Culture

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</strong></p><p>J'ai laissé ma compagnie de disques s'occuper de tout le truc numérique. Moi, je suis très old-school, je transporte mes CD pour les vendre après les concerts. Je suis pour la plupart de mes activités une artiste de scène, donc c'est le public qui achète mes disques en CD.
</p><p><strong>Mais vous êtes consciente que beaucoup de nouveaux artistes viennent à la musique par de nouveaux biais digitaux?
</strong></p><p>Oui, mais je vois mes collègues et amis chanteurs plus jeunes qui s'occupent de leur production via les plateformes numériques, qui organisent des campagnes de financement participatif, mais pas moi, je crois dans les concerts. J'ai toujours été une artiste en pleine autarcie et une artiste indépendante (ce qui veut dire faire tous les métiers qui vont autour comme celui de se promouvoir seulement). Et je pense que ça porte ses fruits, j'ai toujours été ma propre boss.
</p><p><strong>L'obsession de la croissance pour le bien fondé de l'économie, vous le comprenez comme musicienne, comme citoyenne?
</strong></p><p>C'est une grande question. Je dois concentrer toute mon énergie pour tourner. J'ai tourné pendant ces 35 dernières années. Je n'ai pas eu d'autre emploi comme prof de musique ou employée de banque suisse, hein? C'est tout ce que je fais. Et amener mon enfant et d'autres membres de ma famille vers des études ou les difficultés de la vie, je paye pour ça sérieusement avec ma voix et mes droits d'auteur. Donc je serai toujours le «chien violet» dans le cirque de l'économie, en dehors des grilles et des statistiques. C'est flippant mais si tu veux réussir quelque chose pour plus de trois décennies, alors tu t'habitues et je ne peux pas me plaindre, je peux vivre de mon art.
</p><p><strong>Etes-vous consommatrice aux USA?
</strong></p><p>Je ne vis pas aux USA mais quand j'y suis, je fais un concert, rends visite à ma famille et rentre chez moi en Suisse encore.
</p><p><strong>La crise du climat, vous la ressentez de plein fouet?
</strong></p><p>Oui, je comprends, et je vois les mouvements autour de la planète. J'ai vécu à Lyon pour trois mois et j'ai pu voir comment les manifestants en gilet jaune ont manifesté et protesté dans les rues.
</p><p>Je n'ai pas besoin de comprendre ou croire dans toutes les revendications et déclarations qui s'expriment partout, j'aime voir les gens s'élever pour leurs droits.
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<p>En revanche, je l&rsquo;ai subi au travail et dans d&rsquo;autres situations, comme &agrave; peu pr&egrave;s toutes les femmes et les filles vivant dans ce pays.<br /><strong>Dans plusieurs de vos textes, vous vous exprimez avec beaucoup de franchise sur les d&eacute;s&eacute;quilibres de la soci&eacute;t&eacute;. Percevez-vous dans la soci&eacute;t&eacute; suisse un ras-le-bol des in&eacute;galit&eacute;s de pouvoir dans les diff&eacute;rents secteurs du monde &eacute;conomique et social? </strong><br />La gr&egrave;ve me semble un bon indicateur de ras-le-bol en la mati&egrave;re. <br /><strong>Avez-vous le sentiment que le patriarcat est encore tellement ancr&eacute; en 2019 qu&rsquo;il faudra plusieurs ann&eacute;es pour s&rsquo;en d&eacute;faire? </strong><br />Absolument.<br /><strong>Pensez-vous que les femmes doivent prendre plus conscience de ce grand foss&eacute; et tenter de r&eacute;gler le probl&egrave;me par une lutte plus r&eacute;guli&egrave;re? &nbsp;</strong><br />Une lutte de chaque instant. <br /><strong>Dans le hip-hop, il y a une s&eacute;rie d&rsquo;artistes qui n&rsquo;h&eacute;sitent pas, malgr&eacute; leur statut de popstar, &agrave; d&eacute;noncer les violences &ndash; dans le sillage de Black Lives Matters et en opposition aux d&eacute;cisions de Donald Trump &ndash; je pense &agrave; Childish Gambino ou Cardi B, est-ce que cette vague consciente existe aussi en Suisse? </strong><br />Oui, il y a plein d&rsquo;artistes engag&eacute;s. <br /><strong>Quelles sont les femmes du hip-hop suisse desquelles vous vous sentez proche? </strong><br />Je connais peu de rappeuses en Suisse, j&rsquo;aime beaucoup KT Gorique en Romandie, Steffe la Cheffe et Big Ziss en Suisse Allemande m&ecirc;me si pour le coup je me tiens moins au courant de leurs actualit&eacute;s.<br /><strong>Des f&eacute;ministes anti-prostitution au gouvernement fran&ccedil;ais ont voulu la criminalisation des clients de prostitu&eacute;es en France? Est-on dans une hypocrisie qui pourrait avoir de graves cons&eacute;quences pour ces travailleuses du sexe? Dans une forme de m&eacute;pris de classe?</strong></p>
<p><strong></strong>La r&eacute;pression est une forme de violence suppl&eacute;mentaire sur des femmes qui m&eacute;riteraient la mise sur pied d&rsquo;une l&eacute;gislation en leur faveur; et un num&eacute;ro de s&eacute;curit&eacute; sociale comme tout-e citoyen-ne. <br /><strong>Comment avez-vous commenc&eacute; &agrave; d&eacute;velopper cette culture revendicatrice que l&rsquo;on entend dans votre musique?</strong><br />D&egrave;s l&rsquo;enfance. <br /><strong>Que pensez-vous des mouvements des Riot Grrrls (Riot Girls) aux Etats-Unis dans les ann&eacute;es 90 qui exprimaient un d&eacute;go&ucirc;t pour la violence domestique, contre les viols impunis, le patriarcat? Ont-elles laiss&eacute; une trace dans les consciences? Et qu'avez-vous pens&eacute; des actions des Femens?</strong><br />Chaque action compte, mais je ne me reconnais pas dans le f&eacute;minisme des Femens, dont la (feue) porte-parole tenait des discours islamophobes; ou parce qu&rsquo;elles me semblaient diviser encore une fois la lutte: les f&eacute;ministes intellos &agrave; lunettes versus les femmes lib&eacute;r&eacute;es aux seins nus. Qu&rsquo;on porte un voile ou qu&rsquo;on se balade &agrave; poil, on devrait pouvoir se laisser nos marges de man&oelig;uvre et arr&ecirc;ter de se canarder en permanence. Quant aux Riot Girls, et bien c&rsquo;est un milieu musical non n&eacute;gligeable, aux influences punk-rock et &eacute;lectro, ce n&rsquo;est pas forc&eacute;ment ma tasse de th&eacute;, mais encore une fois, chaque pierre &agrave; l&rsquo;&eacute;difice est une pierre &agrave; l&rsquo;&eacute;difice.</p>
<hr />
<h2>Un des titres de La Gale:</h2>
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		'content' => '<p><strong>Comment pourriez-vous d&eacute;crire ce qui vous a amen&eacute; &agrave; ce m&eacute;tier et aujourd&rsquo;hui nous expliquer ce qu&rsquo;est exactement votre m&eacute;tier?</strong><br />Quand j&rsquo;&eacute;tais ado, la figure de la putain me semblait &ecirc;tre tellement puissante, tellement libre. La sexualit&eacute; m&rsquo;apparaissait d&eacute;j&agrave; comme un espace d&rsquo;abandon magnifique et de rencontre humaine dans sa plus grande sinc&eacute;rit&eacute;. Donc je r&ecirc;vais d&rsquo;&ecirc;tre putain comme d&rsquo;autres se r&ecirc;vent chanteuse. Et puis quand je me suis &laquo;lanc&eacute;e&raquo; dans ce travail, d&rsquo;abord pour confronter mon fantasme &agrave; la r&eacute;alit&eacute;, il se trouve que la r&eacute;alit&eacute; fut &agrave; l&rsquo;image de mon fantasme parce que j&rsquo;investissais le moment de la passe de toute la beaut&eacute; que je lui r&ecirc;vais, et que j&rsquo;ai donc su cr&eacute;er un moment &agrave; l&rsquo;image de ce r&ecirc;ve. Bref, d&egrave;s le d&eacute;but je me suis v&eacute;cu &laquo;Putain&raquo; comme artiste. Et cet investissement dans mon m&eacute;tier se renforce avec le temps. C&rsquo;est une profession qui a du sens et que je vis comme une vocation: celle de rendre le monde meilleur par la sexualit&eacute;, en cr&eacute;ant un espace de libert&eacute;, d&rsquo;abandon, de plaisir, de douceur, de joie, de partage. Je ne produis rien sinon du bien-&ecirc;tre. En revanche, je monnaie ma disponibilit&eacute; et mon attention et ce dans le but d&rsquo;offrir des prestations sexuelles, des massages &eacute;rotiques et du &laquo;gfe&raquo; (<em>&laquo;Girlfriend Experience&raquo;, le client est dans un type d&rsquo;&eacute;change plus long avec la travailleuse du sexe, dans un mod&egrave;le d&rsquo;&eacute;change entre un homme et sa petite amie, ndlr</em>). <br /><strong>La gr&egrave;ve de la femme vendredi 14 juin, &ccedil;a vous inspire quoi? </strong><br />Je ne serai pas pr&eacute;sente &agrave; ce moment-l&agrave;. Bien que je soutienne totalement et enti&egrave;rement cette d&eacute;marche qui me semble importante, en tant que fran&ccedil;aise, je suis d&eacute;sol&eacute;e de dire que nous avons de plus grosses urgences en termes de militantisme. Entre autres parce que la Suisse est un pays riche o&ugrave; globalement &ccedil;a va, un pays beaucoup plus tranquille et s&ucirc;r. Ce qui ne veut pas dire qu&rsquo;il ne faut rien faire. Par ailleurs je suis plus dans une d&eacute;marche &laquo;queer intersectionnelle&raquo;. Ce qui m&rsquo;int&eacute;resse et m&rsquo;interpelle est de comprendre les syst&egrave;mes de privil&egrave;ges et de stigmatisation, comment ils s&rsquo;influencent et se croisent. De fait la lutte f&eacute;ministe n&rsquo;a pour moi de sens que si elle consid&egrave;re et int&egrave;gre les autres groupes sociaux stigmatis&eacute;s. Aussi, je n&rsquo;ai pas du tout de pens&eacute;e politique. Je ne sais pas comment agir, sinon en donnant du sens &agrave; ce que je fais. C&rsquo;est pourquoi dans le domaine du travail du sexe, j&rsquo;essaie surtout de cr&eacute;er un discours qui permette &agrave; la fois de montrer un autre regard et en m&ecirc;me temps de nous r&eacute;approprier notre voix qui est syst&eacute;matiquement mise sous silence. <br /><strong>Vous avez une activit&eacute; militante ici?</strong><br />Si l&rsquo;on veut. Je veux dire, je ne me trouve pas tr&egrave;s active ni engag&eacute;e. Je participe &agrave; des tables rondes sur le travail du sexe, et avec mon amie Zo&eacute; Blanc-Scuderi, une sexoth&eacute;rapeuthe qui a fond&eacute; Sexopraxis, nous mettons en place une formation sur le travail du sexe, d&rsquo;une part pour montrer qu&rsquo;il s&rsquo;agit bien d&rsquo;un m&eacute;tier qui demande des comp&eacute;tences; d&rsquo;autre part parce que les personnes arrivant dans ce domaine doivent tout apprendre par empirisme, ce qui les isole davantage (on ne peut pas vraiment demander des conseils &agrave; une amie sur comment bien faire sa communication sur internet quand on est escort) et les met potentiellement en danger physique, sanitaire et surtout psychologique.<br /><strong>Etes-vous enrag&eacute;e par ce qui se passe en France?</strong><br />En France, depuis la loi sur la p&eacute;nalisation des clients vot&eacute;e en 2016, les conditions de travail se sont largement d&eacute;grad&eacute;es. Il y a moins de clients, donc les travailleurs du sexe acceptent des pratiques ou des clients qui les mettent en danger. Il y a des descentes de police pour arr&ecirc;ter les sans-papiers, inutile de vous dire qu&rsquo;&eacute;trang&egrave;re plus pute est une combinaison propice aux abus policiers.<br />Bien s&ucirc;r, et en m&ecirc;me temps je dois bien admettre que je suis une &laquo;putain&raquo; privil&eacute;gi&eacute;e qui a eu la possibilit&eacute; de partir travailler en Suisse et a pr&eacute;f&eacute;r&eacute; son confort personnel plut&ocirc;t que la lutte aux c&ocirc;t&eacute;s de ses cons&oelig;urs pr&eacute;caris&eacute;es. Cette loi de p&eacute;nalisation des clients est terrible pour mes cons&oelig;urs. Elle renforce encore plus la pr&eacute;carit&eacute; alors que le travail du sexe &eacute;tait pour beaucoup un moyen d&rsquo;en sortir, de s&rsquo;en sortir. Je trouve cela affligeant de se pr&eacute;tendre f&eacute;ministe et de tout faire pour emp&ecirc;cher des individus en majorit&eacute; femme de s&rsquo;&eacute;manciper de leur situation &agrave; elles comme elles le veulent sous pr&eacute;texte que la prostitution serait &laquo;en elle m&ecirc;me&raquo; une violence. Il serait bon de prendre conscience qu&rsquo;il y a une plus grande violence que la prostitution (quoi qu&rsquo;on en pense) que manifestement ces &laquo;feministes&raquo; bourgeoises ne connaissent pas: la pauvret&eacute;. <br /><strong>Comment expliquer cette position de ces f&eacute;ministes et femmes politiques?</strong><br />Je pense que dans le fond, il y a un enjeu politique qui est de plaire &agrave; la population. Dans l&rsquo;imaginaire collectif, la prostitution est consid&eacute;r&eacute;e comme avilissante. Faire des lois contre le travail du sexe va dans le sens de l&rsquo;inconscient collectif.<br />Mais c&rsquo;est faire le jeu du patriarcat que de dire aux autres ce qui les ali&egrave;ne ou ce qui les rend dignes. Ce qui est le plus avilissant, c&rsquo;est que soient prises des d&eacute;cisions qui auront un impact sur la vie des personnes concern&eacute;es (comme voter une loi par exemple) sans leur demander leur avis! Y a-t-il plus paternaliste que &ccedil;a?! Et quand nous nous organisons nous-m&ecirc;mes pour faire entendre notre voix, nous sommes syst&eacute;matiquement mises sous silence, si ce n&rsquo;est insult&eacute;es.<br />Concernant l&rsquo;argument du &laquo;non-choix&raquo; dans la prostitution, c&rsquo;est surtout un non-sens absolu. Aucun choix, quel qu&rsquo;il soit, n&rsquo;est jamais pris et d&eacute;fini uniquement par ma volont&eacute;. Le choix humain est toujours d&eacute;termin&eacute; par un tas de choses, le contexte culturel, le besoin de se sentir reconnu par mes pairs, la repr&eacute;sentation inconsciente que j&rsquo;ai de moi, des autres&hellip; Du choix des vacances &agrave; celui de mon partenaire; du choix de ma tenue &agrave; celui de mon travail, tout est agencement comme dirait Deleuze.<br /><strong>Le probl&egrave;me viendrait-il surtout de notre besoin de s'ins&eacute;rer dans une soci&eacute;t&eacute; capitaliste?<br /></strong><strong></strong>Dans un syst&egrave;me capitaliste d&eacute;termin&eacute; par la n&eacute;cessit&eacute; de gagner de l&rsquo;argent pour survivre, nous avons toutes et tous la contrainte de nous trouver un travail. C&rsquo;est pourquoi se choisir un travail est de toutes fa&ccedil;ons biais&eacute;, quel que soit le choix de ce travail, qui que nous soyons. Avez-vous vous m&ecirc;me choisi de mani&egrave;re absolument libre votre travail? Bien s&ucirc;r que non. Donc il faut cesser d&rsquo;utiliser cet argument contre le travail du sexe. Ou bien renverser toute la soci&eacute;t&eacute; capitaliste.<br />Le choix du travail du sexe peut &ecirc;tre une solution voire une voie d&rsquo;&eacute;mancipation. Si une femme migrante qui n&rsquo;a pas de papiers en France veut vivre comme tout le monde. La prostitution sera peut-&ecirc;tre, au vu de l&rsquo;impossibilit&eacute; pour elle de s&rsquo;int&eacute;grer sur le march&eacute; &laquo;classique&raquo; du travail en France, la seule solution pour survivre. &Ccedil;a n&rsquo;en restera pas moins un choix tant qu&rsquo;elle consent &agrave; le faire. Ce travail lui permettra peut-&ecirc;tre m&ecirc;me d&rsquo;avoir une vie relativement confortable, d&rsquo;&ecirc;tre ma&icirc;tresse de son emploi du temps, de se sentir utile &agrave; la soci&eacute;t&eacute;. Le mot cl&eacute; me semble &ecirc;tre le consentement. Si l&rsquo;on est forc&eacute; par un tiers, ce n&rsquo;est plus un choix mais une exploitation, au m&ecirc;me titre d&rsquo;ailleurs que le travail domestique, domaine dans lequel il y a &eacute;norm&eacute;ment d&rsquo;exploitation mais manifestement cela ne semble d&eacute;ranger personne.</p>',
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		'subtitle' => 'Paléo Festival avait l’habitude de faire «sold-out» dès la mise en vente de ses billets mais l’abondance d’événements culturels a changé la donne cette année. L’attractivité des festivals musicaux dominés par le pop-rock a changé. Coup de projecteur sur une industrie qui doit s’adapter en permanence avec les patrons de Montreux Jazz, Paléo, Kilbi et les Eurockéennes en France voisine.',
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		'content' => '<h3><strong>MONTREUX JAZZ FESTIVAL &ndash; <em>PRESTIGIEUX RENDEZ-VOUS </em>INDOOR (28 juin &ndash; 13 juillet)</strong></h3>
<p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559497835_mjf2018mathieujatonffjmmarcducrest_s.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></strong></p>
<h4 style="text-align: center;">Mathieu Jaton &copy; FFJM MarcDucrest</h4>
<p><strong>BPLT: Comment se porte la billetterie du Montreux Jazz &agrave; un mois du d&eacute;marrage de la 53<sup>e</sup> &eacute;dition? </strong></p>
<p><strong>Mathieu Jaton</strong> (directeur): Avant le d&eacute;part, on est sereins. Avec le nombre de billets en vente pour cet &eacute;t&eacute;, on a une progression cons&eacute;quente. La vente de billets se fait un peu plus vite que l&rsquo;an dernier. On a 48 concerts. Comme on n&rsquo;est pas dans la configuration open-air, tout est li&eacute; &agrave; la programmation. Avec Elton John, on a plus de billets &agrave; vendre qu&rsquo;auparavant. On a deux affiches majeures comme Elton John et Sting qui ont &eacute;t&eacute; sold-out en deux jours.15'000 billets &eacute;coul&eacute;s pour Elton dans un stade, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;quivalent de 15 soir&eacute;es au Stravinsky. On note par ailleurs que les artistes sont moins nombreux sur la route, que le mod&egrave;le &eacute;conomique est en train de changer.</p>
<p><strong>Quels sont vos objectifs pour un concert &agrave; Montreux?</strong></p>
<p>On vise environ 60 ou 70% de la capacit&eacute; de la salle. Mais je prends chaque concert individuellement. Il y a un changement ces dix derni&egrave;res ann&eacute;es avec la publicit&eacute; sur les diff&eacute;rents relais m&eacute;diatiques. On a une concurrence forte en Suisse et en Europe en g&eacute;n&eacute;ral. On doit relancer le public sur l&rsquo;ensemble du programme constamment dans les m&eacute;dias du print. Le travail de communication se fait plus finement et est plus diversifi&eacute; sur le digital. Avec les applications comme Spotify, on ne peut plus mettre le focus sur des artistes moins connus, ce qui est quelque chose d&rsquo;int&eacute;ressant.</p>
<p><strong>Y a-t-il un effet Montreux avec des concerts conceptualis&eacute;s, avec des artistes fid&eacute;lis&eacute;s?</strong></p>
<p>Oui. Pour Thom Yorke dont le nouvel album a le parfait profil pour nous avec un spectacle visuel qui nous correspond bien, plus que pour un open air. L&rsquo;ambiance de son album se transposera bien au Stravinski. Pour Janet Jackson aussi. Gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;appui de Quincy Jones, elle fera deux dates en Europe, Montreux et Glastonbury. Avec une mat&eacute;riel sc&eacute;nique &eacute;norme l&agrave;-bas. Pas chez nous, le rapport humain a permis de marquer notre diff&eacute;rence.&nbsp;</p>
<p><strong>Malgr&eacute; la marque Montreux, il semblerait que rien ne soit acquis&hellip; </strong></p>
<p>On fait des choix de programmation, certes, mais on est sur le fil du rasoir. On l&rsquo;a toujours &eacute;t&eacute;. C&rsquo;est la 20<sup>e</sup> &eacute;dition pour moi et il y a toujours cette tension. On aimerait avoir une plus grande marge de man&oelig;uvre, une plus grande force de frappe qui nous permettent de rectifier le tir en cas d&rsquo;&eacute;chec sur des concerts.</p>
<h3><strong>BAD BONN KILBI, GUIN - <em>OPEN AIR PETIT FORMAT </em>(30 MAI &ndash; 1<sup>er</sup> JUIN)</strong></h3>
<p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499558_lindequebradaphotofacebookdelartiste.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="347" height="231" /></strong></p>
<h4 style="text-align: center;">Lin De Quebrada &eacute;tait l'artiste t&ecirc;te d'affiche de Kilbi mercredi. &copy; Facebook</h4>
<p><strong>Vous &ecirc;tes un festival de petite taille tr&egrave;s pris&eacute;. Un petit poisson qui se d&eacute;bat dans un gros &eacute;tang?</strong></p>
<p><strong>Daniel Fontana</strong> (directeur): Non, pas du tout. Je suis en contact avec tous les acteurs de l'industrie musicale. J'aime avoir du plaisir dans mon m&eacute;tier et je suis un gars qui aime les gens. Je ne me prends pas trop au s&eacute;rieux pour justement &ecirc;tre pris au s&eacute;rieux par les autres acteurs. A Kilbi, j'essaye toujours de trouver des artistes qui ont quelque chose d'original, qui ne font pas de compromis et qui sont surprenants. J'essaye aussi d'ajouter des &eacute;l&eacute;ments tr&egrave;s exp&eacute;rimentaux au contenu du festival. Et avoir du plaisir, &ecirc;tre connect&eacute; et discuter. Une chose tr&egrave;s importante pour moi, c'est la fid&eacute;lit&eacute; &agrave; qui nous sommes, surtout. Garder la taille du festival, ne pas seulement le dire. Et mettre le c&ocirc;t&eacute; humain en avant. La d&eacute;co et le style ne sont pas les plus importants.</p>
<p><strong>Comment &ccedil;a se passe en termes &eacute;conomiques, la concurrence s'exprime-t-elle sur le terrain des cachets?</strong></p>
<p>Oui. Mais on programme les artistes que l'on peut se payer. Cela arrive que l'on doive payer de gros cachets pour de petits groupes parce qu'ils sont en t&ecirc;te d'affiche. Mais le terrain de jeu dans lequel nous &eacute;voluons est plut&ocirc;t sympathique. Les gens nous font confiance et nous rejoignent. J'esp&egrave;re que nous pourrons agir de cette fa&ccedil;on pour quelque temps encore.</p>
<p><strong>Comment d&eacute;crire Kilbi par rapport aux autres festivals?</strong></p>
<p>C'est un festival au naturel, multilingue et ouvert d'esprit, tout simple. Tr&egrave;s vari&eacute;. Je me fais toujours la r&eacute;flexion quand je programme des groupes: est-ce que ces artistes seraient tous heureux de d&icirc;ner &agrave; la m&ecirc;me table?</p>
<h3><strong>PALEO, l'OPEN AIR GRAND FORMAT (23-28 JUILLET)</strong></h3>
<p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499333_jacques_monnier_credit_aniessa_jotterand.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="281" height="422" /></strong></p>
<h4 style="text-align: center;"><strong>Jacques Monnier. </strong>&copy; <strong>Aniessa Jotterand</strong></h4>
<p><strong>Comment analysez-vous la baisse de passion pour plusieurs festivals majeurs cette ann&eacute;e dont Pal&eacute;o?</strong></p>
<p><strong>Jacques Monnier&nbsp;</strong>(chef de la programmation)<strong>: </strong>On a vu l&rsquo;an dernier que le march&eacute; suisse &eacute;tait en limite de saturation. Il y a beaucoup de festivals, Caribana, Rock Oz&rsquo; Ar&egrave;nes, Festi&rsquo;Neuch&hellip; Les gens n&rsquo;ont ni le temps ni l&rsquo;argent d&rsquo;aller partout. Il y a un tassement. C&rsquo;est la premi&egrave;re ann&eacute;e depuis 2003 que l&rsquo;on ne vend pas tout. Il nous reste des billets pour samedi et dimanche. Mais &agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e, &ccedil;a fera quand m&ecirc;me 96% de remplissage. Cette ann&eacute;e, il y a le facteur F&ecirc;tes des Vignerons, m&ecirc;me si ce ne sont pas tous des spectateurs de Pal&eacute;o, sans compter les concerts programm&eacute;s &agrave; l&rsquo;ann&eacute;e.</p>
<p><strong>Le facteur hip-hop a-t-il &eacute;cart&eacute; certains spectateurs de Pal&eacute;o cette ann&eacute;e? </strong></p>
<p>Non, car on programme du hip-hop depuis MC Solaar. Avant, les organisateurs ne voulaient pas trop de hip hop car le public &eacute;tait r&eacute;put&eacute; difficile. Mais aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est la soir&eacute;e avec Damso et Soprano qui est partie la plus vite. On doit renouveler le public avec ce qu&rsquo;il veut &eacute;couter, du rap et de l&rsquo;&eacute;lectro surtout, moins de rock. Mais on a un menu qui s&rsquo;adresse &agrave; des g&eacute;n&eacute;rations diff&eacute;rentes, le rap c&rsquo;est 12% des artistes, Bruel sera l&agrave; pour un public familial, The Cure et 21 Pilots pour les amateurs de rock&hellip; Il y a les musiques du monde. Pal&eacute;o est vaste.</p>
<p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559498684_thecure2nyoncolovrayen1985crditpalo.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p>
<h4 style="text-align: center;">Nyon Colovray en 1985. &copy; Pal&eacute;o</h4>
<p><strong>Puisque vous les citez, The Cure et son leader Robert Smith incarnent tr&egrave;s bien la relation sp&eacute;ciale que Pal&eacute;o peut entretenir avec des artistes, non?</strong></p>
<p>Oui et c&rsquo;est &eacute;mouvant. The Cure est venu en 1985 &agrave; Pal&eacute;o. On s&rsquo;ouvrait au rock &agrave; ce moment-l&agrave;. En fait, Robert Smith a choisi Pal&eacute;o comme lieu important pour c&eacute;l&eacute;brer les 40 ans de son groupe. Mais on a aussi une relation tr&egrave;s soutenue avec des artistes plac&eacute;s en &laquo;d&eacute;couverte&raquo; ces derni&egrave;res ann&eacute;es comme Big Flo &amp; Oli, Jain et Ang&egrave;le. Cette derni&egrave;re fait partie des artistes dont la carri&egrave;re a explos&eacute; en une ann&eacute;e. On est heureux de lui proposer la Grande sc&egrave;ne cet &eacute;t&eacute; pour passer de 3000 &agrave; 30'000 spectateurs. Ce suivi des artistes dans leur &eacute;closion, c&rsquo;est ce qui nous pla&icirc;t.</p>
<h3><strong>LES EUROCK&Eacute;ENNES &ndash; OPEN AIR MAJEUR DU PAYS VOISIN (4-7 JUILLET)</strong></h3>
<p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499033_leseurockennesphotoeurockennes.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></strong></p>
<p><strong>Avez-vous senti une d&eacute;saffection en 2018 aux Eurock&eacute;ennes&nbsp;et sur le march&eacute; des festivals fran&ccedil;ais en g&eacute;n&eacute;ral?</strong></p>
<p><strong>Jean-Paul Roland&nbsp;</strong>(directeur)<strong>:</strong> Il y a toujours plus de festivals et de public en France. Pour 2018, c&rsquo;est moins une d&eacute;saffection ressentie qu&rsquo;une crainte partag&eacute;e par le secteur d&rsquo;un &eacute;quilibre financier d&eacute;sormais &eacute;lev&eacute;, proche du complet, et donc beaucoup plus difficile &agrave; atteindre. Avec le constat des hausses cumul&eacute;es des co&ucirc;ts de s&ucirc;ret&eacute; et d&rsquo;accueil du public, des frais d&rsquo;indemnisation des forces de l&rsquo;ordre et &eacute;galement des cachets d&rsquo;artistes face &agrave; une d&eacute;crue des subventions locales, le secteur tr&egrave;s concurrentiel est inquiet pour son avenir.</p>
<p><strong>Quel est le secret pour que les Eurock&eacute;ennes perdurent avec ce r&eacute;cent format de quatre jours? </strong></p>
<p>Ni secret, ni recette. La fragilit&eacute; reste intrins&egrave;quement li&eacute;e &agrave; ce type d&rsquo;&eacute;v&eacute;nement plein air. Ce format d&eacute;pend essentiellement des opportunit&eacute;s artistiques pour r&eacute;ussir &agrave; programmer un jour suppl&eacute;mentaire. Le format sur trois jours reste le m&egrave;tre &eacute;talon. Si notre &eacute;quipe d&eacute;fend l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un festival g&eacute;n&eacute;raliste mais clair dans ses choix artistiques et qui explore avec passion et assiduit&eacute; les marges musicales, la promesse d'une exp&eacute;rience globale sur la belle presqu&rsquo;&icirc;le du Malsaucy <em>(ndlr&nbsp;: &agrave; dix minutes du centre de Belfort et une heure de Del&eacute;mont),</em> d&rsquo;une parenth&egrave;se sociale avec son l&eacute;gendaire camping va bien au-del&agrave; de la programmation musicale.</p>
<p><strong>Vous n&rsquo;&ecirc;tes pas d&eacute;pendant des subventions publiques, est-ce le secret en France pour tenir financi&egrave;rement sur du long terme?</strong></p>
<p>Croisons les doigts et scrutons les cieux! Il s&rsquo;agit au d&eacute;part d&rsquo;un festival invent&eacute; par une collectivit&eacute; d&eacute;partementale publique, donc majoritairement subventionn&eacute; &agrave; ses d&eacute;buts en 1989. Le virage &eacute;conomique intervient &agrave; l&rsquo;aube des ann&eacute;es 2000 avec un budget dont les recettes proviennent d&eacute;sormais &agrave; 93% de ses recettes propres (m&eacute;c&eacute;nat, sponsoring et billetterie). La baisse des subventions peut &agrave; terme limiter le nombre et l&rsquo;ampleur de nos actions culturelles et sociales propos&eacute;es &agrave; l&rsquo;ann&eacute;e sur notre territoire &eacute;largi qui comprennent des accompagnements artistiques, notamment Iceberg en France et en Suisse, la programmation locale au club de la Poudri&egrave;re &agrave; Belfort, des actions solidaires avec les associations locales&hellip; etc.). Nos statuts indiquent clairement ce type d&rsquo;actions qui l&eacute;gitiment et ancrent le festival dans son espace.</p>
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Erika garde dans son art les stigmates d'une culture américaine libre dans un monde libéral et économiquement secoué. D’une passion pour les sons primaux (le yodel suisse qu’elle maîtrise parfaitement) mariés au psychedelic rock des années flower power, la chanteuse joue de l’edelweiss power en surimpression pour le plaisir de curieux aimant les mélanges jazz-folk et tradi. Nous lui avons posé les questions sur l’écologie, la décroissance, la responsabilité face à un monde qui dérive. Pour une artiste originale comme elle, vivre dans un monde en pleine crise environnementale, ce n’est pas simple. 

Comment allez-vous développer votre art dans un proche avenir, à travers le numérique principalement?

J'ai laissé ma compagnie de disques s'occuper de tout le truc numérique. Moi, je suis très old-school, je transporte mes CD pour les vendre après les concerts. Je suis pour la plupart de mes activités une artiste de scène, donc c'est le public qui achète mes disques en CD.

Mais vous êtes consciente que beaucoup de nouveaux artistes viennent à la musique par de nouveaux biais digitaux?

Oui, mais je vois mes collègues et amis chanteurs plus jeunes qui s'occupent de leur production via les plateformes numériques, qui organisent des campagnes de financement participatif, mais pas moi, je crois dans les concerts. J'ai toujours été une artiste en pleine autarcie et une artiste indépendante (ce qui veut dire faire tous les métiers qui vont autour comme celui de se promouvoir seulement). Et je pense que ça porte ses fruits, j'ai toujours été ma propre boss.

L'obsession de la croissance pour le bien fondé de l'économie, vous le comprenez comme musicienne, comme citoyenne?

C'est une grande question. Je dois concentrer toute mon énergie pour tourner. J'ai tourné pendant ces 35 dernières années. Je n'ai pas eu d'autre emploi comme prof de musique ou employée de banque suisse, hein? C'est tout ce que je fais. Et amener mon enfant et d'autres membres de ma famille vers des études ou les difficultés de la vie, je paye pour ça sérieusement avec ma voix et mes droits d'auteur. Donc je serai toujours le «chien violet» dans le cirque de l'économie, en dehors des grilles et des statistiques. C'est flippant mais si tu veux réussir quelque chose pour plus de trois décennies, alors tu t'habitues et je ne peux pas me plaindre, je peux vivre de mon art.

Etes-vous consommatrice aux USA?

Je ne vis pas aux USA mais quand j'y suis, je fais un concert, rends visite à ma famille et rentre chez moi en Suisse encore.

La crise du climat, vous la ressentez de plein fouet?

Oui, je comprends, et je vois les mouvements autour de la planète. J'ai vécu à Lyon pour trois mois et j'ai pu voir comment les manifestants en gilet jaune ont manifesté et protesté dans les rues.

Je n'ai pas besoin de comprendre ou croire dans toutes les revendications et déclarations qui s'expriment partout, j'aime voir les gens s'élever pour leurs droits.

A un rythme quotidien, comment participez-vous à la décroissance?

Ces dernières décennies, j’ai effectué 98% de mes tournées en train. Voyons, combien de temps ça peut durer! Trimballer ses valises et ses accordéons à travers l’Europe devient plus dur avec l’âge.

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