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Culture

Culture / Lorsque l’amour profane atteint le sacré

Noémie Desarzens

12 juillet 2017

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«I didn't believe in love». Ces mots prononcés dans un murmure voilé par Fay (Rooney Mara) donnent le ton du nouveau long-métrage de Terrence Malick. Ce film va parler d’amour ou plutôt tenter d’en saisir l’essence.



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Pour ce huitième long-métrage, Terrence Malick met en scène deux couples, liés de près ou de loin au monde de la musique. D’un côté Faye et le chanteur BV (Ryan Gosling), et de l’autre un magnat de l’industrie musicale (Michael Fassbender) et une serveuse (Natalie Portman). Un quatuor dont les vies et les sentiments s’entremêlent, et où chacun mène une quête identitaire. Un sillon qui mériterait cependant quelques variations de la part du réalisateur. Les questions existentielles des personnages en voix over se retrouvent dans tous ses films, risquant la parodie. 

Song to Song, c’est une proposition de définition de l’amour, avec un grand A. C’est aussi une photographie magnifique, une exploration des prises de vue (avec des effets «fish eye» notamment), couplées à des questions profondes. L'amour est-il un leurre? Est-ce que le couple est une fuite identitaire, une manière de se construire à deux car incapable de se façonner seul? Est-ce que le désir est frivole? L'amour du sexe est-il un péché?

Manichéisme amoureux

Une dichotomie est posée dès l’ouverture du film: le sexe et l’amour. Deux notions dissociées qui peuvent se compléter. C’est justement la prise de conscience de Faye, passant des bras de Cook à ceux de BV. Une confrontation qui peut paraître simple et moralisatrice au vu de la comparaison des deux couples.

Nous n’en savons que très peu sur ces personnages; ce vide de substance permet de se distancer du récit. Distance qui les érige comme des archétypes de la relation amoureuse et du couple, archétypes qui tracent néanmoins un modèle manichéiste de la relation: soit on chérit religieusement le sentiment amoureux soit on le détruit, et avec lui son partenaire. On peut rester dubitatif face au quatuor désincarné, mais ce serait occulter la dimension métaphorique. Les deux couples communiquent par monosyllabes et beaucoup de non-dits sont transmis par les voix over et les regards. Ces absences de communication sont criantes de sens et démontrent la difficulté d'être en relation.

Alors que Malick a exploré à maintes reprises la relation entre l’humain et la terre nourricière dans ses premiers longs-métrages (La Balade sauvage, Les Moissons du ciel, La Ligne rouge), il garde toutefois cette vision panthéiste pour explorer les sentiments dans Song to Song. Et tente de redonner sens à l’acte sexuel, de le «resacraliser»: une communion entre deux personnes.

«Love [has] a human form»

Iggy Pop, John Lydon (chanteur des Sex Pistols), et Patti Smith côtoient notamment Lykke Li et Florence Welch (Florence and the Machine): un florilège d’artistes mis en scène, qui chacun à sa façon, témoigne du sentiment amoureux. Un mélange entre documentaire et fiction, où les musiciens jouent leur propre rôle. A l’image de Patti Smith qui confie avoir gardé son alliance, malgré le décès de son mari: «Parce que nous n’avons jamais divorcé». 

De musique, il en est finalement peu question. Si ce n’est la bande sonore du film, alternant airs symphoniques, rock, rap et électro. Une musique qui contribue à révéler, transmettre, à faire vivre une émotion. Car ces musiciens sont des poètes: ils tentent à travers des notes et des mots de définir l’indéfinissable. L’amour, un sentiment irréductiblement humain, et qui a donc une multitude de définitions. « Love [has] a human form of defy», nous dit Patti Smith dans sa chanson My Blakean Year. Et ce film met en scène l’Amour, avec ses contradictions, ses blessures, ses réconciliations et ses joies.


Song to Song de Terrence Malick, sortie en Suisse romande: mercredi 12 juillet 2017

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