauste, Editions 5 sens, 116 pages.', 'content' => '<p>Avec<i> Nos plus beaux jours sont des mensonges</i> paru aux éditions 5 sens en août 2023, le romancier Francisco Arenas Farauste, actuel président de l’Association vaudoise des écrivains, revient sur le thème de l’illusion. 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Qu’en avez-vous retenu que vous avez pu mettre en pratique dans ce roman?</strong></p> <p><strong>Marilou Rytz</strong>: Ce roman était mon travail de Bachelor et ce que l’institut m’a offert avant tout, c’est du temps. Mais il est évident que ça a aussi été un accélérateur de bénéficier des conseils de tous ces auteurs, par exemple Joseph Incardona qui soulignait tous les mots inutiles. Une fois qu’il les avait repérés, ça me paraissait évident. Ou Michel Layat m’a inculqué une certaine rigueur et aidée à avancer dans l’écriture à trois voix avant que j’en vienne à ramener ce roman initialement choral à un seul point de vue narratif.</p> <p><strong>Avant de vous lancer dans un roman, vous avez écrit plusieurs nouvelles et du théâtre. Quels sont les défis propres à chacun de ces genres littéraires?</strong></p> <p>Cette histoire a elle-même été testée d’abord sous forme de micro-pièce de théâtre, puis de récit à quatre voix. Il m’est finalement apparu que les autres personnages étaient plus intéressants en creux. Parce que c’est clairement autour d’un personnage que je construis ma narration pour un roman: en l’occurrence autour de Noah, dit le puceron, avec la problématique du mensonge et de la prison. La nouvelle en revanche s’articule plutôt autour d’une thématique, parce qu’on a moins de temps pour développer les personnages. Il faut les rendre très clairs en peu de lignes.</p> <p><strong>Qu’est-ce qui vous a inspiré l’envie de parler de la situation des proches de délinquants?</strong></p> <p>Une émission à la radio où Viviane Schekter de la fondation REPR (Relai Enfant Parents Romands) parlait des familles de détenus. La prison m’intéresse depuis longtemps, mais je n’avais jamais pensé à ce que la détention pouvait impliquer pour les familles. J’ai ensuite été bénévole pour Repère pendant des années au Bois-Mermet. 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Les proches sont au premier front pour encaisser les jugements. Mais à la fondation Repère, j’ai aussi rencontré des gens très à l’aise avec l’idée d’avoir un proche derrière les barreaux, et très décomplexés.</p> <p><strong>Votre narratrice a parfois l’air plus adulte que ses parents. Est-elle parentalisée ou est-ce juste une impression due au fait que le lecteur n’a que son point de vue?</strong></p> <p>Un peu des deux. Quand j’avais encore trois points de vue, j’essayais de montrer comment chacun pense avoir raison. C’est intéressant de chercher l’angle d’interprétation à partir duquel les gens estiment faire ce qu’il faut. Oriane a ce rôle de grande sœur réconfortante.</p> <p><strong>Vous décrivez un lien très fort et très touchant entre la grande sœur et son petit frère. Est-ce que les circonstances les amènent à mettre de côté les disputes habituelles au sein d’une fratrie?</strong></p> <p>Non, je pense que leur relation serait la même en d’autres circonstances. Cet amour très fort et cet agacement ultime existent avant l’incarcération du père. S’y ajoutent ensuite l’inquiétude et le besoin de protéger le petit frère. Oriane en veut à ses parents de devoir porter leur mensonge.</p> <p><strong>Votre narratrice est gardienne de foot dans une équipe mixte: le prétexte pour ajouter une petite touche féministe à votre livre?</strong></p> <p>Oui clairement. Je me suis demandée ce qu’on faisait à cet âge comme activité extrascolaire. J’ai voulu choisir quelque chose d’éloigné de mes propres activités pour éviter qu’Oriane ne devienne une sorte d’alter ego. C’était un bon moyen de prendre de la distance.</p> <p><strong>Comment avez-vous réussi à restituer de façon aussi convaincante les tics de langage, l’attitude très entière propre à l’adolescence, mais aussi une forme de mal-être, de crainte du jugement sans doute exacerbée par ce qu’elle vit?</strong></p> <p>C’est venu très naturellement. J’avais beaucoup travaillé la voix de Noah: dans tous les ateliers d’écriture, j’essayais de faire parler un enfant. J’ai construit Oriane par antithèse en m’inspirant de la façon de parler des gens qui m’entourent. J’avais vingt-et-un ans à l’époque, j’étais encore assez proche de l’adolescence. J’ai aussi pris soin d’éviter un vocabulaire trop précisément daté. J’y ai plus réfléchi comme un souffle que comme une langue.</p> <p><strong>Et la logorrhée de l’enfant?</strong></p> <p>C’est comme une pelote qu’on déroule et qui part dans tous les sens sans jamais se censurer.</p> <p><strong>Pourquoi avoir choisi de fondre les dialogues dans la narration?</strong></p> <p>Les dialogues ont eu beaucoup de formes différentes. Dans les premières versions, j’étais dans cette idée de flux de pensée rendue sous forme de monoblocs avec des dialogues juste marqués par des tirets. Ensuite j’ai quand même ajouté des retours à la ligne, mais comme Oriane a de la peine à dire tout ce qu’elle pense, je trouvais intéressant de maintenant le flou entre dialogue et pensée, pour que le lecteur puisse se demander si elle l’a réellement dit ou juste pensé et si elle a été entendue. Ce qu’elle dit s’inscrit dans une continuité par rapport à son flux de pensée.</p> <p><strong>L’histoire se déroule dans un milieu social très modeste: est-ce que la précarité économique excuse en partie le dérapage du père?</strong></p> <p>Je ne pense pas qu’elle l’excuse, mais elle l’explique. J’avais quand même envie qu’il y ait d’autres solutions, par exemple solliciter l’aide de la grand-mère. Mais les alternatives sont maigres. Maintenant que j’ai travaillé comme assistance sociale, je développerais ces problématiques autrement. Je pourrais imaginer un texte centré sur Léonore (la mère) qui montre la complexité du système social.</p> <p><strong>Y a-t-il là aussi une volonté militante de votre part, montrer par exemple que la pauvreté se transmet d’une génération à l’autre, puisque la fille exclut d’emblée la voie des études?</strong></p> <p>J’ai montré par petites touches que la situation économique cloisonne toute la famille, mais les enfants pourraient en pâtir beaucoup plus. Léonore fait parapluie et préserve sa fille. Je voulais creuser la manière dont un parent doit jongler pour faire face aux besoins de base des enfants et la frustration de devoir le priver. </p> <p><strong>L’art en général, le théâtre en l’occurrence a-t-il un effet rédempteur?</strong></p> <p>Oui, c’est là que Léonore retrouve une place et une famille. Je pense que le théâtre est un outil de résilience, d’ailleurs, je viens de terminer une pièce qui réunit sur scène des migrants et des Fribourgeois dans l’idée qu’on peut avoir des histoires de vie très différentes et se retrouver autour d’un projet qui crée du lien. </p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1721306618_eh_231ecouvmarilourytz_md1200x2000.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="333" /></p> <h4>«Quand papa est tombé malade», Marilou Rytz, Editions de l’Hèbe, 288 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'quand-papa-deale-et-maman-ment', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 108, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2859, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5018, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un tableau sociologique qui se déguste avec bonheur', 'subtitle' => 'L’autrice genevoise Marie Beer excelle dans l'art de camper des personnages hauts en couleur et de jouer sur les contrastes. 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