Chronique / La crise italienne est surtout économique et morale
Le président Sergio Mattarella et le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini. © DR
Dans un autre pays, Matteo Salvini aurait dû démissionner sous le poids des scandales financiers qui entachent le financement de son parti. Le ministre de l'Intérieur, et leader de la Lega, revendique au contraire des élections anticipées et les «pleins pouvoirs», réminiscence de l'époque fasciste. Comment l'Italie a-t-elle pu en arriver là?
Quand on parle de l’Italie, les clichés ne sont jamais loin. Sa crise politique serait «un théâtre», de la «commedia dell’arte». Cette légèreté dans l’analyse embrouille la perception. Parce que l’on parle d’un pays qui a vu naître le fascisme, et pourrait nous en proposer une remix façon troisième millénaire, avec un gouvernement autoritaire, manipulant les réseaux sociaux.
L’histoire, c’est vrai, ne se répète pas. Mais l’Italie de 2019 concentre tant de dérives que rien ne peut être exclu.
Le quotidien La Repubblica vient de mettre en ligne une boussole de la crise du gouvernement, oscillant entre le retour aux urnes et le non-vote. Après une folle semaine où Matteo Salvini semblait dicter l’agenda, l’aiguille s’éloigne ostensiblement des élections anticipées. Le scénario d’une sortie de crise institutionnelle reste possible, mais difficile sur le long terme.
Pour comprendre la profondeur de la crise italienne, il faut la transposer dans un autre pays européen. On y apprendrait d’abord qu’un proche du Ministre de l’intérieur s’est rendu à Moscou l’an dernier pour obtenir des soutiens de campagne à hauteur de 65 millions de dollars. Ces révélations feraient scandale, d’autant que le parti se revendique souverainiste. On aurait confirmation ensuite que les leaders de ce même parti ont perçu 49 millions d’euros de manière indue pour le financement de leur campagne, la Cour de Cassation venant de confirmer que cette somme volée aux contribuables devra être remboursée.
S’ajouterait encore à cette tourmente une enquête démontrant qu’un sénateur proche du même ministre de l’Intérieur a obtenu d’une banque soucieuse d’ «établir de bonnes relations» un prêt de 750'000 euros sans la moindre garantie, affecté à l’achat d’un appartement au nom de sa fille.
Dans un autre pays que l’Italie, cet enchaînement de révélations acculerait certainement le Ministre de l’Intérieur, chef de son parti, à la démission. Mais depuis l’opération Mains propres, qui révéla dès 1992 les dessous de table qui finançaient les partis politiques, les Italiens sont las de ce genre d’affaires troubles et ne s’indignent plus des ingérences extérieures ou des abus. Comme rescapés d’une overdose après vingt ans de berlusconisme, ils préfèrent oublier que ces comportements faussent la démocratie et ne collent pas à la doctrine souverainiste de la Lega qui clame «Les Italiens, d’abord».
C’est ainsi qu’au cœur de l’été, Matteo Salvini, plutôt que de s’expliquer sur les millions de roubles ou d’euros, a pu demander aux Italiens de lui accorder «les pleins pouvoirs» lors d’élections anticipées. Il s’obstine à marteler que la crise des migrants constitue la première urgence pour l’Italie. C’est une tragique erreur de perspective.
Le poids démesuré de la dette
Le principal problème de l’Italie est sa situation économique et financière. Sur le papier, la péninsule est la troisième économie de la zone euro et elle est membre du G7, le club des puissances qui comptent. Mais depuis trop d’années, sa croissance est en berne. Le prestige du «made in Italy» ne compense pas la faiblesse du pouvoir d’achat et une démographie vieillissante. Le pays traîne comme un boulet le poids de sa dette: 2370 milliards d’euros, 130% de son PIB. Chaque année, ce sont 65 milliards d’euros que l’Etat doit rembourser à ses prêteurs, une somme équivalente au budget qu’il consacre à l’éducation. A ce montant colossal sont venus s’ajouter 5 milliards supplémentaires depuis que la coalition du Mouvement 5 étoiles et de la Lega sont au gouvernement: le prix des déclarations à l’emporte-pièce des uns et des autres, qui a fait périodiquement monter le différentiel des taux d’intérêts entre l’Italie et l’Allemagne.
Quelles que soient ses couleurs partisanes, le gouvernement italien devra encore longtemps traîner ce boulet de dettes, et espérer s’en défaire progressivement. Quel que soit son parti, tout prochain président du Conseil est condamné à se muer en monsieur austérité à plus ou moins brève échéance, donc à renforcer son impopularité.
Clause guillotine budgétaire
Tenus par les règles de bonne gouvernance européennes, les gouvernements italiens successifs ont déjà mis en place des tonnes de réformes et de coupes budgétaires, sans parvenir à faire fondre durablement le boulet. Une des mesures vertueuses instaurées dans la loi budgétaire est la menace d’une hausse automatique de la TVA, heureusement contournée ces dernières années, mais qui réapparaît désormais, comme une guillotine à l’horizon du 1er janvier 2020. Si, d’ici là, un budget raisonnable n’est pas présenté, le taux de TVA passera de 22 à 25%, et même 26,5 en 2021. Pour les ménages de la classe moyenne qui vivent avec moins de 2000 euros par mois, cela signifie des dépenses supplémentaires de l’ordre de 500 euros par an. De quoi hypothéquer toute reprise de la croissance via la demande intérieure.
Avec la date du 15 octobre, délai pour présenter à la Commission européenne son projet de budget, ce rendez-vous va rythmer la crise du gouvernement italien.
Une autre échéance risque de singulièrement compliquer la vie des Italiens. Mario Draghi quitte la présidence de la Banque centrale européenne à fin octobre. Il ne pourra plus décider de politiques monétaires accommodantes pour son pays d’origine. Le nom de l’homme, qui a réduit les taux d’intérêts à presque rien afin de donner des liquidités aux entreprises et aux particuliers pour doper la croissance, est toutefois cité comme papable en cas de gouvernement dit «technique» (une option souvent pratiquée ces dernières décennies, lorsque la situation politique était confuse et qu’il fallait urgemment remettre de l’ordre vis-à-vis des partenaires européens ou des marchés).
Matteo Salvini instrumentalise la crise des migrants, parfaits boucs émissaires, pour détourner l’attention de la population. Reste que, en pleine croissance économique, forte d’une jeunesse bien formée qui aurait du travail, l’Italie serait certainement plus à l’aise avec son rôle géographique de porte d’entrée dans l’Union européenne.
Une trivialité sans limites
La dérive économique – la fin du miracle italien qui avait vu le pays redécoller après la deuxième guerre mondiale – a fait le lit de la dérive morale. Dans les sondages, Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, n’est plus qu’à 6% des intentions de vote. Mais vingt années de berlusconisme vulgaire, vingt années d’abaissement du débat politique à un niveau trivial, ne s’effacent pas par magie parce que d’autres guignols à l’égo surdimensionné ont envahi la scène. En matière de politique, une majorité d’Italiens n’a guère de convictions propres et est prête à donner son vote au plus offrant.
Des médias que l'on n'écoute pas
Contre-pouvoir naturel, la presse est affaiblie, en Italie comme ailleurs par l’effondrement des recettes publicitaires. Les journaux sont peu lus et suivis, même lorsqu’ils révèlent le scandale de financement de la Lega. Les télévisions feuilletonnent l’actualité politique sans beaucoup d’efforts d’explication ou de mise en perspective. Les réseaux sociaux sont abondamment utilisés par la Lega et par le Mouvement 5 étoiles pour abrutir l’opinion, et la gaver de fausses nouvelles ou de propagande.
Les intellectuels – quand il en reste tant l’université a été affaiblie par les programmes d’austérité à répétition – se taisent ou sont inaudibles pour le plus grand nombre.
La justice fonctionne, mais sa dénonciation des abus s'enlise dans de longues procédures, et perd de son impact.
Le pape et les évêques appellent régulièrement à plus de solidarité avec les migrants, et fustigent les dérives populistes. Mais la religiosité de beaucoup d'Italiens est à géométrie variable: ils écoutent l'Eglise quand elle condamne les homosexuels, pas lorsqu'elle leur demande de faire preuve de compassion vis-vis des plus pauvres.
Un pays d'immigrés devenu raciste
C’est ainsi que, dans une Italie qui a envoyé aux quatre coins du monde des millions d’immigrés, le racisme contre les migrants et le racisme tout court se sont installés. Il ne s’agit plus seulement de l’exaspération envers le manque de solidarité européenne dans la prise en charge des migrants, mais de l’expression crue de la haine des autres. Longtemps marginalisés, les «fascistes du troisième millénaire» de Casa Pound ont pignon sur rue. Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur, n'a pas mis la moindre énergie à lutter contre leurs exactions ou leurs démonstrations de force, de plus en plus fréquentes.
Bien au contraire. Lorsqu’il a réclamé des élections anticipées, Matteo Salvini a dit vouloir obtenir non pas une majorité pour gouverner, mais les «pleins pouvoirs», utilisant des expressions d’un discours de Benito Mussolini en 1922, à l’aube de son hégémonie. Cette parenté a à peine été soulignée. Contrairement à l'Allemagne, l'Italie ne cultive pas la mémoire du fascisme, de ses origines et de son incroyable développement pendant deux décennies.
L'autre Italie, sans leader
Il y a bien sûr une autre Italie, qui s’indigne, qui dénonce les dérives, qui siffle Salvini lorsqu’il investit les plages ou les places dans un climat de campagne électorale permanente. Il y a une société civile, solidaire, citoyenne qui agit à l’échelle locale et associative. Mais elle n’a pas de leader, ni de programme autre que de résister à la déferlante populiste et à ses effets dévastateurs.
Comme la britannique, la gauche italienne peine à se fédérer pour contrer les souverainistes. L’ancien président du Conseil, Matteo Renzi, devenu sénateur, a vu dans la crise actuelle le moyen de revenir peut-être au pouvoir en jouant les sauveurs. A ce stade, il s’est peu concerté avec Nicola Zingaretti, désigné ce printemps secrétaire du parti démocrate (PD). Une scission serait catastrophique. Leur dilemme porte sur l’opportunité de s’allier avec le Mouvement 5 étoiles pour barrer la route au leader léghiste, crédité de 40% des intentions de vote en cas d’élections anticipées.
On peut comprendre les états d’âme du PD. Se voulant anti-système et anti-capitaliste, les 5 étoiles ont «bouffé» du PD pendant des années. Tout était bon pour abattre le PD, et dans une certaine mesure, le mouvement a réussi à capter les voix des déçus d'une gauche gouvernementale profondément européiste.
La boîte noire des 5 étoiles
Mais, de fait, le mouvement piloté de manière obscure par une famille d’entrepreneurs de l’informatique, les Casaleggio, est une boîte noire aux décisions imprévisibles et à la fiabilité plus que douteuse. La transparence sur la manière dont sont déterminées les prises de position n'existe pas, camouflée derrière un système de vote pseudo-démocratique, dont personne ne peut assurer la qualité. Des hackers l'ont piraté, sans émouvoir le moins du monde les militants.
En treize mois de gouvernement, les 5 étoiles ont surtout prouvé leur absence de compétence, même si le premier ministre, Giuseppe Conte, essaie de faire bonne figure.
En cas d’alliance avec le mouvement 5 étoiles, on peut parier que le PD prendrait l’ascendant sur ses partenaires pas très expérimentés comme La Lega l’a fait. Ou alors pronostiquer une faillite morale pour un parti qui représente tout de même un cinquième de l’électorat, et la seule alternative dans un pays où les partis n’ont plus beaucoup de crédibilité.
Les institutions font de la résistance
Une seule figure d’autorité et d’intégrité demeure: le président Sergio Mattarella. C’est lui qui a la responsabilité de désigner le chef du gouvernement. En cas de motion de censure ou de démission des ministres léghistes, il peut décider de nouvelles élections ou explorer d’autres formules de coalition gouvernementale. Pour l’heure, les commentateurs notent que les institutions – le parlement et le président – ont bien résisté aux coups de boutoir de Matteo Salvini. Elles sont bien plus fortes que ces tweets rageurs.
L’édifice institutionnel italien n’a pas bonne presse. La République italienne a connu 64 gouvernements depuis sa proclamation en 1946. La durée de vie moyenne de l’exécutif est d’une année à peine. Et pourtant, ces institutions ont survécu au terrorisme et à la mafia, et elles offrent une panoplie de mesures pour contrer les excès.
Avant d’être élu à la présidence, le Sicilien a été juge à la Cour constitutionnelle. C’est aussi un Européen convaincu, qui a réussi jusqu’ici à forcer le gouvernement Lega-5 étoiles à respecter le cadre communautaire.
Redresseur de comptes
Outre l’échéance budgétaire, l’Italie doit nommer, en accord avec Ursula von der Leyen, son commissaire européen. Afin d'éviter de nouvelles élections cet automne, Sergio Matterella pourrait charger une nouvelle équipe de préparer ces échéances et d’élaborer une loi électorale qui diminue le nombre de députés et de sénateurs tout en assurant une meilleure représentation.
Si le PD et les 5 étoiles ne parviennent pas à s’accorder sur un programme commun, le président peut désigner un gouvernement de techniciens. Il avait déjà été tenté par cette option au printemps 2018, et avait consulté Carlo Cottarelli. Cet économiste, qui a travaillé pour le FMI, est l’auteur de plusieurs ouvrages traçant des pistes concrètes pour remettre en ordre les finances italiennes. Son dernier livre Les sept péchés capitaux de l’économie italienne vient de recevoir un prix.
Et pourquoi pas une femme?
D’autres noms circulent et même ceux de femmes! L’Italie n’a en effet jamais eu de première ministre. Ancienne présidente de la Chambre (jusqu’en 2018), auparavant porte-parole du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, Laura Boldrini est citée. Elle est issue d’un petit parti écologiste de gauche et est la bête noire de Salvini. Constamment attaquée sur les réseaux sociaux, elle affiche une ligne humaniste, et incarne cette Italie qui ne veut pas confier le pouvoir à Salvini. Elle est l’antithèse des rodomontades machistes et racistes, devenues hélas dominantes dans l’opinion, grâce à Berlusconi puis à Salvini. Elle symbolise, avec le président Mattarella et quelques autres, la capacité de résilience de l’Italie.
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Après une folle semaine où Matteo Salvini semblait dicter l’agenda, l’aiguille s’éloigne ostensiblement des élections anticipées. Le scénario d’une sortie de crise institutionnelle reste possible, mais difficile sur le long terme.</p> <p>Pour comprendre la profondeur de la crise italienne, il faut la transposer dans un autre pays européen. On y apprendrait d’abord qu’un proche du Ministre de l’intérieur s’est rendu à Moscou l’an dernier pour obtenir des soutiens de campagne à hauteur de 65 millions de dollars. Ces révélations feraient scandale, d’autant que le parti se revendique souverainiste. 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Le prestige du «made in Italy» ne compense pas la faiblesse du pouvoir d’achat et une démographie vieillissante. Le pays traîne comme un boulet le poids de sa dette: 2370 milliards d’euros, 130% de son PIB. Chaque année, ce sont 65 milliards d’euros que l’Etat doit rembourser à ses prêteurs, une somme équivalente au budget qu’il consacre à l’éducation. A ce montant colossal sont venus s’ajouter 5 milliards supplémentaires depuis que la coalition du Mouvement 5 étoiles et de la Lega sont au gouvernement: le prix des déclarations à l’emporte-pièce des uns et des autres, qui a fait périodiquement monter le différentiel des taux d’intérêts entre l’Italie et l’Allemagne.</p> <p>Quelles que soient ses couleurs partisanes, le gouvernement italien devra encore longtemps traîner ce boulet de dettes, et espérer s’en défaire progressivement. 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Dans les sondages, Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, n’est plus qu’à 6% des intentions de vote. Mais vingt années de berlusconisme vulgaire, vingt années d’abaissement du débat politique à un niveau trivial, ne s’effacent pas par magie parce que d’autres guignols à l’égo surdimensionné ont envahi la scène. En matière de politique, une majorité d’Italiens n’a guère de convictions propres et est prête à donner son vote au plus offrant.</p> <h3><strong>Des médias que l'on n'écoute pas </strong></h3> <p>Contre-pouvoir naturel, la presse est affaiblie, en Italie comme ailleurs par l’effondrement des recettes publicitaires. Les journaux sont peu lus et suivis, même lorsqu’ils révèlent le scandale de financement de la Lega. Les télévisions feuilletonnent l’actualité politique sans beaucoup d’efforts d’explication ou de mise en perspective. Les réseaux sociaux sont abondamment utilisés par la Lega et par le Mouvement 5 étoiles pour abrutir l’opinion, et la gaver de fausses nouvelles ou de propagande.</p> <p>Les intellectuels – quand il en reste tant l’université a été affaiblie par les programmes d’austérité à répétition – se taisent ou sont inaudibles pour le plus grand nombre.</p> <p>La justice fonctionne, mais sa dénonciation des abus s'enlise dans de longues procédures, et perd de son impact.</p> <p>Le pape et les évêques appellent régulièrement à plus de solidarité avec les migrants, et fustigent les dérives populistes. 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Les lobbies économiques ont mobilisé les entrepreneurs, les syndicats ont parlé à leurs adhérents, les milieux académiques et scientifiques sont sortis de leur tour d’ivoire, Opération libero et le Nouveau Mouvement européen suisse ont mené des campagnes de conviction.</p> <p>Vingt ans après le scrutin qui l’a intronisée, la voie des accords bilatéraux avec l’Union européenne est confirmée, alors qu’elle a été l’objet d’un pilonnage continu de la part des blochériens. Tout et son contraire ont été reproché à ce système pragmatique de gestion de nos relations avec les 27 membres de l’Union. 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Que ce mésusage de la démocratie directe perturbe notre agenda diplomatique et comprime la réflexion des autres partis sur les objectifs et les moyens de notre politique étrangère, le premier parti de Suisse, nanti de deux conseillers fédéraux, s’en fiche éperdument. 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La Confédération ne veut pas être membre du club, mais elle veut pouvoir utiliser toutes ses commodités.</p> <p>L’arrogance tient dans la conviction d’une bonne partie des Suisses qu’ils pourraient se passer sans trop de dommages de relations privilégiées avec les Européens. Le mythe d’une Suisse splendidement indépendante carbure à plein régime, générant les succès électoraux de l’UDC, au mépris de notre histoire réelle: de 1291 à nos jours, les Confédérés doivent leur prospérité aux échanges économiques, militaires et culturels avec leurs voisins.</p> <p>Un fatalisme désabusé s’est installé dans maintes têtes: l’UE nous est indispensable, mais elle passe son temps à nous torturer avec ses exigences sans la moindre considération pour notre souveraineté nationale. 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Les bénéfices d’une adhésion ne sont même plus analysés dans les rapports du Département fédéral des affaires étrangères, alors que l’Union a aimanté presque tous les pays de notre continent. L’adhésion fut pourtant «l’objectif» de notre politique d’intégration, puis reléguée sous l’influence de l’UDC au rang d’option, puis plus rien du tout. Même pas un souvenir dans la tête des conseillers fédéraux en place. Pour parler de la solution de l’adhésion de la Suisse à l’UE, nos ministres attendent d’être à la retraite. Tout comme la plupart des diplomates qui se sont occupés du dossier.</p> <h3><strong>La surenchère étonnée </strong></h3> <p>À la lumière de ce non-dit, face à ce trou noir, l’accord-cadre, dotant les accords bilatéraux d’un mécanisme de règlement des différences d’interprétation du droit européen repris par la Suisse, devrait être considéré comme la solution miracle, épargnant aux partis politiques et au gouvernement toute réflexion sur une solution plus ambitieuse. Mais non. Le président du PDC, Gerhard Pfister, fait mine de découvrir que le Conseil fédéral injecte du droit européen dans les lois suisses chaque semaine, et que la Cour de justice de l’Union européenne étant <em>in fine</em> la garante de l’application du droit européen, la Suisse ne peut prétendre à l’interpréter pour elle-même.</p> <p>A gauche, la surenchère étonnée est également surjouée. On fait mine de croire que la lutte contre le dumping salarial ne peut être réalisée que par Bruxelles, alors que partenaires sociaux, cantons et Confédération peuvent demain matin décider ensemble de mieux contrôler les chantiers et les conditions des travailleurs détachés. 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La panoplie juridico-commerciale de l’UE prévoit pour les non-membres un partenariat rapproché au sein de l’Espace économique européen (refusé par nous en 1992), ou le statut d’état tiers, bien moins avantageux économiquement que nos accords bilatéraux. Renoncer à l’accord-cadre, c’est renoncer à ce statut d’exception. La probabilité que l’UE nous en concède un meilleur relève de l’utopie, surtout dans le contexte du Brexit. </p> <p>Dans la définition de sa politique européenne, le Conseil fédéral a toujours un peu peur de son ombre. Il a tendance à jouer la montre. Accueillant avec satisfaction le vote du 27 septembre, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a ainsi pris soin d’indiquer qu’elle était disponible pour des éclaircissements sur la portée de l’accord-cadre négocié, mais qu’elle s’attendait à ce que le Conseil fédéral entame sa ratification «rapidement».</p> <h3><strong>Expliciter le contenu</strong></h3> <p>Notre gouvernement devrait donc sans tarder présenter et expliciter le contenu de l’accord-cadre. On ose espérer qu’il a utilisé les derniers mois pour obtenir de Bruxelles les clarifications sur les points litigieux, tout en les gardant secrètes afin de ne pas perturber la campagne de votation du 27 septembre.</p> <p>Les trois autres options qui s’offrent au Conseil fédéral ne sont guère réalistes. Laisser tomber l’accord-cadre est une option idiote. Cela reviendrait à enterrer la voie bilatérale alors qu’elle vient d’être sauvée par le peuple et les cantons. Laisser pourrir la mise à jour des accords actuels, bloquée par la non ratification de l’accord-cadre, ne serait pas très intelligent au moment où l’économie suisse a besoin des meilleures conditions possibles pour faire face aux conséquences de la pandémie. Demander à renégocier représente une option hautement improbable, maintes fois exclue par la Commission. Mais entre renégociation formelle et éclaircissements politiques, il y a peut-être une petite marge pour permettre à tous les interlocuteurs de sauver la face.</p> <p>Comme souvent quand une crise semble insurmontable, il faut envisager une sortie par le haut, ambitieuse et courageuse. 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Or, chaque fois que nous votons sur une problématique européenne, ce sont les partisans des accords bilatéraux qui sont acculés à défendre la situation actuelle, alors que les auteurs de l’initiative sont traités comme de doux contestataires, dont les agissements seraient sans conséquences.</p> <p>Par exemple, l’UDC ne nous dit pas comment elle entend que le gouvernement agisse diplomatiquement avec nos partenaires européens. Bien que disposant de deux élus au Conseil fédéral, elle s’est bien gardée de revendiquer la direction du Département fédéral des affaires étrangères, lors des récentes rocades. 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Là encore, leur trou de mémoire est béant. La Suisse a vécu dans les années 1990 sans accords bilatéraux avec l’UE, sous le toit du seul accord de libre-échange signé en 1972 avec les Communautés européennes (et que l’UDC cite aussi beaucoup). Mais la situation a été jugée insatisfaisante par les milieux économiques, car depuis 1972, les flux économiques se sont beaucoup modifiés. Les accords bilatéraux ont été voulus par la Suisse et négociés pour nous mettre sur un pied d’égalité avec nos concurrents européens. Ils sont le plan B, imaginé après le refus de l'EEE. </p> <h3>S'infliger une double peine?</h3> <p>Les partisans de l’initiative ne prennent pas non plus en compte les chaînes de valeur qui se sont créées <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/quand-guy-parmelin-voudra-bien-nous-parler-de-notre-principal-marche" target="_blank" rel="noopener">au sein du marché européen</a>, c’est-à-dire la part et le rôle des sous-traitants. 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Pourquoi changer les paramètres d’une économie qui gagne, placée dans le peloton des nations les plus innovantes?</p> <p>Les initiants nous racontent donc que cette prospérité n’est pas partagée par tous, que la libre-circulation des personnes ne bénéficie pas aux catégories les plus précaires de la population. Il est vrai que la croissance du PIB par habitant n’est pas au mieux de sa forme depuis 2007, mais cela est dû aux effets de la crise financière de 2008 pas à la LCP ou à l’UE.</p> <p>Surtout, si l’UDC veut se focaliser sur le pouvoir d’achat des plus faibles, beaucoup d’autres leviers existent, plus efficaces, que le bouleversement des conditions-cadre qui nous lient à nos principaux partenaires commerciaux. On pourrait agir sur les primes d’assurance-maladie, la politique salariale, la fiscalité,… Autant de domaines où le premier parti de Suisse se distingue par son refus de toute mesure sociale.</p> <h3>La neutralité économique? Du vent</h3> <p>Pour convaincre, nos isolationnistes essayent également d’élargir la focale et de nous abstraire d’un continent dont nous sommes le centre géographique: la Suisse devrait, selon eux, privilégier le multilatéralisme et viser la neutralité économique. Ils font semblant d’ignorer que le système multilatéral est en panne, grippé par un Donald Trump qu’ils trouvent par ailleurs formidable. Il convient de leur rappeler que même quand le système multilatéral fonctionnait bien, dans les années qui ont suivi la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1994, la Suisse a éprouvé le besoin d’avoir des accords bilatéraux privilégiés avec l’UE.</p> <p>Quant à la neutralité économique, ça n’existe pas, ça n’a jamais existé, même pendant les guerres (chaudes ou froides) où la Suisse la proclamait haut et fort. Au surplus, cette posture fait fi de toute préoccupation éthique (ce qui compterait, c’est de commercer et pour le reste, <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/les-bons-amis-suisses-d-alexandre-loukachenko" target="_blank" rel="noopener">on fermerait les yeux</a>), une posture qui ne cadre guère avec notre rôle traditionnel de garant du droit humanitaire.</p> <p>Dans le déboulonnage de l’UE, certains partisans de l’initiative de l’UDC enjoignent la Confédération de prendre ses distances avec une Union sous la coupe du couple franco-allemand. D’abord, il ne faut pas confondre pouvoir d'impulsion du couple franco-allemand avec domination. Les décisions sur le récent plan de relance européen montrent que parmi les 27, chaque pays compte et possède une sorte de droit de veto. Une UE où seuls les Allemands et les Français dirigeraient ne connaîtrait pas les débats et les tensions actuelles. 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Le Tessinois, qui devrait être désigné à la présidence de l'UDC le 22 août prochain, va très vite connaître son baptême du feu, avec la votation du 27 septembre sur la libre-circulation des personnes. Avec la crise climatique et le COVID19, le camp souverainiste ne peut plus se contenter de ses slogans habituels. Analyse. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Pour les Latins, il n’est pas anodin que Marco Chiesa entre dans le club des présidents de partis gouvernementaux. Petra Gössi et Gerhard Pfister n’ont pas une grande sensibilité pour les minorités linguistiques. Il est inédit que l’UDC confie les rênes à un non-alémanique. Le parti veut-il <strong>prouver son assise aux quatre coins du territoire</strong>, comme lorsqu’il a projeté Guy Parmelin au Conseil fédéral? 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@arizan 20.08.2019 | 20h18
«Merci madame, excellent!»
@rolandoweibel 22.08.2019 | 09h34
«Voici un excellent résumé de la situation de l’Italie. Hélas on lit rarement dans la presse italienne une analyse aussi complète et l’ensemble de ces thèmes est encore moins présenté et discuté à la télévision italienne. Une point pourrait être ajouté aux causes du délitement de l’information dans le pays: le manque total de volonté politique (tout gouvernement confondu) d’appliquer les lois antitrust ce qui a permis au groupe de M. Berlusconi de dominer les medias audiovisuelles et une bonne partie de la presse (vu qu’il domine aussi une bonne partie du marché publicitaire).»