Culture / Du papier glacé à la fonte des glaciers
Le glacier Aialik en Alaska © Michel Comte
Glacier sous le Cervin © Michel Comte
"Revenants" © Michel Comte
Dans la région du K2 dans l'Himalaya © Michel Comte
"Black light, anonymous structure" © Michel Comte
"White Light" © Michel Comte
Michel Comte au travail sur la série "Light" © Michel Comte
Photographe fameux, le Zurichois Michel Comte a abandonné la mode et portraits de célébrités pour une cause plus urgente: les effets du réchauffement climatique sur les masses glaciaires. Photos, mappings video, sculptures, installations: tout lui est bon pour sensibiliser le grand public.
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A partir de là, le visiteur s’y retrouve dans l’audace formelle de Gus Van Sant (65 ans). Son goût des marges, l’acuité de son observation des dynamiques de groupes, sa tendresse et sa violence entremêlées, sa capacité à rendre la psyché d’une époque, la finesse de ses gros plans comme le souffle de ses paysages. Pop, beat, rock, hollywoodien, indépendant ou expérimental, le multinstrumentiste de Portland est un artiste. </p><p>L’exposition est si ample qu’elle joue au passe-muraille. Elle s’étend à la Cinémathèque suisse, à Lausanne toujours, mais aussi dans d’autres villes suisses grâce à une rétrospective inédite de la vingtaine de films de Gus Van Sant, dont plusieurs ont été restaurés. Elle a été présentée pour la première fois l’an dernier à la Cinémathèque française de Paris avant de faire halte au Musée de l’Elysée, cet automne. </p><p>Par l’identité du musée lausannois, le travail photographique de Gus Van Sant est mis en exergue. Alors que dans les faits, il n’est que la partie d’un plus grand tout. Le risque de la surévaluation de ces photographies d’un auteur connu, entouré d’acteurs ou d’artistes qui le sont tout autant, s’atténue de lui-même.</p><h3>Les liens étroits de la photo et du cinéma </h3><p> L’histoire de la relation entre la photo et le cinéma est riche d’exemples fameux. Elle est parfois contaminée par l’égo d’un réalisateur qui, flatté par un musée ou une galerie, se prend aussi pour un bon photographe. Cette complaisance est toutefois est moins pire que celle d’acteurs persuadés d’être la réincarnation de Henri Cartier-Bresson. </p><p>Reste que le cinéma fourmille d’exemples d’excellents réalisateurs - Stanley Kubrick, Robert Frank, Agnès Varda, William Klein, Anton Corbijn ou Spike Jonze - qui ont commencé par être photographes. 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Mêlant reportage, chronique et portrait, attentif à la société et culture sud-américaines, Gatopardo pratique un journalisme narratif de qualité. </p><p>A preuve le <a href="https://www.gatopardo.com/portafolio/estructura/diseno-suizo/">récent reportage</a> de Rigoberto De La Rocha sur le site web du mensuel: le journaliste a sillonné la Suisse à la recherche du meilleur du design dans le pays, passant de Lausanne à Zurich à la recherche de créativités affirmées, mais aussi différenciées. Une Suisse qui était l’invitée de la récente Design Week de Mexico, où trois expositions lui étaient consacrées. 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Un rendu pour un service: le directeur du musée vaudois, Bernard Fibicher, avait organisé en 2004 à la Kunsthalle de Berne la première exposition personnelle d’Ai Weiwei en Europe. «Je suis presque un produit suisse», plaisantait l’artiste mercredi, aujourd’hui expatrié à Berlin après avoir connu les pires vicissitudes dans son pays (censure, surveillance, retrait de passeport, brimade, tabassage, prison).</p><h3>Combat absent</h3><p>Depuis qu’il vit, travaille et enseigne en Allemagne, Ai Weiwei a pris la cause des migrants. Il multiplie les interventions, œuvres et désormais film de 2h20 («Human flow») pour dénoncer l’exil tragique des malheureux qui tentent à tout prix de rallier l’Europe. Or à part une ou deux pièces, dont une récente bande-dessinée sur porcelaine, ce combat est absent de la rétrospective lausannoise. Pas de radeaux accrochés à la façade de Rumine (comme à Florence) ou de milliers de gilets de sauvetage encastrés dans des fenêtres (Copenhague). Du coup, c’est l’exposition elle-même qui se dégonfle un rien, perdant en urgence ce qu’elle gagne en recul historique. Et esthétique consensuelle. </p><p>Quoiqu’il faille toujours se méfier de la joliesse décorative des œuvres d’Ai Weiwei, faux héritier d’Andy Warhol et Jeff Koons, vrai disciple de Marcel Duchamp. La satire féroce vient toujours court-circuiter l’effet de beauté. A l’entrée de l’exposition, un grand parterre de fleurs blanches en porcelaine accueille le visiteur, qui évitera de marcher dessus, SVP. L’œuvre est simplement intitulée «Floraison». Elle renvoie à la campagne des Cent fleurs de Mao, purge brutale des milieux intellectuels, dont le père poète d’Ai Weiwei et lui-même, enfant, ont subi les cruels conséquences.</p><h3>En expansion</h3><p>La rétrospective – c’est son originalité – est en expansion conquérante dans le vieux palais de Rumine. 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Le grand-père aviateur
Le mauvais augure est tombé dans l’oreille d’un montagnard. Michel Comte a toujours pratiqué la grimpe, la randonnée dans les Grisons, l’échappée vers les sommets. Il a commencé à s’intéresser aux glaciers, dans les Alpes, l’Himalaya, la Colombie-Britanniques, les Andes, le Spitzberg. En trente ans d’observations, de photographies aériennes ou sur le terrain, il a constaté leur recul de plus en plus rapide, désormais alarmant.
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Land Art
Enveloppé dans une feuille d’aluminium protecteur, grâce à un photomontage, le glacier Aialik en Alaska ressemble à une installation de Land Art. Un genre apprécié depuis longtemps par Michel Comte. Ces dernières années, abandonnant la mode et les portraits, le photographe s’est tourné vers l’art contemporain. Son exposition «Light» au Maxxi est comporte du mapping vidéo, de la sculpture, des sons, des installations, comme ces petites montagnes en glace qui fondent dans une vitrine.
Dès le 28 novembre, Michel Comte interviendra aussi à la Triennale de Milan, avec une autre installation, cette fois monumentale: «Black Light, White Light». Une montagne noire posée dans une salle aux dimensions de cathédrale, de la neige, une atmosphère de requiem. De l’art monumental pour engager à réfléchir et à réagir à un autre phénomène monumental, avant qu’il ne soit trop tard.
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Alors qu’il était dans l’Himalaya, en 1986, dans un monastère reculé (comme dans les romans d’aventure), un groupe de Chinois a débarqué dans le lieu saint. </p><p> «Nous avons engagé la conversation, racontait l’autre jour Michel Comte au téléphone depuis Zurich, où il vient de se réinstaller, ne supportant plus l’Amérique de Trump. C’étaient des scientifiques. Ils m’ont dit que la Chine n’était pas au Tibet pour des raisons politiques ou religieuses. Mais parce que la région était la réserve d’eau de leur pays. Et que cette réserve serait un jour, dans 20 ou 25 ans, menacée par un phénomène climatique : la fonte des glaciers». </p><h3>Le grand-père aviateur</h3><p> Le mauvais augure est tombé dans l’oreille d’un montagnard. Michel Comte a toujours pratiqué la grimpe, la randonnée dans les Grisons, l’échappée vers les sommets. Il a commencé à s’intéresser aux glaciers, dans les Alpes, l’Himalaya, la Colombie-Britanniques, les Andes, le Spitzberg. En trente ans d’observations, de photographies aériennes ou sur le terrain, il a constaté leur recul de plus en plus rapide, désormais alarmant. </p><p>La sensibilisation à ce péril majeur a une autre cause, encore plus ancienne. Enfant, Michel Comte aimait la compagnie de son grand-père, le pionnier de l’aviation suisse Alfred Comte, l’un des co-créateurs de la compagnie Swissair. Le Jurassien (les Comte sont originaires de Courtételle) avait notamment traversé les Alpes en 1914. Il montrait au jeune Michel les photos prises lors du vol, cet été-là. Le cœur du massif était blanc, couvert de glaciers intacts. «Lorsque je suis retourné 100 ans plus tard aux mêmes endroits, également pendant l’été, tout était noir. La glace avait comme disparu», note le photographe. </p><p>Celui-ci a décidé de réagir, à sa manière visuelle, émotionnelle, esthétique. Il expose depuis quelques jours ses photographies prises depuis 30 ans au musée d’art contemporain de Rome, le Maxxi. Michel Comte ne s’inscrit pas dans la tradition de la photo naturaliste ou de paysage, mais dans une appréhension plus personnelle du phénomène climatique. Il alterne les plans larges et serrés, la nuit et le jour, les détails et les structures, le noir & blanc et la couleur, parfois en grande nappe abstraite. </p><h3>Land Art</h3><p>Enveloppé dans une feuille d’aluminium protecteur, grâce à un photomontage, le glacier Aialik en Alaska ressemble à une installation de Land Art. Un genre apprécié depuis longtemps par Michel Comte. Ces dernières années, abandonnant la mode et les portraits, le photographe s’est tourné vers l’art contemporain. Son exposition «Light» au Maxxi est comporte du mapping vidéo, de la sculpture, des sons, des installations, comme ces petites montagnes en glace qui fondent dans une vitrine. </p><p>Dès le 28 novembre, Michel Comte interviendra aussi à la Triennale de Milan, avec une autre installation, cette fois monumentale: «Black Light, White Light». 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Nous avons ainsi droit à la pire photo d’Allen Ginsberg, le poète beat, à n’avoir jamais atterri dans un musée.</p><p> L’exposition Gus Van Sant pourrait ainsi être embarrassante. Surtout que les autres clichés du cinéaste ne rattrapent guère ses Polaroid de casting. Mis à part de beaux agrandissements de portraits noir et blanc, comme celui de David Bowie, ou quelques photos de tournages. Bien heureusement, dans son ensemble, l’exposition travaille à la rédemption de ces images faibles. Elle les insère avec habileté dans une énergie expressive beaucoup plus large, Gus Van Sant étant à la fois réalisateur, peintre, dessinateur, romancier, poète ou musicien. <span style="color: inherit; font-family: "Domaine Disp"; font-size: 2.6rem;"><br></span></p><h3>Pop, beat, rock</h3><p> C’est une présentation chorale, un montage syncopé d’impressions, de mouvements, de désirs qui donne la juste mesure d’un créateur sensible, toujours attentif à l’humain. A partir de là, le visiteur s’y retrouve dans l’audace formelle de Gus Van Sant (65 ans). Son goût des marges, l’acuité de son observation des dynamiques de groupes, sa tendresse et sa violence entremêlées, sa capacité à rendre la psyché d’une époque, la finesse de ses gros plans comme le souffle de ses paysages. Pop, beat, rock, hollywoodien, indépendant ou expérimental, le multinstrumentiste de Portland est un artiste. </p><p>L’exposition est si ample qu’elle joue au passe-muraille. Elle s’étend à la Cinémathèque suisse, à Lausanne toujours, mais aussi dans d’autres villes suisses grâce à une rétrospective inédite de la vingtaine de films de Gus Van Sant, dont plusieurs ont été restaurés. Elle a été présentée pour la première fois l’an dernier à la Cinémathèque française de Paris avant de faire halte au Musée de l’Elysée, cet automne. </p><p>Par l’identité du musée lausannois, le travail photographique de Gus Van Sant est mis en exergue. Alors que dans les faits, il n’est que la partie d’un plus grand tout. Le risque de la surévaluation de ces photographies d’un auteur connu, entouré d’acteurs ou d’artistes qui le sont tout autant, s’atténue de lui-même.</p><h3>Les liens étroits de la photo et du cinéma </h3><p> L’histoire de la relation entre la photo et le cinéma est riche d’exemples fameux. Elle est parfois contaminée par l’égo d’un réalisateur qui, flatté par un musée ou une galerie, se prend aussi pour un bon photographe. Cette complaisance est toutefois est moins pire que celle d’acteurs persuadés d’être la réincarnation de Henri Cartier-Bresson. </p><p>Reste que le cinéma fourmille d’exemples d’excellents réalisateurs - Stanley Kubrick, Robert Frank, Agnès Varda, William Klein, Anton Corbijn ou Spike Jonze - qui ont commencé par être photographes. Et souvent continué à l’être après l’essor de leurs carrières dans la fiction ou le documentaire. </p><p>Sens du cadre, de la composition, de la lumière et du hors-champ, la photographie demeure une excellente école du regard. Mais Stanley Kubrick, pourtant jeune prodige au magazine Look à la fin des années 1940, n’a jamais songé de son vivant à organiser en grande pompe une exposition de ses photographies. Pas tout à fait le genre de la maison Kubrick. Pour lui, la photo a mené au cinéma. Pas l’inverse. </p><h3>L'exposition de Wim Wenders</h3><p>Wim Wenders, sans doute également Abbas Kariostami, est encore un autre cas. Le Musée de l’Elysée exposait dès 1992 les photographies de ses errances américaines ou de paysages. Un hasard malicieux veut qu’une exposition des images Polaroid de Wim Wenders commence ces jours à la <a href="https://thephotographersgallery.org.uk">Photographers’ Gallery</a> de Londres. La comparaison ne tourne pas à l’avantage de Gus Van Sant, tant le réalisateur allemand était dans les années 1970-1980 d’une toute autre dextérité avec son appareil à developpement instantané. </p><p>De plus, Wim Wenders ne s’est jamais pris pour un vrai photographe. Il rappelle que le Polaroid, une invention qui fêtera l’an prochain ses 70 ans, était dans sa jeunesse un accessoire de la vie courante, très populaire. Consigner son journal intime dans un carré photosensible à larges marges était la norme du moment. </p><p>Par après, Wenders a oublié ses Polaroid, avant de les redécouvrir, médusé par leur force évocatrice. Pas celle des images en elles-mêmes, ni celle de la nostalgie, mais par la capacité de ces instantanés à faire ressurgir des histoires qui ont conduit à l’acte photographique. Comme une rencontre avec une jeune femme sur la route ou la découverte d’un bar dans un désert de l’ouest américain. D’où le titre de l’exposition de Londres, «Instant stories». </p><p>L’histoire plus significative que la photo, le juste contexte des prises de vue, l’humilité par rapport à la pratique, voilà ce qui manque sans doute au Gus Van Sant photographe. Mais une fois encore, celui-ci n’est pas seul. 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Mêlant reportage, chronique et portrait, attentif à la société et culture sud-américaines, Gatopardo pratique un journalisme narratif de qualité. </p><p>A preuve le <a href="https://www.gatopardo.com/portafolio/estructura/diseno-suizo/">récent reportage</a> de Rigoberto De La Rocha sur le site web du mensuel: le journaliste a sillonné la Suisse à la recherche du meilleur du design dans le pays, passant de Lausanne à Zurich à la recherche de créativités affirmées, mais aussi différenciées. Une Suisse qui était l’invitée de la récente Design Week de Mexico, où trois expositions lui étaient consacrées. 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Malgré les moustiques, malgré les ours, malgré le manque de nourriture. </p><br><p>Des jours et des jours de transsibérien, puis de camion, enfin la Sibérie, le Kamtchatka, l’Oural. L’autarcie, la navigation sur des radeaux, le campement sous tente ou dans les cabanes des chasseurs. Enfin libres. Malgré les moustiques, malgré les ours, malgré le manque de nourriture. </p><p>Sur place, Yann Laubscher a commencé à prendre des photos. Il n’y connaissait rien. Mais il a pris goût à cette quête visuelle, à la fois comme protagoniste d’une aventure et son observateur distancié. En rentrant, il s’est inscrit à l’école de photo de Vevey, rédigeant en fin d’étude un mémoire sur les liens entre l’exploration et la photographie. Depuis, le jeune homme continue à se rendre chaque année aux franges inhabitées de la Russie. 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Yann Laubscher travaille à la chambre, trimbalant un trépied de radeau en toundra. Il tire aussi parti d’un Hasselblad moyen format, dont le format carré tient les visages avec fermeté. Comme les films sont parfois endommagés par les aléas des expéditions, certaines des images ont des stigmates, des aberrations lumineuses qui ajoutent au trouble. Rien n’est certain, tout est précaire dans cette évasion sans horizon connu. </p><p>Nous sommes dans le Grand Dehors. 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Un rendu pour un service: le directeur du musée vaudois, Bernard Fibicher, avait organisé en 2004 à la Kunsthalle de Berne la première exposition personnelle d’Ai Weiwei en Europe. «Je suis presque un produit suisse», plaisantait l’artiste mercredi, aujourd’hui expatrié à Berlin après avoir connu les pires vicissitudes dans son pays (censure, surveillance, retrait de passeport, brimade, tabassage, prison).</p><h3>Combat absent</h3><p>Depuis qu’il vit, travaille et enseigne en Allemagne, Ai Weiwei a pris la cause des migrants. Il multiplie les interventions, œuvres et désormais film de 2h20 («Human flow») pour dénoncer l’exil tragique des malheureux qui tentent à tout prix de rallier l’Europe. Or à part une ou deux pièces, dont une récente bande-dessinée sur porcelaine, ce combat est absent de la rétrospective lausannoise. Pas de radeaux accrochés à la façade de Rumine (comme à Florence) ou de milliers de gilets de sauvetage encastrés dans des fenêtres (Copenhague). Du coup, c’est l’exposition elle-même qui se dégonfle un rien, perdant en urgence ce qu’elle gagne en recul historique. Et esthétique consensuelle. </p><p>Quoiqu’il faille toujours se méfier de la joliesse décorative des œuvres d’Ai Weiwei, faux héritier d’Andy Warhol et Jeff Koons, vrai disciple de Marcel Duchamp. La satire féroce vient toujours court-circuiter l’effet de beauté. A l’entrée de l’exposition, un grand parterre de fleurs blanches en porcelaine accueille le visiteur, qui évitera de marcher dessus, SVP. L’œuvre est simplement intitulée «Floraison». Elle renvoie à la campagne des Cent fleurs de Mao, purge brutale des milieux intellectuels, dont le père poète d’Ai Weiwei et lui-même, enfant, ont subi les cruels conséquences.</p><h3>En expansion</h3><p>La rétrospective – c’est son originalité – est en expansion conquérante dans le vieux palais de Rumine. Elle occupe trois salles dans le musée des beaux-arts, dont c’est l’ultime exposition avant le déménagement dans le nouveau bâtiment du pôle muséal de Lausanne, à l’horizon 2019. Elle s’étend aussi dans les musées de zoologie, d’archéologie, de géologie, de la monnaie. Un dragon-cerf-volant serpente ainsi au-dessus des vitrines animalières, des menottes en jade sont posées au milieu de minéraux, des armatures en porcelaine zigzaguent dans une fouille. Ces barres tordues invoquent le désastre du séisme du Sichuan en 2008, catastrophe doublée d’une faillite des autorités qui avaient suscité l’indignation d’Ai Weiwei. </p><p>Il y a sans doute trop d’œuvres répétitives dans cette exposition, à l’aune de la production pléthorique de cet activiste de l’esthétique subversive. Ai Weiwei en fait des tonnes, pour une cause qui est d’abord la sienne. «Je suis très égoïste», concédait-il mercredi en conférence de presse. 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