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Chronique

Chronique / Lâchez-nous les baskets!

Michael Wyler

17 février 2018

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Les doctrinaires de tout poil me sont insupportables, qu'il s'agisse des obsédés du véganisme ou des exaltés anti-auto. Mais les pires de ces doctrinaires intégristes, ceux qui se disent préoccupés par ma santé et veulent mon «bien», même s'il faut pour cela me priver de ma liberté, ce sont les croisés anti-tabac.

A vous, membres de «Alliance contre le tabac», «Stop tabac» et autres CIPRET, j'adresse une supplique: lâchez-nous les baskets! Fichez-nous la paix! Nous mourrons un jour - tout comme vous d'ailleurs – mais en attendant, laissez-nous vivre avec nos vices et nos vertus, comme nous le faisons avec les vôtres.

Selon l'Agence européenne pour l'environnement, 16% des 159'000 décès enregistrés quotidiennement sur terre, soit 26'000 décès par jour, sont dus à la pollution de l'air, de l'eau et des sols.

Ainsi, que cela me plaise ou pas, il me faut accepter de voir mon air pollué par la circulation automobile, les usines, les cargos ou les champs électro magnétiques; boire de l'eau pleine de micro particules (et encore, on est gâtés en Suisse…) et manger des aliments gavés de pesticides, colorants et autres additifs. OK, je veux bien. Mais alors qu'on me laisse fumer ma clope, ma pipe ou mon joint en paix, sans me pointer du doigt comme le pollueur par excellence.

Oui, il m'arrive de fumer, ce qui ne fait pas encore de moi un criminel pestiféré. Je n'exige pas de fumer dans des lieux clos, ni de pouvoir vous souffler ma fumée dans les narines, mais je refuse d'avoir à me cacher et à raser les murs comme un lépreux. Merde à la fin! A l'instar du philosophe Karl Popper, je revendique le droit de ne pas tolérer l'intolérant. Car tôt ou tard, tolérer les intolérants entraîne la disparition des tolérants et de la tolérance avec eux.   

Faux-culs

En Suisse, il ne viendrait à l'idée de personne (ou presque) de vouloir interdire l'alcool. Et pour cause… Les intérêts économiques sont énormes et pour les nombreux producteurs de vin, bière et autres fées vertes, ce serait une déclaration de guerre. De plus, 99% de nos parlementaires et conseillers fédéraux devraient réapprendre à boire de l'eau.

Que notre pays compte quelque 260'000 alcooliques, que l'alcool tue 3500 personnes par an et qu'au volant, il est la cause de 38 décès et 1838 blessés (les chiffres ont été corrigés, ndlr), on s'en tamponne. Preuve en est que sur les 300 millions de recettes fiscales provenant de l'alcool, seuls 10% vont aux cantons pour des actions de prévention contre l'alcoolisme.  

Par contre, en ce qui concerne le tabac, c'est un autre son de cloche. Et que l'on fustige, et que l'on condamne et que je te pointe du doigt et que je te honnis. Le fumeur? C'est l'Etat islamique et Al Quaida à lui tout seul. Certes, le tabac est nocif et les croisés anti-tabac font état de 6500 décès par an dus à la fumette en Suisse. ET ALORS?

Ils sont tout aussi nombreux à mourir de démence en Suisse, pays dans lequel plus de 3 personnes se suicident en moyenne chaque jour. Ce n'est sans doute pas plus drôle de mourir d'un cancer du fumeur que de démence, d'une cirrhose du foie ou d'un accident de la route, mais je veux être libre de mes choix de vie, comme de mort.

Les croisés anti -tabac, vous l'avez compris, m'horripilent. Hypocrites, ils condamnent sans appel les fumeurs, mais ne crachent pas sur les recettes fiscales provenant de l'impôt sur le tabac, soit 2,3 milliards de francs qui viennent remplir les caisses de l'AVS.

Les laisser faire sans résister, c'est ouvrir grande la porte des restrictions extrêmes de liberté au nom d'un soi-disant bien commun. Ils ne fument pas? Grand bien leur fasse. Mais qu'ils me laissent fumer en paix – dans des espaces ouverts et munis de cendriers – et je promets de ne pas lancer de campagne pour bannir les 4x4 (qui polluent), les saucisses aux choux (qui contiennent de la viande d'animaux innocents), la fondue et la raclette (sources d'artériosclérose), le Nutella et les boissons sucrées (sources de diabète) et les chips (source d'hypertension).



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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

10 Commentaires

@Paps 17.02.2018 | 08h10

«Merci M. Wyler vous foutre la paix bien sûr mais fumez chez vous pas sur les trottoirs aux arrêts de bus sur les terrasses ensoleillées et surtout dans les parcs publiques .
Les fumeurs enfument et c'est juste insupportable pour ceux qui aime respirer l'air frais.
On s'en fout de votre santé mais le droit de respirer est un droit fondamental.
Les tonnes de mégots qui rejoignent les mers c'est votre contribution à la dégradation de la planète pour une habitude évitable.
Les fumeurs sont comme les propriétaires de chiens qui aiment à chier sur le territoire des autres par chien interposé.
Bien à vous P. M.»


@miwy 18.02.2018 | 05h51

«@Paps: merci pour ce commentaire anonyme. Intolérant ET lâche ? Cela fait beaucoup...»


@Muqingfu 18.02.2018 | 09h28

«Votre réaction est probablement volontairement excessive! Si vous acceptiez de fumer sans me faire participer passivement à votre plaisir autodestructeur et surtout si vous acceptiez de prendre en charge vous-même les frais occasionnés par votre futur potentiel cancer je n'aurais aucune objection à ce que vous continuiez à vous offrir régulièrement ce plaisir solitaire.»


@yeppo 18.02.2018 | 09h36

«Bien que non fumeur, je partage votre ras-le-bol contre les obsessions sécuritaires, hygiénistes, et bien pensantes de notre société actuelle. Tout ce qui est excessif est insignifiant....»


@JeanPaul80 18.02.2018 | 14h52

«Je ne fume plus, par choix personnel, depuis 6 ans et me porte bien mieux qu'avant. Cependant, je trouve que notre société devient chaque jour plus intolérante, ridicule et sans aucun humour. Il suffit de considérer les coincés en tout genre que l'on croise un peu partout à longueur de journée. Ils tirent une tête pas possible, ne sourient presque jamais, se sentent agressés si on les salue, voudraient tout régenter, canaliser, pondre chaque minute un règlement contraignant, sans, bien entendu, en supprimer parmi les inutiles, les désuets. Si l'on veut pouvoir vivre le plus libre possible, il faut s'exiler dans des régions isolées, sans voisins, sans contraintes et accepter sa solitude. Un peu d'intelligence et d'ouverture d'esprit seraient les bienvenus: tu veux fumer, fume, tu veux manger de la viande, manges-en, tu bouffe des végétaux, grand bien te fasse, mais ne viens pas imposer ta névrose aux autres...
Ces tout petits exemples peuvent démontrer la psychose générale que l'on côtoie chaque jour et qui use le moral des gens.»


@Mataji 18.02.2018 | 16h03

«Je suis non fumeuse depuis 40 ans, mais je partage votre point de vue et j'ai apprécié votre chronique! Je suis pour la liberté, pour autant que celle-ci ne nuise pas à autrui. Tout est relatif et il n'y a pas de vérité transcendante. Un proverbe qui remonte de mon enfance: "Chacun sait ce qui cuit dans sa marmite"»


@JBM 18.02.2018 | 20h05

«Merci pour vos coups de gueule bienvenus.
Puritanisme et intolérance ne cessent d'enfumer ce début de siècle, et leurs exacts contraires, ici mon hédonisme et ma liberté, tant aimés tous deux, souffrent. Je crains même que le pire soit encore à venir... Qu'est-ce que c'est que cette nouvelle ânerie de lutte contre la fumée passive sur un quai de gare ? Ils savent bien que soutenir de telles énormités leur donnerait un air trop c... Alors ils sont obligés de se dévoiler: c'est pour le propre en ordre, pour le joli, pour la bonne image... Bref: pour une mise au pas du réel afin qu'il ressemble à la représentation qu'ils en ont.
Le siècle ne fait que commencer, chaud devant ! Coucou Malraux "... sera religieux ou ne sera pas...".
Vous avez raison. Gardons notre bonne éducation mais disons-leur plus souvent de nous fiche juste la paix. Car au fond il est là, leur problème, pas dans la fumée ou la côtelette; il est juste de savoir mieux que nous et de vouloir notre bien. En réalité, je pense, de se venger sur nous de la mort qui, elle pour le coup, les terrorise.
JB Modoux»


@miwy 19.02.2018 | 05h23

«Merci pour vos commentaires, le plus souvent plein de bon sens et empreints de tolérance. Cela me fait grand plaisir. Je dis "le plus souvent", car si @Muqingfu a raison de penser que je suis volontairement excessif, vouloir me faire prendre en charge les frais occasionnés par mon futur potentiel cancer est certes compréhensible, mais absurde. Demande t-on aux alcooliques de prendre en charge leur cirrhose ? Aux fanas de McDo de financer le traitement de leur diabète ? Aux conducteurs de voitures de prendre en charge toute maladie due à la pollution ?»


@Seilene 25.02.2018 | 08h37

«Ancienne fumeuse, convertie vapoteuse; je me joins à vous pour hurler aux moralistes de tout poil qu'ils feraient bien d'être un plus bienveillants vis-à-vis d'eux-mêmes, cela donnerait de l'air aux autres, fumeurs ou non.
Quant aux frais médicaux qui découlent de certaines pratiquent, je me rappelle une anecdote : une collègue coach de de sport qui en avaient après les gens qui ont des problèmes de poids, rouspétaient un jour contre les frais d'assurance maladie découlant des gens qui sont bons vivants. Je me suis permis de lui rappeler que personnellement, je n'avais rien contre celles et ceux qui pratiquent le sport à outrance et à haut niveau - comme elle, et qui faisaient péter les franchises à cause des interventions multiple pour réparer les dégâts que leur hobby faisaient subir à leur corps, qui leur valaient des interventions pointues pour leur permettre de continuer à mener leur organisme aux limites du supportable - comme elle. La paille et la poutre, encore et toujours ... »


@stef 25.02.2018 | 15h53

«@Miwy
Je vous cite: "Demande t-on aux alcooliques de prendre en charge leur cirrhose ? Aux fanas de McDo de financer le traitement de leur diabète ? Aux conducteurs de voitures de prendre en charge toute maladie due à la pollution ?"

Je réponds: il faudrait, oui !

Excessif penseront certains, dont vous-même probablement.
Et pourtant, plus la population augmente et plus il s’agira malheureusement de trouver des solutions de ce type, avant de voir notre espace vital sur Terre ne plus pouvoir nous apporter le minimum nécessaire à notre (sur)vie.
On n’en est pas encore là, mais presque...»


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